PAGES PROLETARIENNES

jeudi 12 septembre 2019

LA CULTURE DE L 'IGNORANCE EN GILET JAUNE



« On ne gouverne pas, au sens propre du terme, des hommes et des femmes alphabétisés depuis quatre générations ». Françoise Giroud (La comédie du pouvoir)
« Le plus sot orgueil est celui qui naît de l'ignorance ». Johann Georg Zimmermann (Les réflexions sur la solitude,1756)
« L'ignorance n'a jamais sauvé personne » (Marx à Weitling)


Récemment, la prima donna de la rentrée littéraire Piketty remarquait que la plupart des partis politiques sont constitués de diplômés, il aurait pu ajouter en particulier surtout d'enseignants, avec les traditionnels défauts de la profession : ils savent tout sur tout et ont toujours raison. Ce n'est sûrement pas la principale raison du discrédit des partis fondé surtout sur leur absence d'un programme social et révolutionnaire et sur leur corruption coutumière une fois qu'ils sont au pouvoir à tour de rôle. Même un parti par exemple qui ne serait composé que d'ouvriers serait aussi pourri avec la même absence de programme véritable pour « changer la société ». Le ou les partis en veste jaune sont du même acabit réactionnaire, fondés sur les desiderata de quelques personnages sans mémoire et sans consistance, qu'ils prétendent s'adresser à la population indistincte en général ou aux « pauvres » en particulier, leurs propositions alternatives n'en sont pas et sont même carrément creuses. On les flatterait plutôt si on tentait de leur expliquer qu'elles sont utopiques, car l'utopie socialiste a, elle, encore un passé respectable.

« L'appel aux armées » d'un certain Sylvain Baron est venu ridiculiser complètement le putschisme d'opérette des résidus en vestes jaunes ; putschisme du niveau des crétins black blocs, qui se confond désormais avec, (certes occupation de retraités gauchistes chaque samedi) mais qui sert désormais de viatique au pouvoir. Traditionnellement le putschisme est l'action de fractions de droite ou de factions d'extrême droite pour empêcher ou suppléer l'action de masse. Il se confirme bien que le corpus politique dans lequel la queue du mouvement de protestation s'est enferré provient bien de l'idéologie d'extrême droite. Cette idéologie ne vise pas à renverser le capitalisme mais à le pérenniser de manière autoritaire et en flattant l'impossible et fumeux égalitarisme, même à l'état de promesse électorale. La « lutte contre Macron » se résume sommairement en deux slogans imbéciles : la justice fiscale et le RIC. La « justice fiscale » dans un monde dominé par la finance corrompue est aussi saugrenue que loufoque. Le RIC, produit des marges de l'extrême droite, est un gadget hyper-démocratique grotesque qui ignore la vraie critique du parlementarisme par le communisme historique et vante un totalitarisme politique permanent alors que justement le prolétariat peut se passer de politique au quotidien, et que la délégation sert à cela... mais pas dans une permanente paranoïa du contrôle des délégués...1

« L'appel aux armées »2 est une vieille ficelle des factions de droite militariste comme lors de la fin de la colonisation de l'Algérie ; on se souvient que ce pauvre Luc Ferry, pauvre bourge affolé, avait appelé les policiers à se servir de leurs armes et à faire intervenir l'armée ; et depuis écoule peu ses pensums en librairie. L'an passé une autre louche veste jaune, Chalençon, avait exprimé son souhait que l'armée prenne le pouvoir pour permettre l'installation d'un « gouvernement de transition » (…) « seul moyen d'éviter la guerre civile ».

A rigolo, rigolo à demi, la semaine dernière dans un bled de l'Indre, le clan en veste jaune de Sylvain Baron avait convoqué les journaleux pour une exhibition fanfaronne avec une « lettre » à un vulgaire colonel « pour réclamer l’intervention de l'armée dans le but de « neutraliser ou mettre en fuite » Emmanuel Macron et son gouvernement »3. Le recours à l'armée est toujours le fait de la classe bourgeoise dans des circonstances où ce n'est pas des agités, en jaune en vert ou en rouge, qui cassent dans la rue sans objectif cohérent, mais quand la classe ouvrière menace de renverser l'Etat. Aucune révolution digne de ce nom ne peut avoir lieu sans désintégration des armées et polices bourgeoises et encore moins leur ralliement en tant que corps constitué. Baron est un con.

Le délire des grandeurs a beau s'emparer d'une foule de Narcisse – entre radicalisation putschiste et aventure électoraliste - on en rigole dans les chaumières prolétariennes ou en s'en fiche tellement ils sont cons ces agitateurs de bistrot « jaune » (la couleur des traîtres en général ou des cocus). Flatter un mouvement moribond depuis des mois ne réussit pas plus aux prêcheurs en eau trouble. On n'a pas oublié non plus les Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot, membre du nouveau parti anticapitaliste (NPA, tendance fémino-écolo), qui avaient eu beau faire savoir qu'ils soutenaient l'appel à une «grève générale illimitée» lancé par le brave Eric Drouet... personne n'a envie de suivre un ignare et deux de ses admirateurs béats... de jalousie4.

SON COURRIER EST REMPLI DE MEPRIS SOCIAL...

Une des méthodes pitoyables de la gauche bourgeoise, et souvent néo-stalinienne dans ses
versions végans notamment, est l'exaltation de l'ignorance ou plutôt une sorte de compassion perverse pour les « exclus de la culture ». Un trouble journaleux, un incertain Vincent Glad, qui fait partie des snipers sadiques à la Moix et Caron, a pris la défense de l'orthographe désastreuse de Drouet, à défaut de son inculture politique crasse. Attention qu'on ne se méprenne pas sur le fond de mon propos ici, qu'un révolté crie sa révolte sans savoir écrire ou même qu'il l'écrive en langage sms, ne diminue en rien le respect que je lui porte ni mon écoute. Ici il s'agit d'autre chose : l'affirmation de fierté de son inculture et de son ignorance. Soutenu par un plumitif provocateur de Libération concernant le « choc culturel »:
« Mon courrier des lecteurs arrive chaque jour sur Twitter et il n’est pas toujours agréable à ouvrir. Mes tweets sont devenus un grand défouloir pour les anti-gilets jaunes, qui rivalisent de bons mots et de commentaires méprisants pour moquer l’inculture ou la bêtise des manifestants. Considérant que leur influence est majeure sur le mouvement, il m’arrive souvent de relayer les publications d’Eric Drouet et Maxime Nicolle sur leurs groupes Facebook respectifs. Ces prises de parole me paraissent une information au même titre que les communiqués de presse d’une centrale syndicale. Les réponses que je reçois sont d’une grande violence, tournant en général autour de leur QI supposément faible et de leurs fautes d’orthographe. La foule haineuse n’est pas toujours là où on le croit ».
Le défenseur de la mauvaise orthographe en gilet jaune explique ensuite :
« Renvoyer systématiquement les gilets jaunes à leurs fautes d’orthographe est une manière d’exclure les classes populaires de l’espace politique légitime. Les gilets jaunes n’écrivent pas sur Internet pour se faire bien voir mais simplement pour se faire comprendre. Eric Drouet répète sans cesse qu’il fait de nombreuses fautes d’orthographe et c’est d’ailleurs pour cela qu’il privilégie l’exercice du live en vidéo ».
On peut apprécier modérément que l'auto-désigné leader Drouet soit intronisé « représentant des classes populaires » (lesquelles?). Drouet ne répète pas qu'il sait qu'il fait sans arrêt des fautes d'orthographes, il s'en flatte et envoie chier ceux qui le lui font gentiment remarquer. Ce journaliste réac qui regrette « qu'on ne puisse pas vivre ensemble », dénonce cette « intolérance orthographique » d'une foule haineuse (contre une autre foule haineuse!?), et déplore deux mondes différents qui s'entrechoquent ! C'est à dire la fable où il n'y a plus, face à face, que les vestes jaunes et Jupiter Macron ! Mais plus du tout prolétariat versus bourgeoisie ! Ce Glad n'est même pas un joyeux membre de la confrérie éclatée des vestes jaunes mais un vulgaire pervers qui a fini par se faire jeter5.

L'IGNORANCE QUI CARACOLE EN VESTE JAUNE

L'ignorance politique (et orthographique) rime avec refus d'esprit collectif. Certainement qu'il y a nombre de petits bourgeois haineux qui se fixent sur la malheureuse orthographe de Drouet pour dénoncer aussi cette prétention à se la jouer « Jojo égal d'un ministre » (il prétend aussi se porter à la candidature présidentielle...). Mais le problème n'est pas là6. Cette indifférence à corriger sa propre insuffisance en orthographe est révélateur des deux tares majeures de ce mouvement finalement totalement poujadiste et inculte sur les vraies causes et remèdes à la misère sociale et politique :
  • l'individualisme borné : j'écris comme je veux, ce que je veux, qui m'aime me suive !
  • Le collectif n'existe pas : comment puis-je imaginer par exemple qu'une conne d'enseignante m'aide à corriger mes communiqués adoubés précieusement par mon parterre de journalistes !

Le pire n'est pourtant pas dans l'étalage sans complexe de cette nullité orthographique, qui dessert même tout propos sensé en se ridiculisant souvent, un mot sonore n'a pas forcément le même sens, mais dans l'ignorance politique TOTALE de l'histoire du mouvement social, socialiste et communiste. Ils prétendent rénover le parlementarisme ! S'ils en connaissaient vraiment l'histoire et les critiques de la gauche historique maximaliste ils ne secouraient pas autant leur balayette de carnaval ! Le blocage de la circulation automobile apparaît plus efficace que la grève classique mais ne génère aucune conscience de classe ni n'ouvre la voie à une réelle solution politique ou alternative au capitalisme. L'ultra-démocratisme de façade (et vraiment creux) que leur a refilé l'extrême droite signifie une atomisation encore pire que la farce démocratique actuelle (avec la possibilité qu'ils y ajoutent l'addendum de Caron : faire passer un examen aux électeurs pour voir s'ils sont capables de voter en connaissance de cause!). Le comble de leur utopie électorale est bien entendu l'invraisemblable « justice fiscale »7, mot d'ordre typique du petit boutiquier affolé prêt à prendre en otage un CRS. On va voir comment Piketty prend la défense du petit boutiquier.
Enfin le comble de l'ignorance politique et de l'incapacité à réfléchir reste l'ignorance des classes sociales. Il y aurait « l'élite avec Jupiter » et « la population ». Un conception simple mais, pour être gentil, néo-fasciste ! Cette vision bipolaire, plaquée d'ailleurs au quotidien par les médias (avec approbation gouvernementale bien sûr) vient là aussi effacer l'opposition fondamentale prolétariat/bourgeoisie, la seule qui peut poser la question révolutionnaire du renversement du système. Je sais qu'on nous assure que ce n'est plus qu'une vision de l'esprit de communistes ringards. M'en fous, regarder l'histoire, apprenez en connaissant l'histoire. Le prolétariat reste une classe sociale universelle, non pas cette confuse notion de peuple ou de population, mais fondamentalement apatride et qui n'a pour but et conscience, contrairement aux classes intermédiaires, que de renverser réellement le capital.
La grève du métro pour la défense des retraites est bien plus dangereuse et significative que les fumées jaunes des bandes d'agités décorés avec des slogans néo-fachos !
Continuez à rêver réformer l'ignominie capitaliste ! Mais tant que votre confusion pipole en jaune perdurera vous resterez impuissants face à l'Etat, car celui-ci, plus malin que vous sait que seule une opposition claire des classes peut être le seul vrai danger pour son règne prolongé. La révolte initiale a nettement disparu, laissant place aux agitations frénétiques de carriéristes qui ne valent pas plus que les politiciens que nous avons rejetés définitivement.

LES GILETS JAUNES « idiots utiles » de Macron ?

Franchement ils le sont devenus, comme les poujadistes jadis qui, au bout de sept ans de contestation, sont devenus gaullistes. Il exista probablement dès la préhistoire quelques idiots utiles qui s’ignoraient, leur avènement comme espèce à part entière, identifiée comme telle, est contemporain de celui des régimes totalitaires et de l'hyper-démocratisme aussi totalitaire. C’est en effet la noirceur de la cause qu’il sert par une confondante naïveté qui, par contraste, propulse l’idiot utile et lui donne tout son relief. Le prototype ? L’intellectuel de gauche occidental manipulé par le régime soviétique pour en vanter les mérites (ou a minima en taire les crimes) puis reconverti en islamo-gauchiste défenseur du mode de vie musulman. En raison sans doute de cet ancêtre commun, on attribue généralement la paternité de l’expression à Lénine. Mais nul ni moi n’en a trouvé trace dans ses écrits.
Un idiot utile sort du lot en ce moment dans l'espoir de toucher les prébendes d'un autre best-seller, surtout en milieu jaune. Avec «Capital et idéologie» pour Thomas Piketty: la propriété, c’est le mal. Hé hé on se souvient d'un certain Proudhon selon qui la propriété « c'est le vol ». Encore un millier de pages pour « dépasser le capitalisme ». Mais comment mettre en œuvre ces propositions radicales visant à redéfinir la notion même de propriété ? Et suffiraient-elles à détruire les piliers de l’hyper-capitalisme contemporain ?

Piketty soutient les vestes jaunes et la transition écolo

Deux objectifs incompatibles autant que sont ennemis croissance et décroissance : quand les riches parlent de décroissance le pauvre sort son revolver.
Lisons la complainte de la nouvelle femme de ménage du capitalisme, qui se prélasse dans la guimauve idéologique à la mode :
« Pour autant, est-on bien sûr que ces politiques ont produit les effets escomptés ? Depuis la crise de 2008, et surtout depuis Trump, le Brexit et l’explosion du vote xénophobe partout en Europe, on mesure mieux les dangers posés par la montée des inégalités et le sentiment d’abandon des classes populaires, et beaucoup comprennent le besoin d’une nouvelle régulation sociale du capitalisme. Dans ces conditions, en rajouter une couche en faveur des plus riches en 2018 n’était vraiment pas très malin. Si Macron veut être le président des années 2020 et non des années 1990, il va falloir qu’il s’adapte vite.
Le plus triste est l’effroyable gâchis sur le front climatique. Pour qu’une taxe carbone réussisse, il est impératif d’affecter la totalité de son produit à l’accompagnement social de la transition écologique. Le gouvernement a fait tout le contraire : sur les 4 milliards de hausse de taxes sur les carburants de 2018, et les 4 milliards supplémentaires prévus pour 2019, il n’envisageait de consacrer qu’à peine 10% aux mesures d’accompagnement, alors que le reste finançait de facto la suppression de l’ISF et la flat tax sur les revenus du capital.S’il veut sauver son quinquennat, Macron doit immédiatement rétablir l’ISF et consacrer ces recettes pour compenser ceux qui sont le plus durement touchés par les hausses de taxe carbone, qui doivent reprendre leur cours. Et s’il ne le fait pas, alors cela signifiera qu’il aura fait le choix d’une idéologie pro-riches dépassée au dépend de la lutte contre le réchauffement climatique ».
Pas d'inquiétude pour l'Etat bourgeois donc, le discours lénifiant de Piketty peut séduire le petit boutiquier en veste jaune, voire l'émouvoir, mais Piketty reste le roi des réacs en faisant semblant d'oublier la violence qui régit les rapports sociaux et en proposant de régler tout par l'impôt (justice fiscale quand tu nous tiens) et en évacuant toute utilité et pérennité à 200 ans de luttes de classes.
NOTES

1L'idée de référendum d'initiative populaire date des années 1980 et fit les beaux jours de Pasqua à Le Pen, les Bachaud et Chouard ont repris le filon qui s'est imposé sans objection dans la guimauve gilet jaune.
2En fait il y en a eu deux, l'autre, qui comportait un laïus destiné à culpabiliser les masses qui n'ont plus envie de suivre une bande de rigolos ou de se faire crever un oeil par les flics, puis une injonction au tous ensemble même avec les syndicats véreux, a disparu de la circulation. Elle était plus perverse que le lourdingue appel au « colonel ».
3Pantalonnade sans mémoire encore. L’annonce du recours à l'armée par Macron et sa mise en scène par le gouvernement, vieille habitude cyclique dans la lutte des classes en France, avait immédiatement enflammé l’opposition, de gauche comme de droite. Les réactions critiques s'étaient multipliées. La myriade des « gilets jaunes » s'était émue de l’annonce sur les réseaux sociaux, y voyant une nouvelle atteinte aux libertés. « Jamais de la vie un soldat français ira tirer sur un civil français sur le sol français [car] les militaires français sont pour la plupart des enfants de “gilets jaunes” » avait assuré casquette à l'envers. L’utilisation de l’armée lors d’un conflit social n’était pourtant pas une première. En 1992, Pierre Bérégovoy, alors premier ministre, avait fait appel aux militaires pour dégager des axes routiers bloqués par des camionneurs qui protestaient contre l’instauration du permis à points. Plus de cinq cents soldats, des blindés légers et un char AMX-30 avaient notamment été envoyés sur l’autoroute du Nord, près de Phalempin, afin de libérer l’axe Paris-Lille. L'ex-militaire Benjamin Cauchy lui a carrément rejoint de camp des souverainistes, adieu Berthe en jaune !
4Casquette à l'envers, Maxime Nicolle, a dénoncé à sa façon les factions du compromis électoraliste, aussi ignare que son pote Drouet : "La politique, c'est de la connerie, ça tue l'humain. Vous n'avez rien compris, et en plus vous prenez les gens pour des cons."
5La « Ligue du LOL », un groupe secret d’une trentaine de journalistes et communicants très influents, est accusée d’avoir harcelé une douzaine de victimes sur Twitter, surtout des femmes, à partir de 2009.
  • Une victime présumée, Florence Desruol, affirme à 20 Minutes que le créateur du groupe, Vincent Glad, et d’autres membres de la LdL, ont notamment eu recours à des comptes Twitter anonymes pour l’attaquer en ligne.
  • Mis à pied à titre conservatoire par Libération, Vincent Glad, qui a travaillé chez 20 Minutes puis à Slate, a d’abord nié avant de reconnaître qu’il était « effectivement une des six ou sept personnes à avoir le mot de passe du compte » @Foutlamer
6Il est aussi là, dans l'excuse de l'ignorance, qui reste inexcusable depuis la meilleure tradition antique. Après s'être enquis auprès de tous ceux qui passent pour savants (artisans, poètes et politiques), le Socrate de L'Apologie conclut qu'être compétent en un domaine n'exclut pas la forme la plus insidieuse de l'ignorance : croire savoir, donc se croire dispensé d'apprendre. N'est pas savant celui qui dispose d'une technique particulière, ou qui occupe une célébrité provisoire. Le sophiste l'a compris, qui prétend, grâce à sa maîtrise du discours, à un savoir total. Se laisser persuader par lui, c'est vivre dans la Caverne : c'est lui qui manipule les figurines dont les prisonniers, enchaînés par leur ignorance, voient défiler les reflets sur la paroi, en les tenant pour seuls réels. Son savoir ne trouve même pas sa mesure dans la conception d'un modèle à inscrire dans un matériau approprié, ou dans la production d'une totalité devant intégrer harmonieusement ses parties : ce n'est pas un savoir-faire, c'est, dit Gorgias, un art de la flatterie. Le sophiste vise l'agréable, non l'utile. Si près de nous Marx écrivait que l'ignorance se cumule avec la misère : « L’accumulation de richesse à un pôle signifie donc en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère, de torture à la tâche, d’esclavage, d’ignorance, de brutalité et de dégradation morale pour la classe dont le produit propre est, d’emblée, capital”. « Ignorance never yet helped anybody » (Reminiscences of Marx and Engels, p.272, my emphasis, AW) contre Weitling. Marx dénonce Porudhon dans La misère de la philosophie, en 1845 ; il y dénonce l'ignorance de Proudhon concernant les questions économiques. Il lui reproche d'être un esprit "petit-bourgeois", et de propager un socialisme utopique, Proudon un ancêtre gilet jaune !
7Quand on sait que nombre de vestes jaunes de bas étage ne payent pas d'impôts...