PAGES PROLETARIENNES

vendredi 20 avril 2018

SNCF BASHING, épisode 6: LA GRANDE ABSENTE LA CLASSE OUVRIERE


et les nullités syndicalo-gauchistes
« Je vois bien que, quand les peuples sont mal conduits, ils conçoivent volontiers le désir de se gouverner eux-mêmes ; mais cette sorte d'amour de l'indépendance, qui ne prend naissance que dans certains maux particuliers et passagers que le despotisme amène, n'est jamais durable : elle passe avec l'accident qui l'avait fait naître ; on semblait aimer la liberté, il se trouve qu'on ne faisait que haïr le maître ».
Tocqueville (L'ancien régime et la révolution, Chap 3, « Comment les français ont voulu des réformes avant de vouloir des libertés »).


La détestation de Macron peut-elle mener à la révolution ? Tocqueville écrit aussi dans un chapitre bourré de rébus et pas toujours clairvoyant: «  l'expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d'ordinaire celui où il commence à se réformer ».Le gouvernement Macron ne se réforme pas – il ne peut pas réformer l'Etat bourgeois en l'espèce – mais il prétend réformer, c'est à dire accélérer le processus d'ubérisation d'un capitalisme mondial hyper endetté. Il prétend mettre fin aux lenteurs et au laxisme des gouvernements précédents. Avec une arrogance certaine,le président Macron prétend foncer, sans se calfeutrer, vers une consécration européenne. Tous les gouvernements précédents avaient fait l'objet d'un état de grâce. Celui-ci fait l'objet d'une particulière disgrâce comme on peut le constater par toutes les agitations qu'il suscite.

MACRON BONAPARTISTE

Difficultés cycliques et récurrentes de la bourgeoisie française ou coup de pied dans la fourmilière ? Prenons les choses à l'envers du décor en gardant en tête que pour bien gouverner tout Etat doit disposer d'une opposition conséquente, faire-valoir ou alternative.
Mettons que Macron se casse les dents. Le pays est gagné par la paralysie, une chienlit pire que celle qui déstabilisa De Gaulle. Quelle alternative ? Macron obligé de dissoudre l'assemblée à sa botte pour de nouvelles élections, chose jamais vue en début de mandat... Quels partis pour séduire un électorat hétéroclite et un prolétariat absent ? Ou plutôt quels programmes de la part de la myriade de micros partis soit pour endiguer le libéralisme « en folie » soit pour préserver un changement dans la continuité ? Voire quel inimaginable nouveau mai 68 porteur de changements sociétaux mais surtout pas de bouleversement révolutionnaire de la société capitaliste ?
Résultat, la détestation de Macron, du fait de sa surexposition, ne mène à rien. On peut même faire la déduction de nombre de journalistes « analystes » ou « chef du service politique », et proches du pouvoir : les divers mécontentements empilés rendent service à Macron ; ils oublient d'ajouter que c'est aussi pourquoi il mise sur la lenteur à solutionner des contestations qui servent à revaloriser la fonction autoritaire de l'Etat. Mais pas seulement. Le problème est qu'il n'y a plus d'opposition crédible, ni aucun « cabinet fantôme » en France avec l'écroulement de la fausse opposition droite/gauche. Il y faudra des années... De la gauche unie on est passé à la gauche plus rien, et surtout à la gauche n'importe quoi. De la droite « qui rassemble » on est tombé dans une droite qui tremble dans ses casemates dispersées.
En France, en réaction à la déshérence des partis, le bonapartisme a toujours été une solution transitoire et nécessaire, avec les quelques grandes lignes suivantes :
. la conception hiérarchique de la société impliquant la constitution d'une élite fondée sur le mérite ;
  • la prééminence de l'exécutif gouvernemental sur les assemblées parlementaires ;
  • le bien-fondé d'une administration centralisée ;
  • la volonté de réconciliation nationale par-delà les partis diviseurs ;
  • la grandeur de la Patrie ;
  • redonner de l'importance au clergé ;
  • construction de logements sociaux, grands boulevards, livrets d'Epargne pour les ouvriers, accent mis sur l'éducation populaire, etc
  • politique sociale audacieuse mais visant à favoriser émulation et arrivisme
Le bonapartisme introduit aussi des réformes sociales novatrices, au nom du « bien de tous » mais en réalité pour dissoudre le prolétariat comme le lui reproche, sous Badinguet, l'AIT. Le bonapartisme réapparaît toujours dans les périodes d'instabilité politique, mais n'explique pas tout ni ne résout toutes les contradictions contrairement à l'analyse qu'en fait Trotsky1 ; il ne signifie pas à tous les coups que c'est le prolétariat qui est menaçant.

UNE CLASSE OUVRIERE ABSENTE DANS TOUTES CES AGITATIONS PROFESSIONNELLES ET CATEGORIELLES

Désolé pour les adeptes d'un prolétariat invariable ou toujours sur les charbons ardents, mais il faut bien le noter, pas seulement face aux faibles mobilisations dans la rue, mais la classe ouvrière ne suit pas les bobos en ébullition. Le Nouvel Obs voudrait bien dissoudre cette notion de bobos, mais la réalité est là : au mètre carré de manifestants ce sont surtout les bobos syndicaux qui agitent les fanions de leur chapelle syndicale ; d'ordinaire plus il y a de drapeaux syndicaux concentrés moins il y a de prolétaires réellement en lutte. La minorité « bloqueuse » de bobos étudiants du NPA n'abuse pas la majorité des braves étudiants inquiets pour leurs examens qui risquent pourtant de ne plus leur assurer un statut de cadres ni même de cadres du prolétariat. Les glands de la croizade marginale en Bretagne servent de repoussoirs à toute lutte sérieuse de classe.
L'absence d'un engouement ou d'une pression tangible de la masse de la classe ouvrière n'est pas simplement liée à sa méfiance vis à vis des agitations dispersées et creuses, mais plus fondamentalement un questionnement sur les revendications des uns et des autres. A Air France ils ne se battent pas contre un salaire de misère. A la SNCF, où beaucoup n'y croient plus et sont conscients qu'on les a parqués dans une grève archi bidonnante, la notion de « bastion ouvrier », vieille resucée stalinienne, appliquée naguère aux grosses usines automobiles, a du plomb dans l'aile. Le mensonge des oppositionnels (site en construction) de la gauche dite radicale et de ses suivistes trotskiens repose toujours dur l'OUBLI, l'oubli des trahisons successives et récurrentes des syndicats2, l'oubli que les nationalisations c'est fini et que cela n'a jamais été un acquis ouvrier n'en déplaise aux falsificateurs trotskistes de toute secte3.
A la défense des nationalisations on a substitué la « défense du service public ». Douce plaisanterie ! Comme si on pouvait placer sur le même plan une gestion très capitaliste et très hiérarchisée des entreprises publiques et les coopératives ouvrières de naguère !
OUBLI aussi de la farce de 1995 du « tous ensemble » creux et mensonger ! Les gauchistes et leurs complices syndicalistes nous resservent cette année comme un mythe victorieux, alors que l'éviction de Juppé n'a rien changé au long terme et que, il faut le dire, la concession temporaire aux cheminots, a permis par la suite de Fillon à Macron, de faire passer toutes les réformes de retraite (qui ne sont jamais terminées...). Le bastion ouvrier, avec ses avantages (et inconvénients) peut bien devenir un bastion de la réaction, mais il ne concerne pas les intérêts de toute la classe ouvrière4 ni ne représente une option de gestion alternative au capitalisme.
Par contre, la bourgeoisie et Macron se sont moqués de la prétention à la « généralisation » affichée avec d'autres mots par les grands comédiens à la tête des centrales syndicales. Pas de « coagulation » en cours a pu remarquer, narquois, Macron. Evident mon cher Watson avec cette compil hétéroclite des mécontents, des abusés et des cocus ! « Convergence » a dit le moustachu de la CGT avec lunettes de soleil pour manifs maigriches le 19 avril, mais parce qu'il fallait bien qu'un syndicat joue au rassembleur de tous les mécontents quand les autres se pinçaient le nez (oubli quand tu nous tiens ! Ils ont fait exactement la même chose en 95 et à chaque épisode des défilés corbillards pour les retraites!). Convergence est d'ailleurs aussi creux que généralisation, et grève générale des brêles gauchistes. Généralisation de quoi ? Encadrés dans une grève cloisonnée non créée par les ouvriers eux-mêmes ni contrôlée par eux... généralisation de l'enfermement corporatif oui ! Et qu'est-ce qu'une généralisation qui ne mélange pas, qui ne permet pas de véritables AG inter-entreprises ?
Plus grave toute cette agitation est creuse et ne concerne en rien l'émancipation de la classe ouvrière. Elle n'est comparable en rien au surprenant et inclassable mai 68 où on n'entendit pas ces fadaises - « il faut faire reculer le gouvernement », « défense de notre statut », « augmentez les salaires » - où dominait un sentiment confus, peut-être romantique, mais prégnant qu'on pouvait changer la société pas en passant son temps à canarder les CRS, ni à bêler les slogans syndicaux, ni à planter des salades et fumer un joint à notre dame des glands !
ON OUBLIE finalement que c'est grâce à toutes ces inutiles balades syndicales que la plupart des « réformes » sont passées sous Sarkozy et prédécesseurs. Les bonzes professionnels savent si bien organiser confusion, dispersion et division.

LE SUIVISME DES RADIS GAUCHISTES derrière la « grève loto »
Septième, puis huitième journée de grève des cheminots, quatrième épisode du mouvement syndicrate commencé en avril (6e selon moi), lequel ne perturbe en rien l'Etat, reste cloisonné derrière les grilles SNCF et les cartels syndicaux. Les usagers peuvent crever et s'ils protestent c'est parce qu'ils sont complices de Macron. Cheminots syndiqués, fonctionnaires encartés, retraités du syndicalisme ou encore salariés CGT de l'énergie (EDF ubérisé) ont eu beau converger hier dans « une première tentative de construction d'un front commun » (sans blague) contre Emmanuel Macron, ils n'ont abusé personne sur la mascarade en cours et leur 133 mobilisations chétives dans toute la France avec l'invitation des gentils étudiants.
Penchons-nous sur le raisonnement torve du NPA, dans les « numéros » de l'Anti-capitaliste, cette antre à bobos se rend bien compte que la classe ouvrière ne suit pas mais lui propose toujours de se coller aux basques des grands syndicats traîtres et d'adhérer à ses gadgets politiques bourgeois :
« Pourtant le gouvernement, tout comme les patrons et directions d’entreprises, campent fermement sur leurs positions. Au grand dam des directions syndicales, ils n’offrent que des simulacres de « négociation ». Jamais il n’a été aussi clair que pour faire aboutir les revendications des mouvements en cours (rejet des contre-réformes, salaires, retraites, conditions de travail, statut, service public, accès à l’université…), la lutte secteur par secteur, entreprise par entreprise ne peut suffire. Les revendications sont diverses mais l’ennemi est commun. Divisés, éparpillés chacun dans son coin, aucun de nous ne sera en mesure de gagner. Unis dans un grand « Tous ensemble », nous pouvons mettre un coup d’arrêt à l’offensive macronienne et commencer à imposer nos exigences.
On le sait, ce ne sera ni simple ni facile. Plusieurs obstacles, qu’il est nécessaire d’identifier, se dressent sur la voie de la généralisation et de l’unification.
En premier lieu, même si le néolibéralisme que le gouvernement porte en étendard ne parvient pas à imposer son hégémonie idéologique dans la majorité de la population, les défaites et reculs du passé pèsent. Les divisions sont ainsi évidentes au sein de la classe des salariés, entre ceux et celles qui conservent encore certains acquis et les autres, déjà précarisés et corvéables à merci, ceux et celles qui sont attaqués et d’autres qui espèrent passer entre les gouttes. L’affaiblissement des traditions collectives de lutte et d’organisation, au profit de la recherche de solutions individuelles, est une réalité. Cette situation est illustrée par les sondages qui montrent, à la fois, le rejet croissant du macronisme au sein des classes populaires et la difficulté à réunir un soutien majoritaire à la grève des cheminots ».
Poursuivons la lecture du queuisme idéologique des militaires NPA, et sa façon d'exhiber à la classe ouvrière l'exemple suprême de radicalité anti-capitaliste anarchiste surprême de NDL... un secteur (?) en pointe de la lutte :
« Le gouvernement et le patronat, puissamment aidés de leur appareil médiatique, en jouent à fond pour tenter d’isoler et discréditer les secteurs en pointe de la lutte. A cela se combine une politique de répression que l’on a rarement vu se développer à un tel niveau – de l’offensive quasi militaire contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes jusqu’aux expulsions violentes d’universités occupées, en passant par les persécutions de syndicalistes comme celle dont notre camarade Gaël Quirante est victime, sans parler du traitement toujours plus inhumain réservé aux réfugiés.La politique de la majorité des directions syndicales, qui ne se résignent pas à abandonner leurs illusions dans le « dialogue social » et à engager l’indispensable épreuve de force, continue de tirer en arrière. C’est le cas avec la forme de grève « perlée » imposée à la SNCF pour suivre le calendrier des prétendues négociations avec le pouvoir. Et que penser des organisations de la fonction publique qui, après la grève assez réussie du 22 mars, repoussent l’appel à une nouvelle journée au… 22 mai ? ».
Les vieux barbons syndicaux et la machinerie étatique syndicale et leurs « illusions » ! On se pâme devant tant de servilité du soldat trotskiste ! Poursuivons pour mesurer le degré de queuisme même en dénonçant au passage la supercherie mélenchonienne, et l'illusion entretenue d'un réveil de ce pauvre 1er mai voué aux minables processions du personnel syndicrate :
« Les choix des partis politiques qui se situent dans le camp du mouvement ont également des répercussions. Comment à ce sujet ne pas être dubitatif devant l’appel de la France insoumise à une manifestation nationale le 5 mai, lancé sans concertation avec personne et sans lien avec le développement réel de la mobilisation sociale ? Alors qu’à l’évidence le 1er Mai prendra cette année une signification toute particulière ? D’autant que cet appel se double de l’intention de créer « partout en France » des « comités du 5 mai », au moment même où des collectifs unitaires de défense du service public commencent à se former dans une série de villes et quartiers. Ces dernières initiatives, qui reprennent une expérience positive du mouvement de 2003, peuvent en revanche s’avérer très utiles : avec toutes les organisations qui le souhaitent, que l’on appartienne ou non à un parti, un syndicat, une association, se regrouper pour soutenir concrètement les grèves et mobilisations en cours, les populariser, contrer la propagande gouvernementale – et pourquoi pas, décider de manifestations ».
Le préposé NPA, Jean-Philippe Divès n'a aucune honte à promettre la lune sous les oripeaux catégoriels et syndicaux, à imaginer une invisible extension, une généralisation creuse et une auto-organisation... de la syndicratie, avec pour flambeau les blocages d'une minorité d'activistes NPA déguisés en étudiants: « Mais l’essentiel se joue bien sûr dans et à partir des mouvements déjà engagés : l’extension et la généralisation, l’auto-organisation, l’unification – comme on en voit les premières expressions dans les facs occupées et les assemblées générales de cheminots – sont les tâches de l’heure. Macron et ses ministres répètent sur tous les tons qu’ils « ne croient pas à la convergence des luttes ». Tout l’enjeu est maintenant de leur donner tort ».
L'enjeu reste d'épuiser les grévistes obstinés, à tort ou à raison, et à ce titre les entraîneurs trotskiens sont forts. Un deuxième pigiste « accompagne les illusions syndicales » :
« L’affluence tombe généralement de moitié, du premier jour au deuxième, les responsables de la CGT étant les premiers à ne pas encourager aux AG du deuxième jour... à quoi bon, puisque le calendrier est fixé ? ».
Le calendrier trotskiste est lui aussi fixé par la trilogie exemplaire mouvement étudiant/NDDL/cheminots encadrés, mais tout ce potentiel colérique égrené par Stella Monot a fait plouf :
« Le mouvement étudiant continue à monter dans les facs. L’émotion grandit face aux brutalités policières, dont celles commises à NDDL. La manifestation de Marseille du 14 avril est apparue comme un succès. On peut donc s’attendre à ce que rien ne retombe chez les cheminotEs pour la prochaine séquence les 18 et 19 avril. Sans compter que le 19 avril est le prochain grand rendez-vous des colères, en grève et dans la rue ».
Macron provoque « mais il tremble », surtout face au top de la lutte anti-capitaliste :
« La répression et la violence touchent aussi les zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui, après avoir gagné l’annulation d’un aéroport inutile et nuisible pour l’environnement, souhaitent rester sur place pour continuer à travailler la terre et à expérimenter un mode de vie alternatif à celui du capitalisme. Inacceptable pour le gouvernement. Mais quoi qu’il en dise, il ne parvient pas à mettre fin à cette occupation déterminée ».
L'expérimentation d'un mode de vie alternatif au capitalisme a pourtant déjà tournée court et descillé quelques-uns de ses plus naïfs admirateurs ploum-ploum5. La ridicule expérimentation anarchiste de marginaux désoeuvrés permet d'éviter de parler de réelle perspective révolutionnaire voire d'un programme de renversement de la bourgeoisie6. Après avoir rameuter depuis le début aux ordres des appareils syndicaux gouvernementaux, les gauchistes se hasardent à se découvrir critiques :
« La stratégie de « la grève loto » est ainsi remise en cause par celles et ceux qui sont déterminés à aller vers un mouvement d’ensemble. Il est désormais important de regrouper localement, régionalement, voire nationalement les grévistes qui défendent cette orientation avec des AG inter-gares, des coordinations de salariéEs des secteurs en grève, bref, de faire des pas concrets vers la convergence des luttes ».
Mieux, ils/elles surenchérissent alors que l'empilement des protestations se tasse et n'est plus qu'une « coïncidence » (Mélenchon) :
« Étendre les grèves et les faire converger ! Cette conscience qu’il faut aller vers le « touTEs ensemble » pour infliger une défaite au gouvernement et faire ravaler un tant soit peu leur morgue aux riches et aux patrons commence à se frayer un chemin dans les têtes. Il faut désormais bousculer le calendrier défini par les directions syndicales. C’est le moment d’y aller ! ».
C'est le moment d'y aller, mais où ? Les éditorialistes de l'Anti-capitaliste se succèdent à la vitesse du débit oratoire creux de Poutou mais alternant tout feu toute flamme et état dépressif :
«... il faut faire quelques constats politiques. Le premier est que, si la colère est très forte, il n’y a pas de secteur suffisamment puissant pour obtenir une victoire seul. Cela tient à la difficulté, dans un contexte de recul du mouvement ouvrier, à construire des mobilisations majoritaires, en raison, notamment, de la politique des directions syndicales, et à de la détermination du gouvernement ».
On a un résumé en creux du suivisme trotskiste et leur impuissance à encadrer « une classe ouvrière éclatée » (j'aime bien le lapsus politicien et militaire « nous avons besoin ») pour leur « camp social » malgré des quêtes racoleuses et leur fabrique de comitards prêts à relayer une « grève loto » de plus en plus nullissime :
«  C’est pour cela qu’en gardant en tête ce sur quoi insiste souvent LO avec raison, qu’il n’y a pas de convergence des luttes sans luttes, le NPA a initié les réunions unitaires des organisations politiques. Nous avons besoin d’un mouvement profond et interprofessionnel d’une classe ouvrière éclatée, fracturée, en recherche de stratégie, de projet de société. C’est pour cela que nous bataillons pour la constitution de collectifs unitaires de soutien à la grève des cheminotEs et aux services publics : il s’agit d’appuyer la mobilisation de notre camp social partout, au-delà des lieux de travail, pour construire des convergences, enrichir les débats ».
Où le NPA rend service au FN et à « l'opinion » en soutenant la pagaille des « zones de non-droit »
La « colère » des militaires du NPA se trouve des compensations face à l'ingratitude des « masses », cette branche krivinesque du trotskisme décati a toujours fait l'apologie de tout ce qui bouge, même les plus réactionnaires manifestations de la décomposition de la petite bourgeoisie, du violeur Ramadan au voyou de NDDL. La théorie du NPA c'est l'apologie de la populace et du grabuge : la révolution commence dans les « zones » qui échappent à l'Etat : glands de NDDL et glands du Mirail même combat !
Je vais citer enfin l'intégralité du communiqué de soutien toulousain aux « jeunes » émeutiers musulmaniaques des banlieues « défavorisées », ainsi vous verrez ce que signifie l'engagement trotskiste caméléon, un satisfecit complet à l'expansion de la religion musulmane, avec notions inventées de racisme d'Etat et un comique soutien aux très bourgeoises et très hypocrites « institutions internationales ». Que ce genre de communiqué fasse comprendre à ceux qui me lisent en étant dubitatifs sur la nature bourgeoise de cette clique, qu'ils font partie des pires ennemis de la classe ouvrière, et que, si un jour ils étaient au pouvoir ils interdiraient les grèves des cheminots tout comme ils enverraient la troupe dans les quartiers ! C'est avec le même raisonnement que leurs pères en trotskisme ont envoyé à l'abattoir des « libérations nationales » des millions d'ex-colonisés, qu'ils n'ont jamais remis en cause la nature capitaliste du stalinisme ; ils sont par conséquent des impotents coulés dans l'idéologie anarchiste sans principe et étrangers à la théorie marxiste toujours vivante.
« Depuis plus de 48h, des jeunes du quartier du Mirail à Toulouse s’affrontent à la Police. Les raisons de la révolte avancées dans la presse seraient liées à l’interpellation d’une femme voilée et à la mort d’un détenu de la prison de Seysses.
Au-delà des faits, la révolte des jeunes du Mirail exprime le ras-le-bol face à la répression quotidienne contre les habitants du quartier : contrôles au faciès, racisme d’Etat, islamophobie institutionnelle, violences en prison sur les détenus.
Les lois islamophobes donnent une légitimité à la Police pour harceler les musulmanes jugées trop voilées dans la rue. Parce qu’elles oppriment et stigmatisent une partie de la population, ces lois doivent être retirées.
Les conditions de détention en prison et les violences qui y sont associées sont intolérables et la France a été plusieurs fois épinglée sur cette question par des institutions internationales. La jeunesse des quartiers, qui vit sous pression policière et judiciaire permanente, le sait bien et ne supporte plus cette situation dans et hors de la prison.
Le NPA 31 exprime sa solidarité envers les jeunes et les habitantEs du Mirail qui subissent ces violences. Nous exigeons que les forces de répression se retirent immédiatement du quartier du Mirail et rentrent à la caserne.
Toulouse, le 18 avril 2018. 

NOTES


1La bourgeoisie a à nouveau eu recours au bonapartisme en 1851, en raison de l'instabilité de la Deuxième république. C'est ce que Marx décrit dans Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, à propos du Second Empire de Napoléon III. Marx et Engels ont également qualifié de bonapartisme le régime de Bismarck. Dans La guerre civile en France (1871), Marx généralise le bonapartisme :
En réalité, c'était la seule forme de gouvernement possible, à une époque où la bourgeoisie avait déjà perdu, -  et la classe ouvrière n'avait pas encore acquis,  - la capacité de gouverner la nation.[1]
Le 12 avril 1890, Engels écrivait à Sorge: « Tout gouvernement actuel devient, nolens-volens, bonapartiste ». Trotsky et sa définition passe-partout du bonapartisme :
« Par bonapartisme, nous entendons un régime où la classe économiquement dominante, apte aux méthodes démocratiques de gouvernement, se trouve contrainte, afin de sauvegarder ce qu’elle possède, de tolérer au-dessus d’elle le commandement incontrôlé d’un appareil militaire et policier, d’un "sauveur" couronné. Une semblable situation se crée dans les périodes où les contradictions de classes sont devenues particulièrement aiguës : le bonapartisme a pour but d’empêcher l’explosion. »

2Que vous pouvez vous remémorer dans mon livre : « L'aristocratie syndicale », ed du pavé 2010.
3Lénine n'a jamais défendu les nationalisations. Elles servent à la bourgeoisie pour reconstruire le pays après guerre et en même temps à diviser la classe ouvrière entre privé et public (cf. mon livre sur le syndicalisme pourri p.223 et suivantes). La SNCF ou ce qu'il en reste est/était une boite extrêmement hiérarchisée et d'un culot monstre vis à vis de ses employés. Une boîte juste défendable par les bobos trotskiens ! Tout le monde a oublié que les grèves du mitan des années 1980 ont été non seulement réellement prolétariennes mais motivées par l'ignominie de la hiérarchie « nationalisée » ; par exemple à la suite de la série d'accidents atroces de 1985, la hiérarchie ne trouve pas mieux que de lancer un questionnaire humiliant sur la compétence des agents (cf. p.195 de mon livre, paragraphe : « des accidents sociaux à répétition à la SNCF »).
4Même avec l'argutie du syndicaliste moyen : « après les cheminots ce sera toi ! », or le toi est déjà passé à la casserole !
5Dénomination fort péjorative au cours des années 1960 et 1970 des anarchistes qui défiaient la police en fin de manif ou s'exerçaient à la casse gratuite de vitrines.
6Comme par exemple celui-ci : QUE VEUT LA LIGUE SPARTACUS ?

mardi 17 avril 2018

UN EXERCICE DE COMMUNICATION IMPERIAL



Le suspense fût maintenu jusqu'au dimanche soir. Macron prenait des risques en se confrontant à deux bouledogues des médias. On en tremblait presque pour ce rejeton de la finance internationale, si bien formé aux roueries de cette engeance pourtant. Serait-il un nouveau Juppé droit dans ses bottes, friable comme une gaufre, alors que le pays est décrit à feu et à sang, pour ceux qui croient que les pétards de Notre Dame des glands peuvent émouvoir la population dans son ensemble et que les cheminots sont prêts à mourir pour leur statut stalinien. Désolé contestataires acharnés et mélenchonistes pitoyables, l'exercice fût réussi. Avant de vous livrer mon analyse des préparatifs et de la scénographie du déroulement, j'ai été frappé par lucidité d'un anonyme commentateur et par l'accroche de l'Obs.
L'anonyme d'abord a fort bien résumé la bonne préparation du staff élyséen :

« Macron a voulu par cet événement de communication, contrer l’actualité et opposer a l’information de la rue, l’information proactive élyséenne. Ce n’est pas du tout un hasard si son apparition a coïncidé avec l’attaque concertée contre la Syrie.
L’objectif premier était de faire l’événement et dans la foulée l’expliquer et le justifier.
On est à la fois dans une démarche de forme, occuper donc le terrain médiatique, mais aussi dans une démarche de fond, convaincre sur des éléments irréductibles en affirmant sa position, voir à la marge sur les questionnements prévisible des journalistes « ouvrir le débat » sur quelques prises de décisions.
Le choix des journalistes n’a pas été fait au hasard non plus évidemment. Il a été fait selon une stratégie bien calculée. Trouver deux personnalités « terrain » donc proche de la population, à la fois clivantes et reconnues, mais surtout avec des egos bien développés de manière à éviter par tous les moyens un phénomène d’entente deux contre un seul ! Un idéologue sans concession d’une part, et un populiste affirmé d’autre part ont été les choix assumés. Cela n’a pas raté, on a constaté des échanges musclés entre les deux journalistes …
L’idéologue a été l’objet d’attaques chirurgicales pour faire passer la fermeté élyséenne, le populiste a été le miroir de réflexion pour s’adresser aux sentiments populaires. Du grand art en matière de stratégie ».
L'Obs est à peu près sur la même longueur d'onde : «  L’entretien Bourdin - Plenel, degré supérieur de la com politique. Macron renouvelle l’interview présidentielle. Mais en fait sur le fond un exercice taillé sur mesure pour sa communication. "Vous n’êtes pas professeur et nous en sommes pas des élèves..." s’est défendu Edwy Plenel, en faisant une allusion habile au débat de VGE et Mitterrand de 1981. Celui-ci avait pressenti que la faculté de Macron à asséner "ce que je veux vous faire comprendre" finirait par agacer mais il était déjà trop tard. Car pendant que les deux journalistes s’arcboutaient sur leurs questions, s’enferrant dans un bras de fer où le locataire de l’Elysée excelle, l’un et l’autre n’ont pu contrer la force du dispositif.
En 2018, il est triste de constater que face à l’efficacité infaillible de certains interlocuteurs, ce n’est plus la justesse des questions qui peut l’emporter ni l’intensité du dialogue mais la mise en scène et l’organisation du spectacle. Or en ce domaine, c’est l’Elysée qui a la main. En choisissant de s’opposer aux durs à cuire de BFM et de Mediapart, Macron renvoient dos à dos les clans politiques que ces médias représentent malgré eux, la droite terre à terre et la gauche énervée ».

On pouvait s'attendre à ce que le bombardement de la veille en Syrie dramatise la longue interview, mais il n'en fût rien. Pourquoi s'appesantir sur un tissu de mensonges qui voilent la bagarre entre puissances pour le contrôle de la riche région pétrolière kurde. Les deux petits coqs des médias se sont justement bien gardés de dénoncer cette guerre opaque et les divers bobardements idéologiques. Ils n'ont donc pas pris de bien grands risques dans leurs coups de ganaches à répétition face au beau Serge président. Le simisesque Plenel a bien lancé un fort peu destructeur scud à « l'individu Macron » : « vous oubliez le peuple syrien » ; lui non plus dont le seul souci est qu'on laisse se généraliser le port du voile pour femmes soumises. La principale question qui pouvait fâcher était donc exclue de fait de la prestation des deux coqs, l'un genre populiste aboyeur et l'autre vieux gauchiste madré renseigné par la police pour faire passer son torchon, Médiapart pour une justice omnipotente de journalistes trop bien informés mais assez pour faire croire que le capitalisme est réformable à condition de lister tous les scandales,et par conséquent vendre du papier électronique et entretenir une flopée de journalistes claniques et sectaires. L'invocation par Plenel du droit international nous fît pouffer de rire, quand ses amis musulmans militants se fichent de tout droit sociétal et considèrent que les français en général sont des mécréants et des poires.
Macron, non traité comme un président sur son piédestal, ne s'en offusqua point et ne fut nullement ébranlé par le moustachu grimaçant lorsque celui-ci lança la première grosse banderille : « Face aux colères en France, vous êtes autoritaire et vertical, vous avez divisé le pays au lieu de le réunir ». Pauvre Plenel, couché immédiatement par la réplique. Vif, Macron, dénuda la question vicieuse, facile à démonter : l'amalgame grossier, typique d'ailleurs des petits gauchistes excités et des derniers morceaux éparpillés de la gauche bourgeoise déconfite, bute sur une absence de « coagulation » (à la place de Macron j'aurais utilisé le terme de généralisation), qui est un terme d'énarque qui a peur du sang ; en effet entre les petits boutiquiers de notre dame des glands et les travailleurs des hôpitaux et de la SNCF il n'y a rien de commun.

Alors on attaqua le Macron sur la fiscalité, le grand cheval de bataille de la gauche contre « les riches », personnalisation d'ailleurs complètement anti-marxiste et creuse – il n'y a pas une lutte des riches contre les pauvres et les riches ne s'enrichissent pas grâce aux pauvres mais grâce à l'exploitation de la classe ouvrière. Trotskiste un jour, trotskiste toujours. Le niveau zéro du raisonnement politique c'était bien Plenel qui l'incarnait malgré ses aboiements, ou son mignon crime de lèse-majesté (« on n'est pas vos élèves »). Macron eût beau jeu de se moquer des approximations et insinuations. Et est-ce utile de répondre à encore plus bête et plus trotskien comme argumentaire que cette pauvre saillie de Plenel : « Vous ne voulez pas chercher l'argent où il est » ! On comprend que ce type soit au niveau ras de la casquette zadiste pour éructer pareille ânerie : il suffirait de prendre l'argent aux riches, de cesser de leur « faire des cadeaux » ! Un Etat capitaliste honnête quoi ! (Rocard s'est bien moqué en son temps de cette argutie d'anar primaire. Bourdin, souvent désemparé que le président ignore ses questions ou ne leur accorde que peu d'importace, fût moins lourdingue dans le même registre : « L'argent vous savez où le trouver » (ndlr : dans nos poches à tous les contribuables comme pour couvrir la dette SNCF et fret...). Lorsqu'il prit l'intonation du syndicaliste moyen pour dénoncer les licenciements dans les magasins Carrefour, Bourdin lui est bien à l'abri du besoin, il est gentiment remis à sa place comme le vieux moustachu crispé : « merci de vos leçons pour toutes les injustices dans notre pays, je ne suis pas là pour entériner tous les plans sociaux  (…) je ne crois pas à la théorie du ruissellement»1.
Ceci dit et les deux bouledogues tenus sans cesse à distance, le propos du président voguait à peu près au même niveau que l'optimisme béant de son prédécesseur, agrémenté d'un très pétainiste et peu grandiloquent : « je veux remettre le pays au travail ». Il affiche cependant un culot méritoire pour la bourgeoisie française qui doit se démarquer du laxisme de son prédécesseur, qu'il y parvienne ou pas ; d'ailleurs le CCI est le seul groupe non délirant comme les gauchistes à avoir jugé de ce phénomène de personnalisation avec prudence2, mais en en soulignant les faiblesses.
Bien des constats qu'il oppose à ses interlocuteurs férus de « yaka », sont hélas patents. Les défaillances et la crasse s'accumulent dans les hôpitaux, les urgences sont débordées par l'arrivée de personnes âgées, et ce n'est pas seulement par manque de personnel (ou faible rémunération des aides soignantes comme le lui objecte ce pauvre Plenel) mais parce que les médecins traitants n'y viennent plus à l'hôpital, et qu'une grande réorganisation est nécessaire où il faudra sortir de la tarification à l'activité.
Aux questions bêtes de ses interlocuteurs Macron répond par des constats vrais, qu'il pourra ou ne pourra pas corriger peu importe ; et il l'emporte en posant lui les vrais problèmes de terrain contrairement à ce que la valetaille de journalistes jaloux va lui reprocher le lendemain. Il y a un million et demi de personnes de plus de 85 ans... ce qui signifie problèmes de santé, de mobilité, et ce n'est pas en disant comme Plenel ou LO ou le NPA « yaka faire payer les riches » qu'on règlera le problème. « On est vieux plus longtemps ». A 85 ans il leur reste pour la plupart deux ans à vivre... et à être aidé, mais par qui et comment ? Macron a la solution : « il faut investir pour médicaliser ». Bon alors on va voir... Alors Macron ne se gêne pas pour souligner le problème (réel) des retraites, et il est obligé de répéter que la retraite par répartition ce n'est pas le résultat de l'accumulation des cotisations du travail passé de chacun mais le produit de millions qui travaillent ici et maintenant.

Plenel tient à étaler son niveau politique gauchiste ras des pâquerettes : « Vous désignez les cheminots comme responsables de la dette, pourquoi vous ne changez pas les dirigeants ? ». Macron a beau jeu de le renvoyer dans les cordes avec cette pitoyable manière de la gauche neuneu et du trotskiste de base d'attaquer les personnes et de croire qu'en désignant des personnes à la vindicte on peut assainir le système. Macron apparaît ainsi plus marxiste que le pauvre Plenel !
Plenel essaie de se rattraper comme un collégien pris en faute : « c'est votre façon de commémorer mai 68 par la répression ! ». Macron ne désarme pas et ne fait pas dans le sentimentalisme : « mission accomplie, l'ordre droit être maintenu ». Bon cela reste à conclure, car les bobos de notre dame des glands ne vont pas cesser de harceler les flics pour un moment.
Bourdin qui se sent un peu mis de côté par les sabots tiersmondains de Plenel tente de remonter au créneau avec un semblant de culture, en référence à Paul Ricoeur : « "Emmanuel #Macron, est-ce que vous n'êtes pas dans une illusion puérile de toute-puissance ?"
La belle phrase n'émeut point le bellâtre au visage lisse et il débite à nouveau la trilogie sacrée : constitution-élections-législation dont il pose à l'incarnation impériale en correspondance avec les marches mussolinniennes du Palais de Chaillot qu'il a descendues en compagnie de Madame l'impératrice.
Plenel repart à l'assaut, croyant laisser loin derrière le cycliste chancelant Bourdin, qui n'a pourtant pas fait trop de bourdes : « Vous êtes président d'une situation accidentelle, au lieu d'avoir permis l'expression de la diversité des votes (diversité est le mot clé pour camarade Plenel, diversité musulmaniaque comprise), alors que vous n'avez eu que 18%, vous vous êtes donné carte blanche pour passer en force et pas en marche, et vous n'avez produit que des mécontentements ».
Plenel se fait à nouveau moucher royalement. L'autre de lui rétorquer que les mécontentements divers n'étaient pas moindres (il aurait pu ajouter « sous le boisseau » et profitant du laxisme de son prédécesseur) mais pas de pot Plenel, aux législatives le macronisme a triomphé... royalement. Bon prince qui ne s'est point offusqué de la parole provocatrice d'un fayot de la démocratie truquée, Macron n'est jamais surpris, comprend et est d'accord avec l'interviewer MAIS : « cette colère ne peut être levée que si on avance dans les transformations ».
Bouledogue Bourdin se sent des ailes et sors les crocs espérant doubler toutou Plenel : « et votre duplicité selon François Hollande... ». Le spectateur retient son souffle ! Macron va-t-il rougir ? SE lever d'un bond et mettre fin à l'entretien puis faire licencier le zozo de radio ? Du tout, cela ne l'affecte en rien (dans la haute bourgeoisie on apprend dès 3 ans aux enfants à cacher systématiquement leurs émotions) ; il répond comme si on lui avait demandé l'horaire du prochain train sur le quai d'une gare quelconque.
Bourdin tient le bon bout, et se croit assuré d'avoir remisé Plenel au rang de figurant, il sort son joker, qui va émouvoir les 8 millions scotchés devant leur écran plat : « l'Islam fait peur ». On entend Plenel penser : »gros con de facho ». Macron tempère tout en livrant le nombre peu commun d'enrégimentés mais français : « de plus en plus de français y croient, 4 à 6 millions... ».
Bourdin profite de son avantage sur le vieux trotskiste moustachu (teint) : « … je n'obéis qu'à Allah, c'est cela les enfants de la république ? ». Sans sourciller l'empereur ressort son sermon sur le miracle scolaire qui devra opérer pour mieux élever tous les enfants de la république.
L'imam Plenel n'allait pas rester muet, lui le défenseur émérite du voile en banlieue : « ces gens se sentent discriminés, il faut respecter les confessions. On refuse des parents à la sortie des écoles parce qu'elles portent le voile...
L'empereur – cest pourquoi on ne pouvait point le nommer président - sourit à gauche et sourit à droite : pas de foutoir dans le cadre républicain de l'école mais fouloir dans la rue si elles sont sûres d'avoir décidé elles-mêmes de le porter...
Bourdin qui se sait guetté par l'opinion des millions de racistes et de fachos français tente une dernière fois de pousser l'empereur à être plus clair : « ces mœurs bouleversent notre société ». Il est traité comme un crétin : « il faut être intelligent (sic) si on est sûr que c'est la femme voilée qui a fait son choix (mais qui va le lui demander?), on ne peut pas avoir une réponse uniforme (sic). Comprenez : Ni en uniforme.
L'idiot repart à l'assaut du prince : « On vous dit naïf concernant le terrorisme, les fichés S seront-ils tous expulsés ? Les plus dangereux ?

Là encore, nos deux coquins sont complices. Il n'y a pas eu besoin de préparer les questions qui étaient obligatoires concernant SNCF-ND des glands et Université – mais le même silence convenu sur les vraies causes de la « submersion migratoire », la guerre et l'impéritie du post-colonialisme. L'empereur peut tout simplement dériver sur l'explication à gogos : on va démanteler les réseaux de passeurs.
Terrain béni pour frère Plenel qui bondit à son tour pour chiper le micro à Bourdin : « horrible loi sur l'immigration avec trois scandales :
  • des mineurs en détention
  • le droit d'asile bafoué pour les immigrants légaux
  • le délit de solidarité … quand Emmaüs fait appel pour ce ce délit soit supprimé !
Se sentant rejeté, Bourdin fait la surrenchère : « hein et votre ministre de l'Intérieur qui a parlé de submersion migratoire ?
L'empereur s'élève au-dessus des deux manants pour discourir sur le « phénomène migratoire », car à part discourir (c'est un vrai merdier que personne ne peut vraiment gérer et qui est un des signes les plus visibles de l'obsolescence du capitalisme) on ne peut que blablater :
  • le droit d'asile est inconditionnel, il sera respecté (qu'on se le dise!) faut 14 mois mais on essaiera d'aller plus vite ;
  • il y a ceux qui ne relèvent pas de l'asile...
  • les enfants ne sont pas en détention (il n'ajoute pas que beaucoup ne sont plus enfants et que l'enfant n'est que la porte d'entrée pour toute la smala)
  • re-démonter les réseaux de passeurs (pas mettre fin à la guerre en Syrie!)
  • etc. etc. et « ne pas céder à l'émotion ».

On sent qu'un des trois coqs veut avoir le dernier mot. Frère Plenel se jette en premier croyant franchir en tête la ligne d'arrivée : « En France on n'est pas représentatif de la multiculturalité...et il n'y a pas eu de femme choisie pour cet interview ».
Il est plaqué au sol par l'empereur judoka expérimenté : « Ecoutez j'aurai l'occasion certainement d'inviter ultérieurement des femmes journalistes et vous, vous ne pouviez pas changer de sexe durant cette interview ».
Paf ! On se pâme dans les chaumières pour ce pauvre grimaçant qui, finalement permet à l'empereur de secouer ses lauriers : « le grand combat, cette bataille enthousiasmante et emblématique pour l'émancipation des femmes, la violence faite aux femmes est déclarée grande cause nationale3, d'ailleurs je suis le premier à avoir imposé la parité totale... ». Pourquoi ne pas déclarer les sans dents cause nationale?

Concluons que nos deux lascars interviewers n'ont pas démérité de la patrie, et même plus ils ont rendu un fieffé service à l'empereur. On a plutôt envie d'être du côté des grévistes qui refusent de discuter avec les menteurs professionnels, et tout représentant arrogant de l'Etat bourgeois.

Une remarque enfin sur la préparation du boxeur empereur. Pour la solennité c'est raté. Le palais de Chaillot conçu en 1937, année de la mode architecturale mussolinnienne, est un local ridicule et démodé. De plus le scintillement de la tour Eiffel par moments dans le dos de l'empereur nous donnait l'impression qu'il nous faisait ses voeux de Noël ; et comme on croit plus au père Noël...
Le staff a été très malin. Nombre des réparties les plus cinglantes ou humoristiques ont été soufflées à l'empereur par ses conseillers. Il y a quelque chose de subliminal pour ne pas dire sublime, non pas d'avoir choisi "deux blancs de plus de 60 balais" (cf. les ostracistes multicuculs de merdapart) mais deux vieux tout ridés et moches pour interroger l'empereur qui, lui seul, put incarner... la jeunesse face à de vieux barbons râleurs d'un autre âge! Si j'étais la gauche antiraciste et caviar j'exigerais l'interdiction du mot vieux, comme c'est le cas pour le mot race, afin qu'on soit tous une bande de jeunes sans discrimination sur les rides et les affres de l'âge! Ni obligés de porter un masque d'homme grenouille comme nos camarades de ND des glands.

La mise en scène a été trafiquée de façon à toujours donner le beau rôle et le beau profil à l'empereur. J'ai trouvé très étranger qu'on ne le filme jamais lorsqu'il buvait son verre d'eau, et il a descendu plein de petites bouteilles qu'on devait lui livrer hors champ, quand les deux figurants ne disposaient apparemment d'aucune boisson. Il est vrai que l'empereur était dans la position du débiteur de parole. Pourquoi alors nous avoir caché qu'il buvait souvent un verre d'eau après chaque accrochage ? Eh bien parce ceci vaut aveu de faiblesse. Dans l'algarade, dans le conflit la gorge se dessèche, c'est la meilleure preuve que le technocrate accuse le coup d'ailleurs. Macron a bu beaucoup d'eau ce soir-là. Que le caméraman qui a laissé voir à deux reprises le verre reposé en coin par le bras auguste de l'empereur prenne garde à son statut. On risque de lui dire que la modernisation de son poste exige qu'il soit viré.




NOTES:


1http://www.liberation.fr/france/2017/10/04/enrichir-les-riches-la-theorie-du-ruissellement-n-existe-pas-mais-inspire-des-politiques-inefficaces_1600833
2« Comme De Gaulle dans les années 1940 et 1950, Macron a été un coup de chance pour la bourgeoisie française aujourd’hui. C’est en grande partie grâce à lui que la France a évité d’atterrir dans une impasse politique similaire à celles où se trouvent actuellement ses homologues américain et britannique. Mais le succès à plus long terme de cette opération de sauvetage est tout, sauf garanti. En particulier, s’il arrivait quelque chose à Macron, ou si sa réputation politique s’altérait gravement, sa République en Marche risque de tomber en morceaux. C’est le handicap caractéristique de la "direction charismatique". Il en va de même pour la nouvelle star politique de l’opposition de gauche française : Jean-Luc Mélenchon, qui a réussi à répondre à la désagrégation de la gauche bourgeoise traditionnelle (les partis socialistes et communistes comme le trotskisme) en créant un mouvement de gauche autour de lui, d’une manière qui ressemble de façon frappante à celle de Macron lui-même. Mélenchon n’a pas perdu de temps pour jouer son rôle : canaliser le mécontentement prolétarien face aux attaques économiques à venir dans les impasses de la bourgeoisie. Quasiment du jour au lendemain, la division du travail entre les deux M, Macron et Mélenchon, est devenue un des axes de la politique de l’État français. Mais là encore, le mouvement autour de Mélenchon reste instable pour le moment, avec un risque d’éclatement si son leader chancelle ». Cf. sur le site toujours muet depuis un mois sur la grève à la SNCF et sur les bombardements en Syrie !? La secte serait-elle devenue un cercle d'étude conseilliste qui attend la révolution à la Saint Glinguin par la « magie » du réveil des masses ?
3Là l'empereur se fout carrément de la gueule de la populace romaine. Il suffit de demander à la fliquette du commissariat du quartier ce qu'il en est : elle croule sous les plaintes et demandes face à la violence répétée contre les femmes mariées ou pas. Et la police n'y peut rien, voire jette dehors les plaignantes comme une des femmes qui a été violée par frère Tariq, l'ami de Plenel, qui s'est fait casser et dépouiller sa voiture par un type qui s'appelle Jihad, et on l'a priée de sortir du commissariat qui n'est tout de même pas une maison pour protéger les femmes ou les prolétaires.