PAGES PROLETARIENNES

jeudi 19 octobre 2017

CATALOGNE TOUR : avatars du destin nationaliste petit bourgeois


« Regrettez-vous le temps où d'un siècle barbare
Naquit un siècle d'or plus fertile et plus beau ?
Où tous nos monuments et toutes nos croyances
Portaient le manteau blanc de leur virginité ? » Alfred de Musset

« Si les femmes françaises n'existaient pas, la vie ne vaudrait pas d'être vécue ». Engels

« Il me semble que nous sommes à la veille d'une grande bataille humaine ; les forces humaines sont là ; seulement je ne vois pas le général ». Balzac



Les gauchistes anti-communistes ont inventé une formule qui n'existe ni dans le Manifeste communiste de 1848 ni dans les œuvres de Marx et Engels : « les frères de classe », reprise globalement par les sectes anarcho-ultra-gauches. La notion de frères étant utilisée essentiellement dans les religions, elle convenait aux idéalistes prêcheurs comme Weitling. La formule convient parfaitement à l'idéologie gauchiste qui s'accommode à toutes les campagnes idéologiques bourgeoises, tout en postulant à une critique radicalement altermondialiste du système1. La notion de « frères et soeurs » utilisée en particulier par le NPA pour les migrants en général et pour les électrices voilées permet de légitimer l'islamisme bon teint comme le radical (radical parce qu'il est armé n'est-ce pas comme les soldats du stalinisme vietnamien). Dans la nation et au front on était « tous frères », camarades « patriotes », terme remis à la mode depuis quelques années par la CGT et Mélenchon2, lequel ne s'adresse plus à ses fans comme à des « camarades » mais à « mes amis », comme n'importe quel politicien hâbleur en campagne promotionnelle. On ne peut plus parler sérieusement de question nationale (conçue comme libératoire ou émancipatrice) après la longue série des fausses décolonisations du tiers monde, il n'y a plus que de nouvelles constructions artificielles de l'impérialisme dominant (cf. le projet de nation kurde) ou, toutes aussi artificielles les diverses autonomies qui veulent devenir indépendantes (Catalogne, Ecosse, etc.). La première chose à dénoncer depuis la remise sur la sellette du cirque indépendantiste catalan, est passée à la trappe par les rares atomes de groupes révolutionnaires maximalistes (TCI, CCI et Cie) qui se parent d'une prise de position certes internationaliste mais au fond, abstraite, « indifférentiste ». Or, du point de vue marxiste, il faut d'abord dénoncer le particularisme régional, l'expliquer – est-il voulu par toutes les factions bourgeoises – ou y déceler un des moyens « préventif contre les mouvements révolutionnaires du prolétariat », casser le caractère unitaire du prolétariat ? Irréfléchi ou volontaire ? En fait tout le monde semble gêné par cette impulsion nationaliste locale. On la prête à l'ambiance repli sur soi et dépersonnalisation culturelle depuis le Brexit et l'élection de Trump. On va essayer de la caser dans la capharnaüm « populiste », voire s'interroger sur l'inanité de  traiter de « fascistes » les nationalistes locaux catalans. N'est-ce pas une des bonnes ou fausses réactions à l'envahissement musulman, où on nous apprend qu'il y a du racisme entre espagnols et catalans. Bref on se perd en conjonctures et conjectures.

Pour commencer, il faut nous en référer à notre histoire « de classe » et aux débats dans le mouvement révolutionnaire maximaliste.

Rosa Luxemburg dans ses formidables écrits sur « la question nationale et l'autonomie » montre très bien en quoi la nation a été révolutionnaire, en quoi elle a une histoire liée à la centralisation étatique, et à la constitution du prolétariat3. Elle fustige à plusieurs reprises la revendication d'autonomie « dans des frontières justes » défendue par Bakounine, avec les mêmes termes que reprend par exemple le NPA pour justifier son misérable soutien aux droits du peuple catalan à disposer de lui-même. Dans ses profondes réflexions la nation avec son Etat centralisé est une étape nécessaire vers la phase supérieure de la société d'avenir, le communisme ; en deçà de la nation il peut y avoir pullulement de centaines de nouvelles nations régionales, elles ne sont toutes autant que de nouveaux obstacles au passage au communisme. Bien avant Marx et Rosa, les plus grands auteurs ont noté cet aspect progressif temporaire de la nation ; la plupart des grandes œuvres culturelles de l'humanité sont des productions nationales. Dès son affirmation la bourgeoisie eût besoin d'un pouvoir fort et unifié contre l'aristocratie. Et c'est dans ce cadre national que germe et se développe la conscience de classe. C'est la naissance du prolétariat et sa concentration dans les centres urbains – et non pas « la barbarie dans la civilisation » (la paysannerie) qui fit lever les premières indignations des intellectuels, les Vigny, Balzac et Dickens. Les premières manufactures ont été ouvertes avec les capitaux du commerce maritime. Ainsi les prolétaires européens firent connaissance avec une exploitation peu éloignée de celle des nègres des Antilles ; dixit les saint-simoniens en 1830 « les ouvriers sont les nègres de l'Europe ». Dans son œuvre, admirée par Marx, Balzac élève une seule fois, toutefois, un cri de protestation contre la conduite des colonialistes français en Algérie.
Mais il n'y a pas que la prise de conscience de l'exploitation des hommes par d'autres hommes et la succession de diverses sortes d'esclavages, ni une simple existence de classes antagonistes, il y a un système qui fonctionne comme une « main invisible » et déjà une approximation de l'aliénation consumériste chez un Buonnarotti qui va caractériser au fond chaque prétendue « libération nationale » :
« Il fut toujours difficile aux hommes de s'entendre pour établir un ordre social raisonnable. Ce fut par le commerce des superfluités et par les arts de luxe, que nos pères arrachèrent sans violence aux favoris de la féodalité une partie de leurs richesses. Des esclaves devenant ainsi nécessaires à leurs maîtres, en affaiblirent la puissance . Un mal qui servit de remède à un autre fut pris pour le suprême bien, au point que pour beaucoup de gens, la liberté n'est autre chose que la faculté illimitée d'acquérir »4.

L'apprentissage de la liberté est limité à la possession sous l'ordre bourgeois, la vraie liberté dépend d'une réorganisation de toute la société qui a été trop longtemps contenue dans le cadre national étriqué. La nouvelle société bourgeoise s'était avérée décevante, pourvoyeuse de terribles inégalités. Le sentiment patriotique servit longtemps de consolation et de masque « fraternel » malgré les vices du nouveau système d'exploitation. Mais ce qui domine la société capitaliste est bien resté l'appât du gain, indépendamment des moyens d'y parvenir en affaires ou en pouvoir politique à tous les étages.
La revendication d'indépendance de la Catalogne est une vieille obsession réactionnaire qui n'est pas liée en soi à la crise économique mondiale actuelle5, mais relève du besoin petit bourgeois de s'enrichir toujours plus et de la théorie anarchiste fédéraliste, l'idéologie bakouniste contre laquelle Rosa Luxemburg a ferraillé sévèrement dans l'ouvrage qui compile ses écrits sur la question nationale6 :
« L'idée de fédération, réactionnaire de par sa nature même et dans sa substance historique, est aujourd'hui un signe pseudo-révolutionnaire du nationalisme petit bourgeois qui est une réaction à la lutte de classe révolutionnaire unie du prolétariat de tout l'Empire »7.

Nul mieux que Friedrich Engels et Rosa n'ont autant défendu, malgré ses aspects bureaucratiques la nécessité de la constitution d'un Etat centralisé dans le cadre de la nation au cours du « siècle romantique ». Prolongeant Buonnarroti, et bien avant nos sociologues à la Christopher Lasch et Philippe Muray (ou les petits copieurs à la Debord ou Michéa ), Rosa décrit les conditions d'apparition de « besoins sociaux tout à fait nouveaux » avec un « fléau inédit » :

« Dès qu'elle eût introduit la fabrication de masse, l'économie capitaliste a suscité toute une série de besoins sociaux tout à fait nouveaux qu'il était urgent de satisfaire. Et, surtout la pénétration du grand capital et le système du travail salarié qui minèrent et ruinèrent toute la structure sociale traditionnelle, créèrent un fléau inédit, le chômage de masse et la paupérisation du prolétariat. Comme le Capital a besoin d'une force de travail de réserve et comme la sécurité publique doit être maintenue, la société se voit contrainte de se soucier des masses prolétariennes privées de moyens de subsistance et d'emploi, afin d'en garder le contrôle. Ainsi naît la protection sociale moderne en tant que fonction sociale dans le cadre de la production capitaliste ».

Les « lois sociales » ont été inventées par Bismarck, pas par Léon Blum ni Marchais, et reprises par Badinguet. Rosa se penche ensuite sur la question de l'auto-administration locale : « ...tandis que le particularisme communal ou le fédéralisme dans l'esprit de l'idéal de Bakounine vise à scinder le territoire d'un grand Etat en petits espaces partiellement ou complètement indépendants l'un de l'autre, l'auto-administration moderne n'est qu'une des formes de démocratisation du grand Etat centralisé ».
Rosa voit cette auto-administration (qui implique la participation des populations locales) au-delà du particularisme féodal et du fédéralisme anarchiste, comme un progrès de l'Etat moderne centralisé. Mais elle rappelle la contradiction bourgeoise ; Thiers d'une part insistait sur l'utilité du centralisme comme moyen préventif le plus sûr contre le socialisme, quand plus tard, en 1871, il brandit la bannière du fédéralisme et de la décentralisation pour mobiliser les provinces contre la Commune de Paris. Elle ajoute que « dans le camp révolutionnaire », les seuls partisans de la décentralisation « étaient les adeptes de Proudhon » appliquant le slogan fédéraliste aux « Etats Unis d'Europe » (…) prétendue solution idéale à la question sociale parce que c'était un moyen d' « annihiler le pouvoir en le divisant ». Louis Blanc dénonça ce fédéralisme dans son pamphlet : « La république une et indivisible », et elle rectifie que la France de l'époque était moins menacée par le fédéralisme que par le coup d'Etat de Louis Bonaparte.Et pourtant n'est-ce pas ce fédéralisme sous couleur de décentralisation qui est envisagé comme garde-fou et recette anti-révolutionnaire ?:
« Après la destruction de la Commune de Paris, la principale question que posait la décentralisation était de savoir si elle pourrait servir de moyen préventif contre les mouvements révolutionnaires du prolétariat. Tout d'abord, la Troisième République se hâta d'étendre les compétences des départements, les dotant de pouvoirs spéciaux contre la révolution, en accord avec l'idée maîtresse de la réaction depuis l'époque de la Restauration ».

LES PROLETAIRES N'ONT-ILS AUCUNE PATRIE ?

Pas sûr que l'idée soit morte8. A preuve tous les matchs de football et les manifs syndicales ! Il y a même une résurgence du patriotisme qui est encouragée par le patriotisme musulman et qui vient heurter cet internationalisme naturel dans lequel nous vivions depuis 1968. A l'époque il était de mode de dire : « rien à foutre d'être français », « j'emmerde la Marseillaise, chant de guerre ». Mais aujourd'hui quand ces mêmes réflexions sont celles des terroristes islamistes et de leurs amis gauchistes, cela interroge. On n'a pas visiblement les mêmes références. Et je n'aime pas que l'on insulte la France (avec son histoire à géométrie variable) pas plus que l'Algérie ou l'Angleterre. Le nationalisme ne serait-il que le produit de l'avivement des rivalités nationales ? Un sentiment plus ou moins politique mais manipulé ? Voyons l'analyse de Maxime Rodinson, qui tente de départager l'internationalisme mensonger et pervers de Staline des approches plus fines des marxistes de la II ème Internationale :
« Si, pour reprendre la phrase célèbre du Manifeste communiste, les prolétaires n'ont pas de patrie , cela n'est pas une proclamation anti-patriotique, mais la constation du fait que la société bourgeoise les a dépouillés de leur participation à une patriedonnée. Bauer reprend une fois de plus ce lieu commun marxiste et il ajoute, comme bien d'autres, que, dans la société socialiste, les prolétaires auront enfin une patrie. Il attaque la vue courante chez les marxistes selon laquelle le monde socialiste marcherait dans la voie de l'uniformisation, vers une fusion et une assimilation des cultures nationales, vers une civilisation mondiale uniforme. Selon lui, au contraire les cultures nationales seront vivifiées par le socialisme et on assistera même à une diversification accrue. Il reprend donc l'apologie de la diversité qu'avait entreprise Herder en Allemagne au début du XIXe siècle et qui sera abondamment reprise plus tard.
Sur le plan des revendications à défendre par le mouvement social-démocrate, il est pour l'autonomie culturelle extra-territoriale. On a vu que c'est sur ce point que Lénine l'attaque. Bauer place la question nationale essentiellement sur le terrain culturel. Tous les italiens de l'Empire austro-hongrois par exemple devraient pouvoir décider en commun des questions culturelles les concernant et de celles-ci seulement. Cela avait l'avantage, pensait Bauer, de laisser le terrain libre pour la lutte des classes. D'autre part, par exemple, les fréquentes migrations des divers éléments ethniques au sein de l'Empire ne provoqueraient plus de difficultés et de heurts entre eux par suite, entre autres, de la difficulté de réajuster constamment les frontières des territoires « nationaux »9.

Le plus célèbre ouvrage à l'époque, commandé par Lénine en 1912, était celui de Staline. Lequel se contentait d'une définition sommaire de la nation, et justifiait de façon scolastique les thèses tactiques erronées de son commanditaire. Contre Bauer, Kautsky répondait que le critère de la nation était seulement la langue commune. Et comme la culture n'est pas liée à la langue, elle ne peut pas être reliée à la nation. Les mêmes conditions peuvent rendre semblables la culture et la mentalité des peuples ; les tchèques sont « des allemands de langue tchèque ». Kautsky insistait enfin sur le caractère internationale de la culture des peuples européens, ainsi que le commente Rodinson : « Les ouvriers, par suite des migrations, deviennent de plus en plus bilingues ou trilingues. « Celui qui parle plusieurs langues ne reste pas lié à la nationalité où il est né. Il peut en changer à volonté » ; c'est un ajout de Kautsky à la nature du prolétariat moderne dont l'essence n'est plus seulement la déqualification et la réduction au chômage perpétuel. « La diversité ne signifie plus opposition. Les oppositions nationales viennent de la lutte pour les marchés ou pour le pouvoir d'Etat ». Rodinson ajoute : « C'est cette lutte qui a causé l'oppression de certaines nations et l'oppression a soudé la communauté nationale opprimée dans le refus. L'Etat prolétarien ne connaitra pas cette lutte puisqu'il sera pleinement démocratique. Le socialisme, résultat d'un mouvement international, amènera à l'effacement des frontières et des différences entre nationalités. Contrairement à la vision de Bauer, « le but de l'évolution socialiste, ce n'est pas la différenciation, mais l'assimilation des nationalités, ce n'est pas l'accès des masses à la culture nationale, mais bien l'accès à la culture européenne qui coïncidera de plus en plus avec la culture mondiale ». Dans cette humanité socialiste, on peut entrevoir l'unification des langues, le rejet de la malédiction de la Tour de Babel par laquelle un dieu jaloux était censé entraver la montée de l'humanité vers le ciel. « A la place sera chanté le Cantique des cantiques de l'internationalisme ».
Malgré ses débuts incontestablement internationalistes et résolument anti-nationalistes, et baignée dans la révolution d'Octobre, la IIIe Internationale verra se réintroduire progressivement et subtilement les ferments de nationalisme10.

Non Nicolas la nation n'est pas morte !

La réapparition de l'idéologie nationale ne devrait pas nous étonner pourtant. L'irrédentisme catalan n'est pas une conséquence de la crise économique11. Depuis le 17e siècle la Catalogne s'est toujours heurtée au centralisme de l'Etat espagnol et le régime de Franco avait interdit l'usage public de la langue. Au vu des revendications nationalistes arriérées et de l'arrogance « touristico-économique », on n'est guère incité à approuver cette démarche indépendantiste ni à la considérer comme progressiste, sauf si vous êtes membre du NPA et fan de tout ce qui bouge. L'Etat espagnol actuel, progéniture du franquisme ne peut pas être considéré comme un parangon de vertu nationale favorable au prolétariat de Catalogne ou des autres régions d'Espagne. Sans soutenir ce dernier, on ne peut pas croire que la marche vers une indépendance incongrue va faciliter les choses au prolétariat. Ce n'est pas dans cette réflexion que s'engagent nos minorités maximalistes, ou ce qu'il en reste. Elles ont mis du temps à se prononcer, preuve que l'irrédentisme catalan leur pose problème12. Le CCI a fini par nous livrer un tract de sa section espagnole qui part dans tous les sens et veut s'appuyer sur deux cannes blanches:l'internationalisme prolétarien et la décomposition du monde capitaliste. Après un détour par les deux guerres mondiales et une description des attaques anti-ouvrières des gouvernements de Madrid et de Barcelone, et un clin d'oeil aux bobos indignados, on nous fournit une autre définition de la nation : « La Nation n'est pas le regroupement « fraternel »13 de tous ceux nés sur un même territoire, mais elle est la propriété privée de l'ensemble des capitalistes d'un pays... ». Pas terrible comme définition quand une partie des bijoux nationaux appartient qui aux américains, qui aux chinois... Il y a des théoriciens « nazis » en Catalogne apôtre de la « pureté » de la « race catalane ». La fuite des sièges d'entreprises hors de Catalogne serait l'expression de la « haine contre les catalans » ? Et pas le repli financier face à l'irresponsabilité d'un racket de politiciens locaux ? Puis : « ...tout cela montre le déchainement de la bête fauve de sinistre mémoire » (la bête immonde, vous connaissez pas?). En gros l'indépendance catalane c'est du fascisme ! N'importe quel gauchiste lambda aurait pu pondre un tel tract.
Le rédacteur du tract espagnol aborde un autre raison, effective du repli catalan, le rejet de l'immigration massive (ou la peur) qui peut être compréhensible14. Le vieux gauchiste qui a rédigé le tract du CCI se permet de traiter espagnols et catalans, indifférenciés (misère de l'indifférentisme qui colle au CCI depuis sa naissance, comme le lui a reproché naguère le PCInt), de racistes, xénophobes « dans une même haine du migrant, le même mépris envers les travailleurs arabes, etc. ». La crise du capitalisme a bon dos pour expliquer ce racisme espagnol et catalan ! Quand c'est surtout la guerre qui pousse à des conditions dramatiques d'émigration désespérée. Le conflit de Catalogne est populiste. Le mot est lâché. C'est l'antienne antifa de tous les gauchistes car le populisme est forcément progéniture du fascisme. La dégénérescence et la décomposition aggrave la crise (économique et politique SVP), et pas l'inverse ? Il est question de « barbarie morale » et d'exclusion « endogamique ». C'est affreux quand on y songe !
On est en plein dans le discours sectaire qui ne se pose même pas le début du début des problèmes et catalans et espagnols ni n'est capable de se hisser aux vraies questions : retour au particularisme féodaliste ou Etat bourgeois cynique ? Pourra-t-on passer au socialisme en chevauchant de multiples micro-nations ? L'Europe bureaucratique n'a-t-elle pas finalement besoin de ces grandes régions aussi bureaucratisées pour se targuer de surplomber désormais les « limitations » nationales ?
Le tract est complètement décousu et fait référence à des trucs bizarres : qui sont ces personnes « ne pouvant plus supporter leur situation » qui « abandonnent leurs amis, leurs enfants, leur travail... » ? L'imbroglio catalan risque de « s'enkyster et de devenir insoluble » et la lutte du prolétariat ne peut être réglée « qu'en dehors et contre ces terrains pourris que sont la démocratie et la nation ». C'est vrai, c'est exactement ce que pensait l'Etat islamique.

La TCI (Tendance Communiste Internationaliste) vieille rivale du CCI, se situe dans la même case indifférentiste sur le fond du problème de l'indépendantisme nationaliste au niveau historique. En bon internationaliste vacciné on renvoie dos à dos les deux camps bourgeois, où on ne voit que des manifestations nationalistes15. Est-ce que les milliers qui ont défilé à Madrid et à Barcelone contre l'émiettement prôné par le racket catalan peuvent être discriminés vraiment comme « nationalistes » ? Le refus majoritaire de laisser fracturer l'Espagne est-il à mettre sur le même plan que le nationalisme quand une pancarte titrait : « le séparatisme catalan est une division des travailleurs » ? Nos battagliens croient-ils que le caractère unitaire de la classe sera meilleur avec l'indépendance nationale catastrophique et catatonique ?
Là aussi la pensée sectaire est hors de la réalité. Pour se justifier elle invente des fables. Comme le leur a fait remarquer Bourrinet, il n'y a pas eu d'assemblées auto-organisées de la classe ouvrière, et les manifestations organisées par les syndicats ne sont pas un embrigadement nationaliste comme l'imagine Juan du GIGC, mais un refus du retour au féodalisme régional sans cautionner « la préservation de l'Etat actuel ». En outre la panacée « la faute à la crise », la causalité par le crash de 2007 se double d'une explication complotiste invraisemblable : « Cela a mené les sections locales de la classe capitaliste à penser qu'elles pourraient gérer plus efficacement l'économie que l'Etat central ». On ne peut reprocher à Battaglia ni au CCI de n'avoir pas été précurseurs et ardents critiques de la fumisterie des libérations nationales, mais il faut renouveler le logiciel mes bien chers « frères » de classe ! Voir ce qui se passe vraiment dans la tête des prolétaires qui ne sont pas tous le nez dans la feuille de paie ou persécutés par leur pouvoir d'achat. Voir qu'ils sont capables de réfléchir politiquement face aux régressions historiques des factions bourgeoises les plus arriérées ou les plus inconscientes. Bien sûr nous luttons, nous, pour l'indépendance de la classe ouvrière, mais ce n'est pas en faisant équivaloir toutes les factions ni en les dénonçant comme fascistes que le combat pour l'affirmation du prolétariat pourra s'affirmer. Il faudra en passer par des concessions temporaires et des tergiversations. Ne savez-vous pas les mille problèmes avec les nationalismes locaux que les bolcheviques ont confronté et qu'ils n'ont pas eu le temps de résoudre ?

Revenons aux subtilités de l'article de Maxime Rodinson qui s'élève au-dessus d'une actualité catalane dramatisée à souhait – on ne va pas vers une guerre civile comme le pensent Cohn Bendit et Juan – ce qui serait faire équivaloir les conditions d'arriération du prolétariat espagnol en 1936 avec une classe plus éveillée et cultivée en 2017 et aucunement prête à se laisser embarquer dans l'un ou l'autre nationalisme. L'histoire est plus compliquée que la scansion répétitive d'un internationalisme abstrait.
« Il faut traiter ici de la question de la spécificité nationale sur laquelle on insiste tant à notre époque à propos du Tiers monde. Ce n'est certes pas un mythe. Quelque chose de ce genre existe. Mais on ne peut considérer qu'il s'agisse d'une donnée première. On a affaire à un phénomène du genre du « caractère national » d'Otto Bauer, résultante, condensé de phénomènes multiples. Le livre d'Otto Bauer donne des indications intéressantes sur la manière dont il s'est formé. Il s'agit aussi d'une donnée en voie de perpétuel changement. On ne peut l'analyser en un « fondamental » invariant autour duquel viendraient s'agglomérer en quelque sorte des facteurs accessoires changeants. Il faudrait montrer précisément ce qu'est ce « fondamental » invariant. Il n'est pas du tout sûr que le fondamental dans la culture nationale soit toujours le même phénomène ou le même faisceau de phénomènes. Les caractères nationaux changent. L'Angleterre, avant d'aboutir au puritanisme victorien, était considérée comme une nation de joyeux drilles. Tout le monde considérait au XVIII e siècle les allemands comme des êtres fondamentalement pacifistes. Pourtant des facteurs relativement permanents peuvent se concevoir plus ou moins en dépendance de constantes géographiques ou écologiques par exemple. Chaque cas est à analyser. On ne peut en parler qu'a posteriori, après analyse soigneuse, non a priori.
D'autre part, l'ethnie ou la nation sont des phénomènes contingents. Elles eussent pu etre très différentes de ce qu'elles sont devenues. Ce sont les contingences historiques qui ont décidé que la Bretagne serait annexée à la France et non la Belgique.
Aucune prédisposition absolument contraignante, aucune fatalité n'ont présidé à leur création. Il ne faut pas sacraliser l'histoire, dire que cette nation devrait exister parce qu'elle existe. Il convient d'insister sur ce point devant les tendances récurrentes des idéologies nationalistes à une telle sacralisation. On ne peut que s'esclaffer quand on nous parle maintenant du caractère sacré de l'unité nationale pour des Etats dont la délimitation a été fixée par des diplomates lointains, à la suite de marchandages serrés entre puissances étrangères, comme ce fut souvent le cas pour les pays d'Afrique par exemple, héritant de frontières fixées eu XIX e siècle à Berlin, Londres ou Paris.
Il faut se garder de ces mythes scolastiques et en revenir toujours aux réalités concrètes qu'on peut discerner derrière les mots. Le plus souvent, on se trouve en face de facteurs d'unité et de facteurs de différenciation. Ainsi, dans le cas des arabes. La discussion pour savoir si les arabes forment, par essence, une nation, est purement scholastique. Il existe entre eux des facteurs d'unité et des facteurs de différenciation, telle est la réalité concrète. C'est pourquoi on ne peut les concevoir pour le moment comme une nation à deux étages. Il y a des tunisiens, des syriens, des égyptiens, etc..., parfois avec une différenciation qui s'est consolidée tout juste dans le dernier demi-siècle. L'unification l'emportera-t-elle ou la différenciation ? Ce sont des facteurs concerts qui trancheront.
C'est à la lumière de ces considérations qu'il convient de juger les idéologies nationalistes. Il ne s'agit pas là, insistons-y de la revendication des droits individuels, de l'égalité entre les gens appartenant à diverses ethnies au sein d'un même Etat. Il s'agit d'idéologies réclamant la reconnaissance de droits nationalitaires (autonomie) ou de droits nationaux (indépendance). Elles exigent pour les gens d'une même ethnie ou d'une même nation des institutions propres et un développement de leur culture spécifique. Elles exaltent le patriotisme de l'ethnie ou de la nation en question, la résistance à l'assimilation, le maintien de l'identité ».
Il ne s'agit pas là encore d'une fatalité. Des tendances agissent pour cette option, d'autres contre et varient suivant les circonstances. Beaucoup d'algériens avant A1945 réclamaient l'assimilation à la France (on se rappelle la fameuse déclaration lyrique de Ferhat Abbas). Les gaulois et bien d'autres ont recherché la latinisation. Les kurdes, les juifs, les irlandais ont cherché pendant longtemps, en grande partie, à s'assimiler à la population au sein de laquelle ils vivaient. La réaction nationaliste s'est produite pour certains, à une certaine date, dans certaines conditions. (…) L'option nationaliste n'est pas un absolu imposé par dieu, par la morale ou par l'histoire. C'est l'aboutissement dans certaines conditions d'aspirations et d'intérêts nés de la situation objective à côté d'autres.
Les sentiments nationalitaires ou nationalistes ont une très grande force et cela a été une lourde erreur des marxistes que de les sous-estimer. Mais ces sentiments ne sont pas seuls et ils ne sont pas toujours suprêmes.(...) La fusion des nationalités peut être désirable si elle contribue au progrès de l'humanité. Certes le jugement est délicat à faire et il vaut mieux que le juge n'en soit pas un membre de la nationalité assimilatrice ».

Intéressant non ? A vous de vous reporter à l'intégralité du texte qui est un bijou de réflexion au-dessus de la mêlée. Ajoutons cette note finale qui appelle à plus de modestie nos chevronnés donneurs de leçon d'internationalisme « pur » :
« Lénine prévoit que « le fait que le prolétariat aura accompli la révolution sociale ne suffira pas à en faire un saint et ne le mettra pas à l'abri des erreurs et des faiblesses ». Il pourra être mené par « les intérêts égoïstes qui poussent à s'installer sur le dos des autres » (Bilan d'une discussion sur le droit des nations, dans la brochure « Notes critiques... », Moscou, œuvres t. XXII). Et il cite Engels qui croyait nécessaire d'avertir que « le prolétariat victorieux ne peut imposer un bonheur quelconque à un peuple étranger sans compromettre ainsi sa propre victoire » (lettre à Kautsky, 12 sept. 1882). Ils ont été rarement aussi clairvoyant l'un et l'autre ».

En conclusion, car il faut que je vous donne mon avis. L'imbroglio catalan ne doit pas être dramatisé. La pantalonnade de Puigdemont et les nouvelles tergiversations peureuses du jour J (ce jour) ont démontré deux choses :
  • ne proclame pas l'indépendance qui veut dans la vieille Europe, tous les principaux chefs d'Etat, Merkel en tête ont dû ramoner les oreilles à Puigdemont, qui ne peut pas trop la ramener vu le fiasco de son trucage électoral et la masse des espagnols et des catalans qui ont été outrés à l'idée d'une séparation avec la Catalogne.
  • En soi, la bureaucratie européenne n'est pas contre une « régionalisation-dépeçage » des pays qui lui confierait plus de pouvoirs mais l'Espagne n'est pas un pays artificiel récent comme la Yougoslavie et pas sûr que le prolétariat espagnol et catalan, sans pour autant être nationaliste, ait envie d'assister à une régression féodale sans protester ; en vertu de quoi il faut plutôt se féliciter des manifestations massives contre la volonté de scission d'une clique de politiciens nationalistes à courte vue et vénaux.

Les révolutions ont été victorieuses en général dans les pays fortement centralisés. La tentative de révolution en Allemagne en 1918 n'échoue pas en raison de l'absence d'un parti léniniste pur, mais du fait d'un découpage en länders. L'avenir de la bourgeoisie est en Catalogne, le nôtre dans la centralisation des besoins de l'humanité.





NOTES


1Le site collabo le plus en pointe pour alimenter les carences théoriques du gauchisme est évidemment Médiapart qui est alimenté directement en écoutes téléphoniques par la police (cf. Le Point de ce jour). Les « frères » émeutiers professionnels et autres « totos » servent à ridiculiser toute lutte sociale dangereuse par leurs insurrectionalisme de pacotille (dont les flics les plus intuitifs se moquent, il paraît que le vieux frère Julien Coupat (43 piges) vient aux manifs en taxi pour déjouer la surveillance des pandores... la preuve que non puisqu'ils le savent. Coupat comme meneur de lanceurs de pavés, on se poile!). Enfin, une nouvelle créature a fait son apparition dans le spectacle paysager, l'ultra-droite. La qualification de fascisme sent-elle trop le rance désormais ? En tout cas une paire de minables rêveurs d'attentats anti-musulman, mise exagérément en vedette pour un projet de zigouiller le pitre Mélenchon, va sans doute servir à alimenter le suivisme gauchiste en matière de « montée du fascisme ».
2Il faut rappeler qu'une partie du NPA a rejoint le clan Mélenchon et n'a aucune honte à ressortir le joujou patriotique comme à soutenir le joujou catalan. En 1891, Rémy de Gourmonf fît scandale avec ce joujou patriotisme: « Le jour, pourtant viendra peut-être où l'on nous enverra à la frontière : nous irons, sans enthousiasme ; ce sera notre tour de nous faire tuer ; nous nous ferons tuer avec un réel déplaisir. « Mourir pour la patrie » ; nous chantons d'autres romances, nous cultivons un autre genre de poésie (…) S'il faut d'un mot dire nettement les choses, eh bien ! - Nous ne sommes pas patriotes » (Ed Pauvert, 1967). Et c'est le flamboyant Octave Mirbeau qui le soutient : « Aujourd'hui la presse est libre, mais à la condition qu'elle restera dans son strict rôle d'abrutissement public. On lui pardonne des écarts de langage, pourvu, comme dans la chanson de café-concert, que le petit couplet patriotique et final vienne pallier et moraliser les antérieures obscénités. On tolère qu'elle nous montre des derrières épanouis, des sexes en fureur ou en joie, encore faut-il que ce soit dans un rayonnement du drapeau tricolore. Soyons vulgaires, abjects ; remuons les sales passions et les ordures bêtes, mais restons patriotes. On peut voler, assassiner, calomnier, trahir, être une brute forcenée, un lâche brigand, cela n'est rien, si l'on organise du « boucan » dans les théâtres, si l'on insulte les femmes qui viennent d'Allemagne, si l'on vomit sur le génie des belles œuvres... ». Si quelqu'un voit une différence avec notre morne époque, qu'il m'écrive.
3Même si on peut considérer qu'elle procède parfois par idéalisme et que l'histoire lui a donné tort. Contrairement à ce qu'elle souhaitait ou ne prédisait pas, la nation polonaise a fini par se constituer et se perpétuer malgré « l'internationalisme » étouffant de l'impérialisme russe. Pour une approche plus fine et historique de la complexe question nationale, le texte de référence, que vous devriez tous avoir lu, est celui de Maxime Rodinson : Le marxisme et la nation », lisible sur le web, site Persée. Une anecdote: Vers 1985 j'avais invité chez moi à Fontenay aux Roses deux personnages épatant mais opposés, bien que formés tous deux à l'école luxemburgiste, Marc Chiric et Diran Voschguiridjian, grande figure du mouvement national arménien, tous deux âgés de plus de 80 ans. La polémique fît rage. Diran, ancien commissaire politique de Staline accusa Marc d'être un "marxiste grand-russien dominateur et chauvin" quand Marc le traitait de petit marchand des libérations nationales, après avoir tenté de lui arracher la rosace de la légion d'honneur que l'arménien arborait fièrement sur son veston. Comme je les avais servi pas mal en picrate ils finirent pas se prendre dans les bras et s'embrasser "à la russe".
4Cité par Pierre Barbéris : « Aux sources du réalisme : aristocrates et bourgeois » (UGE 1978). « Une époque qui rêve des cathédrales du passé parce qu'elle n'est plus capable d'en construire : tel est le siècle romantique ».
5Contrairement à ce que croit pouvoir affirmer la TCI (Tendance Communiste Internationaliste qui publie Battaglia Comunista) et un de ses porte-drapeaux en France, Juan (du GIGC).
6La question nationale et l'autonomie, traduit et présenté par Claudie Weill, ed Le Temps des Cerises.
7Ibid p.113.
8Hannah Arent recopiant Rosa Luxemburg avait cru conclure dans les années 1950 que la nation n'était plus qu'un cadavre ambulant. La chute de la maison stalinienne a pourtant fait pulluler tant de globules blancs. Décomposition ? Lorsque Marc Chiric nous a sorti de son chapeau la notion de décomposition au milieu des années 1980, il m'assura que cette notion était nouvelle. Il mentait, comme je l'ai vérifié dès l'époque, car les textes de l'IC sont truffés de cette notion. Etrange ce cadavre du capitalisme en décomposition depuis un siècle, certes il sent mauvais, mais est-ce possible de se décomposer aussi longtemps sans pourrir enfin ?
9Die Nationlitäten-frage und die Sozialdemokratie, Vienne 1907.
10Vous pouvez lire le développement dans le texte de Rodinson, ce qu'il attribue lui à l'hégémonie russe et nous à l'isolement de la révolution.
11Comme le répond Bourrinet à la TCI.
12Il n'y a plus en fait que de faux groupes révolutionnaires marxistes, individus dispersés, couples qui s'expriment plus par des blogs (et une radio de gauche portugaise intellectualiste) que par des journaux invendables et invendus. Enfin il n'y a aucun parti digne de ce nom ni organisation indigne de parti. Faudra savoir attendre.
13Comme les gauchistes le CCI s'est laissé prendre à l'usage religieux des termes « frères de classe », d'où son utilisation dans ce passage.
14Ce n'est pas une petite affaire pour tous les pays du sud européen ! On peut bien sûr se donner bonne conscience à la manière charitable des gauchistes bisounours : « ouvrez les portes, on a les moyens de les accueillir », mais c'est du flanc. Le débat est impossible puisque l'argumentaire charitable sert à culpabiliser donc à empêcher de penser. On est qualifié de raciste si on émet un bémol sur ces arrivées massives (avec islam dans le baluchon). Or les migrations grandes ou petites ont toujours posé des problèmes au mouvement ouvrier ; Rosa rappelle qu'une des revendications des ouvriers en France était des quotas, et elle ne s'en offusque pas ni ne les traite de racistes.
15Y aurait-il une usure, voire une dégénérescence des restes de la dite Gauche communiste sur des questions basiques. L'article de Battaglia sur Charlotteville est très affligeant sur la nation de fascisme, et assez proche de la purée gauchiste (ou mayonnaise) : « le côté fasciste de la bourgeoisie a toujours été là » (!?) ; « le fascisme n'est rien moins que le véritable visage de la démocratie bourgeoise en période de crise ». Bancal et faux comme définition. Le fascisme fut, je dis bien fus, une idéologie de montée à la guerre mondiale, second couteau anticommuniste après la SD. Il n'était pas la démocratie libérale mais « la bourgeoisie unie derrière son armée » (Bordiga). Il n'est pas vrai non plus qu'on peut généraliser ainsi : « La bourgeoisie tend à placer la race et la nation en tant que concept central de son idéologie » ; c'est plus compliqué avec l'antiracisme étatique, le toujours antifascisme de salon, la charité pour les migrants au tout venant, l'idéologie européenne, la juridicisation des rapports sociaux, etc. L'antiracisme et la complainte en faveur d'un accueil tout azimut des migrants (économiques), que partage avec es gauchistes la TCI, sert à illustrer une victimisation permanente qui permet d’esquiver toute remise en question de la véritable politique d'accueil des Etats bourgeois et de créer une confusion encore plus profonde : les coupables de l'inertie, de la misère et de la continuation de la guerre là-bas, sont les prolétaires nationaux donc nationalistes. Il n'y aura probablement pas de Brexit espagnol, car le Brexit, tout le monde le voit, signifie un appauvrissement. Il semble bien que la majorité de la population espagnole, y compris catalane, y compris ouvrière, mesure la faillite politique et économique qu'entrainerait la séparation.