PAGES PROLETARIENNES

mardi 19 mai 2015

L' "effondrement", une notion trompeuse

par Craig Calhoun
 
 
"L'idée que le capitalisme pourrait tout simplemen,t s'effondrer, comme par exemple l'Union soviétique, n'est pas vraiment pertinente. Elle impliquerait une transition soudaine  de l'existence à la non-existence, en quelques années seulement. Si l'Union soviétique a pu cesser d'exister du jour au lendemain, c'est parce qu'il s'agissait d'une structure institutionnelle spécifique - un Etat - et que sa forme juridique pouvait être dissoute. Dans le cas du capitalisme, on n'a pas une situation strictement analogue.
En tant qu'Etat, l'URSS fonctionnait comme une espèce de firme, et c'est d'abord cette firme qui a égté démantelée. Bien entendu la dissolution de cette structure juridico-politique a également entrainé des modifications radicales dans les autres rapports de pouvoir et les activités poratiques en vigueur en URSS. Pourtant, de nombreuses institutions liées à l'Etat soviétique ont continué d'exister apryès sa chute sous une forme plus ou moins modifiée. Le statut juridique et institutionnel de la ville de Moscou au sein de la fédération et de la république de Russie, par exemple, n'est pas totalement différent de ce qu'il était sous l'Union soviétique. Gazprom en revanche a connu des changements plus profonds. Avec sa création en 1989, le statut juridique et le système d'exploitation de l'industrie du gaz russe ont été complètement restructurés. Au lendemain de la dissolution de l'URSS, en 1992, Gazprom a été privatisé et fonctionne depuis comme une société anonyme. Après une phase de démembrement de ses actifs dans les années 1990, il a égté partiellement reconstitué et mis sous le contrôle de l'Etat pendant la première décennie des années 2000. De la même façon, on pourrait tracer une longue liste de continuités et de transformations partielles.
Quoiqu'il en soit, il est très instructif de lire le chapitre de Derluguian sur la façon dont l'URSS pouvait être considéré comme une entité stable et durable pratiquement jusqu'à la veille de sa chute. On aurait tort d'envisager l'avenir uniquement en termes de projections linéaires, sans tenir compte d'évdentuelles discontinuités fortes. (...) Mais nous devons reconnaître qu'il n'existe pas d'équivalence simple entre l'Union soviétique et le socialisme, et donc pas d'analogie directe avec le capitalisme. Il s'agit de quelque chose d'un autre ordre et de plus spécifique.
Et il en va ainsi que nous analysions le capitalisme comme un ensemble d'activités pouvant être pratiquées par des capitalistes partout dans le monde ou comme un système économique reliant entreprises, marchés, investissements et main-d'oeuvre à l'échelle planétaire. Le capitalisme est une formation historique ancrée dans un ensemble de réseaux de pouvoir, pour reprendre le lexique de Michael Mann. Il existe depuis 400 ans principalement sous la forme du système-monde moderne analysé par Immanuel Wallerstein. Il s'agit d'une organisation hiérarchique à plusieurs niveaux d'intégration asymétriques au sein de laquelle les unités primaires sont les Etats-nations et où les acteurs économiques sont étroitement dépendants de leurs relations avec le pouvoir politique et les conditions qu'il instaure.
Certes l'idée d'Etat-nation est plus un horizon idéal qu'une réalité; l'identité socio-culturelle n'est jamais complètement alignée sur les institutions gouvernementales. L'intégration économique peut parfois elle-même stimuler l'intégration nationale et il ne fait pas de doute que les gouvernements sont eux aussi influencés par certains acteurs économiques majeurs. Pourtant, même s'il s'agit en partie d'une fiction, l'Etat-nation est une unité formelle indispensable au bon fonctionnement des affaires mondiales et qui se reproduit par isomorphisme politique. D'ailleurs, la plupart des organisations internationales sont littéralement "inter-nationales", à savoir structurées par une participation, organisée au niveau national. Et l'infrastructure du capitalisme dépend fortement de ce type d'organisation étatique nationale, dans la mesure où c'est elle qui fournit les bases juridiques  et financières de l'activité des firmes et des marchés et qui régit ou produit les paramètres de la gestion de l'interdépendance entre les différentes entreprises, les différentes industries et les différents secteurs. En organisant les structures d'appartenance sociale et culturelle, même de façon imparfaite et parfois par le biais de la régulation des marchés, les Etats prganisent la main-d'oeuvre, les marchés de la consommation et la confiance. On peut sans doute considérer le terme d' "Etat-nation"  comme une notion sténographique exprimant "les efforts pour organiser les modes d'appartenance politique  et socioculturelle en termes d'Etats-nations", mais le fait est que l'ère du capitalisme et l'ère des Etatqs-nations coïncident complètement. Il n'existe pas de capitalisme "réel" quel que soit son degré de mondialisation, qui ne soit conditionné par cette organisation politico-économique et socioculturelle. Il ne faut pas oublier que la prospérité et la soutenabilité du système capitaliste existant dépendent des Etats-nations et des structures d'opportunité institutionnelles qu'ils suscitent. Or ces structures ont besoin d'être renouvelées ou remplacées, mais depuis quarante ans les pays de l'OCDE se sont détournés de cette tâche et ont préféré saper les institutions traditionnelles de l ' "Etat providence". Obsédés par la réduction des coûts et la poursuite de la compétitivité immédiate, ils ont négligé le bien-être et la sécurité à long terme de leurs populations ainsi que les investissements collectifs nécessaires pour participer à la vie économique de demain.
Pour autant, on ne peut pas dire que la plupart des vieux pays capitalistes d'Europe ou des colonies de peuplement européennes soient au bord de l'effondrement. Le service national de santé britannique fonctionne toujours, même s'il coûte de plus en plus cher et met en danger le budget de l'Etat. On observe même une amélioration tardive de l'offre de santé aux Etats-Unis, en particulier pour les millions de personnes qui ne sont pas couvertes par leur employeur.(...) Il est possible que le capitalisme s'éloigne de plus en plus d'un état d'équilibre. On peut interpréter ce phénomène comme une "bifurcation" irréversible d'un système quasi naturel (...) comme un déficit de régulation, de stratégie entrepreneuriale et de prudence des investisseurs sur des marchés financiers chaotiques, ou bien tout simplement comme un manque de coordination institutionnelle entre des secteurs dispersés aux intérêts divergents. Il peut s'agir aussi d'une incapacité de redistribuer la richesse de façon suffisamment large pour cfréer une demande correspondant à l'augmentation de la productivité, conséquence possible du tarissement de la création d'emploi envisagé par Collins (...) Quelle que soit la dynamique sous-jacente, cette tendance au déséquilibre augmente les coûts de cohésion du système, accroît les pressions politiques et engendre des tensions sociales. C'est en tout cas là une façon d'interpréter le sens du terme "crise", et plus le déséquilibre est grand, plus les mesures nécessaires pour rétablir l'équilibre seront difficiles et coûteuses.
Pour autant, je ne pense pas que le capitalisme risque de s'effondrer. Il pourra perdre une partie de son emprise sur le cours de l'évolution sociale, laissant plus de marge d'organisation propre à la politique, économique et sociale, mais l'image de l'effondrement est trompeuse. On peut certainement dire que l'Empiore romain s'est effondré, par exemple, mais il est intéressant d'observer que cet "effondrement" est un processus qui s'est étalé sur plus de deux siècles, et pas une brève crise unique.
Qiuant au féodalisme, dire qu'il se serait effondré et aurait donné naissance dans la foulée au capitalisme moderne - comme le suggère le Manifeste communiste - me paraît nettement moins crédible. En premier lieu, le féodalisme n'avait pas le caractère "systémique" que revêt le capitalisme moderne. Mais, surtout, on ne peut pas identifier un moment spécifique d'effondrement des relations féodales et des institutions qui leur sont liées. Le long décmlin de ces relations était associé à un processus de construction étatique, de conflits armés, d'innovation aghricole, de développement du commerce mondial et de renouveau religieux (en  particulier avec la Réforme protestante) qui a duré au moins 300 ans. On ne peut donc parler de simple effondrement. Le déclin du féodalisme a entrainé une profonde transformation de l'Eglise catholique, qui n'a plus jamais joué le même rôle par la suite, mais qui a tout de même survécu. Beaucoup de monarchies ont disparu, mais pas toutes; certaines d'entre elles ont réussi à évoluer suffisamment pour pouvoir se maintenir - en jouant un rôle parfois important - à une époque qui ne peut plus guère être désignée comme féodale.
De la même façon, la fin de l'ère capitaliste, à supposer qu'elle se produise, risque d'être un processus tumultueux, inégal et difficile à cerner de l'intérieur. Certaines institutions lui survivront, y compris probablement de nombreuses entreprises privées, qui ne cesseront pas nécessairement de produire, de commercer oiu de spéculer simplemengt parce que le capitalisme aura cessé d'être la force motrice de l'époque. Acheter bon marché, vendre cher, voilà une impulsion bien antérieure à l'émergence du capitalisme et qui lui survivra probablement très longtemps."

(extraits de l'article: "Ce qui menace le capitalisme aujourd'hui" dans le collector très intéressant: Le capitalisme a-t-il un avenir? par les auteurs: Immanuel Wallerstein, Randall Collins, Michael Mann, Georgi Derluguian, Craig Calhoun. Ed La découverte 2014)20 euros.

A lire particulièrement l'article de tête de Wallerstein: La crise structurelle du capitalisme:
"Pour résumer, le système-monde moderne dans lequel nous vivons ne peut plus se perpétuer parce qu'il s'est trop écarté de l'équilibre et ne permet plus aux capitalistes d'accumuler indéfiniment du capital. Par ailleurs, les classes subalternes ne croient plus qu'elles sont du bon côté de l'histoire et que l'avenir leur appartient. Nous vivons donc une crise structurelle qui se caractérise par une lutte autour des alternatives systémiques. Bien que l'issue en soit imlprévisible, nous percevons bien que l'un des deux camps en présence l'emportera au cours des prochaines décennies et qu'un nouveau système-monde relativement stable (ou un ensemble de systèmes-monde) s'installera".
Et tant d'autres sujets qui intéressent un mouvemengt maximaliste assagi, rongé par d'absurdes querelles ou rivalités internes (après le CCI ce'est la TCI qui connaît sa crise paranoïaque): la révolution anticapitaliste sera-t-elle violente, la révoljution entraînera-t-elle des guerres, etc.
 

dimanche 17 mai 2015

outreau saison 3: LA REVANCHE DE LA JUSTICE DE CLASSE

UNE LACHE REVISION...


"A mesure que les mystères policiers devenaient moins obscurs, l'opinion publique se déclarait de plus en plus en faveur des accusés. Quand l'imposture, tentée avec l'original des procès-verbaux, se découvrit, on attendit de toutes parts un acquittement. La Kölnische Zeitung dut, pour une fois, s'incliner devant l'opinion publique et se tourner contre le Gouvernement".

Kark Marx (Révélations sur le procès des communistes de Cologne)

"Parfois l’improductivité produit la productivité: un criminel produit le crime, le traité de droit criminel, le juge, le professeur de droit, le policier, les serrures et les portes renforcées, et il brise la monotonie de la vie bourgeoise; en ce sens "il stimule les forces productives" (Economie, in Oeuvres t.II)

Bernard Maris (s’appuyant sur une citation de Marx)

"Au nom de la justice dont je suis le garant, je tiens à vous présenter regrets et excuses devant ce qui restera un désastre judiciaire sans précédent". Jacques Chirac

"Là-bas, ce ne sont pas des psychologues qu’il faut envoyer, mais des sociologues ou des ethnologues". Didier Beauvais (ancien président de la Chambre d’instruction de Douai)

"...les enfants, emportés par leurs révélations". Florence Aubenas



- concernant l’Affaire d’Outreau je conseille évidemment en premier lieu les livres des victimes l’abbé Dominique Wiel, l’huissier Alain Marécaux et celui de l’excellente journaliste Florence Aubenas, et bien sûr l’indispensable film avec Torreton "Présumé coupable"; mais vous pouvez lire aussi la version des révisionnistes MC Gryson et de l’individu Thomet. Mais encore:

- la Conférence de Florence Aubenas à l’université populaire de Lille en partenariat avec l’Ecole Supérieur de Journalisme de Lille et le journal La voix du Nord

http://videos.lavoixdunord.fr/video/iLyROoafIqSK.html

- Brice Gravelle, son mémoire pertinent:"le traitement médiatique de l'affaire d'Outreau"

http://www.sciencespo-toulouse.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1325756124091&ID_FICHE=26198

- sur You tube, l'interview de D. Wiel en présence de Polac, Zemmour et Bedos dans son émission ONPC en 2006.

- sur ce blog, en date du 18 décembre 2007, mon interview de Dominique Wiel: «Le calvaire d’un prêtre-ouvrier".

POUR COMMENCER PERMETTEZ-MOI UN PARALLELE AVEC UNE AUTRE AFFAIRE qui avait divisé le pays:

Raide comme la justice qui jamais ne se dédit! Le 7août 1899 s'ouvre à Rennes le deuxième procès Dreyfus où le capitaine dégradé est condamné une nouvelle fois "avec circonstances atténuantes" à dix ans de prison supplémentaires... les augustes membres du conseil de guerre, bientôt rodés aux meurtres des soldats récalcitrants aux tranchées, ne voulant pas renier l'inique condamnation de 1894... La loi d'amnistie de 1899 empêche de confirmer l'innocence de Dreyfus... Le sinistre fusilleur de la Commune Galliffet annonce "l'incident est clos". Quand le gouvernement gracie Dreyfus en septembre 1899 après de longues tergiversations et pour éviter un troisième procès, il n'innocente pas pour autant l'ancien capitaine. La réhabilitation sera purement formelle et presque dans la discrétion six ans plus tard... A la différence de l’Affaire Dreyfus, l’Affaire d’Outreau n’eût pas la même répercussion internationale; en réalité Dreyfus fût sauvé autant par Zola et Jaurès, que par la Reine d’Angleterre, indignée.

Lors de mon interview du célèbre abbé - "pédophile multirécidiviste" selon les fachos antidreyfusards qui se répandent sur la toile - un désaccord avait surgi entre nous. Il n’était pas d’accord avec ma caractérisation de "justice de classe", il préférait "justice provinciale"; "justice de classe oui, ajouta-t-il, mais si on avait eu des égards pour l’huissier et le curé, or on a été traité comme les autres, comme des chiens". Il ajouta que "l’institution est une machine judiciaire que les juges ne peuvent pas arrêter", mais en précisant un paradoxe: "le pouvoir judiciaire dépend du pouvoir politique".

Inutile de vous dire que je ne souscris pas à la vision d’une justice kafkaïenne, mais qu’au contraire je considère que la réglementation juridique des rapports entre les hommes, mais surtout entre les classes, a été très perfectionnée et renforcée sadiquement par le règne de la bourgeoisie, sous trois aspects incontestables:

1. le système judiciaire en même temps qu’il fait peser la terreur de la loi bourgeoise sur les classes opprimées, stimule en effet les forces productives;

2. depuis au moins deux siècles la focalisation sur les faits divers s’est affirmée comme distraction de masse, hier dans la littérature ou le théâtre, aujourd’hui au cinéma où les oeuvres qui "marchent" le plus sont très nettement inspirées de faits divers; sinon qu’est-ce qu’on s’ennuirait...

3. la mise en scène judiciaire sert à théâtraliser une fiction simpliste de la lutte des classes ramenée à la fable du pot de terre contre le pot de fer, qui sert à maintenir les masses en état de sidération et d’observation du spectacle où des "experts" de la justice officielle font des effets de manche pour les bons ou pour les méchants, et font croire à une même justice pour pauvres et riches, prolétaires et possédants; ce sera ma principale thèse ici en démonstration pour décrypter la manière circulaire avec laquelle les gouvernements successifs de la bourgeoisie mettent en scène leurs corbeaux et experts-bavettes des tribunaux du capitalisme.

POURQUOI LE GOUVERNEMENT HOLLANDE REMET-IL LE COUVERT?

Les affaires judiciaires, plus longuement que les commémorations militaires ou les ponctuels attentats terroristes, donnent aux journalistes de quoi justifier leurs bons salaires: ressortie de l'oubli l'affaire Tarnac (dont le dossier est vide), ressorti de ses énormes comptes en banque l'affairiste Tapie au bord du suicide médiatique (et qui va le plaindre?), acculé à la mise en examen le fameux Paul Bismuth dont les incessantes mises en cause sont requises naturellement par le pouvoir actuel, même si Sarkozy dispose de l'appui des "financiers"... Il en faut pour tout le monde, et si possible pour minimiser chômage et engagements impérialistes de la bourgeoisie française. Sinon, imaginez-vous un quotidien de news avec la seule météo nationale, le futur concert de Francis Cabrel, la dernière voilée démaquillée et les feuilletons américains sur toutes les chaînes? Le taux des suicides gonflerait instantanément en France profonde. En gros, en plus, comme l'avait répété Marx, toute chose est grosse de son contraire, et pis encore, tout réel sentiment est noyé "dans les eaux glacées du calcul égoïste":

"Elle (la bourgeoisie) a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages". (célèbre programme politique du XIXe siècle, nommé Manifeste communiste de 1848).

POURQUOI UN 3ème PROCES A-T-IL LIEU UNE NOUVELLE FOIS CONTRE UN DES ACQUITTES?

Puisqu’une grande chaîne dominante a précédé l’événement en se focalisant sur la déchéance morale et physique d’un ancien mineur inculpé, puis disculpté et parce que devenu majeur, lisant d’abord la diatribe d’un révisionniste patenté nommé Jacques Cuvillier, qui s’exprime comme la dame Gryson dont nous livrerons un peu plus loin les états de service de groupie de Burgaud, mais vous l’avez deviné... sur le site à barbouzes Médiapart du triste Plenel; comme le Canard enchaîné (aux sources policières) Médiapart fait son fonds de commerce au service de n’importe quel clan pourvu que cela lui rapporte gros et beaucoup en termes de supériorité informative/désinformative sur les confrères. Voici:

"Outreau dans Envoyé spécial : des larmes toujours. 08 mai 2015 | Par Jacques Cuvillier

On pouvait s'y attendre. Le reportage diffusé dans « envoyé spécial » sur France 2 le 7 mai 2015, à l'approche du procès de Daniel Legrand, n'a pas dérogé à ce que l'on constate depuis les procès de Saint-Omer et de Paris. Les téléspectateurs doivent verser des larmes sur le sort des accusés, tout ignorer du dossier et des éléments à charge qu'il contient, ne pas se douter que dans l'affaire, les personnes les plus à plaindre ne sont pas les acquittés mais les enfants dont douze d'entre eux ont été reconnus victimes de viols, agressions sexuelles et proxénétisme. Cette fois encore, le focus a été placé sur l'un des acquittés sans que rien ne vienne compléter le tableau pourtant complexe de l'affaire d'Outreau. Il y avait pourtant d'autres choses à dire ! Au cours du reportage, la souffrance liée à cette condition d'acquitté « broyé par la justice » a été montrée par tous les bouts, le pathétique s'est ajouté au pathétique. Ironiquement, la seule chose qui a été passée sous silence, c'est le montant des indemnités qui ont été versées aux acquittés. « Pas le droit de le dire... » Vraiment ? Leur montant est pourtant connu : quelque 250 000 euros en moyenne. Il était pourtant facile de conduire un reportage qui aurait fait le lien entre Daniel Legrand mineur et les autres enfants victimes. Là, je sens que je jette le trouble... Les « autres » victimes ? Je veux en particulier parler de ces garçons à qui la société n'a pas rendu les honneurs, qui n'ont pas été reçus à l'Elysée, qui sont encore perçus comme des affabulateurs et des menteurs, qui ont été placés en foyer sans suivi adapté et envoyé dans la nature le jour de leur majorité, sans préparation professionnelle, sans mesure d'accompagnement. Merci les bénévoles des associations de protection de l'enfant que la presse ne se gêne pas pour critiquer. L'un de ces garçons est justement partie civile au prochain procès. N'était-ce pas l'occasion d'en parler ? Pourquoi ne pas essayer aussi de faire couler quelques larmes sur son cas ? Donc aucune transition n'a permis de porter l'attention sur ces derniers. Le déséquilibre patent entre la défense et le contradictoire qui a caractérisé la couverture médiatique de l'affaire depuis le procès de Saint-Omer en 2004 jusqu'aux conclusions du procès en appel de Paris ne s'est toujours pas démenti. Le « naufrage judiciaire » est évoqué comme pour mémoire et n'apparaît qu'en filigrane, étant sans doute supposé que tout a été dit à son sujet. Les idées reçues portant sur le rôle déterminant d'une mythomane, de l'instruction à charge d'un juge jeune et naïf sont supposées suffisantes pour combler le vide d'information sur tout ce qui fait de cette affaire probablement l'une des plus grandes mystifications judiciaires de notre époque. Le public saura-t-il expliquer pourquoi la défense d'un garçon dont la position semble si évidente nécessite la présence de six avocats parmi les meilleurs ? De fait, le cas de Daniel Legrand ne manque pas d'intérêt, du fait que s'il est mis en cause par la partie civile en tant que qu'auteur présumé bien que toujours présumé innocent pour la justice - , il est aussi très probablement victime. Et c'est là que la bât blesse pour les avocats de la défense. De qui donc serait-il victime ? Si la question venait s'introduire dans les débats, elle jetterait un éclairage des plus scabreux sur toute la stratégie des avocats de la défense des précédents procès. Les lecteurs qui ont pris le temps de visionner « Outreau, l'Autre vérité » (aujourd'hui le DVD est en vente mais la vidéo est facilement accessible sur le net) savent de quoi je parle. Les anciens accusés, qui s'étaient dans un premier temps accusés les uns les autres, ont été en quelque sorte unifiés dans une stratégie commune « tous innocents » Moyennant il faut bien le dire, quelques rétractations acrobatiques dont... celle de Daniel Legrand. Nous y voilà. Et l'intéressé reste en quelque sorte l'otage de cette stratégie de défense qui devait aboutir pour la postérité aux résultats que l'on connaît. On comprend mieux dès lors la fureur de l'avocat Dupond-Moretti devant en premier lieu les révélations du film de Serge Garde dont la plupart des éléments avaient déjà été décrits dans le livre de M.C. Gryson-Dejehansart « Outreau, la vérité abusée », et ensuite devant l'annonce du prochain procès compte tenu de la promesse qui avait été faite de laisser traîner les choses jusqu'à la prescription. Les choses se présentent autrement, voilà ce qui explique le retour de l'enfumage des grands médias qui font tout pour tenter de consolider le storytelling. Mais le retour de Daniel Legrand devant les assises n'a rien à voir avec une haine particulière contre Daniel Legrand ou un désir de revanche. Ce qui est visé, c'est la persistance du spectre toxique de l'affaire d'Outreau dans les affaires similaires et on sait qu'elles sont nombreuses. Personne ne veut approcher le risque de faire « un nouvel Outreau ». Cela tétanise magistrats et jurés, et jusqu'aux victimes qui renoncent trop souvent à s'adresser à la justice.Remettre en cause le spectre d'Outreau, voilà l'enjeu. Il est d'intérêt public".

Bon la citation était un peu longue, mais comme elle concentre tout l’argumentaire des révisionnistes, elle nous évitera de les citer largement à nouveau pour ne pas faire perdre son temps au lecteur.

PETIT RESUME A L’INTENTION DE CEUX QUI N’ETAIENT PAS Nés

Wikipédia le fait très bien, alors je vais simplement rappeler quelques dates significatives. Scotchée à l’AFP - conçue comme Bible indubitable - l’ensemble de la presse (Voix du Nord, Le Point, L’Huma, Libération, etc.) a contribué au désastre et à l’appel au lynchage dès le départ, contrairement à l’affaire de Bruay en Artois jadis (1972) surtout cornaquée par la secte des abrutis maoïstes July et R. Castro et leur misérable torchon gauchiste La cause du peuple.

L’affaire de Bruay a fini en eau de boudin et laissé beaucoup de blessures ouvertes. Avec celle d’Outreau c’est crimes et châtiments à volonté. Le retournement ultérieur de la presse nationale (et provinciale) contre le seul juge psychorigide Burgaud, servira à amoindrir leur responsabilité indéniable dans la durée de l’injustice. En 2001, Le Point est un modèle d’appel au lynchage: "Pédophilie, la maison de l’horreur". De Libé au Figaro la presse se déchaîne autour de "l’effroyable affaire de pédophilie", répercute les aveux délirants du jeune Daniel Legrand (le soit disant meurtre d’une fillette "flamande"); les PPDA, Pernaut, et Pujadas y croient dur comme leur prompteur. Tous se rallient à l’hypothèse nunuche de l’élite journaleuse: chômage + alcool = pédophilie. A la différence de Bruay en Artois le mépris de classe bourgeoise s’affiche sans fard avec la stigmatistion d’un quartier ouvrier paupérisé, comme le démontre le mémoire de Griselle (voir plus bas) qualifiant le mécanisme de concurrence des médias de "racisme social ordinaire" par des gens issus des mêmes écoles de journalistes bourgeois coupés de toute réalité sociale du prolétariat.

En janvier 2002, suite aux révélations mensongères et perverses du jeune Daniel Legrand, qui en rajoute pour biaiser face au magistrat abruti, concernant l’enterrement d’une petite fille "d’origine flamande" (hi il aiguille ainsi les pandores sur un présumé lien avec l’assassin belge Dutroux), toutes les télés du monde retransmettent l’image de la grue qui creuse sur la pelouse entre des barres d’HLM... Nombreux sont les spectateurs à décrocher dès cette fable ahurissante avant les pauvres journalistes qui répercutent partout la thèse aguichante d’un "réseau orchestré par des notables", mythologie excitante depuis le scandale Profumo et Charles Trenet. Deux ans s’écoulent encore pour les emprisonnés et les mômes régulièrement interrogés par la police avant que l’ensemble des médias en vienne à la conclusion "d’une effroyable affaire de pédophilie où on est passé à la réhabilitation d’innocents dont l’institution judiciaire a brisé le destin". Entre temps, un des accusés, le ferrailleur Mourmand, est mort tabassé en prison, officiellement mort d’une surdose de médocs (c’était un costaud qui ne supportait pas qu’on le traite de pédophile, qui ne l’était pas et qui tabassait ses insulteurs sauf qu’il ont été plus nombreux à la fin).

Faut pas tout mettre sur le procès et sur le juge rigide. La mère de l’huissier, qui est morte aussi entre temps, n’est pas morte du procès inique fait à son fils, mais d’une autre cause, elle était déjà malade avant).

Les approximations ont démarré dans l’improvisation totale à partir de témoignages d’enfants déjà modifiés par les adultes. Une aide-maternelle a entendu un gosse parler d’un Danny le grand, trasformé en Danny Legrand. Les policiers français ont aussitôt demandé à leurs collègues belges s’ils connaissaient un Legrand Danny, lesquels se sont dépêchés d’en trouver un effectivement, un jeune Daniel Legrand de Wimille (pas d’Outreau), 16 ans, venu faire un tour en Belgique où sa mobylette est tombée en panne... le reste est raconté en détail dans wikipédia, rafles des voisins, fouilles des appartements, arrestation du prêtre qui aurait dessiné un cul sur le palier contigu à l’appartement de la mère Badaoui, etc. (Personne n’a jamais vu les cassettes pornos soit disant tournées en gang-bang familial de voisinage, ni plus entendu parler... Normalement elles auraient dû être projetées dans le prétoire comme réelles preuves plus crédibles que le test de Rorschach... mais il est vrai qu’il y avait des enfants présents au tribunal...).

Et conclusions hâtives des journalistes, pires souvent que le petit juge ou minables: "les damnés de la Tour des Merles" (Nouvel Obs de janvier 2002), "A cause des décibels de la sono dans l’escalier, l’abbé Wiel ne pouvait pas entendre les gémissements des enfants", "Deux mondent se croisent: "l’un vivant des allocations familiales, l’autre, fortuné, assouvissant ses passions les plus sordides" (Le Parisien).

Nouvelle "Chevauchée fantastique", l’ambiance de "l’effrayant scénario pédophile", avec le curé dans le rôle du toubib pervers et alcoolique dans la diligence de John Wayne et de l’huissier dans le rôle du notaire capturé par les indiens, ne reflète pas simplement la débilité de la justice en France, mais est le produit d’une série de circonstances après l’affaire Dutroux en Belgique, époque où la présidentiable ministre Ségolène Royal a décrété la lutte contre la pédophilie priorité nationale, où partout on vous jette un oeil de travers si vous lancez une plaisanterie à un enfant, où dans le nord on n’a pas oublié le massacre de quatre jeunes filles du Portel par les frères Jourdain de Dannes (aujourd’hui en liberté). "Effet boule de neige" dira Françoise Aubenas. "Hystérie collective qui a contaminé tout le monde, les journalistes et la population", ajoutera Dominique Wiel. Mais les retombées de l’hystérie seront tout bénef pour... la presse girouette. En Belgique déjà la presse, en cautionnant la comédie des marches blanches depuis 1997 avec le démocrate situ Vaneighem Raoul, s’arroge de représenter un "journalisme civique", bien avant le pitre para-policier Plenel, et exporte cette trouvaille de potache "il faut démanteler un réseau de notables"; comme quoi ce genre de campagne sert de diversion magistrale (juridiciable?) à la véritable identification de la classe bourgeoise et dissout les combats hors des parloirs et des tribunaux! Morale interclassiste séduisante comme la manif Charlie! bourgeois et prolétaires ne peuvent que dénoncer ballets roses et turpides sexuelles d’une poignée de transfuges de toutes classes mêlées à la rubrique fait divers désormais en Une de toutes les actualités.

Le procès s’ouvre enfin en mai 2004. Sous prétexte d’un travail de fichage débordé les magistrats adorent enfermer pendant des années des accusés dont la culpabilité n’a pas été prouvée avant de les juger en séance publique avec les imposants déguisements de leur fonction, tout en noir (car tout en blanc personne ne les croirait). La mère Badaoui, principale accusatrice et organisatrice des cochonneries pédophiles, se rétracte et innocente tous les pauvres otages de la justice de classe. Mais la justice de classe a tenu à garder une poignée d’accusés sous le coude pour un deuxième tour, un peu plus d’un an plus tard, alourdissant la peine du curé, décidément trop grande gueule et irrespectueux face au benêt Fouquier Tinville des pissotières. Je persiste à penser que magistrature et police locales ont voulu lui faire payer son engagement militant jamais démenti comme prêtre-ouvrier intègre.

Lorsque se tient le deuxième procès en appel, le procureur général de la cour d’appel de Paris, Yves Bot, se met à plat ventre devant le parterre de journalistes, sans en référer à la hiérarchie qui jamais ne veut baisser robe, déplorant "une catastrophe judiciaire"; c’est le même homme peu après qui, dans un congrès de juristes, qualifiera Burgaud d’un de nos plus brillants juges de France! On nous a trompé, ni indépendance ni inféodation de la magistrature mais... double langage comme leurs chefs politiciens!

Face à l’émoi de l’opinion publique, cette pute à géométrie variable, début 2006, le gouvernement Chirac après un e-mail larmoyant de ce dernier, juge nécessaire la création d’une commission d’enquête parlementaire qui aura pour mission de jeter en pâture le petit juge (le 8 février), bien que chacun sache qu’il n’était pas seul à faire le mariole contre des gens ficelés et sans défense, bien que la presse ait relayé sa reprise sans esprit critique des délires de la mère Badaoui et de ses mouflets; cela fait plaisir au populo de voir un juge arrogant comme un contremaître dans ses petits souliers, aimablement soutenu comme un enfant violenté par des avocats gardes du moral collégial; le spectacle tint du repas froid de la vengeance tardive (Burgaud ne cille pas, ne demande aucun pardon et sera sponsorisé par sa hiérarchie au sommet de l’élite antiterroriste); mais, plus scandaleux, les huiles de l’AFP qui eux ont fait véritablement monter la mayonnaise chez leurs collègues de la presse vénale et dans le public des électeurs neuneus, ne sont pas convoqués par les zorros parlementaires, qui font d’aussi beaux effets de manche d’indignation que le moindre avocat de base. Ni les experts de mes couilles.

Le 20 mars 2008: au stade de Lens, mecque du football nordique, en finale de la coupe de la Ligue, une banderolle de l’équipe des abrutis adverses (en général néo-fachos) va faire scandale, stigmatisant stupidement la région: "Pédophiles... bienvenu chez les Ch’tis".

L’IMPORTANCE DU FAIT-DIVERS POUR FAIRE DIVERSION...

Le mémoire de Brice Gravelle est intéressant par ce qu’il rappelle de l’histoire des faits divers, de leur traitement de plus en plus prépondérant à l’époque moderne. Le fait-divers apparaît et se développe en France à l’époque de la première révolution industrielle, et devient une distraction à part entière, très largement utilisée par les romanciers dont l’imagination est toujours dépassée par la réalité ; des pages d’Eugène Sue ou de Victor Hugo pourraient corroborer des articulets du Parisien. Mais, un cran au-dessus, Gravelle ne sait pas que le viol, et en particulier les atteintes sexuelles contre les enfants sont un vieux sujet d’indignation et... d’insurrection pour le peuple ou le prolétariat. Aux origines de la révolution de 1789, des bruits couraient que des nobles enlevaient des enfants, d’où de prompts incendies de chateaux . L’atteinte au corps des enfants - plus que le pervers bourrage de crâne religieux - a toujours été un ferment de colère majeure des couches inférieures, lesquelles, outre le fait d’accepter bon an mal an d’être humiliées, ne supportent pas qu’on s’en prenne en prime aux êtres inoffensifs (au moins dans le grand naguère, car de nos jours des enfants sont capables de tuer des adultes). Sous Pétain cet "opium du peuple" disparaît du fait de la rareté du papier et des besoins de la propagande raciste, et la guerre contient en elle-même un scénario assez dramatique pour en oublier le docteur Petiot. Ce n’est pas un hasard si la focalisation sur le fait-divers reprend des couleurs après 1968, pour une part grâce aux crétins maoïstes ouvriéristes et populistes, mais surtout parce que le fait-divers va comme un gant à la "révolution des moeurs"... apolitico-hippie. En 1977, "Libé" publie le manifeste du "Front de libération des pédophiles" (!?). Plutôt que de contribuer à l’analyse et à la dénonciation du capitalisme comme système, le stalinisme décati s’ingénie à dénoncer "les gros". Le fait-divers traité par l’huma n’est pas bien différent de la manière du Parisien. Les trotskiens dénoncent "les riches", le "pouvoir de l’argent", sans tous tomber dans la campagne maoïste ridicule à Bruay en Artois contre un notaire nullement pédophile ni criminel.

En conclusion de ce rapide historique, il faut bien savoir que le traitement du fait-divers à tel endroit ou comme celui des enfants victimes de sévices divers, est si méprisé qu’il est confié en général à de jeunes juges sans expérience... pour se faire les dents. Ils sont jeunes, pas toujours beaux mais fringants dans leur longue robe noire comme la cape de d’Artagnan, mais ils sont affublés d’experts qui sont "graves" et qui sont aussi pleinement responsables des dérapages initiaux d’une justice expéditive pour les pauvres et sans défense. Partout on est envahi par cette race incontournable, "les experts". Sur les plateaux TV il n’y a plus que journalistes et "experts". Experts en football, en cuisine, en élections (comme quoi on n’a pas besoin de nous pour voter), experts en érection ou en point G, voire P pour les mecs, experts en persécution au travail, expert en franc-maçonnerie, en perversion, experts en analyse et interprétation de vos pensées secrètes, etc. Jadis justice et police n’avaient pourtant pas recours à ces espèces clonées experts en improvisation de blabla et cabinet sur rue remboursé par la SS!

Or rions avec Le Monde lors de son revirement comme les autres médias sur cet "effroyable" drame où pointait l’imposture inhumaine d’une machinerie à fric moral. Titre de l’article du 17 novembre 2005 à l’époque du 2ème procès: "L'expertise psychologique mise à mal au procès d'Outreau":

"Les psychologues qui ont réalisé les expertises jugeant crédibles les accusations d'enfants dans l'affaire de pédophilie d'Outreau ont été mis en cause, jeudi 17 novembre, au procès en appel de six personnes, à Paris. Dans une ambiance inhabituelle pour un procès criminel, la présidente de la cour, Odile Mondineu-Hederer, et l'avocat général, Yves Jannier, ont même éclaté de rire à la lecture de certaines "constatations" de l'expert Christine Condamin.Cette dernière faisait remarquer sérieusement que le scorpion qu'avait dessiné un enfant supposé victimes d'abus sexuels "ressemblait à une musaraigne à grosse queue". Cette indication jugée probante est mentionnée dans son rapport.L'avocat général a contesté la méthode de cet expert agréé par la justice, qui consiste à faire réaliser ou faire commenter des dessins aux enfants, puis à en déduire un profil ou un vécu psychologique. Déstabilisée, Christine Condamin a réagi de manière virulente. "L'enfant projette son vécu intrapsychique dans ses textes (...) J'ai une expérience de plus de 25 ans. Je pense que tout cela est très sérieux", a-t-elle dit. L'enfant qui a dessiné le scorpion a reconnu mercredi devant la cour avoir menti en accusant de viol le prêtre Dominique Wiel. Il a expliqué avoir suivi les rumeurs circulant à son école après l'arrestation de l'abbé. Sur la foi de cette accusation qui semblait confortée par l'expertise, et de celles de deux autres enfants qui se sont également rétractés cette semaine, l'ecclésiastique a purgé trente mois de détention provisoire.La présidente de la cour a fait remarquer que les experts psychologues avaient tous pu lire l'acte d'accusation de l'affaire avant d'examiner les enfants, ce qui a pu les influencer.

CONCLUSIONS CONTRADICTOIRES

Un avocat de la partie civile a fait remarquer à un autre expert, Paul Messerschmitt, qu'il avait conclu plutôt à charge pour les accusés dans un rapport fait avant le premier procès, et plutôt à décharge lors d'un autre rapport sur un autre enfant, l'été dernier, après l'acquittement de sept accusés. L'audience a également tourné au réquisitoire pour Jean-Luc Viaux, autre psychologue qui avait jugé crédibles les récits de quatre enfants du couple Myriam Badaoui-Thierry Delay, les deux protagonistes principaux de l'affaire. Alors que certains de ces enfants mettaient en cause jusqu'à 70 personnes, racontaient avoir assisté à quatre meurtres et participé à des orgies avec des animaux dans une ferme en Belgique, cet expert jugeait leurs propos "cohérents". "Aucun élément de nos examens ne permet de penser que (les enfants) inventent des faits ou cherchent à imputer des faits à des personnes non concernées", concluait-il. Jean-Luc Viaux, professeur agréé par la Cour de cassation, a évoqué à la barre un problème de formulation. "Je reconnais que la phrase prête à confusion sur le plan syntaxique", a-t-il déclaré. L'avocat général Yves Jannier s'est emporté. "Si la question ne correspondait pas à vos compétences, vous pouviez peut-être le dire !", lui a-t-il lancé.

DES EXPERTS PAYÉS "AUX TARIFS D'UNE FEMME DE MÉNAGE"

Jean-Luc Viaux a ensuite reconnu avoir recopié pour les quatre enfants qu'il a entendu les mêmes conclusions, au mot près et à la faute de frappe près. "Sont (sic) témoignage reste mesuré", lit-on dans son rapport à quatre reprises. Dans les couloirs, l'expert, furieux, s'est justifié en invoquant des raisons financières : "Quand on paie des experts aux tarifs d'une femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage." Le scandale provoqué par les expertises a déjà amené le ministère de la justice à recommander aux juges d'exclure à l'avenir, par principe, toute expertise de "crédibilité".Il est envisagé de renforcer le contrôle et la formation initiale et continue des experts. Le procès se poursuit vendredi."

Ce que ne comprennent pas les journalistes c’est que JL Viaux lâche sa subordonnée, la mère Gryson, parce qu’il ne veut pas couvrir ses délires et erreurs, sinon il n’aurait pas cherché à dévaloriser les femmes de ménage."

QUI A PROGRAMME CE NOUVEAU PROCES ET POURQUOI?

Accusé de pédophilie, levez-vous! Daniel Legrand tu es le seul des acquittés d'Outreau à être jugé une troisième fois,jugé tu seras dans un procès qui débutera le 19 mai prochain à Rennes. Ne gratte pas ton nez quand je te parle! Des magazines TV à la presse écrite, les journalistes ne se contentent pas cette fois d’une annonce de l’AFP incontournée, ils compatissent. Allez mon gars cause pour "complément d'enquête": «J'ai été jugé, innocenté, et on me rejuge sur les mêmes faits. Je ne comprends pas.», confie-t-il au Parisien qui est allé à la rencontre d'un homme en plein désarroi. En réalité, s'il s'agit des mêmes victimes, il ne s'agit pas exactement des mêmes faits. Daniel Legrand fils, le plus jeune des treize acquittés d'Outreau a été innocenté pour les viols qu'il était accusé d'avoir commis lorsqu'il était majeur (1999-2000) sur les quatre enfants de Myriam Badaoui, mère incestueuse qui a été condamnée. Mais il n'a jamais été jugé pour les viols qu'il aurait commis lorsqu'il était mineur (1997-1999). Les deux affaires avaient été alors disjointes. "Qu’il aurait commis", on apprécie cette fois le conditionnel,mais on n’est pas sûr, il était mineur, n’a-t-il pas été manipulé voire violé lui-même, on se perd en supputations anales, mais "on" s’en fout du pauvre gars comme des mômes. L’opération remake Outreau outré a été préparée de longue date dans la discrétion et à l’ombre de la machinerie judiciaire.

L'association Innocence en danger et le syndicat FO-Magistrats, jusquauboutistes d'Outreau (!?), ont insisté pour que ce procès se tienne, malgré le fiasco judiciaire des deux précédents, insistant sur l'imminence de la fin du délai de prescription ("on" n’allait pas le laisser continuer à végéter tranquille et angoissé chez sa maman!). Cet acharnement fait penser à celui des nazis contre Van der Lubbe, alors qu’ils avaient eux-mêmes favorisé l’extension de l’incendie du Reichstag!

Ce "ont insisté" est bizarre comme la nomination du premier organisme (pourquoi pas "Culpabilité en danger"?): y a-t-il eu plainte oui ou non et par qui? Que vient faire ce syndicat FO-Magistrats? Burgaud et ses fans Thomet et Gryson en sont-ils membres? Ce syndicat fondé par la CIA a toujours été un syndicat mafia défenseur de corporations, et se fiche des prolétaires, comme des enfants, comme de ses collègues CGT ou SUD. De quoi je me mêle? Prête-noms du pouvoir occulte de la magistrature offensée? Petits soldats de Marie-Christine Gryson, une experte éjectée pour incompétence et armée de son désir de vengeance? Elle se venge tous les jours par blog internet, égérie des révisionnistes décharnés elle les a séduit par cette extraordinaire trouvaille sémantique qui devrait ravir Jean d’Ormesson, son radotage sur le "storytelling d’Outreau" et son ouvrage qui ne casse pas des parpaings " : « Outreau la vérité abusée » en 2009. Elle fustige le Dr Paul Bensussan, considéré plus valable qu’elle par les "autorités"; c’est le seul point où je suis OK avec elle, ce Dr Bensoussan tient un langage trop abstrait pour être honnête, mais la question n’est pas là. Gryson en fait une bataille d’ego. Elle semble bien avoir été à la manoeuvre de cette révision du procès, car il s’agit bien de remettre en cause les deux jugements précédents de l’Affaire d’Outreau, de réhabiliter magistrature, policiers et juge Burgaud; et pour ce faire autant recommencer par le lampiste du début, le fils Legrand, sous un artifice de forme, afin, comme elle et ses comparses de l’ombre le désirent ardemment, de faire rayer de la carte tout le procès d’Outreau épisodes 1 et 2 compris grâce à la Cour européenne, cette vache parasitaire:

"Rappelons que ce procès de Rennes concerne la comparution devant les assises de Daniel Legrand fils pour les faits qui lui sont reprochés pour la période où il était mineur. L'intérêt de cet audiencement concerne l'opportunité pour des victimes devenues adultes, d'être normalement entendues en s'exprimant à armes psychiques égales avec l'accusé. Quel que soit le verdict, en clôturant ainsi les procédures françaises, il permettra en outre aux parties civiles de s'adresser à la Cour européenne de Justice pour y dénoncer les dysfonctionnements des procès de 2004 et 2005 au détriment des victimes (installées dans le box des accusés, n'ayant que 2 avocats contre 19 pour les accusés, les excuses aux accusés d'un Procureur avant le délibéré des jurés etc...)". Il y a un clair appel au lynchage du dernier lampiste d’Outreau (qui n’est même pas d’Outreau) vu que son père est mort et que sa compagne l’a jeté dehors:

"Il est temps de remettre un peu d'ordre à toutes les énormités lues ça et là dans la presse au sujet de la présomption d'innocence de Daniel Legrand, d'autant que la presse continue sa propagande de canonisation de l'intéressé et de ses 12 acolytes. Si le pépère a droit à cette présomption tant qu'il n'est pas jugé, il n'en reste pas moins vrai qu'il nous est possible de réfléchir et chercher à en savoir un peu plus avec les moyens qui nous sont donnés".

En tout cas, concernant la diabolisation du pauvre échoué Daniel Legrand, la Gryson en rajoute des tonnes, reconduisant les pires affabulations sur ce pauvre schizophrène, jusqu’à le faire passer pour un gros bonnet de la "drogue", mot fort dans le judiciaire même s’il ne s’agit que d’une vulgaire barrette de cannabis. Cet acharnement à couler Daniel Legrand, première proie au début du désastre judiciaire, devrait permettre de réviser de fond en comble l’affaire, canoniser le juge psychorigide, rétablir sa compétence à une Gryson bafouée dans son commerce de prestigiditation psychologique, et déposer une gerbe aux mannes de la magistrature suprême et impayable.

La mère Gryson radote les mêmes arguties: les enfants ne mentent jamais, ne peuvent pas être manipulés ni pervers, et s’ils n’expriment pas bien ce qu’on veut leur faire dire, il suffit de leur faire exécuter des peintures, comme le test rigolo du Rorschach et les dessins qui font partie de "l'arsenal" d'investigation (pas scientifique) des psychologues.. Contre cette sacralisation de la parole des enfants, qui n’est qu’une variation de la notion d’enfants carencés, Gryson aura poussé à la roue dans les coulisses pour le sérail magistrats-experts, non pas pour un simple nouveau procès accessoire, mais pour un procès qui permettrait de remettre en cause tous les acquis des deux procès précédents à Saint Omer et Paris, qui remettrait en selle son chouchou Burgaud et l’ensemble de l’appareil judiciaire rénové comme un lave-linge sous garantie Darty. Elle charrie sur les interrogatoires des enfants "dans des conditions incompatibles avec les acquis de la victimologie infantile", sans se soucier de la façon dont ont été terrorisés les présumés coupables, adultes questionnés publiquement et sans ménagements, sans un regard par le dictateur cravaté, méprisant pathologiquement ces adultes pauvres et sans défenses, et hargneux contre ces deux emmerdeurs d’huissier et de curé sans égards pour le Mac Carthy des pissotières avec un chant patriotique de bon aloi en situation d’otages.

Et que je te brode sur la parole négligée des enfants comme si les experts n’avaient pas déliré et favorisé l’injustice obscène avec leurs gadgets de psychologie à deux balles, reniflant pour des enfants questionnés une fois pendant sept heures par des "spécialistes de la rhétorique", avec des sandwichs dignes de LIDL (en effet les policiers sont des agrégés de philo et de psycho). Elle se contredit puisqu’elle ajoute par après qu’elle a formé ces rhéteurs policiers à sa "méthodologie": "...les analyses de la parole de l'enfant doivent se faire au plus près des faits dans un contexte protégé et avec une méthodologie adaptée. Précisons que les enquêteurs OPJ du Pas-de-Calais qu'il (Bensussan) remet en cause avaient été formés à la procédure Mélanie et ce dès 1998 (j'avais participé à la procédure de formation). Ils avaient donc pris soin de poser des questions non-suggestibles".

Et de se plaindre: "je n’étais pas audible"; elle n’était plus surtout crédible avec un tel fiasco à cause d’expertises débiles! C’est les experts qu’il eût fallu jeter aux fers!

Plus misérable elle regrette que le cirque judiciaire ne se soit pas déroulé sous chapiteau comme celui de Kadhafi sans doute: "Comme on le sait maintenant, faute de moyens pour installer un chapiteau, les enfants étaient placés dans le box des accusés et les accusés étaient dans la salle d'audience avec leurs avocats et les journalistes, comme s'ils étaient spectateurs de leur procès ou plutôt du procès des enfants !". Encore une interprétation de chevronnée psychologue à la manque! Les enfants ne savaient probablement pas où est le box des accusés dans un tribunal. Les moins tarés se rendirent-ils compte au moins des dégâts qu’ils avaient entraîné?

Elle charge "Acquitator" Eric Dupond Moretti, grande gueule du barreau, général d’une armée de 17 avocats, alors qu’il en aurait fallu 200 pour ébranler ces messieurs juges et magistrats impavides et intouchables! Quand les enfants n'en avaient que deux, terrorisés par la force du nombre de confrères, moins nombreux pourtant que flics et fonctionnaires du palais de justice présents dans la salle.

Ce n’est pas une simple sacralisation de la parole des enfants qu’il s’agit chez la dame experte en zig zags corporatifs, mais d’une incompétence effarante concernant la psychologie immémoriale des enfants. Les enfants de cette société sont-ils des anges purs? Incapables de mentir, de frauder, de faire du mal, de se vanter, d’exagérer? Pas une fois la dame en psychologie carencée ne se pose la question, au point qu’on se demande si son QI n’est pas trop bas pour prétendre s’occuper de drames hors de sa portée intellectuelle. J’aurais mille histoires à raconter sur ce que j’ai vécu dans l’enfance et sur les turpitudes de certaines "chères petites têtes blondes". Le film Los Olvidados de Bunuel, très vieux movie, montre à quel point des enfants peuvent être cruels avec un vieil aveugle... mythomanes, barbares, voleurs, mimétiques, sans surmoi comme le petit Burgaud. Un enfant mal aimé qui a fini lui aussi au tribunal.

Elle ne cesse de se plaindre que les enfants aient été impressionnés, jamais elle ne se soucie du coeur même de l’erreur judiciaire et de la double hystérie des journalistes, avant et après. Jamais elle ne met en doute la rigidité et le sadisme du petit juge, honni par tous ses confrères dès son arrivée à Saint Omer. Elle utilise l’argument d’autorité pour son patron Viaux, lequel s’était moqué d’elle indirectement avec son "salaire de femme de ménages":

"Le professeur Viaux est titulaire de deux Doctorats en psychologie, il est expert judiciaire depuis 25 ans, il est responsable d'un diplôme d'expertise et de psychologie légale à l'Université de Rouen et il est l'auteur d'un grand nombre de travaux et de publications sur le sujet"; et on s’en fout, un diplômé de ce genre d’expertises floues et partiales, aucunement scientifiques, peut commettre autant d’erreurs d’appréciation que le quidam non bardé de parchemins universitaires.

En résumé, si l’on suit la madame Gryson grisâtre, il ne s’est rien passé à Outreau, le seul scandale c’est "la réalité victimologique des enfants traumatisés ayant à déposer dans des lieux effrayants" (c’est pas gentil pour le local de service de la police qu’elle glorifie); résumé des courses, il ne faut pas réveiller les morts: "Ces conditions invraisemblables quant au recueil de la parole des enfants est à opposer avec le professionnalisme de tous ceux qui en amont (policiers, magistrats, experts) avaient travaillé avec respect et expérience". Avec une telle argutie de femme de ménage soumise aux lois arbitraires, la dame espère que l’exécution médiatique de ce pauvre Daniel Legrand (voire son suicide inopiné), bourré de médocs, détruit, victime décontenancée va lui redonner son lustre terni de "spécialiste experte". Plein d’avocats vont se servir de cet homme en perdition, seul et rejeté par la société, comme faire-valoir pour leur carrière nationale, voire internationale (on attend les télés étrangères pour donner du relief aux plaidoiries de prétoires rennaises qui ont l’habitude, le procès Dreyfus s’y était déroulé): le gouvernement sera bien marri qu’on ne l’accuse plus de ne persécuter que Paul Bismuth, les magistrats seront contents qu’on valorise leur métier de pères-la-morale, les juges qu’on les juge moins, les avocats qu’on mesure la ventilation de leurs manches et les journalistes qu’on apprécie leur comptes rendus plus modestes et compatissants pour oublier leur suivisme complice du désastre judiciaire, sauf si ça dérape comme au début. C’est à dire si tout rentre dans l’ordre carcéral et odieux comme Gryson en rêve.

Seuls des vieux aigris et quelques néo-fachos peuvent gober les banalités pour demeurés de la Gryson. Il y a fort à parier qu’avec un cartel bancal et autiste de tels plaignants - le syndicat FO des franc-macs dits "jusqu’auboutistes d’Outreau" (ha ha!), l’assoc ex-nihilo"pour l’innocence" (des enfants probablement et des lobotomisés), et la mère Gryson, radotages compris - le troisième procès va aussi finir en pantalonnade. Ce qui ne signifie pas forcément baisse du pantalon. Ou de la robe.