PAGES PROLETARIENNES

mardi 28 octobre 2014

BAL TRAGIQUE A ALBI, UN MORT: MELENCHON



(Barrage de Sivens: une mort politique celle de Mélenchon)

On l'avait oublié les gendarmes mobiles peuvent tuer comme les CRS en 1947 et en 1968 qui tuèrent des ouvriers en lutte. Le nombre de morts est cependant infinitésimal comparé aux massacres de prolétaires au XIXe siècle. Les corps de répression modernes n'ont pas pour mission première de tuer ni de "tirer dans le tas", leçon primaire pour éviter à la bourgeoisie toutes ces insurrections subites du XIXe siècle pour "venger les martyrs".
La création en 1921 du corps des gendarmes mobiles correspondit au besoin d’une force de gendarmerie spécialisée dans le maintien de l'ordre social pour compléter l’action de la police, surtout pour éviter l’emploi de l’armée dans une période encore marquée par la vague révolutionnaire partie de Russie, avec tous les risques que l'envoi de l'armée face au prolétariat comporte (fraternisation ou émeutes sanglantes suite aux tirs aveugles dans la foule). La création des CRS, comme corps de maintien de l'ordre civil en 1944, correspondit à la nécessité de doter l'Etat d'un corps supplémentaire pour parer dans les zones urbaines et industrielles aux grèves et manifestations ouvrières de la pénible reconstruction de l'après-guerre, avec d'autres instruments de coercition, non létaux, que ceux des troupes traditionnelles de répression (matraques, canons à eau, gaz lacrymogènes, etc.); mais en promouvant/associant d'autres sbires du parti stalinien que les flics syndicaux (non sans ambiguïté, cf. La compagnie de CRS rétive à Marseille en 1947); c'était un moyen de désarmer et d'embaucher les anciens résistants des FTP.
Les gendarmes mobiles (militaires) dépendent du ministère de la Défense, les CRS (répression civile) du ministère de l'Intérieur. Les gendarmes sont sensés assurer la répression à la campagne et les CRS en zone urbaine. En réalité ces deux corps répressifs sont interchangeables plus que complémentaires et utilisés conjointement en cas de protestation massive; l'armée elle-même, depuis la fin de la conscription, peut être appelée en renfort de ces deux corps mercenaires mais uniquement en cas de troubles très graves, au moins supérieurs à mai 68, c'est à dire impliquant une sérieuse confrontation des deux classes majeures et non les couches mineures bonnets rouges ou baba cools écolos.
Sauf amplitude à venir, le meurtre par grenade offensive du jeune manifestant Rémi Fraysse n'entraîne pas un délire de protestation "antifasciste" aussi virulente que la mort malencontreusement accidentelle de l'anarchiste Clément Méric. Du gauchisme primaire au vieil ultra-gauche larmoyant, chacun avait fait de C.Méric un "martyr du Capital". Du grand n'importe quoi. Dans le cas de Rémi Fraysse, il s'agit bien sûr d'une bavure qui a frappé un lampiste, fils de papa militant écolo qui ne souhaitait pas non plus envoyer son fils au casse-pipe. La protestation a pris immédiatement une tournure plus "encadrée", pour ne pas dire plus policée.

Il faut d'abord examiner la nature de la jeunesse protestataire qui se mobilise pour ND des Landes, le barrage de Sivens comme jadis pour le Larzac, le lac de Naussac, l'A 161 et Malville. Tiens, prenons un témoignage sur les affrontements et le mort de Malville en 1977:
"... 31/07/1977 Malville. Manif contre le surgénérateur. Nous partîmes nombreux, armés et casqués. Le retour fut glaçant, les flics étaient bien préparés et répondirent violemment. Un d 'entre nous fut tué par un tir tendu. Nous n'en avions rien à foutre de l'écologie, ce que nous voulions : cogner les flics. En retour, nous n'attendions pas qu'ils nous tendent la joue. Mais avec un peu de chance, on enclencherait le cycle provocation/répression/solidarité/révoltes et révolution".

Les gamins un peu rassis avec bonnets de nuit, nez de clown, coupe iroquois, coupe rasta que l'on voit faire le coup de poing avec les pandores sapés robocoop n'ont pas changé d'un iota par rapport à la jeunesse de leurs pères devenus honorables électeurs verts. Qu'est-ce que ces bandes de jeunes en colère peuvent bien avoir à foutre de la construction d'un barrage pour trente fermiers cossus dans un trou perdu entre Gaillac et Albi? Et la construction d'un aéroport dans les parages de Nantes, en quoi cela concerne-t-il leur vie et l'avenir de l'humanité? La défense de la nature? Avec pour une part d'entre eux la vie durant des salaires de misère et les humiliations habituelles pour les classes sociales inférieures? Se battent-ils pour la cacique Cécile Duflot et le sénateur V.Placé? La défense de la nature c'est le discours officiel de tous les gouvernements bourgeois. De même que le CRIF est le porte-parole officiel de tous les juifs qu'ils le veuillent ou non, de même que les syndicats se sont décrétés les porte-parole de la classe ouvrière (des classes salariées..) qu'elle le veuille ou non, de même le parti écologique se veut le porte-parole de tous les anarchistes écologiques, sauf ceux qui portent des cagoules et jettent des cocktails Molotov; ouf!

Nouvelle affaire Malik Ousskine? Cercueil de la gauche caviar? La presse bourgeoise s'enflamme. Tenez vous bien. Des manifs anarchistes se sont produites dans une dizaine de villes pour protester violemment contre ce meurtre d'Etat démocratique (pas du fascisme disparu) avec ploum-ploums cagoulés, drapeaux tricolores brûlés, vitrines de banques saccagées et, comble de l'arrogance anarchiste, dégradations de monuments aux morts. Sauf que les manifs écologiques sont aussi encadrées que les manifs syndicales, et que les provocations sont du même ordre. Ce ne peut pas être des anarchistes, même les radicaux les plus déglingués (les Zad2), qui ont tagués et crachés sur le monument aux mort à Gaillac, mais les flics de l'ombre en cagoule, mis en fuite par les manifestants eux-mêmes. La protestation est complètement normale, même dans ses formes violentes

L'attaque menée en pleine nuit au moment où le jeune Rémi Fraysse va être tué n'est pas un moment de manifestation mais un coup monté, à mon sens, par la mafia policière. J'ai vécu cela à la fin des années 1960, il est très facile à deux ou trois types déterminés (et appuyés par la police secrète) d'entraîner une centaine d'excités à aller "au contact" avec les flics, bravoure de jeunesse révoltée et moyen de combattre l'ennui politique quotidien. Manque de pot, cela a mal tourné pour les services des Cazeneuve et Hollande. Il y en a un qui a ajusté trop bien sa grenade offensive.
Mais tout cela est de l'ordre du récupérable. Quelques excités enfants des couches moyennes flouées par la crise ne vont pas faire tomber l'Etat celui de Hollande comme hier celui de Sarkozy. L'Etat est bien plus fort que tous les bonnets rouges, mariages missionnaires, fermiers en colère adeptes de la Bovémania, et manifestants pubères ou impubères politiquement. Parce que l'Etat ce n'est pas simplement le gouvernement Hollande.

MANIFESTANTS L'ETAT EST PARMI VOUS!

L'Etat simplement identifié au gouvernement de "l'incapable Hollande", en plein Hollande bashing (l'idéologie de droite se confond avec l'individualisme et la focalisation sur les individus), est une niaiserie pour analphabète politique. L'Etat c'est mille ramifications politiques, associatives, syndicales, religieuses, caritatives, policières, médiatiques, doctorales, scolaires, and so on comme disent les anglais. Les représentants de l'Etat en opposition sont probablement les meilleurs sponsors du gouvernement; ce dernier en a autant besoin que la prunelle de ses yeux policiers. Laissons de côté aujourd'hui les multiples larbins syndicaux et leur triste paon syndical logé à prix d'or comme caïd trade-unioniste près du donjon de Vincennes (le chef des esclaves devant toujours résider près du monarque). Penchons-nous plutôt sur l'espèce politicienne verte, écartée récemment du gouvernail matignonesque. Voilà une population bigarrée d'édiles, bâtarde du gauchisme des 70, rangée des voitures à gazole particulier, qui, au nom du lobby écologique artisanal et industriel, vient se vanter d'être le contrepoids ministériel aux excès technocratiques et financiers. Ces parvenus de la politique bourgeoise ont remplacés à beaucoup d'égards (ou de ringards) la gauche petite bourgeoise de la gauche bourgeoise, au point de grignoter les parts de gâteau du peu exaltant Front de gauche, minable cartel électoral de fonctionnaires de l'Eduque naze. Leur éviction du gouvernement nous rappelle trop l'éjection du PCF en 1984 par le collabo Mitterrand. Les évincés, vieux compagnons de route de la gestion capitaliste de l'économie nationale, devaient être plus utiles pour encadrer les révoltes contre l'austérité "socialiste". Un gouvernement sans opposition crédible parmi les pue la sueur et sans diplômes est un homme mort ou la Charia au pouvoir.
La crise avançant, la croissance hollandesque s'éloignant, les syndicats ronflant, le PCF mourrant, le Front de gauche agonisant avec son cador insultant, la classe ouvrière ronflant ou pestant que les immigrants, il ne reste plus qu'à baliser les rangs des intermédiaires bobos avec le parti vert ou les verts partis.
Le Pierrot lunaire Vincent Placé aussitôt indigné a offert ses services à l'Etat hollando-vallsien assiégé, exigeant l'arrêt de la construction de l'ignoble barrage et sans doute la suggestion de priver les soudards de la sécurité bourgeoise de grenades incriminées et criminelles. Les deux suggestions étaient validées 48 heures après le meurtre du lampiste de l'héritage écolo-bobo. Puis la passionaria du lobby écologique monta de sa propre personne sur l'estrade médiatique, répercutant avec conviction et virulence la nécessité subversive de mise en place d'une commission d'enquête parlementaire! La courageuse révolutionnaire Duflot des moulins à vent et des éoliennes de Windpower, Aquitaine aérogénérateurs ou Céleste (100% made in France) a exigé que l'enquête soit approfondie.


UN DRAME PEUT SERVIR A CACHER UNE SUPERCHERIE

L'exploitation du drame qui a vu une jeune vie fauchée au carrefour d'idéologies de foutage de gueule et d'une sincère révolte – plus contre les élites technocratiques que contre l'Etat bourgeois – rend un fier service à l'Etat bourgeois. La classe ouvrière est inexistante dans l'équation alors qu'elle seule peut menacer l'Etat bourgeois d'autant qu'elle est la principale classe exploitée, bouffée de tous les côtés par les catégories moyennes parasites et profiteuses. Un gouvernement de droite ou de la conne Le Pen aurait aussi bien envoyé ses soudards taper dans le tas même au risque de tuer. Donc le Hollande bashing ne collera pas à l'épisode. Mieux il pourra toujours faire sauter les fusibles, soit le pâle technocrate Cazeneuve, le plus insipide min de l'Int. qu'on ait jamais eu en France. Soit dénicher un lampiste tireur de la grenade létale. En tous les cas, avec le gel de la construction du barrage et l'interdiction de l'usage des grenades offensives, la polémique franco-française s'est déjà déplacée sur un autre terrain que la protection de la nature ou l'indignation face au meurtre du jeune homme rasta, elle revient sur le Hollande bashing: olala il a a encore baissé culotte, l'Etat ne se fait plus respecter, Hollande se couche devant les Verts...
On y revient, immanquablement, insensiblement à la politique politicienne, à la politique de comptoir de bistrot médiatique, aux sondages qui formatent l'opinion et décident à sa place. Le temps efface les mensonges et les amalgames; on oublie bien vite les morts contingentes, peut-être accidentelles, toujours inutiles. Si hélas un jeune homme a été tué par la brutalité policière bourgeoise qui est la même sous Hollande que sous Sarkozy et qui serait la même sous la mère Le Pen, un autre homme est mort. Oh un simple politicien. 

Le nommé Mélanchon. Revue de presse:

"A propos des incidents de samedi, Jean-Luc Mélanchon estime de son coté que « l’extrême droite se trouvait sous les cagoules ». Le leader du Parti de gauche a été pris a partie par quelques manifestants qui l’ont bombardé avec du yaourt à son arrivée sur le site de la manifestation, samedi après-midi".
Le "meurtre fasciste prémédité de Clément Méric" fût une face de carnaval pour gauchiste demeuré, mais l'argument de café concert repris à l'envers pour le meurtre "démocratique" de Rémi Fraysse, n'est pas seulement ridicule mais révèle que ce pauvre Mélenchon, privé de poste de ministre, veut toujours exonérer la tête de l'Etat de ses responsabilités répressives. Comme ses amis Verts, Mélenchon se porte au secours de son camp "socialiste au pouvoir" – dans l'espoir d'une reconnaissance ultérieure – pour contribuer à masquer un meurtre d'Etat démocratique. C'est lui aussi une putain de la république, comme ses amis Verts, mais la "passe" risque de leur coûter cher en définitive à eux aussi. Ce n'est pas en demandant la démission de Cazeneuve qu'ils vont se faire passer pour des ennemis du capitalisme.




1Pour le lac de Naussac et l'A16, deux pérégrinations gauchisto-ploucs que j'ai suivies de près (sic Lozère et Pas de Calais, mes deux mamelles adoptives) la confédération paysanne a mené par le bout du nez les jeunes gauchistes dans un bal à la surenchère pour un meilleur achat des terrains par l'Etat, comme cela se passe à mon avis à ND des Landes, à Albi et environs, au nez et à la barbe des gentils rastas écolos et qui pensent être des ennemis de l'Etat, sans qualificatif et sans référence à aucune classe sociale, mais aux "gens" qui veulent "décider et vivre au pays", vieille rengaine de la plouquerie anarchiste suivie à la trace par le trotskysme sans Etat dégénéré à critiquer ou à concurrencer.


2http://zad.nadir.org/ ou voir les comiques indignés nîmois, rois de la démocratie provinciale, bobos et totos réunis dans le réformisme radical.

PS: mais le plus honteux des charognards à danser sur la mort de Rémi Fraysse reste encore le revenant Sarkozy qui prétend avoir régné sans violence 5 années alors que tous ses discours n'étaient que violence vulgaire, menaces de PN, injonctions policières, et qu'il a envoyé des troufions se faire tuer en Afghanistan, sans oublier le bordel en Libye contre son ex-pote Kadhafi et les deux jeunes électrocutés du Clichy sous bois en 2005.