PAGES PROLETARIENNES

vendredi 8 mars 2019

L'ALGERIE EN JAUNE OU EN ROUGE SANG ?



« Non, s'écrie Clémenceau interpellant Ferry, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures [...] n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation [...] ne parlons pas de droits et de devoirs [...] la conquête ce n'est pas le droit c'en est la négation [...] parler à ce propos de civilisation, c'est joindre à la violence l'hypocrisie ».

« Le mensonge est une trop bonne chose pour qu'il soit permis d'en abuser ». Talleyrand


«Pouvoir assassin!», «Le peuple veut la chute du régime», scande une foule impressionnante, difficile à évaluer précisément, de dizaines de milliers de manifestants brandissant des drapeaux algériens. La foule, composée d'hommes et de femmes de tous âges, n'a cessé de grossir, rejointe par des cortèges venus de divers quartiers de la capitale la Casbah, Bab el-Oued ou la Place du 1er-Mai, qui ont forcé plusieurs cordons de police, vite débordés le long du chemin. Sur les balcons des immeubles, de nombreux riverains agitaient des drapeaux algériens, verts et blancs frappés du croissant et de l'étoile rouge, en soutien aux protestataires. Tous les yeux sont désormais braqués vers l'Algérie. Nouveaux gilets... verts ? Certains se sont demandés naïvement si le mouvement branquignole de nos gilets jaunes avce son ric...dicule pourrait déboucher sur un mouvement de classe... prolétarienne, alors qu'il semble plutôt avoir servi d'exemple international à des protestations pacifiques pour « réformer » la plate hypocrisie du capitalisme démocratique. Est-on encore dans le schéma marxisne classique où l'exemple révolutionnaire devait venir des pays développés pour aller imprimer le modèle had hoc dans les pays « arriérés ». Quoique que le schéma marxiste du premier exemple « développé » ait été mis à mal par l'éclatement de la révolution prolétarienne d'abord en Russie et pas en Allemagne... quoique l'exemple des gilets jaunes français soit assez limité et faiblard politiquement pour servir d'exemple dans les pays à dictature grabataire.

L'angoisse grimaçante en gilets jaunes de Macron serait devenue verte à la supposition d'une nouvelle grande répression sanglante de la part de ses homologues étatiques d'outre Mediterranée. Le mensonge du socialisme algérien n'est plus déconcertant depuis belle lurette, mais Macron sait combien le pouvoir d'Etat exige de mentir et de mentir constamment surtout pour abuser le prolétariat. Son ministricule Castaner n'a-t-il pas été jusqu'à inventer avoir déjoué une opération terroriste le 17 novembre dernier jour d'intronisation du mouvement des gilets jaunes ?1 Pour mieux l'amenuiser et assurer que l'Etat bourgeois nous protège en toute circonstance... Le Macron lui-même joue à l'effaceur en reniant tout qualificatif de « répression » et de « violences policières » concernant la terrifiante répression du mouvement moyenniste gilets jaunes  ? Ces préceptes orwelliens nous feront toujours sourire2. L'objectif ultime des petites phrases « gouvernementeuses » étant d'aller jusqu'à empêcher l'« idée » même de critique : exemple, « la répression c'est un mythe », « la liberté c'est l'esclavage »3.

UN DISCRET SOUTIEN A L'ETAT ALGERIEN GRABATAIRE

Comme d'autres membres du gang mafieux présidentiel, Ahmed Ouyahia a agité le spectre de la sanglante «décennie noire» de guerre civile (1992-2002) en Algérie et du chaos syrien. Les manifestants lui ont répondu aujourd'hui en scandant massivement «Ouyahia, l'Algérie c'est pas la Syrie!». En effet, il existe en Algérie une classe ouvrière autrement plus constituée et imposante qu'en Syrie. L'Algérie, même si je dois choquer les indigents nationalistes, reste le plus grand « département » français, ancienne colonie aux liens économiques et sociaux demeurés privilégiés, principal réservoir de main d'oeuvre du capital français depuis au moins un siècle ; et, en retour, un pays qui reste un des plus occidentalisés et des plus « syndiqués » du monde arabe ; un pays où la lutte contre la menace intégriste pourrait même nous être très utile en France si les événements devaient s'aggraver, contrairement aux menaces alarmistes des gouvernements français et algérien qui agitent la menace d'une remontée du terrorisme téléguidé par les pétromonarchies et de la possible fuite de milliers de personnes vers la France.
Pour l'heure, tout en nous assurant qu'il n'y a aucune ingérence de la bourgeoisie française, on ne peut oublier les aventures de la ministre Alliot-Marie sous commandement sarkozien. En octobre 2006 elle avait rendu visite à ce pauvre Kadhafi pour lui proposer nos munitions nationales, tout comme elle avait proposé au gouvernement tunisien de Ben Ali une « aide au maintien de l'ordre », proposition d'hymen répressif qui avait indigné les larbins de l'Etat algérien4. Macron a logiquemnt dû proposer aux garde-malades de Bouteflika de les fournir en LBD 40... Dès 2001, le gouvernement français avait déjà ainsi autorisé la reprise des contacts commerciaux pour Thalès, Eurocopter ou Dassault avec l'Etat libyen. L'Etat français n'était pas seul : en 2003, les Américains, avec les Britanniques, entamaient une démarche de normalisation avec l'ex-Etat voyou, tout en lui faisant renoncer à une arme nucléaire.
DE L'INFLUENCE POLITIQUE DEPUIS LA FRANCE VERS L'ALGERIE
Le parti communiste algérien (PCA) naît en 1920 comme extension du PCF. Ses cellules sont composées initialement d'ouvriers européens expatriés et de nombreux français indésirables en métropole, en particulier depuis la répression de 1871 d'ouvriers révolutionnaires. La constitution de ce parti reste lente et ardue, la population est encore massivement rurale et individualiste. Il se développe « grâce » à la répression, sous le code de l'indigénat. Avec la montée de la contre révolution de la fin des années 1920, le PCA ne sera plus qu'un vague appendice stalinien peu à peu inféodé à la lutte d'indépendance nationale. Pendant la guerre d'Algérie il est pratiquement détruit par la répression colonialiste française qui lui préfère comme interlocuteur privilégié le FLN qui ne se gêne pas pour interdire le PCA immédiatement après l'indépendance. L'histoire et la place jouée par le PCA reste un exemple peu usité de machiavélisme et de double jeu en politique. Le soutien russe au parti algérien était purement « diplomatique » et le mouvement national algérien était décrit comme fruit direct de la révolution bolchevique ; pour la CIA il s'agissait d'un « plan dont le communisme international est le principal instigateur et le principal bénéficiaire » ; en France les élites de l'ombre considéraient le nationalisme algérien comme une construction artificielle servant
les intérêts de Moscou. Aux fins fond de la droite réac, un capitaine Mercier estimait que le FLN évoluait de manière chaotique sans grands principes avec l'illusion de mener une guerre révolutionnaire... qu'il perdit. Les principaux maître de cette guerre n'étaient pourtant pas en France comme il le crut, mais à Washington.
Ce n'est donc pas tant au plan politique que par l'influence du mouvement ouvrier et de ses formes syndicales que l'on peut évaluer disons l'internationalisation du projet socialiste.
Traditionnellement, les anciennes colonies ont toujours été plus ou moins modelées politiquement et socialement par la métropole colonisatrice. Jusqu'à la fin du premier holocauste mondial l'Algérie était soumise au code de l'indigénat où paysans comme prolétaires algériens ne disposaient d'aucun droit civil. Après 1918, l'émigration, donc une importante prolétarisation des pauvres paysans algériens, a changé la donne. Les premiers syndicats d'ouvriers algériens sont constitués en France (au sein de la CGT et CGTU) et deviennent naturellement « exportables ». A l'époque de la vague révolutionnaire, en 1919 et 1920, se produisent les premiers cortèges syndicaux avec drapeaux rouges et verts le premier Mai dans les grandes villes d'Algérie. Le mouvement syndical se confond assez vite avec le mouvement d'émancipation nationale. La conscience sociale des prolétaires algériens ne peut pas être encore internationaliste et se confond avec la « conscience nationale ». Le premier parti national algérien – L'Etoile Nord Africaine – naît d'ailleurs du syndicat en 1926 ; 8 des 26 membres du MNA étaient membres de la CGT. Le syndicalisme algérien reste faible. Paradoxalement c'est à la fin de la Seconde Guerre mondiale qu'il prend son essor avec la réunification des syndicats CGT et CGTU après la lutte commune dans la résistance anti-fasciste qui faisait prédominer la libération de la France avant la décolonisation de l'Algérie. Le prolétariat algérien restait « chair à immigration » en restant concentré sur le secteur agricole, les mines et les ports. La masse des chômeurs est visée par le mouvement nationaliste le PPA-MTLD (on oublie que ceux-ci sont souvent la première cible des mouvemenst nationalistes et terroristes). Le jeune mouvement nationaliste, un peu comme nos leaders gilets jaunes, s'implante surtout chez les petits commerçants, les coiffeurs, les marchands de légumes. Il y a des frictions avec la CGT aussi le mouvement nationaliste crée sa propre commission syndicale.
Au cours de ces années 1950, l'UGTA s'oriente vers un syndicalisme de collaboration étatique, au prétexte que l'industralisation du nouveau jeune pays était une justice sociale. L'Etat « populiste » algérien avec la rente pétrolière5 pacifie la situation sociale, le taux de chômage est passé de 37% en 1966 à 16% en 1983. Le régime néo-stalinien toléra toujours des contestations à l'intérieur du pouvoir mais pas à l'extérieur et contre lui. Les grèves restèrent très limitées et corporatives jusqu'aux années 1980. Le seul syndicat officiel se chargeait d'empêcher les grèves plutôt que de les canaliser comme le font toujours les syndicatx occidentaux. Le syndicat grossièrement « étatisé » allait se trouver complètement inapte face aux émeutes de la fin des années 1980. Dans le contexte de l'effondrement du bloc de l'Est, la chute du prix du pétrole algérien, les péuries de logement, éclatent les émeutes d'octobre 19886. Sous la pression des organismes économico-politiques occidentaux le régime fût obligé alors de libéraliser son mode de domination trop stalinien. C'est la petite bourgeoisie qui ébranlait le système en place (comme toujours au début des révolutions ou avec nos gilets jaunes...). Avant les émeutes d'octobre 1988, les travailleurs des entreprises publiques s'étaient déjà mobilisés, mais en Algérie c'est plutôt une sorte d'aristocratie ouvrière marginale qui réagit après ces émeutes salement réprimées dans le sang, en 1989 les grèves atteignent un niveau inégalé de toute l'histoire du mouvement ouvrier en Algérie. Le mouvement réclamait le départ de tous les grands patrons des services publics, donc il n'était porteur d'aucun réel projet social alternatif (comme nos gilets jaunes...). Cette lacune s'expliquait pa l'absence d'un réel parti politique opposant, même s'il y a toujours eu en Algérie une clique trotskienne aux basques du pouvoir néo-stalinien. De ce mouvement d'aristocratie ouvrière naîtra ce bâtard de syndicalisme autonome, la première intersyndicale, la COSYFOP, comprenant le syndicat national de l'administration publique et le syndicat islamique du travil (SIT contrôlé par le FIS) qui lui demeurera le principal adversaire de l'UGTA (il est dissout en 1991).
La « main d'oeuvre » de ces syndicats autonomes, plus ou moins illégaux, est fort particulière. Elle concerne les personnels des secteurs publics à hauts niveaux d'instruction et de formation professionnelle : médecins, pilotes, enseignant du supérieur et du secondaire, cadres et agents de l'administration, officiers de la marine marchande, techniciens de la santé, psychologues, magistrats, etc. Cette petite bourgeoisie est souvent convoquée devant les tribunaux mais pour se défendre est incapable de s'unifier et crée de nombreux appareils syndicaux concurrents. Ce sont donc bien des « couches moyennes » attaquées ces dernières années par l'Etat en crise. A un niveau supérieur à celui de nos artisans gilets jaunes « anti-fiscalité », ces couches d' « intellectuels-techniciens » ne sortent du domaine strictement corporatif que pour réclamer une meilleure place dans la hiérarchie sociale. Touraine fît remarquer qu'il s'agissait d'une démarche de syndicats voulant remplacer les partis politiques ; on notera ici que c'est aussi la démarche, quoique bordélique, des « figures » des gilets jaunes. La démarche des syndicalistes petits bourgeois algériens a été depuis la période où Bouteflika était encore en bonne santé une sérieuse épine dans le pied de la camarilla étatique « familiale » (tiens nos gilets jaunes affectionnent aussi de se nommer « la famille », sic!). Le pouvoir algérien a toujours joué sur le fait que ce syndicalisme de bobos est resté « secteur public » et indifférent (comme en France) à la masse des prolétaires du privé !

En Algérie, période à venir = dommages collatéraux de la crise des gilets jaunes ou crise politique internationale ?

Les événements révolutionnaires sont toujours le produit de la simultanéité d'événements dans le monde. Facteur d'exemplarité ou de même indignation sociale ? Subir un vieux président jeune ou un vieux président qui se croit jeune, des deux côtés ce n'est guère enviable. La simultanéité n'est pas en soi révolutionnaire. Le mouvement des gilets jaunes n'en a jamais référé à l'internationalisme avec ses minables fanions tricolores, débuté réac il finit réac. Pitoyable exemple pour l'Algérie acculée à la misère par un gang familial oligarchique. La protestation en Algérie est déjà encadrée par les couches moyennes mécontentes et le drapeau national. Le danger d'un retour de l'islamisme paraît exagéré au moment de l'élimination concomittente de Daesh. L'impotence du pouvoir laisse supposer que, comme Macron, il n'aura d'autre ressource que le recours à la répression qui, toutefois ne pourra pas prendre l'ampleur de 1988. Il y a au moins 200.000 algériens en France et des millions de prolétaires dont les réactions soudaines face à une répression disproprtionnée hantent les nuits des conseillers des Etats algérien et français.

NOTES


1 Le 01/03/2019 "Quelques jours avant le 17 novembre et le début du mouvement des gilets jaunes, un groupe s'était constitué et s'était intitulé "ça va saigner le 17" ", a annoncé le ministre de l'Intérieur. "C'était une attaque terroriste, nous l'avons neutralisée", a-t-il ajouté. Le ministre n'a pas précisé le lieu ni si les gilets jaunes étaient spécifiquement visés. Quatre hommes, projetant une attaque le 17 novembre, auraient été interpellés à Saint-Etienne en novembre, avait révélé Le Parisien. Ils auraient été mis en examen pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle» et placés en détention. L'un des suspects avait expliqué vouloir commettre un braquage, mais les enquêteurs penchaient plutôt pour la piste d'une attaque terroriste. Il est évident qu'il s'agit d'une fable, d'un fake gouvernementeur classique. Castaner va t-il apporter au pouvoir algérien son expertise du LBD 40? Le maintien de l'ordre ça le connait!
Le sous-fifre Castaner n'a pas peur du ridicule : Les Gilets jaunes sont-ils à l’origine de la hausse de la mortalité sur les routes en France et en Algérie ? Le ministre de l’Intérieur a fait le lien. Interrogé sur France 2 sur le nombre de personnes tuées dans des accidents, qui a augmenté de 3,9 % en janvier (par rapport à janvier 2018), Christophe Castaner a répondu par ce chiffre : « A peu près 75 % du parc des radars a été soit détruit, soit détérioré, soit attaqué, soit neutralisé. Oui, il y a un lien direct », a-t-il affirmé.
2 Les énarques et ministres sont formés aux préceptes orwelliens par la CIA, cf. https://www.ojim.fr/david-petraeus-kkr-ex-chef-de-cia-nouveau-magnat-medias-europe-de-lest-quatrieme-derniere-partie/

SUR LES MENTEURS DE L'HISTOIRE : Le mensonge est devenu l’ordinaire du scandale médiatique. Pourtant, il surprend encore. Comme si nous étions convaincus que la vérité était le cœur de la politique pure. Or, déjà dans la Grèce ancienne, Platon dans son œuvre centrale, la République, écrite vers 372 avant notre ère, jugeait que le mensonge devait être banni de la cité et réservé aux seuls dirigeants : eux avaient le droit de faire croire aux citoyens qu’ils étaient vraiment nés de la terre de leur cité.
Disciples inconscients de Platon, tous les tyrans ont menti tyranniquement. Staline en la matière a battu des records. Il fait récrire complètement l’histoire, effaçant les personnages qui le dérangent et les remplaçant par d’autres imaginaires. Le suicide de sa femme, il le camoufle. Il faut relire les actes d’accusation des victimes des procès de Moscou, entre 1936 et 1938. Le procureur Vychinski, qui agissait directement sous ses ordres, accusait par exemple deux dirigeants bolcheviks qui s’opposaient à Staline, Zinoviev puis Boukharine, d’espionner au profit des nazis. Vychinski mentit même aux condamnés sur leur sentence de mort, pourtant immédiatement exécutée.
Menteur, Hitler ne le fut pas moins, qui clamait à son peuple ne pas avoir voulu la guerre, alors qu’il montait sans cesse des agressions contre les nations voisines. A-t-on oublié qu’il fut le commanditaire de la fausse attaque d’un poste radio frontalier allemand par de misérables détenus, tout droit tirés d’un camp de concentration, vêtus d’uniformes polonais et exécutés sur place, pour servir de pseudo-agresseurs étrangers et fournir ainsi un prétexte à l’invasion de la Pologne ?
Le Premier ministre de la tsarine Catherine de Russie lui faisait visiter de faux villages, les dirigeants soviétiques, eux, faisaient concocter de fausses statistiques. Ce qui explique que, d’un coup, l’Union soviétique, puissance dominante, apparut nue, dans les années 70-80, quand les vrais chiffres de la production industrielle furent révélés.
Comment s’étonner, alors, que les mensonges du ministre de la Guerre et de l’Armée pendant l’affaire Dreyfus, en 1894 puis en 1899, aient été considérés comme légitimes par une large fraction de la population française ? Maurras, le chantre des nationalistes monarchistes, allait jusqu’à exalter la nécessité du «faux patriotique» établi par le colonel Henry pour faire accuser le capitaine Dreyfus. L’occasion était trop grave pour tolérer la vérité, devait-on conclure.
Disciple du cardinal de Retz, le général de Gaulle devait fonder la Ve République sur une remarquable volte-face. N’avait-il pas donné tous les gages aux Français d’Algérie dans son discours d’Alger le 4 juin 1958 : « Je vous ai compris » ? Pourtant, il pensait déjà devoir abandonner l’Algérie à moyenne échéance. De Gaulle était-il pour autant un strict menteur ?
D’autres figures sont plus tentantes. Laissons de côté François Mitterrand avec la trouble affaire de l’Observatoire, les fausses déclarations sur le nombre d’adhérents à la Convention des institutions républicaines, ses dénégations sur son passage à Vichy, ses trous de mémoire sur la francisque, son silence sur les indélicatesses financières de son entourage, le mensonge par omission (légitime ?) sur l’existence de sa fille, les écoutes pour la protéger, les activités douteuses de sa garde élyséenne…
Arrêtons-nous un instant sur son ami, Charles Hernu, oubliant de signaler sa participation active au régime de Vichy, ses liens avec des officiers traitants soviétiques, et regardons ses dénégations sur l’affaire du Rainbow Warrior, le sabotage du navire de l’organisation écologiste Greenpeace, en 1985. Puis la reconnaissance de sa responsabilité et sa démission. Le menteur avait été mis à nu. Avait-il agi sur ordre ?
Et si les menteurs allaient en bande, les plus puissants traînant les autres ? Le scandale du Watergate illustre la logique de mensonge en bande organisée. Le président Nixon était un grand menteur. Un de ceux qui regardent droit dans les yeux les téléspectateurs et leur déclare tranquillement qu’il n’est pour rien dans les cadeaux qui lui sont offerts et que les pots-de-vin dont on l’abreuve n’exercent aucune influence sur ses décisions. Il trouve même l’anecdote qui attire la sympathie quand il s’adresse aux électeurs américains, lors d’une émission télévisée le 23 septembre 1952, en pleine révélation sur ses louches donateurs.
Très détendu, il raconte : « Un Texan avait entendu ma femme dire à la radio que nos deux enfants voulaient un chien. Et, croyez-le ou pas, la veille du départ de notre voyage de campagne, nous avons reçu un message de la gare de Baltimore disant qu’un paquet nous attendait. Nous sommes allés le chercher. Et vous devinez ce que c’était. C’était un petit cocker. Et notre petite fille de 6 ans, Tricia, l’a appelé Checkers. Et vous savez, les enfants, comme tous les enfants, aiment le chien, et je veux juste ajouter cela maintenant : quoi qu’on en dise, nous allons le garder. » Richard Nixon émeut l’Amérique, sauve ainsi son ticket présidentiel avec Eisenhower et parvient à être élu vice-président.
4En Algérie, le quotidien Liberté s'insurgeait et soulignait que Michèle Alliot-Marie "n'a apparemment pas peur de réveiller des souvenirs des peuples, historiquement victimes du 'savoir-faire' policier de la France. Ces souvenirs sont faits, en ce qui concerne l'Algérie, du 11 décembre 1960 à Alger, au quartier Belcourt, et du 17 octobre 1961 à Paris, par exemple.
5Evaporée en 2019... d'où aussi la crise avant même l'histoire d'un cinquième supplice avec le Bouteflika paralytique.
6J'ai déjà raconté ici l'anecdote au palais de Chaillot où une foule était venue spontanément apporter son soutien aux émeutiers. Prenant le micro je m'étais opposé à ce que l'on suive les étudiants nationalistes qui exigeaint qu'on chante l'hymne national, et j'avais eu gain de cause en proposant plutôt une minute de silence, à tel point que la police me prit pour un personnage important car je fis suivi au long de plusieurs lignes de métro, par après.