PAGES PROLETARIENNES

jeudi 21 juin 2018

MAI 68 OU L'IMPACT DE L'INCOMPRIS

par Lucien Laugier

Vous l'avez sans doute remarqué, je ne me suis aucunement associé aux commémorations hypocrites et sociales du demi-siècle écoulé depuis mai 68. Je n'avais aucune envie de me mêler au dégueulis éditorial et aux fadaises des anciens combattants d'une mémoire tronquée, hypocrite ou surfaite. Je ne résiste pas à vous présenter post-festum cet excellent petit texte du mémorialiste hors pair Lucien Laugier, écrit vers le mitan des 70, comme toujours tout en finesse et en profondeur. Cela fera plaisir à l'ami Xavier qui a eu la chance de le connaître et de militer avec cet homme d'honneur, comme d'autres vieux bordiguistes et qui le sont restés.

Je dois constater aujourd'hui, non sans quelque étonnement rétrospectif que le retrait forcé de Bordiga à la suite de sa première maladie, ne nous affecta pas outre mesure. De même d'ailleurs que l'élimination des deux camarades1 qui étaient entrés en conflit avec la direction du Parti au sujet des questions dont j'ai parlé précédemment (Encore que de la façon aussi inélégante qu'obscure dont fût accomplie cette élimination laissa à quelques uns d'entre nous un certain goût d'amertume sur les raisons auxquelles il sera opportun de revenir ultérieurement plus en détail).
Peut-être ces deux faits également marquants, quoique à des échelles différentes n'obscurcissent pas complètement l'opinion de la plupart en raison des événements des années suivantes : dès 1965-1966 survint un changement sensible du climat politique et idéologique de la société gaulliste, surtout chez les jeunes.
Avec le recul il est désormais possible de vérifier la réalité d'un phénomène dont nous n'eûmes à l'époque qu'une perception limitée bien que ses divers indices le cessèrent d'aiguiser notre curiosité. Après des années et des années de monopole stalinien sur la littérature ouvrière - monopole aux effets fastidieux et écoeurants – on se mettait de divers côtés à publier des textes, des études ramenant au jour, au moins partiellement, la vérité étouffée durant les sombres années de la période à laquelle Edgar Morin a donné le nom de « glaciation théorique » et qui est totalement imputable à la toute puissance du stalinisme (surtout parmi les intellectuels occidentaux) durant la première décennie de l'après-guerre. J'en fournirai preuves et exemples dans d'autres chapitres, me bornant ici au seul aspect que nous en connaissions dans le PCI et qui concernait l'apparition, dans la capitale, d'un nouveau « jeune public » avide de connaître la véritable histoire des mouvements révolutionnaires et particulièrement sur les chapitres que le stalinisme avait totalement falsifiés. Progressivement, les camarades de Paris se lièrent avec quelques éléments faisant partie de ce public et commença alors, lentement mais avec régularité, un fait qui contribua à nous faire oublier les tristes mésaventures relatées plus haut : l'accroissement numérique du parti.

Je passerai ici sur l'enthousiasme que suscita cet événements ainsi que sur la responsabilité qu'il porte dans le renforcement ultérieur de notre « mégalomanie ». J'en viens tout de suite aux bouleversements survenus sur la fin de la décennie et à leurs répercussions sur l'histoire de notre « groupuscule ».
Parmi ceux qui, en 1971, devaient quitter le PCI – et je dirai plus loin quelle part je pris dans cette décision – l'habitude fût vite acceptée d'expliquer la « crise » ayant provoqué notre départ par les conséquences directes ou indirectes de MI-JUIN 1968 – opinion directement empruntée à ce qu'en disait J.Camatte, l'un des deux « sortants » de 1965, dans sa revue « Invariance ». Une affirmation qui peut être admise dans la mesure où Mai 68 a mis au grand jour la fonction à laquelle étaient désormais réduites les traditionnelles « avant-gardes révolutionnaires » et dans la mesure aussi où les conséquences immédiates de l'événement ont fait du PCI un groupuscule parmi les autres.
En fait, trois ans plus tôt, tout le monde politique avait été surpris par la violence et la soudaineté de la révolte des étudiants, mais le PCI le fût moins par l'éclatement de cette révolte que par le style et les formes qu'empruntait cette intrusion aussi exaltante qu'éphémère de la Révolution au cœur de la société gaulliste. Je dois souligner en effet, sans pour autant en vouloir tirer argument en faveur de la « clairvoyance » du PCI que la rébellion des jeunes, sur la fin des années 1960, ne fût pas vraiment chose inattendue pour nous. On pourra d'ailleurs le vérifier ultérieurement à l'examen de la presse et de nos compte-rendus de réunion de l'époque. En ce qui me concerne plus particulièrement, je me souviens avoir été vivement intéressé et impressionné au printemps de 1968 par les colonnes que la presse de gauche consacra à l'effervescence régnant alors dans la Faculté de Nanterre2.
Phénomène surprenant : les étudiants en sociologie et en sciences économiques, en principe destinés à devenir les futurs cadres de la production industrielle se mettaient à dénoncer le rôle de garde-chiourmes auquel, sous prétexte de « psychologie du travail », on les promettait. Ils démystifiaient froidement cet avenir en montrant quelles savantes spéculations de la psychotechnique n'avaient d'autre but que de dissimuler la réalité répressive de la fonction qui leur était par avance dévolue. Ils s'insurgeaient également contre tous les tabous de la société gaulliste et contre les ségrégations culturelles qu'elle entretenait. Bref ils laissaient prévoir la maturation d'une révolte appelée à s'en prendre à tous les préjugés et interdits qui avaient paralysé la génération précédente.

Dans « Le Prolétaire » nous en avions relevé divers indices dès 1967. Si nous ignorions tout du moment où surgirait la rébellion des jeunes et plus encore des revendications qu'elle avancerait, nous la sentions pourtant venir – affichant, il est vrai, avec trop de certitude la conviction qu'elle s'orienterait dans le sens que nous espérions. Il est vrai aussi – et cela nous déconcertait quelque peu – que les rares contacts pris avec les « jeunes » nous les montraient sensiblement différents de ceux qu'ils auraient du être selon notre attente. C'est qu'ils s'exprimaient à travers les aberrations « gauchistes » dont nous avions depuis longtemps fait le procès : nous nous polarisions sur l'infantilisme de ces fanfaronnades sans deviner la poussée qui s'exerçait derrière. En ceci d'ailleurs nous subissions le lot des intéressés eux-mêmes, parmi lesquels seuls les situationnistes détenaient une perspective nette.
En dehors des « Enragés » de Nanterre et du « Mouvement du 22 mars », ce qui ressortait de la « contestation » étudiante et qui imprégnait toute la presse gauchiste (Pour les trotskystes notamment « Lutte Ouvrière », « Rouge », etc.), c'était une sorte de réformisme radical réclamant pour les étudiants : « l'égalité des chances pour tous », la suppression des cours magistraux, l'abolition de la sélection, etc... Toutes transformations absurdes, impossibles ou décevantes si on les posait à travers le maintien des structures de la société existante. (Là résidait d'ailleurs la pseudo « arme secrète » des trotskystes et qu'ils révélaient volontiers de bouche à oreille : il fallait encourager les revendications concernant des réformes impossibles car cette poussée en ferait éclater les limites et poserait le problème politique au pouvoir3. Soit dit au passage, tout autre était le sens du slogan d'inspiration situationniste : « Soyez raisonnable, réclamez l'impossible » qui tendait au contraire à dépasser tout de suite le cadre d'une réforme de la société).

A quelques rares éléments du PCI, le radicalisme de cette dernière expression ne passe pas inaperçu. Je fus parmi ceux-là, mais, je dois le dire, pour des raisons surtout passionnelles. De toute façon une grande divergence d'interprétation de Mai 68 s e produisit entre les groupes de Paris et de Marseille sur la fin du mouvement.
Dans leur appréciation de la « révolte étudiante », la plupart des camarades de la capitale maintenaient contre eux l'invective grossière ( à senteur fortement stalinienne) qui leur reprochait de n'être qu'une manifestation de « fils à papa » , de privilégiés qui n'étaient soucieux que de leur avenir de futurs cadres de la société capitaliste et qui, à ce titre, ne méritaient pas l'appui ni même la simple considération des vrais prolétaires-ouvriers. A Marseille au contraire nous commençions à percevoir , quoique d'une façon timide et contradictoire, la nature subversive du courant d'idées qui animait une rébellion qui était devenue celle de toute une fraction de la jeunesse. Nous nous efforcions d'en discerner les causes et d'en dégager les composantes au-delà d'une rudimentaire classification sociologique. Nous découvrions que la « démocratisation de l'enseignement », c'est à dire l'ensemble des tentatives répétées d'élargir à des couches populaires la pépinière des futurs cadres de la société, n'avait guère favorisé la « promotion sociale » dans les milieux vraiment défavorisés ; mais, par contre, elle avait introduit dans la place, c'est à dire dans la nouvelle université élargie aux dimensions et styles d'une caserne un redoutable cheval de Troie : une masse trublionne de jeunes gens, suffisamment instruits pour se défier et se gausser des contre-sens historiques d'une idéologie que leurs aînés n'avaient admise qu'au travers de travestissements passionnels (antifascisme, Résistance, mythe du « socialisme » russe, etc.) et assez subtile pour s'abriter derrière l'alibi de la revendication d'une « réforme de l'Université » (sur laquelle, il est vrai, les « contestataires » rangés ont fait couler des flots d'encre) afin de pratiquer un nihilisme destructeur dont il n'existe pourtant qu'une seule théorisation intelligente (en déni elle aussi, de ses limites : le situationnisme4.

En un certain sens, la jeunesse de cet état-là, en défiant la « société de consommation », en méprisant ses plus hauts symboles – les autos qu'elle allait jusqu'à brûler devant les barricades du Quartier Latin – avait sauté à pieds joints dans la critique bordighienne du « welfare », de la « prospérité », du productivisme, du carriérisme, telle que la presse du PCI la développait depuis le début des années 60. Mais elle le faisait en se référant à Marcuse et non à Bordiga. Cela suffisait à fermer les yeux à beaucoup d'entre nous.

Ce n'est pas encore ici que j'entreprendrai la laborieuse critique de l'événements Mai 68, dont ce que je viens de dire constitue la face cachée souvent masquée par le souci groupusculaire de « conquérir les ouvriers ». Je ne parle pour l'instant que de ses répercussions sur l'évolution du PCI dans les années qui suivirent et au cours desquelles les conclusions de l'événement furent tirées de façon sensiblement discordantes.
Mai 68 avait confirma, avec un peu d'avance, la prévision par Bordiga de l'éclatement d'une vaste crise sociale dans la décennie ultérieure (1975 pensait-il). Mais dans la première manifestation de cet éclatement ce n'était pas le prolétariat qui s'était dressé, c'était une fraction atypique des nouvelles classes moyennes : la jeunesse de facultés et des collèges. A ce propos, le désaccord caché qui régnait dans le PCI durant les années 1969-1970 tenait à ceci que les uns voyaient dans l'agitation étudiante et la grève qui l'avait suivie les prémisses sûres d'un grand « réveil prolétarien » déjà en acte, tandis que les autres restaient fortement sceptiques à l'égard de cette perspective – impressionnés comme ils l'avaient été par l'énergique fonction contre révolutionnaire assumée par les centrales staliniennes, au prestige demeuré malgré cela intact, et sur la redistribution des rôles qui faisait de la CFDT, syndicat ex-chrétien, une organisation plus combative que la CGT et dont le verbalisme pseudo-révolutionnaire permettait pourtant aux maoïstes les plus actifs d'y trouver refuge contre les exactions des « gros bras » de la CGT.
A la première de ces deux interprétations de Mai 68, à son optimisme et à son triomphalisme, l'agitation ouvrière en Italie – le « Mai rampant – de la péninsule en 1969 – donna une forte impulsion, mettant à jour des initiatives qui devaient jouer un rôle déterminant dans la « seconde crise » du PCI.

NOTES
1Il s'agit des deux célèbres Camatte et Dangeville.
2Sans doute dans Le Nouvel Obs. Cf. également l'article que j'ai écrit dans Le Prolétaire sur le discours de Thorez : « Les jeunes et le communisme ».
3Profonde remarque de Laugier sur le machiavélisme trotskien (politique de nature délibérément bourgeoise et anti-marxiste), on peut constater la même « tactique » concernant la tolérance envers les milieux islamistes et les appels férocement humanitaires et culpabilisateurs à l'ouverture totale aux vagues migratoires de la part du NPA et des lobbies des taxis de la mer. Le pognon prévu pour la piscine à Macron à Brégançon ne pourrait-il pas investi pour soigner la gale des migrants qui débarquent et de ceux qui s'entassent au milieu de leurs tas d'ordures porte de la Chapelle ?  Ne serait-ce pas là une revendication plus « radicale » et vraiment soucieuse de la santé des réfugiés plongés dans la misère en France ? Plutôt que les simples cris de meetings ou les pleurnicheries des frères Poutou et Besancenot. On retrouve les mêmes revendications radicalement « impossibles » chez les enfants syndicalistes des gauchistes de 68 à la SNCF, à EDF, à Air France. C'est super pour démoraliser la classe ouvrière complètement perlée ! (note de JLR)
4Avec sa perspective de création de Conseils ouvriers, directement inspirée de la Révolution allemande, les situationnistes, en mai 68, tentaient un retour au marxisme authentique, dont ils ne voyaient qu'un seul vrai modèle : la Première Internationale. Cette perspective fût soldée par un échec total, mais elle modela l'expression idéologique de l'événement parce qu'elle avait su trouver un réel répondant matériel : le mécontentement de dizaines de milliers d'étudiants (et bientôt de lycéens) et un concours de circonstances les ayant précipités vers une quasi émeute. Les notions de « prolétarisation », « réification », « société de consommation », trouvaient alors une résonance réelle et permettaient une perspective qui paraissait plausible face à l'état d'usure du gaullisme et aux hésitations et incertitudes d'un pouvoir déshabitué de toute lutte sociale radicale depuis vingt ans. En dépit des échecs et désillusions finales, le tout aboutit à la généralisation, dans la jeune génération de l'idée de révolution , à l'acceptation, contrainte et forcés par toute la société, du droit de cité d'un tel concept (d'ailleurs seul moyen de la récupérer, par la suite, au profit du maintien du système existant).

dimanche 17 juin 2018

LA GREVE EST-ELLE UNE MALADIE HONTEUSE?

Grève cachée

(ou comment la syndicratie fait bégayer l'histoire des grèves flouées)


ON peut le constater clairement, les mois de cinéma syndical à la SNCF ont abouti à rendre la soit disant grève perlée inaudible et … invisible. Encéphalogramme plat. Aucune interview de gréviste ni quoiqu'y font de leur séquence gréviste de deux journées : ils cultivent un jardinet, ils bronzent, ils vont au supermarché, ils chantent en réunion interne avec leurs beaux parleurs gauchistes avec soirées bière/merguez ? Idem pour la grève ex EDF/Enedis, les journalistes de télé et du web ne la mentionnent même pas alors que, dispersée, épisodique et cloisonnée elle rame un peu partout en France, minoritaire et avec des revendications fantaisistes dont je vous révélerai plus bas la fonction et... l'inconsistance1. La grève est-elle devenue une nouvelle syphilis ? On sait qu'elle existe, se répand parfois, quoiqu'on dispose de solides potions pour éviter toute contagion, mais il vaut mieux chuchoter à son propos que crier sur les toits. Jadis, pour la moindre négligence des d'infos officielles (state news), les valeureux syndicalistes hurlaient au black-out ; désormais ils déploreront éventuellement quelques fake news.

L'Equipe De France a sans peine remplacé Electricité De France, quoique les dinosaures syndicalistes imaginent encore possible la confusion chauvine. On ne parle pratiquement plus des grèves en une de l'actualité, et c'est normal la foultitude préfère mille fois plus voir courir les manchots milliardaires que chercher à la loupe ou dans les colonnes des faits divers la grève invisible de la SNCF ou la grève masquée à ex-EDF. La grève SNCF tout le monde s'en fout désormais. L'aristocratie du rail et les petits chefs contrôleurs, minorité gréviste, peuvent bien se réfugier dans les bras des jusqu'auboutistes CGT et SUD déraille, et continuer à figurer dans le scénario de la grève sans fin ni réflexion, cela ne gêne plus que les milliers d'usagers prolétaires qui galèrent tant et plus et honnissent plus encore ce bordel syndical sans logique de classe et piégé par la représentation nationale bourgeoise. Quoique, vu le cynisme de Badinguet Macron on connaisse des bouffées d'indignation qui nous susurrent intérieurement qu'un vrai redémarrage décidé et contrôlé par les cheminots grévistes eux-mêmes généralisant la lutte de classe, serait merveilleusement nécessaire. Mais faut pas rêver, le principal sale boulot n'est pas celui du croque-mort Macron et des godillots parlementaires mais de ses assistants de la syndicratie, incorrigibles saboteurs et inventeurs d'une noria de revendications totalement étrangères à la classe ouvrière. Les enjeux sont brouillés avec les concepts de la gauche bourgeoise avec cette notion radicale fumiste: la défense du service public, zone de l'activité municipale de l'Etat bourgeois qui n'a jamais fait partie jadis des revendications ouvrières traditionnelles. Il est vrai par contre que la bande à Macron remet en cause tous les statuts, mais ceux-ci peuvent-ils être considéré comme des "conquêtes ouvrières" ainsi que le résidu du PCF et les trotskistes le proclament? Certainement des garanties pour fidéliser une partie de la classe ouvrière au fonctionnement régulier de l'Etat, dans les besoins de la reconstruction, certainement pas une sinécure ni une homogénéisation d'une "sécurité salariale" ou d'un même traitement pour l'ensemble du prolétariat. J'étais bien le seul à  pester dans les 70 sur le fait que la "nationalisation" n'embauche pas des ouvriers étrangers, sauf pour la sous-traitance des sales boulots (creusement des fossés pour le passage des câbles). D'autres enjeux sont masqués derrière le cinéma impulsif de la syndicratie lançant inopinément une autre grève perlée au prétexte d'augmentations mirifiques des salaires, un truc qui marche toujours en soi (qui est contre l'augmentation des salaires?). D'après d'anciens collègues à qui j'ai téléphoné, les permanents menteurs font courir le bruit que le trust de l'eau Suez bouffe ce qu'il reste d'EDF (et RTE) et de GDF; possible mais ces hâbleurs professionnels ont surtout peur pour la longévité de leur pouvoir bureaucratique. La plus grande confusion règne avec les sigles successifs dans les zig zags pour se conformer aux règlement européens drastiques du libéralisme fol. En 2015 GDF-Suez est devenu Engie, Suez s'était associé à GDF en 2008. En 2016 Erdf devient Enedis, nom bizarre dont seuls les technocrates obscurs connaissent la signification. Une chose est sûre, au milieu de toutes ces tractations dans la gestion du capital "nationalisé" européanisé, la syndicratie reste nécessaire à l'Etat pour démanteler et redistribuer des parts de l'ancien mastodonte aux acteurs et escrocs financiers.


« Les salariés d'Enedis s'organisent pour une grève longue »... quand c'est plus le moment !

C'est en passant devant le site Enedis d'Arcueil, tout bariolé de calicots CGT que je me suis douté qu'il se passait quelque chose dans l'ancienne boite EDF. Nul gréviste n'était visible. Je comprenais soudain pourquoi cette agence avait été bâtie en retrait de la rue du magasin CORA. Il y a plus de vingt ans l'Etat et les managers d'EDF (ingénieurs syndiqués au syndicat cadres CGT) avaient déjà planifié d'effacer EDF de la vision des « usagers ». Le bâtiment ultra-moderne et sans le sigle de la maison avait donc été construit en arrière du terrain. Par la suite, devant ont été bâti des barres d'habitation genre HLM confortable avec balcons. Nos grévistes de 2018 de cette agence locale masquée par les barres d'immeuble devant sont à l'image de la grève qui a lieu de façon dispersée et sans centralisation autre que celle du syndicat d'Etat la CGT, ils peuvent taguer, peinturlurer, accrocher comme un collier de bijoux des compteurs Linky, ils restent invisibles pour ne pas dire ridicules avec la revendication chauvine commune à la SNCF.

Faisons la synthèse des divers blogs ou sites comme Rebellyon (hi ho hi hi) qui « informent » sur le déroulement de cette grève invisible. Les chiffres varient sur le nombre d'agences ou de sites concernés, mais où c'est toujours une minorité des « bases », c a d techniciens aériens et souterrains qui bloquent portails et accès aux magasins techniques. Par ma longue expérience de ce milieu, je sais que ces « bases » sont toujours les plus malléables et manipulées par le trust CGT : c'est du lourd, des forts en gueule et qui marchent au quart de tour sans réfléchir. Un ancien collègue me dit qu'il y aurait 80 centres touchés, tel site 120. Le déroulement de la grève n'est en aucune façon une grève « dure » mais « à la demande », saucissonnée comme à la SNCF, celui-là peut faire grève une heure par jour, le plus maso toute une journée avant de se rendre compte au bout de deux jours que c'est cher payé le scénario torché par la syndicratie.

Sur un blog de gréviste on trouve la description suivante : 

« Plus de 245 sites dans le mouvement pour l'instant, au moins 120 occupés ou bloqués, la grève commencée il y a 6 semaines à Cantini (Marseille) se développe comme une traînée de poudre.
Ils veulent la nationalisation de tout le secteur de l'énergie, une augmentation de 400 euros, salaire mini 1800 euros, pas de suppressions de postes... 
CHEMINOTS, ELECTRICIENS, GAZIERS, POSTIERS, RETRAITES, ETUDIANTS, HOSPITALIERS... TOUS ENSEMBLE ! C'EST LE MOMENT ! ».

Ce langage enthousiaste neuneu me rappelle la magouille de la CGT en 1987 face à une grève des cheminots qui avait précédé et débordé la flicaille syndicale. L'appareil avait appelé à la généralisation des luttes au moment où la grève SNCF s'écroulait : résultat démoralisation générale et cartes syndicales déchirées dans les centres EDF où nous étions pourtant nombreux à appeler à faire grève avec les cheminots depuis le début de leur lutte « sauvage » à Saint Lazare. Derrière la nouvelle série dénonciation des"cures d'austérité" (modèle 2018) voici comment a été formulé le signal d'alarme aux troupes :
« La CGT, premier syndicat des industries électriques et gazières, dénonce les "cures d'austérité" menées au sein du groupe EDF depuis "de trop nombreuses années" ainsi que le gel des salaires. "Face au mur de la direction et du gouvernement", la CGT a appelé les salariés à "refuser leurs départs" dans les Fire "pour exprimer leur désapprobation sur les mesures d'austérité et revendiquer l'ouverture de nouvelles négociations salariales ». Y a pas plus flou ni aussi substitutionniste syndicrate !
Il est évident que, de même que le scénario de la grève perlée est une ficelle très ancienne du syndicalisme pourri, de même le syndicat d'Etat CGT, depuis le mois de mai, depuis que la grève SNCF n'est plus qu'une palinodie de lutte réelle, a lancé une grève de la surenchère à Enedis sous couvert du ringard et miteux « tous ensemble ». Vachement efficace dans le genre noyade totale ! En plus on s'achemine vers la période des sacro-saintes vacances, en général période de totale démobilisation des consommateurs prolétaires au plan politique tout au moins. Et au surplus un mundial effaceur de tous critères de classe. La syndicratie sait très bien organiser un planning de défaites et de balades inutiles que le gréviste de base neueu n'imagine même pas dans son combat « local », avec bières et merguez et pneus brûlés (Hulot ne proteste pourtant pas contre de tels pollueurs ni Taubira ni Besancenot). C'est bien la lutte de classe qui part en fumée.
Voyons à présent comment est décrite la « coagulation » (terme macronien) de la lutte :

« camionnettes bleues et palettes en flammes, banderoles et drapeaux : depuis le 7 juin à 5 heures du matin, 70 agents environ se relaient sur le piquet de grève qui bloque le site Enedis de Vénissieux, des deux côtés de la rue Germaine-Tillion. L’implantation vénissianne de l’ex-ERDF compte 110 salariés. Importante base logistique, c’est de là que partent les interventions sur le réseau auprès des clients, c’est aussi le siège de la direction de l’opérateur pour le « sillon rhodanien » (Rhône, Isère, Ain, Loire, Drôme, Ardèche). Le 8 juin, les électriciens ont été rejoints par les gaziers : les 10 salariés de l’établissement GRDF de Saint-Fons ont rallié le mouvement, sur la base des mêmes revendications : « défense du service public, de l’emploi et des salaires » et l’ouverture de négociations. La direction d’Enedis a proposé de tenir une réunion lundi 11 juin avec les grévistes, le temps de trouver un interlocuteur du côté de la direction de GRDF…Défense du statut, refus de la sous-traitance des activités, revendications sur les salaires et les conditions de travail… Le conflit présente beaucoup de points communs avec celui de la SNCF. D’ailleurs, les électriciens et gaziers prévoient une manifestation commune avec les cheminots grévistes du centre SNCF de Vénissieux, le 12 juin.
« Notre statut, hérité du service public d’EDF-GDF, est une garantie de qualité et de sécurité, explique Guillaume, délégué syndical. Le recours de plus en plus fréquent à des prestataires externes privés, qui n’ont ni les mêmes garanties collectives que nous ni les mêmes compétences, est une menace pour la sécurité des opérateurs et des clients. Nous voulons stopper cette politique d’externalisation dangereuse, dictée par le moindre coût ».
grève barricadée
Résumons les sornettes. Tout a été planifié par l'appareil national du syndicat. La nouvelle grève feuilleton n'est pas partie de Marseille2 mais des bureaux parisiens (merde à l'OM!). Le ralliement de dix salariés de GRDF c'est une section syndicale entière qui vient faire coucou aux « potes » de Vénissieux. La manifestation commune avec les syndiqués CGT du centre SNCF de Vénissieux c'est blanc bonnet et bonnet blanc, ces affidés suivistes CGT ne vont pas discuter les ordres et la planification des bureaux parisiens du syndicat étatique. Une vraie rencontre pour désigner les vrais soucis des grèves, la recherche de l'unité sur la base de revendications communes non dictées par la syndicratie et le contrôle de la marche du mouvement et de ses délégués, toutes choses qui sont autrement subversives dans la réalité et exclue de l'abstraction et de la fumisterie de ce langage syndicaliste simplet. Voyons comment se passent les « rencontres » avec cheminots et usagers :
« Les grévistes réclament "l’arrêt de l’externalisation de leurs activités, donc le maintien des emplois au statut des Industries électriques et gazières ; une hausse du pouvoir d’achat par l’obtention à minima de 200 € brut ; l’embauche des alternants et intérimaires afin de compléter les équipes et une nouvelle organisation du travail qui prenne en compte les réalités du travail et la garantie des missions de service public (poil au public!).
Venez soutenir les camarades de l’Energie en lutte pour leurs salaires et conditions de travail. Venez manger et regarder le match France-Australie sur le piquet de grève. Rendez-vous convivial à 11h45 au 2 rue Germaine Tillion à Vénissieux.
Il y aura des animations sur place, un barbecue et des activités conviviales et familiales, et jeux pour les enfants.
Pour en savoir plus sur la lutte des gazier.ères d’Enedis .

Discuter grève et extension du … ballon rond avec un vocabulaire féministe c'est typique du trotskien infiltré entre bière et barbecue... discussion nulle garantie pendant match nul ; les trotskistes accompagnent toujours les illusions des prolétaires sur le ballon rond depuis des lustres. Passons maintenant au témoignage d'Eric qui nous a fait beaucoup rire, et qui est génétiquement codé, à l'évidence c'est un encarté NPA puisqu'il a demandé au site qui a recueilli son « témoignage » de bien orthographier avec la grammaire féministe trotskienne :


Le témoignage d’Éric
 « Au bout de onze ans d’ancienneté, je touche 1.480 euros net mensuels. C’est mieux que rien mais ça ne va pas avec notre niveau de responsabilités, s’insurge Éric, jeune trentenaire. Tous les jours, on met notre vie en jeu parce qu’on doit travailler sous tension, et de plus en plus vite, pour faire le plus de clients possibles en une journée. On n’est plus des agents au service des usagers, mais des chauffeurs-livreurs express. Sauf qu’on ne livre pas des pizzas, on intervient sur de l’électricité ». Le jeune homme raconte sa journée-type : « chaque matin, le planning donne l’itinéraire de la tournée avec un minutage précis, sans tenir compte de la circulation réelle, du temps passé à se garer… À peine terminée une réparation, il faut vite filer sur une autre. C’est souvent impossible de respecter ces horaires irréalistes, même en faisant sauter la pause-repas. Hier, j’ai dépanné 15 clients répartis sur 5 communes, de Lyon à Collonges. On n’a plus le temps nécessaire pour faire comprendre au client ce qui a causé la panne, de lui donner des conseils, c’est fini. Nous, on ne fait pas ce boulot pour devenir riches mais pour être utile. C’est pour ça qu’on accepte les astreintes 24h/24, d’être appelés en pleine nuit pour réparer les lignes cassées par la neige ou les tempêtes, même à l’autre bout du monde. Mais il y a 11 ans, si on m’avait prédit comment les choses évolueraient, je n’aurais pas signé. On aime tous notre métier mais notre propre direction nous le fait détester ! »

Le témoignage de la cheffe bonze CGT
Pour Maud Millier, secrétaire générale du syndicat CGT lyonnais de l’Énergie, le témoignage d’Éric illustre bien les effets de « la casse organisée du service public ». Elle lie la situation actuelle à la désintégration de l’entreprise, séparant d’abord EDF de GDF, puis EDF d’ERDF (rebaptisée Enedis en 2016), « puisque la logique libérale impose de séparer les activités de production et de distribution, au mépris du bon sens et de l’intérêt général ». La syndicaliste explique qu’Enedis compte supprimer 2.000 emplois jusqu’en 2019. « L’un des moyens d’y parvenir est de dégoûter les agents ou de les pousser à la faute. Et ça marche : on compte au moins une démission par mois à Enedis Lyon et il n’y a jamais eu autant de conseils de discipline, convoqués à la moindre occasion ».
Le pleurnichard Eric n'a jamais bossé dans le privé ni en usine. Son boulot je l'ai fait pendant 35 ans, c'est cool les boulots externes même de dépannage. Pas la peine d'héroïser les dépannages sous la neige, c'est le côté noble et super Tarzan du job, les agents adorent, ils sont accueillis mieux que les pompiers, invités à boire le cognac au chaud, etc. Faut pas exagérer non plus les cadences et les conditions sont pires dans les bureaux comme dans la plupart des boites ou usines du privé. Et la fable « on aime notre métier » raisonne chez l'ouvrier du privé drôlement « métier de planqué oui ! Beaucoup de pleurnicherie pour rien. Quant à la bonzette syndicale et le combat pour l'entreprise nationalisée et une façon très hâbleuse de charger la barque de la « répression », le barnum CGT en a profité pendant 50 ans et tous ses secrétaires généraux ont accompagné la privatisation avec de solides compensations de carrière.


DES ELECTRICIENS MISSIONNAIRES ET MOINES DU « SERVICE PUBLIC » ?

« Nouveau mouvement social pour la défense du service public, comme les cheminots les salariés de l’énergie luttent pour défendre l’énergie pour tous, au juste coût, et un service égal pour chacun sur tout le territoire. Le statut des salariés est une garantie non seulement pour le personnel mais aussi pour l’usager qui peut compter sur un service de qualité servi par des agents motivés par leur mission. Il est nécessaire de faire front pour défendre les services publics que Macron brade au privé,Aujourd’hui, dans tout le pays, environ 80 agences d’Enedis seraient en grève. Dans les cinq agences de la métropole de Lyon, depuis jeudi 7 juin, on compte 70 grévistes sur environ 150 salariés. Le piquet des grévistes s’est installé devant l’agence de Vénissieux, et ils se relaient en 3x8, en étant huit à quinze chaque fois. Ils ont été rejoints dans la grève par les employés de GRDF de Saint-Fons. Les grévistes en ont assez des bas salaires : ils revendiquent une augmentation de 200 euros par mois. Ils en ont assez de l’augmentation de la charge de travail à cause des suppressions d’emplois : il faut faire toujours plus d’interventions dans une journée. Ils en ont assez des fermetures d’agences, pour la défense du service public de l’électricité. Ils dénoncent l’externalisation des activités à des sociétés sous-traitantes, comme par exemple l’entreprise Codice, qui relève les compteurs et pose les compteurs Linky, et qui traite ses salariés « en dessous de tout ». Craignant aussi de perdre leur statut, ils se retrouvent dans les revendications des cheminots. À Lyon, ils ont pris contact avec ceux du dépôt de Vénissieux, tout proche. Mardi 12 juin, journée de grève des cheminots, ils se sont retrouvés ensemble devant l’agence Enedis, avec aussi des délégations de différents sites de cheminots, à une centaine, puis ils ont manifesté dans la zone industrielle avec un arrêt devant Codice. Pour l’instant la direction ne négocie pas, alors la grève se poursuit ».

Du bla-bla syndical creux. Du côté des suivistes gauchistes, le NPA est plus soucieux de défendre les taxis de la mer et l'invasion des migrants (et surtout de la misère) qui est un big business pour les assocs humanitaires (35 euros par migrant, « on en accueille pas assez » a dit frère Fassin), quand LO ne consacre qu'un court article de « correspondant » pour se mettre aux basques de la syndicratie éternellement :

« Aujourd’hui, dans tout le pays, environ 80 agences d’Enedis seraient en grève. Dans les cinq agences de la métropole de Lyon, depuis jeudi 7 juin, on compte 70 grévistes sur environ 150 salariés. Le piquet des grévistes s’est installé devant l’agence de Vénissieux, et ils se relaient en 3x8, en étant huit à quinze chaque fois. Ils ont été rejoints dans la grève par les employés de GRDF de Saint-Fons. Les grévistes en ont assez des bas salaires : ils revendiquent une augmentation de 200 euros par mois. Ils en ont assez de l’augmentation de la charge de travail à cause des suppressions d’emplois : il faut faire toujours plus d’interventions dans une journée. Ils en ont assez des fermetures d’agences, pour la défense du service public de l’électricité. Ils dénoncent l’externalisation des activités à des sociétés sous-traitantes, comme par exemple l’entreprise Codice, qui relève les compteurs et pose les compteurs Linky, et qui traite ses salariés « en dessous de tout ». Craignant aussi de perdre leur statut, ils se retrouvent dans les revendications des cheminots. À Lyon, ils ont pris contact avec ceux du dépôt de Vénissieux, tout proche. Mardi 12 juin, journée de grève des cheminots, ils se sont retrouvés ensemble devant l’agence Enedis, avec aussi des délégations de différents sites de cheminots, à une centaine, puis ils ont manifesté dans la zone industrielle avec un arrêt devant Codice. Pour l’instant la direction ne négocie pas, alors la grève se poursuit ».

LO ne précise pas que électriciens et cheminots se sont retrouvés « ensemble » mais du même cartel CGT et sous contrôle ! LO se garde intelligemment de reprendre les revendications cogestionnaires, chauvines et concernant l'insondable « service public ». Mais nos trotskiens lèchent bottes des appareils se gardent de dénoncer les principales pleurnicheries staliniennes, très « populistes » en fait désormais et reprises par les identitaires et le nouveau FN :

« ... ce gouvernement va très vite pour démanteler la spécificité française héritée du conseil national de la résistance et enrichit par les luttes au fil du temps. Santé, collectivités territoriales, SNCF, EDF GDF… les habitants ont besoin des services publics, chacun en a conscience. Il est nécessaire de soutenir les salariés qui se battent pour défendre le bien commun ».

Ladite « direction » de ENEDIS3 proposerait pour calmer le jeu (pipé) une prime de 150 euros, mais 4.
la mafia syndicale a sorti la carte de « 4 NR sinon rien » devenue très populaire pour les gogos qui « marchent derrière ». Or un NR (niveau de rémunération) c'est une hausse de salaire de 50 euros X 4 chaque mois pour des milliers de salaires. Intenable ! Aussi débile qu'à Air France. Surenchère
grève fâchée avec l'orthographe...des "usagés"syndicrates
invalide et fausse généralisation voici donc la tactique et le scénario final des apaches syndicaux à la veille des holidays et du Tour de France (français!). Un suiviste de base résume bien le niveau gréviste à Enedis et ailleurs en ce moment : « On est des exécutants, on exécute, on ne réfléchis pas et surtout on ne pose pas de questions »
Une chose est sûre, du point de vue maximaliste la grève classique n'a perdu aucune valeur, et les nouvelles grèves fabriquées par la syndicratie ne sont pas vraiment contagieuses, elles n'ont que la modeste perversion de généraliser la démoralisation.





notes



1 On lit sur un site syndical, sans rire, que la grève est « difficilement perceptible » et pour cause : « Difficilement perceptible, la vague de grève du secteur de l’énergie s’est étendue sur la région avec Salon entré hier en grève. Ils exigent 10% d’augmentation de salaires (restés au ras du plancher depuis 25 ans quand les dividendes reversés aux actionnaires se sont envolés), embauche et revalorisation des précaires et le retour au 3/8 pour un pôle public efficace. Les agents de l’énergie ont emboîté le pas aux cheminots « parce qu’avant eux, c’est notre service public qui a été vendu à la découpe et été livré au privé », rappelle Pascal Laffage, délégué CGT Enedis sur le site du Merlan. Le mouvement tient, sans que les usagers n’aient eu à en pâtir vraiment, sinon quelques gros clients. Dans un premier temps, les arrêts de 10h à 14h « ont foutu en l’air les programmations de chantiers », explique Pascal, qui estime la perte financière à « 35 000 euros ». Ensuite, les coupures sont « ciblées », touchant plus particulièrement Carrefour à Aix-Les-Milles ou la zone de la Duranne. La stratégie doit payer aujourd’hui ». De l'agitation syndicrate pour quedale !
2La CGT est capable de coups de force en tout genre, comme n'importe quel abruti black block. Et d'irresponsabilité totalr par esprit de clan. Par exemple elle peut faire du chantage en cas de tempête ou de besoin urgent (qui peut se justifier depuis la conception élémentaire de « service public » qui peut devenir « sévice CGT). Alors que des milliers de foyers avaient été privés d'électricité en Gironde et dans la Charente, ainsi qu'un millier dans les Landes et qu'un dispositif d'urgence avait été mis en place par Enedis (ex-ERDF) pour rétablir le courant. La CGT avait appelé les salariés à ne pas y participer. : « La CGT mines et énergie a demandé aux salariés de refuser de participer au dispositif d'urgence mis en place par Enedis (ex-ERDF) alors que la France est balayée par les vents. Selon un point d'Enedis, au moins 250.000 foyers étaient privés d'électricité en Gironde et dans les Charentes, ainsi qu'un millier dans les Landes, selon la préfecture de ce département. Enedis a annoncé avoir doublé dès vendredi les effectifs mobilisés en raison des intempéries. De 200 à 400 personnes supplémentaires ont été requises pour leur Force d'intervention d'urgence.Son appel n'aura pas de répercussion sur le processus, a dit la direction. Interrogée par l'AFP, la direction d'Enedis, filiale d'EDF, a répondu que "quelques personnes" s'étaient déclarées en grève et qu'elle a "pu trouver d'autres salariés volontaires". Le curieux appel irresponsable, et fait pour isoler un peu plus les grévistes ENEDIS, n'a pas eu de conséquence néfaste, outre de déconsidérer la CGT, les agents ont fait leur travail de secours.
3A l'origine la « direction » est un euphémisme des collabos syndicaux de la nationalisation pour désigner le collège des ingénieurs en charge de la nationalisation après guerre, où le gaullisme sût inventer un faux socialisme à la sauce nationalisation en lien avec les ministres staliniens ; la nationalisation apparût longtemps comme un îlot de socialisme sans... patrons. . Le terme a toujours une connotation moins négative que patronat, et atténuait la complicité de la cogestion collégiale avec les camarades du cartel CGT qui eux font partie des "directions syndicales", comme disent leurs amis trotskiens. Entre "directions" ils s'entendent toujours à mi-mot.
4Sur le site expansive.info : 4NR sinon rien : entretien avec les salarié.es d’Enedis en lutte
Publié le 15 juin 2018 | Mise à jour le 16 juin : Depuis quand vous avez commencé la grève et comment vous vous êtes organisés pour lancer le mouvement d’occupation ?
« On a commencé il y a 15 jours à peu près avec 1h de grève par jour (nota bene). En fonction des compétences de chacun·e, chef·fe de travaux ou opérateur-ice, on s’arrangeait pour qu’un·e opérateur-ice ou un·e chef·fe de travaux soit en grève pour que les chantiers soient bousculés ou pas finis en entier. Ça a bien perturbé pendant 1 semaine.(...)On est des éxécutant·es : éxécute, ne réfléchis pas, et surtout pose pas de questions ».