PAGES PROLETARIENNES

lundi 5 juin 2017

LCP : UNE HISTOIRE enjolivée et mensongère de l'anarchisme


La pensée libérale et la télévision d'Etat du Parlement et du Sénat forment un couple fusionnel à l'égard de l'anarchisme. Dans le cadre bcbg de la chaîne à 0,04% d'auditeurs, on n'allait tout de même pas laisser libre cours à une analyse subversive de l'anarchisme, cette antique théorie de la petite bourgeoisie flouée par l'histoire. Le cinéaste libéral-libertaire s'en donne à cœur joie pour nous livrer une ode à la pompe aspirante de toutes les révoltes petits bourgeoises, un prétendu anarchisme pur de toute tâche étatique au-delà du temps et de ses époques. L'anarchisme est ainsi repeint en mère généreuse de toutes les contestations et inspiratrice de toutes les idées fantaisistes de libération universelle en tous genres, sans principe ni cadre politique. En fait une sorte de romantisme bien intentionné comme le conclura l'animatrice du court débat avec le réalisateur Tancrède Ramonet et l'invité poli Besancenot.

La première partie était intéressante, bien que déjà trafiquée. Comment ne pas rendre hommage à l'exceptionnel et intègre Malatesta, au courage des Vaillant et Caserio ? Une grande part de l'anarchisme est aussi un courant du mouvement ouvrier révolutionnaire en constitution. Mais pourquoi avoir menti sur Ravachol, le faisant passer pour un bon précurseur de la « propagande par le fait », alors qu'il ne fût qu'un petit assassin minable qui tenta de se recycler en victime des assassins bourgeois  ? La voix off se contente après une présentation héroïsante de signaler qu'il a « été rattrapé par une affaire de droit commun », oui pas grand chose, il avait assassiné une petite vielle pour lui piquer ses économies, avant de jouer à la « propagande par le fait ». Pas très honorable pour l'anarchisme historique, du moins sa version économiste qui ne cautionna pas le terrorisme de petites frappes.

D'anarchisme historique parlons-en. Oui l'anarchisme a longtemps fait partie de la tradition révolutionnaire du peuple révolté, et ouvrier et paysan. Oui il a précédé le marxisme dans la théorie révolutionnaire, mais il l'a précédé comme expression de couches populaires et à une époque où la classe ouvrière n'occupait pas une place majeure dans la société. Cet anarchisme a un aspect théorique limité, artisanal et idéaliste, il procède plutôt de l'esprit de secte. Il croit que l'éveil révolutionnaire est possible comme enseignement idéaliste, puis il hésite et se fourvoie pour partie dans le terrorisme individuel, puis il rejette la ridicule « propagande par la bombe ». Les deux films successifs tout au dithyrambe d'une idéologie qui convient au milieu artistique et intermittent moderniste et saltimbanque d'Etat, ne pose pas l'anarchisme dans ses périodes d'expression légitime de la colère du peuple ou d'une classe ouvrière artisanale, ni dans ses contradictions.

L'anarchisme est encore révolutionnaire à la fin du XIXe siècle, et même très révolutionnaire quand, après le massacre de Fourmies – 1500 mineurs enterrés au fonds du puits pour sauver le charbon – la réponse qu'il oppose, avec les socialistes (pourquoi cet autre courant du mouvement ouvrier est-il systématiquement squeezé?), n'est pas celle des bombes mais de la lutte d'envergure pour les 8 heures, quand ses meilleurs théoriciens, les Malatesta et Kropotkine se démarquent et du terrorisme et du sabotage (qui vient du mot sabot, lequel servait à gripper les machines lors de la grève). Sans s'en rendre compte, le réalisateur nous livre en première partie un historique de l'anarchisme qui est plus une compilation de personnalités rétives. Le handicapé Libertad est épatant comme discoureur et pamphlétaire. Le cambrioleur pour les pauvres Marius Jacob est admirable.
Beaucoup de raccourcis et un constat de faillite, tous les cadors de l'anarchisme se couchent dans l'Union sacrée. La guerre de 14 décrédibilise donc un anarchisme qui s'était toujours défini comme un mouvement contre la guerre.
Cette première partie est un peu étrange, et révélatrice de l'ignorance de l'auteur du scénario. L'anarchisme est présenté comme seul au monde révolutionnaire, pas de blanquistes ni de socialistes ni de socialistes marxistes à l'horizon. Public Sénat raffole donc des méthodes staliniennes de racontage de l'histoire passée ? Le générique de fin nous bombarde de photos modernes qui défilent avec le contenu confusionniste et révoltes en tout genre de la noria anar moderne, le tout étranger à un réel mouvement révolutionnaire bien qu'éclectique déjà au XIXe.

Le deuxième film – Ni dieu ni maître (alors que le slogan est de Blanqui! Tout sauf anarchiste) - sera plus affligeant, procédant à la manière stalinienne de l'effacement. On commence par violer le tempo du film précédent sans respecter la chronologie, mais avec la même tonalité outrageusement dithyrambiquée : « Les anarchistes vont conduire certaines des plus grandes révolutions du XX e siècle » ! Et bla-bla-bla. Les courageux et incorruptibles IWW américains sont annexés comme principale force anarchiste, alors qu'on peut plutôt les caractériser comme un véritable mouvement syndicaliste révolutionnaire de la classe ouvrière, plutôt éloigné des conceptions paysannes de l'anarchisme traditionnel, qui lui croyait à la révolution du peuple, voire prioritairement de la paysannerie. C'est la perle que Ramonet va tenter de nous refiler avec l'épisode mexicain.

Ce n'est pas l'oppression de l'Etat néo-colonial mexicain qui inspire la révolution de 1911 mais... l'anarchisme, d'autant que la révolution mexicaine des Villa et Zapata est la première grande révolution du XXe siècle ! Quoique sa conduite se fasse sous l'égide d'un parti qui se dit libéral, mais nous assure un des successifs petits profs commentateurs et aux mémères spé de l'ultra-gauche comme Steiner, qui ergotent entre les images :  « … plutôt anarchiste dans son programme... qui insistait sur le rôle moteur de la paysannerie révolutionnaire « terre et liberté », et qui précisait curieusement : « n'attendez pas que la classe ouvrière vous la donne (la terre) ». On assiste ensuite à une curieuse interprétation de la lutte fratricide entre factions mexicaines comme dûe au refus de la classe ouvrière de Mexico de soutenir les paysans : « ...Voyant arriver les troupes zapatistes avec la vierge en tête de cortège, les ouvriers de la « Casa del obrero mundial », les bataillons rouges, ayant perdu tout repère servent la bourgeoisie. Cette guerre fratricide détruit la révolution ». Sommaire l'explication sans aucune précision sur les diverses factions ni sur les confusions des chefs paysans ni sur l'état de cette classe ouvrière. L'essentiel reste de faire passer les paysans comme seuls vrais révolutionnaires comme on nous le resservira lors de la guerre d'Espagne un peu plus tard.

UN BON LENINE ANARCHISTE...

La mouvance anarchiste, diaspora toujours hyper dispersée, « n'a pas le temps de tirer les leçons de la guerre mondiale » nous dit la voix off ! Tiens tiens ! En plus ils ne réfléchissent pas. Ah mais voilà la révolution russe de 1917 (on a oublié en passant celle de 1905 parce que les anars n'y ont qu'un rôle quasi nul). Les anarchistes trouvent les Conseils ouvriers super. Il y a un certain Lénine, pas très connu, mais qui leur apparaît comme un stratège : « ...directement inspiré par les anarchistes avec son application de la théorie de l'insurrection » !
Et puis, et puis il y a la mythologie de la Makhnovitchina ! Intermède avec le faussaire Frank Mintz, spécialiste des mensonges et fadaises sur la guerre d'Espagne. Il pose en langue ibérique à la suite des petits profs amerloques, anglais et espagnols – tous nanars en chaire – il raconte comme s'il avait été à cheval à côté de l'aventurier Makhno qui « sauve » la révolution avec ses armées de paysans échevelés. Tancrède a même trouvé un quidam russe pour nous informer (en russe) que les anars sont les premiers opposants à l'Etat bolchevique. Ah les braves, mais on oublie de nous dire aussi les premiers auteurs d'attentats terroristes, et ne sont-ils pas toujours naïfs ces braves anars ?: « … ils se rendent compte que les bolcheviques ne sont pas des révolutionnaires ». Aaaaah que les directeurs de Public Sénat savourent !
Le principal salaud le voilà : Trotsky. (Besancenot va-t-il le défendre dans le débat promis à la fin?) : « Trotsky décide de débarrasser la Russie des bandits anarchistes ». Que c'est résumé simplement et sans argumenter inutilement... Quel plaisir jouissif pervers pour les pachydermiques électeurs staliniens en retraite devant l'enchaînement... parlementaire ! Il est vrai que les films de propagande du nouvel Etat prolétarien, contre les « adversaires les plus dangereux »1, n'y vont pas de main morte avec leurs navets de propagande simpliste dans leur chasse à l'anarchisme bouc-émissaire dans l'enfermement national et la situation de pays assiégé par les armées capitalistes. On se choisit l'ennemi qu'on peut à l'arrière...

On nous ressert une louche de la saga Makhno, assez superficielle pour passer sur les enjeux gravissimes d'une nouvelle gestion prolétarienne de la société après le capitalisme, où la révolution est réduite à une cavalcade de guérilleros plutôt ploucs et pillards. Et enfin la grande récup de Kronstadt présenté comme LE bastion anarchiste anti-bolchevique garanti. Un faussaire stalinien n'eût pas fait mieux. Ce mensonge supplémentaire vient au contraire justifier l'ignoble répression de « l'Etat ouvrier » car c'est assimiler les prolétaires de Kronstadt et les ouvriers en grève réprimés à Pétrograde à de simples anarchistes du même tonneau que les terroristes de 1918 qui avaient tiré sur les ministres bolcheviques. Oui Kronstadt est le premier coup d'arrêt à la révolution parce que l'Etat « bolchevique » se retourne contre les prolétaires mais pas contre les anarchistes qui ne représentent ni une force alternative ni le prolétariat.
Et hop on saute dans le règne de Staline, ce qui évite de renseigner sur les oppositions de gauche à l'intérieur du parti bolchevique – des combattants du renforcement du capitalisme d'Etat (que Lénine était le premier à avoir caractérisé ainsi depuis son siège de Chef d'Etat... n'en déplaise aux petits producteurs libertaires de la rive gauche qui tourne la mayonnaise pour la vanité nanar). Il suffit à la voix off de décliner le faux pour qu'il paraisse vrai : « Les anarchistes ont été les premiers à dénoncer le capitalisme d'Etat ». C'est dit donc c'est vrai et les bolcheviques étaient tous des salauds.

DES AFFIRMATIONS PLATES COMME UNE LIMANDE

Les raccourcis peuvent ensuite se succéder sans démonstrations comme autant de preuves de la belle continuité du purisme sacrificiel nanarchiste. En Allemagne ils sont les premiers à lutter contre le nazisme naissant. Puis massacrés en Bavière. Là le scénariste avait bu trop de bières. En Italie, les anarchistes sont « réprimés » ; plat comme une limande ! Rien sur le mouvement des Conseils à Turin en 1920 qui ne doit rien aux anars ! Rien sur la formidable constitution du parti communiste italien avec Bordiga, Gramsci et tous les autres, dont l'histoire et les apports théoriques sont à des coudées au-dessus de la saga romantique et neuneu de l'anarchisme de télévision.
Ah enfin un pays où l'anarchiste est considéré comme plus dangereux que le communiste en 1921 : les USA ! Et re-version des IWW comme filière anarchiste quand ils restent une expression de la classe ouvrière américaine plus proche des analyses d'un socialiste révolutionnaire comme DE Leon que des élucubrations de la gentille Emma Goldman.
Et Sacco et Vanzetti hein ? C'est pas des vrais de vrais anars ? Ignoblement condamnés à mort par la justice bourgeoise malgré un immense mouvement de protestation dans le monde entier, sans compter le mouvement communiste qui « se permet d'instrumentaliser l'affaire »... hein hein ouais les staliniens pour criminaliser le seul capitalisme à l'Ouest...
Hélas, l'exécution féroce des pauvres prolétaires Sacco et Vanzetti signe l'extinction d'un mouvement anarchiste d'ampleur, selon la voix off. C'est si bête comme conclusion... quand on sait que c'est surtout la féroce répression contre l'ardent courant syndicaliste révolutionnaire des ouvriers non qualifiés des IWW qui affaiblit le mouvement ouvrier américain à la veille de la terrible crise de 1929, dont il ne pourra pas tirer partie pour se redresser.
Voulez-vous un autre raccourci plus oiseux ? Le voici : en France où l'affaire des deux martyrs américains aurait eu le plus d'impact, est créé un cercle Proudhon avec pour but de la part des amis de Charles Maurras de récupérer l'anarchisme et d'attirer ses éléments. Bof...
Un autre ? Oui : « Les anarchistes sont les premiers à attaquer le fascisme ». Un gros mensonge peut en cacher un autre : « Van der Lubbe, qui était anarchiste, met le feu au Reichstag ». C'est faux Van der Lubbe était un communiste révolutionnaire et ce n'est pas lui qui a mis intégralement le feu au Reichstag ; les nazis l'ont exécuté à la hache avec les applaudissements des staliniens et des démocrates occidentaux2.

LA REVOLUTION A CHEVAL ET DANS LES CHAMPS

Un bémol ? 1926 : la plateforme d'Archinov, néo-bolchevique, vient troubler le magma anarchiste dans ses fondements divers néo-économistes, néo-terroristes, néo-éleveurs de chèvres. Heureusement le père Noël Mintz est là pour recadrer : « l'exemple reste la mackhnovitchina, c'était vraiment la lutte de classe menée par des groupes armées » ! Il y eu même une conférence de la crème anarchiste mondiale à L'hay-Les-Roses, juste à côté de chez moi.
Voilou maintenant la grande saga espagnole où « le socialisme naît anarchiste » ; que la formule est belle mais fausse dans son exclusivité. C'est pratiquement partout que le socialisme des origines a été issu de l'anarchisme, comme aujourd'hui la plupart des militants « organisés » ont été au moins un jour anarchistes au lycée.
Le mythe de la « révolution espagnole » permet tous les petits trafics théoriques. Foin d'une description approfondie de l'Espagne dans la situation internationale, ce qui évitera de mentionner la complicité anarchiste gouvernementale, leur complicité avec le parti staliniste puis leurs vaines jérémiades quant il a poignardé les espoirs prolétariens en Espagne au profit de Moscou la gâteuse.
Allons-zy ! « 1936 : grâce au soutien de la CNT, la gauche gagne les élections ». « les anarchistes avaient négocié leur participation au gouvernement dans des postes secondaires en échange de l'engagement des partis à leur fournir des armes », dit un des petits profs en gros plan ; « mais d'armes point » ajoute-t-il, dépité.
On nous ressert la formule débile du guerrier Durruti : « Durruti et sa colonne font la guerre et la révolution ». Slogan qui peut plaire à un vieux sénateur au passé gauchiste mais qui ne passe pas dans la théorie marxiste : c'est l'une ou l'autre !
« Ils font reculer le fascisme ». Peine perdue du scénariste rigolo avec sa boucle d'oreille et sa tenue punk : le franquisme ne recula jamais, Durruti et sa bande firent le planton sans bouger pendant des mois face à Saragosse, sans batailler autrement que par des insultes partant des deux camps.
On passe rapidement sur les massacres du camp républicain avec l'argutie stalinienne classique : « c'est les franquistes qui massacraient les premiers ».
Sur la socialisation des terres, le menteur professionnel Mintz vient en rajouter une louche – je l'avais d'ailleurs remis en place lorsqu'il était venu faire le malin à la médiathèque d'Arcueil – il blablate sur les « expériences de communisme libertaire »3 - il blablate sur la suppression de l'argent et le salaire familial. Toutes sortes de fadaises, très limitées et locales, avec lesquelles le gouvernement bourgeois-républicain-stalinien laissait les anarchistes jouer – pourvu qu'ils continuent à envoyer des hommes au front – en attendant de leur mettre un coup de pied au cul à partir de 1937.
Pic du mensonge du produit bobo acheté par la chaîne Sénat, un des profs a le culot de nous dire que l'excellent « Catalogne libertaire » de Orwell montre bien le positif de cette « révolution » ; culotté vraiment car Orwell démontre juste le contraire, une collection de supercheries et de saloperies de toutes les factions y compris les anars. Oui lisez Orwell, et là c'est pas glorieux la « révolution espagnole » !
Autre sommet inégalé de la mystification antifasciste pérenne, et chez tous les scénaristes de la rive gauche : la saga des brigades internationales. « Bataillons internationalistes » nous dit l'off, créatures de Staline oui, et poignard de la révolte espagnole, qui sont dissous, sur ordre de Staline. Tancrède aime mentir au service des recruteurs de chair à canon !

OU LA TRAHISON N'EST QU'ERREUR

D'autres relaient le faussaire Mintz dans le désordre du piquetage de tel ou tel épisode de la terrible guerre4 – mais pas révolution enfin – d'Espagne. Alternant avec un défilé d'images, qui, en langage cinématographique, donnent du sens même faussé, avec l'affirmation que finalement les anars, au niveau local, auraient régné et prouvé qu'une société « peut vivre sans gouvernement »... quoique en laissant régner dans les deux moitiés de l'Espagne meurtrie DEUX GOUVERNEMENTS avec des armée soumises à LEURS objectifs, et donc sans véritable transformation possible de la société.
Une affabulation assez honteuse amenuise les crimes staliniens : « c'est parce que le mouvement anarchiste s'est délité que le PCE minoritaire a profité de cette dérive ». Or, si on veut bien prendre le terme de délitement c'est dès le début que le courant anarchiste se soumet à la bourgeoisie républicaine, ou plutôt collabore parce qu'ils sont à des kilomètres de la conscience politique des bolcheviques quant à la gestion de la société en transition vers la transformation du monde et pas de la seule Catalogne.

Face à la répression (des inventeurs de la « guerre révolutionnaire » - dixit impérialiste – des staliniens, notre voix off anarchisante réconcilie Kronstadt et Barcelone : « cette fois les anarchistes sont aux côtés des trotskystes du Poum ». M. Off Tancrède ne fait pas dans la nuance ! Comment peut-il assimiler les prolétaires anarchistes et leurs ministres traîtres, et faire passer le Poum pour trotskyste alors que ce petit parti à idéologie nationale était renié par Trotsky, et combattu par le petit groupe de Munis ? Une chose est sûre : un parti structuré, même minoritaire, sera toujours plus fort qu'une vaste chose molle.
On ne comprend pas finalement le déroulé macabre de la guerre en Espagne, maquillée par tous les historiens officiels en révolution, mais tombe pourtant une remarque si juste hélas : « la contre-révolution ce n'est pas d'abord le franquisme mais les staliniens ». Alors pourquoi continuer à mentir sur la création, la fonction et le lâchage des lamentables « brigades internationalistes » ? Dites.
1939 : « les libertaires sont les principales cibles de la répression ». L'anarchisme comme nombril victimaire du monde cela finit par friser le ridicule et copier le « mensonge déconcertant » des oublis successifs de l'historiographie stalinienne.
Le film de Tancrède le frauduleux et ignorantin metteur en images se clôt par la belle citation de Durruti : « nous vaincrons ».

OU LA REVOLUTION C'EST POSSEDER DES ARMES...

Non ce n'était pas tout à fait fini. Bien que chassés au-delà des Pyrénées : « les anarchistes reprennent le combat », « ils continuent de porter des armes »... « sur les chars du Maréchal Leclerc, ils libèrent Paris ». Les vrais antifascistes révolutionnaires c'était donc eux !
Et 68 ? Puff... n'a fait que reprendre leurs symboles.

UN BREF ECHANGE DE SALON

On se doutait bien que Besancenot n'allait pas faire le mariole. Il tient trop à sa posture médiatique. On l'invite sur toutes les chaînes, et là enchaîner sur une chaîne matée chaque jour par les pépères en pantoufles sénatoriales, était une forme de consécration supplémentaire. Il n'allait pas prendre la défense d'une théorie trotskienne qui s'était plantée royalement en 1936 et qui a constamment entretenue pieusement le mensonge d'une révolution espagnole, ni dénoncer anarchistes et staliniens car on est en veillée électorale. Ce fût affligeant quand même, même pas un minimum de respect pour ce que fut, il y a fort longtemps, le courant trotskyste.
« Chez les libertaires ce qui est en question c'est l'angle mort du marxisme. Il y a toujours eu dans l'histoire des fils noir et rouge. Il faut établir des passerelles car il y a toujours autant de formes d'anarchismes et de marxismes ».
Le zozo écolo, petit savant de service, est venu vendre son book anar-écolo avec coups de chapeau à Murray Bookchin, ancien stalinien et ancien trotskien, pape de l'écolo-bobologie, idole des anars à peu près intellos et à John Zerzan.
Tancrède porte beau avec son jean déchiré et sa coupe punk, il répond aimablement aux sourires de Besancenot. Besancenot ne veut « blesser » ni le front de gauche ni le front anarchiste, on ne sait jamais, des fois qu'au premier tour il y en ait qui préfèrent les candidats du NPA à ceux de l'égocentrique Mélenchon... On est entre soi rive gauche et contremaître à la Poste. Olive va bien sûr nous sortir sous peu sa version – tissée de fils noir et rouge – de la révolution d'Octobre. Tancrède objecte à l'objection rigolarde de la journaliste raide de LCP (« l'anarchisme est romantique ») : « l'anarchisme a combattu le pouvoir, l'argent et la religion ». Il a bien fait de rappeler qu'il y en a qui ont combattu la religion parce qu'un certain marxisme est devenu à son tour une religion et incapable de critiquer encore la religion...

La starlette Besancenot a le mot de la fin : « il faut prendre le pouvoir sans se laisser prendre par lui ». Belle blague pour un type disposé à rester toute sa vie un figurant.

NOTES

1Du point de vue du Cahier bleu et du génial « L'Etat et la Révolution », écrits de « l'anarchiste Lénine » pas encore en poste, donc la nécessité de la destruction de l'Etat, les anars étaient en effet « dangereux » pour la théorie marxiste bolchevique reniée de fait, sauf que les braves anars (les théoriciens pas les agités du bonnet) croyaient qu'on pouvait mettre la charrue avant les bœufs. Pas si vite camarade anarchiste ! Et puis au fond vous n'avez jamais voulu supprimer l'Etat comme l'ont confirmé vos représentants deux décennies plus tard en Espagne ; et de nos jours cruels, vos diverses crèches libérales-libertaires se moquent du pouvoir, lui laissent pleine latitude et ne servent qu'au bal des rues manifestatoires et à la contestation bobo-écolo.
2J'entends cependant, à ma grande joie, une bonne formule, bien tournée et qui justifie pleinement finalement Van der Lubbe face à ses divers lâches détracteurs : « Van der Lubbe incendie un Reichstag qui était devenu l'antichambre du fascisme ».
3On apprendra par un petit savant à la fin de l'émission que le mot libertaire a été inventé par Dejacques, pour contrer le mot anarchisme qui ne prenait pas en compte la libération sexuelle et la libération des femmes.
4Mintz est honnête au moins une fois. Sur la mort de Durruti il explique très bien comment ce fut un accident, un coup de fusil maladroit par un de ses gardes du corps. Et il ajoute : « en pleine guerre civile, apprendre que le principal héros n'avait pas été abattu par l'ennemi mais avait été victime d'un stupide accident, aurait fait mauvais effet, c'est pourquoi on a laissé croire à la thèse de l'attentat ».

dimanche 4 juin 2017

Hé kamikaze-bestiau ! C'EST POUR ALLAH... OU POUR LA PROCHAINE GUERRE MONDIALE OU POUR LA PAIX SOCIALE ?


Traité de LA TERREUR « AMBIANTE »1

« L'enfer est vide, tous les démons sont sur terre." Shakespeare
« Taisez-vous ! Méfiez-vous ! Les oreilles ennemies vous écoutent. ». d'Affiches Alexandre Millerand, ministre « socialiste » de la Guerre (1914)


« Effroi » mais « solidarité », « affection et soutien aux familles », compassion réitérée entre chefs d'Etats, concerts de musique, dépôts de bougies, lamentations : « on continuera de s'amuser », « ils ne nous auront pas », « l'amour est plus fort que la terreur ». La pleurnicherie pacifiste est de mise face au firmanent, d'où n'est pourtant redescendu qu'un astronaute français. Les oriflammes nationaux seront en berne et la Tour Eiffel encore disjonctée. Les caïds d'Etat se substituent immédiatement aux journalistes et, en Angleterre comme en France, bien que baignant dans leurs scandales à répétition, en profitent pour faire pattes blanches et réclamer la communion des cimetières. On est aussitôt assujetti dans la putride ambiance « la patrie en danger », « tous au front », « paix aux âmes de bonne volonté ».
Il faudra s'y habituer avait dit un ancien premier ministre français. Et, en effet, les somnambules qui gouvernent les empotés que nous sommes, semblent vouloir nous y habituer : Nice paraît loin, on a oublié l'attentat qui avait précédé celui de Manchester en passe2 d'être effacé par celui de Londres... Après Manchester voici le London Bridge objet d'un massacre-commando de kamikazes ni glorieux ni héroïques : le véhicule fonce sur la foule et trois tarés en surgissent pour poignarder au hasard les passants. Maryse Emel écrivait en 2016 : « La situation actuelle est telle que nos assistons à des actes de pure violence dirigés contre des individus, sans finalité rationnelle évidente. Et que si nos Etats sont habitués à penser la guerre entre « puissances » au point d’y voir le modèle de toute guerre, les violences présentes échappent manifestement aussi bien aux catégories de la « guerre extérieure » qu’à celle de la « guerre civile »3.

COMBATTRE «L'ennemi intérieur » ?

Oublions toujours Kaboul, après Paris, Stockholm, Berlin, Londres, Manchester, Londres encore une fois, une violence sans nom, sauf celui d'Allah, mais pas de pot pour les lâches tueurs, pendant le ramadan le meurtre est interdit4. L'attentat kamikaze a encore réussi plusieurs meurtres sans qu'une police bourgeoise si armée et si vigilante ne puisse l'empêcher, comme le prétend la doxa officielle franco-anglaise pour justifier son quadrillage des populations depuis des mois et des années. Effet garanti immédiatement sur toute la planète occidentale : « effroi » et climat d'insécurité renouvelé. On remarque à chaque fois que les congratulations ont lieu surtout entre chefs de guerre occidentaux. Les flics anglais seraient tout de même arrivés huit minutes après, donc plus rapides que les flics français au Bataclan.

UNE GUERRE PAR MORCEAUX ...HUMAINS ?

« Il y a un mot que l'on répète beaucoup en ce moment c'est “insécurité” mais le véritable mot est “guerre”. » Répondant aux questions des journalistes dans l'avion pour la Pologne, au lendemain de l'assassinat du père Jacques Hamel en France, le pape avait une nouvelle fois martelé sa conception de la « guerre » dans laquelle le monde est aujourd'hui engagée.

« Nous n'avons pas peur de dire cette vérité : le monde est en guerre ! Pourquoi ? Parce qu'il a perdu la paix. (…) Quand je parle de guerre, je parle sérieusement : il y a une guerre des intérêts, pour l'argent, pour les ressources de la nature, il y a des guerres pour la domination des peuples, voilà la guerre ! Certains pourraient penser que je suis en train de parler de guerre de religions, mais non : toutes les religions veulent la paix»5. Au lendemain des attentats du 13 novembre, le pape, répondant répondait à un journaliste de la télévision des évêques italiens TG2000 qui l'interroge à propos de la justification religieuse des attentats, emploie déjà cette expression : « C'est un morceau [de troisième guerre mondiale]. Il n'y a pas de justification pour ces choses, ni religieuse, ni humaine. Cela n'est pas humain. C'est pourquoi je suis proche de tous ceux qui souffrent, de toute la France, que j'aime tant. »


Gérard Chaliand explique dans son Histoire du terrorisme (Fayard), que l’humanité a vécu l’essentiel de son histoire dans un monde de terreur, c’est-à-dire la crainte inspirée. Toutes les sociétés despotiques ont été inspirées par la peur, comme le furent les régimes totalitaires. C’est pourtant le règne de la soumission à l’ordre établi et de la force qui serait, pour l’essentiel, des dictatures modernes à la démocratie généraliste, le seul espace de sécurité et de liberté ...d'opprimer consensuellement. L’usage de la terreur s’impose comme méthode de gouvernement dès le début des sociétés organisées comme facteur de dissuasion et de châtiment, mais l'ex-mao n'est capable que de généralités inoffensives et conservatrices. L'ennemi intérieur a varié au cours des siècles, mais sa fonction n'a pas changé.

CYCLES D'UTILISATION DE LA TERREUR « AMBIANTE » PAR LES ETATS BOURGEOIS
(Terrere en latin signifie « faire trembler »)

La terreur de l'Etat bourgeois s'exprime de multiples façons que nous ne listerons pas toutes ici. La nécessité du règne sans partage du pouvoir d'Etat est nécessaire d'abord évidemment à la paix sociale entre les classes, une terreur officielle, disons soft et dosée, qui est exercée par la magistrature et la subordination policière aux ordres « d'en haut ». Orwell disait : « le premier ennemi que confronte l'ouvrier est le policier », ce n'est plus vrai, c'est le flic syndicaliste avec son déguisement corporatif et son emprise localiste. Le syndicaliste patenté utilise l'argument terroriste lui aussi : « si vous agissez hors du syndicat, nous ne vous couvrons plus, vous aurez en face de vous le juge et le policier »6. Les élections cycliques terminées sont le principal instrument légitimant la terreur d'Etat « élu par le peuple », ses mercenaires en uniforme peuvent tirer avec une loi « légitime » pour eux. La terreur de la faim par le chantage au licenciement est à la base de toute transaction dans l'hypocrite « droit au travail » et ses « contrats de travail » subséquents.

Il y a les grands cycles qui se succèdent. Le temps des guerres mondiales condense la terreur à son plus haut niveau, et lorsque leur succède après 1918 la menace de révolution on fabrique le fascisme, et après 1948 on dispose du passé de la terreur nazie, agitée comme épouvantail, et de la terreur stalinienne, concrète et pérenne.

Avec la fin de la guerre froide, la terreur nazie restant la référence incontournable, même si elle n'existe plus, et le stalinisme complètement dégonflé avec son allié trotskien en état critique, l'ère du terrorisme obscur, jamais réellement identifié, est venu renouveler la terreur diffuse dont la société bourgeoise a besoin pour se perpétuer, pas seulement pour aller vers une nouvelle guerre mondiale. Contrairement aux simplismes et naïvetés du blog « Guerre ou Révolution ? », la bourgeoisie ne cherche pas volontairement à aller à nouveau à la guerre mondiale, comme l'ont montré l'affaire des missiles de Cuba en 1962, la victoire de Eltsine en 1991, et la guerre limitée après l'attentat contre les twins en 2001. La bourgeoisie est une classe de somnambules qui peut se laisser entraîner à la catastrophe mondiale si elle « perd les pédales » du fait de la marche chaotique de son système de compétition sans frein, ni militaires, ni écologiques7.

En temps de paix, en pays riches, la guerre reste une violence lointaine et la corrélation des attentats avec cette guerre lointaine reste une cogitation perverse de la part des pacifistes soutiens au militarisme financier. Les islamo-gauchistes, en justifiant plus ou moins les tueries de civils innocents comme une vengeance d'éternels colonisés du tiers-monde, jouent le même jeu que les anarchistes pacifistes en 1914 : ils servent de contrefort au militarisme, celui-ci est plus efficace que celui-là, l'un est plutôt un « agent de l'étranger » quand l'autre « défend la patrie »8. Quant aux motivations des tueurs, tous plus ou moins kamikazes, chacun à son interprétation mais il suffit de les zigouiller pour mettre fin aux débats ; nos gens en uniforme le font très bien longtemps après s'être fait prier9.
Plus singulier, et personne ne semble le remarquer, lors de chaque attentat la principale terreur est exercée par l'armada policière qui débarque mitraillettes au poing et sirènes hurlantes pour "sécuriser", mais pas vraiment. Alors que les tueurs fous et drogués ont été "neutralisés", c'est au tour de la population environnante d'être terrorisée, enfermée dans tel restaurant, telle Eglise, mains sur la tête, fouille au corps, aboiement de chiens policiers... Histoire de faire croire que d'autres terroristes sont parmi nous. Et de montrer quel est le vrai terrorisme.

BICHON IL FAUT QUE TU VOTES CONTRE LE TERRORISME !

En temps de paix européenne et occidentale, quoique la Libye et la Syrie ne soient qu'à une heure d'avion de l'Italie, le théâtre lointain de la guerre au « Sud » ne recevrait que des éclairs de terreur terroriste contre les Etats démocratiques. Or, le masque tombe, avec le moment présent des deux campagnes de mystification électorales des deux côtés de la Manche et le bichonnage de l'électeur, si chaque Etat feint la surprise et l'indignation, l'attentat criminel et honteux sert de justification à toute la pourriture politique démocratique. Si les vœux vont aux victimes (qui s'en fichent) et aux familles (qui n'ont que leurs yeux pour pleurer), c'est l'Etat bourgeois qui caracole comme principale victime : « C'est l'Europe, berceau de la civilisation (sic) qui est attaquée », « une attaque contre la démocratie », « nous sommes en guerre et il faut gagner cette guerre10. Abstentionnistes vous êtes donc complices des tueurs ! Rejoignez les rangs aux queues des bureaux de vote, la patrie vous sera reconnaissante !
Sus à la nouvelle « cinquième colonne » : « l'ennemi islamiste s'infiltre partout sur les réseaux sociaux ». La guerre est là sous le clavier de ton ordi et l'Etat pense à toi pour te protéger, collabore et rejoint nos meilleurs délateurs !

Les marxistes bègues et les nombreux perroquets du Trotsky déchu devraient être rangés au musée des vieilleries politiques face à un idéologie bourgeoise capable de se renouveler et d'abuser sans vergogne, et avec encore plus de force que ses dénonciateurs sont naïfs et dépassés. Excepté le CCI, même décadent et les diverses versions du bordiguisme et du damenisme, il n'y a aucun groupe politique qui soit capable d'approcher et de saisir le machiavélisme de la bourgeoisie. L'utilisation du terrorisme est probablement depuis plus de cent ans une de ses plus grandes capacités pour continuer à abuser et à gouverner. Il y a beaucoup de références, certes plus ou moins claires ou confuses sur les menées de l'ombre depuis des décennies11. Mais depuis sa confrontation aux attaques du « terrorisme » (téléguidé par Moscou ou Pékin) des fausses libérations nationales, et en particulier des échanges fructueux entre services secrets français et américains, puis à l'époque du « terrorisme d'Etat voyou » (Pétromonarchies, Kadhafi et Cie), la bourgeoisie a curieusement su anticiper le « terrorisme islamiste », au point qu'on peut se demander légitimement si elle n'en a pas organisé elle-même comme Poutine en Russie, voire inventer et fournir les scénarios (lire: http://www.nonfiction.fr/article-8688-le__cinema__de_daech.htm), ou plus vraisemblablement « laissé faire » :

« Il y a quelques années, à Washington, au cours d’une conférence sur le contre-terrorisme organisée par le renseignement du Pentagone, The Defense Intelligence Agency (DIA), s’étaient rassemblés des travailleurs de l’ombre reconvertis après la guerre froide dans un secteur nouveau appartenant à la catégorie plus large des « nouvelles menaces » (prolifération nucléaire, armes de destruction massive, crime organisé. Une véritable congrégation qui écoutait sagement les propos à la tribune. Le dernier intervenant arrive en fin de journée, fatigué mais avançant à grandes enjambées vers l’estrade, valise à la main, cheveux longs coiffés d’un chapeau noir, barbe fournie, lunettes foncées, pantalon déchiré, veste de cuir, rien de commun avec les clergymen du renseignement. Il ouvre, d’un geste sec, sa valise et balance deux grenades sur la foule, pointe un fusil M 16 sur l’audience tétanisée.
Pas d’explosion ni de coup de feu. L’homme s’installe tranquillement au micro et commence son discours. Et une part de l’assistance reconnaît cette voix familière : il s’agissait du directeur de la DIA, un général donc, qui s’était déguisé en « terroriste », et avait voulu montrer à ses ouailles combien il était facile de s’introduire dans un bâtiment (dans les universités américaines, il n’y a pas de contrôle à cette époque) et éliminer la fine fleur du contre-terrorisme américain. En récupérant son uniforme, le général eut ces mots prophétiques : « un jour des terroristes s’attaqueront à un bâtiment comme celui-ci à Washington ou à New York. Ils provoqueront la mort de centaines de victimes et un choc psychologique sans précédent. La question n’est pas de savoir si un tel acte aura lieu sur le territoire américain, mais quand et où. C’est à vous, Messieurs, de vous préparer. C’est entre vos mains que repose la sécurité de notre territoire ».
C’était en 1998. Trois ans plus tard, 19 hommes terroristes décidés provoquent la mort de 3000 personnes dans l’attentat terroriste le plus « spectaculaire » de ce début de XXIe siècle à New York, frappant même la DIA à Washington.
Dire que la bourgeoisie laisserait faire les attentats terroristes tombe aussitôt sous le coup de l'auto-censure de tout sergent de base gauchiste ; cette bonnasse morale anti-politique des gauchistes pacifistes et anti-racistes de tout poil - « hé, tu sacrifies à la théorie du complot ! » - dénégation et solide paravent qui fait partie intégrante de la structure mentale de tout aficionado de la novlangue officielle, des divers « je suis Charlie », « je suis Bataclan » et autres versions de « je suis con ». Peu importe, et il est évident que prédominent deux interprétations journalistiques curieuses qui justifient en cascade le système de pérennisation de la terreur « ambiante » :
  • daech étant défait, sur son terrain local, organiserait le retour et l'action de ses tueurs avec des moyens réduits : camion de location contre la foule et finition au couteau ;
  • les nouveaux tueurs seraient une génération spontanément musulmaniaque surgie du sol occidental pervers et mécréant.
L'utilisation de moyens réduits, voire d'ustensiles de cuisine, prouverait l'affaiblissement de daech mais surtout l'efficacité de la protection policière occidentale, dont on apprend épisodiquement qu'elle a déjoué un certain nombre d'attentats, sans preuve aucune certes. Cet argument sert surtout de justificatif à l'impuissance du blindage policier à protéger la population ; le meilleur renforcement policier n'empêchera jamais de se produire l'acte puant de drogués au captagon.
La société capitaliste actuelle éjecte suffisamment d'individus en les paupérisant et en les humiliant qu'il serait benêt de croire qu'elle veuille faire disparaître les relents de jalousie et de vengeance. Une société qui exalte partout la mort, mort de toute relation humaine, mort de tout dialogue, mort de tout respect pour les exclus, ne peut pas s'attendre à enfanter des enfants de... cœur, quelles que soient les invocations religieuses d'hommes rendus à l'état de bestiaux sauvages. Il y a en effet un rejet de « cette » civilisation moderne, une volonté de détruire tout ce qu'elle recèle d'hypocrites conventions, mais un rejet plus nihiliste que musulman ; et c'est là la force des deux menteurs du système : celui qui crie contre le terrorisme « islamiste » qui veut annihiler « notre civilisation » et celui qui plaide en faveur d'une « civilisation islamique » 12; l'alternative était jusqu'à une date très récente dans le parcours des siècles, le communisme, faut-il en changer le nom pour qu'il redevienne le seul crédible pour l'avenir et sortir les désespérés de l'ornière où le système machiavélique les piège ? L'histoire de l'humanité regorge de période de recrutement de tueurs sans foi ni lois, ce qui n'est pas propre au seul capitalisme, mais une preuve de plus qu'il joue les prolongations.
Seul ou télécommandé le tueur dit islamiste se vit comme un soldat, ce qui est une promotion comme je l'ai déjà souligné face à la catégorie d'ouvriers ; il se vit comme héros, plus ou moins chanceux, d'une guerre contre l'ennemi dominant mais sans jamais l'atteindre au cœur, il s'en prend aux sans-défense pas aux rois ni aux palais. C'est pourquoi le concept de kamikaze convient à peu près pour le caractériser, sauf que le kamikaze japonais s'en prenait aux militaires et pas aux civils. C'est le progrès dans sa continuité ! Mais à peu près, car nous ne sommes pas en guerre mondiale, en dépit des approximations du pape et de certains plumitifs, c'est la population civile en Occident comme en Orient qui est visée mais en même temps les divers symboles et institutions de la société capitaliste occidentale, certes décadente mais pas pour les raisons délirantes des embrigadés de dieu.
Seul (avec mister dieu) ou télécommandé (par réseau d'internet dans sa solitude de branleur) le semi-kamikaze – kamikaze-bestiau - rend complètement service au système bourgeois, ce monstre inhumain qui pose alors à la victime sur le corps encore chaud des humains massacrés pour une guerre sans cause apparente, pleine de bruit et de fureur. La menace de l'attentat, aux causes toujours opaques, sert l'ordre dominant et à paralyser les populations, surtout le prolétariat, pas encore à aller à la guerre mondiale. Mais un bon conditionnement pour le long terme.


PETIT RAPPEL DE LA MODE KAMIKAZE DE JADIS

KAMIKAZE : À l'été 1944, le quartier général impérial, afin de freiner la poussée ennemie, décide de constituer une unité spéciale d'attaque (Tokkōtai) chargée par son sacrifice d'invoquer les Kami pour réitérer le miracle de 1274 (voir la section Étymologie).
Cette unité était composée en majorité d'étudiants volontaires fraîchement appelés sous les drapeaux (ils avaient été épargnés jusque là, devant constituer l'élite du futur empire). Ces cadets décollaient sans parachute et ne revenaient à leur base qu'en l'absence de navires ennemis. L'appel dans cette unité était à la fois un honneur important et une sentence de mort. Vers la fin de la guerre, l'entraînement était réduit à sept jours (deux jours pour apprendre le décollage, deux pour le pilotage et trois pour les tactiques d'attaque)13.
Au cérémonial de départ d'une attaque, les militaires vouaient allégeance à Hirohito, l'Empereur du Japon, récitaient un tanka comme poème d'adieu en référence au devoir de sacrifice puis buvaient l'ultime saké en se tournant dans la direction de leur région de naissance. Ils nouaient autour de leur front, par-dessus le casque de vol, un bandeau Hachimaki aux couleurs du drapeau du Japon (Hinomaru) (drapeau au disque solaire), blanc orné d'un disque rouge. La variante Kyokujitsuki, drapeau de la marine impériale japonaise avec seize rayons entourant le disque rouge, existait aussi.
Cet acte de sacrifice s'accompagnait souvent d'un cri de guerre (comme au temps des samouraïs) pour se donner du courage - le fameux « Tennō heika banzai » (天皇陛下万歳!?, signifiant littéralement « Longue vie à Sa Majesté impériale ! ») ou plus communément banzai, terme emprunté à la culture chinoise, tant utilisé ensuite au cinéma.
Si certains kamikazes étaient volontaires pour se sacrifier pour leur empereur, d'autres étaient contraints à cet acte par l'état-major militaire et la pression sociale15
ACTION SUICIDE A COURT TERME...
Quel que soit le pays auquel appartient le pilote qui se jette sur sa victime, les attaques-suicides sont le plus souvent menées dans une atmosphère de catastrophe et d'action de la dernière chance devant un ennemi toujours plus nombreux et en apparence invincible.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon ne fut pas le seul pays à prendre ce genre d'initiatives. En octobre 1944, sous le régime nazi, Goering fit appel en dernier recours à des unités aériennes qui devaient s'écraser sur des objectifs alliés lors de l'invasion du Reich. Toutefois, cette action ne fut mise en pratique que de manière très minoritaire par rapport aux frappes massives de l'armée japonaise. De plus, certains pilotes désobéirent à ces ordres, la notion d'honneur n'étant pas comparable avec la vision japonaise17. Néanmoins, plus d'une centaine de jeunes pilotes de la Luftwaffe se sont portés volontaires ; seuls six d'entre eux ont survécu.
Quelques initiatives similaires eurent lieu pendant la Première Guerre mondiale et surtout la Seconde Guerre mondiale :
  • des pilotes russes et allemands sectionnaient les ailes des avions ennemis avec leurs propres ailes ou entraient volontairement en collision avec l'appareil adverse ; pour ces actions sur le front de l'Est, on parle d'attaque taran ;
  • certains pilotes de la Royal Air Force projetèrent leur avion contre les V1 allemands pour les empêcher de s'écraser sur la Grande-Bretagne, ou les tirèrent à bout portant et furent détruits par l'explosion de la bombe. C'est ainsi que Jean Maridor, des Forces aériennes françaises libres, perdit la vie18.
NOTES

1Ambiant : Se dit du contexte intellectuel, moral, etc. : Être influencé par la neutralité ambiante. (Larousse)
2Au mois de mars, sur le pont Westminster au pied du Parlement britannique. Et celui de Berlin en septembre 2016 où le tueur avait réussi à s'enfuir en Italie (preuve que les assassins islamistes ne sont pas si suicidaires qu'on le dit) mais finalement rattrapé et abattu par la police (ce que personne ne reproche à la police, ni la mouvance islamiste « radicale » ni leurs soutiens pacifistes islamo-gauchistes). Heureusement qu'on a internet, dans la mémoire commune tout tend à se mélanger, or il serait peut-être intéressant de se penche sur la fréquence et la période des crimes de masse ou de musulmanie létale individuelle :
13 juin 2016 : un couple de policiers égorgés à Magnanville
14 juillet 2016 : crime de masse à Nice
26 juillet : égorgement du prêtre de Saint-Etienne du Rouvray.
20 avril: meutre du policier homosexuel sur les Champs Elysées.
3http://www.nonfiction.fr/article-8475-le_jt_de_socrate__rousseau_et_la__guerre_mondiale__contre_le_terrorisme.htm
4« Une fois passés les mois sacrés, tuez les incroyants où que vous les trouviez. Prenez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades. S’ils se repentent, font la prière, acquittent l’aumône, laissez-leur le champ libre, car Dieu pardonne, il a pitié. »
5Ce qui est un pieux mensonge !
6Vrai de vrai, combien de fois n'ai-je pas ouï cette menace lors de nos grèves « sauvages ».
7Comme vient de le démontrer le revirement de Trump contre l'hypocrite conférence sur le climat, et Trump ne s'est pas fait que des ennemis, il y a des soutiens des cartels pétroliers dans tous les pays ; et ce n'est pas le petit rigolo Hulot ni ses comparses bobos du magma écolo qui y changeront quoique ce soit, de même que les gentils pacifistes anarchistes n'ont jamais empêché ni arrêté les guerres capitalistes fomentées par les grandes puissances.
8Le même type d'ambiguïté se perpétue sur la causalité de base du crime sous couvert d'Allah : la perfide Albion est culpabilisée pour sa tolérance à l'islamisme (c'est un fait mais pas une cause) et la France pour son « racisme » face aux boat-people syriens. Soit tolérant mais pour ne pas être intolérant comme moi, mais de quel point de vue ? La mère May fait mine contrite mais elle est directement responsable du laxisme à l'égard du londonistan et de la fossilisation des ghettos planques à prêcheurs de haine.  Le scénario "hollywoodien"des fachos daechiens est lui à tolérance variable dans le meurtre - la mise en scène des égorgements en plein désert fait partie du vintage s' horror - les connards de Paris avaient déclaré ne pas tuer les femmes, mais dans la version lower price  leurs confrères à Londres les ont égorgées... Tout est faux et fourbe dans leurs communiqués (d'où? et validés par quelle autorité? Le roi Fahd puis Abdallah? la CIA? le Qatar siège de l'agence Aamaq de daechiotte?) comme dans le coran, condensé d'idioties antiques qu'ils n'ont d'ailleurs jamais lu, compil défendue comme sacrée et intouchable par une masse de bigots encore pacifistes. Un docte "spé" de France infaux nous expliquait dimanche que daechiotte tardait à revendiquer tel ou tel attentat pour ne pas se ridiculiser en couvrant un fait divers. C'est fait! On apprenait ce même jour que le scénariste de daechiotte avait revendiqué le massacre aux Philippines (37 personnes tuées dans un incendie criminel), l'assassin n'était qu'un pauvre type endetté qui avait voulu simplement "se venger".
le Qatar Saint Germain...
9On a appris ces jours-ci que les services secrets des forces armées secrètes occidentales se rendent service mutuellement pour « neutraliser » (= zigouiller) hors-la-loi démocratique les petits tueurs qui veulent « revenir au pays » ; personne ne s'en plaint, les familles religieuses apprennent qu'ils sont « morts au combat ». Mais ici, après-coup la police parade, dérisoirement et fouille méthodiquement et cyniquement la foule, preuve du fond de l'antiterrorisme : terrorise le prolétariat ! Plusieurs londoniens se sont battus avec les bestiaux assassins pour limiter leurs crimes, bravo ! Il viendra le temps où toute la population exigera d ' être armée... Je suis sûr que beaucoup se baladent désormais avec des armes blanches ou des matraques et que le petit terroriste lambda risque plus de tomber sous les coups d'un anonyme que de l'arrivée une heure plus tard de la soldatesque, au train où vont les assassinats ...spontanés. C'est d'ailleurs ce que craint l'Etat bourgeois puisqu'il ne cesse de radoter qu'il « renforce le dispositif anti-terroriste » qui ne sert à rien à chaque fois !
10Dimanche sur la radio d'Etat, le petit chauve de l'UMP chargé des questions policières, et futur ministre de ce milieu.
11histoire-de-la-corruption-sous-la-5e-republique sous la direction de Yvonnic Lenoël et Jean Garrigues.
12Un version de civilisation vachement pacifique selon son propre programme politico-religieux ou religieux-politico : Sourate IV-38. « Les hommes sont supérieurs aux femmes en raison des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter les femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises ; elles conservent soigneusement pendant l'absence de leurs maris ce que Dieu a ordonné de conserver intact. Vous réprimanderez celles dont vous aurez à craindre l'inobéissance ; vous les reléguerez dans des lits à part, vous les battrez ; mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point querelle. Dieu est élevé et grand. »
Sourate IV verset 56 ou 59 « Ceux qui ne croient pas à nos versets (ou à nos signes), nous les pousserons au feu. Chaque fois que leur peau sera brûlée, nous leur donnerons une autre peau pour qu'ils goûtent le tourment.»