PAGES PROLETARIENNES

mercredi 13 mars 2019

LA VRAIE NATURE DES GILETS JAUNES : Des péquenots sans conscience de classe ?


Goliath contre David?
(du moins leurs « meneurs » buzzés et abusés)

suivi de : L'Algérie rit jaune
« Le 4 décembre, le prolétariat fut poussé au combat par le bourgeois et l'épicier (…) Bourgeois et épiciers crurent avoir atteint leur but. Ceux qui ne se montrèrent pas le lendemain, ce furent l'épicier et le bourgeois. Par un coup de main de Bonaparte, le prolétariat parisien avait été privé, dans la nuit du 1 er au 2 décembre, de ses guides, les chefs de barricades ».

Marx (le 18 brumaire de Louis Bonaparte)1

« Quiconque attend une révolution sociale "pure" ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n'est qu'un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu'est une véritable révolution ».

Lénine


J'étais en train de terminer cet article lorsque je suis tombé sur l'article de Robin Goodfellow : La lutte des classes en France – 2018-2019 – Le mouvement des « Gilets jaunes » (parodie subtile du titre de Marx « Les luttes des classes en France ») qui signale que le mouvement des gilets jaunes a été d'emblée une lutte entre classes, lutte niée ou snobée par la bourgeoisie et des sectes sans intérêt. Je vous recommande à tous vivement la lecture de cette contribution qui va devenir LA référence internationaliste pour permettre de mieux comprendre le mouvement des gilets jaunes encore en court mais à court de projet politique et donc en phase d'étouffement, quels que soient les désidératas fébriles de ses animateurs amateurs sans tête2.

Ou Goliath Œdipe contre David?
La tragi-comédie entre David et Goliath, entre des gilets jaunes amaigris et un grand débat national fumiste, va-t-elle trouver son dénouement le 16 mars ? La mascarade du débat national aura-t-elle raison du cirque lassant de gilets jaunes sans aucune perspective politique crédible ni alternative au capitalisme ? Le vide sidéral des discours macronesques, et un pécule pour les vieux (électeurs) ne pourront certainement pas venir à bout de la loi du Talion sidérante qui anime les zigotos sponsorisés et buzzés et qui abusent de leur notoriété pour continuer à faire les malins. Plus en panne d'une connaissance minimale du mouvement ouvrier et révolutionnaire et de la guerre entre les classes sociales, nos gilets jaunes en papier kraft se réfugient dans l'incantation haineuse : «Si quelqu'un a crevé l'oeil d'un homme libre, on lui crèvera l'oeil » (loi du roi de Babylone, 2000 ans av. JC). Comme je le noterai en conclusion c'est infantile et même profondément réactionnaire, une simple idéologie de vaincus incapables de comprendre leurs limites face au président, narquois, des riches. Ils se comportent désormais comme des sectes hargneuses qui pourront toujours se raconter des histoires et continuer à végéter des années durant sans plus gagner la sympathie de l'immense majorité ; et coincé dans une problématique étroitement nationale. Aucun mouvement de protestation n'est éternel.

La nature et la force d'un mouvement ne dépendent pas pour l'essentiel du nombre de ses participants. Depuis trois mois, l'Etat bourgeois - qui a a réagi si violemment, dont la répression a été particulièremnt cruelle et perverse (yeux crevés) - n'a cessé d'exhiber des nombres en décroissance. En réalité, malgré la tricherie habituelle du pouvoir ils étaient fluctuants et le nombre des manifestants en gilets jaunes était secondaire en regard de leur popularité. Pendant des semaines je ne connais personne, à quelque classe qu'il appartienne, qui n'ait été séduit à un moment ou un autre, qui n'ait espéré qu'il « s'élève », « se généralise » ou (expression désormais ambiguë) qu'il se « radicalise ». La plupart des résidus ou individus qui se réclament du marxisme révolutionnaire, mais aussi les syndicalistes et les gauchistes en général ont immédiatement méprisé une protestation d'automobilistes « contre la fiscalité » et décrété celle-ci inintéressante et sans avenir. En vérité la protestation surprenait tout le monde parce qu'elle échappait à tous les agendas politiques et aux divers organisateurs professionnels. Elle les surprit tous en se servantd'un canal pas si nouveau nouveau mais très inflammable : les réseaux sociaux. Sans ce canal les Drouet et Nicolle seraient restés de gentils agitateurs de province tout juste bons à organiser des clubs de collectionneurs de vieilles gimbardes ou de motos huppées3. Nos propagandistes éculés de la vente à la criée d'une presse « subversive » ou agitateurs impétrants de la mythique grève générale en furent pour leurs frais. Facebook avait remplacé les AG, et le smartphone le tract.

Initialement, beaucoup l'ont oublié, ce n'est pas cet aspect « hyperconnecté » qui explique l'ampleur immédiate du mouvement, ni que des poujadistes s'y trouvèrent mêlés et même initiateurs, parce que parmi les premières « tronches », il y a tout de même les Drouet et Nicolle qui sont des ouvriers (individualistes et incultes politiquement, disons vierges pour être poli)avec des relations associatives étendues grâce à facebook, et que l'extension gagne rapidement la classe ouvrière en province, pas seulement quelques épiciers. Avec le recul je peux dire qu'il s'agit de la classe ouvrière du secteur privé en province, celle qui est depuis au moins un demi-siècle le parent pauvre des grandes sérénades et processions syndicales, par conséquent la moins contrôlée au plan public, pour laquelle occuper en grève une petite PME n'a aucun sens. Certes avec l'artisan et le boutiquier du coin et pour occuper immédiatement qui l'espace public en occupant les ronds-points pour paralyser la circulation marchande et individuelle. J'ai souvent remarqué que les révolutions ou de grandes révoltes étaient parties de province en France, ce qui n'est guère étonnant avec notre tradition jacobiniste d'hyper centralisation à Paris et un contrôle policier et syndical moindre dans les provinces. Je ne fus pas surpris et je n'ai pas honte de la quarantaine d'articles que j'ai consacré tout le long à ce mouvement. Sur plusieurs points, bien que mon ancien groupe politique soit resté longtemps aveugle et méprisant, j'ai pu trouver dans leurs analyses pas toujours fines, des commentaires que je pouvais partager mais dans un raisonnement glauque; le 13 février dernier, alors que le mouvement faiblissait plus encore je pestais contre leur raisonnement manichéen :

« Cette secte marxiste, le CCI, conclave d'intellectuels isolés, a trouvé, après moi, une cause indirecte probable de l'éruption en gilets jaunes ces gâleux porteurs d'un « interclassisme »4 nihiliste :« Ces mouvements syndicaux qui se répètent année après année, ont pour seule fonction de répandre le poison de la division, du désespoir, de l’impuissance. Alors, oui, le sabotage systématique de l’unité ouvrière par les syndicats est l’un des ingrédients majeurs de la faiblesse actuelle du prolétariat, faiblesse qui crée un terrain favorable à l’explosion de colères interclassistes et, donc, sans perspective ». Autrement dit, tel que je l'avais formulé au début, l'échappée belle (à mon sens contenant majoritairement des prolétaires même entraînés derrière des revendications poujadistes) en gilets jaunes s'était faufilée entre des classes ossifiées, et, en particulier par après à la suite d'une série de défaites de grèves ridiculisées par leur encadrement corporatif. La dernière journée d'action CGT en France que les gauchistes ont voulu faire passer pour une grève générale a été un fiasco ». (cf. « Où est passée la question de l'insurrection ? » le 13 février).

Je restais dubitatif devant cette dialectique qui faisait naître de la faiblesse du prolétariat une révolte d'ampleur inédite et non pas de l'arrogance d'un gouvernement de jésuites sourds et méprisants, tout autant que par leur crucifixion de la révolte dans cette infâme « interclassisme » où les prolétaires sont en général les dindons de la farce mais où tous les chats ne sont pas gris ; l'attribution de la faiblesse au prolétariat était évidemment une esquive de la secte pour se dédouaner de sa propre faiblesse, son immobilisme en situation de spectatrice. Qu'il ou qu'elle vienne me dire, celui ou celle qui imagine qu'une révolution de classe apparaît toute pure dégagée d'interclassisme, de mélange des genres, de contradictions, et je lui expliquerai que la Commune de Paris a débuté en défense nationale et mai 68 par un monôme d'étudiants !5 Qu'elle vienne me dire que je suis seul à avoir espéré une transcroissance révolutionnaire du mouvement quand, contrairement au plus fort du romantique et bon enfant 68, les quartiers bourgeois ont été envahis et des véhicules de luxe incendiés, où il était question d'envahir le palais de l'Elysée, où des snipers policiers étaient perchés sur les toits, ; et ce pauvre petit président honni prêt à prendre la fuite par une porte dérobée... où enfin il n'était question que de prendre les armes, au moins sur Instagram et Facebook... Elle existe cette contradictrice et elle est venue me le faire savoir. Cette lectrice admiratrice fervente de mes premiers articles, c'est Juliette, une de nos meilleures rédactrices du temps où le CCI n'était pas devenu une secte. Parangon de morale marxiste, celle qui m'écrivait en décembre se consacrer « jour et nuit même sans dormir » au mouvement « à ce qui est bel et bien une "irruption des masses dans le domaine ou se règle leurs propres destinées" » - m'attaque ad hominem et m'accable pour inconstance voire lâchage de cette « irruption des masses » :

« Et toi Pierre, quelles traces penses tu que les gilets jaunes vont laisser ? Si tu penses vraiment ce que tu as écrit aujourd'hui dans ton blog, à savoir "débuté réac il finit réac", c'est bien triste pour quelqu'un qui s'y est tant impliqué. Après t'être emballé 2 mois durant, en croyant qu'en un trimestre de mouvement interclassiste, (protéiforme et véhiculant nécessairement tout un paquet de préjugés réactionnaires de la petite et grande bourgeoisie, mais aussi des caractères exactement inverses -tels que place des femmes, solidarité , force collective, assemblées territoriales qui tâtonnent à la recherche pratique de la démocratie directe) , le prolétariat (le plus massivement mobilisé) allait prendre tout soudain la tête du mouvement et emmener derrière lui (càd nécessairement derrière son propre programme et son propre parti communiste et internationaliste)6 les artisans, autoentrepreneurs, petits commercants et classe moyenne pauvres qui ont été à l'initiative des débuts du mouvement , tu es tout décu, et tu craches à ton tour sur les gilets jaunes, comme le CCI et le PCI avant toi. Il y a plus de 90 ans que le prolétariat a accepté de renoncer à son programme "maximaliste" (comme tu dis) et que DONC tout un processus de luttes contradictioires, d'avancées et de reculs seront nécessaire pour qu'un tel parti surgisse non pas du ciel, mais du processus même des luttes, Le prolétariat, LA classe par excellence exploitée par le capital, c'est celle qui subit le plus fortement la soumission à la société bourgeoise, c'est aussi celle qui est la plus contrôlée, encadrée par les institutions syndicales occupant son terrain de manière omniprésente, le plus surveillé comme le lait sur le feu. C'est de lui que le pouvoir francais, mais aussi en Europe, en Algérie, et ailleurs a peur, très peur. Surtout si les mouvements de même forme se répandent internationalement. C'est d'ores et déjà contre lui, qu'il se prend partout des lois liberticides, contre la liberté d'expression et de manifestations, et que se banalise la repression policière Oui les gilets jaunes vont laisser de traces ineffacables ».

PAS DE DEBAT BARBES-ROCHECHOUART !

Quelles seront ces traces « ineffaçables » de cette « éruption des masses » qui laissera plus d'ineffaçables traces que moi pauvre individu ?

«...non je n'ai pas une seule fois caressé l'espoir que le prolétariat en prenne la tête , comme ca, d'un jour à l'autre. TU m'as bien mal lue, relis bien mon message. Et toi, dis moi quelle sorte d'"envol" tu espérais à court terme et qui n'a pas eu lieu 4 mois après le début ? Sinon je ne crois pas q'un débat entre idéoloques Roche vs Chouard sur le thème du ridicule ou pas d'une démocratie directe en régime capitaliste, posé "en soi". Désolée mon cher. Les mouvements et luttes réelles ne partent pas à partir des idées (bonnes ou mauvaises) qui les prédestineraient d'emblée. Ils partent à cause du frigo vide, uniquement pour cela, et sur leur route, ils emploient des mots, des concepts empruntés ici ou là et qui sont généralement bien en deçà de ce qu'ils font objectivement. La conscience, le parti, le programme sont à l'arrivée des processus réels, pas au départ. Enfin,je peux te dire que les deux revendications autour desquelles les GJ se focalisent et maintiennent aujourd'hui leur unité (une unité interclassiste en effet, faute de mieux, sauf à retomber dans les rets de la CGT comme en 68, ce que les prolos GJ ne veulent pas), à savoir la justice fiscale d'une part et la démocratie directe d'autre part (par oppositon avec la démocratie parlementaire et en exigeant de pouvoir révoquer un élu ), aucune des deux n'est "réac" ! Quant aux salaires, oui, le prolétariat a bien du mal à ce qu'ils apparaissent en haut de la liste, mais aucun prolétaire GJ n'y a renoncé et ils continuent à le crier dans la rue et sur leurs pancartes. Et c'est pas la sono de la CGT ni son SO qui les a conduits là , c'est les GJ (, au départ quelques milliers d'automobilistes énervés). Ce sont les facéties de l'histoire.On va arrêter là, car ca devient du n'importe quoi, tandis que les jugements de valeur ad hominem, à propos de "j'aurais toujours été" en guise d'entrée en matière signifie visiblement refus de discuter sur le fond.Ciao donc. Si tu veux vraiment discuter , çà peut encore se faire mais alors ailleurs que sur fesse de bouc ».

Mon ex-camarade Juliette me reproche en gros de m'être fait des illusions et emballé... on ne prête qu'aux riches ! Encore un jugement de valeur ! Que celle qui n'a jamais placé d'espoirs dans un mouvement d'insubordination, dans une « facétie de l'histoire » me jette le premier pavé. Juliette n'avait déjà pas les muscles pour cet exploit en 68 puisqu'elle est née le 1er mai 1968 (ça ne s'invente pas) et, devenue grande, elle a pourtant passé des jours et ses nuits à se dévouer à ce mouvement « interclassiste » comme si on avait été à la veille d'une révolution. Pour ma part je n'ai pas été emballé au point de courir après toutes les manifestations et je n'avais aucune envie de servir d'homme de troupe à de petits rigolos comme Drouet et Nicolle. J'ai préféré réfléchir à ce qui se déroulait où il importait à mon sens de saluer des actions qui refusaient l'encadrement habituel des syndicats et des partis. Mes premiers articles montrent que je vois bien la présence d'une partie de la classe ouvrière en toile de fond et que je n'enferme pas ce début dans un soit disant « ras le bol fiscal » ou une simple protestation d'automobilistes ; la force même du mouvement au tout début ne provient pas du bla bla des figures petites bourgeoises ou de petits aventuriers avec casquettes à l'envers, mais de la masse des salariés contraints d'aller en voiture au boulot, ce qui explique la forte mobilisation en province et le succès de la « grève » des ronds-points... Juliette invoque le grand parti divin supranational qui apparaîtra un jour sur terre issu du « processus » (lequel ? Où ? Quand ? Comment?). La confusion des classes, le fait qu'elles soient mêlées et un phénomène qui existe en temps de révolte comme en temps normal, c'est ce à quoi elle aurait dû réfléchir sur ce dit « interclassisme ». Elle comme moi ne sommes que des individus poussières, notre contribution reste très modeste voire nulle comparée à celle des groupes aussi réduits soient-ils ; les GL les plus actifs étaient organisés en clans (nommés 'familles'). J'avais plus de raison de m'indigner de l'inaction de nos sectes « maximalistes » qui prétendent pourtant être les embryons du parti-guide ; c'est mon souci au tout début le 25 novembre, pas de chamailler entre individus :

« En résumé, malgré une désinformation permanente, à chaque minute de tous les médias, malgré les tonnes de haine et d'insultes qui déferlent sur les réseaux sociaux contre cette "pute de Macron", malgré ou plutôt grâce à ce refus (momentané) d'organiser et de coordonner, par peur de la récupération, le mouvement s'il devait lanterner dans le même type d'actions circulaires se dissoudrait peu à peu. Ne l'enterrons pas trop vite. Je dois avouer qu'il a à chaque fois dépassé mes propres présomptions ou prédictions ; je pensais qu'il allait se dissoudre dans une visite à Paris dispersée, mais au contraire, confonté aux pires dénigrements il avance d'un même mouvement, pacifique et violent, réfractaire à toute interprétation abusive, rétif aux explications marxistes traditionnelles ; traité d'anarchiste par le pouvoir il n'a eu pourtant aucun soutien des anars ni des gauchistes qui sont restés chez eux, ni de nos intraitables marxistes maximalistes pour qui la grève est le nec plus ultra de la révolution ce qu'elle n'a jamais été et ne sera jamais par elle-même. La principale faiblesse du mouvement est à mon avis l'incapacité des résidus de minorités révolutionnaires, congelés ? Gagas ? Hors réalité comme Macron ? ET pourtant il faut et il faudra des organismes politiques, des gens qui réfléchissent pour contribuer, pas diriger, aider au développement de la conscience « laborieuse » de classe, faute de quoi il restera mou puis se dissoudra ».

Je dois corriger aujourd'hui que même si ces « minorités » maximalistes, possédant la perspective révolutionnaire communiste intacte, s'étaient impliquées dans le mouvement autant que notre chère Juliette, cela n'aurait pas changé grand chose au devenir - « sans perpective » tangible ni sérieuse - du mouvement EN TANT QUE TEL. Face à la révolte confuse des gilets jaunes, l'abstentionnisme des révolutionnaires maximalistes manifestait leur incapacité à comprendre les besoins immédiats d'une masse d'ouvriers provinciaux et même de catégories « moyennes », ces fameux petits bourgeois (que tout marxiste stalininen rêve d'enfermer dans des goulags) :

« Le problème est que ce mouvement ne comprend pas l'utilité de débattre parce qu'il craint le retour des discoureurs comme lors des nuits debout et patin et couffin. Surtout parce qu'il n'est pas question de débattre abstraitement en l'air ou sur une meilleure société envisageable, ou de se mettre à genoux devant les grands prêtres sauveurs de la planète polluée, par rapport à l'urgence, l'urgence par rapport à des besoins vitaux. Les intellos bien nourris de Paris et des soit disants groupes révolutionnaires muets (honte à eux aussi!) ne savent pas ce que c'est boucler difficilement la fin du mois, aller faire la queue aux restos du cœur, rendre des produits à la queue du supermarché parce qu'il n'y avait pas le compte dans le porte-monnaie, donner un paquet de Chips le midi au gosse parce qu'on peut pas lui payer la cantine, vivre dans l'angoisse du flic qui va verbaliser la voiture avec un contrôle technique périmé, courber l'échine en CDD face à un patron persécuteur, subir les avances du patron ». (cf. Honte à Macron et aux lâches GJ le 25 novembre 2018).

Preuve de plus selon moi que les petites organisations à prétention révolutionnaire, ou sectes spectatrices, fonctionnent à peu près comme les organismes bourgeois et qu'on n'a pas encore retrouvé la science infuse du véritable parti immémorial qui va guider « les masses » (prolétariennes) vers leur « destinée » (plutôt communiste). Il s'avéra qu'elles n'étaient pas non plus complètement coupées de la réalité, comme l'ombre du parti bordiguiste va s'y résoudre. La plupart ont en effet craché en choeur sur le mouvement au début avec les clowns de l'antifacsisme mais avec des critiques politiques de fond qui étaient justes :

« Il est idiot d'ailleurs qu'on ait dit que les syndicats et les petits partis gauchistes se soient tenus à l'écart du mouvement parce que le mouvement les rejetait. S'ils n'avaient pas craché sur le mouvement au tout début, bien sûr qu'ils eussent été accueillis. Ils ont craché sur le mouvement bien évidemment parce qu'ils ne pouvaient pas l'encadrer, mais leur absence avec l'aval donné aux sirènes du gouvernement d'un mouvement présumé manigancé par les « fachos » a fortement contribué à le diaboliser. Quoique que ce complot n'eût aucun effet dans la durée puisque la « compréhension » de la majorité de la population atteignit des sommets indétrônables pendant de longues semaines.
L'échappée belle est partie de province, parce que la province est toujours moins contrôlable que Paris devenue une cité à bobos. Au point de vue industriel, les grandes agglomérations sont très surveillées par les appareils syndicaux qui y baladent depuis des décennies une aristocratie ouvrière7 du public, si soucieuse de ses avantages qu'elle en a oublié les devoirs minimum d'extension et de solidarité avec les délaissés du privé. Nos commentateurs de salon du CCI se sont, comme syndicalistes et gauchistes, servi de la prétendue image repoussoir du RN pour justifier que la classe ouvrière (au nom de laquelle on présume qu'ils sont autorisés à parler) ne soit pas venue massivement en ces lieux ridicules qu'étaient les ronds points : « la classe ouvrière a surtout été distante, circonspecte, dès le début, devant la focalisation contre les taxes et les méthodes utilisées (l’occupation de ronds-points), alertée et dégoûtée par le soutien immédiat de toute la droite et de l’extrême-droite ».

Où ces révolutionnaires de salon ont-ils vu une circonspection de millions d'ouvriers obligés d'aller bosser en voiture « devant une focalisation contre les taxes » ? Et de quelle classe ouvrière osent-ils parler ? Des électeurs de la gauche bobo parisienne, des fonctionnaires repus des grandes villes ? Le 24 décembre il leur faut continuer à enterrer le mouvement « interclassiste » :

« La classe ouvrière est empêtrée dans de grandes difficultés. Elle n’est même pas consciente de son existence en tant que classe antagonique à la classe bourgeoise et distincte des couches sociales intermédiaires (notamment la petite bourgeoisie). Elle a perdu la mémoire de son propre passé, et ne peut se référer à son immense expérience historique, dont elle a même honte puisque sans cesse la bourgeoisie assimile le mot “ouvrier” à une espèce “disparue” et le mot “communisme” à la barbarie du stalinisme. Dans cette situation, le mouvement des “gilets jaunes” ne pouvait en aucune façon être une sorte de tremplin ou d’étincelle pour une authentique lutte de la classe ouvrière. Au contraire, les prolétaires embarqués derrière les mots d’ordre et les méthodes de la petite-bourgeoisie, noyés dans l’idéologie interclassiste de la citoyenneté, dilués dans toutes les autres couches sociales, ne pouvaient que subir de façon négative la pression du “démocratisme” bourgeois et du nationalisme ».

ET SI NOS SECTES MAXIMALISTES AVAIENT EU RAISON DEPUIS LE DEBUT ?

C'est vrai que depuis des mois on n'a jamais vu sur les ronds points et dans les assemblées à Paris un seul de ces révolutionnaires en charentaises et que quand ils se sont réveillés ils n'ont eu de cesse de prédire l'enterrement du mouvement. Le plus honteux et moraliste répugnant aura été le CCI comme le souligne Robin Goodfellow, et de plus en choeur avec tous les sycophantes antifas, quelle décadence et lâcheté ! Pourtant, dans les ronds points et manifs j'ai maintes fois entendu les termes de classe ouvrière. « Alors même si je n'ai pas un institut de sondage sous la main, je peux dire que ce CCI me fait vraiment pitié et ignore ce qu'est et comment vit la classe ouvrière, qu'il est aussi méprisant que le Macron en lançant que c'est une classe sans mémoire, qu'il n'a toujours rien compris aux prolétaires gilets jaunes qui, justement par leur action « n'ont plus honte d'être pauvre », qui n'ils ont toujours fait part, ceux que j'ai rencontré jusqu'à aujourd'hui (même les gauchistes le confirment), qu'ils souhaitaient être le tremplin à une paralysie générale de l'économie, peut-être pas pour une « authentique lutte de classe ouvrière » mais pour fiche en l'air l'Etat ou surtout son principal porte parole haï ! ». J'avais oublié la fameuse cittaion de Lénine que Robin cite en introduction à son beau texte.

Je dois corriger que j'abusais de la dureté facile en polémique. J'avais entendu certes les termes de classe ouvrière mais le mouvement des gilets jaunes ce n'était pas la classe ouvrière, mais un entre deux, confus, et sans vraie alternative politique que des petits trucs contre les taxes et le chimé..RIC venu des idéologues de l'extrême droite bâtarde nourrie au biberon conseilliste de l'ultra-gauche ringarde. Le CCI était confus lui aussi avec ses histoires de perte de mémoire de la classe ouvrière alors que le mouvement GJ était dominé par une couche moyenne et des petits cons en effet sans mémoire.
Le 6 décembre 2018 . Le résidu du grand parti bordiguiste, lui, commence à tourner casque en montrant au moins du respect pour l'engagement violent du mouvement, mais avec une fixation désuète sur le drapeau rouge qu'on peut laisser au stalinisme : « Les Gilets Jaunes ont démontré que la lutte ouverte paye ! Face à un mouvement de contestation relativement massif mais surtout résolu, qui n’hésite pas à violer la légalité bourgeoise (bloquer des routes est selon la loi passible de prisons, de même que manifester sans déclaration préalable à la préfecture est interdit) ». L'apologie de la violence en soi comme critère révolutionnaire fait partie des tares d'un certain bordiguisme.

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Les derniers mohicans bordiguistes ont montré des hésitations mais quant à cette « authentique lutte de la classe ouvrière » dont rêvent Juliette et le CCI, il faudra repasser et probablement l'attendre jusqu'à la Saint Glinglin. De ce point de vue les trotskistes girouettes du NPA sont plus marxistes que notre Juliette : ils se sont mis à prier en faveur de la grève générale. En effet, que les causes soient interclassistes ou pas (guerre de 14, répression inouïe de tel gouvernement) un vrai parti révolutionnaire peut, s'il le faut et si cela est crédible, appeler à ce que le prolétariat paralyse la société, ce qui n'est pas forcément une grève générale car il y a bien d'autres moyens de blocages, et je ne reprocherai jamais aux GJ d'avoir généralisé le blocage des ronds-points (devenu vite obsolète). Nombre de commentateurs et correspondants de Juliette ont espéré que le mouvement sortitait de son ornière réformiste niveau zéro et boutiquière, voire voyaient venir LA Révolution (R.Paris/V.Serge), je ne leur jette pas la pierre. Je préfère un révolutionnaire qui accepte de se tromper à un révolutionnaire qui croit toujours avoir raison.

DU FRIGO VIDE A LA NAISSANCE DU PARTI DE CLASSE

Juliette qui veut nous donner une leçon de matérialisme avec l'image démagogique du frigo vide des prolétaires (que j'ai utilisée moi-même mais à bon escient), oublie que ce n'est pas en premier lieu la hausse du prix de l'énergie fossile qui a provoqué la révolte mais que ce qui a pris le dessus dans l'indignation fût ce mépris arrogant affiché par le pouvoir « droit dans ses bottes » (de jésuites)8 ; ceci est un facteur politique, pas psychologique ni lié en soi au vulgaire « pouvoir d'achat ». Il y a une forme de mépris également à imaginer que prolétaires et même prolétaires déguisés en auto-entrepreneurs ne réagiraient qu'au niveau du porte-monnaie ou du fric ! C'est d'ailleurs traditionnellement le raisonnement des « femmes de parti » (je sais qu'on dit plutôt « hommes d'appareil ») et d'une ancienne militante du CCI qui se réfugie dans l'isolement dans le concept du parti bordiguiste immanent, non pas transcendant du prolétariat, mais qui ne sera jamais...imminent. Vu que « le prolétariat a abandonné depuis 90 ans son programme maximaliste » - qu'il ne s'est rien passé depuis la révolution russe (sic) – il faut tout reprendre à zéro et accompagner les masses même dans leur interclassisme, si je m'efforce de suivre le raisonnement de Juliette. A la différence du CCI, Juliette s'est impliquée dans le mouvement mais avec une foule d'illusions sur ses potentialités (mais en excluant au grand jamais une impensable révolution), au même niveau que les R.Paris/V.Serge : elle les croit unis (les prolos GJ, sic!), puis mouvement bon exemple capable de s'internationaliser, enfin principale victime de la répression policière :

- unité des derniers mohicans GJ ? «  deux revendications autour desquelles les GJ se focalisent et maintiennent aujourd'hui leur unité (une unité interclassiste en effet, faute de mieux, sauf à retomber dans les rets de la CGT comme en 68, ce que les prolos GJ ne veulent pas) » ; l'interprétation de Juliette complaisante envers cette (fausse) unité est spécieuse : l'unité supposée autour des deux revendications creuses des épiciers du mouvement – justice fiscale et démocratie directe (« qui ne seraient pas réacs ») est une invension de son cru. La « justice fiscale » n'a plus rien à voir avec la revendication initiale de baisser le prix du gazole à la pompe, mais reste l'éternelle resucée du petit commerçant qui se fiche de savoir qui va payer les fonctionnaires et les enseignants de ses gosses ; la démocratie directe... en régime truqué capitaliste et sous forme de référendum à qui mieux mieux...9 Bravo la camarade du parti fictif et immémorial ! L'unité du pitre girouette Lalanne, de la psy Jacline, de Priscilla recyclée en combattante féministe écolo10, Ingrid Levavasseur11,les diverses « familles » en quête de respectabilité et de durée éternelle...
Ingrid Levavasseur a admis son incapacité à fédérer les innombrables chapelles qui composent aujourd’hui le mouvement des "gilets jaunes".Entre le RIC, le MAC (le Mouvement Alternatif citoyen), le Rassemblement des Gilets Jaunes Citoyens, en passant par la liste "Union Jaune", et la dernière en date, "Evolution Citoyenne", il y a déjà 5 listes.Le mouvement manque d’incarnation et d’orientation politique claire. Et d'après notre sondage Harris, la liste "gilets jaunes", s’il y en avait une, récolterait à peine 3% des suffrages en mai prochain lors des élections européennes.
- si le mouvement des gilets jaunes a retenu l'attention internationale, on ne voit pas en quoi il serait exemplaire ou modèle à suivre suivant les spécificités de chaque pays ; dans le cas de l'Algérie, il s'agit d'une révolte contre le népotisme du clan présidentiel où la domination de l'Etat bourgeois est autrement plus primaire et violente qu'en France, et où domine en général un combat politique entre fractions bourgeoises (clans de l'armée, mafias islamistes, démocrates bourgeois) dont le peuple algérien ne pourra être qu'une masse de manœuvre ; le mouvement en Algérie a surgi plutôt en parallèle et à peu près au même moment comme on le verra dans l'article suivant mais au lieu d'être un simple prolongement, risque de poser les vrais problèmes politiques que les gilets jaunes ont esquivé.
- la répression policière qui a été féroce très tôt dès le début du mouvement n'a pas cessé, de plus le gouvernement en profite pour faire passer de nouvelles lois scélérates renforçant le contrôle des manifestants et les criminalisant, mais cette répression, si elle discrédite le cinéma du débat national « citoyen » est savamment dosée pour ne pas allumer un nouvel incendie. ; c'est malheureusement cet aspect victimaire qui surnage en fin de course et qui va amenuiser le mouvement comme « ancien combattant ».

Juliette elle, nous sermonnait avec le frigo vide de la classe laborieuse quoique en situation « interclassiste » mais son explication retombe dans l'ornière bordiguiste archi classique : pas de révolution tant que le parti n'est pas là ; donc c'est péché d'y penser à la révolution sans prolétariat pur au devant de la scène. C'est le parti qui fait tout et suppose tout. J'ai toujours dit que c'était le fond de pensée des anars retournés, des militants marxistes défroqués, un refuge dans la contrition à la pensée du parti-dieu qui pardonne toutes les faillites politiques et sociales. Le parti devrait apporter la « conscience de classe » certifiée. Comme chez Claude Bitot c'est une perpsective abstraite de parti sans classe ouvrière. Bitot nous a fait pourtant quelques réflexions intéressantes plus près des réalités...sociologiques que le disque rayé de nos maximalistes bègues mais pas aussi profondes que celles de Robin Goodfellow.

JAMAIS AUCUNE DES TROGNES PRESUMEES LEADERS N'A DENONCE LE CAPITALISME

Je le leur ai dit plus d'une fois sur ce blog : « ... vous vous arrogez de déterminer trois seules revendications finales en quelque sorte à cette jacquerie moderne qui a dérangé autant le pouvoir bourgeois que les marxistes de salon, comme terminales du mouvement : la baisse des taxes, le RIC « en toutes matières » et la baisse prioritaire des revenus des hauts fonctionnaires. Vous êtes de quel côté ? Des puissants ou des pauvres ? Vous imaginez que nous les pauvres on croit pouvoir obtenir SOUS LA FERULE DE CE POUVOIR, le beurre, la crémière et le salaire de la crémière ? ». Bitot considère cette révolte comme « postmarxiste » comme si les couches moyennes avaient été absentes de l'histoire passée de l'inédit révolutionnaire :

«  car elle prend en compte qu’avec un tel capitalisme le conflit qui a surgi en dehors des partis et des syndicats n’est plus mené par une classe. C’est ça sa nouveauté. Reste à voir le devenir de ce mouvement. Un autre facteur fera que ce nouveau mouvement  social ne sera pas en mesure de le menacer sérieusement : comme le montre bien celui des « gilets jaunes », son peu de lucidité concernant le capitalisme qu’il ne remet nullement en cause. Avec sa revendication d’un « référendum d’initiative citoyenne » il montre qu’il continue de se bercer  d’illusions à propos de la « démocratie » qu’il voudrait rendre plus « directe » afin qu’elle tienne ses promesses électorales. Ce qui fait que lorsqu’il se veut politique c’est, drapeau national déployé et chantant la Marseillaise, l’imaginaire bourgeois de la Révolution française qu’il a en tête.
Ils sont les enfants de la télé-réalité, d’Internet avec facebook, des jeux vidéo sur leurs smartphones avec qui on fait des selfies, c’est-à-dire de ces machines à décerveler que le capitalisme dans sa grande modernité a mis au point ; ils sont les produits sociaux de ce capitalisme devenu un fait social total, qui s’est introduit partout dans la vie des hommes, dans leur travail bien sûr, mais aussi dans leurs loisirs, leur environnement, leur vie quotidienne, et se faisant ainsi totalitaire, a éradiqué tout idée de contestation de celui-ci, réussi à se faire passer pour l’horizon indépassable de l’humanité, fait croire que le communisme a échoué alors qu’il n’a existé nulle part et que donc face à lui il n’y a pas d’alternative – et il n’y a pas que les « gilets jaunes » qui pensent çà, les intellectuels également, eux qui autrefois se voulaient bien souvent critiques du capitalisme devenus ses adeptes
Cette non-classe que sont actuellement les « gilets jaunes » deviendra l’immense majorité, à la différence de ces derniers qui sont dans une situation de pauvreté relative, celle-ci se verra précipitée dans la misère, et alors qu’est ce qui se passera ? La révolution ? Si n’existe pas un parti révolutionnaire pour éclairer et guider ces masses modernes ayant été complètement accaparées, assujetties par ce capitalisme totalitaire, il se produira un immense chaos, il y aura des révoltes, de la violence sans queue ni tête (style casseurs blacks books, mais cette fois avec morts d’hommes), peut-être même un quelconque « fascisme »  pointera son nez, mais à la différence de ses ainés qui sera impuissant son heure historique étant passée, mais point de révolution ». 

Bitot est tombé de son ancien piédestal bordiguien pour rejoindre les bobos modernistes, leur négation du prolétariat et la révolution « des gens ». Comme Juliette Bitot possède la solution toute trouvée à une classe ouvrière disparue :

« En fait, la « forme parti » sera pour elles (les masses en révolte) la seule manière de s’organiser en tant que force autonome. Du temps du prolétariat c’était différent. Son organisation en parti se posait, mais lui dans la production, dans de grandes usines, pouvait s’organiser dans des syndicats, des coopératives, des bourses du travail, des conseils d’usine. Cela n’était pas suffisant mais c’était déjà là des manifestations de sa constitution en tant que classe plus ou moins autonome vis-à-vis de la bourgeoisie. Mais aujourd’hui ?  En raison du processus de désindustrialisation qui accompagne cette phase terminale du capitalisme (plus rien dans le charbonnage, la sidérurgie, presque plus rien dans la métallurgie, les chantiers navals, un peu dans l’aéronautique, dans l’automobile, quand on n’a pas  délocalisé) ce qui fait qu’on a une classe ouvrière réduite à la portion congrue (12% de la population active aux Etats-Unis et ailleurs ce n’est guère plus brillant), dont il ne restera plus grand-chose lorsque le capitalisme ce sera écroulé, pour le nouveau  « prolétariat » (que nous mettons entre guillemets car n’étant pas dans la production il n’aura plus les caractéristiques d’une classe au sens marxiste du terme, ayant été dans ce vaste fourre-tout qu’est le « tertiaire » - lui actuellement 60% de la population active !), le parti sera la seule possibilité pratique sérieuse pour lui de s’organiser autrement que ne le font actuellement les « gilets jaunes » sur des ronds-points. Evidemment pour l’heure on n’en est pas là, mais ce qu’il faut souhaiter c’est que ce parti n’attende pas l’écroulement du capitalisme pour commencer à se constituer ».

Evidemment que je ne peux partager une telle vision idéaliste mais qui continue à plaquer abstraitement la solution parti selon le critère éculé léniniste première manière (qui apporte la conscience de classe...sans classe ouvrière). Je ne crois pas du tout à cette présumée disparition de la classe ouvrière ni à la négation de sa place décisive dans toute révolution à venir, d'autant plus que j'ai toujours émis des doutes et souligné les limites de la révolte en gilets jaunes. J'ai choqué en disant « Débuté réac finit réac ». Et j'ai aussi des doutes sur la nature de son « internationaliation exemplaire » malgré ce que laisse accroire ce qui se passe en Algérie. Le combat « fiscal » des meneurs gilets jaunes fait pouffer les ouvriers algériens. Une lutte réellement révolutionnaire, capable de transcroître nécessite un contexte international mouvementé, des luttes de classe importantes. Mais... 68 n'éclatat-il pas dans un contexte mondial de révoltes de toutes sortes, pas spécialement prolétariennes ? C'est la Première guerre mondiale qui avait allumé presque partout des étincelles révolutionnaires. On ne peut pas dire qu'il existe beaucoup d'exemples d'internationalisation au XX ème siècle ni au suivant ; comment peut se produire la contagion révolutionnaire à partir de la remise en cause des taxes dans tel pays et d'une réforme référendaire en carton pâte ? A une époque où le repli national est général, où partout flottent les drapeaux chauvins ? Le mouvement est cuit selon moi depuis le début février de cette année, quels que soient ses rebondissements, non du fait de ses limites petites bourgeoises mais parce qu'il n'est plus qu'une illustration de la crise de la bourgeoisie française12 ; cette dernière en est réduite à promettre des miettes aux retraités dernière couche de la société à envisager d'aller encore voter13. La présence notable des gauchistes et des syndicalistes CGT sans badge signe aussi la fin du mouvement, et ce n'est ps un hasard si le petit rigolo Drouet appelle à envisager les méthodes CGT très contrôlées et futilement utilisées : le blocage des ports et des raffineries.
Le petit NPA refait le coup à chaque fois : « À l’heure où nous écrivons, le 5 février (et ses suites !) sera déterminant pour renforcer l’implication du mouvement syndical dans la construction d’un mouvement d’ensemble contre la Macronie. Tout comme il sera déterminant pour offrir une issue positive et progressiste aux centaines de milliers de Gilets jaunes qui ont durablement modifié les conditions de la lutte dans le pays (!?) ».  Idem pour les 16 et 19 mars et après il radotera que les traîtres professionnels ont encore trahi et il pourra y ajouter les pitres Drouet et consorts. L’appel à faire « converger toutes les mobilisations » dans les rues de la capitale samedi 9 mars a abouti à trois fois rien14.

DES MENEURS excités ET POUSSE-AU-CRIME

A une semaine d'une date présumée cruciale, les « agités jaunes » espérent retrouver l’impact des débuts du mouvement, lorsqu’ils avaient rassemblé 282 000 personnes sur les ronds-points et dans la rue le 17 novembre 2018. A ces sans mémoire rappelons que lorsqu'un mouvement reflue – mouvements de petits bourgeois comme les Nuit debout ou Poujade, grèves longues isolées des ouvriers, c'est la défaite irrésistible qui est au bout même avec les pires chantages et surtout avec les pires chantages genre « retenez-moi ou je fais un malheur ». C'est le raisonnement de ces pauvres Drouet et Nicolle.

« C'est l'acte charnière pour les Gilets jaunes. Après 17 semaines de mobilisation, les partisans du mouvement veulent rassembler samedi 16 mars "la France entière à Paris" pour lancer un "ultimatum" au gouvernement. L'acte 17 le week-end dernier a été marqué par un nouvel essoufflement de la mobilisation. Selon le ministère de l'Intérieur, seulement 28.600 personnes (-10.000 personnes par rapport à l'acte 16) ont manifesté en France, dont 3.000 à Paris. Le groupe Facebook Le Nombre jaune a lui compté 90.000 manifestants (-6.000 personnes par rapport à l'acte 16) dont 18.000 à Paris. Pour éviter d'être mis de côté dans l'agenda médiatique, les Gilets jaunes veulent donc frapper un gros coup à Paris à l'occasion de la fin officielle du grand débat, le 15 mars ».
    « Dans chaque région, des appels ont été lancés sur Facebook pour préparer le déplacement vers la capitale. L’événement Facebook national rassemble lui 5.700 participants et 16.000 personnes se disent intéressées; des chiffres bien supérieurs à ceux des dernières semaines. Contrairement aux dernières mobilisations parisiennes qui se sont déroulées sans incident grave, ce rassemblement a de fortes chances de dégénérer. L’événement Facebook partagé par Eric Drouet appelle ainsi clairement à des actions radicales : "Qu'on se le dise, le 16 mars restera dans l'histoire du mouvement des Gilets Jaunes. Cet acte 18 se prépare depuis plusieurs semaines et des Gilets Jaunes de toute la France s'apprêtent à venir manifester à Paris. Et pas pour une manif déclarée au cortège totalement nassé (encerclé par les forces de l'ordre, NDLR). Il s’agit de poser les bases d’une montée en puissance du mouvement de révolte et l’inscrire dans la durée autant que dans la radicalité." De son côté, Maxime Nicole, une des figures des Gilets jaunes, a perversement laissé entendre que le rassemblement pourrait basculer dans la violence : "Cela fait 17 semaines que je prône le pacifisme, que je dis à tout le monde que je ne suis pas pour la violence. J'ai fait des appels au calme", a-t-il rappelé dans un Facebook live diffusé dans la nuit de dimanche à lundi. Avant d'ajouter, menaçant : "Le 16, il va se passer ce qu'il va se passer. J'en ai plus rien à foutre. [Je ne dirais plus] aux gens : 'Restez calme'. [...] On a essayé d'être cool avec vous [le gouvernement et les médias, NDLR], de discuter. Pendant 17 semaines, on a essayé de vous faire comprendre des choses. Cela n'a rien donné." Maxime Nicolle assure ensuite qu'il ne lance pas un "appel à la violence" et que le gouvernement sera responsable des violences éventuelles. Pour lui, les Gilets jaunes seront en "légitime défense" face à la violence "psychologique, financière, et maintenant physique" des 40 dernières années. Même la plus modérée Priscillia Ludosky se dit maintenant prête à étudier l'idée "de solutions non-violentes, mais radicales, précises, ciblées pour avoir la pleine attention attendue". C'est ce qu'on appelle chez moi des rigolos plein de plumes.
    "L'acte 18 doit marquer la fin des manifestations et le début des vrais samedis jaune!! (Blocage endroits stratégiques)!!", proclame Drouet. "Le samedi 16, je resterai le temps qu'il faudra sur les Champs-Elysées et l'Arc de Triomphe. Après faudra penser à autre chose", a-t-il affirmé dans un Live sur Youtube. Quel cran !. ""Il faut quelque chose d'impactant. Rien n'a encore marché", s'est-il plaint-il. Pour lui, la solution passe par un blocage des ports et des raffineries. Pour Maxime Nicolle, le 16 mars ne pourrait être qu'un prélude à des actions encore plus radicales : "S’ils font encore toujours les sourds, on mettra une dernière date qui là par contre s’ils n’écoutent pas, bah tant pis pour eux", a-t-il lâché dans une vidéo diffusée la semaine dernière.  Le buzzeur Drouet qui s'est tant gonflé les chevilles depuis sa médiatisation outrancière (le mouvement refusait l'intronisation de nouveaux leaders mais les médias ont quand même fabriqué le « vedettariat » dans lequel ils ont tous plongés, se jalousant mutuellement à l'aune du nombre de connexions sur leurs sites respectifs. Comble du ridicule, Drouet appelle donc au blocage des ports et des raffineries. Il se prend pour qui ? Pour un nouveau bonze syndical !




Le gilet jaune pas obligatoire en Algérie
L'ALGERIE RIT JAUNE



QUELLE INTERNATIONALISATION ?
« Si des mouvements de même forme se répandent internationalement »... Juliette ne semblait pas si bien dire, mais c'est vrai et c'est en train de se passer en Algérie. Eric Drouet apportera-t-il son soutien aux gilets jaunes algériens ? Macron va-t-il fournir en LBT le gouvernement fantoche de la momie Bouteflika ?
Le mouvement de protestation contre le régime d'Etat capitaliste en Algérie n'a pas attendu ni dépendu de l'aventure du mouvement des gilets jaunes en France. Il apparaît presque simultanément d'ailleurs début décembre 2018 :
« A Béjaïa, ce lundi 10 décembre, ces manifestants habillés en « gilets jaunes » ne sont pas passés inaperçus. Des dizaines de ces « gilets jaunes » ont rejoint ce lundi la grande marche des libertés organisée dans les rues de Béjaïa. La mode des « gilets jaunes » a-t-elle été introduite en Algérie, se demandent nos confrères d’Algérie Part ? Le phénomène risque bel et bien de s’étendre jusqu’à notre pays qui connaît en ce moment une ébullition sociale et politique. La récente vague de répression qui a touché de plein fouet les journalistes et artistes a suscité un mouvement de colère populaire. Les incertitudes liées à l’élection présidentielle de 2019 aggravent encore davantage le climat social en Algérie. Un climat social délétère en raison de la chute drastique du pouvoir d’achat des Algériens et de l’excessive cherté de vie ». (cf. Mondafrique)
Des libertés publiques réprimées, des manifestations pacifiques interdites, des conditions de vie de plus en plus déplorables pires qu'en France, les tensions sociales et politiques qui règnent en Algérie peuvent fournir les conditions idoines pour l’avènement non d’un nouveau mouvement de « gilets jaunes ». L’Algérie est-elle à l’abri d’une éventuelle et probable contagion ? Telle était le souci affiché de la presse d'Afrique du nord. Les journalistes professionnels, au sud comme au nord, sont toujours un peu limités politiquement et il ne faut pas trop accorder d'importance à leurs questionnements souvent faussés.
Sur le site Oumma (et aussi le site TSA mais, plus lucide, qui montrait que la révolte couvait en Algérie début déc 2018 en parallèle avec la révolte en France), une certaine internationalisation était en vogue : « Devenus un symbole de contestation, les Gilets jaunes s’exportent désormais hors de France,  notamment en Algérie où certains manifestants ont défilé vêtus d’un gilet jaune, au cours de “La marche des libertés” qui a eu lieu à Bejaïa, le 9 décembre, pour demander la libération du blogueur Merzoug Touati et de tous les détenus d’opinion15.
On peut faire des parallèles cependant :
  • même rejet des partis politiques et des syndicats : les islamistes sont éjectés des premières manifs mais aussi la députée trotskiste Louisa Hanoune, fervente admiratrice de Bouteflika ; en Algérie, trotskistes et islamistes ont un point commun : ils ont été cooptés tous les deux par le système néo-stalinien pour donner une apparence de pluralité à la scène politique (grabataire) algérienne.
  • Même volonté de la petite bourgeoisie de prendre la tête de la révolte (cf le 16 janvier de cette année, à Alger la mobilisation d'une centaine de commerçants)
  • Même pouvoir d'Etat arrogant et même passivité de la classe ouvrière encadrée : « A ce titre, ce que le phénomène des « Gilets jaunes » dit à l’Algérie est inquiétant, tant le pays cumule les handicaps qui entravent la démarche. Eux plus de ceux qui ont jalonné la route de Macron, l’Algérie cumule des défaillances supplémentaires, faisant de la réforme une aventure périlleuse.En Algérie, les structures politiques sont coupées de la société, avec un engineering nul et une efficacité économique proche de zéro. On peut ajouter à cela : un pouvoir dépourvu de légitimité, une société en rébellion constante avec des émeutes au quotidien, des institutions d’intermédiation dépourvues de toute crédibilité, un niveau de gouvernance particulièrement faible, une corruption endémique, une administration inefficace et un manque évident de crédibilité de certains acteurs clés de l’activité économique »16.
  • même désert politique de l'opposition et refus du leader providentiel : de toute façon, l’élection présidentielle ressemble de plus en plus à un non-événement. Coté opposition, on est loin de pouvoir fournir une alternative crédible et unificatrice pour suppléer le long séjour au pouvoir de Bouteflika, entre candidats quasi-anonymes et ex du régime ayant bien du mal à incarner un changement tant souhaité.
C'est un journaliste bien informé de 20 minutes qui nous guide le mieux sur ce qui est en train de se dérouler :
« Cette absence de crédibilité chez les adversaires politiques de Bouteflika n’étonne guère Khadija Mohsen-Finan : « Le régime a pris soin de décapiter chaque tête d’opposition qui émergeait un peu trop. C’est pour cela que Bouteflika règne sur un champ de ruine politique, où il n’a pas d’opposants crédibles. » Jusqu’à ce que l’opposition vienne de la rue, et non de candidats fantômes.
De toute façon, qu’importe que l’opposition politique à Bouteflika se rapproche plus du désert que du leader, ce n’est plus ce que les Algériens recherchent selon la chercheuse : « Ils ne sont pas en attente d’un homme politique providentiel. C’est pour ça qu’il ne faut pas regarder la situation avec nos grilles de lecture politique occidentales et quelque peu vétustes. Qu’importe le manque d’autres candidats. Ce n’est pas la question ni l’enjeu des manifestations actuelles. Aujourd’hui, la dissidence prend de nouvelles formes, loin de la politique politicienne. » A savoir les réseaux sociaux, la volonté d’un pouvoir d’en bas, et les manifestations géantes pour faire vaciller un pouvoir autrement que par des élections.
Pour synthétiser, en allant dans la rue, le peuple a renoncé aux urnes et souhaite désormais une solution plus concrète et plus autonome : « 2011 et ses désillusions politiques sont passés par là, résume la chercheuse. La rue ne veut pas confier son destin à un pouvoir comme elle l’a trop fait par le passé. Elle se méfie des urnes facilement manipulables. Le peuple est éduqué et cultivé, il estime pouvoir se gérer d’en bas et ne demande pas une nouvelle figure en haut. Ce qu’il veut, c’est qu’on le laisse opérer. »
Bon, on aura compris, les manifestants algériens ne veulent pas d’un homme providentiel allant sauver seul la Nation. Mais du coup, que veut-il ? « Le peuple veut une réponse sociale avant d’être politique. C’est pour cela que le slogan “Nous ou le chaos” du pouvoir, qui a tant fonctionné par le passé, ne marche plus du tout désormais, car le problème n’est pas le dirigeant mais le système. Cela fait depuis 1963 avec l’Indépendance, et encore plus depuis 1965, que l’Algérie est à la main d’une caste militaire, et où le peuple se sent infantilisé, où on essaie d’acheter son adhésion et son silence grâce aux rentes pétrolières. » Le simple décalage de la présidentielle ne risque donc pas d’apaiser les tensions. « On aura de toute façon la réponse avec les manifestations dans les prochains jours. Mais c’est une non-réponse, surtout que les manifestants n’en peuvent plus d’attendre, ils veulent des actions et des solutions dès aujourd’hui. Le changement, c’est maintenant. » 

Le développement de la « lutte des classes » en Algérie pourrait bien être la réponse à laquelle les gilets jaunes sont incapables de répondre en France. Ce qui va se dérouler en Algérie confirmera qu'il ne sert à rien de lutter pour la démocratie sous la domination du capitalisme, lequel restera impitoyable avec des révoltes incapables de s'assumer comme classe alternative au règne de l'argent et de la corruption « démocratique ».




NOTES

1« Ainsi, le 17 mars, les ressentiments accumulés contre Thiers s’avérèrent-ils plus forts que les différences de classe » (…) La révolution n’est pas folie furieuse ni guerre civile aveugle : « Les témoignages font apparaître une troisième explication, moins visible mais peut-être plus décisive : la persistance d’un esprit de modération dans une partie étendue de la population. Malgré les affirmations de quelques-uns, la terreur ne règne pas vraiment et les Parisiens étonnés « flânent » dans Paris ! Ils vont aux remparts comme au spectacle ! En toute civilité, ils se joignent « aux groupes qui discutent » sur les boulevards ; les plus réactionnaires reconnaissent eux-mêmes que les fédérés « ne sont pas tous des canailles ». Il ne faut pas croire les racontars qui circulent en province, ces rumeurs qui ne peuvent profiter qu’aux extrêmes (…) Au final, l’analyse attentive des témoignages montre qu’il n’y a pas d’un côté les ouvriers émeutiers et de l’autre les bourgeois réactionnaires. Entre Belleville et Versailles la réalité sociale est tout en nuances, faisant apparaître des bourgeois modérés d’une part, des gardes nationaux dont les motivations n’ont rien de révolutionnaires d’autre part ! Dans les rangs des fédérés se rencontrent des hommes, qui n’adhèrent pas aux idées de la Commune ; ceux qui dénoncent les réformes n’applaudissent pas pour autant aux objectifs ou méthodes de Versailles » . Jean-François Lecaillon : La Commune de Paris racontée par les parisiens (Giovanangeli éditeur)
2https://www.robingoodfellow.info/pagesfr/rubriques/Lutte_des_classes_en_France_2018_2019.pdf?fbclid=IwAR1EnA2DkvVu0DBkMOF7v5eolEy-Z2oCuY5Jbw5HySfJk3_He6RceXixmcw
3Ce que Robin Goodfellow a parfaitement compris même à retardement : «  les réseaux sociaux ont permis de s’affranchir des représentations de « corps intermédiaires », comme les syndicats, et mis l’ensemble des partis à distance. Ce faisant, après l’occupation spontanée et locale des ronds-points et les premières manifestations du 17 novembre, s’est très rapidement ajouté l’appel récurrent à manifester chaque week-end, au cœur des grandes villes et surtout à proximité directe des lieux de pouvoir et des quartiers huppés. Cela aussi a un caractère inédit, qui contraste avec les journées d'action syndicales et leurs défilés normalisés, convoqués en semaine sur des parcours balisés et loin des lieux « sensibles », promenades depuis longtemps désertées pour leur totale impuissance. Au contraire, les manifestations du samedi ont peu à peu mobilisé de nouvelles vagues de prolétaires (avec ou sans le gilet), notamment issus des banlieues des grandes villes. Tous ces facteurs ont contribué à donner cette forme à un mouvement qui se confronte directement à la répression de l’Etat et qui touche toute la France et fait des émules dans le Monde ».

5J'ai déjà bien des fois répondu aux arguments puristes de type sectaires véhiculés par Juliette, cf. mon article : La commune et ses petits branleurs (juin 2016) . En 1878, une partie des Communards déportés en Nouvelle Calédonie participe à la répression des révoltes kanaks, aux côtés des troupes coloniales.A partir de 1886, plusieurs d’entre eux sont les animateurs du boulangisme, et en font un populisme de gauche, insurrectionnel et xénophobe. Par la suite, ils élaborent un socialisme national. Au moment de l’affaire Dreyfus, on les retrouve dans les rangs des antidreyfusards. Pourtant entre un début patriotard et une fin (pour une partie d'entre eux) hyper-réac, Juliette et moi considérons l'expérience de la Commune (pendant) comme historiquement révolutionnaire !

6Je ne sais pas où Juliette a vu tout cela mais moi pas, et comme tel ce n'est que le magma inconsistant des activistes du NPA.

8La même chose que la hogra en Algérie dont on va voir les conséquences maintenant et qui feront passer au second plan le plan hexagonal étroit des GJ obstinés intempérants.
9J'ai répondu ceci à Juliette sur ce référendum idiot, qu'elle suppose chargé de volonté de représentation directe (à la communarde) : «  cette nunucherie de référendum à chier (ducon peut lancer son idée et la faire voter = politique à l'encan… je vote ce que je veux, quand je veux = politique d'épicier). Cette farce de politique en permanence dans ces têtes de piafs boutiquiers m'emmerde, le communisme vise à l'abolition de la politique pas à sa permanence en plus dans le cadre capitaliste actuel.
10 Pricilla a trouvé le moyen de s'associer au cinéaste écolo Cyril Dion, qui a co-réalisé avec Mélanie Laurent le film Demain. "La plupart des Gilets jaunes veulent consommer plus sainement, et sont conscients de tout ce qu’il faudrait améliorer pour manger et respirer mieux ! Si la fiscalité écolo a déclenché notre colère, c’est parce que les impôts censés servir à la transition écologique étaient consacrés à tout autre chose", explique Priscillia Ludosky.Tous deux assurent qu'ils manifesteront ensemble le 16 mars prochain, jour d'une grande marche pour le climat à Paris et en province et qui coïncide aussi avec un appel des "gilets jaunes" à manifester. En attendant, Priscillia Ludosky pose comme mesure désirée avant tout par le mouvement : "une TVA réduite pour les produits bio ou sains, ceux de première nécessité et les produits recyclés." Ce qui sonne en effet très écolo mégalo.

11Elle semble lucide mais pas guérie du vedettariat et du buzz : « "On passe pour des gus. Ce sont eux qui ont détruit le mouvement", estime aujourd’hui Ingrid Levavasseur. Eux, ce sont les leaders, ivres de leur popularité soudaine sur les réseaux sociaux, et dont elle reconnait qu’elle avait sans doute sous-estimé l’ego. Les manifestations des "gilets jaunes", c'est donc de l'histoire ancienne pour Ingrid Levavasseur... mais pas les revendications ! Ses anciens camarades considèrent qu’elle est "vendue". Elle jure qu’elle est restée fidèle à ses idées. Elle a d’ailleurs encore manifesté samedi 9 mars. Et elle est aujourd’hui en train de créer un nouveau mouvement, une association. Celle-ci serait baptisée "Plus que jamais". C’est encore embryonnaire, et assez secret, mais en tapant son nom sur internet, on peut se rendre compte qu’elle venait de lancer une cagnotte Leetchi, pour financer cette nouvelle aventure. Autour d’elle, un peu plus d’un millier de personnes. Beaucoup de "gilets jaunes" déçus par la tournure qu’a pris le mouvement. L’idée, c’est désormais de proposer une réponse au grand débat d’Emmanuel Macron. "Nous attendons les conclusions du Président… et vous allez entendre parler de nous", a-t-elle dit ».

12Cf. Mon article  du 11 février : Impasse des gilets jaunes et crise de la bourgeoisie française.
13 Le numéro un fadasse de La république en démarche, le nommé Guerini a plaidé pour la réindexation des petites retraites sur l'inflation, ce qui ne coûte pas un rond et tient lieu de promesse électorale...européenne. Le troisième âge, plus aisé que la moyenne des Français, est pourtant l'un des piliers de l'électorat de LREM. En effet, selon l'institut Ipsos, 70 % des 60-69 ans et 78 % des personnes âgées de plus de 70 ans, ont apporté leur suffrage au candidat Macron au deuxième tour de l'élection présidentielle. Or cette classe d'âge participe beaucoup plus que les jeunes aux scrutins. Elle est donc incontournable pour LREM. Ce souci révèle la nécessité de récupérer ces retraité prolétaires qui se sont effectivement joints au mouvement des gilets jaunes, comme le remarque fort justement Robin Goodfellow.
14Le bordel de « toutes les mobilisations » est aussi une énième recette pour éloigner toujours la classe ouvrière d'une prise en main de la lutte contre l'Etat, et c'est encore ce qui ets programmé pour le 16 mars : « Au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes, un cortège emmené par des assistantes maternelles, vêtues de gilets roses, de femmes mobilisées contre les violences sexistes, arborant du violet, et de syndicats, a fait plusieurs kilomètres dans Paris sur un parcours autorisé, avant de se disperser vers 16 heures sans incident.Pendant ce temps, plusieurs centaines de « gilets jaunes » ont préféré rester massés en haut des Champs-Elysées. Un rassemblement sans incident majeur, mais qui a provoqué des tensions en fin de journée. Après presque quatre mois de manifestations hebdomadaires, le mouvement des « gilets jaunes » se prépare désormais pour sa grande journée nationale du 16 mars.« Samedi prochain, ça va être gros », promet Christian, 67 ans, près des Champs-Elysées. L’acte XVIII du mouvement aura lieu le lendemain de la fin officielle du grand débat, mis en place par l’exécutif pour apporter des solutions politiques à cette vaste contestation sociale. Les « gilets jaunes » espèrent rassembler ce jour-là « la France entière à Paris » pour lancer un « ultimatum » au gouvernement.
15Cf le site comique El Manchar faisait la comparaison début décembre : https://el-manchar.com/2018/12/05/gilets-jaunes-bouteflika-appelle-ministres-a-rentrer-algerie-jusquau-retour-calme-a-paris/
16cf. https://www.tsa-algerie.com/ce-que-le-phenomene-des-gilets-jaunes-dit-a-lalgeri