PAGES PROLETARIENNES

vendredi 26 août 2016

LE BURKINI ET L'INFINI

 UNE PRISE DE POSITION CLAIRE DE ERIC AUCORDIER:

Salut fraternel à nos frères de classe d'Afrique du Nord, en souvenir de leur engagement durant Mai 68 !

Aujourd'hui les gauchistes couchés devant la réaction islamiste et ses briseurs de grève, vous crachent à la gueule !

Quand la classe ouvrière est défaite, fraction immigrée comprise - ce dont les gauchistes alors partisans de la collaboration de classe sous les couleurs de Mitterrand et du PS, portent en partie la responsabilité - il faut savoir préparer les futurs combats de classe et tirer les leçons du passé. L'apologie de supposées "traditions" plus réactionnaires les unes que les autres et la courte échelle faite aux raclures anti-communistes telles Ramadan, Bouteldja and co, ne peut mener qu'au désastre.

En cette fin du mois d'Aout, l'anti-fa surfant sur la vague religieuse, nous explique que l'Etat n'a pas à légiférer sur la façon de s'habiller. Soit, mais que la réaction religieuse le fasse à sa place, ne lui pose visiblement aucun problème. Cette même réaction qui ne tombe pas du ciel et trouve ses fondements idéologiques dans les fractions bourgeoises du Moyen Orient, tour à tour ennemis ou amis de l'impérialisme.

Ne nous y trompons pas, le problème de la burkini n'en serait pas un en lui même s'il ne se situait pas dans la droite ligne des débats posés par le foulard à l'école, la prière dans la rue, le repas dans les cantines, les programmes scolaires, l'apartheid sexuel dans les piscines publiques, le refus qu'une femme puisse être examinée par un médecin homme à l'hôpital public, et autres revendications pas toujours progressistes, c'est le moins que l'on puisse dire.

L'argument qui voudrait qu'il faille laisser ces femmes nager dans cet accoutrement sous prétexte que dans le cas contraire elles ne pourraient plus profiter des joies de la baignade, ne vaut rien. C'est l'habituelle méthode propre aux islamistes que d'envoyer des pauvrettes au charbon pour mieux susciter l'émotion et la tolérance avant d'occuper les lieux. Les événements de Sisco en Corse nous donnent un avant goût de cette future privatisation religieuse des plages. Nos anti-fas qui à l'époque proposaient aux femmes de porter un masque anti-pollution pour mieux contourner la loi anti burqa, sont peu bavards sur celles qui souhaitent porter un pull moulant ou encore une jupe dans les quartiers ou cette burqa jamais verbalisée mène aujourd'hui la danse. Qu'ils nous renseignent...nous changerons alors d'opinion si nécessaire.

Sans évidemment amalgamer les islamistes avec la très grande majorité des musulmans vivant en France, faut il rappeler qu'il est difficile pour un révolutionnaire d'avoir une perception positive d'une religion au nom de laquelle on condamne les auteurs de soi-disant blasphème à une mort atroce, on persécute ceux qui n'adorent pas le bon prophète, on convertit de force, on assassine, on incite à l'assassinat, on lapide et on exécute.
Au delà de ces faits extrêmes, certains comportements plus généralisés apparaissent comme très liés à l'Islam, semblent être, et c'est le moins que l'on puisse dire, en contradiction avec des valeurs émancipatrices. Citons en vrac, la soumission imposée aux femmes, l'homophobie violente ou encore les limites à la liberté d'expression dès qu'il s'agit de religion.

A la lecture de ces lignes l'anti-fa entrera sans doute dans une colère folle. Peu importe, les acquis démocratiques obtenus dans ce pays sont le fruit de luttes menées par le prolétariat hommes/femmes contre le capital et la réaction cléricale, ou bien souvent le sang a coulé. Rien ne justifie de saboter un siècle de combats au nom du "droit" salafiste pour qui l'année 1789 représente un cauchemar. L'état bourgeois martyrise t'il les Témoins de Jéhovah quand il nie leur droit à interdire une transfusion sanguine ?

On notera à ce propos que le site "égalité et réconciliation" de Soral vole au secours du burkini. Voila qui en dit long sur les prétentions gauchistes à voir dans cette affaire l'occasion d'un affrontement contre l'état bourgeois :

"Le 27 juillet, le maire LR David Lisnard fut le premier à prendre un arrêté pour interdire « une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d’attaques terroristes ».
Précision sur ses connexions idéologiques qui sont passées sous silence par les médias traditionnels : Lisnard se définit étrangement comme un « patriote aimant la France et lié à Israël »" (1)

Bref, pour la tarte à la crème "fâââscccssite" habituelle, il faudra cette fois ci repasser...Que notre opposition à l'état bourgeois soit intransigeante ne signifie pas pour autant que lorsque la bourgeoisie explique qu'il fait froid, nous devions systématiquement sortir en slip dans la rue. Pour l'anti-fa borné je vais faire plus simple : L'état bourgeois protège aujourd'hui le droit à l'avortement en France. Ce n'est pas une raison pour exiger son interdiction.

(1) http://www.egaliteetreconciliation.fr/Interdiction-du-burkini-le-maire-LR-de-Cannes-soutenu-par-Manuel-Valls-se-declare-lie-a-Israel-40949



L'IDEOLOGIE MISE A NU FACE PAR LA BURKINAPHILIE(suivi de nombreux documents)

Cet obscur objet du mufti
« Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur et non des cadavres, des troupeaux ou des croyants. Des créateurs comme lui, voilà ce que cherche le créateur, de ceux qui inscrivent des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles. (§ 9) ». Nietzsche (Zarathoustra)

« Pour combattre le communisme nous devons lui opposer une idéologie. À l'Ouest, nous n'avons rien. C'est pourquoi nous devons appuyer l'islam » Giscard d'Estaing (1980).

Le Conseil d'Etat présidé par « l'indépendant » et probe Fabius et son compère Stirn vient de donner raison à deux sectes bourgeoises, la comique LDH et le controversé CCIF1, ridiculisant les arrêtés anti-burkinis d'une dizaine de municipalités. Ce qui était attendu, préparé et souhaité par les trois principaux vecteurs d'opinion de gauche caviar2. La campagne idéologique autour de ce tissu provocateur à l'échelle internationale, ne pouvait se terminer même dans le cas où ledit conseil d'Etat aurait nagé dans l'autre sens. La mesure était en elle-même assez ridicule (nous les maximalistes aurions refusé même de soutenir les policiers, sans compter que le voile intégral ne peut même plus être sanctionné par ces policiers dans les banlieues, sauf à assumer des assauts de racailles). Plus que ridicule la mesure pouvait paraître lâche (contraindre une femme à se déshabiller sur une plage... certes en été) ; les islamo-gauchistes pouvaient crier à l'atteinte à la liberté individuelle, et cette stratégie de provocation plus perverse que rusée du salafisme qui se sert des mémères anarchistes, confirmer sa capacité à pousser à la faute un système d'Etat faible et corrompu. Non pas que la force soit toujours inutile – en 1905 les curés ont pris des coups de pied au cul, et Attatürk a fait dévoiler les récalcitrantes bornées – mais le problème est devenu trop flagrant à grande échelle, au niveau social et politique et enfume tous les vrais problèmes de fond de l'extension de la vague islamiste dont quelques dizaines de provocatrices ne sont que la crête.

Indépendamment du tintamarre et des kilos de protestations, indépendamment de la cacophonie gouvernementale (qu'on aurait qualifiée naguère de partage des tâches face aux « segments d'opinion ») voilà une belle affaire pour remiser aux oubliettes la scandaleuse loi anti-ouvrière dite 49-03 pour la période de rentrée... religieuse rampante. Un sujet devenu soudain objet-clé du désir de présidentialisation... la focalisation devrait durer près de 9 mois... Au secours je me noie!

 La bourgeoisie va-t-elle réussir son énième coup pour faire renaître la fiction d'une nature différente de la gauche et de la droite où la burkini serait un nouveau Dreyfus en maillot de bain 1900 ? Aux côtés des incroyables trotskiens du NPA qui ont récidivé en soutien à la modernisation de l'obscurantisme, le collabo Plenel a réaffirmé sa charité gauchiste post-coloniale en assurant que c'était un vêtement comme les autres, mais avec deux arguments de pouffiasse ; il s'appuie sur la laïcité bourgeoise des Briand et Cie, qui fût une laïcité couarde et de compromis, et il encourage le retour en arrière faisant mine d'oublier que dans les années1920, les femmes portaient déjà des maillots d'une pièce court (même dans les colonies) jusqu'à l'explosion du bikini dans les années 60. La femme s'est libérée des contraintes vestimentaires qui allaient de pair avec l'asservissement au pouvoir masculin. Plenel est un petit con3.

I. EN ROUTE POUR L'ISLAMISATION DE LA FRANCE ET SURTOUT DE LA CLASSE OUVRIERE (avec questions et réponses du mufti à mémères)4 :

On aurait tort de croire que l'islam ne peut pas évoluer. La preuve, dieu a chargé en 2004 Aheda Zanetti, une cagote australienne d'imaginer un maillot de bain islamique moins flottant que l'atroce cape qui sert de bâche à la croyante de la nuque aux pieds et qui risque simplement de la faire couler comme une barque renversée sans que le maître nageur – dieu l'agrée – ne puisse la tirer du pétrin dans lequel elle s'est mise. Sorte de combinaison de plongée en textile, le burkini est donc commercialisé en 2006 et trouve un marché exponentiel, un demi-million de ces pyjamas de bain sont écoulés en une dizaine d'années, au point qu'une grande marque comme Marks et Spencer reprend le filon, et que les ventes s'accroissent un peu plus à la suite de la « scandaleuse » interdiction en France (uniquement en France comme l'a certifié le grand mufti Marchândballah). A la grande surprise de dieu.

Le burkini présente en outre l'avantage de vous projeter à la belle époque du début du XX e siècle où le maillot intégral féminin fût un pas en avant vers le port du pantalon en ville, quoique le burkini opère l'inverse, étendant la tenue bigote islamiste militante de la ville vers la fin de l'horrible nudité de la plage. Dieu n'aime pas le contact de la femme avec l'eau. L'eau favorise la perversion (voir hadith 69).

Ma question à moi Malika, du square Mozart à Bagneux, au Sheikh Yüsuf Mors-moi-le-noeud est la suivante : Est-il prouvé dans le Noble Coran ou dans la Sunnah que le fait de se pointer en maillot de bain Texti est formellement interdit dans les relations sociales ou familiales estivales, notamment lorsqu’on est confiante qu’il n’y a pas de risque de tentation ?

Réponse de Sheikh Yûsuf Al-Mors-moi-le-noeud (dit Gestapette)

Je ne cache pas à l’autrice de la question que le problème du maillot de bains entre un homme et une femme est un problème complexe. Rendre un verdict islamique loin de l’extrémisme et du laxisme requiert un effort psychologique, intellectuel et scientifique, afin que le mufti puisse se libérer aussi bien de la pression des idées importées made in USA que de la pression des idées héritées du colonialisme, si celles-ci ne sont pas fondées sur des preuves tirées du Coran ou de la Sunnah, et afin qu’il puisse discuter et peser les différents arguments, dans le but d’aboutir à la conclusion la plus juste et la plus vraie de son point de vue de juriste scientifique. Le vecteur directeur de son étude doit être en effet l’Agrément de Dieu, non les passions des blancs occidentaux, racistes et électeurs du FN ou de Sarkozy.
Avant d’entrer dans les détails, j’aimerais exclure d’office deux cas de figure qui, à ma connaissance, ne font l’objet d’aucune divergence d’appréciation entre les juristes antérieurs.
Premièrement, il est interdit à une femme de se pointer en maillot de bains si cet acte est accompagné de désir ou d’excitation sexuelle, d’un côté comme de l’autre, ou s’il y a un risque de tentation potentiellement évident sur une plage de galets. La raison en est que l’obstruction aux prétextes de la corruption (sadd adh-dharâ’i`) est une obligation, notamment lorsque se manifestent les signes avant-coureurs de cette corruption ou que se présentent les causes permettant sa réalisation par exemple sur une plage de sable. Ceci se trouve appuyé par ce qu’ont dit les juristes musulmans concernant le contact physique ou le tête-à-tête sous parasol entre un homme et une de ses proches parentes (mahârim) avec qui toute baignade de proximité est définitivement interdite. Bien qu’un tel contact physique ou un tel tête-à-tête soit originellement permis, il devient interdit s’il y a lieu de craindre la mise en branle du désir sur la serviette de bain, notamment lorsque la femme en question est par exemple pour l’homme, la fille de son épouse, la mère de son épouse, l’épouse de son père, sa sœur de lait, devant qui il peut parfois ne pas ressentir le même tabou estival qu’il ressentirait devant sa mère, sa fille, sa sœur, sa tante paternelle ou sa tante maternelle.
Deuxièmement, il est permis à une vieille dame ménopausée5 de se trimballer en maillot de bain, sachant que celle-ci ne suscite plus de désir. Il en est de même pour la petite fille, qui ne suscite pas de désir elle non-plus. Les vieillards, ne ressentant plus de désir, sont autorisés à mater leur vieille en maillot de bain. Ces règles sont fondées sur des récits rapportant que Abû Bakr — que Dieu l’agrée — serrait la main des vieilles dames en maillot de bain, et que `Abd Allâh Ibn Az-Zubayr loua les services d’une vieille dame qui s’occupait de lui alors qu’il était malade, qui le massait et qui lui épouillait les cheveux. Ceci est d’ailleurs confirmé par le Coran, lorsqu’il parle des femmes ménopausées à qui il permet de s’alléger de certains vêtements, chose qu’il ne permet pas aux autres femmes : « Quant aux femmes ménopausées qui n’espèrent plus de mariage, nul grief contre elles si elles déposent leurs vêtements de sortie, sans cependant exhiber leurs atours. La chasteté est meilleure pour elles. Allâh est Audient et Omniscient. » De même, font exception les hommes qui n’éprouvent aucun désir pour les femmes, et les enfants trop jeunes pour éprouver du désir, devant qui les croyantes ne sont pas tenues de cacher leurs atours : « ou aux domestiques mâles qui n’éprouvent pas de désir, ou aux enfants qui ignorent tout des parties cachées des femmes ».
Tout ce qui sort de ces deux cas de figure est matière à discussion et constitue un sujet d’étude nécessitant une fine analyse...
  1. Zoroastre se bidonnait en lisant sur internet les réponses de Gestapette à Malika la cagote. Le ton sentencieux du charlatan qui s'affiche scientifique de l'intimité des femmes lui rappelait la langue des sectes camisardes (« Multipliants » de Montpellier, « Gonfleurs » de la Vaunage). Il se souvenait de la description de Jean-Pierre Chabrol : « ...en ces années de misère et de crise qui signent le crépuscule du règne de Louis XIV, une parole inouïe et radicale se déploie à travers les Cévennes traumatisées par la Révocation de l'Édit de Nantes. Cette parole véhémente est celle des petits prophètes qui se sont multipliés en Languedoc oriental depuis 1688. Né cette année-là en Dauphiné, ce prophétisme juvénile franchit le Rhône pour gagner, par violentes bouffées successives, le Vivarais, les garrigues subcévenoles, les basses puis les hautes Cévennes.
    Cette parole torrentielle, comme si elle ne se suffisait pas à elle-même, est accompagnée d'une gestuelle stupéfiante qui dérange encore de nos jours. Les petits prophètes soupirent, gémissent, sanglotent, versent des larmes qui sont parfois de sang au grand étonnement des témoins. Ils frémissent ou tremblent de tous leurs membres. Au terme de brutales secousses, ils tombent fréquemment à la renverse. D'autres restent parfois au sol comme morts pendant de très longues minutes. (…)
    À l'exception de quelques nourrissons et d'une poignée de vieillards, les prophètes sont dans leur grande majorité des jeunes gens - des filles et des garçons - qui appartiennent à la génération née en deçà et au-delà de la funeste année 1685. Cette génération n'a pas connu l'encadrement religieux et moral des consistoires et des pasteurs. Forcée de fréquenter les petites écoles catholiques et d'aller, sous la contrainte, à la messe, cette génération vit très mal l'hypocrisie qui consiste à être catholique le jour et protestant la nuit. Un prophète camisard a très bien souligné le trouble suscité par ce double jeu honteux. Il écrit : " Forcé par les uns, dès mon enfance, à fréquenter les messes, et instruit autrement par mes parents [...] ma première jeunesse se passa [...] ainsi dans l'embarras de je ne sais quels doutes " (Élie Marion). Ces jeunes filles et ces jeunes garçons sont des gens de peu, des pauvres pour le plus grand nombre : bergers, bergères, brassiers, fileuses, cardeurs... Pour les personnes de qualité, les puissants et les dominants, les prophètes sont des gueux, un ramassis de gens sans aveu, une vile populace de rustres illettrés qui ose se piquer de religion et défier les représentants du Roi. Face au déconcertant comportement des petits prophètes, les bons Messieurs et les bonnes âmes, catholiques et protestants confondus, s'émeuvent, se récrient, se scandalisent. Certains se gaussent et ironisent facilement sur les postures de ces enfants ou de ces adolescents emportés par leur enthousiasme religieux. À l'unisson, ces beaux esprits si raisonnables ne sont pas avares de qualificatifs. Sous la plume, les prophètes sont des imposteurs, des simulateurs, des comédiens, des fous et des malades. D'autres fantasment sur une " Fabrique des Prophètes " qui n'a, bien entendu, jamais existé. D'aucuns comparent les inspirés à des bêtes qui hurlent comme des loups ou aboient comme des chiens. En un mot, bref et sans appel, et qui fera fortune : ce sont des " fanatiques " ! Plus tard, on écrira des " fous de Dieu ». 

     
    III. PETITE HISTOIRE DES HABITUDES VESTIMENTAIRES . Juste à l'heure où le scandale burkinophobe prenait son envol, Sonia Rykiel s'était tuée à expliquer que le code vestimentaire est une norme sociale non écrite dans toutes les sociétés humaines, et que cette norme est remise en cause à chaque génération. La décence est généralement l'argument antédiluvien utilisé pour justifier l'obligation pour les humains de se vêtir, autrement dit l'obligation de porter des vêtements est le plus souvent strictement définie et l'indécence sévèrement punie depuis l'apparition du capitalisme. Le nudisme à la Cromagnon est ainsi rigoureusement interdit dans les supermarchés et sur la voie publique, probablement parce que cela vouerait à la faillite les boutiques Zara et restaurerait le hard discount de Diogène. Malgré la « démocratisation » du « djin », le vêtement est un indicateur du rang social, de la classe à laquelle la personne appartient, de son occupation (ainsi de la blouse blanche des médecins, la robe noire des avocats ou l'uniforme scolaire pour les élèves), de sa religion, de son statut marital (le port de la bague en Occident). L'habillement, outre sa fonction de protection contre les intempéries et de confort, comporte donc un message à forte portée sociale, une prétention à être ce que l'on n'est pas forcément et, a contrario, il peut aussi défier le « code » en vigueur, comme pour les punks ou les obsédés du dieu arabe se faire le reflet d'un message politique. Le code vestimentaire approprié pour une soirée est parfois précisé sur le carton d'invitation. Pour une entreprise, il est spécifié, s'il existe, dans le règlement intérieur, en particulier pour le vendredi, jour où les cadres sont autorisés à ne pas porter la cravate. Historiquement, les lois somptuaires ont souvent tenté d'imposer ou de spécifier le code vestimentaire en vigueur, interdisant le plus souvent l'usage du luxe aux couches populaires. Les hommes et les femmes sont tenus – ou non –, selon les codes en vigueur dans leurs sociétés, de porter des habits qui les différencient nettement. Si la jupe, sauf en cas de travestissement, est interdite aux hommes occidentaux (à l'exception notable des Écossais et des evzones grecs), le pantalon porté par les Perses semblait efféminé pour les Grecs. La masculinité, en Occident, est signifiée par le port du pantalon (jusqu'à il y a peu interdit aux femmes par la loi et par les conventions), de la cravate ; la féminité est signifiée par la jupe ou la robe (sauf pour les ecclésiastiques ou les juges et avocats), par un décolleté. Jusqu'à la fin des années 1950, en France, le short était porté par les garçons jusqu'à l'adolescence (les « culottes courtes ») et le pantalon quasiment réservé aux hommes adultes. À la Belle Époque, la longueur de la jupe allait en augmentant avec l'âge de la fillette, passant du dessous du genou jusqu'au mollet puis devant couvrir la cheville de la femme adulte. Les exemples des distinctions sociales exhibées par le vêtement sont nombreuses, à commencer par la pourpre qui ornait la toge des sénateurs romains. En Chine, seul l'empereur avait le droit de porter la couleur jaune. L'alliance est un signe évident pour les Occidentaux. Les Grecs antiques choisissaient le port du voile pour les épouses et de la barbe pour les maris. En Inde, une femme mariée porte un sindoor, marque rouge sur le front. Le blue-jeans a été jusqu'aux années 70 le symbole d'une jeunesse en révolte contre un « ordre bourgeois » étouffant, avant d'être adopté par les milliardaires. L'habillement peut se radicaliser pour promouvoir, comme la mode punk, un rejet de la société, ce qui est le cas de la mode de l'anarchisme islamique. La mémère islamiste européenne fait d'ailleurs confortablement sa révolution : généralement elle ne travaille pas, vit d'allocs et du salaire de son mari, stagne des après-midi entières dans les couloirs ventilés des centres commerciaux, reste en lien toute la journée par iphone avec dieu et ses copines. Beaucoup n'ont toujours pas fait la vaisselle ni préparé le couscous au retour du mari du turbin, car les conseils sexuels et matrimoniaux du mufti préféré sur internet ont arrêté le temps prosaïque du ménage esclavagiste typiquement occidental.


IV. Karl Marx, sociologue bien connu, s'était choqué des obligations
vestimentaires sur le lieu de travail6 :

Chacun s'habille comme il l'entend certes, prolétaires comme bourgeois ou beurgeois, disait-il dans le Manifeste de la mode communiste, sauf sur son lieu de travail, où il ne dispose pas toujours de cette faculté. Les employeurs peuvent-ils contraindre les salariés à s'habiller d'une certaine façon, s'indignait-il ? Les tribunaux bourgeois apportèrent des éléments de réponse. En fait, bien après la disparition du sociologue non marxiste, la jurisprudence a consacré la liberté du salarié de se vêtir comme il l'entend (Cass. soc. 18 février 1998). Cependant, malgré l'énonciation de ce principe, la liberté de se vêtir à sa guise sur son lieu de travail ne relève pas d'une liberté fondamentale. La liberté personnelle est en effet limitée. Ces limites peuvent provenir de règles d'hygiène et de sécurité (port du casque, d'une blouse, d'un masque…), rendues obligatoires par la législation. Il appartient même à l'employeur de faire respecter l'obligation de porter une protection, sous peine de se voir reprocher une faute inexcusable en cas d'accident du travail. Ces obligations vestimentaires peuvent être contenues dans le contrat de travail, dans le règlement intérieur, dans une note de la direction, un code d'entreprise, une brochure (telle que "Eurodisney look" où des intermittents croient jouer pour Hollywood).
Le Code du travail prévoit d'ailleurs qu'aucun acte de l'employeur (disposition du règlement intérieur, sanction disciplinaire) "ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché". Toute mesure restrictive de la liberté du salarié de choisir sa tenue doit avoir une justification liée au travail ; dans les chaînes de restauration rapide, les prolétaires portent une tenue représentative de l'entreprise dans laquelle ils travaillent. Une tenue stricte peut être demandée dans une boutique de luxe, où la clientèle est généralement exigeante. Ou encore un employeur peut imposer le port d'un costume cravate aux commerciaux rencontrant des clients. Dans les mosquées, le pyjama et les pieds nus sont obligatoires pour les officiants et les femmes, même voilées intégralement, interdites de séjour. Qu'un professeur de sport s'habille en survêtement pour aller travailler ne choquera personne et certainement pas son employeur puisqu'il adopte une tenue adaptée à ses fonctions. Mais il a récemment été jugé, dans le cas d'une secrétaire, que l'employeur pouvait valablement interdire à une salariée de se présenter au travail en survêtement car elle était en contact avec la clientèle. Est également justifiée l'interdiction faite aux hommes de porter un bermuda. Bien entendu, l'obligation doit être justifiée par la nature de la tâche à accomplir. Même s'il est en contact permanent avec la clientèle, un ambulancier ne peut se voir imposer le port de la cravate.
Alors même que le contenu de vos fonctions ou le contact avec la clientèle ne sont pas invoqués par l'employeur, celui-ci peut vous demander de ne pas porter telle tenue pour des raisons liées à la décence. Un chemisier transparent porté sans soutien-gorge est une tenue qui peut être qualifiée d'"anormale car de nature à semer un trouble dans l'entreprise". Bien entendu, la notion de "décence" est toute relative. Tout est question d'usages sociaux en la matière. Le « socialiste » Lionel Jospin a considéré que l'instauration de salles de prière en usine allait améliorer la productivité. La CFDT distribue des calendriers musulmans aux ouvriers d'Aulnay et la CGT alimente ses restaurants avec de la viande strictement halal.
Parfois, les habitudes vestimentaires relèvent du non-dit : tout le monde se plie aux habitudes de l'entreprise, jusqu'au jour où un salarié arbore pour la première fois une boucle d'oreille ou un piercing, ou se coiffe d'une burqa.
Vous ne serez pas licencié pour vous être présenté pour la première fois à votre travail en short ou en hijab. Mais dès lors que votre employeur vous l'interdit pour un motif légitime, tout va dépendre de votre attitude.Si vous persistez dans votre volonté de venir travailler ainsi, votre licenciement peut être justifié par le refus d'obéir à l'ordre de ne pas porter ce vêtement. Dans un tel cas, il semble que ce soit le refus persistant de se soumettre à un ordre, si celui-ci est justifié, qui fonde le licenciement. Heureusement les militants trotskiens du NPA seront là pour pour accompagner à Pôle emploi7.



AJOUT : Les lois somptuaires étaient destinées à contenir dans les limites jugées raisonnables le train de vie des citoyens ou des sujets. Elles ont été en usage dès l'antiquité dans les villes grecques et à Rome et témoignent de la mentalité d'une société à un moment de son Histoire.
Outre la table, ces lois réglementaient la façon de se vêtir.
3 raisons essentielles pouvaient inspirer ces règles:
- Une préoccupation morale et religieuse afin de préserver les hommes de la corruption, de la luxure et de maintenir une certaine modestie inséparable de la vertu.
- Un motif économique qui était souvent la nécessité d'empêcher l'évasion de la monnaie par des importations de produits de luxe considérés comme improductifs.
- Et enfin, le désir de maintenir la hiérarchie sociale existante.
A l'occasion des croisades (de 1095 à 1270), l'expansion des échanges internationaux, l'amélioration des techniques et la formation d'importantes industries en France contribuèrent à la naissance d'un capitalisme nouveau, source de luxe vestimentaire.
Tout naturellement, les bourgeois riches cherchèrent à imiter les seigneurs. Cette concurrence dans le luxe amena peu à peu la noblesse à réclamer à la fin du XIIIè siècle, des ordonnances somptuaires. On chercha ainsi à maintenir par le costume une distinction sociale.
Certaines couleurs ou formes, certains ornements furent interdits à la bourgeoisie. Par exemple en France, interdiction fut faite en 1274 de porter dans la rue certaines fourrures, des vêtements de pourpre et de soie, des garnitures de luxe.
Dans la pratique, les lois somptuaires n'ont jamais été appliquées que très mollement et fort peu observées. Les bourgeois préféraient le plus souvent payer des amendes plutôt que de se plier aux interdits ! L'étude du commerce des fourrures et des comptes royaux montre que les ordonnances somptuaires n'étaient pas respectées à la cour même, où il n'était pas rare de trouver de l'hermine ou de la zibeline sur d'autres personnes que les princes ou les rois auxquels elle était supposé réservée.
En Europe, les lois somptuaires déclinèrent au XVIIIè siècle. Voici quelques exemples de caractéristiques vestimentaires qui selon l'époque et la région sont tombées sous le coup de ces lois:
- La longueur des traines (on marquait son rang par la longueur de celle-ci)
- La profondeur des décolletés
- La quantité de franges, de gallons, de pierreries...
- L'usage des broderies et des dentelles
- Le port de certaines fourrures (celle du vair était réservée à la noblesse. Rappelons que le vair était la fourrure issue du petit-gris, une espèce d'écureuil)
- L'utilisation de certaines étoffes (le velours et le damas étant réservés à la noblesse, la soie interdite aux gens de métier et à ceux de la campagne)
- La couleur des étoffes (certaines étant interdites et d'autres obligatoires à telle ou telle catégorie sociale).
- La hauteur des coiffes, de la fraise...
- La longueur des poulaines (maximum 6 pouces pour les paysans, 12 pouces pour les bourgeois et 24 pour les seigneurs. Précisons qu'une telle longueur nécessitait qu'on l'attachât aux genoux à l'aide d'une fine chaine! )
" ...s'introduisit l'usage des souliers à la poulaine, qui étaient une espèce de chaussure fort longue, & qui occasionnait beaucoup de superfluités. L'église cria beaucoup contre cette mode; elle fut même défendue par deux conciles, l'un tenu à Paris en 1212, l'autre à Angers en 1365, & enfin abolie par des lettres de Charles V. en 1368."
Voici aussi quelques extraits (traduits) de lois et ordonnances:
* En 808, ordonnance sous Charlemagne
" Défense à toutes personnes de vendre ou acheter le meilleur sayon ou robe de dessous, plus cher que 20 sols pour le double, 10 sols pour le simple, & les autres à proportion, & le rochet qui étoit la robe de dessus, étant fourré de martre ou de loutre, 30 sols, & de peau de chat, 10 sols, le tout sous peine de 40 sols d'amende."
* En 1294, Les lois somptuaires sous le règne de Philippe le Bel
"Défense est faite aux bourgeois d'avoir des chars, & à tous bourgeois de porter aucune fourrure, or, ni pierres précieuses, & aux clercs de porter fourrure ailleurs qu'à leur chaperon à moins qu'ils ne fussent constitués en dignité.
La quantité d'habits que chacun pouvait avoir par an, est réglé par cette ordonnance; savoir, pour les ducs, comtes, barons, de 6000 livres de rente, & leurs femmes, quatre robes; les prélats, deux robes, & une à leurs compagnons, & deux chapes par an; les chevaliers de 3000 livres de rente, & les bannerets, trois paires de robes par an, y compris une robe pour l'été, & les autres perlonnes à proportion.
Il est défendu aux bourgeois, & même aux écuyers & aux clercs, s'ils ne sont constitués en dignité, de brûler des torches de cire."...

Sources :
* Actualités de l'Histoire de l'école des Chartes - Extraits
* Boris Bove - "L'image de soi dans le jeu des normes sociales au XIIIè t XIVè siècles d'après le cas de la bourgeoisie parisienne."
* Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers

SOUS LA REVOLUTION FRANCAISE :

Le texte d’interdiction est une ordonnance de police du 26 brumaire an VIII (17 novembre 1799), signée par le préfet de police de Paris qui se déclare « informé que beaucoup de femmes se travestissent, et persuadé qu’aucune d’elles ne quitte les habits de son sexe que pour cause de santé ». Oui, à cette époque, il faut justifier de raisons médicales et demander une autorisation à la police pour pouvoir enfiler un futal. Pour Mathilde Dubesset, historienne des femmes, le caractère masculin du pantalon est alors profondément ancré :
« Des Gaulois aux culottes des nobles, en passant par le pantalon des aristocrates, le pantalon est le vêtement masculin. Au XIXe, avec le mouvement hygiéniste, on créé des bermudas et des culottes pour dames. Auparavant, les femmes ne portaient rien en dessous de leurs robes. »
Quelques pionnières se lancent et les exhibent, seules. Même l’écrivaine George Sand résolument avant-gardiste, doit se soumettre à la demande d’autorisation, raconte Mathilde Dubesset :
« C’était une femme de grand culot. Mais elle ne voulait pas seulement un pantalon parce qu’il est plus pratique. Elle se faisait carrément passer pour un homme. »
Christine Bard, autre spécialiste de l’histoire des femmes, précise :
« Le pantalon a d’abord été porté par des femmes qui bravaient l’ordonnance ou l’ignoraient : femmes ouvrières, paysannes, mais aussi aventurières, voyageuses, écrivaines, artistes, combattantes, révolutionnaires... »


CONCLUSION PROVISOIRE : ne pas baisser les bras face à une mode conformiste mais ne rien attendre d'une législation bourgeoise perverse et inopérante !
Il n'y a pas de conclusion possible face à une telle campagne en cours de développement, dont les rebondissements restent encore incontrôlable même pour l'Etat bourgeois. Ce qui est certain est que la bourgeoisie française avalise sous un gouvernement de gauche capitaliste la codification vestimentaire islamique, cherche à se créer de nouveaux « partenaires sociaux » chez les pires islamistes hard, passés ou rangés des voitures, pour en faire ses contractuels visant à encadrer une partie de la classe ouvrière sous son seul aspect arabo-islamique. Quant à la mode du voile et du burkini « rénovateur » et « oécuménique estival » chez nos bonnes femmes dites pieuses et victimes du regard des hommes, il n'est qu'une mode conformiste produit de l'individualisme très occidental : « je fais ce que je veux et je vous emmerde ». C'est sur le terrain de classe (grèves, manifestations et débats politiques sérieux sur les problèmes concrets) que la bataille est à mener pas avec les toupies gauchistes et les journalistes obligés de la propagande confusionniste de l'Etat et de tous ses curés subventionnés.



ANNEXE où, DANS LES DELIRES ACTUELS, DES ANARS ET DES TROTSKISTES ONT DE BEAUX RESTES...


Côté libertaire j'ai été heureux de trouver, contrairement au milieu maximaliste muet sur la question, l'affichage de la nécessité du combat dans l'entreprise contre l'emprise de toute religion:et par après on verra que LO n'atteint pas le degré de débilité du NPA:

« ...Mais le recul réactionnaire actuel fait que les majorités religieuses, y compris en France, vont mettre en avant le refus de l’insulte à leur religion, ce qu’elles n’auraient pas fait il y a vingt ans. Or cette notion d’insulte est comme un thermomètre, et les extrémistes font baisser le seuil d’intolérance à la critique. Est-il encore permis de critiquer la religion elle-même, de la moquer, sans avoir peur de passer pour un raciste ? Comme si musulman, c’était une race ou une ethnie ! Est-il possible de dire que l’islam comme le judaïsme et le christianisme sont des idéologies à combattre, que ces monceaux de déraison nous font peur ? Que nous sommes et resterons religiophobes !
Sous couvert du mot « tolérance », il nous faudrait accepter de voir l’espace public de nouveau soumis au fait religieux, sans le critiquer. Nous ne demandons surtout pas à l’État l’interdiction de quoi que ce soit, mais nous réaffirmons notre droit à critiquer la pensée religieuse ! Donc si, bien sûr, dans l’espace collectif, nous défendons le droit de chacun à s’habiller et à se déshabiller comme il le souhaite, nous devons aussi affirmer notre droit à se moquer et à critiquer la symbolique qu’expriment les crucifix autour du cou, les voiles, les perruques, les barbes, les chapeaux et autres kippas. Car, après tout, nous sommes choqués que des gens expriment des opinions racistes ou homophobes à travers des tracts. La symbolique vestimentaire relève de la même chose. Peut-on encore dire à voix haute qu’un crucifix signifie que la personne pense que les homosexuels doivent brûler en enfer, qu’une femme a enfanté tout en restant vierge ? Qu’un voile ou une perruque signifie que la femme est inférieure, impure ?
Cette symbolique vestimentaire s’appuie sur des écrits, des preuves, nommés Coran, Bible, livres remplis d’horreurs. Si c’était nous qui écrivions le dixième de ce qui est contenu dans ces livres, sans s’appuyer sur la religion comme excuse, nous serions interdits de publication en France ! Antisémitisme, appel à la haine, au meurtre, homophobie, haine des femmes, incitation à la surprocréation, pédophilie… tout y est ! On change la couverture de la Bible ou du Coran, on met Oui-Oui va à la plage : roman pour enfants, et on est condamné au tribunal en raison du contenu.
L’atout des anarchistes, qui attaquent de front les trois religions monothéistes, est important : nous désarmons ainsi les critiques victimaires des uns et des autres. Il y a une quinzaine d’années, nous collions régulièrement des affiches contre les religions… Aujourd’hui, nous n’osons plus le faire, ou beaucoup moins. Et, de ce fait, les islamistes, les catholiques intégristes sont les fers de lance d’un renouveau du délit de blasphème. Et si la loi ne reconnaît pas encore le blasphème, ces fanatiques font chauffer les tribunaux sans cesse jusqu’à ce que chacun, en mettant en avant l’attaque spécifique contre sa religion, l’associe avec une discrimination. De facto, c’est l’ensemble des religions qu’ils protègent par ces luttes judiciaires. Eux sont solidaires face aux tribunaux, mariage pour tous, caricatures de Mahomet…
L’excuse des anarchistes contre la frilosité de certains d’entre nous à s’en prendre à la religion est qu’il y a des fronts qui seraient plus importants. Que la lutte des classes peut bien s’accommoder de compromis ! Si nous sommes une organisation spécifique, c’est justement pour lutter sur plusieurs fronts ! Il n’y a aucune contradiction à lutter contre l’islam et à ne pas laisser ce champ à une droite anti-islam car pro-chrétienne, et en même temps défendre des gens discriminés dans leur emploi parce que supposés musulmans ! Aucune contradiction à se battre nous-mêmes contre l’intrusion de la religion dans l’espace public, mais refuser de quémander à l’État de réguler cet espace public. Se battre pour la liberté d’expression, écrite, vestimentaire, cela implique de défendre notre droit de railler ces attitudes obscurantistes et médiévales : de critiquer ces expressions, sans retenues !
Il n’y a pas une religion des pauvres qui serait l’islam et une religion des riches qui serait le christianisme. La culpabilité d’une certaine gauche relativiste fondée sur le fait que l’islam serait la religion des immigrés est incompréhensible. Nombre de ces immigrés qui ont fui la hache des islamistes radicaux, notamment en Algérie, regardent ahuris les contorsions d’une certaine extrême gauche ! Les nouveaux adeptes, dits « convertis », n’ont rien d’immigrés, et les princes du Qatar ou d’ailleurs n’ont rien de pauvres ! D’un autre côté, les évangélistes chrétiens font des ravages dans les milieux populaires et nous pouvons penser aussi aux gens du voyage très touchés par ces nouvelles sectes. Les évangélistes ouvrent en France une église tous les dix jours.
Pour terminer sur ce point, s’il est une chose que nous devons marteler, c’est le refus de l’enfermement de la figure de l’Arabe dans l’islam ! Tout le monde joue ce jeu trouble, à commencer par les islamistes, mais également les médias, les éducateurs, les enseignants, les chefs d’entreprise, les collègues, les camarades de classe : tout Arabe en France est présupposé musulman ! La vraie discrimination est là ! Tu te nommes Rachida ou Rachid, on te demande si tu veux du jus d’orange plutôt que du vin, si tu manges du porc ou pas. À Jean-Claude ou à Marcelline, on ne demande pas cela. Nom à consonance arabe signifie « enfermement dans l’islamité », même si, athée et communiste, tu as failli te faire égorger au nom de ce même islam à Alger. Nos milieux ne sont pas exempts de cette attitude bienveillante (mais discriminatoire). Bienveillance qui est une forme de maltraitance.
La laïcité, isolée en Europe, est à défendre (bof laquelle ? Note de jlR) La laïcité est quelque chose de propre à la France, même si nous en trouvons des variantes ailleurs. Cette laïcité est à défendre, et même à développer pour qu’elle ne soit pas une catho-laïcité qui laisse beau jeu aux musulmans et autres pour réclamer un équilibre des choses. Si les croyants sont aussi nombreux qu’ils le disent, qu’ils se cotisent pour construire leurs lieux d’abrutissement. À la limite pouvons-nous plaider qu’au regard des nombreuses églises vides nous pouvons en réquisitionner la grande majorité pour nous et ensuite répartir le reste à égalité entre les différentes clowneries monothéistes ! Les religieux ont toujours su convertir une église en mosquée et inversement !
Et l’entreprise, est-ce un lieu où devrait s’appliquer la laïcité ? Il nous est difficile de concevoir que la loi, l’État, mette des normes sur le lieu même de la lutte des classes qui divise les travailleurs. Nous, travailleurs et syndiqués, avons le droit de dire qu’en plus de l’exploitation salariale nous n’avons pas à subir l’affirmation de l’irrationnel au quotidien et qu’alors, si certains revendiquent des moments pour se mettre à genoux devant un dieu quelconque, eh bien revendiquons de monter sur les tables et de danser pour prier la disparition du capitalisme ou autre loufoquerie ! L’expression de l’absurdité religieuse, même avec douceur, est un droit qui doit accepter notre droit à l’expression de la dénonciation de la faiblesse intellectuelle… tant qu’on en a le droit !
Par contre, là où nous serons plus fermes, c’est dès qu’il s’agit d’enfants. N’en déplaise à la CGT qui, par exemple, sur l’affaire Baby-Lou, ose hurler à, je cite, « l’effacement des identités culturelles » et dénoncer « l’extension de la laïcité à l’entreprise ». Toute la manipulation est là : mettre le prosélytisme religieux (port du voile ou celui de crucifix géant) sur le plan d’une expression culturelle et non religieuse ! Eh oui, pour nous, il n’est pas choquant de vouloir interdire l’expression religieuse vestimentaire dans l’entreprise dès que des enfants vont être en contact avec des salariés. Notre rôle, militants anarchistes, c’est que les débilités chrétiennes soient traitées à égalité avec les âneries musulmanes et refuser l’instrumentalisation de l’islam pour faire du racisme anti-Arabe.
Mais allons plus loin. Lorsque nous faisons des formations pour les assistantes maternelles, et abordons ce sujet, en général le groupe pense que les parents doivent accepter des nounous musulmanes ou chrétiennes affirmées (qui portent le voile ou ont des icônes orthodoxes dans la maison). Si nous demandons : « Et si la nounou est témoin de Jéhovah ? », le groupe, en général, s’exprime en chœur pour hurler : « Ah non, c’est une secte ! il faut protéger l’enfant. »
Pour nous, anarchistes, la laïcité peut être utile, mais elle n’est jamais qu’un instrument pour aller plus loin et faire reculer le fait religieux dans la sphère privée des adultes.
Cet instrument est aussi celui sur lequel s’appuient les religions minoritaires pour se développer, car, à la différence d’autres pays, tous les cultes sont censés être à égalité en France. En Russie, les catholiques ou les musulmans ne sont pas appuyés par l’État à la différence de l’orthodoxie. En Algérie, il est devenu quasiment impossible de se convertir au christianisme. En Palestine-Cisjordanie, l’expression athéiste vaut prison et mauvais traitements (exemple : Waleed al-Huseini, réfugié en France)… Je ne vais pas lister le nombre de pays de l’Union européenne où la prière et l’instruction religieuse sont obligatoires à l’école, mais juste citer la Grèce ou, d’une manière plus alambiquée, la Finlande. Avec le recul de la laïcité en Turquie (laïcité autoritaire et qui était une islamo-laïcité comme en France on a une catho-laïcité), la France se trouve sur la défensive avec son modèle face aux conceptions sécularistes anglo-saxonnes, face au recul du panarabisme laïc (et autoritaire) contre une islamisation plus ou moins de façade de toutes les composantes des sociétés arabes. Et au sein d’une Union européenne philo-religieuse, sécularisée en grande partie, mais où très souvent les religions et leurs ministres sont financés par l’argent des citoyens.
Cependant, il nous faut être sur un mode offensif. Pourquoi nous, anarchistes, libres-penseurs, n’avons-nous pas la force d’obtenir sur le service public de la télévision une émission sur l’athéisme ? Pourquoi n’avons-nous pas des libres-penseurs qui puissent intervenir dans les prisons, plutôt que de laisser les personnes enfermées subir, en plus de l’enfer de l’enfermement, celui des déblatérations des aumôniers et autres imams ! Pourquoi laissons-nous quasiment les seuls réseaux religieux visiter les malades dans les hôpitaux, les vieillards en fin de vie dans les Ehpad ? La République française ne subventionne ni ne reconnaît aucun culte, mais dans de nombreux lieux, c’est faux : les religieux font office de conseillers… et les athées ou pourquoi pas d’autres options philosophique ne sont pas présents !

Mais rappelons que la laïcité n’est qu’une étape, et que nous, anarchistes, nous combattons le fait religieux, y compris lorsqu’il est déiste, consumériste ou autre. Mais laisser tranquille une sphère sacrée, accepter qu’il y ait des choses qui ne se questionnent pas, qu’il y ait autre chose que la matière et l’énergie, c’est laisser le pouvoir s’incruster et se développer. Cependant, nous savons bien, par goût de la liberté, qu’il nous est contraire, à part pour les enfants, de quémander à l’État d’interdire quoi que ce soit par la loi. Non seulement les modèles staliniens qui réprimaient par la loi les religions sont aux antipodes de nos valeurs et principes, mais en plus ils ont montré leur contre-performance. La chute du mur s’est faite au nom de la liberté portée par les pires réactionnaires. Au même moment où Jean-Paul II défendait la liberté en Pologne, il faisait assassiner les tenants de la théologie de la libération en Amérique du Sud !

Quelles concessions avec les croyants dans la lutte des classes ?
Tous les anarchistes n’ont pas la même approche. Il est certain que pour nous l’organisation spécifique est aussi un lieu de propagande athéiste et, redisons-le, antithéiste. Par contre, dans le cadre de luttes qui dépassent le cadre de l’organisation spécifique, la question peut se poser différemment. Les anarcho-syndicalistes, dont je suis, ne peuvent pas, par définition, organiser que des anarchistes. Mais dire cela ne répond pas entièrement à la question. Quel peut être notre degré d’acceptation du religieux au sein des mouvements sociaux, environnementaux, auxquels nous prenons part ? Il semble évident à nous tous que l’expression d’idées développées (racisme, xénophobie, étatisme) par le Front national est une limite que nous ne pouvons accepter. Il va en être de même avec des pratiques et idées staliniennes (même s’il en reste peu), autoritarisme, obéissance au parti.
Mais, au quotidien, dans ces mouvements, nous acceptons de travailler avec des gens qui se posent des questions sur, par exemple, la notion de frontière, qui défendent un État, d’autres qui vont prioriser la lutte environnementale avant toute autre lutte… Bref, nous faisons des compromis. La question du religieux n’est pas la plus simple à aborder sur cette notion de compromis. Que des croyants, semi-croyants, agnostiques, athées bipolaires soient présents dans les luttes sans que nous nous sentions obligés d’en partir, c’est évident ! Il s’agit de bon sens et aussi de relations humaines, je ne sais pas si nous aimerions vivre dans un monde rempli d’anarchistes !
Le problème n’est pas dans la liberté de penser, heureusement, mais dans l’expression d’idées problématiques pour ce qui nous semble émancipateur. Il apparaît à première vue que l’extension des règles de la laïcité au sein des mouvements pourrait être une solution. Mais nous connaissons les conséquences de la charte d’Amiens, où certains anarchistes, en voulant interdire la propagande des sectes philosophiques, se sont en fait interdits eux-mêmes toute propagande au sein de la CGT ! Nous devons nous battre pour que l’expression d’idées anti-émancipatrices – comme l’affichage de convictions religieuses monothéistes – ne soit pas possible au sein de ces mouvements. De même, si nous acceptons des étatistes, ils doivent se conformer à la démocratie directe de ces mouvements ! Nous refusons systématiquement l’établissement de règles autoritaires dans le fonctionnement, ou bien nous quittons ces mouvements. Avec l’expression religieuse, nous devons agir de la même façon.
Qu’une personne dise au détour d’une conversation qu’elle est chrétienne, c’est son droit, qu’on doive adapter notre calendrier de réunions aux horaires de la messe, c’est impensable. La présence de crucifix avec toute la symbolique que cela représente est également impensable. Après avoir dit cela, il y a la manière d’établir des règles, de le dire, et la très grande majorité des croyants que nous pouvons rencontrer sont des partisans de la laïcité, et, pour eux, la religion est une affaire privée. Cornélius
Liaison Poitiers de la Fédération anarchiste


POURQUOI SE VOILENT-ELLES ? REGLES DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE CHEZ CERTAINES FEMMES (une enquête socio)

« ...L’adoption du voile intégral n’est pas synonyme de refus de socialisation. Dans la majorité des cas, les femmes interrogées ont une vie sociale active (sortie au restaurant, avec des amies, lèche vitrine, activités éducatives, travail, etc…). De plus, plusieurs femmes qui évitent de sortir depuis qu’elles portent le niqab ne le font que pour éviter les abus dont elles sont victimes lorsqu’elles sont à l’extérieur. Seules deux femmes ont déclaré qu’il était préférable pour une femme de rester à la maison autant que possible. D’un autre côté, deux femmes ont aussi affirmé consacrer plus de temps à leur vie sociale depuis qu’elles ont adopté le voile intégral.
1.3 Les raisons de l’adoption du voile intégral
Pour la plupart des interviewées, la décision de porter le voile intégral est le résultat d’une évolution progressive du hijab ou du jelbab vers le niqab. Les raisons qui poussent les femmes à porter le voile intégral sont difficiles à spécifier.
Les débats publics sur la question du voile ont cherché à minimiser sa signification spirituelle. Pourtant, dans la plupart des cas, les femmes interviewées disent avoir adopté le voile intégral dans le cadre d’une démarche spirituelle. Plusieurs souhaitaient approfondir leur relation avec Dieu en suivant notamment l’exemple des femmes du Prophète Mohamed. Beaucoup nous ont décrit leur sentiment de joie intense et de bien- être le jour où elles ont porté le niqab/sitar pour la première fois.
D’autres facteurs ont influencé la décision des interviewées. Quelques femmes ont parlé de leur attirance spontanée pour l’aspect esthétique du voile. D’autres nous ont confié que leur choix de porter le niqab s’était fait au début de la puberté, gênées qu’elles étaient alors par l’attention des hommes à leur égard. Une jeune convertie, a également expliqué avoir opté pour le niqab plutôt que le hijab pour cacher sa conversion à l’Islam à ses parents et à leurs amis, le niqab lui permettant d’éviter d’être reconnue en public.
Il est également possible que la controverse elle-même ait encouragé un certain nombre de femmes, en particulier les plus jeunes, à adopter le voile intégral, un vêtement que beaucoup d’entre elles connaissaient mal avant que les politiciens et les médias ne le transforment en “sujet brûlant”. Dix des trente-deux femmes interviewées ont commencé à porter le niqab après le début de la controverse lancée en avril 2009. Plus de recherche serait nécessaire pour tirer une véritable conclusion sur ce que l’on pourrait appeler les “dommages collatéraux” de la polémique.
Il fut beaucoup question durant les débats des problèmes de sécurité que posait le port du voile intégral aux fonctionnaires et employés de banques, d’hôpitaux, de postes et autres services publics. Or, toutes les femmes interviewées ont répondu positivement et sans hésitation lorsqu’il leur a été demandé si elles accepteraient de se découvrir le visage pour être identifiées. Seules trois d’entre elles ont dit qu’elles demanderaient à être identifiées par une femme.

Femme et religion : non pas plus aliénée mais besoin de protection,

En Islam, les femmes doivent se comporter vertueusement comme leur sermonne Le Prophète :


« Restez dignes en vos foyers ! Ne vous exhibez pas avec coquetterie, comme [les femmes] de la première [époque] du paganisme. […]. Ô gens de la maison du Prophète ! Dieu veut seulement éloigner de vous [toute] souillure et vous purifier pleinement ! » (Sourate 33, v. 33).
« Qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs époux, à leurs pères, à leurs beaux-pères, à leurs fils, […] aux domestiques mâles impuissants, aux garçons qui ignorent tout des parties cachées de la femme. Qu’elles ne fassent pas tinter [en marchant] les anneaux de leurs pieds pour qu’on sache ce qu’elles portent comme bijoux cachés. » (Sourate 24, v. 31)
Idéalement, il faut cacher tout ce qui peut éveiller les appétits coupables. C’est ici que le fameux « voile islamique » prend sa place, que l’on parle du hijab (voile ample de couleur sombre qui enveloppe le visage le cou et les épaules), du niqab (qui recouvre le visage et le corps, ne laissant qu’un espace pour les yeux) ou de la burqa (voile intégral avec un grillage cachant les yeux).



UNE ANALYSE PLUS CRITIQUE DE LUTTE OUVRIERE :

L'intégrisme islamiste en France

L'ordre moral ne sévit pas en France comme aux États-Unis. On peut dire « Ouf » ! Mais, ici aussi, les hommes politiques utilisent la religion, notamment aujourd'hui l'islamisme, en plus du christianisme et du judaïsme.

Une politique délibérée des dirigeants politiques

Dans son livre Ni putes ni soumises, Fadela Amara raconte comment elle a vu apparaître dans les années 90 un courant islamiste intégriste, qui s'est développé dans la mouvance des Frères musulmans, parce que « de nombreux jeunes des cités étaient en plein désarroi, confrontés à l'échec scolaire, au chômage, aux discriminations ». L'islam leur apparut comme « une nouvelle morale régulatrice qui évitait à ces jeunes désoeuvrés de basculer dans la délinquance. Ainsi, assez subitement dans les années 1990-1995, ces imams radicaux sont devenus une référence dans certaines cités ».
Et - soulignons-le - « les pouvoirs locaux, les élus des collectivités territoriales et notamment les maires, de toutes tendances politiques, les ont reconnus et installés comme interlocuteurs privilégiés ». Fadela Amara ajoute : « Cela a été terrible pour les militants de ma génération (...) Nous savions le danger que cela pouvait comporter d'une manière générale, mais en particulier pour le statut des filles ».
Sarkozy, qui a patronné la fondation d'un organisme officiel, le Conseil français du culte musulman, en 2003, dans lequel il a intégré l'UOIF, Union des organisations islamiques de France, organisation islamiste intégriste inspirée des Frères musulmans, Sarkozy donc explique dans son récent livre : « Je suis convaincu que l'esprit religieux et la pratique religieuse peuvent contribuer à apaiser et à réguler une société de liberté (...) À mon sens, il est aussi important d'ouvrir des lieux de culte dans les grandes zones urbaines que d'inaugurer des salles de sport... ». Cela résume cyniquement toute une politique délibérée de soutien aux institutions religieuses.
Les organisations islamistes en ont bien profité, comme il fallait s'y attendre. Elles se livrent à une véritable offensive cherchant à exploiter à leur profit les ressentiments des jeunes issus de l'immigration, victimes du chômage, des discriminations, des formes multiples de l'exclusion sociale, du racisme.
Ces frustrations, ces sentiments d'humiliation, ont des fondements bien réels dans la société française. Il ont pu favoriser un regain de religiosité, voulue ou subie, tout comme une recherche de compensation qui s'exprime à travers la violence contre les femmes...
Le thème du « retour aux traditions de l'islam » a rencontré de l'écho : le « dévoilement » des femmes auquel on assistait dans la période précédente a été remplacé par un processus de réhabilitation du voile.
Mimouna Hadjam, de l'association « Afrika » de La Courneuve, raconte : « avec la multiplication des associations islamistes, des mosquées qui dispensent les cours, on voit se développer le nombre de petites filles "en apprentissage de foulard". Le mercredi et le samedi, on voit dans les cités des gamines, âgées de moins de 10 ans, de plus en plus nombreuses, se diriger vers les cours religieux, foulard sur la tête ».
Le voile, le hidjab, sans même parler de la grande tenue qui ressemble à un linceul, est un emblème ostentatoire de différence non seulement avec les garçons mais avec l'ensemble du reste de la société, un signe de non-assimilation. C'est en même temps un rappel permanent à l'ordre islamique. Le voile des femmes est un signe affiché de soumission.

Les intégristes musulmans mènent une politique militante

L'un d'entre eux, Tariq Ramadan, se rattache aux Frères musulmans égyptiens, par sa famille (il est petit-fils de Hassan el-Banna, qui en fut le fondateur), et surtout par la propagande qu'il véhicule.
D'une famille vivant en exil à Genève, où elle a réussi à empêcher la représentation d'une pièce de Voltaire, Mahomet et le fanatisme, en 1993, il n'est pas véritablement un universitaire comme il est parfois présenté, mais un prédicateur. Et sur ce plan, il est très actif. Il a écrit de nombreux livres et articles, et surtout prononcé un grand nombre de conférences (lors desquelles, faut-il le dire, femmes et hommes sont assis séparément) enregistrées et vendues, paraît-il à près de 50 000 exemplaires par an, par une maison d'éditions proche, Tawhid, basée à Lyon. Son discours y est bien moins hypocrite que celui qu'il tient devant les journalistes de gauche.
Caroline Fourest, rédactrice en chef de la revue ProChoix, s'est donné la peine d'étudier le contenu de cette centaine de cassettes.
Il en ressort que cette prédication est non seulement anti-moderniste et anti-progressiste, mais aussi anti-scientifique, car Tariq Ramadan condamne lui aussi l'évolutionnisme, comme les intégristes protestants et catholiques. Il est anti-droits des femmes, pour le voile, contre le mariage des musulmanes avec des non-musulmans (pas l'inverse), il s'oppose à toute libération de la femme « aux dépens de la famille », il préconise le contrôle de l'école et du sport. En matière de lapidation, tout ce qu'il a concédé, un soir où il était sur un plateau de télévision (novembre 2003), c'est qu'il acceptait de demander un moratoire à son application. Mais il ne l'a pas condamnée.
Pour Tariq Ramadan, « La société iranienne aujourd'hui, parmi les sociétés musulmanes, est la plus en avance sur la promotion des femmes »... !
Et il a un programme d'action bien mûri : « Plus on sera présent, plus des femmes avec leur hidjab seront présentes, sur le plan social, présentes dans la discussion, expliquant leurs démarches, expliquant qui elles sont (...), plus on habituera les mentalités et plus les choses changeront »...
Tariq Ramadan est lié à Alain Gresh, le rédacteur en chef du Monde diplomatique. Ils ont écrit des livres en commun, comme L'islam en questions, et fait des conférences communes. Gresh est lui aussi capable de dire : « Je crois que l'Iran est un des pays où les femmes, dans le monde musulman, ont le plus de droits », parce qu'il y a, ou il y a eu, quelques femmes députées ou ministres !
En France, « les femmes avec leur hidjab » (quand ce n'est pas avec le grand voile noir) sont de plus en plus présentes, et le symbole qu'elles véhiculent est un véritable danger dans leurs quartiers pour celles qui refusent de le porter. Le voile, ce n'est pas un banal morceau de tissu, c'est une arme contre les insoumises. C'est un défi politique.

Complicités et complaisances

Il est sans aucun doute dramatique que ces intégristes trouvent des complices parmi les intellectuels en France et en Europe. Et le problème va bien au-delà d'un cas comme celui d'Alain Gresh et du Monde diplomatique. Tariq Ramadan a su trouver de nombreuses complaisances au sein par exemple de la Ligue de l'Enseignement, où il a animé un groupe de travail intitulé « Islam et laïcité » ; au sein de la Ligue des Droits de l'homme, qui s'est activée pour défendre les filles voilées dans les écoles ; dans le milieu universitaire, dans les rédactions de journaux même réputés « éclairés », et même chez certaines intellectuelles féministes de la première heure (pas toutes !).
Dans le mouvement altermondialiste, dans les partis de gauche et y compris au sein de l'extrême gauche, on a aussi manifesté une complaisance ouverte envers les islamistes et leur voile islamique : au nom de la « solidarité anti-impérialiste », car l'islam serait le principal ennemi de l'mpérialisme, ou sous couvert de ne pas donner prise au racisme, ou encore sous prétexte de ne pas « stigmatiser » les femmes issues de l'immigration, on les abandonnées à l'emprise des barbus de l'islam.
Afin de réduire les critiques et réserves au silence, certains se sont mis à crier à l'« islamophobie », tout comme le public des conférences de Tariq Ramadan. Dénoncer l'islamisme paralyse certains, peut-être par peur de passer pour réactionnaires, ou par un sentiment de culpabilité face au racisme anti-arabe, ou par démagogie. Mais ils ne craignent pas de reprendre le terme d' « islamophobie » comme injure, ce terme qui, à l'origine, a été lancé par les mollahs iraniens comme un anathème sur leurs opposants...
Ces gens ont trouvé des femmes pour mener leur combat anti-féministe. L'idée d'un « féminisme islamique » - d'un « féminisme pluriel » - est même à la mode parmi certaines étudiantes et intellectuelles, qui le justifient comme « une autre approche de la modernité »...
Il n'est évidemment pas nouveau que des opprimés en arrivent à justifier leur propre oppression, comme il arrive que des prolétaires justifient leur exploitation par le patronat. Il a fallu lutter contre des femmes pour défendre le droit de vote des femmes, et y compris dans le mouvement des années soixante-dix, pour imposer le droit à l'interruption volontaire de grossesse ! Et combien d'instituteurs et d'institutrices ont dû s'opposer pied à pied à des mères pour que leurs filles puissent aller à l'école y apprendre à lire et les arracher à la tutelle des curés !
D'autres disent : c'est une affaire personnelle, il faut laisser leur liberté de choix aux jeunes filles qui veulent porter le voile. Selon eux, elles ne le vivent pas forcément comme un signe de soumission... C'est évidemment une hypocrisie, et une hypocrisie dangereuse pour toutes les femmes musulmanes qui n'ont pas la moindre envie de se soumettre à ce genre d'oppression.
Quel crédit accorder aux propos des fameuses soeurs Lévy, d'Aubervilliers, qui parlent du port du foulard comme de leur choix personnel ? Dans un livre d'interviews qui leur est consacré, elles vont jusqu'à affirmer « Si une personne qui a commis l'adultère souhaite se repentir par la lapidation, c'est son choix et elle y va librement »... On peut espérer pour elles que, aussi perturbées soient-elles, ce choix-là, elles ne le feraient pas pour elles-mêmes...
L'offensive en faveur du hidjab s'accompagne d'attaques contre la mixité : dans les écoles, cela commence. Il y a aussi les exigences pour des piscines séparées hommes-femmes, les cas où les filles musulmanes ne vont plus dans des centres de loisirs, ou bien dans des classes de neige, des classes vertes, etc., à cause de la mixité des bâtiments !
Un des arguments les plus avancés pour justifier la tolérance envers ces pratiques d'un autre âge consiste à dire que ce serait un problème « identitaire », une affaire de « racines culturelles », de traditions qu'il faudrait respecter au nom du respect de la différence des cultures.
L'argument relève du pur mépris. Pourquoi les traditions des autres seraient-elles forcément plus « respectables » que celles qu'ici des générations ont combattues et plus ou moins balayées (pas dans toutes les têtes, il faut croire) ? Les mêmes ont bien combattu et dénoncé les catholiques intégristes ! La pratique de l'excision est-elle respectable, la polygamie, le gynécée ou le harem sont-ils respectables ? Les traditions de l'Église catholique, la chasse aux sorcières, les enfermements de filles ayant « fauté », la tradition biblique de l'enfantement dans la douleur - on n'en finirait pas - , font partie de nos « racines » en Europe occidentale ! Ces racines-là ne méritent justement que d'être... déracinées, et ce qui est valable pour les femmes ici l'est pour toutes, partout : la dignité des femmes ne se divise pas !
L'attitude intellectuelle qui consiste à placer toutes les cultures, des plus primitives aux plus modernes, sur un même pied, recouvre généralement une pensée réactionnaire. En l'occurrence, elle est pratique pour justifier un statut inférieur pour les femmes. Et puis, vis-à-vis de la population maghrébine, c'est du paternalisme, ce qui est souvent une forme de mépris.

La dignité des femmes ne se divise pas !

On peut se demander où est passée, dans les milieux qui se veulent éclairés, laïcs, progressistes et même parfois socialistes, la solidarité avec celles qui luttent, ici et ailleurs : les femmes turques en butte à la pression islamiste, les femmes d'Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh comme Taslima Nasreen, elle qui dénonce non seulement le fondamentalisme mais le Coran tout entier, qui dénonce le fait que, même si la lapidation n'est plus légale au Bangladesh, elle se pratique quotidiennement dans les villages, et qui face à cette barbarie ne craint pas, elle, de dire aux femmes de son pays : « À celles qui ne se battent pas pour cesser l'oppression de ce système patriarcal et religieux, je dis : Honte à vous ! » (interview à L'Express, avril 2003).
Où est passée la solidarité avec les femmes du Maghreb, les femmes algériennes qui mènent une résistance héroïque ?
À ce sujet, il faut citer des passages de l'appel lancé l'an dernier par l'avocate féministe Wassyla Tamzali, sous le titre « Féministes, je vous écris d'Alger » :
... « Depuis de longues années, les pensées des féministes françaises et des féministes du Sud que nous sommes se croisent, et, sur les discriminations sexistes, nous avons toujours eu globalement les mêmes démarches. Cela confortait notre conviction que le féminisme était universel (...) Enfin, pensions-nous, nos amies féministes, sur ce sujet du voile qu'elles connaissent parfaitement, sauront tordre le cou au relativisme culturel qui fleurit bizarrement jusque dans les rangs de la gauche intellectuelle, dans les enceintes sacralisées, comme la Ligue des droits de l'homme ! Eh bien non ! (...) accepter la pratique, maghrébine ou pas, musulmane ou pas, de cacher ses cheveux, de ne pas se faire soigner par un homme, de ne pas serrer la main des hommes, [c'est] accepter des pratiques de stricte ségrégation sexiste (...)
Refuser le voile ne signifie pas accepter le racisme ! (...) [dans nos pays] les féministes étaient montrées comme les alliées objectives des Occidentaux (...) J'ai trop souffert de cette mauvaise foi-là pour accepter celle-ci, venant de féministes et de démocrates ! (...) Nous luttons contre les régimes que l'on connaît, et faut-il ajouter l'opposition de ceux qui devraient être à nos côtés (...) Je veux simplement rappeler que la peur de stigmatiser le christianisme n'a pas arrêté la lutte des féministes (...) Alors, ce qui est bon pour une religion ne l'est pas pour l'autre ? (...) Peut-on dire que ce qui conduit la pensée féministe en général n'est pas bon pour ce qui concerne les femmes dites musulmanes ? Nous avons déjà assez de mal comme ça pour que des intellectuelles ajoutent leurs voix - et quelles voix ! - à ceux qui pensent avec Tariq Ramadan qu'il existe un genre "femme musulmane". (....) »
Wassyla Tamzali s'adresse aux femmes féministes qu'elle connaît bien. On comprend son amertume. Et nous pouvons ajouter que ceux qui, dans l'extrême gauche, prétendent être en même temps « en solidarité avec les femmes qui s'opposent au port imposé du foulard » et « contre toute exclusion de celles qui décident de le porter », comme si les deux attitudes se valaient et qu'il n'y ait pas à choisir son camp, commettent une véritable trahison envers toutes les femmes qui se sont battues et se battent pour se libérer.

À bas l'oppression des femmes, Vive l'égalité de l'humanité entière !(bof, de la confiture trotskienne)

Dans le monde, deux tiers des analphabètes sont des femmes.
Elles représentent l'essentiel de la force de travail employée à temps partiel.
Chaque année, au moins vingt millions d'avortements ont lieu dans le monde en-dehors de toute sécurité. Combien de femmes en meurent ?
Les femmes peuvent être battues, violées, assassinées, dans leurs propres familles.
Le trafic sexuel des femmes s'est « mondialisé », avec des grands circuits à l'intérieur de l'Asie ainsi qu'entre l'Europe de l'Est et l'Europe occidentale. Les femmes qui en sont victimes sont de plus en plus jeunes, parce qu'elles sont supposées indemnes du virus du Sida...
Le tableau est noir, et bien sûr la religion n'explique pas tout. Dans le cas du trafic sexuel, ce sont les profits commerciaux qui sont le moteur. Il n'empêche que les pressions religieuses, parfois insidieuses, et souvent de plus en plus agressives, affectent de plein fouet les femmes, même si ce n'est pas partout au même degré.
Il y a des survivances du passé, mais la menace d'un formidable retour en arrière vers ce passé est bien d'aujourd'hui.
Révolutionnaires communistes, nous savons bien que la société, et avec elle la cause des femmes, ne peuvent pas progresser réellement quand la classe ouvrière recule, au contraire. La défense des droits des femmes, l'émancipation de la moitié féminine de l'humanité, sont liées à la cause du monde du travail dans son ensemble. Le prolétariat n'est pas une classe exploiteuse du travail d'autrui, ni une classe ayant besoin d'imposer une quelconque oppression. Briser les chaînes des exploités, c'est en même temps briser les chaînes de toutes les femmes en tant que femmes.
Cela ne nous amène nullement à renvoyer la défense des droits des femmes aux lendemains d'une révolution ouvrière triomphante ! La lutte pour l'égalité des femmes dans la société fait partie intégrante de notre programme. C'est un combat bien actuel, comme celui de la défense du monde du travail, qui doit être mené en permanence et dans lequel la solidarité entre toutes celles et ceux qui luttent est indispensable.
Bien sûr, communistes, nous nous réclamons d'un matérialisme militant, qui ne fasse aucune concession aux idées religieuses dans sa propagande. Ce qui est bien d'actualité aujourd'hui, où se dire athée est mal vu et en tout cas peu courant, où l'irrationnel fait des percées dans de nombreux milieux.
Mais ce qui manque surtout, aujourd'hui, c'est un parti révolutionnaire du prolétariat.(bof... note jlR)
La classe ouvrière de Pologne, au sein de laquelle sans doute beaucoup croient au bon dieu, a mené plusieurs luttes sévères, sur son terrain de classe, en 1956, en 1970-71, en 1976, avec des directions qui l'ont fourvoyée, ou sans direction, en tout cas sans que le poids de l'Église intervienne. Et, si la lutte des ouvriers polonais de 1980 a été dirigée par un catholique notoire en la personne de Walesa, c'est par la méthode prolétarienne de la grève, et pas par les prières, qu'ils ont imposé un certain nombre de concessions au gouvernement en place. Ils n'étaient pas fatalement voués à se retrouver sous le direction de l'Église catholique : c'est l'absence d'un parti révolutionnaire du prolétariat qui a laissé à celle-ci le champ libre.
Un peu de la même façon, quand les masses populaires arabes s'opposent à l'impérialisme, elles se rangent aujourd'hui la plupart du temps sous le drapeau idéologique de l'islam, mais cela n'est pas dû à une fatalité islamique : là aussi, ce qui est en cause, c'est l'absence d'une direction porteuse d'une idéologie de progrès, une direction communiste révolutionnaire, seule capable d'un anti-impérialisme conséquent.
Alors, pour nous, ici, il est indispensable, et peut-être même vital - en tout cas, c'est pour nous un devoir élémentaire - de ne pas faire preuve de la moindre complaisance vis-à-vis d'aucune religion : pour les femmes opprimées, ce genre de complaisance, c'est au mieux de l'hypocrisie, et l'hypocrisie est vite crapuleuse.
Pour conclure : À bas l'obscurantisme religieux ! À bas l'oppression des femmes et vive l'égalité de l'humanité entière ! En fin de compte, à bas le système de la propriété privée et à bas le capitalisme !

ANNEXES

La complicité de l'État français

Il faut dénoncer des particularités peu connues de la législation française qui sont autant d'atteintes aux droits des femmes d'origine maghrébine ou africaine vivant en France.
Ainsi, pour les femmes originaires d'Algérie, d'Égypte, du Sénégal, de Côte d'Ivoire, du Mali, du Niger et du Cameroun, les jugements les concernant prononcés dans ces pays, même en leur absence, sont validés en France : répudiation, mariage sans consentement ou polygamique, droit de garde des enfants, en vertu de conventions passées entre les gouvernements français et ces pays.
La procédure de répudiation de ces pays est validée en France comme un divorce judiciaire, mais sans aucun droit, aucune garantie, pour la femme rejetée. Une procédure dite d'« exequatur » le permet.
Tout cela se passe dans le secret des tribunaux. La pratique des mariages forcés de filles souvent toutes jeunes est davantage dénoncée, notamment grâce aux associations de femmes de toutes origines qui militent dans les banlieues pour aider les jeunes qui veulent résister. Ce n'est pas facile, ces jeunes vivent sous le contrôle permanent de la famille et de la communauté, dans leurs cités. Elles peuvent être mariées sans leur consentement, et subir des viols réguliers « légaux ». Certaines peuvent être emmenées au pays d'origine sans qu'elles s'y attendent pour y être mariées à des hommes souvent beaucoup plus vieux qu'elles, à qui elles ont pu être « promises » par la famille. Bien souvent, on parle simplement de mariages « arrangés » pour ne pas dire forcés.
Les associations sont arrivées à une évaluation de quelque 70 000 jeunes filles de 10 à 18 ans qui sont potentiellement menacées de subir un tel sort. Quand elles sont ramenées en France, elles se retrouvent piégées.
Ces pratiques, il faut les faire connaître, il faut les combattre, contre les imams ou les marabouts de toutes sortes, ou contre les tribunaux français, au besoin.

D'autres pratiques barbares

Certaines pratiques dont les femmes sont les victimes plongent leurs racines dans des époques et des sociétés antérieures à la formation des grandes religions dont nous avons parlé - en tout cas qui existaient déjà avant. Il est en général bien difficile d'en dater les origines.
Ainsi, l'excision et les mutilations sexuelles des petites filles, dans plusieurs pays de l'Afrique sub-saharienne, en Égypte, au Soudan. À ce propos, soulignons deux choses : elles ont persisté, malgré leur barbarie, jusqu'à aujourd'hui, et peut-être même s'étendraient ; et elles existent parmi les populations chrétiennes comme musulmanes ou animistes, dans des proportions analogues.
Cela relève d'une forme de barbarie tout à fait archaïque, qui manifeste un mépris pour les femmes, leur corps, leur devenir, tel qu'on a quelquefois du mal à le concevoir aujourd'hui... mais qui néanmoins dure sans être réellement combattu, ni par les États ni par les hiérarchies religieuses. Cette barbarie est souvent présentée comme faisant partie de la « culture traditionnelle » de telle ou telle population...
On doit aussi mentionner l'infanticide des bébés filles, considérées comme des bouches inutiles à nourrir, des sources de tracas, ou même d'un coût insupportable dans des familles pauvres, à cause du montant de la fameuse dot qui sera exigée d'elles, à l'époque du mariage, par la famille du futur époux et par la pression sociale... La « solution » par l'infanticide se pratique toujours, et même à grande échelle en Inde et en Chine, relayée au besoin par des techniques modernes telles que les tests ADN et l'échographie (du moins dans les milieux qui ont les moyens) qui permettent des interruptions de grossesse en fonction du sexe...
L'infanticide des filles en est arrivée au point que l'Inde et la Chine seraient au bord d'un déséquilibre démographique inquiétant.
Il y a enfin une grande tradition qui fait des ravages : celle de « l'honneur » des hommes et des familles, qui serait atteint en particulier en cas de grossesse en dehors du mariage, y compris quand cette grossesse découle d'un viol, et d'un viol commis au sein de la famille. Ce sont évidemment, non les violeurs, mais les femmes ou jeunes filles qui sont alors sacrifiées, et parfois mises à mort sur décision du Conseil de famille.
Ces crimes sont répertoriés comme « crimes d'honneur » dans des évaluations statistiques quand la pratique est légale dans le pays où ils ont été commis, ou « socialement admise »... Autant dire que l'évaluation de leur nombre ne peut être qu'approximative : il y en aurait plusieurs milliers chaque année, un peu partout dans le monde. Au Maroc, au Moyen Orient, y compris en Israël, et aussi en Inde et dans les pays environnants, ou, ce qu'on sait moins, au Brésil, voire en Italie, ou dans l'émigration aux États-Unis, en Angleterre, en France.
Ces crimes-là s'apparentent beaucoup à la lapidation des femmes adultères, aux immolations de veuves, des horreurs qui font frémir mais qui sont loin d'avoir disparu dans notre univers du 21e siècle ». Fin des annexes de LO.

Pour une analyse de la soumission des femmes musulmanes européennes qui font honte aux femmes obligées de se voiler dans les pays arriérés totalitaires :

La peur, l’anxiété.

Avoir intégré une conception libérale de l’individu pour laquelle l’homme est un loup pour l’homme, un concurrent permanent, un prédateur menaçant, induit une peur latente et inconsciente des autres. Ce terreau est entretenu journellement par les jardiniers du fait divers riche en tueurs en séries, voleurs, violeurs,...Ce journalisme people de la peur réactive sans cesse cette anxiété. L’Etat est alors essentiellement conçu dans ses missions régaliennes : armée, justice, police pour empêcher les individus de s’entre-tuer et assurer la sécurité. On retrouve alors la conception ancienne de l’Etat de Hobbes avec le Léviathan.
Châtier, venger, enfermer doivent être, dans cette perspective, les rôles attendus d’une population apeurée.
A un niveau plus apparent et verbalisé, l’insécurité sociale (sécurité des biens et des personnes, emploi,...) génère une peur qui fragilise l’équilibre intérieur, sollicite protection favorisant ainsi la soumission à l’ordre dominant : tout cela est bien connu, mais ce qui est surprenant, c’est que les politiciens qui instrumentalisent le sentiment d’insécurité fassent encore si fabuleusement recette en ce début de XXIème siècle.

L’autorité.

a) Selon Max Weber, le pouvoir et l’autorité reposent sur trois types de légitimations :
- la tradition, « croyance quotidienne en la sainteté de traditions valables de tout temps et en la légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l’autorité par ces moyens »
- le charisme (« reposant sur la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur exemplaire d’une personne, ou encore [émanant] d’ordres révélés ou émis par celle-ci » .
- et le conformisme rationnel légal. (« croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens ».
On retrouve, en partie, d’une certaine manière, l’autorité en droit romain définie comme augustus (celui qui renforce par son charisme, comme auctoritas qui exprime l’idée d’augmenter l’efficacité d’un acte juridique ou d’un droit (à l’origine pris par le Sénat chez les romains).
b) Mais ceci ne nous renseigne pas sur les ressorts psychologiques de telles soumissions et la conception de la société par Weber reste libérale. Gérard Mendel, dans son ouvrage Une histoire de l’autorité (Ed. La Découverte poche) souligne cette carence : "On en vient alors à la perspective selon laquelle ce qui a empêché Weber de reconnaître l’ autorité et la légitimité comme de vrais concepts autonomes et de s’interroger sur leurs fondements (de même que sur les fondements des éthiques de la conviction et de la responsabilité), c’est la pauvreté de l’anthropologie qu’il s’était construite et qui se réduisait à une seule composante : la lutte universelle pour la puissance. Weber a placé la subjectivité de l’individu au centre de sa « sociologie compréhensive » au point, à l’intérieur de sa méthodologie, de poser explicitement la société comme seulement constituée par la somme des individus qui la composent. Il y avait alors quelque inconséquence à l’impasse totale sur la psychologie qu’il a faite." (p35)
Le besoin d’autorité repose sur le désir archaïque de protection paternelle, mais cela peut sembler paradoxal du fait que c’est plutôt la mère qui joue ce premier rôle de protection dans notre petite enfance. G.Mendel rappelle alors l’explication freudienne : "Dans L’Avenir d’une illusion, Freud indiquait clairement pourquoi l’individu doit avoir recours à la protection paternelle : « La mère, qui satisfait la faim, devient le premier objet d’amour et de plus la première protection contre tous les dangers indéterminés qui menacent l’enfant dans le monde extérieur ; elle devient [...] la première protection contre l’angoisse. La mère est bientôt remplacée dans ce rôle par le père plus fort [...]. Et quand l’enfant en grandissant voit [...] qu’il ne pourra jamais se passer de protection contre des puissances souveraines et inconnues, alors il prête à celles-ci les traits de la figure paternelle, il se crée des dieux ». Mais la période contemporaine, avec sa crise de l’autorité et du rôle du père, qui touche toutes les organisations sociales, remet quelque peu en cause cette dynamique psychique.
Dans les nouvelles techniques de management, dénoncées par C.Dejours (La souffrance enfance ), par JP Le Goff (La barbarie douce ), ou encore par L. Boltanski et E. Chiapello dans Le nouvel esprit du capitalisme , l’investissement du sujet doit être total, il doit faire sien, c’est à dire une affaire personnelle, les objectifs de l’entreprise (notamment de productivité) : la hiérarchie paternaliste fait place à la séduction, la mystification.
Toujours, dans Une histoire de l’autorité, G.Mendel explique bien la transition vers la situation actuelle (extraits de p229 à 231) " L’autorité s’est d’abord exercée depuis le dehors de l’individu, à partir d’un regard porté en permanence sur lui et dans lequel s’expriment les exigences de conformité des communautés traditionnelles. Toute une partie de la psychologie du sujet se trouvait alors captée dans le réseau de liens exopsychiques des rapports collectifs. Avec la modernité, une partie grandissante de ces rapports s’est progressivement intériorisée. Le fonctionnement psychologique est devenu endopsychique à partir d’images et de fantasmes à figuration d’abord extérieure, puis qui, refoulés en raison de leur tonalité angoissante, vont peupler l’inconscient. L’image du père assure alors la cohérence de la société patriarcale, une image qui est partout : dans les cieux, avec le dieu-Père ; à la tête de l’État, rois ou présidents ; en tant que paterfamilias, au rôle dominant reconnu par la loi ; comme père oedipien, dans l’inconscient, dédoublé en surmoi et idéal du moi. Dans les derniers siècles des Temps modernes, l’autorité a pris le visage d’un père « gaullien » affirmant : « Je te protège (du chaos) si tu te soumets à moi ; ou bien, sinon, je t’abandonne, je te renvoie au chaos. »....
Avec l’époque contemporaine, une nouvelle étape a été franchie. ... Les personnages que l’ autorité (dans néo-management ) concerne - le dominant et le dominé -se retrouvent maintenant tous les deux à l’intérieur du sujet.
De plus, une extraordinaire permutation s’est produite. Ce qui, jusque-là, se trouvait enfoui, caché à l’intérieur du sujet -le sentiment abandonnique et son angoisse -reçoit une figuration extérieure, avec la menace de licenciement qui, outre les angoisses archaïques qu’elle suscite, représente une exclusion capitale et comme la mort sociale. À l’inverse, le rôle du dominant, jusqu’alors tenu par un personnage extérieur, se trouve maintenant, avec l’ « auto-autorité », devoir être tenu par le sujet lui-même.
Pourtant, le plus important n’est pas là, mais dans le fait que l’ancien dominant-père, contrôlant pour l’imaginaire les forces archaïques du chaos (figurées dans nos cultures par les fantasmes concernant la mère archaïque), s’est changé en une domination archaïque (la « maison mère » ). Le sujet, identifié à celle-ci, est contraint de faire sien cet archaïsme et d’intérioriser les normes démesurées de l’entreprise « aux limites toujours déplacées ». Pire encore : jouant à plein le jeu de ces forces archaïques, il lui faut humilier, écraser, « tuer » en lui l’ancienne figure protectrice du père. En définitive, dans l’architecture interne de son moi, le sujet attaque la partie la plus mature de sa personnalité. On comprend les désarrois et les désastres psychologiques rapportés par les observateurs.
Pour dire les choses en une phrase : le sujet, tout en se livrant corps et âme à son entreprise, doit ouvrir toujours plus largement en lui, dans sa personnalité profonde, les vannes de l’archaïsme. Cette infantilisation, cette autodestruction de soi font naître évidemment une considérable agressivité dans les profondeurs du sujet. Celle-ci, jusqu’à présent, se retourne pour l’essentiel contre soi : stress, dépression, maladies psychosomatiques... Mais elle pourrait bien, un jour, se libérer à l’extérieur dans des formes collectives, et qui risqueraient d’être aussi irrationnelles que les forces aujourd’hui libérées dans les zones archaïques...." Le lecteur dispose ici, par ce texte, d’une grille de lecture des drames sociaux actuels d’une rare profondeur. Ainsi, sans avoir évidemment disparu, l’autorité traditionnelle fondée sur un principe d’extériorité impliquant à la fois soumission et révolte, respect et transgression des règles (rationnalité de la loi) peut faire place à un rapport de fusion-séduction avec le dominant impliquant émotions archaïques et culpabilité.
Nous n’abordons pas en détails les formes de hiérarchies et d’autorité utilisées dans les organisations et notamment les entreprises synthétiquement décrite dans le document Commandement, autorité et pouvoir dans les organisations.
Il faut faire appel à la psychanalyse pour comprendre la source nourricière du charisme qui est le processus d’identification du dominé au dominant. Cette identification permet un profit narcissique et une possession imaginaire de la puissance et se trouve exacerbée dans les rassemblements de foule autour du chef ou de la star. La pression de conformité renforce le phénomène.
c) Autorité et organisation
Nous avons dit dans une autre contribution que les organisations hiérarchiques était liées à une conception autoritaire ou paternaliste des rapports sociaux actuellement en crise.
Ce type d’organisation encore très largement dominant est un héritage séculaire d’une société patrilinéaire et centralisée, adaptée pour assurer une cohérence sociale et politique à l’échelle de petites organisations ou de nations petites et moyennes mais inadaptées pour pouvoir contrôler les hommes à l’échelle planétaire. On assiste donc à un double mouvement conjoint : une planétarisation de la classe dominante et la mise en œuvre de nouveaux types d’organisation pour faire succéder à la société disciplinaire (Foucault) la société de contrôle (Deleuze).

La pression de conformité et le conformisme

Un individu dans un groupe a tendance, en général,à se laisser influencer par l’avis majoritaire et à s’y soumettre et au niveau de la société a tendance à suivre aussi l’opinion majoritaire et à intégrer les valeurs sociales dominantes : c’est le conformisme.
L’individu qui veut affirmer des idées personnelles minoritaires par rapport à un groupe vit souvent un conflit psychique anxiogène, déstabilisant. Le coût psychologique devient d’autant plus élevé que l’individu peut être l’objet de marginalisation ou de répression.
Le conformisme religieux défendant les intérêts de la classe dominante est véhiculé par les grands médias qui réalisent alors une sorte de bio-programmation des cerveaux.
Dans le bimestriel édité par le Monde diplomatique, Manière de voir n°96 de déc.2007, intitulé La fabrique du conformisme, on trouve pas moins de 26 thématiques traitées pour analyser la manière dont se construit le conformisme des comportements alimentaires, culturels, etc
Mais quelles sont les racines de ce besoin de se sentir conforme, en accord avec le groupe ? N’a t-on pas en action le même processus quand on respecte ou on se soumet aux institutions ?
La réponse est donnée par E.Durkheim ; le "père" de la sociologie : "...Car tout ce qu’elle implique (la contrainte sociale), c’est que les manières collectives d’agir ou de penser ont une réalité en dehors des individus qui, à chaque moment du temps, s’y conforment. Ce sont des choses qui ont leur existence propre. L’individu les trouve toutes formées et il ne peut pas faire qu’elles ne soient pas ou qu’elles soient autrement qu’elles ne sont ; il est donc bien obligé d’en tenir compte et il lui est d’autant plus difficile (nous ne disons pas impossible) de les modifier que, à des degrés divers, elles participent de la suprématie matérielle et morale que la société a sur ces membres. Sans doute, l’individu joue un rôle dans leur genèse. Mais pour qu’il y ait fait social, il faut que plusieurs individus tout au moins aient mêlé leur action et que cette combinaison ait dégagé quelque produit nouveau. Et comme cette synthèse a lieu en dehors de chacun de nous (puisqu’il y entre une pluralité de consciences), elle a nécessairement pour effet de fixer, d’instituer hors de nous de certaines façons d’agir et de certains jugements qui ne dépendent pas de chaque volonté particulière prise à part. Ainsi qu’on l’a fait remarquer , il y a un mot qui, pourvu toutefois qu’on en étende un peu l’acception ordinaire, exprime assez bien cette manière d’être très spéciale : c’est celui d’institution. On peut en effet, sans dénaturer le sens de cette expression, appeler institution toutes les croyances et tous les modes de conduite institués par la collectivité ; la sociologie peut alors être définie : la science des institutions, de leur genèse et de leur fonctionnement" (Les règles de la méthode en sociologie pXXII)
Ce texte demande pas mal de temps pour en comprendre toute la portée. La conscience collective acquière une objectivité qui lui confère la même matérialité que les choses, cette conscience pouvant être celle de groupes plus ou moins réduits ou importants. Le conformisme est un moyen de s’adapter à la société confortant le contrôle social.

3.4 La déresponsabilisation et dépersonnalisation.

Lorsqu’un individu se soumet à une autorité dans le cadre d’un système d’actions supposé œuvrer pour le bien commun ou un quelconque idéal auquel cet individu adhère, alors celui-ci peut perdre tout sens de ses responsabilités ou toute compassion pour son prochain. J. Généreux dans La dissociété, en examinant les ressorts de la soumission à l’autorité, relate l’expérience de Milgram qui s’était interrogé sur les mécanismes psychologiques du comportement barbare des nazis. "L’expérience du psychologue américain Stanley Milgram, en 1960-1961, est sans doute la plus célèbre concernant cette question.. Un sujet croyant participer à une expérience scientifique sur la mémoire doit questionner un élève (un acteur complice de l’ expérience) et sanctionner chaque mauvaise réponse par un choc électrique d’intensité croissante. Milgram constate avec effroi qu’une large majorité des sujets acceptent d’aller jusqu’au choc d’intensité maximale tant que le scientifique menant l’expérience leur enjoint de mener celle-ci jusqu’au bout." (p388).
Cette expérience de Milgram indique combien un individu peut être influençable, soumis à un certain contexte, et se faire "robotiser" à son insu.
La délégation aveugle de son initiative, de ses pouvoirs à une autorité constitue ainsi une déresponsabilisation qui renforce le pouvoir dominant.

B - De la domination et du pouvoir : versant dominants

Expliquer le fait qu’un être humain cherche à dominer, voire assujettir un autre être humain ou qu’un groupe d’homo sapiens domine un autre groupe pour des raisons simplement économiques, culturelles ou idéologique ne peut être suffisant. En effet :
- quelques soit le type de formation économique ( R. Fossaert en distingue 17 de puis le néolithique jusqu’ à nos jours, socialisme étatique inclus) un groupe domine toujours l’autre quelque soit le type de formations politiques : chefferies, états féodaux, démocratiques, sociétés théocratiques,étatiques-socialistes...
- une partie du groupe dominé, ou l’individu dominé, ayant renversé le groupe dominant et ayant acquis le contrôle sur la société se comporte à son tour comme dominant sur le groupe évincé et même sur l’autre partie du groupe dominé et devient souvent, avec le temps, à son tour, un groupe prédateur, à moins qu’il ne le soit déjà au départ !
Devant une telle constatation, deux explications courantes, aussi simplistes l’une que l’autre consiste à affirmer : "c’est dans la nature humaine, on n’y peut rien....", ou bien " c’est la lutte de classes, et quand les classes sociales disparaîtront, il n’existera plus de domination d’un groupe sur un autre" faisant ainsi référence à deux systèmes de croyance sans assise scientifique sérieuse. En effet, si l’exploitation économique s’explique principalement par un antagonisme de classes, le processus de domination ne serait se réduire à de pures explications économiques.

L’approche psychanalytique des ressorts du pouvoir. La correction apportée par les neuro-sciences

Il ne saurait être question en quelques lignes de faire le tour des différentes approches analytiques des sources du pouvoir. Anne-Marie Rocheblave-Spenlé, dans son ouvrage Le pouvoir démasqué, en s’appuyant sur le travail de nombreux psychanalystes présente les différentes approches analytiques.
Nous nous contenterons de quelques idée-forces
- a) Il est intéressant de relier les différentes instances psychiques freudiennes avec les différents types de pouvoir, de maîtrise. "Les différents systèmes psychiques représentent chacun un type spécifique de pouvoir, : ainsi, nous avons vu que le Surmoi représente le pouvoir social, le pouvoir de la loi, de l’interdit, celui qui juge, critique, observe ou approuve.
Le Ça contient le pouvoir biologique, la puissance à l’état presque brut ; le Moi, lui, incarne le pouvoir de l’intelligence, du contrôle.
Parmi ces instances psychiques, il en est une - relativement peu étudiée - qui représente en quelque sorte à elle seule le rêve du pouvoir ou - plus précisément - de la toute-puissance inconditionnée. Il s’agit de l’instance que Freud et ses successeurs ont appelée le Moi idéal, et qu’il ne faut pas confondre avec l’Idéal du Moi, bien qu’il entretienne d’étroites relations avec lui. " (p71).
En résumé : le ça, c’est la domination par la force brute devenant le pouvoir armé et les pulsions instincto-émotionnelles ; le moi, c’est la maîtrise par l’intelligence, le savoir et l’organisation technicienne, orientée d’abord sur la maîtrise de la nature , le surmoi, c’est le pouvoir sublimé de la loi et de la morale, de l’organisation politique pour la domination des Hommes. Ces trois topiques correspondent, au niveau des fonctions cérébrales à ce que P.Chauchard appelait ; d’une manière un peu différente de celle de P.Mc Lean, cerveau à trois étages : rhinencéphale et système limbique (ou cerveau émotionnel), cerveau noétique (intelligence, langage), cerveau préfrontal ou cortical (conscience, sens moral,...).
L’essor de la physiologie du cerveau, grâce notamment, aux nouveaux moyens de l’imagerie cérébrale, et d’autre part de la psychologie cognitive connexionniste, montrent qu’une telle division fonctionnelle ne correspond pas à des localisations anatomiques spécialisées, notre cerveau étant une totalité fonctionnelle de 100 milliard de neurones interconnectés par dix puissance quinze synapses. Dans un dossier sur
Les traces cérébrales de la morale, le magazine scientifique La Recherche, indiquait (juin 2006, p46) " La neuro-imagerie révèle que deux réseaux cérébraux sont impliqués dans le jugement moral : le système limbique, siège des émotions, et le réseau de la mentalisation grâce auquel on adopte le point de vue d’autrui."
Le neurophysiologiste américain J.Haldt définit ainsi 4 types "d’émotions morales" remettant ainsi en cause la conception kantienne, devenue courante, selon laquelle le sens moral reposerait sur la raison : en réalité il repose plus sur les émotions.
Cela explique combien il est difficile pour des juristes de faire entendre raison au grand public lorsqu’il s’agit d’un dossier sensible tel celui des multi-récidivistes, pour prendre un exemple d’actualité.
Bref, le 1er étage est bel et bien connecté au premier ! Mais tout pédagogue sait combien l’émotionnel et le cognitif sont étroitement liés dans tout apprentissage ou travail de recherche. En termes de pouvoir, les pouvoirs décrits ci-dessus sont donc inter-reliés même au niveau de "l’économie psychique".
- b) Contrairement à une conception atomistique de l’individu, l’approche analytique montre le caractère profondément social du psychisme humain et que les relations sociales, dont celles de pouvoir, sont à la fois intériorisées et projetées par les individus. Concernant le pouvoir et la structuration de l’appareil psychique en ses trois instances précédemment rappelées, A.M Rocheblave écrit : " Comme l’a montré Daniel Lagache, les relations intra- personnelles proviennent pour une large part de l’intériorisation de relations interpersonnelles, tout en pouvant de nouveau être projetées dans des relations inter- personnelles ultérieures. ...Il n’est donc pas étonnant de constater que, de même que les relations entre personnes peuvent s’énoncer en termes de pouvoir, de même les relations entre les .instances psychiques sont marquées par cette signification. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les relations de pouvoir intérieures ont été davantage soulignées, ou, du moins, décrites par Freud que les relations de pouvoir entre les individus, et pourtant, pour expliquer les liens des formations internes entre elles, il emploie souvent des comparaisons énoncées en termes de pouvoir.(idem p60)
- c) Ce besoin d’exercer un pouvoir a des racines profondes
"Le pouvoir apparaît donc en relation étroite avec la vitalité, le dynamisme de l’être vivant, dans ce besoin d’emprise ou de maîtrise, très fondamental et primitif. Secondairement, s’introduisent d’autres modulations de pouvoir, liées au narcissisme, au sadisme ou même à la sexualité. Il semble que le dosage relatif de ces différents « ingrédients » du pouvoir soit en relation à la fois avec l’histoire personnelle de l’individu, et avec le type d’institutionnalisation des relations de pouvoir -dont l’intensité sado-masochique est variable et dépend des cultures et des systèmes socio-politiques...
Comme le soulignait Freud, cette pulsion d’emprise de même que le sadisme sont parfois particulièrement réduits, ce qui peut mener à une apathie ou à une passivité prononcée ainsi qu’à une fuite devant toute responsabilité ou pouvoir" (Idem p 54).
- d) Mais il est important de souligner le caractère réversible de la position dominant/dominé
Le processus d’identification du dominé au dominant peut transformer le dominé en dominant :"S’identifier au personnage dominant, ce n’est pas seulement recueillir en soi ce personnage, mais intérioriser une relation interpersonnelle à deux pôles, ce qui fait que l’individu peut se placer tantôt au pôle soumis et projeter le pôle dominant sur son partenaire, tantôt renverser cette relation et jouer lui-même le rôle dominant. Enfin, on peut également invoquer un fait - que Fromm lui-même mentionne - à savoir : la coexistence chez un même individu de tendances sadiques et masochistes."
On ne connaît que trop bien ce que signifie tout cela en terme de comportement professionnel ou politique dans des systèmes hiérarchiques autoritaires et fascistes.(idem p110)
3.6 Les résistances à la domination autoritaire et à ses violences.
a) Globalement, c’est là que la réflexion des libertaires et anarchiste est utile, car ce courant de pensée a toujours été sensible, plus que d’autres, à cet aspect de la domination.
On peut ainsi se reporter à un article, parmi d’autres, du Monde libertaire et explorer cette mouvance en se rendant sur le site de la fédération anarchiste où figurent de nombreux liens.
Le site, libertaire.free est une véritable mine d’analyses et de documents intéressants. En l’occurrence, on peut se reporter à :
L’autorité dans les groupes militants, les groupes libertaires ?
Mais oui, les anti-autoritaires s’interrogent pour savoir s’ils sont autoritaires ! (Que le lecteur n’en déduise pas que je suis libertaire : je suis un hybride non transgénique)
b) Résistances à des formes de domination locales
- Harcèlement moral :il aura fallu attendre les années 2000 pour que le harcèlement moral au travail soit pris en compte et sanctionné par la loi. Le livre de Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement moral (Editions Syros) a joué un rôle important pour faire connaître et reconnaître cete forme locale de domination. Exemple d’association contre le harcèlement moral : HMStop ou les abus de pouvoir
- domination masculine Pour comprendre la soumission-respect de la femme à son mari selon...la Bible cliquer sur le lien. Bon article sur la domination masculine sur site LCR Belgique. Voir aussi sur ce thème ce site de haute résistance : la révolution en charentaises.
On ne peut énumérer ici tous les sites féministes : on peut se reporter à ce que je considère comme site de référence en ce domaine : Les Pénélopes, à cet annuaire
- violences conjugales : bon descriptif d’ensemble du phénomène ; lutte contre les violences conjugales Texte du Sénat (les parlements peuvent parfois être des lieux de résistance, ne l’oublions pas)
- enfants maltraités : et plus généralement sur
- la maltraitance : voir annuaire.
Evidemment cette liste n’est malheureusement pas exhaustive ! Car il faudrait énumérer toutes les formes de persécutions ! Ces exemples montrent que les dominés peuvent exercer une domination, parfois violente, entre-eux par intégration des modèles dominants.


SUR LE CAMP D'ETE « DECOLONIAL » :
Réunissant 180 participants, ce stage organisé par les militantes antiracistes Fania Noël et Sihame Assbague n'indique nulle part être interdit aux Blancs mais n'est accessible qu'aux personnes victimes de "racisme structurel", excluant de facto les personnes blanches de peau. "Pour des raisons évidentes d'ordre public, mais aussi pour des raisons hautement politiques et morales, nous demandons au préfet concerné de prendre ses responsabilités et d'interdire immédiatement ce "camp d'été décolonial" dont les motivations portent aussi gravement atteinte aux valeurs de la République et à l'unité de notre nation", avait réagi dans la matinée, par voie de communiqué Florian Philippot, vice-président du Front national.

Un analyste du Figaro répond très bien à notre place :

« Concernant le postcolonialisme, c'est assez clair en effet. Pour ce qui est de l'anti-capitalisme, c'est plus flou. On comprend bien que certains mouvements d'extrême-gauche participent à ce «camp» et partagent les analyses et les revendications qui y sont affichées mais ce n'est pas ce qui ressort de prime abord. On peine à voir dans les motivations des organisateurs du camp une quelconque cohérence idéologique du point de vue de la contestation du capitalisme sinon par une invocation jamais très précise de l'intersectionnalité des luttes (sociales, raciales et féministes). On est loin de toute vision marxiste, par exemple, dans la manière dont sont comprises les notions d'égalité ou d'aliénation. Enfin, concernant l'éducation populaire, qui repose dans l'histoire de la gauche française sur une tradition laïque, universaliste et d'ouverture à tous sans aucune distinction, de «race» notamment, disons pour rester poli que les organisateurs se moquent du monde ». 

NOTES: 

1La montée en puissance du controversé Collectif contre l'islamophobie (CCIF)(source Le Figaro)

Méthodes contestées et accointances controversées «Le CCIF n'appartient à aucun courant politique, religieux ou idéologique», proclame l'association dans sa présentation. Pourtant, elle est fortement contestée pour ses accointances communautaristes, notamment auprès du controversé Parti des Indigènes de la République, ainsi que pour sa proximité avec l'idéologue Tariq Ramadan. Dans un article au titre évocateur «Des islamistes qui avancent mosquée», Le Canard enchaîné soulignait que le CCIF «s'est spécialisé dans des rapports faisant le procès de la laïcité à la française», et rappelait que le porte-parole du CCIF s'était produit en compagnie d'orateurs sulfureux, comme l'imam radical d'Aubervilliers Hassen Bounamcha, et les prédicateurs radicaux Nader Abou Anas et Rachid Abou Houdeyfa. Selon Libération, Samy Debah, le fondateur du CCIF, était lui-même un ancien prédicateur tabligh et proche de Tariq Ramadan. Le collectif assume sa proximité avec les acteurs néosalafistes comme Al-Kanz ou Baraka City, avec lesquels il signe un communiqué contre les perquisitions en novembre 2015.
Mais au-delà de ces accointances supposées, le collectif est aussi accusé de gonfler les chiffres de l'islamophobie. La méthode statistique du CCIF a été démontée dans le livre Islamophobie, la contre-enquête (Plein Jour, 2014), d'Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau. Les auteurs démontraient que le CCIF recensait comme autant d'actes islamophobes des fermetures de lieux de culte fondamentalistes, des expulsions d'individus impliqués dans des entreprises terroristes, des règlements de comptes crapuleux et même des déprédations dans les mosquées… Ainsi, en 2010, le vol d'un câble électrique à la grande mosquée de Reims a-t-il été comptabilisé comme un geste islamophobe.
Le CCIF est contesté par les tenants d'une gauche républicaine et laïque, comme le mouvement du «Printemps Républicain» ou la journaliste Caroline Fourest. Manuel Valls lui-même avait reproché publiquement à Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la laïcité, d'avoir signé une tribune avec certains membres du CCIF dans Libération.


2Libération, L'Obs, et Le Monde lequel assurait (mensongèrement) « Voile musulman sur les plages : une « pantalonnade » selon la presse française, et lançait un appel aux « victimes » de la laïcité obsttinée :
3 Bouguereau, un des fondateurs de Libération, hors les murs de ce journal à bobo bcbg, soutient Valls, oubliant au passage son combat anti-ouvrier pour le 49-3, pour une bataille non d'émancipation politique révolutionnaire mais pour la « vraie république bourgeoise » :
« C’est donc le déplacement des normes sociales qui est en jeu, comme on le voit dans certains collèges autour de l’option jupe ou pantalon. Il ne s’agit en rien d’une querelle autour d’un "simple bout de tissu" comme cherchent à l’accréditer certains à gauche qui, de ce fait, contribuent à faire croire que ces intégristes seraient des "musulmans normaux". Il s’agit d’une bataille qui n’a rien à voir formellement avec la laïcité ni avec la lutte contre le terrorisme, il s’agit d’une bataille politique au sens noble du terme, autour des valeurs de la République. Car il y a des reculs inacceptables. Le corps des femmes est en train de redevenir un objet politique et social, comme dans les années 60 mais en sens inverse : il fut au cœur de batailles pour leur libération, il l'est à nouveau mais dans son aspect enfermant.Quelle régression ! Et cessons de qualifier faussement d’islamophobie ce qui n’est qu’une lutte contre l’intégrisme.
4La parodie reproduit in extenso les arguments salafistes les plus puants concernant la femme, sa vie et son intimité.
5Il est prouvé scientifiquement que le coran a inventé le planning familial et s'est spécialisé avant tous les carabins modernistes mécréants de résoudre le problème de la ménopause : « « Et quant aux femmes atteintes par la ménopause qui n'espèrent plus le mariage, nul reproche pour elles d'enlever leurs vêtements (de sortie), sans cependant exhiber leurs atours et si elles cherchent la chasteté, c'est mieux pour elles. Allah est Audient et Omniscient ».  Nous nous basons sur ce verset pour prouver que le voile du visage et de tout le corps est obligatoire pour la femme devant les hommes qu'elle peut épouser, car Allah a suspendu tout reproche aux femmes atteintes par la ménopause qui n'espèrent plus le mariage, et ce sont les femmes âgées, si elles n'exhibent pas leurs atours. Par là, on conclut que les jeunes femmes doivent respecter le voile, et elles seront en but aux reproches si elles le délaissent.De même, les femmes âgées qui montrent leurs atours doivent se voiler, car elles peuvent encore attirer les hommes.
De plus, Allah, qu'Il soit glorifié, nous informe que la chasteté des femmes atteintes par la ménopause est encore meilleure pour elles puisqu'elles s'éloignent par ce fait de toute source d'attirance des hommes ». Que la paix, la bénédiction et la miséricorde d'Allah soient sur vous.  http://www.3ilmchar3i.net/article-29756604.html blog islamophile.org
6Le grand ami de Tariq Ramadan et un acharné défenseur de l'islamisation de la France et du monde, employé du Mond diplo A Gresh prétendait renvoyer le PS à une trahison du marxisme en 2012  « islam police de la pensée socialiste » : Le groupe socialiste s’indigne sans aucun doute quand la police religieuse iranienne vérifie que les femmes sont correctement voilées à Téhéran, mais exige que l’on aille vérifier, au domicile personnel, les convictions de chacun. Il n’y a pas que dans le domaine économique que le PS a oublié ses racines marxistes. En 1874, Friedrich Engels épinglait ceux qui avaient « la prétention de transformer les gens en athées par ordre du mufti ». Et, l’année suivante, Karl Marx écrivait : « Chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels sans que la police y fourre son nez. ». Or, Marx et Engels n'étant plus là pour voir les dégâts actuels, nous pouvons à leur place rectifier le collabo Gresh, c'est le mufti de la secte islamophile qui décide et la police qui est ridicuisée. Faudrait arrêter de faire passer la prison pour la liberté !

7 Le NPA a pris nettement position fin août, si l'on peut dire : « Stop a l'islampohobie d'Etat ! Non à l'interdiction des burkinis ! ». A titre « personnel », l'aille la plus islamiste du parti de la gauche radicalement réformiste a même renchéri en faveur d'un vrai retour en arrière : « Dans la lutte contre l’islamophobie, le minimum consisterait ainsi à revendiquer l’abrogation de toutes les lois islamophobes, en particulier de la loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques, et à avancer un plan de lutte systématique contre les discriminations dont sont l’objet les musulman·e·s. » (Ugo Palheta).