PAGES PROLETARIENNES

samedi 14 mai 2016

Orchestration du CCI ou veillée funèbre ?


« L’ordre poursuit le désordre »
Daniel Halévy (Histoire de quatre ans)


Alors qu’on attend encore la réponse des historiens à la question de savoir si le CCI est mort de mort naturelle ou s'il a été assassiné ou s'il s'est suicide ou si d’autres l’ont « suicidé», sa longue agonie et désintégration est célébrée en 2016. Quelque chose était pourri au Royaume du principal pôle de regroupement des révolutionnaires depuis 1848. Qui avait eu intérêt à la désintégration de la religion de l'organisation? Le clan Pavillon, si actif naguère en matière d'affinités électives ? L’Anarchisme vespéral comme après le Waterloo de la guerre des clans ? La fraction interne si craintive à l'idée d'une fraction externe ? Hollande en succédant à Sarkozy ?

Dans la géopolitique des anniversaires mortuaires, on se souvient cette année des débuts des deux « protectorats » du CCI : un anarchisme juvénile soixantehuitard nommé « conseillisme » et un âge adulte lénifiant les acquis de la « gauche italienne » conjuguée ou mâtinée des vocables oecuméniques « Gauche communiste » (avec majuscule). L'âge adulte n'étant pas nécessairement un dépassement de l'adolescence, le CCI a mal vieilli. Il était resté longtemps adulescent, mélange de petits bourgeois anarchistes et de sincères aspirants au marxisme de la maturité. Ces derniers semblent l'avoir emporté dans un retour en arrière qui sent plus la naphtaline stalinienne que l'air frais de la jeunesse qui pourtant possède de nombreux défaults parfois indépassables, que l'on retrouve chez les dormeurs debouts de la bobologie parisienne.

Après des années d’engagements sanglants, d'éliminations sadiques de tendances ou fractions successives, une poignée de survivants du CCI veut sortir de sa tranchée un drapeau de la croix rouge en main, mais pour parlementer, voire parler menteur. La démarche est caractéristique du penchant diplomatique incertain qui sert aux grands partis à temporiser à la veille d'une campagne électorale, le caractère atypique de celui qui prétend imposer un modèle de système de fonctionnement interne cloisonné et si institutionnel qu'il ne souffre même pas la discussion. Quand bien même les meilleurs principes organisationnels purs mis au monde par le grand savant Marc Chirik, n'ont ni résisté au temps dépolitisé ni aux humeurs des enfants de Charlemagne.

Une machinerie politico-bureaucratique complexe a survécu. Même si certains résultats positifs ont été atteints, surtout en ce qui concerne quelques réfugiés turcs temporaires, l’appareil de l'orga centralisée bipolaire se présente comme éléphantesque, très verbeux et souvent cocasse. En outre, selon presque tous les exclus ou militants en fuite, il est indéniable que, aujourd’hui encore le diagnostic est pénible : bâtarde d'une conception irréfragable de l'organisation chiriquienne, la centralisation du CCI est. L'organisation malade, ou organisation de malades, ne guérit pas de cette triste paranoïa qui la frappa il y a sûrement plus de deux décennies déjà. La malade, infirmière psychiatrique de profession, est environnée et menacée par une foule de « parasites », telles ces mouches qui attendent de se régaler du cadavre :

« Aujourd’hui, il y a des groupes et des individus qui planifient délibérément de détruire les organisations révolutionnaires et le CCI en particulier. (…) La critique personnelle (de Devrim), qui implique maintenant que le CCI ne vaut pas d’être défendu face à de telles attaques, ne peut, quelles que soient ses intentions, que stimuler les appétits destructeurs des parasites».

Après des années où l’on s’est retranché derrière la formule « d’abord remplacer le roi, ensuite trouver une princesse » qui a garanti le pire statu quo dans le maximalisme réorganisé surtout quand la dulcinée a été trouvée, qui vit dans une sorte d’obscurité gériatrique, se profilent les premiers signes d’un pronostic indéniable : la putraféction sectaire. Une tête de turc, en plus réellement turc, nommé Devrim, qui a voulu jouer à l'aide-soignant, est passé à la machine à bosseler, rassurez-vous, toute théorique. De nouveau fuyard, rattrapé trois ans plus tard (la rancoeur est longue dans le CCI intra-muros) avait laissé cette fielleuse missive dans le vestiaire de l'orga :

« Je pense que le point de vue selon lequel on devrait aborder les positions politiques d’une organisation appartient à la façon de penser d’un âge révolu. Le CCI va mourir, et il le fera, pas parce que les gens s’engagent ou réfutent ses positions politiques, mais précisément pour la raison opposée : parce que les gens ne veulent pas même se soucier de le faire. Bien sûr, cela renvoie à un problème plus général de dépolitisation au sein de la société, mais pour un observateur extérieur, il semble que le CCI essaie activement de boucler le cercle de son isolement

De nombreux observateurs s’accordent à reconnaître que la situation politique et les droits humains sont actuellement à bien des égards pires dans le CCI que ce qu’ils étaient il y a trois ans. La centralisation sacrée du CCI ne cache pas son angoisse et sa peur d’un futur incertain en vue d’un intérêt quelconque dans la population pour le blog de l'orga où les questions posées sont obligatoires pour les miliants dès potron minet en complément de l'absence de sympathisants. Une peur qui ne cesse pas d’augmenter avec les multiples tentatives des parasites pour faire interdire le blog auprès du sieur Cazeneuve, d’imposer la discussion multiculturaliste à prédominance musulmane et la réduction du marxisme au rang de dialecte, sous prétexte d’en finir avec l’ingérence communiste qui nuit à la cohésion interne occidentale et ruine systématiquement un nouvel équilibre des forces parlementaires et syndicales.

Néanmoins, le turc est habillé pour sa traversée du désert, ne se ridiculise-t-il pas lui-même en attaquant « personnellement » l'orga ? Qui possède un moi collectif très sourcilieux. Pauvre turc, tu te livres à une personnalisation de la politique ! Tu avais un rapport personnel avec le CCI, t'as aucune classe ! Tu te livres à une interprétation personnelle ! Pauvre type, tu ne donnes qu'une série d' « impressions » et d' « opinions » personnelles ! Tu n'es ni une honorable fraction ni un irréfragable moignon d'orga !
Il semble que Devrim, s'il ne déprime pas, déplore que le CCI ne se conforme pas au désintérêt général pour la politique, qu'il reproche au CCI de s'accrocher à un mode de penser d'un âge révolu. On ne sait pas si c'est la pensée ou l'âge qui est révolu. Pour trop bien connaître le plumitif qui officie aux réponses de la sacrée centralisation, je suis dubitatif ; depuis quarante années il ne se soucie pas du souci, même maladroit qui peut être derrière une question, mais il récite le discours schématique que mérite toute question qui ne signifie pas approbation muette. C'est du pur marxisme stalinien à la LO. RI a tant critiqué LO qu'il a fini par lui ressembler dans le culte de la centralisation clandestine, comme ce vieux couple enlaidi après tant de décennies de disputes.
Le pauvre turc est plus désemparé que méchant, plus désorienté (avec le risque de se retourner vers l'Orient) de la dépolitisation qu'il ne souhaite que le CCI renonce à ses principes politiques. Le vice de la réponse du plumitif moustachu est de dévier vers les principes en général et pas sur un fonctionnement interne qui se pare de principe pour imposer une gouvernance quasi mystique et terroriste. Devrim, gentil comme il est, prévient du risque de disparition du CCI, et on lui crache dessus pour tant d'incontinence, alors que le CCI a bien disparu des écrans noirs du prolétariat.

S'élevant gracieusement au-dessus du petit Wilson, Big Brother orga se mesure alors aux Goltiath du passé, concédant qu'un Liebknecht était condamné aux travaux forcés quand les orgas d'aujourd'hui de la GC résistent aux « conditions soft d'isolement ». On mesure le courage luxemburgiste qu'il faut pour résister à d'aussi émolientes conditions. Naguère le plumitif Peter exaltait la militance moderniste en la décrivant comme héritière des gransd torturés du stalinisme. Mais les torturés c'est toujours les autres.
Certes l'apolitisme est une politique, Peter le collectiviste a raison face à Devrim l'individualiste. L'apolitisme des Kropotkine et des Garcia Oliver on sait comment il a fini. Mais la politique interne du CCI, hein ? Parce que tel est le centre de la question de l'individualiste Devrim, elle est pas polluée par le stalinisme ? Ou mon cul c'est du poulet ? Non, répond l'organisation Peter car l'orga « doit résister à la dépolitisation ». Certes, mais comment ?
D'abord en dénigrant toutes celles et tous ceux qui prétendent critiquer le CCI, forcément du point de vue individualiste. Car l'individu n'existe pas dans l'orga, il est une mystification capitaliste.
Devrim, comme beaucoup des dernières cuvées, ne possède pas l'espérience des vieux filous hyper-individualistes comme moi. Il mélange la notion d'intégration stricte (qui est et reste un principe louable) et des vérités dérangeantes : trop de débats internes. Vérité psychanalitique me direz-vous, un paranoïaque cause beaucoup trop avec lui-même, cela lui est naturel. Ce que le plumitif collectif traduit par « ténacité » du CCI, qui n'est autre que l'inénarrable « potentiel latent de la classe » ; comprenez la classe est molle en général mais la secte reste fermée. Le plus bel objet du désir militant n'est-il pas cette belle et bandante centralisation - « à haut degré » - qui n'avait jamais été présentée au survol de tout le mouvement ouvrier à l'aide de cette image qui tient du magnificat, le... chef d'orchestre ! L'auteur théâtral de l'image avait inventé aussi l'autre expression confondante du parti de demain : le CCI était le squelette du futur parti. Au musée Grévin ou au Trocadéro ?
Comment voulez-vous que les oreilles militantes ne deviennent pas musicales ? Ignorant qu'ils demeurent... instrumentistes, et acceptent avec joie de marcher... à la baguette. Car « la diversité n'est pas un but en soi » et l'altérité forcément bourgeoise.

Le turc n'est plus dans l'orchestre parce qu'il a affronté coups de baguettes et coups de fouet :

« Bien que je considère un niveau extrêmement élevé d’accord politique comme étant un critère pour être membre, il me semble encore que, dans le CCI, les ordres viennent d’en haut et sont transmis à la base. Ce processus, c’est mon sentiment, agit dans le sens de décourager l’initiative des membres de l’organisation dans leur ensemble et, malgré les protestations du CCI qui soutient le contraire, tend à être le reflet des relations hiérarchiques qui prévalent dans la société toute entière » (…) « Il y a trop de ‘débat’ dans le CCI ce qui tend à rendre toute discussion réelle impossible. Cela mène à un problème, qui est que rien que suivre les affaires internes du CCI demande une quantité de temps que, j’imagine, beaucoup de gens dans d’autres organisations politiques consacrent à l’ensemble de leur activité politique… Tout doit être discuté en interne avant que ce soit présenté à l’extérieur… Je pense que ça donne l’impression que le CCI est composé d’une poignée de robots qui répètent la même chose comme des perroquets. Cependant, que cela puisse être vrai ou pas, c’est certainement une impression qu’ont beaucoup de gens en dehors du CCI, et que le CCI n’a cure de dissiper. La seconde est que le CCI produit un immense volume de textes, beaucoup d’entre eux, ayant déjà été discutés, ne sont même pas lus par tous ses membres. Il doit y avoir sûrement certaines personnes en dehors qui pourraient être intéressées par certains d’entre eux. »

Constat tragique qui a déjà été fait par trois, quatre, cinq générations de militants dégoûtés et envolés, ou exclus parce que dégoûtés. Le pauvre homme a hélas, trois fois hélas, deux fois, trois fois raison :

« La théorie du CCI est un ensemble de travail impressionnant, surtout à cause de sa cohérence en profondeur. Tout s’emboite parfaitement, chaque bloc ayant sa place dans la structure entière. Pour ceux qui recherchent la cohérence théorique, cela peut être certainement très attractif, en particulier pour les nouveaux groupes, comme nous l’étions à l’époque, l’adoption d’un seul coup d’un travail théorique dans son ensemble peut être perçue comme profondément attirante plutôt que de faire un travail théorique rigoureux, ce qui est l’alternative. Le problème est cependant que c’est un château de cartes où chaque partie dépend des autres pour empêcher l’édifice de s’effondrer. »

La réplique du centralisateur soporifique n'est même pas à la hauteur :

« Pris dans son ensemble, si vous enlevez de son point de vue personnel les impressions personnelles désobligeantes, les métaphores dénigrantes et pas mal de petits mensonges, ce que Devrim critique dans le CCI, c’est de trop être une organisation politique révolutionnaire : l’accord politique demandé pour devenir membre est trop élevé, le CCI est trop centralisé à l’échelle internationale, il y a trop de débats théoriques internes, il se démarque trop des autres tendances politiques, il exige trop de passion politique de la part de ses membres et finalement, il est trop cohérent théoriquement ».
Devrim me le doigt sur l'aspect cathare de la secte, cela ne se fait pas. Devrim met le doigt sur ce qui est le potentiel latent anti-politique dans la classe ouvrière en général et ce pourquoi elle est déjà dégoûté de la politique par les grandes insitutions des mafias bourgeoises : l'aspect mystérieux, clandestin et inavoué des hiérarques de l'ombre des appareils de toutes sortes, partis, syndicats, assocs. La secte favorise autant l'apolitisme que la société bourgeoise décadente. Hélas, trois fois hélas. La réponse du chef d'orchestre esquive la détestable cuisine interne par une grande déclaration hors sujet propre à contenter les malheureux instrumentistes, mais ne nous donne aucune envie d'applaudir à nous, spectateurs déçus de tant de cacophonie instrumentale :
« C’est vraiment trop flatteur pour une organisation révolutionnaire ! L’histoire du CCI montre qu’il a eu de nombreuses difficultés. Néanmoins, malgré toutes les erreurs et les insuffisances du CCI, être capable pour une organisation révolutionnaire de s’accrocher, pendant 40 ans, à la lignée de la gauche marxiste (celle de la Ligue Communiste, la Ière , IIe et IIIe Internationale et de la Gauche communiste, elle-même) ; de fournir une analyse approfondie de la période historique (la décadence du capitalisme) et également des principales caractéristiques de sa dernière phase de décomposition ; d’offrir une plateforme qui met en avant la perspective communiste ; de maintenir son indépendance vis-à-vis de la bourgeoise y compris de son aile d’extrême-gauche ; de fournir des analyses régulières de l’évolution de la situation internationale dans ses dimensions de la crise économique, des conflits impérialistes et de la lutte de classe ; d’intervenir d’une seule voix sur tous les continents (malgré sa petite taille) ; de donner naissance au niveau de discussion interne requis pour présenter ses débats de façon claire à l’extérieur ; de survivre à ses crises politiques internes et d’avancer…, tout cela au moins montre que les préoccupations de principes politiques tendent à soutenir une organisation révolutionnaire plutôt qu’à conduire à sa disparition ».

Bla-bla. Comme nous admirons tant de dévouement pour le potentiel « de classe », mais le CCI se gonfle pour rien les chevilles. Il n'est plus qu'un blog comme les autres. Publier un journal, si vite dépassé par les événements en continu sur ta tablette, est une gageure pour les médias bourgeois, et dérisoire pour des nano-sectes. Plus d'usines où diffuser une presse dépassée par les flux discontinus de news où les torche-culs de boites de LO et de son ti clone Voix des travailleurs ne servent plus qu'à emballer le sandwich du midi.

Pire, le fond de la pensée de la secte n'a rien à envier au new look antiraciste du stalinisme et à l'antifa gauchiste, toute critique de l'orga est individualiste parce qu'elle se veut héritière de la laïcité bourgeoise, travestissement du libre-arbitre, toute opposition à la « mystique » de la centralisation, et à son existance opaque, très méprisante et hiérarchisée, ne peut être que resucée anarchiste :

« La laïcisation et donc la politisation de la liberté personnelle et de la destinée, dans les révolutions bourgeoises – en particulier dans la révolution française de 1789-1793 – a été une étape fondamentale dans le progrès vers des solutions dans le monde réel de la liberté humaine. Mais c’est aussi parce qu’elle a ouvert la voie à la classe ouvrière pour s’imposer sur l’arène politique et se définir politiquement. Cependant, dans la déclaration des Droits de l’Homme de 1789, la bourgeoisie présentait sa liberté nouvellement gagnée comme une réalisation universelle qui profitait à tous. Cette tromperie résultait en partie de ses propres illusions et en partie des besoins de la bourgeoisie d’enrôler toute la population derrière ses drapeaux. Le concept de liberté restait une forme abstraite, mystifiée, qui cachait le fait que, dans la société capitaliste, les producteurs, tout en étant libres et égaux à leurs maîtres légalement, seraient alors enchaînés par une nouvelle forme d’exploitation, une nouvelle dictature. (...) a surgi la mystique de la liberté individuelle dans la société capitaliste. En réalité, seul le capitalisme était libre. Quand ils ne sont pas maîtrisés, ces restes de pensée bourgeoise conduisent, au sein de l’organisation, à une attitude de combat clandestin contre la prétendue rigidité des principes politiques prolétariens, la hiérarchie supposée de la centralisation, le « dogmatisme » du débat prolétarien, qui sont ressentis comme autant de restrictions des droits personnels, même si, superficiellement, on est d’accord avec ces vrais principes – la centralisaiton et la culture du débat. Cette attitude n’a pas d’alternative précise à proposer, pas de contours positifs distincts, mais se caractérise principalement par être contre, par le rejet de ce qui existe. Elle revendique le droit de ne pas attendre les décisions collectives, le droit de prendre des initiatives locales à l’encontre de celles du reste de l’organisation sans explication, le droit de ne pas être cohérent et surtout, de ne pas être tenu pour responsable de toute incohérence.
Cette attitude anarchiste conserve la croyance bourgeoise dans la « liberté individuelle ». Elle rejette l’autorité des politiques capitalistes et l’exploitation mais finit aussi par rejeter tout autant l’autorité d’une alternative marxiste ».
La lutte émancipatrice pour la laïcité, ces lumières qui ont éclairé l'obscurité entretenue par les religions, est abandonnée pour une nouvelle obscurité paranoïaque, et très stalinienne avec cette vision du militant dépassant intégralement son « vécu émotionnel »:
« L’organisation révolutionnaire marxiste doit donc lutter aussi et se protéger contre cette défense
creuse et plus diffuse de la liberté politique bourgeoise tout autant que contre son expression ouverte qu’on trouve dans les partis gauchistes et parlementaires.Tout cela implique des exigences pour le militant révolutionnaire. Une des plus importantes est qu’il doit voir au-delà de son ressenti émotionnel et de ses impressions personnelles ».
Le chef d'orchestre ne nous a toujours pas parlé de la partition (sic) de l'orgasme central mais définit l'inexistence personnelle – et l'inexistence sociale de Judas Devrim - comme les moines au monastère qui n'existent pour dieu que lorsqu'ils chantent ensemble autour du repas frugal :

« En définitive, la critique de Devrim exprime une vision complètement différente du militantisme révolutionnaire de celle d’une approche méthodique marxiste. Alors que cette dernière voit le libre développement du militant comme un processus d’interaction avec ses camarades, c'est-à-dire, comme une question de solidarité organisationnelle, Devrim voit le révolutionnaire comme quelqu’un qui doit conserver son autonomie personnelle à tout prix, même si cela signifie quitter l’organisation et donc ses camarades ».

T'as compris ? Tu adhères. Tu te tais. Ou nous te bannissons de la communauté fraternelle et inter-relationnelle des musiciens du prolétariat spectateur, lequel ne veut plus aller au concert, ni payer les places pour les autres.

L’effondrement du bloc de l’Est, loin de résoudre la crise organisationnelle universelle, n’a fait qu’accentuer et précipiter dans le chaos la transformation des rapports entre les militants et le comité central. Ce fut, avec Marx et Engels l’espérance de voir le prolétariat s'organiser en classe et pas en parti, et non se démultiplier en petites sectes

Comme à l’ère du stalinisme triomphant, la notion d'organisation fusionnelle est un pas décisif dans le retour au pire mysticisme politique qui est figé et caduque historiquement depuis 1926. Que la centralisation riquiqui du CCI se bombarde chef d'orchestre, que son « tissu » organisationnel soit peau de chagrin, est déplorable et m'énerve « émotionnellement ». Bien sûr que le prolétariat a et aura plus que jamais besoin d'un parti à l'avenir, et d'un parti avec les principes politiques généraux du CCI. Mais le CCI tel qu'il a régressé ne peut plus se sauver par lui-même, ni être le porteur sain de ces principes.

L’effritement du CCI exprime dramatiquement l'émiettement actuel du camp maximaliste, mais bourgeois et gauchistes auraient tort de s'en réjouir. Les principes survivent toujours aux sectes et aux individus.

PS: pour lire l'intégralité du texte de réponse du CCI, c'est ici: 
https://fr.internationalism.org/icconline/201604/9326/defense-du-cci-et-l-organisation-marxiste-revolutionnaire-reponse-a-ex-membre



dimanche 8 mai 2016

Les "enragés" ou l'incompréhension totale du phénomène fasciste


Par Eric Aucordier

Publication des "enragés" consacrée au fascisme et sur laquelle il faut revenir en détails, puisque c'est un concentré des errements lamentables que l'on peut lire sur les sites gauchistes abordant le sujet. 

Nos "enragés" toujours avides de succès faciles et de records de "like", non content de pousser à la cohabitation dans une même marmite programmatique, Lénine, les anarchistes et la pauvre Rosa déguisée systématiquement en bolchevique humaniste et libérale - ce qu'elle n'était pas - se lancent cette fois ci dans l'étude du fascisme, histoire de satisfaire tout le gratin "antifa", qui depuis bien longtemps déjà, distribue les bons points à "l'extrême gauche". De fait, nos anarcomachins servent de relais à la propagande bourgeoise, qui n'a jamais de mots assez durs pour dénoncer la "haine" et ainsi entraîner le prolétariat dans le marais interclassiste démocratique, ou pire encore, dans la défense intransigeante de la réaction religieuse - pourvue qu'elle ait la saveur de l'Islam - menacée parait il, par la peste brune.

Non, mille fois "non", le fascisme n'est pas la manifestation d'une petite bourgeoisie effrayée par sa future prolétarisation, même si cette dernière a servi de bélier à Mussolini et Hitler, mais l'expression des besoins de la bourgeoisie dans certains pays et à un moment historique déterminé, qui brillent aujourd'hui par leur absence.

Imaginer un seul instant qu'en 2016, la bourgeoise prenne au sérieux les program­mes économiques issus de la sphère populiste, relève au mieux de la blague ! Sortir de la zone euro, comme le propose le FN, impliquerait une totale incapacité du pays à soutenir la concurrence économique face aux autres capitaux nationaux. Et je n'ose parler des délires protectionnistes qui une fois mis en oeuvre, entraîneraient d'inévitables mesures de rétorsions, privant ainsi la bourgeoisie française de l'accès au marché mondial, quand les gigantesques forces productives sont condamner à étouffer dans les plus brefs délais dans le cadre national ! Toutes ces mesures avancées sont fantaisistes et ne seront jamais appliquées dans les circonstances présentes par les secteurs responsables de l'économie nationale. Il faut être un fou furieux pour prétendre le contraire.

Voila qui explique que pour accéder au pouvoir - et n'en déplaise aux "enragés" qui voient dans le FN un parti caméléon capable de se radicaliser dans les plus brefs délais sans jamais nous expliquer pourquoi et comment ? - les partis "populistes" actuels doivent renier leur pro­gramme, abandonner une partie de leurs oripeaux idéologiques et se reconvertir en aile droite ultra-libérale et pro-européenne. Par exemple, le MSI de Fini en Italie qui en 1995 a rompu avec l'idéologie fasciste pour adopter un credo libéral et pro-européen. De même, le FPÔ d'Haider en Autriche a dû s'aligner sur un "programme responsable et modéré" pour pouvoir exercer des responsa­bilités gouvernementales. Il en sera de même pour Marine Lepen, qui ne cesse de montrer sa bonne volonté à la classe dirigeante, en virant du FN les ex atroces SS et leur programme économique, tout juste bon à foutre à la poubelle. Nous sommes loin des pitreries dialectiques de nos "enragés", avançant sans la moindre preuve à l'appui, que, je cite :
"A certains endroits, elle - la tentation du fascisme - est sans doute réalisable, et même déjà en voie de réalisation."
Certains endroits, c'est ou, concrètement ?

En réalité, la poussée des partis " populistes " est une expression caractéristique du pourrissement sur pied de la société capi­taliste, du délitement du tissu social et de la dégradation des rapports sociaux qui tou­chent toutes les classes de la société, y compris une partie de la classe ouvrière, pour qui cette idéolo­gie réactionnaire représente un véritable poison qui intoxique et pourrit les conscien­ces individuelles, un obstacle majeur au développement de la conscience de classe. Inutile d'ajouter que "l'antifascisme" des cliques gauchistes hystériques et braillardes qui détournent le prolétariat de son terrain de classe ou il s'oppose à la bourgeoisie pour l'envoyer dans le marais de la lutte fascisme / démocratie, ou jamais les rapports de propriété capitalistes ne sont remis en cause, n' a rien d'un antidote. 

Un article du CCI (1) dont je m'inspire largement pour la réalisation de cet article, explique les raisons qui pousseront les bourgeoisies allemandes et italiennes à choisir l'option fasciste dans la première moitié du XXème siècle. Elles elles ne tiennent pas du hasard :
"Dans les années 1920 et 1930, l'accession au pouvoir des régimes fascistes a été favo­risée et soutenue par de larges fractions nationales de la classe dominante, en parti­culier par les grands groupes industriels. En Allemagne, de Krupp à Siemens en passant par Thyssen, Messerschmitt, IG Farben, re­groupés en cartels (Konzerns) qui fusion­nent capital financier et industriel, celles-ci contrôlent les secteurs clés de l'économie de guerre, développée par les nazis : le charbon, la sidérurgie, la métallurgie. En Italie, les fascistes sont également subventionnés par les grands patrons italiens de l'industrie d'armement et de fournitures de guerre (Fiat, Ansaldo, Edison) puis par l'ensemble des milieux industriels et financiers centralisés au sein de la Confinindustria ou de l'Associa­tion bancaire. Face à la crise, l'émergence des régimes fascistes a correspondu aux besoins du capitalisme, en particulier dans les pays vaincus et lésés par l'issue du premier conflit mondial, contraints pour survivre de se lan­cer dans la préparation d"une nouvelle guerre mondiale pour redistribuer les parts du gâ­teau impérialiste. Pour cela, il fallait concen­trer tous les pouvoirs au sein de l'Etat, accé­lérer la mise en place de l'économie de guerre, de la militarisation du travail et faire taire toutes les dissensions internes à la bour­geoisie. Les régimes fascistes ont été direc­tement la réponse à cette exigence du capital national."
Nous touchons la une condition essentielle du fascisme qui reste avant tout une économie de guerre, ce que nos pauvres "enragés" dissertant dans le néant total, ignorent. Ils ne se posent pas un seul instant la question de savoir pourquoi Hitler et Mussolini fabriquaient des canons à la chaîne. De fait le triomphe du fascisme présuppose une confrontation impérialiste majeure réalisable et particulière, qui à son tour exige la défaite de la classe ouvrière et sa mise au pas - autre condition essentielle au triomphe du fascisme :

"Au même titre que le stalinisme, le fascisme est une expression de la contre ­révolution dans les conditions historiques déterminées. Il a été permis par l' écrasement et la répression directe de la vague révolu­tionnaire de 1917/1923. C'est l'écrasement sanglant en 1919 et 1923 de la révolution allemande, c'est l'assassinat des révolution­naires comme Rosa Luxembourg et Karl Lie­bknecht, par la gauche de l'appareil politique de la bourgeoisie, la social-démocratie qui a permis l'avènement du nazisme. C'est la ré­pression de la classe ouvrière après l'échec du mouvement des occupations d'usines à l'automne 1920 par les forces démocratiques du gouvernement Nitti qui a ouvert la voie au fascisme italien. Jamais la bourgeoisie n'a pu imposer le fascisme avant que les forces "démocratiques", et surtout la gauche de la bourgeoisie ne se soient chargés d'écraser le prolétariat, là où ce dernier avait constitué la menace la plus forte et la plus directe contre le système capitaliste.
C'est précisément cette défaite de la classe ouvrière qui ouvrait un cours vers la guerre mondiale. Le fascisme a été avant tout une forme d'embrigadement de la classe ouvrière dans la guerre pour un des deux blocs impérialistes, au même titre que l'antifascisme dans les pays dits "démocratiques" dans l'autre camp."

Il ne reste plus aux "enragés" qu'à nous expliquer ou et quand le prolétariat, malgré ses reculs et ses diffi­cultés à s'affirmer sur un terrain de classe, a connu une défaite décisive accélérant l'arrivée de la menace fasciste au pouvoir, et de nous parler du futur conflit inter impérialiste européen, marqué par la volonté de la bourgeoisie française de s'emparer, qui sait, des champs de blé ukrainiens ?

Conclusion : Il est grand temps de renvoyer ces petits bourgeois phraseurs à leurs études.