PAGES PROLETARIENNES

lundi 24 juin 2019

UNE SECTE FAIT LA MORALE AU PROLETARIAT



« Les deux problèmes de l'industrialisation et de la misère du peuple se trouvent liés à cette époque et les analyses basées sur la seule morale ne suffisent plus ». Introduction à « L'état physique et moral des ouvriers » de Louis-René Villermé (1837)

« L'individualisme est l'enfer des individus. Il n'en tient nul compte et se fonde sur leur destruction systématique. L'immolation des individus est toujours en relation directe de la prépondérance de l'individualisme. Il signifie à leur égard extermination, et communisme implique respect, garantie, sécurité des personnes ». Blanqui

« Le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». Manifeste communiste

Les gouvernements successifs veulent réintroduire la morale de Jules Ferry à l'école quand le CCI veut la réintroduire dans le prolétariat, curieuse démarche parallèle, n'est-ce pas ? Au mois de mai dernier je pensais avoir dit l'essentiel (cf. Le moralisme impuissant d'une secte) sur cette espèce d'échappée du CCI dans les fumées de la morale faute de grèves massives à se mettre sous la dent et en ignorant le b.a.ba du marxisme, les besoins radicaux du prolétariat. Il faut hélas constater qu'ils s'engluent de plus en plus dans un idéalisme de type néo-stalinien et ésotérique.
Apprendre suppose la discipline, l'instruction suppose cette discipline, suivre une leçon de lecture est une première leçon de morale. Les ghettos scolaires sont fuis par les couches moyennes, et ces ghettos sont le produit d'une société décomposée, diversifiée où la multiplicité religieuse des Baubérot et Jacquard est la loi du genre, sans parler de la démission des parents. Constat sociologique ordinaire, me direz-vous ? Mais le CCI prétend nous inventer une morale différente pour la classe ouvrière ! On va donc causer morale dans un système où domine la morale juridique qui permet de condamner à six mois de prison ferme un prolétaire qui a osé volé un sandwich et un jus d'orange (ah l'immoralité coupable) quand le salopard Balkany ne cesse de ripailler et de s'amuser1.

Par sa lettre informatique mensuelle le CCI me fait parvenir les articles publiés ce mois-ci, qui sont souvent des articles d'une qualité rare au monde face aux tonnes d'inepties déversées par l'idéologie dominante, malheureusement ce n'est que de la dorure, un vernis qui masque une profonde misère théorique et organisationnelle. On va le déplorer avec la série d'articles, dont les deux premiers sont introuvables (?), intitulés : Le legs dissimulé de la gauche du capital. Avec un titre aussi aguicheur on pouvait espérer sans grosses découvertes, au moins une démonstration politique sur le double langage et le caméléonisme de cette aile bourgeoise, non pas du tout, c'est un cours de morale qui va nous être infligé. J'ai fait mes classes de philo à Buffon et je ne prétends pas être féru en la matière, mais l'inculture, la vanité et l'inconsistance de ce plaidoyer bizarre m'ont laissé pantois. J'avais bien parcouru ce vieux texte philosophard de 2006 « Marxisme et éthique (débat interne au CCI », mais je n'avais pas jugé utile d'y répondre vu son insanité2. Au bêtiser mondial des ignorants galonnés il faudra ajouter cette saillie désopilante : « La nature humaine contient déjà la morale » ; qu'un stalinien inculte ait possiblement écrit cela dans les années 1950, mais à notre époque ? L'idiote qui a pondu cette hérésie anti-scientifique devrait aller questionner Lucien Malson et son enfant sauvage3. C'est signé C.Mir. Ces et Mo?

Je me propose de répondre tout d'abord à cette (invention) morale datant de 2006, pas trop longuement, puisque la série « legs de la gauche » n'en est qu'une resucée affligeante, qui mérite plus encore par après les fouets de ma critique.

DE L'ENFER DES BAGARRES INTERNES AU NOUVEAU CATECHISME MORALISANT

Je n'ai aucune hostilité pour les premiers libelles des mouvements républicains et ouvriers, ils avaient même quelque humour à se nommer « catéchisme révolutionnaire ». Le catéchisme était le livret qui enseignait la morale chrétienne. Assez court il procédait par une série de questions et de réponses. La pédagogie catéchistique traditionnelle fut détournée puis investie d’un contenu civique et politique à partir de 1789 et ensuite largement plébiscitée avant d’être ultérieurement critiquée par les pères de l’instruction morale et civique sous la Troisième République. En France, prenons ce « catéchisme républicain » qui est publié vers 1795 par le comte de La Chabeaussière, il destiné à l'éducation de la jeunesse et connaît un grand succès. Il y eut aussi des catéchismes royalistes et bonapartistes. Mais c'est surtout pendant la vague révolutionnaire européenne autour de 1848 que de nombreux catéchismes politiques sont publiés en particulier en Allemagne. Les couches les plus pauvres du peuple exigent leur participation politique, le suffrage universel, la liberté d'association, etc. Mais alors que les catéchismes classiques n'étaient que de redondants cours de morale, les catéchismes politiques se fichent de la morale aristocratique, avec ironie ; Louis Blanc définit en 1849 dans son « Catéchisme des socialistes », que le socialisme est « l'Evangile en action ». On se souvient que la première version du Manifeste communiste de Marx et Engels s'intitulait également Catéchisme, pour défendre ce qui est encore considéré à l'époque simple « croyance politique »4.
Un des troncs des catéchismes républicains restera longtemps l'école libre et gratuite, incluant une instruction civique5, car la population vient alors des campagnes vers la ville et … toute l'éducation est à faire (comme il faudra qu'elle soit encore faire pour les migrants lointains « qui n'ont pas les codes »...).
L’enseignement moral et civique (EMC) est inséré par Peillon au programme de l’année scolaire 2015-2016, au grand dam des syndicats d’enseignants (!?). « L’instruction civique » avait bien été abolie au profit de « l’éducation civique »  en 1932. Mais en 1940, le régime de Vichy a réintroduit les « Leçons de morale et d’instruction civique » et a publié les nouveaux manuels adéquats, dont celui-là. Dans son introduction, l’auteur dit : « Le chef de l’État français nous demande d’enseigner le Travail, la Famille, la Patrie […] ». En 1955, la République supprimera l’instruction civique de Vichy et remettra « l’éducation civique » à l’honneur… jusqu’à 2008. Le manuel de 1940 contenait des textes révélateurs de l’esprit de l’époque et en grande partie de l'esprit marxiste néo-stalinien pudibond et sermonneur (alors que le maréchal était un pornographe avisé): hygiénisme, culte du corps, maîtrise absolue des émotions et des tempéraments, apologie du travail acharné, de la famille nombreuse et des qualités des mères. L’instruction civique renaît de ses cendres avec le Macron nouveau, gageons qu'elle ne redonnera pas le moral aux fils d'ouvriers, surtout avec la perspective que ce soient les entreprises (philanthropie quand tu nous tiens!) qui financent de plus en plus les écoles6. Par expérience personnelle douloureuse je sais que les enfants de prolétaires n'ont jamais été heureux dans le parcours scolaire classique à toutes les époques, progrès la lecture et le calcul ? Oui a minima pour aller pointer à l'usine. Villermé parle du « malaise morale » des ouvriers au cours de son enquête pas de morale du malaise comme les curés bourgeois et du CCI... quoiqu'il reproche aux ouvriers (ceux qui abusent de la boisson et des plaisirs) comme principal défaut (lui aussi) : « l'oubli des principes moraux et religieux » ; il précise d'ailleurs ceci : « les habitudes du peuple sont sa morale » (sic!).
La façon dont le CCI s'est mis à chevaucher son soudain intérêt pour la morale (alors que toutes les bagarres internes ont été profondément immorales, surtout le la part des nouveaux moralisateurs), a déjà été fort bien décrite par Trotsky dans son ouvrage contestable et ambigu « Leur morale et la nôtre », où il y a pourtant à boire et à dégueuler :

« Leur façon d’identifier la morale bourgeoise avec la morale "en général" se vérifie sans doute le mieux à l’extrême gauche de la petite-bourgeoisie. (…)Les centristes "admettent" la révolution prolétarienne comme les kantiens l’impératif catégorique, c’est-à-dire comme un principe sacré inapplicable dans la vie quotidienne. En politique pratique, ils s’unissent aux pires ennemis de la révolution, réformistes et staliniens, contre nous. Leur pensée est pénétrée de duplicité et d’hypocrisie. S’ils ne s’élèvent pas, en règle générale, à des crimes saisissants, c’est parce qu’ils demeurent toujours à l’arrière-plan de la politique : ce sont en quelque sorte les pickpockets de l’histoire, et c’est justement pourquoi ils se croient appelés à doter le mouvement ouvrier d’une nouvelle morale. (…) Le matérialisme dialectique ne sépare par la fin des moyens. La fin se déduit tout naturellement du devenir historique. Les moyens sont organiquement subordonnés à la fin ».

Je ne philosopherai pas avec Trotsky qui laisse supposer que tous les moyens sont bons mais je ne l'incriminerai pas complètement vu que les circonstances ne se déroulent jamais comme une soirée de gala. Ce qui est sûr c'est que la « philosophie » stalinienne, elle, aboutissait à la contradiction insoluble de l'idéal kantien où l'idéal moral annule la morale elle-même Marx, dans Le Capital, soulignait que les hommes sont davantage les « créatures » que les « créateurs » des rapports sociaux et que cela lui interdisait d'attaquer les personnes et l'obligeait à ne se livrer qu'à une analyse critique des fonctions socio-économiques. Cela ne l'a pas empêché toute sa vie de couvrir d'injures tout un tas de contradicteurs et de les vouer à pis que pendre. Et ses milliers de perroquets de faire la même chose7. L'hypothèse d'une conscience morale pure en sort bien évidemment détruite. Le comportement moral vaut en effet d’abord par l’exemple ; ensuite on peut toujours philosopher en spéculant sur une innocence des curés militants.

UN DEBAT NOBLE ET COURAGEUX ?

Que le sujet de la morale devienne un « sujet politique à part entière » n'est pas fait pour nous étonner dans la loghorrée de la secte, mais comme acception d'une démarche inquisitoriale envers ses opposants dérangeants.
C'est avec un grand courage que le CCI a réaffirmé son souci des comportements « même au risque de subir des crises organisationnelles », quand c'est la crise organisationnelle qui a poussé à inventer la nouvelle morale. Il n'est pas possible de laisser ignorer au lecteur le caractère cyclique des crises successives du groupe ; j'en ai fourni un tableau précis dans mon « Histoire du maximalisme » (p.382) ; en gros tous les deux ou trois ans, et parfois tous les ans. Or le CCI, même sous le règne du « vieux » (Marc Chirik) a toujours eu les caractéristiques du parti unique, surtout à son niveau picrocholin. Ce qui caractérise ces petits partis qui rêvent de devenir grands, c'est la traque de l'expression de la moindre dissidence et une capacité à équilibrer les tensions (ce que le vieux savait faire de par sa longue expérience et qui lui assurait le monopole de la décision politique)8 ; il avait une telle intelligence politique qu'il n'eût jamais besoin lui d'une police politique interne, il est vrai que des commères l'informaient régulièrement de ce qui se passait dans les sections même les plus éloignées, et qui le flattaient pour sa manie obsessionnelle du détail (la retraite du chef ne fût jamais monotone). Sous le discours sacré et très religieux de la défense de l'organisation (indispensable au prolétariat) le pape c'était lui. C'est lui qui détenait le pouvoir politique et il le détenait de la même manière que n'importe quel président de la République bourgeoise, par le système des nominations aux « organes centraux », voire à distribuer des médailles honorifiques pour calmer les plus arrivistes. Chaque jour, après Sarkozy et Hollande, vous pouvez voir Macron nominer celle-ci ou celui-là. Un des secrets de longévité des pouvoirs réside dans une « relève régulière de la garde », invention attribuée au seul Mussolini. Cette capacité à renouveler les hiérarques ou à en éterniser certains relève du pouvoir mystérieux du monarque. Evidemment avec le petit CCI et l'aimable Marc il n'était ni question d'argent ni de corruption, mais de capital symbolique et de dépendance et de reconnaissance de la part du nominé (qui devait « tout » au grand guide, j'en fus)9 ; je peux bien parler plutôt de domination charismatique d'un très vieux sur de bien plus jeunes ouailles (détournement de mineurs politiques?).
Le maintien du contrôle vertical de l'organisation passe aussi par de brusques changements d'orientation. Après l'analyse unique au monde de « la gauche en opposition » (éternelle...), nous tomba dessus un jour « la décomposition du capitalisme, que tout le monde se mit à désirer assimiler au plus vite. Même les meilleurs ministres du BI, sans être prévenus, pouvaient se trouver court-circuités et humiliés en assemblée alors qu'ils croyaient avoir déjà assimilé la ligne. Il n'avait pas non plus à justifier cette attitude de « vérité léniniste » ou s'il y condescendait c'était pour susurrer « j'ai toujours été un emmerdeur », mais comme titre de gloire. Il était impossible à quiconque d'accumuler trop de capital symbolique, ce qui fait que le principal rival et héritier potentiel, le jeune Raoul Victor, très aimé, fût constamment l'objet de ses quolibets aux cours des dernières années. Peter savait se maintenir dans la position du suiviste béat d'autant qu'au deuxième congrès du CCI à Versailles, le vieux nous l'avait médaillé comme « notre Trotsky », la place de Lénine bis étant déjà prise. La durée moyenne d'appartenance aux principaux organes centraux pouvaient être très courte selon la soudaineté des crises, qui signifiaient toujours un regain de vitalité pour le « corps organisationnel » en éjectant le sang impur qui altérait les sillons de l'orga. Le vieux avait fini naturellement par s'entourer de personnages fades ou même d'un ou deux flic infiltré. Au capital symbolique de la position occupée dans la verticalité organisationnelle (rageusement déniée) s'ajoutait le crédit symbolique. Les déclarations répétées d'amour du « tissu organisationnel » allaient droit au cœur du chef, mais étaient plus qu'un sentiment, un devoir surtout. On n'en finirait pas d'énumérer la foultitude de sectes qui ont fonctionné de cette manière tout au long du XX ème siècle et jusque dans le nôtre, et qui ne diffèrent en rien sur le fond de la « reproduction élargie du capital symbolique d'autorité ». Tout se savait jusqu'aux épisodes de l'intimité familiale (morale et contrôle comportemental organisationnel obligent)10. Quand l'orga n'était pas le squelette du prolétariat, elle était une grande famille... avec des cousins inconnus.

Avec le gadget de la décomposition du capitalisme, repris par le vieux à l'IC (il m'assura que c'était la première fois qu'on en faisait usage dans l'histoire), tout s'explique et on a réponse à tout. J'apprends même avec le texte de 2006 – j'ai déménagé de la secte en 1996 - « le rôle dirigeant de l'organisation dans le développement de la conscience de classe ». Quoique ne prétendant ni diriger l' Etat, ni personne, je suis rassuré que le groupe veuille diriger la conscience. Il peut toujours essayer, personne ne l'en empêchera. Malgré ses crises « l'organisation a toujours été capable d'élever son niveau théorique et de clarifier les questions. Le contraire nous eût désolé.
C'est avec cet ornithorynque morale nouvelle que ma vue s'est troublée en même temps que mon entendement. Il faudra que je leur envoie mes questions, qu'on m'explique :
  • les origines de la morale dans les instincts sociaux de l'espèce humaine ? (j'ai demandé à Michel Serres et à Albert Jacquard, ils ont été incapables de me répondre).
  • La dissolution graduelle des valeurs sociales (lesquelles?)
  • L'amoralisme ambiant (lequel?)
  • pourquoi le capitalisme se porte-t-il mieux qu'en 1989 ?
  • la dissolution des liens de solidarité à la base de la société humaine ?
  • La dissolution des valeurs morales établies par la société ?
  • Quelle morale a été rejetée après 68 ?
  • c'est quoi la « perversion de l'éthique du prolétariat » ?
  • comment le prolétariat (après s'être désaliéné) peut-il « libérer la morale et donc l'humanité » ? Pourquoi confondre morale et humanité ? Morale et solidarité ? Conscience et morale ?
  • C'est quoi la « morale prolétarienne » ?

Les réponses à ma dernière question sont nombreuses est aussi comiques les unes que les autres :
  • « La morale est un guide indispensable de comportement dans le monde culturel de l'humanité » (même un couturier pour riches aurait pu sortir une insanité pareille).
  • « La solidarité, la sensibilité, la générosité, le soutien aux nécessiteux, l'honnêteté, l'attitude amicale et la bienveillance, la modestie, la solidarité entre les générations sont des trésors qui appartiennent à l'héritage moral de l'humanité » ? (on retrouve ces qualités dans la liste que je vous ai fournie du manuel d'instruction civique, qualités qui ne sont pas spécialement prolétariennes mais toutes hypocrites et produites par les religions...).
  • « La morale a un impératif (hi hi kantien!) C'est une appropriation du monde social à travers des jugements sur le « bien » et le « mal », sur ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas ».
  • « ...elle permet au sujet d'entrer dans le monde mental et émotionnel des autres êtres humains ». (Aïe ! Répété à deux reprises ! Concept sans nul doute glissé par la perverse narcissique Monique Avril, éternelle complice du gourou Peter).
  • « Dans les sociétés primitives, mais aussi dans les sociétés de classes, la morale se développe de façon spontanée » (c'est carrément faux!)
  • « La morale reflète fréquemment, avant la philosophie et la science, les changements cachés sous la surface de la société ». (Archi-faux!).
  • « la morale prolétarienne contient bien plus d'éléments de valeur humaine générale que celle des autres classes sociales parce qu'elle représente le futur contre la morale de la bourgeoisie ».

On arrêtera là le massacre, et sur ce dernier jugement de valeur complètement crétin, où l'aporie évidente détruit une affirmation de type stalinienne classique11, parce qu'il n'y a pas des morales ni une morale prolétarienne, il y a une seule morale dominante tout court à laquelle nos sectaires non seulement n'échappent pas mais qu'ils reproduisent carrément en croyant en inventer une nouvelle.

L'ETHIQUE A PRECEDE LE MARXISME...

La philosophie spéculative aussi. Jésus Christ aussi, etc. Le délire anti-marxiste et délirant quand le couple anonyme qui a pondu ce texte signé CCI, et devant lequel ils sont tous désormais agenouillé au risque de se faire éjecter s'ils vissent un doigt sur la tempe, est mesurable dès le que le terme éthique vient relayer celui de morale (avaient-ils fumé de la moquette?) :
« L'apparition de l' éthique – comme celle de la philosophie en général – est stimulée en particulier par le développement de la production de marchandises ». C'est débile, la marchandise répond à des besoins humains12.

Je me suis longtemps évertué à refuser le qualificatif de curé pour les militants maximalistes, qui leur pendit au nez au cours des décennies post-68. J'avoue ma défaite ici face à un CCI qui n'a plus que des problèmes et des questionnements de curé. Il faut être devenu un sacré curé pour sacrifier ainsi toutes les questions (tangibles) politiques au mystérieux pouvoir de la morale et se ficher de ce qui est essentiel pour le mouvement ouvrier, le prolétariat moderne. Ce ne sont pas les cieux et la morale qui motivent et concernent les millions de prolétaires, contrairement aux parasites religieux et simili-religieux d'un marxisme moral, mais les BESOINS. J'y ai consacré un chapitre dans mon livre sur l'Etat de la transition. Le CCI ne se soucie pas de ce qui est fondamental, mais, dans la tradition la plus plate de l'idéalisme se pose la question nunuche de la morale, mais aucunement des besoins radicaux du prolétariat. Les petits bourgeois au ventre bien nourri bio méprisent ce souci premier « d'amélioration de leur niveau de vie » des prolétaires dans les années 1830 (comme ils méprisèrent les gilets jaunes dès le début) et qui se fichaient de morale, comme le rapporta avant Marx, Villermé
encore :
« Cette amélioration que proclament unanimement les vieillards, a créé chez le peuple, par conséquent chez les ouvriers, des goûts, des besoins qui ne permettent pas à la plupart de ceux qui en jouissent de l'apprécier : ce qui n'était que luxe, que superflu pour eux il y a trente ans, est aujourd'hui devenu nécessité. Ces nouveaux besoins accroissent leurs désirs et s'opposent à ce que les moins rétribués puissent conserver quelque argent, ou bien, s'ils y parviennent, leurs épargnes sont si faibles, que la persuasion où ils sont que, pour en trouver une emploi utile, il faudrait trop attendre, les empêche très fréquemment d'en faire. Cette persuasion est, pour les classes ouvrières, une des principales causes de leur inconduite et de leur indigence ».

Tout cela est dialectique chez Marx et il ne s'encombre pas d'une théorisation fumeuse de morale transhistorique, mais il est bien connu que CCI et dialectique cela fait deux. Cette négligence des besoins du prolétariat – la base sérieuse du marxisme et pas l'idéalisme – fait de la secte CCI une bien piètre « direction de conscience » !13 En plus ce n'est même pas une négligence, c'est un mépris dont même les nazis ont été incapables car « l'homme » : « apporte avec lui, 'dans le monde' une série de besoins sociaux issus de ses origines animales ». L'homme sans morale bien établie n'est en effet qu'animal ! Quelle misère intellectuelle. Et tout cela mélangé avec cette invention de la nature « d'être social », car – ohé Lyssenko - « La méthode scientifique du marxisme a décoilé les origines biologiques, « naturelles » de la morale et du progrès social ». Le communisme aussi est donc biologique ? On trouve d'autres déchets du même genre qui nous font regretter Raymond Devos : « la culture de l'esprit de rébellion, la richesse morale de la société, la noblesse morale de l'humanité, la solidarité humaine à la base de la société, les acquis moraux de l'humanité, la disparition de la qualité rare de pouvoir travailler en équipe (ah ah ah le couple n'a jamais travaillé en équipe en usine...).

LE RETOUR A LYSSENKO

La notion de marxisme, comme celle de classe ouvrière (dont peut user tout bonimenteur de passage) a bon dos dans le discours philistin sur la morale à toutes les sauces à travers les âges. On a vu naître des mongoliens dotés de « profonds instincts sociaux », une curieuse espèce de bipèdes genre « dépendance de l'espèce à l'égard du travail collectif, associé et planifié » ; cette espèce vous a un parfum de communisme stalinien confirmé et affirmé « collectif » (un miracle si on compare à notre société décadente « hyper -individualisée », hélas!). Comme aurait pu le préciser le camarade Lyssenko, c'est dans les gènes que cela s'est passé : « le cœur de la morale, c'est la reconnaissance de la nécessité de la solidarité face à la fragilité biologique de l'être humain ». Il paraît que c'est repris de récentes découvertes anthropologiques comme il est prouvé que la course à pied est le meilleur remède contre la dépression. Toujours dans le cadre des définitions philosophiques hasardeuses on apprend que la solidarité est « l'étalon du progrès moral », que la morale à travers les siècles est une « question de survie » ; même les vrais curés n'osent pas écrire une telle bêtise. Pourquoi le prolétariat est-il la vraie morale ? Parce qu'il est la seule classe « unie par une vraie socialisation de la production », laquelle « vraie socialisation » il faudrait nous la montrer : en URSS naguère, dans le secteur privé, chez le livreur de pizza ?

Un faussaire comme Lyssenko aurait pu écrire la même chose que notre mystérieux couple rédacteur des résolutions philosophardes du CCI : « un des principaux buts de la révolution communiste, c'est la victoire des instincts sociaux sur les pulsions anti-sociales ». Réflexion du niveau d'une infirmière psy, qui était un des principaux buts de la brejnévisation de la société russe par la suite. Peu avant, Jean Rostand leur avait répondu : «  Ne tombons pas dans le ridicule de politiser les chromosomes ». Suivent tout un tas d'affirmations du même acabit, invraisemblables, avec une bousculade de superlatifs ridicules. Leur succèdent un remplacement systématique du mot politique par le mot morale. L'indignation n'est plus sociale mais morale, et on fait même dire à Engels l'inverse de ce qu'il a écrit. La notion de solidarité devient le nec plus ultra exprimant l'essence même de la lutte de classe, mais cette solidarité existe chez toutes les classes, communautés ou même groupes de quartier ; elle n'est pas une explication fondamentale ni suffisante. C'est du niveau conscience syndicale. Les révolutions n'entrainent plus un renouveau politique mais un renouveau moral de la société. La préoccupation de la morale c'est la vérité, et pour preuve (sic) on nous sert la Pravda de Saint Lénine. Cela aussi Lyssenko aurait approuvé. C'est ensuite la vérité qui permet la libération du prolétariat (suffisait d'y penser). Avec un petit couplet pour s'en prendre à soi-même petit individu, ce qui donne toujours la touche indubitablement de droiture « collectif communiste ». Presque du Arlette Laguiller dans le texte ; n'oubliez pas que la supériorité proclamé de la curaille orthodoxe sur le pape individualiste, ce sont les décisions collégiales.
La lutte pour la vérité serait enfin insuffisante si ne s'y ajoutait pas enfin la « lutte pour la clarté ». ET la conclusion révèle, mais les notes hargneuses aussi, finalement que sous un discours angélique, boursouflé d'une morale nunuche et invraisemblable, n' était qu'une étape dans le règlement de compte sordide avec les opposants désormais expulsés et criminalisés : « L'attitude consistant à éviter et à saboter les débats et la clarification est une insulte à cette valeur, puisqu'une telle démarche ouvre toujours grand la porte à la pénétration d'idéologies et de comportements étrangers au prolétariat ».

La secte est immunisée dans son réservoir en béton, ses théories lyssenkistes et les nouvelles dimensions fantaisistes de son « action éthique ».

DANS L'ORGANISATION DU MENSONGE DECONCERTANT

On prend donc en cours de route « Le legs dissimulé de la gauche du capital : un fonctionnement qui nie les principes communistes ». Sachant qu'il a été expliqué comme tous ces petits partis gauchistes nient la classe ouvrière ainsi que leur façon de penser.
La description de la hiérarchie et de la bureaucratie de tous les autres particules ne présente aucune originalité ni description qu'on ne connaisse déjà amplement comme le restant de la population rétive aux cénacles, aux diverses sectes et assocs politiques. La haine toujours vivace des exclus attribue leurs déviations « comportementales » au fit qu'ils n'avaient pas eu la chance d'être nés dans le CCI mais restaient de bâtards d'orga gauchiste, ce qui, comme dirait le camarade scientifique Lyssenko, bloque le développement biologique communiste.
Traumatisés ils le sont et nombreux tous ceux qui ont été maltraités par la discipline bourgeoise et n'ont pas été dorloté à la douce « discipline prolétarienne » : « Dans une organisation prolétarienne, 'discipline' signifie respecter ce que tous ont décidé et ce que chacun s'est engagé à accomplir » ; il n'est pas précisé « même celui qui a voté contre ». Normal : « la primauté du collectif sur l'individu », point barre.
Encore des affirmations sans fondement et non démontrées qui pourtant ne visent qu'à diaboliser le fonctionnement des partis bourgeois « concurrents » ; il eût été plus honnête de dire « concurrents », mais cela serait reconnaître qu'il existe dans les deux cas le même pouvoir mystérieux et incontrôlable sauf à être une de ces organisations horizontales qui sont plates comme des limandes et ne décident jamais de rien historiquement. Mieux, ceux qui se permettent de comparer le fonctionnement de l'orga prolétarien et de l'orga bourgeois sont d'indécrottables individualistes. CQFD. Nos moralistes lyssenkistes se trahissent d'ailleurs eux-même en montrant où va leur préférence... naturelle en conchiant une petite-bourgeoisie-anarchiste-individualiste-indisciplinée : « A la discipline de caserne, ils opposent la discipline que chacun doit pouvoir faire ce qu'il veut, c'est à dire la discipline anarchique de l'individualisme ». C'est pourquoi d'ailleurs lors des réunions publiques leurs activistes sont muets, plutôt que de passer pour de vulgaires individualistes ; sinon pour prendre la parole il faut en passer par le prof policier de Tours qui souvent rabroue de mauvaise humeur une intervention qu'il ne juge pas indispensable ou peu bienvenue14.
Tout visiteur peut vérifier par lui-même le spectacle qui est donné à voir par la secte, et qui s'en défend :
  • un sommet tout-puissant, absent et mystérieux, auquel il faut se plier sans se plaindre ;
  • une renonciation totale à toute initiative ou pensée personnelle, remplacée par une obéissance aveugle et un suivisme vis à vis des dirigeants ;
  • les décisions ne sont pas prises par le biais de la discussion avec la participation de tous, mais par des ordres et des manœuvres de la direction.

C'est ce que n'importe quel visiteur peut déduire de leur comportement public et du statut de momies des militants importés solitaires de diverses villes éloignées, heureusement qu'ils disposent de what's app pour dialoguer entre eux, recevoir les directives de la « centralisation collective » et la surveillance galante de la maison poulaga, très en pointe en informatique mais avec des bides de plus en plus gros.
Attention, les membres des partis bourgeois sont plus bêtes que ce que vous croyez :
« ...dans une organisation de gauche ou d'extrême gauche, il existe un antagonisme soigneusement caché entre ce qui est officiellement proclamé et ce qui est réellement fait. Pour résoudre cette contradiction, il faut de la bureaucratie et une centralisation verticale ». Voilà c'est simple le gauchiste de base se fait rouler. Prenons par exemple un membre de LFI : il ne sait pas qu'il vote réformiste, que Mélanchon est pour un service militaire obligatoire, il croit que Mélenchon parviendra au pouvoir comme Lénine et qu'il mènera une vraie révolution comme Maduro. Il n'a ni vérité ni clarté parce que la bureaucratie et la « centralisation verticale » lui mentent !
Or cette description des plumes mystérieuses du CCI si elle est vraiment fantaisiste pour ces braves militants de la gauche réformiste et peu insoumise, est clairement la description de cette fable de fonctionnement comportemental communiste qui caractérise la duplicité de notre couple de théoriciens à la noix qui font l'objet d'un culte, à mon avis plus craintif que raisonné, car toute menace d'exclusion à un haut degré de sectarisation c'est le suicide comme un vulgaire policier épuisé par des gilets jaunes15. La trouille pour ne pas dévier de la ligne n'est-ce pas un antidote humain au suicide, j'allais dire moral ?
La hiérarchie dans le CCI n'a évidemment pas attendu sa dégénérescence. Je ne connais aucune organisation depuis ma naissance au XX ème siècle qui puisse fonctionner hors verticalité. Comme je l'ai expliqué au début de cet article, la promotion a toujours été là pour cela, promotion symbolique mais promotion tout de même, quoique tout contestataire non aveugle se fasse assassiner à chaque fois sur le sujet (assassiner seulement symboliquement). Lorsqu'ils citent Trotsky qui se récrient des « académistes de la manœuvre, à la souplesse bolchevique qui va de pair avec leur souplesse d'échine », ils ne nous livrent que l'état d'esprit actuel de ce qu'il reste de membres de la secte.
La centralisation cohérente de « l'organisation prolétarienne » est un vœu pieu après une tabula rasa de toute opposition. Opposer la manœuvre et la bureaucratisation des partis gauchistes à un angélisme fonctionnel d'un CCI lavé de toute impureté oppositionnelle, c'est porter des fleurs sur la tombe d'un mausolée. C'est oublier les tonnes de saloperies déversées sur tant d'ex-militants, et pas des moindres, fondateurs du groupe et militants courageux (auxquels je garde grand respect) pour une paix « biologique, neuronale et morale » des tombes. L'historique de l'organe central du CCI sur le site du GIGC de Juan laisse et laissera les traces indélébiles de la forfanterie de la tabula rasa d'un couple malfaisant, même s'il ne peut apparaître au citoyen lambda que comme querelles dans une maison de fous. Et comment ne pas s'interroger sur l'addiction de tant d'hommes et de femmes, que j'ai connu intelligents, valeureux et droits, à lambiner, négocier, dorloter, pardonner, rabibocher un couple diabolique que moi j'aurai proposé de virer, et à coups de pied au cul, plutôt que de vivoter - en tant qu'organisme à vocation politique et d'orientation du prolétariat (même virtuel) – pendant des années dans un psychodrame insensé, dont tous les épisodes prouvent que sous les aspects délirants, relevant de la psychiatrie, il demeurait une seule et même volonté sordide de prendre le pouvoir et de détruire tous les opposants16.

Tout le bla-bla sur la place réservée aux possibles fractions, minorités ou courants en désaccord n'est que du pipeau. Jamais une minorité n'a pu, même du temps du vieux, subsister à l'intérieur du « courant » plus de quelques mois sans douleurs, cris et éjections, avec toujours l'argument que la minorité n'était pas assez mûre... pour être une vraie minorité ou, mieux, que nous ne méritions pas une minorité aussi minable. Alors le « legs » peut bien proposer le fauteuil de Lénine aux virtuels opposants, il n'y en aura de toute façon plus.
Le rôle des congrès est le passage qui me fait le plus pleurer... de rire. Les congrès c'était la messe. Textes et résolutions déjà tout prêts, plus qu'à lever la main, comme dans les partis bourgeois. Ciliga, qu'ils citent, décrit très bien le déroulement des congrès du CCI : « Les séances étaient moyennement ennuyeuses. Pour les participants, les séances publiques étaient un pur verbiage. Tout se décidait dans les coulisses ». Un Robert Camoin avait très bien vu cela naguère et l'avait dénoncé, mais il n'était pas dans les jupes du vieux.
Inutile de passer en revue tous les ossements du tissu organisationnel, c'est du radotage creux de vieilles chansons, sauf le dernier pour le café, avant la quatrième partie : « Les bulletins internationaux de discussion sont le moyen de canaliser le débat internationale et de le faire circuler dans toutes les sections ». Et de tirer la chasse. La femme du gourou, Louise Avril, leur lança un jour que ce BII est une poubelle.

LA MORALE PROLETARIENNE EN PSYCHIATRIE

Le catéchisme moralisme prolétarien remontait déjà à une dizaine d'années, il faut donc examiner le lien entre fonctionnement de la machine organisationnelle et morale. On a vu pourtant que lors des bagarres internes tous les coups étaient permis par le couple diabolique pour s'emparer du pouvoir pas du tout symboliquement. Pourtant seul le CCI peut se revendiquer du « moralement correct ». La gauche et la droite bourgeoises « prennent des mesures contre les immigrés qui relèvent du pur racisme » !? Une note accompagne cette remarque mais n'explique nullement cette facétie habituelle dans les discours gauchistes. On nous ressert les vacheries internes dans les partis bourgeois – destruction de l'intérieur, création de chevaux de Troie, etc. - toutes vilenies que nous avions pourtant croisées intra-muros CCI avec la prise de pouvoir du couple. Ils en déduisent que les militants passés par les partis bourgeois sont forcément tarés et marqués par six tares (de l'obéissance à la soumission inconditionnelle), pourtant patentes chez les actuels sectateurs !
La bourgeoisie serait marquée par une « fameuse double morale », s'enrichir et plumer les cons. Or ce n'est pas si simple ni si grossier, mais le couple moraliste ne sait pas ce qu'est la dialectique. C'est d'ambivalence, d'ambiguïté, d'art de noyer le poisson qu'il faut parler concernant l'hypocrisie bourgeoise, mêlée à une corruption sans limite. Il faudrait plutôt parler de morale amorale du capitalisme et non pas laisser supposer qu'il y aurait une morale neutre ou clean, que se propose de nous restaurer notre couple philosophe amateur très limité, mais d'une mauvaise foi sans limite dans leur cabotage aléatoire d'une morale prolétarienne, aussi ridicule que la littérature prolétarienne.
Peut-être y a-t-il eu depuis une décennie quelques éternuements dans la tombe prolétarienne du CCI ? La leçon morale a-t-elle eu une main aux fesses ? Il faut repréciser la chose. N'essaie-t-on pas de détruire « l'instinct prolétarien de morale » ? Revoilou notre ami Lyssenko. Ne veut-on pas nous faire croire qu'il n'y a jamais eu qu'une seule morale bourgeoise et religieuse et ainsi jeter aux orties la morale prolétarienne « instinctive » ? 17 Le moralisme essaie donc de nous égarer! En développant la culpabilité du consommateur, on « détruit la conviction et la combativité ». Suit un petit couplet d'infirmière psychiatrique limitée en connaissance idoine qui nous annonce, sans plus de démonstration que la lutte contre « la faute » (!?) « est un combat central de la morale prolétarienne ». Un vilain petit canard interne doit être visé car une mise en garde surgit au tournant : « Le combat contre le moralisme bourgeois ne doit pas nous conduire à rejeter la morale. Nous devons faire la distinction entre moralisme et morale ». Une pincée de marxisme inventé et ça passera : « Le marxisme a démontré que l'histoire morale de l'humanité (encore elle!) n'est pas seulement l'histoire de la morale de la classe dominante ». La morale remplace le communisme dans l'avenir (si si c'est écrit) : « le futur appartient à une morale qui va au-delà de l'exploitation, de l'Etat et de la religion ». Sans doute en réponse à l'accusation de mysticisme par Juan, on répond que « la morale n'est pas une question idéaliste » (si, complètement!). Et de nous resservir une des pires stupidités de l'an 2006, qui leur vaudrait un zéro pointé au bac philo : « La morale, comme tout produit social de l'être humain (sic) par définition (resic), est une des principales caractéristiques des relations sociales que nous nous sommes données ». En voilà un vrai propos de bistro philo !
Puis on mélange à nouveau morale et conscience. On se reperd dans cette histoire fumeuse de double morale alors qu'il n'y en a qu'une et qu'elle est pourrie. Revoilà les petits curés militants affublés d'une « attitude morale » ; on espère qu'il ont aussi une cuisine morale, des vacances morales, une sexualité morale, une individualité morale, une collectivité morale. Le marxisme est une idéologie chaude et, justement face à l'amoralisme ambiant, « clarifier les questions de morale et d'éthique » permettra de « reconquérir la confiance du prolétariat dans le futur de l'humanité ». En résumé la notion de morale prolétarienne contient tous les critères hypocrites du vieux livret d'instruction civique que je vous ai placé en note. Pas de quoi fouetter un patron capitaliste.

Nous restions obnubilés par ce marais inconsistant et fluide de morale prolétarienne lorsqu'on nous précise un chose importante : « l'organisation révolutionnaire est un pont entre le présent et l'avenir communiste du prolétariat », en supposant que ce ne soit pas la fable du pont d'Arcole et que l'organisation guide le prolétariat sur le pont, qu'est-ce qui nous garantit que le pont ne va pas s'effondrer, avec le réchauffement de l'atmosphère par exemple ou le roulement de tambour du CCI ? Qu'on se rassure, l'organisation « cultive les qualités morales (…) qui seront les piliers de la future société communiste mondiale ». Après le pont, les piliers. Mais après les piliers ? Une phrase autiste : « Dans l'organisation révolutionnaire, les principes sont aussi importants que la lutte pour ces derniers ». Vous avez compris, non ? C'est simple, dans la boutique l'achat de la baguette est aussi important que le sac en papier qui l'enveloppe.

Enfin une autre notion, non présentée au bac et qu'ils n'ont probablement pas le temps de démontrer, nouvelle, sublime sans doute, inusité probablement : « l'engagement subjectif massif du prolétariat ». Il fallait l'inventer celle-là, c'est fait. Engagement personnel aurait sans doute paru trop individualiste petit bourgeois et anarchiste de grand chemin. Ils sont quand même plus gentils que ce méchant Bordiga qui voudrait arriver au communisme à n'importe quel moment (certes pas avec tous les moyens contrairement à ce qu'on veut lui faire dire) ils veulent y arriver MORALEMENT.

Enfin le grand conflit moderne n'oppose plus socialisme ou barbarie, prolétariat contre bourgeoisie, mais c'est le conflit individu/société ; ce bon vieux retour au fond de la guerre de tous contre tous où il faudra instiller des kilos de morale prolétarienne pour calmer le jeu. Vous ne le saviez pas, mais à l'hôpital de Villejuif : « Les organisations révolutionnaires se sont vues constamment attaquées parce ce conflit individu/société sous la forme de l'individualisme ». Voilà la racine des problèmes qui hantent la fin du monde et des fins de mois !

La tonalité de la leçon de morale est très kantienne avec tout de même une insistance en revanche à atteindre moralement. Kant sert comme le marxisme ou ledit prolétariat à inventer des moulins à vent. Kant n'a jamais combattu la morale prolétarienne, qui n'a jamais existé, ou alors j'ai eu de mauvais prof à Buffon. Euréka, cette « barbarie morale » (qui vient de sortir), c'est (hé vous ne vous en doutiez point) : « le culte de l'individualisme à outrance, caractéristique de la petite bourgeoisie et dont l'expression la plus exacerbée est l'anarchisme ».

La révolte a quelque chose de la névrose individuelle (comme le disaient si bien les psychiatres brejnéviens soucieux d'ordre moral ) et cette absurde et obstinée opposition « à l'autorité » qui mine les camarades du CCI : « facteur de désorganisation et de tension entre camarades ». Heureusement l'infirmière Louise veille sur la névrose individualiste qui guerre chacun des camarades. Heureusement le prolétariat possède plusieurs colonnes vertébrales, outre le squelette du parti unique, dont la solidarité.

En conclusion c'est un vrai gâchis théorique que cette théorisation ignare, invraisemblable, apolitique de la notion de morale qui mélange tout, qui invente des concepts foireux à faire rire tous les profs de philo du pays et même les pas profs du tout. Dans quel bourbier cette pauvre secte est allée s'ensabler ? Dans une ridicule apologie de ce qu'elle ne peut plus être, et que l'on rêvait pour elle, des bases saines pour une véritable organisation de classe, qui se vante d'apporter la lumière morale à un prolétariat et une société qui s'en fichent royalement parce que les questions réelles n'ont rien à voir avec la morale, morale uniquement bourgeoise et dont ils sont impuissants à en définir une autre tant leur croquis ressemble à l'originale. Ce prêchi-prêcha forcené pour une morale tout azimut, expliquant et motivant le monde entier et le prolétariat, correspondant en effet au fanatisme avec lequel ils ont détruit tous leurs opposants avec une politique de la terre brûlée...moraliste.

Poser de réelles questions politiques qui aideraient le prolétariat à sortir de l'ornière ne consiste pas à se chatouiller sur la morale des anges ou à régler éternellement des comptes avec des ennemis disparus, mais par exemple à réfléchir sur le pourquoi de la remontée des religions et de l'invasion de l'islam dans les zones industrielles18. N'aurait-il pas été plus intéressant d'analyser comment la bourgeoisie dévitalise l'internationalisme avec l'apologie des migrants, l'antiracisme et l'antifascisme de salon ?

Plutôt que de pleurnicher sur le suicide des flics ou se scandaliser des revenus des bonzes syndicaux, pourquoi n'y a-t-il pas d'analyse sur les attaques des couches moyennes, cette fameuse couche intermédiaire qui tient à flot le Capital depuis plus de 50 ans et qui ne se résout pas à « tomber (socialement et politiquement) dans le prolétariat ?
Au lieu de quoi en se couchant dans un accommodement de vieilleries moralistes on démontre une incapacité à comprendre les véritables raisons de l'implosion de la société, de la ghettoïsation et des incivilités, toutes choses qui ne trouveront jamais de solution ni par une meilleure éducation ou un retour à une instruction civique crédible, fusse-t-elle de morale prolétarienne ?



PS : La contribution d'Yvon Quiniou est autrement plus claire que notre couple philosophe de pacotille :
« Le matérialisme marxien oblige à une révolution par rapport à l'approche morale : celle-ci accuse les individus comme s'ils étaient responsables de leurs actions ou exactions, crimes, violence, délinquance, comportements de classe, etc. Le matérialisme historique, lui, à la fois renverse la perspective et déplace le chef d'accusation : au lieu d'incriminer les individus, il accuse les stuctures sociales. Il n'y a donc pas pour le marxisme d'individus méchants, il n'y a que des structures sociales mauvaises qui produisent ce qui s'appréhende imaginairement comme de la « méchanceté ». Cela modifie dès lors complètement l'attitude pratique qu'il convient d'adopter pour supprimer le « mal » : au couple idéaliste accusation (ou responsabilisation) individuelle / répression, il faut substituer la chaîne déterministe, ancrée dans des processus matériels, prévention / transformation / rééducation / réinsertion, le tout pris, on peut le dire sans emphase, dans l'horizon d'une « révolution » de l'ordre injuste du monde. Marx a très bien exprimé ce point quand il dit, dans La Sainte Famille, parlant de la liaison du matérialisme au communisme et au socialisme : « Si l'homme n'est pas libre au sens matérialiste (...) il ne faut pas punir le crime dans l'individu mais détruire les foyers antisociaux du crime ».
Il y a donc bien une vérité matérialiste du refus de la morale et, en ce sens, le matérialisme conscient de soi et qui pratique sa propre conscience de soi, est le meilleur rempart contre les dérives ultimement meurtrières du moralisme, potentiellement présentes dans la morale elle-même, et qui ont affecté paradoxalement le marxisme dans sa version stalinienne, hard ou soft: l'intolérance, le fanatisme, la recherche d'ennemis et donc de « sujets » coupables, les procès, la peine de mort (y compris pour des raisons politiques) etc. - sans parler bien sûr, des formes plus criantes de moralisme dans le domaine des mœurs où le thème de la culpabilité individuelle n'est jamais absent. Tout cela a bel et bien accompagné la politique marxiste au XXe siècle et traduit, au sein de l'option communiste, l'oubli du matérialisme fondateur et la résurgence en son sein d'un idéalisme d'autant plus pernicieux qu'il se masquait dans un langage ultra-politique. Si donc le marxisme au XXe a présenté pour une part un visage repoussant, ce n'est pas en raison de son option matérialiste propre comme tend à le faire croire une propagande hostile d'inspiration spiritualiste ou personnaliste, c'est au contraire faute de lui avoir été pleinement fidèle ».




NOTES


1Ce qui m'oblige à dire que le stalinisme avait du bon, ce genre de spéculateur sans foi ni loi était condamné à être pendu illico.
2Juan du GIGC est le seul à y avoir apporté une réponse, cf. « Morale et marxisme », mais texte inaccessible sur le web car il est monnayé, ce qui ne va pourtant pas enrichir ce camarade.
3La nature humaine n'existe pas, il faut être un petit individualiste prétentieux pour le prétendre et un anti-marxiste convaincu tout en ne sachant pas que la nature humaine est avant tout un produit social. Mille citations et des philosophes se moquent de ce genre d'ignorantin. "C'est un principe de la nature humaine de haïr ceux que vous avez injuriés." Tacite "Il est dans la nature humaine de penser sagement et d'agir de façon absurde." Anatole France/ « La fidélité est contraire à la nature humaine » Charles Fourier.

4https://journals.openedition.org/lrf/116 . Bronislaw Baczko, spécialiste de la Révolution française en général et de l’éducation révolutionnaire en particulier, insiste sur l’importance fondamentale de l’éducation civique dans les projets éducatifs révolutionnaires. Il invite notamment à rechercher dans l’étude du genre des catéchismes républicains la réponse à la question suivante : « Comment être un bon citoyen ? Quel est le modèle de citoyenneté ? ». Sur les catéchismes politiques et laïques lire : https://aggiornamento.hypotheses.org/2449

5 Je vous rappelle ces principales notions que vous avez sans doute oubliées :
1. L'introduction aux notions de la morale8
  • le bien et le mal
  • le vrai et le faux
  • la sanction et la réparation
  • le respect des règles
  • le courage
  • la loyauté
  • la franchise
  • le travail
  • le mérite individuel
2. Le respect de soi
  • la dignité
  • l'honnêteté par rapport à soi-même
  • l'hygiène
  • le droit à l'intimité
  • l'image que je donne de moi-même (en tant qu'être humain)
  • la protection de soi
3. La vie sociale et le respect des personnes
  • les droits et les devoirs
  • la liberté individuelle et ses limites
  • l'égalité (des sexes, des êtres humains)
  • la politesse
  • la fraternité
  • la solidarité
  • l'excuse
  • la coopération
  • le respect
  • l'honnêteté vis-à-vis d'autrui
  • la justice
  • la tolérance
  • la maîtrise de soi (être maître de ses propos et de ses actes)
  • la sécurité des autres
4. Le respect des biens
  • le respect du bien d'autrui
  • le respect du bien public
6Nos patrons antiracistes et islamophiles auraient-ils vraiment changé de nature depuis presque deux siècles ? Villermé décrivait leur mentalité dans les années 1830 concernant la morale : « ...beaucoup de maîtres de manufactures, je pourrai dire la plupart, ne s'occupent ni des sentiments, ni des mœurs, ni du sort de leurs ouvriers, et ne les regardent que comme de simples machines à produire. Et néanmoins, je les ai souvent entendus se plaindre du relâchement de leurs mœurs, de leur ingratitude, même de la haine qu'ils nourrissent contre eux, enfin du vol des matières premières qui leur sont confiées ». Ce vol ajoute Villermé, subtilement : « ...détruit bien évidemment la moralité, ou même il prouve qu'elle est déjà détruite, au moins en partie ». Ce qui n'empêche que : « les ouvriers montrent en général une très grande répugnance pour le vol », mais il précise que le vol considéré n'est qu'une reprise : « une soustraction de matières premières aux retenues injustes que les maîtres leur faisaient sur le prix de main-d'oeuvre sous le prétexte de mauvaise fabrication des étoffes » (p.216).
7S'il fallait s'arrêter aux attaques personnelles... Lénine aurait renoncé à la politique, voici comment il narre sa première rencontre avec un autre pape du marxisme : « Plekhanov a toujours manifesté une extrême intolérance , une incapacité et une mauvaise volonté à comprendre les arguments des autres (…) il a une façon de discuter qui éveille chez le lecteur de la sympathie pour son adversaire (…) Sa façon d'agir est blessante (…) il nous traite plus bas que terre (…) comme des esclaves ». (cité par Jean-Jacques Marie). Trotsky n'est pas plus tendre pour Lénine : « La misérable division que Lénine, maître en cet art, exploiteur professionnel de la routine du mouvement ouvrier russe, entretient systématiquement, apparaît comme un cauchemar absude (…), Tout le léninisme en ce moment est fondé sur le mensonge et la falsification et porte en lui les germes de sa propre décomposition ». (cité par JJM).
8L'organe central à Paris, pompeusement nommé Bureau international, n'était que la chambre d'enregistrement de ses orientations.
9Bourdieu explique cela très bien : « La concentration du capital juridique est un aspect, tout à fait central, d'un processus plus large de concentration du capital symbolique, sous ses différentes formes, qui est le fondement de l'autorité spécifique du détenteur du pouvoir étatique et, en particulier, de son pouvoir très mystérieux de nommer. Ainsi, par exemple, le roi s'efforce de contrôler l'ensemble de la circulation des honneurs auxquels pouvaient prétendre les gentilhommes : il travaille à se rendre maître des grands bénéfices ecclésiastiques, des ordres de chevalerie, de la distribution des charges militaires, des charges de cour et enfin et surtout des titres de noblesse. Ainsi se constitue une instance centrale de nomination ». (cf. Raisons pratiques. Sur la théorie de l'action, Seuil 1994).
10Un très bon militant de Rouen, homosexuel, avait laissé ses potes un jour dans la pièce à côté de la réunion ; les lascars se fendaient la pêche en entendant nos discours ; toutefois jamais ne lui fût reproché son homosexualité.
11Pour la route je vous rajoute celle-là, qui a bien dû encore sortir du cerveau malade de l'infirmière psychiatrique qui se fît appeler naguère Avril (hin hin... les Thèses d'Avril) puis Louise (hin hin... Louise Michel) : « La morale trouve sa base biologique dans les instincts sociaux ». Lyssenko l'eût fait nommer à l'académie des sciences de l'URSS.
12Marx l'écrit dans le Capital : « La marchandise est d'abord un objet extérieur, une chose qui, par ses propriétés, satisfait des besoins humains de n'importe quelle espèce. Que ces besoins aient pour origine l'estomac ou la fantaisie, leur nature ne change rien à l'affaire ». Où est la morale là-dedans ?
13Nos braves cathares de Montségur et d'Albi auraient pu dire cela : « L'éthique a toujours été une arme de combat, en particulier une arme de la lutte de classe », pas de réels marxistes non sectaires.
14Je les connais par cœur. Ou même tenter de relancer sa demande de prise de parole avec un papier contenant le contenu de son intervention, mais rembarré quand même. Le couple mystérieux des gourous Peter/Louise Avril n'est bien sûr jamais apparent dans les réunions publiques, sans doute pour éviter les attaques biologiques anarchistes petits bourgeoises individualistes de leurs ennemis pourtant disparus, voire mort comme Jonas. Ma compagne vit mieux que moi ces manœuvres de contrôle grossier des sectateurs et en fut choquée, de même qu'on s'interroge à chaque fois sur la circulation étrange d'enveloppes à double battant à destination des simples prisonniers de la secte, à côté bien sûr de l'enveloppe de charité destinée au public restreint.
15On peut lire un étrange article compatissant envers les suicides policiers de ces derniers temps, mais rien sur les yeux crevés des manifestants ; du jamais vu dans toute l'histoire du mouvement révolutionnaire sauf dans l'HUma ; peut-être pas si étonnant si l'on suppose qu'il s'agit d'un clin d'oeil de la camarade Louise, si souvent suspectée depuis des années, à ses « collègues ».
16Mille preuve atteste de la dangerosité de la Louise « Avril », le long feuilleton Vol au-dessus d'un nid de coucou déverse les moments de folie totale, d'irrationalité où les participants sont pris comme dans une toile d'araignée sans pouvoir maîtriser ce qui se passe. Au milieu, la reine du bordel, utilisation destructrice des difficultés amoureuses et sentimentales des militants par Louise, laquelle invoque souvent son autorité d'infirmière psy, de la même manière qu'elle avait gagné la confiance du vieux quand il était en phase terminale de son cancer, en lui lavant le cul. Le mari, le gourou qui tangue, un coup la soutient, un coup pas. A n'en plus finir, et je ne dirai pas évidemment tout ce que je sais de leur comportement personnel peu moral tout au long de ces années. Juste une chose, peu avant de faire mes bagages en 1996, la Avril m'horripilait par ses manœuvres et ses chichis dans l'organe central, mais elle était intouchable. Un soir je la vis changer huit fois de position sur un même sujet sans que personne ne s'en aperçoive !Recevant une autre fois un nouveau camarade au comité de rédaction j'eus la maladresse de lui dire « bienvenu au CR », elle me recadra : »tu n'as pas à dire ça, le comité de rédaction c'est moi ». Dans un de nos locaux secrets, au moment du pliage du journal, elle me commande : « va me chercher un café à la cave ! ». Tu vas te le chercher toi-même ma grosse ! Par la suite, elle savait qu'elle avait intérêt à m'éviter. La main mise néfaste des couples dans une organisation est une vraie question, évidemment squizéZe par le clan actuel mais que mes malheureux continuateurs ont été incapables d'approfondir. Il fallut, notamment en 1993, faire sortir Raoul de certaines réunions pour qu'il ne répète pas tout à sa compagne Dominique qui en informait le clan ; c'était déjà le cas avec l'affaire Chénier. Exception fut faite pour le couple Peter/Avril, et c'est ce qui a détruit ce cher « tissu organisationnel ». Il est vrai que, Avril très belle et rayonnante dans sa jeunesse, avait déjà visé haut, en finissant par se taper le principal futur chef héritier, qui sera probablement canonisé comme « fil rouge »... Et elle, nouvelle Jeannette Vermeersch jeter une couronne sur sa tombe en hurlant aux ancien opposants de ne pas approcher.

17Les moins jeunes se souviendront que naguère on moquait les bordiguistes avec leur notion d'instinct de classe !
18Les résidus communisateurs, qui restent des gauchistes basiques, estiment que l'islam c'est tout de même mieux que le stalinisme ! (cf. Loïc Debray et ses délires pro-RAF).