PAGES PROLETARIENNES

jeudi 25 septembre 2014

UNE PROPAGANDE DE GUERRE QUI VOUS PREND A LA GORGE


Vous êtes à genoux, mains attachées derrière le dos, quatre lâches en cagoule paradent avec kalachnikov derrière vous. Un cinquième, encore derrière la caméra tient en main son couteau de boucher assassin. Vous allez mourir non pour la France, que vous soyez guide de haute montagne ou touriste lambda, ni pour une ambition territoriale mais pour d'obscurs objectifs pétroliers et économiques des puissances occidentales. En réalité vous passez ad patres en quelques secondes, la perte de conscience est ultra rapide heureusement, vous mourrez plus vite que le Christ (1).
Une guerre peut en cacher une autre et il y en a tellement en ce moment que les virevoltes et subterfuges de la propagande s'en donnent à cœur joie ; encore le plein black out pour la guerre en Ukraine qui avoisine déjà près de 4000 morts (2).
Faisant suite aux meurtres « en direct » de deux journalistes américains et d'un anglais, le lâche assassinat d'Hervé Gourdel vient frapper au cœur le citoyen lambda, le terroriser au profit des visées impérialistes de son Etat. Aucun des attentats de ces trente dernières années n'avait eu une telle redondance médiatique, et, malgré les corps déchiquetés n'avait provoqué une telle émotion qui remise l'Union sacrée à un conte de fée sans images sanglantes.
Mieux qu'en 14 ou 39 « l'ennemi est dans notre pays » puisqu'on apprend journellement que des apprentis tueurs djihadistes reviennent régulièrement au pays après leur stage d'égorgeurs en Afghanistan ou en Irak (3). Cinquième colonne du rire du cochon sanguinaire le triste saltimbanque pour public musulman Dieudonné, évincé de You Tube, s'est réfugié sur rus tube, pour continuer à défendre l'aspect révolutionnaire des égorgements, dans la tradition, à l'en croire, de la décapitation du dernier Capet en 1793.

Alors que l'armada US suivie par le petit Poucet Hollande fait éclater les corps ennemis à coups de bombardements qui ne salissent pas les mains des aviateurs kakis, la presse est le doigt sur la couture du pantalon pour attribuer la guerre aux seuls mercenaires de l'ombre des pétromonarchies qui jouent double jeu (elles financent le pseudo « Etat islamiste » comme elles s'associent à l'armée internationale unie contre le terrorisme...). On se souvient que la semaine dernière Obama avait reproché à la France « de payer les rançons » pour sauver ses otages ; or là il n'était même plus question de rançon mais les tueurs de l'ombre exigeaient au nom de leurs maîtres masqués l'arrêt des opérations militaires de la bourgeoisie française unie derrière Hollande, comme elle l'avait été derrière le pitre Sarkozy en Libye... L'égorgement de Hervé Gourdel vint donc rendre un fiefé service au général Hollande. Les meurtres lâches de l'ennemi servent toujours à renforcer le sentiment belliciste parmi les populations suivistes ; les bombardements d'Hitler sur l'Angleterre comme ceux de Churchill sur l'Allemagne ranimaient toujours l'esprit de guerre chez les victimes du carnage.

REVUE DE LA PRESSE AUX ORDRES :

http://www.challenges.fr/media/20140925.AFP6792/l-assassinat-d-herve-gourdel-une-declaration-de-guerre-selon-les-editorialistes.html

Paris, 25 sept 2014 (AFP) - Le mot "guerre" est celui qui revient le plus systématiquement dans les éditoriaux de la presse quotidienne française publiés jeudi au lendemain de l'assassinat d'Hervé Gourdel, le Français de 55 ans enlevé en Algérie par des jihadistes liés à l'organisation Etat islamique (EI).
Rares sont ceux à estimer, comme La Voix du Nord sous la plume d'Hervé Favre, que "nous aurions dû, comme en 2003, nous tenir à l'écart du guêpier irakien comme hier du chaos libyen".
"Le mot guerre est aujourd'hui revendiqué, répété presque avec une sorte de gourmandise par ses promoteurs. La guerre est banalisée", dénonce également Jean-Paul Piérot dans L'Humanité.
Dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, Jean-Marc Thiébaut souligne que "cette mort nous rappelle qu'une guerre mondiale est bel est bien déclarée". Pour Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute Marne) "c'est une véritable guerre qu'il faut mener. Une guerre totale".
Même analyse dans Le Midi Libre, où Jean-Michel Servant prévient qu'il s'agit d'un "conflit planétaire, ultra-violent, pouvant frapper à tout moment, n'importe où". D'autant que Jean-Louis Hervois (La Charente Libre) le souligne: "hier, cette haine qui n'a plus de frontières s'est encore rapprochée un peu plus de nous. Son écho amplifié nous poursuit partout".
Ce que dit aussi Jean-Claude Soulery dans les colonnes de La Dépêche du Midi: "les heures de guerre nous sortent du confort des jours tranquilles".
Au Courrier picard, David Guévart estime qu'il "est temps de lever le nez pour savoir où l'on va dans cette nouvelle guerre mondiale".
Plus modéré, dans ses mots en tout cas, Laurent Joffrin estime pour Libération que "le défi lancé par ces criminels sanguinaires doit être relevé". Il n'est "pas question de baisser la garde", assure, pour sa part, Stéphane Siret de Paris Normandie.
"Il importe de garder notre sang-froid", souligne le patron de Ouest France François Régis Hutin même s'il "faut entreprendre, avec plus de force et de détermination que jamais, la lutte contre ces djihadistes assassins."
Mais dans La République des Pyrénées, Jean-Marcel Bouguereau tempère en soulignant que cette "guerre (...) risque de durer longtemps et de faire bien d'autres victimes."
Pourtant, dans Le Figaro, Philippe Gélie met en garde que "ni les Français ni les Américains ne parviendront à extirper le cancer islamiste". "Seul l'Islam peut en venir à bout, s'il s'en donne les moyens", ajoute-t-il en regrettant que "jusqu'ici, beaucoup trop de pays musulmans ont attisé le feu d'une idéologie radicale et intolérante.
"Ne surévaluons pas notre faculté à détruire la nébuleuse islamique et la diffusion de son ignoble idéologie", recommande Jacques Camus dans La Montagne Centre-France qui pose LA question: "sommes-nous sûrs de pouvoir éradiquer le mal sans engagement de troupes au sol ?"

BFM, la chaîne info sarkozyste qui milite avec la fraction financière française pour le retour du PN sauveur et avec ceux qui ont sponsorisé la merde littéraire de la folle Trierweiler, fayote un peu plus pour la « communion nationale » en reprenant à son compte le petit plus d'un toutou sarkozien maire de Nice, Christian Estrosi, lequel a demandé à François Hollande de décréter un jour de deuil national en hommage à Hervé Gourdel, l'otage français dont la vidéo de l'exécution par des jihadiste a été diffusée mercredi.
Les pétasses Femen, seins nus et kalachnikovs en plastique au poing, ont manifesté brièvement mercredi matin sur les Champs-Élysées à Paris pour demander «aux infidèles» de résister au groupe djihadiste. Devant une banderole rose, arborant des armes automatiques en plastique entourées de fleurs, une des Femen a déclaré: «Aux citoyens français et américains et à tous ceux qui sont menacés par les djihadistes de l'Organisation de l'Etat Islamique, montrez votre hostilité aux idées de l'Organisation de l'Etat Islamique».
«N'ayez pas peur d'être politiquement incorrect ou intolérants», a-t-elle dit. «C'est seulement en les critiquant publiquement que nous pourrons les détruire. Infidèles, levez vous contre l'Organisation de l'Etat Islamique», a-t-elle terminé.
Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur son compte Twitter: «Tuer un homme sans défense et désarmé est un acte de lâches et qui le commet n'est pas un guerrier, mais un assassin.». Ce pauvre trotskien reconvertit en socialo neuneu individualiste croit à la différence entre guerrier et assassin !


L'EDITORIALISTE DU COURRIER INTERNATIONAL LUCIDE :

«Vous croyez au déclenchement imminent de la troisième guerre mondiale ? Pas de panique, celle-ci a déjà eu lieu, c’était entre 1952 et 1955, selon le magazine Collier’s (lire cet article). Dans un numéro de science-fiction du 27 octobre 1951, la revue américaine livrait tous les détails de ce nouveau conflit, censé éclater moins d’une décennie après la fin des hostilités de la Seconde Guerre mondiale. A l’époque, la guerre froide battait son plein, un équilibre précaire formidablement résumé par la formule de Raymond Aron : “Une paix impossible, une guerre improbable.” Nous serions donc revenus soixante ans en arrière. Les mêmes doutes et les mêmes interrogations resurgissent. “Yes, it could happen again” (“oui, ça pourrait arriver de nouveau”) écrivait cet été l’éditorialiste Roger Cohen dans The Atlantic, à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale. En quelques mois, les perspectives se sont brutalement assombries. Le rêve de Grande Russie de Poutine, les ambitions territoriales chinoises ou les exactions des nouveaux barbares (lire cet article), qu’ils s’appellent Daech ou Boko Haram, font trembler les frontières. Et quelle est la réponse de la communauté internationale, face à ces forces guidées par l’appétit impérialiste, le goût de la revanche ou l’extrémisme religieux ? Elle est faible, et difficilement lisible, prise entre les errements de la diplomatie américaine, la faillite diplomatique européenne et les incapacités d’une machine onusienne à bout de souffle. Oui, les pays occidentaux ont finalement accouché d’une coalition militaire pour vaincre l’Etat islamique. Non, bien sûr, la troisième guerre mondiale n’aura pas lieu. Mais se souvient-on de ce journaliste anglais, Norman Angell, qui publia en 1910 La Grande Illusion ? Un essai brillant, écoulé à plus de deux millions d’exemplaires dans 25 pays, qui démontrait l’inutilité de la guerre. On sait ce qu’il en advint. Un siècle plus tard, le spectre plane à nouveau au-dessus de nos têtes. “Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire”, avertissait Albert Einstein. »(4)

Notes:
(1) "Jésus a été mis en croix et il est impossible de dire combien de temps il a mis à mourir. Quelqu'un qui est pendu par les mains meurt atrocement en une heure, par épuisement et suffocation tout en restant conscient. Mais, à cette époque, les gardes, que l'on voit dans les tableaux représentant cette scène, attendaient la tombée de la nuit et, avec leur grande lance, ils coupaient les jambes des crucifiés, en cisaillant en dessous des deux genoux, au niveau des tendons. De la sorte, le supplicié ne pouvait plus s'appuyer sur ses jambes et trouver un peu de repos pour ses muscles. Sans repos, tous les muscles tendus, il ne pouvait plus respirer très longtemps et mourrait vite". (cf. Patrick Pelloux: On ne meurt qu'une fois et c'est pour si longtemps, Les derniers jours des grands hommes, ed R.Laffont 2013).
(2). Déclaration d'Obama, mais le black out reste toujours total sur la dramatique guerre en Ukraine qui ne dépare en rien en barbarie avec ce qui se passe en Irak ou au Mali.
(3).L'affaire des trois djihadistes revenus à Marseille les mains dans les poches sans avoir été arrêtés comme prétendu par le sinistère de l'Intérieur n'est pas seulement ridicule mais autant utile à renforcer la propagande sécuritaire.
(4) Edito brillant du Courrier International.