PAGES PROLETARIENNES

samedi 27 décembre 2014

QUAND UN FILM PEUT DEVENIR SUBVERSIF

DEUX DARDENNE UNE MARION

(notes sur le film des frères Dardenne "Deux jours, une nuit", ses contempteurs sectaires et l'agonie du syndicalisme)


Les films de guerre ou sur les guerres mondiales ne sont jamais subversifs comme nous venons d'en subir les images plus commémoratives que réflexives tout au long de l'année qui vient de s'écouler. Sous certains aspects, comme un article choc, un livre important, un événement marquant, un film peut être subversif, et la subversivité de ce film échapper complètement à une poignée d'intellos qui se piquent de connaissance approfondie en subversion historique.

Des films qui traitent de la condition ouvrière il y en a peu pour ne pas dire de moins en moins. Mais il y a eu de plus en plus de films sur les cols blancs, sur des péripéties personnelles, conflictuelles, amoureuses qui mettent en scène tout de même cette classe ouvrière moderne, si névrosée, si niée, apparemment si impuissante à prétendre s'extraire de son sort. Le cinéma à gros budgets et gros profits préfère les scénarios inspirés de faits divers juteusement sanguinolents, une variété d'histoires d 'éternels marginaux ou de détraqués qui saisissent de frayeur les spectateurs, ou encore des aventures extraordinaires avec effets spéciaux. Je ne crache pas dans la soupe ni ne méprise la distraction pour tous les goûts. "La famille Bélier" est un moment d'enchantement avec un scénario simple comme l'était "bienvenu chez les chtis". Le théâtre du dix-neuvième siècle a été totalement supplanté en milieu disons populaire par la "distraction cinématographique", qui est aussi recueillie par le creuset TV, nécessaire pour atténuer la monotonie du quotidien des "gens honnêtes" et "sans histoires". Le cinéma de propagande "populaire" ou "prolétarienne" est mort de sa nunucherie1. Les cinéastes gauchistes et tiersmondistes de l'après 1968 tentèrent bien également de nous faire le coup; il suffit d'en revoir quelques uns pour déplorer tant de navets pas tant imbuvables que ridicules. En général le militant lambda de l'ultra-gauche fossile n'a pas le temps d'aller au cinéma, et consacrer des articles à des films ou livres serait une insulte au papier réservé à l'éducation politique du prolétariat inculte. En général depuis trente ans, avant l'excellente invention de la bloggerie universelle, la secte ne consacrait que très peu d'articles aux films ou aux livres, considérant, comme ses diverses scissions ouvriéristes, qu'on ne saurait parler d'autres choses que des augmentations de salaire, des licenciements et du squelette du parti futur, au minuscule échantillon des masses prolétariennes susceptibles de s'intéresser à une aride prose politique pour l'essentiel dénonciatrice des malheurs et distractions perverses du capitalisme "à l'agonie"2.
Comment se fait-il que la secte ultra-gauche - mais rassurez-vous fort accommodatrice désormais au démocratisme convivial autant qu'elle s'est réduite comme peau de chagrin3 - ait réservé quelques colonnes, quoique gratuites, de son blog au film de la confrérie Dardenne? Parce qu'ils n'ont plus rien à dire hormis les radotages sur la décomposition du capitalisme et la trahison infinie de la gauche caviar?
Je me prends à penser que c'est parce que ledit film sous ses airs sociologiques inoffensifs, colle de trop près à la vérité de la condition ouvrière aujourd'hui, sans prétention propagandiste, sans fioritures marxistes ou anarchistes, a vexé nos purs propagandistes", enlevant le pain psycho-politique de la bouche à ces donneurs de leçon d'une classe "atomisée" et qui "a besoin des guides de l'organisation révolutionnaire". Les "purs" sont sortis de leur trou comme les Témoins de Jéhovah ulcérés par la pornographie. Le film des frères Dardenne, comme leur oeuvre, n'a aucune prétention révolutionnaire, et c'est très bien. Car la prétention révolutionnaire est ridicule et revient depuis cent ans à prendre les prolétaires pour des cons. Le travail des deux cinéastes est bien plus intéressant qu'un prêche marxiste car il est recréation de la réalité. Ce que nous savons tous plus ou moins confusément – ce genre de deal sordide proposé par un patron cynique d'une PME, primes contre le licenciement d'une ouvrière – et qui se déroule tous les jours sous nos yeux, il ne sert à rien de le dénoncer ni d'écouter les lamentations hypocrites de la gauche de la gauche et de leurs bonzes syndicaux contre la marchandisation du monde et l'enrichissement inouï. Non il s'agit de faire VIVRE, ou revivre l'humiliation subie dans la tête du spectateur. Peu importe le début ou la fin et il n'y a pas de morale contrairement à ce que prétendent les critiques qui se veulent connaisseurs. Il y a un constat. Intériorisé. On ne pourrait pas se contenter des films Dardenne ou on sombrerait dans la dépression, même s'il y filtre l'espoir. Heureusement le reste du cinéma mondial offre des occasions de rêver, de se marrer ou d'apprécier des films d'amour.
Le vieux militant qui a signé Sandra B (pour moquer la Sandra du film, trop pleurnicharde à son goût) ne nie d'ailleurs pas le talent des cinéastes, ni le constat, mais leur reproche le constat et l'absence du discours d'éducation à la "solidarité prolétarienne de l'avenir"4.


Comme la critique lamentable des journaux de la droite caviar – qui n'y ont vu que répétitions et gaucherie, typique de leur vision méprisante de la classe ouvrière... une classe astreinte justement aux tâches répétitives - la secte CCI (Cercle Concentrique Interne) n'aura vu dans le film des frères Dardenne (Deux jours, une nuit) qu' "un hymne à l'abandon du combat de classe". Je résume l'avis, que je partage, de la plupart des critiques positives des articles des spécialistes du cinéma, par les deux extraits suivants:
"Le cinéma-vérité des frères Dardenne, (...), prend toujours aux tripes, mais sans jamais verser dans l’émotion facile. En accompagnant Marion Cotillard dans son chemin de croix, sans discours, tout est dit sur la crise, la dureté du monde du travail. En rupture de glam, la comédienne nous chavire.
"Récit sur les aléas de la solidarité entre petites gens, par le passé valeur prolétarienne fondamentale, "Deux jours, une nuit" stigmatise les temps nouveaux, où l'individualisme prime sur le partage. Sans pour autant tomber dans le pessimisme. La morale du film stigmatise l'effort sur soi nécessaire pour ne pas sombrer dans le désespoir, afin de s'en sortir"5.
Et comme un autre critique de cinéma, C. Narbonne le décrit très finement, ce genre de cinéma vérité n'est pas statique comme une secte politique qui va répétant les mêmes concepts depuis trois décennies, la trajectoire créative des deux cinéastes n'a rien à voir avec la mode des films "no future", trash et gore qu'affectionne Hollywood ou le petit monde des arrivistes bobos du cinoche français qui se complait dans la description de marginaux paumés:

"Il y a quinze ans, les frères Dardenne faisaient de Rosetta, cette affranchie mal peignée et mal embouchée, le symbole du « peuple de la démerde » prêt à tout pour s’en sortir, quitte à abandonner en route un bout de son âme. Rosetta, c’était le monstre honteux enfanté par les années fric, le dommage collatéral du capitalisme sauvage, dont il reprenait à son compte le cynisme et l’aveuglement jusqu’au-boutiste. Depuis, au « tout est permis » et au « chacun pour soi » a succédé le « bien-vivre ensemble ». La crise a refroidi les ardeurs les plus ancrées et a transformé le peuple de la démerde en masse solidaire et droite. Gravement dépressive, Sandra passe ainsi toute la durée du film à se redresser dignement dans l’adversité quand la volontaire Rosetta se tassait de plus en plus sous le poids de sa culpabilité. Dans la filmographie des Dardenne, riche en drames sociaux « no future », Deux Jours, une nuit marque un tournant dialectique assez net. Fidèles à leurs idéaux, les frères belges ont compris que l’époque était au dialogue âpre mais concerté et non plus au repli sur soi suicidaire ou à la fuite en avant. Cela se traduit par une narration moins directe, un rythme moins soutenu et une mise en scène moins punchy qui pourront déconcerter de prime abord. Comme tous les films de rupture, Deux Jours, une nuit, porté par l’interprétation retenue de Marion Cotillard, est une belle promesse de renouvellement" (cf. Première).

SE BATTRE POUR RETROUVER UNE VIE SOCIALE

Le cinéma des frères Dardenne est le produit d'une école de l'épure au cinéma, qui a survécue aux diverses modes des cinémas dits d'avant-garde, une école que je dirai classique, et qui survit à toutes les modes parce qu'elle est le résultat d'un travail d'orfèvre en effet comparable à celui des grands maîtres de la peinture flamande, le néoréalisme italien de Rossellini, mais aussi les rigoureux et exigeants Bresson et Pialat, et on peut ajouter Cassavetes et Claude Sautet. Je ne vais pas vous analyser ici les plans-séquence du film ni les interprétations snobs des critiques de cinéma, mais l'impression, tout à fait subjective, que peux faire et que m'a fait ce film.
Il met tout de suite mal à l'aise, et c'est pourquoi il n'est pas un film de distraction mais de réflexion6. Il met mal à l'aise pour une raison qui a échappé à tous les critiques et aux gandins en tenue de soirée du festival de Cannes. Il est d'abord hors de la réalité. Les réalisateurs expliquent dans le supplément s'être inspirés de faits divers quotidiens dans la presse où dans plein de petites boites les ouvriers sont soumis au chantage à la baisse des salaires ou aux journées chômées pour maintenir la pérennité de l'entreprise ou le "destin commun patron et ouvriers" comme le chanta notre jeune milliardaire et fringant ministre de l'économie Macron lors de son intronisation par la commission parlementaire au mois d'octobre. Premier défaut de casting à mon sens, la première victime de la liste "destruction d'emploi" ne se défend jamais elle-même dans la réalité sociale. Mais c'est un truc des Dardenne que la plupart n'ont pas vu; d'ailleurs, clin d'oeil à la réalité, vite oublié, c'est Juliette la collègue de Sandra (= Marion Cotillard magnifique!) qui l'attrape par la manche pour aller exiger un deuxième vote auprès du patron. En réalité on ne se défend pas lorsqu'on est condamné, on accuse le coup, on pleure, on tombe malade, on se suicide; et à toutes les époques. Et surtout: ON EST SEUL (nombre d'anciens militants m'ont témoigné de leur dégoût de l'absence de solidarité dans la secte CCI, et je n'en ai ressenti aucune non plus soit quand je me suis fait casser la gueule par les staliniens, tout comme lorsque j'ai été inquiété à mon boulot). Même avec des soutiens réels de proches, on reste seul face à sa déchéance sociale. Il n'y a ni parti ni syndicat pour vous soutenir. Cela les cinéastes belges le démontrent à fond la caisse. Rien ne peut extraire Sandra de la solitude de l'humiliation, de la remise en cause professionnelle et donc sociétale, ni son mari attentif et consolant ni ses rares collègues fusionnelles. Le truc des Dardenne qui met immédiatement mal à l'aise c'est cette ficelle de départ où la personne licenciée doit s'abaisser à se défendre face à l'égoïsme de la majorité des collègues. Mais cela a toujours été comme cela de tout temps dans la classe ouvrière; il faut être un pur sectaire pour l'ignorer et chanter les inénarrables couplets vides à la "lutte ensemble et solidaire"! Le spectateur – celui en smoking de Cannes comme le cariste d'Aubervilliers – est choqué de l'absence de solidarité... apparente, et du fait que la victime prolétarienne sans prolétariat massif est obligée de se "démerder". Ce n'est pas la réalité en pays développé toutefois depuis des décennies. Tout de suite vous pouvez avoir recours aux Prud'hommes, un syndicaliste quelconque accourt aussitôt telle une assistante sociale oecuménique, et il y a toujours un ou deux collègues pour protester ou vous plaindre. Mais chez les Dardenne le parti-pris de l'épure l'emporte: ils se sont débarrassés de tous ces missi dominici de l'assistanat social – pas de syndicaliste, pas de grève pour l'honneur, pas d'appel au brûlage de pneu devant la résidence secondaire du patron – pour livrer le "vécu". Oui le vécu individuel pas individualiste, personnellement meurtri pas le bisounours symbole des "intérêts communs" et bientôt sanctifié. En se débarrassant justement de toute la propagande misérabiliste qui entoure les régulières "destructions d'emploi", plus souvent au compte-goutte que "collective", ce qui évite l'explosivité mais favorise la destructivité, les cinéastes dévoilent et nous font vivre la souffrance individuelle qui est incoercible. Il n'y a pas de morale selon laquelle on serait impuissant selon l'interprétation des critiques bourgeois et de Sandra CCI, mais un constat qui fait mal, et ce constat n'est pas l'individualisme mais la SOLITUDE, solitude qui est aussi celle de ceux qui ont accepté la prime quitte à ce qu'elle ait pour conséquence le licenciement de leur collègue. La dénonciation de l'individualisme contemporain est le gimmick du libéralisme et de toutes les sectes révolutionnaires modernes, et la fixation sur cette notion finit par ne plus rien expliquer du tout. Sandra made in CCI dénonce une recherche de la solidarité d'individu à individu, donc chant à la gloire de l'individualisme! Quelle bêtise! C'est pourtant typique d'une secte qui a toujours comporté pour l'essentiel des petits profs et divers fonctionnaires des secteurs protégés, et qui oublie que le scénario se déroule dans une ...PME, endroit encore féodal pour les rapports de classe où les prolétaires sont forcément plus terrorisés et individualisés. C'est un autre truc des Dardenne, qui permet de dépouiller leur film coup de poing de tout bla-bla syndical et autres promesses gauchistes ou ministérielles. Dans la réalité, même dans les grosses entreprises, la défense des licenciés est toujours passée par le porte à porte, seuls des révolutionnaires en peau de lapin qui n'ont jamais fait grève ou jamais secouru un camarade de travail peuvent nier cette réalité. Ce qui apparaît en filigrane chez les malins frères Dardenne, et que Sandra CCI ne voit pas, les collègues ont fini par se téléphoner entre eux, la solidarité est en marche indépendamment du porte à porte désespérant de Sandra, la formidable Marion Cotillard qui marche épaules voûtées, le pas lourd, les hanches épaisses, le chignon rapide, pas sexy, au bord de l'asphyxie et qui campe si bien ces millions d'ouvrières harassées comme elle avait incarné magnifiquement Piaf. Les autres acteurs sont eux aussi géniaux de vérité; chaque ouvrier convié à se prononcer me fait penser à tel ou tel ancien collègue, au caractère de l'un ou à l'emportement de l'autre. Moi-même, ouvrier plus de trente ans dans une grande entreprise nationalisée j'ai pratiqué le porte à porte plus d'une fois pour sauver tel collègues de "la porte". Le porte à porte ne signifie pas chant de l'individualisme, d'autant qu'à l'époque les autres du CCI étaient plutôt fier de mon action et de mon dévouement, mais tout simplement souvent "d'informer": "tiens me dirent certains, on n'était pas au courant, les syndicats n'ont rien dit", ou "désolé j'étais en vacances... mais oui on va tous poser le sac", etc. Fabriquer une banderole, planifier une massif, haranguer au mégaphone, je savais faire. Mais la victime elle restait toujours prostrée, voire gênée qu'on "prenne des risques pour elle". C'est cela que donne à voir la "synthèse Dardenne". Evidemment ils ne prônent pas le "grand soir", ficelle usée non pas tant que la nécessité de la transformation violente de la société bourgeoise ne soit plus une nécessité, mais cela ne peut avoir lieu à coup de coups de clairon sémantique ni par harcèlement vocal. Ce n'est pas non plus leur rôle en tant que cinéastes qui n'y connaissent rien en projet communiste ou anarchiste de révolution, et qui, si leur discours était dangereux trouveraient vite le chemin du pôle emploi belge. Ce cinéma, qui possède l'imprimatur officielle, n'est pas subversif et ne peut pas l'être, et on s'en fout. Il nous intéresse parce qu'il donne à voir l'humiliation et la destruction de l'individu même jeté hors d'un travail idiot, parce que ce travail idiot permet de bouffer et d'élever les gosses. Le talent des cinéastes tout en montrant bien cette réalité ne nous pousse pas à pleurnicher, en fixant toujours la caméra sur la principale victime, si seule malgré l'amour que famille et amis lui prodiguent. Finalement ils sont aussi subversifs que les hommes de théâtre du dix-septième siècle, comme La Fontaine, qui parvenaient à moquer les puissants sous des oeuvres apparemment anodines.

MALGRE LA DECHEANCE DU SYNDICALISME LA SOLIDARITE PEUT RENAITRE

Lorsqu'on survole l'histoire du mouvement ouvrier on ne peut être que fier de la place longtemps occupée par le syndicalisme, malgré ses divisions, ses échecs, pour sa participation à la constitution d'une conscience de classe universelle, pour son rôle de ciment dans la compréhension de la nécessité de l'unité de classe, de la communauté d'intérêt, mais le syndicalisme a toujours été un cheval fou sans tête et sans réelle perspective de changement de société. Le livre de Davranche, dont je ne cesserai de faire la publicité – Trop jeunes pour mourir 7- le démontre amplement.

LE FILM REFLETE BIEN L'INANITE DU SYNDICALISME

L'échéance du film choque Sandra CCI non seulement parce qu'elle ne parle pas des clés (marxistes) de l'avenir de l'humanité mais parce que notre belle Sandra "s'adapte" en se barrant finalement de cette boite de merde pour aller chercher un job ailleurs. Mais nous on s'en fout pour l'heure des clefs de l'humanité et on est plutôt content qu'elle se barre parce qu'on sait qu'elle peut sauver le CDD de son pote noir qui a pris le risque de la solidarité et qui était l'objet du deuxième deal pourri du patron. Là aussi, contrairement à cette conne de Sandra bis "pure" et sans crédit, les cinéastes ne prétendent pas parler au nom de toute la classe ouvrière mais creuser la difficile notion de solidarité actuelle. Leur génie est justement de montrer, chez Sandra et chez ses collègues, qu'elle reste et est bien présente même dans les plus petites cellules du prolétariat moderne, contrairement aux sectes prétendues marxistes et "gauche communiste traditionnelle" qui sont restées toujours extérieures à la classe ouvrière et celle-ci indifférente à leurs jérémiades ou radotages. Sur le fond, et le supplément au DVD le montre bien, dans la plupart des TPE et PME les ouvriers sont obligés de courber l'échine. C'est la réalité des rapports sociaux depuis l'origine de l'industrie capitaliste. Seule les fortes concentrations ouvrières ont pu institutionnaliser un rapport de force, mais le schéma féodal patron/ouvrier individuel, qui est passé par le schéma patron/ouvrier+ syndicat, est retombé dans un autre rapport féodal : patron+syndicat/ouvrier.

De même que les clichés bourgeois traditionnels "ils sont morts pour que tu es le droit de vote et la possibilité de t'acheter un écran plasma" ne m'ont jamais impressionné, de même le martyre des syndicalistes tentant carrière dans les PME ne m'a jamais angoissé ni enclin à croire que le syndicalisme allait renaître de ses cendres8. Le syndicalisme n'a jamais été révolutionnaire ni en petit ni au faîte de sa reconnaissance officielle par l'Etat bourgeois. Au plus loin que je puisse remonter aucune grève syndicale ne débouche sur une révolution, désolé camarade Lénine! Ce sont les grèves politiques qui ont généralement déstabilisé l'Etat bourgeois. L'exécution de Francisco Ferrer en 1909 en Espagne a suscité le mouvement de protestation prolétarienne le plus important depuis la Commune de Paris en termes de grèves, manifestations et émeutes. De même l'affaire Sacco et Vanzetti, beaucoup moins hélas la condamnation injuste du secrétaire anarchiste du syndicats des charbonniers Jules Durand, plus détruit et ignoré que le capitaine Dreyfus. Mai 68 est provoqué par la répression contre les étudiants pas pour une hausse des salaires.
Ce n'est ni la misère ni la dépression personnelle qui entrainent les révolutions sinon on s'en serait aperçu. Les navets simplistes du proletkult bolchevik, s'ils gardent un aspect romantique et décalé, n'en comportent pas moins une vérité, c'est contre la guerre, contre l'injustice suprême que la révolution éclate9, c'est pour contrer un moment politique d'appel au meurtre national par la bourgeoisie que le prolétariat s'est toujours réellement insurgé... les armes à la main. Pas pour que les élites patronales et syndicales ouvrent les négos entre eux et palabrent à la télévision sur l'absence de solidarité des ouvriers, la chute de l'encartage syndical ou le scandaleux vote pour Marine à la peine.

LE CINEMA DE CREATION POUR LUTTER CONTRE LE CINEMA RELIGIEUX

Je conclus sur ces superbes extraits des écrits de Trotsky sur le cinéma - à la fois archaïques, dépassés mais aussi en partie très actuels - qui explique que celui-ci peut devenir un excellent moyen de lutte contre la religion, toutes les religions y compris l'islam qui n'occupait pas autant l'écran du monde à son époque et qui a su récupérer en partie le cinéma ou tout au moins les vidéos avec égorgement, appât alléchant comme justification et vengeance pour les petits paumés maghrébo-français dans leur haine de la société actuelle dont ils ignorent les causes capitalistes et toute alternative humaine communiste.


« Le désir de se distraire, de se divertir, de s’amuser et de rire est un désir légitime de la nature humaine... Actuellement, dans ce domaine, le cinématographe représente un instrument qui surpasse de loin tous les autres. Cette étonnante invention a pénétré la vie de l’humanité avec une rapidité encore jamais vue dans le passé. »

« C’est un instrument qui s’offre à nous, le meilleur instrument de propagande, quelle qu’elle soit - technique, culturelle, antialcoolique, sanitaire, politique ; il permet une propagande accessible à tous, attirante, une propagande qui frappe l’imagination ; et de plus, c’est une source possible de revenus. »

« Le cinématographe rivalise avec le bistrot, mais aussi avec l’Eglise. Et cette concurrence peut devenir fatale à l’Eglise si nous complétons la séparation de l’Eglise et de l’Etat socialiste par une union de l’Etat socialiste avec le cinématographe. »

« On ne va pas du tout à l’église par esprit religieux, mais parce qu’il y fait clair, que c’est beau, qu’il y a du monde, qu’on y chante bien ; l’Eglise attire par toute une série d’appâts socio-esthétiques que n’offrent ni l’usine, ni la famille, ni la rue. La foi n’existe pas ou presque pas. En tout cas, il n’existe aucun respect de la hiérarchie ecclésiastique, aucune confiance dans la force magique du rite. On n’a pas non plus la volonté de briser avec tout cela. »

« Le divertissement, la distraction jouent un énorme rôle dans les rites de l’Eglise. L’Eglise agit par des procédés théâtraux sur la vue, sur l’ouïe et sur l’odorat (l’encens !), et à travers eux - elle agit sur l’imagination. Chez l’homme, le besoin de spectacle, voir et entendre quelque chose d’inhabituel, de coloré, quelque chose qui sorte de la grisaille quotidienne -, est très grand, il est indéracinable, il le poursuit de l’enfance à la vieillesse. »

« Le cinématographe n’a pas besoin d’une hiérarchie diversifiée, ni de brocart, etc. ; il lui suffit d’un drap blanc pour faire naître une théâtralité beaucoup plus prenante que celle de l’église. A l’église on ne montre qu’un "acte", toujours le même d’ailleurs, tandis que le cinématographe montrera que dans le voisinage ou de l’autre côté de la rue, le même jour et à la même heure, se déroulent à la fois la Pâque païenne, juive et chrétienne. »

 Le cinématographe divertit, éduque, frappe l’imagination par l’image, et ôte l’envie d’entrer à l’église. Le cinématographe est un rival dangereux non seulement du bistrot, mais aussi de l’Eglise. Tel est l’instrument que nous devons maîtriser coûte que coûte!"



 
1Ses premiers initiateurs, avant le grand raout idéologique culturel stalinien, le "Cinéma du peuple" des années 1910 en France échoua parce que basé sur l'idiotie de la théorie d'une possible "culture prolétarienne", comme si la description du monde du travail ou son héroïsation cinématographique pouvait distraire les prolétaires voire les catéchiser pour les pousser plus vite à faire la révolution (lire les bonnes pages sur le début de ce cinéma dans la somme de Guillaume Davranche: "Trop jeunes pour mourir" (la véritable histoire du mouvement ouvrier à la veille de 1914) ed l'insomniaque (oct 2014). Le simplisme idéologique du cinéma bolchevik n'a lui pas effacé ses inventions esthétiques.
2Les chercheurs ou historiens qui voudront bien éventuellement retrouver les auteurs des articles culturels seront étonnés de retrouver surtout un certain Pierre Hempel, et ses divers autre pseudos: Rigault, Damien, PH, JLR, etc. Sans doute diront certains une vieille déviation gramsciste de "l'individualiste" JLR!
3Sur Face Book, surprise récente de taille, le reniement du crypto léninisme version anar radical du GCI, micro secte belge, plus ou moins issue du CCI, qui jusque là menaçait le monde entier de la prise du pouvoir par le parti et surtout du recours à la puissance historique de la "terreur rouge" appuyée par des analyses marxisantes chiadées de la crise économique finale bientôt décisive dans la mesure où la classe d'en soi allait devenir pour soi!
4"Des qualités artistiques au service d'une thèse démoralisatrice".
5La secte reprend cette même citation de journaliste critique de cinéma, sans la comprendre, en l'assimilant à un présumé chant à la gloire de l'individualisme, or la citation et sa dernière phrase dit tout le contraire!
6Comme d'autres films, moins élaborés techniquement, peuvent être des films de prises de conscience ou de confirmation de l'injustice. Le film consacré à l'affaire d'Outreau – Présumé coupable – avec l'excellent Philippe Torreton, devrait être projeté dans tous les lycées parce qu'il permet de visualiser les conditions terribles et destructrices de la vie en prison. Il y a des films coups de poing et c'est très bien.
7Malgré une conclusion moche, bêtement anar qui prétend que Zimmerwald ne fût que de la petite bière comparée aux actions d'une poignée d'anarchos syndicalistes français, sans nous démontrer en quoi quelques zigotos ont été "les forces pour résister à la guerre"!(cf. Epilogue p.517). Dans la même eau de dissolution de la véritable force politique qui a stoppé la guerre mondiale (le bolchevisme) les amis et impétrants de Spartacus psalmodient le conte du "pacifisme radical" (cf. Le brouet de Chuzeville, "Militants contre la guerre de 14-18).
8La CGT a ému récemment les journalistes en leur dénonçant un système d'espionnage des syndicalistes de maisons de retraite par des comédiens professionnels. Outre l'aspect comique bien que sinistre de ces méthodes féodao-patronales, on pourrait évoquer aussi l'espionnage à Ikea ou les multiples licenciements d'apprentis créateurs de sections syndicales en PME. Tout cela ne nous arrache pas une larme! Petit arriviste, petit conseiller ouvrier veut toujours devenir grand et finit soit patron soit bras droit du patron. De LIP à Longwy, la plupart des délégués syndicaux ont tiré leur épingle du jeu mieux que la plupart des ouvriers licenciés. Lors de la Réunion publique du CCI à Longwy dont j'ai été à l'origine, où nous n'avions vu arriver qu'une escouade de militants CFDT, j'avais été rabroué par un petit chef du CCI (Peter) pour avoir déclaré que je ne voyais aucune raison de se solidariser avec ces traîtres au prolétariat que sont les délégués des syndicats, et j'avais raison déjà avant la fin des festivités giscardiennes. Les "purs" font semblant d'ignorer qu'il y a toujours de fieffés salopards parmi les ouvriers, qu'il y a toujours eu des mouchards et même des mouchards syndicalistes, et que le syndicalisme moderne est devenu le principal mouchard de l'Etat bourgeois!
9A cet égard le livre de Davranche est àa partir d'aujourd'hui le plus instructif sur les raisons de la trahison des chefs syndicaux, ce n'était pas parce qu'ils étaient méchants ou corrompus. En passant au peigne fin les dix journées qui ont précédées le tragique 4 août, on s'aperçoit de l'importance du chantage étatique, des menaces terribles de mort et d'emprisonnement et des manoeuvres d'intoxication dilatoires (chapitre de fin). Et nous confortables débatteurs d'idées, libresde toute provocation verbale derrière un aimable clavier dans un monde internétisé poubelle de tous les mécontentements et récriminations personnelles, où chacun peut dire à peu près n'importe quoi (sauf chez les arriérés musulmaniaques), on ne sait toujours pas en général que le moindre mot de travers valait des mois ou des années d'emprisonnement aux divers lutteurs du prolétariat majoritairement anarchistes prolétariens puis plus tard à consonance marxiste.

mardi 23 décembre 2014

KARL ET ARTHUR


(extraits de "Rimbaud, la Commune de Paris et l'invention de l'histoire spatiale1, ed les prairies ordinaires, diffusion Les Belles Lettres 2013)
 de Kristin Ross


... JE EST UN AUTRE

Les activités et le quotidien de Gustave Courbet pendant la Commune sont bien connus. Membre de la Commune, délégué à la mairie, membre de la commission de l'éducation, président de la Fédération des artistes, il est, selon ses propres dires, "dans les affaires politiques jusqu'au cou": "je me lève, je déjeune, je siège et préside douze heures par jour. Je commence à avoir la tête comme une pomme cuite. Malgré ce tourment de tête et de compréhension auquel je n'étais pas habitué, je suis dans l'enchantement. Paris est un vrai paradis".
On connait loins, en revanche, les activités du cordonnier Napoléon Gaillard. Dans les mois qui suivent la Commune, pas moins de la moitié des cordonniers de Paris manquent à l'appel – massacrés, arrêtés, en exil. "La cordonnerie est le dernier des métiers. Si l'on trouve des cordonniers au premier rang un peu partout là où les ouvriers ne devraient pas être, c'est qu'ils sont les plus nombreux, les moins occupés et les moins abusés sur la gloire de l'artisan". Gaillard est un cordonnier renommé, membre de l'Internationale, auteur d'un traité sur le pied, orateur emprisonné en 1869 pour avoir pris la parole dans des assemblées publiques, figure flamboyante et buveur invétéré – un "sublime" selon les catégories diagnostiques de Poulot. Agé de cinquante-six ans en 1871, il dirige la construction des barricades pendant la Commune. Mais il y a peut-être plus significatif que son activité de cordonnier, et que le fait qu'il ait arrêté de fabriquer des bottes pendant la Commune pour construire des barricades: son insistance à se faire photographier devant la barricade qu'il a érigée (...) Gaillard ne choisit pas de revendiquer haut et fier son statut de travailleur. Au lieu de cela, il transgresse une barrière, peut-être la plus inflexible et la plus ancienne de toutes, celle qui sépare les hommes qui accomplissent un travail utile de ceux qui méditent sur l'esthétique. En s'affirmant "l'auteur" de son travail, Gaillard lance une attaque contre le bon travailleur, contre l'identité même de "l'être-ouvrier" tel qu'on le concevait – attaque dont on peut trouver le pendant dans la résistance de Rimbaud à l'identité de "bon parnassien" qu'il prêtait, non sans reproche et espièglerie, à Verlaine. Ces deux manières de fuir le particularisme du métier se combinent dans une même image dialectique. Et c'est de ce geste – qui va dans le même sens que la critique au XIXe siècle, de la spécialisation et de la division du travail – que j'ai essayé de retrouver la trace chez Reclus, Lafargue, et les autres figures qui gravitent autour de la Commune. Mon étude est partie de Rimbaud et de la manière dont il cherchait à fuir "l'être poète", fuite qui prit forme, non pas avec son célèbre silence, son départ pour l'Afrique, mais en 1870, année où il écrivit son premier poème. Rimbaud abandonna la littérature avant même d'y parvenir.
"Maîtres et ouvriers, écrit-il dans 'Mauvais sang', tous paysans, ignobles". Et "J'ai horreur de tous les métiers". Le Communard anarchiste Elisée Reclus, dont l'invention, la géographie sociale, dut s'effacer pour que s'institutionnalise la géographie universitaire se fait sans le savoir l'écho de 'Mauvais Sang':
"Celui qui commande se déprave, celui qui obéit se rapetisse. Des deux côtés, comme tyran et comme esclave, comme préposé ou comme subordonné, l'homme s'amoindrit. La morale qui naît de la conception actuelle de l'Etat, de la hiérarchie sociale, est forcément corrompue. "La crainte de dieu est le commencement de la sagesse", nous ont enseigné les religions, elle est le commencement de toute servitude et de toute dépravation, nous dit l'histoire".

Reclus comme beaucoup d'autres de sa génération, était un faiseur de slogans, et l'on pourrait dire que Paul Lafargue, qualifié par son beau-père, Karl Marx, dans une lettre à Engels datée de 1882, de "dernier bakouninien", a développé l'un de ces slogans, "Travaillons à nous rendre inutile", dans 'Le droit à la paresse'. Lafargue écrit son manifeste huit ans après la Commune, au moment où la gauche cherche à promouvoir l'image du Communard bon travailleur et travailleur modèle, en réponse aux calomnies de la droite2, qui dépeignaient les Communards comme une horde de prostituées, d'ivrognes et de vagabonds mettant Paris à feu et à sang. Dans les hagiographies de gauche (resic) de cette période et des années suivantes, le Communard apparaît en bon père de famille qui ne bat jamais sa femme ni ne touche à l'eau-de-vie. Il n'a qu'un désir: se consacrer quinze heures par jour à son métier. C'est donc au moment où le travail est porté au pinacle par la gauche comme par la droite que Lafargue se fait le défenseur de la paresse.
La menace que représentent Lafargue, Reclus, et Rimbaud, tous exilés ou figures du déplacement, réside dans la nature "bâtarde" de leur pensée. Reclus affirme que sa géographie, écrite principalement après la Commune, durant son exil en Suisse, n'est rien d'autre que de "l'histoire dans l'espace". La poésie de Rimbaud mélange l'utile et le somptueux, l'artistique et l'artisanal, les métaux précieux et la camelote. Et dans 'Le Droit à la paresse', Lafargue laisse entendre que la pratique révolutionnaire, l'attaque contre l'ordre existant, ne vient pas d'une classe ouvrière pure et vertueuse, parvenue à sa pleine maturité, mais d'une contestation des frontières 'entre' le travail et le loisir, le producteur et le consommateur, l'ouvrier et le bourgeois, le manuel et l'intellectuel.
"Quel siècle à mains!" s'écrie Rimbaud. "Je n'aurai jamais ma main". Etre émancipé, dans le droit civil romain, signifie être libéré de l'autorité; du latin mancipare , saisir avec la main (manus). Dans les années 1970, Rancière pose que l'émancipation prend pour point de départ, non la solidarité ou la communauté ouvrière, mais plutôt leur atomisation dans la société capitaliste: la sérialité aliénée des travailleurs contraints de se faire concurrence pour le travail. Il montre que l'utilité qui donne au travailleur une place dans la ville est précisément ce qui l'empêche de faire autre chose – d'être citoyen, par exemple: "Mais le travail n'est pas, par lui-même, un principe de liberté ou d'égalité. Et la défense de ses intérêts peut être la politique d'un "nouvel esclavage".
(...) "Je ne suis pas contre l'asocial", dit Bertolt Brecht dans une conversation avec Walter Benjamin, "je suis contre le non-social" (...) Rimbaud, indiférent aux normes conventionnelles du comportement – qu'elles soient morales, sexuelles, nationales, artistiques, ou lexicales – est asocial. Et rien n'est plus social que l'asociabilité de Rimbaud. (...) Les oeuvres ultérieures de Rimbaud mettent en scène la dialectique de la ville et du désert (ou de la ville et de la mer dans Le bateau ivre ) - la foule et une solitude absolue, vertigineuse, non humaine, ou plus qu'humaine: le beateau ivre comme atome incandescent. Ces textes révèlent un penseur pour qui l'émancipation est la préoccupation prioritaire.

MARX ET LA COMMUNE

"Les inventions d'inconnu, écrit Rimbaud en mai 1871, réclament des formes nouvelles". Au cours de l'été de cette année, il compose une "constitution communiste" (aujourd'hui perdue) s'inspirant de la forme et de l'organisation de la Commune (...) Pour Marx aussi, l'abolition du gouvernement représentatif (parlementaire) mise en oeuvre sous la Commune était totalement imprévue, elle constituait une véritable "invention de l'inconnu". Les écrits de Marx sur la Commune ouvrent sans doute une "troisième phase" de sa pensée, différente de sa phase dite "scientifique" et mature, où il revient sur certains thèmes de ses écrits "immatures" des années 1840. En 1871, face au caractère inattendu de la Commune, Marx met l'accent sur ce qu'il tient pour la grande découverte des Communards: celle de "la forme politique (...) qui permettrait de réaliser l'émancipation économique du travail". En d'autres termes, l'émancipation économique du travail présuppose des formes politiques elles-mêmes émancipatrices.
(...) Les Communards se définissaient résolument comme des Parisiens, et leur premier souci était moins de s'approprier les moyens de production que d'éviter l'expulsion (...) la violence communarde visait moins le capitaliste industriel que les figures emblématiques chargées du aintien des classifications sociales et du contrôle de la vie quotidienne: le curé, le gendarme et le concierge.
(...) Déjà en 1843, dans sa Critique de la Philosophie du droit de Hegel, Marx avait affirmé que, dans une vraie démocratie, l'Etat politique disparaîtrait. (...) Si la séparation entre l'Etat et la société civile n'existe pas, alors la politique n'est qu'une branche parmi d'autres de la production sociale. Il faut entendre par émancipation politique, l'émancipation de la politique comme activité spécialisée. Marx conclut sa critique de Hegel par la suppression de la politique et la disparition de l'Etat.


1Ayant toujours suivi de près l'ensemble des travaux de Kristin Ross, j'ai été très déçue de la voir se livrer sur une chaîne espagnole à une apologie du triste sire B. Kouchner présenté comme un héros de 68, un beau mec (!?); en réalité cet ex-petit chef maoïste a bouffé à tous les rateliers, conseiller
gauchiste occulte de Mitterrand puis laquais de Sarkozy. Kristin Ross fait partie de ces universitaires qui ont pompé leur radicalité de chaire au maximalisme. Elle cite à plusieurs reprises mon premier livre sur 68, dans l'ouvrage qui l'a rendue célèbre "Mai 68 et ses suites", parce qu'elle a simplement repris notre thèse (prolétaro-marxiste) que 68 ce n'est ni les hippies, ni les féministes bourgeoises, ni le médaillé Cohn-Bendit, mais les masses, les mêmes "inconnus" qu'en 1871!
2C'est typiquement dans la manière simpliste et a-historique que l'école américaine plaque les notions de gauche et de droite sur la qualification des classes sociales et de leur camp d'appartenance; ce qui se nommait alors mouvement ouvrier (anarchiste et marxiste) face à la classe dominante des bourgeois et des curés n'avait rien à voir avec les notions de gauche et de droite... bourgeoises ensemble de nos jours, élites corrompues et hâbleuses jusqu'à la moelle!

samedi 20 décembre 2014

REVELATIONS ULTRA-SECRETES SUR LA GUERRE MONDIALE EN COURS


Comme je le plains ce pauvre "spectator", "téléspectator", que l'on suppose incapable de réfléchir par lui-même, d'assembler et synthétiser les pièces du puzzle qu'on lui débite quotidiennement aux "infaux"!
Avant-hier on assassina près de 150 élèves d'un lycée pakistanais, quelques jours avant un "loup solitaire" avait abattu plusieurs personnes à Sydney en Australie, la bande terroriste Boko Haram avait kidnappé une centaine de jeunes filles, avant de récidiver ultérieurement en en raflant 185 autres à la barbe de l'armée nigériane1. On avait déjà oublié les milliers, y inclus femmes et enfants, massacrés à l'été en Palestine.
Donc hier, toute référence au massacre des lycéens pakistanais avait disparu pour laisser place à cette magnifique entrée dans l'histoire d'un président noir qui blanchissait le régime stalinien castriste en lui ouvrant les bras chargés de futurs contrats commerciaux dignes du Père Léon; on apprit que le sympathique Pape François, futur éventuel prix Nobel, avait joué les missi dominici. Toute la chrétienté journalistique en rayonnait et faisait claquer les claviers des rédactions fugaces.

Pourtant, récurrente la menace "islamiste" revient occuper la une des médias avec son lot d'égorgements, tous les pays sont touchés – on se croirait parfois dans les années 1930 avec le fantôme de la "5ème colonne" fasciste – par un attentat de groupe ou/et de "loup solitaire. Le déroulement des crimes djihadistes remplit les pages de google news, les news c'est toujours du sang. On dirait que c'est programmé (mais rassurez-vous je ne suis pas un adepte de la croyance au complot systématique. Prenons l'Australie:

Le 18 septembre en Australie, annonce médiatique: "Décapiter des civils", c'est ce que projetaient, entre autres, les 15 djihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui ont été arrêtés, jeudi 18 septembre, par la police australienne dans un raid sans précédent. Pas moins de 800 policiers ont participé au coup de filet antiterroriste, mené à l'aube dans des banlieues de Sydney et Brisbane, dans les Etats du Queensland et de Nouvelle-Galles du Sud (sud-est), avec l'objectif d'interpeller 25 membres présumés d'un même réseau. Cette opération, la plus grande de ce type jamais organisée en Australie, survient une semaine à peine après que Canberra a relevé son niveau d'alerte face à la menace terroriste, représentée par les combattants australiens de l'EI de retour du Moyen-Orient. Parmi les personnes arrêtées, un suspect de 22 ans, Omarjan Azari, a été placé en détention provisoire, pour avoir planifié un acte terroriste destiné "à choquer, horrifier et terrifier", selon le parquet. D'après l'accusation, il en avait reçu l'ordre de l'Australien (sic) le plus haut placé au sein de l'EI, Mohammad Baryalei, né en Afghanistan. Il s'agissait de sélectionner des gens au hasard, et de les exécuter de manière horrible, tout en filmant ces actes, selon un scénario impliquant un degré inhabituel de fanatisme", a déclaré le procureur Michael Allnutt. Selon la télévision publique ABC, les images devaient être envoyées à l'unité médias du groupe EI au Moyen-Orient, avant d'être rendues publiques. Outre la récente décapitation de trois otages occidentaux par des djihadistes de l'EI, le mode opératoire envisagé rappelle le meurtre à l'arme blanche du soldat britannique Lee Rigby, attaqué le 22 mai 2013 en plein jour, dans une rue du sud de Londres. Deux Londoniens d'origine nigériane l'avaient renversé, lardé de coups de couteau, et pratiquement décapité sous les yeux de nombreux passants. Une soixantaine d'Australiens combattent dans les rangs djihadistes en Irak et en Syrie, et une centaine fournissent, d'Australie, un soutien actif aux mouvements sunnites radicaux, selon les services de sécurité du pays.
Pour le ministre de l'Immigration, Scott Morrison, qui siège au conseil national de sécurité, l'opération de jeudi 18 septembre est la preuve de "la menace très réelle" à laquelle l'Australie est confrontée, et "justifie la réponse musclée du gouvernement". L'Australie est fortement engagée aux côtés des Américains dans la lutte contre les combattants islamistes, avec la livraison de matériel militaire, d'armes, de munitions, ainsi que d'aide humanitaire par l'aviation. Canberra va déployer 600 militaires (dont 400 personnels de l'armée de l'Air) aux Emirats arabes unis (EAU).
Le 17 décembre (soit 3 mois plus tard) concrétisation de la "menace": Le preneur d'otages a été identifié comme étant Man Haron Monis. Ce réfugié iranien s'était lui-même intronisé « cheikh ». Âgé de 50 ans, il était arrivé en 1996 en Australie grâce au statut de réfugié, vivait dans la banlieue de Sydney et était un « islamiste radical », précise le quotidien The Australian. L'homme était connu de la justice et devait répondre de multiples charges pour agression sexuelle. Il a également été condamné en 2012 pour avoir envoyé des lettres d'injures ou de menaces aux familles de huit soldats australiens tués en Afghanistan, afin de protester contre l'engagement de Canberra dans le conflit.
Des motivations floues. Pendant la prise d'otages, Man Haron Monis a fait déployer un drapeau noir portant la profession de foi de l'islam écrite en arabe. Mais, selon Reuters, l'homme n'était affilié à aucune organisation terroriste connue. La police évoque un acte isolé. Son ancien avocat, Manny Conditsis, a exclu qu'il ait pu s'agir d'un acte concerté, organisé. "C'est un individu dérangé qui a commis un acte terrifiant", a-t-il dit à la chaîne de télévision ABC. Le premier ministre australien, Tony Abbott, avait expliqué que le preneur d'otages souffrait d'instabilité mentale. "Il a cherché à parer ses actes des symboles du culte morbide de l'EI", précise-t-il.
Puis on assistera au massacre des lycéens pakistanais, programmation très louche toutefois, que la simple chronologie me permettra de décrypter, et qui vous bouleversera sans doute. Un chose est sûre, on assiste depuis plus longtemps que nos sens ne nous ont permis de nous en rendre compte à une internationalisation de la nécessité de "s'engager"; est-ce un hasard si les jeunes recrues djihadistes parodient les brigades internationales de l'Espagne de 1936?
Il est regrettable que le CCI, s'embourbant dans sa théorie de la guerre irrationnelle, ne s'efforce pas de creuser un peu plus en premier lieu sa thèse, toujours très valable, de l'impossibilité d'aller à la guerre généralisée à cause des zones du vieux capitalisme où les prolétaires n'ont pas oublié les deux grands casse-pipe du 20ème siècle. Car, par contre, ce sont partout d'infimes minorités de paumés sous-développés, même pas complètement acquis à la charlatanerie religieuse musulmane, qui "s'engagent" à aller se suicider alors que personne ne le leur demande. La bourgeoisie par contre exploite très perversement ces engagements impulsifs, à la fois en faisant mine de sermonner, mais surtout en laissant infibuler l'idée que c'est un potentiel ("ennemi intérieur"); le pitre Zemmour – qui se la joue anti-système victimaire – participe pleinement de la supercherie en lançant qu'on va vers "la guerre civile avec les arabes de chez nous"! Derrière tous ces fantasmes et imbéciles prédictions (le clochard Houellebecq s'y met aussi pour vendre son caca) il y a une lourde propaganda de déboussolement des prolétaires avec des histoires de rivalités culturelles secondaires, et qui peut mener à la soumission ou impuissance comme l'avaient été l'Affaire Dreyfus et la montée du nazisme, focalisations confusionnistes préparatoires aux deux boucheries suivantes: par la perte des références de classe et la focalisation sur une question juridique ou étatique. Nombre d'ouvrages sont sortis cette année élargissant l'assise de la propaganda lors de ces deux époques, à la veille de 1914 et pendant, les soldats allemands mangeaient nos enfants, quand de l'autre côté les soldats coloniaux français allaient venir violer toutes les allemandes!
Les bobards n'existent pas seulement en temps de guerre. L'essentiel, toujours, à chaque fois, est de susciter la terreur. A cette aune les égorgements "publics", "internétisés", ne sont qu'une amplification des anciens attentats terroristes de la fin du siècle dernier, et guère plus barbares que ce qui se faisaient dans les guerres balkaniques (les soldats turcs arrachaient d'abord les yeux de leurs prisonniers italiens), la milice pétainiste crucifiait les femmes de résistants après leur avoir brûlé les seins, les nazis exécutaient à la hache militants communistes, insurgés, soldats déserteurs et même les partisans du clan féodal qui essaya de zigouiller Hitler2, etc. Les exécutions à la machette au Rwanda, où des femmes, parlant français aussi bien que vous et moi "tuez nous plutôt avec des balles", sont-elles oubliées? Et les saloperies de l'armée US au Vietnam, sans oublier leurs prédécesseurs français en Algérie également? Et Gantanamo? Et en Tchétchénie et en ce moment en Ukraine?
C'est la guerre, barbare, pas irrationnelle. C'est une guerre mondiale rampante qui veut habituer la population prolétaire mondiale à l'horreur, en lui faisant croire qu'un jour il faudra qu'elle contribue à mettre fin à l'horreur, non pas de son point de vue de classe révolutionnaire, pour la fin des guerres de rapine et des frontières, mais parce qu'on l'aura soumise à la croyance que cet ennemi "intérieur" et pour l'heure encore "éloigné" du centre, que c'est cet ennemi qu'il faut abattre surtout s'il est incarné par une grande puissance, dans une grande aire géographique délimitée, nouvelle ère du mal!

LES CRIMES DE GUERRE SONT-ILS IRRATIONNELS?

La guerre a été considérée longtemps, pendant les trente glorieuses, comme obsolète sous-entendant qu’elle est un phénomène dépendant des hommes et donc de leur bon vouloir, des hommes de bonne volonté... Dans le même ordre d'idée les médias, par l'exhibition des crimes horribles commis contre les civils, distillent qu'elle serait devenue irrationnelle. Il est clair que la guerre est encore aujourd'hui un acte rationnellement barbare, profondément inhumain du système capitaliste, qui tire quasi-systématiquement ses racines de la compétition économique mondiale3, des vieilles querelles de préséances frontalières, d'un mélange d'exigences ethnico-bourgeoises et de partage impérialiste .
Selon une analyse qui se veut maxiste actualisé – ou plutôt dscours noyé par l'actualité -, la conquête guerrière telle qu'on la considérait par le passé (du pillage au viol des femmes) ne serait plus un outil pour accumuler de la richesse ou s'emparer d'une part du gâteau ou même réclamer son dû pour les régions ou nations mal loties depuis les grands carnages/partages impérialistes du siècle passé.
L'idée que la guerre moderne serait irrationnelle, défendue par le CCI4, est une concession à l'idéologie bourgeoise qui laisse accroire qu'une 3e guerre mondiale serait désormais impossible, obsolète; cela nous rappelle même trop la qualification du nazisme comme irrationnel par l'antifascisme bourgeois. Devenue irrationnelle la guerre serait ainsi obsolescente! Cette ânerie laisse aussi croire que les hommes seraient devenus rationnels, et pire encore que les hommes en général, en tant qu'humains décideraient ou pas des guerres5. Pour appréhender vraiment la complexité du problème, hors des simplismes de secte, il faut lire d'abord l'article passionnant et profond de Pascal Vennesson: "Renaissante ou obsolète? La guerre aujourd'hui". Revue de science politique 1998, sur le génial site Persée. Au point de vue des razzias économiques la guerre ne peut pas être irrationnelle, et dans l'ensemble – car tout n'est pas toujours explicable rationnellement dans la guerre qui est aussi folie - l'auteur explique qu'il n'y a jamais irrationalité de la guerre dans ses diverses formes. Il va à contre-courant du mensonge dominant selon lequel les démocraties ne se font jamais la guerre (multiples exemples prouvant le contraire), explique que des rationalités différentes peuvent s'opposer. Il souligne surtout ce que les dindons des médias6 sont incapables de comprendre, que dans la guerre avec la souffrance et la violence LES HABITUDES MENTALES SE TRANSFORMENT7: "Les groupes passent rapidement de la civilisation à la barbarie et celle-ci est affublée des masques les plus divers, y compris de la banalité. Les citoyens ordinaires deviennent des tortionnaires avec une déconcertante facilité. Un unique bataillon de la police allemande, regroupant des individus qui ne sont jamais devenus de véritables combattants de toute la guerre, et qui étaient issus de cités ouvrières relativement peu sensibles à l'idéologie nazie (Hambourg), s'est transformé en bras armé de l'Holocauste avec une efficacité redoutable" (cf. Arendt, Milgram, Browning). 8

On ne peut pas comprendre la barbarie belliciste si on oublie trois facteurs:
  • elle est étalée dans des zones sous-développées (montagnes d'Afghanistan, déserts du Nord de l'Afrique); et les jeunes recrues internatio-jihadistes morveux y finissent dans la peur et la merde;
  • les recrues locales terroristes proviennent de la campagne, et le seul job qu'on leur propose est de tenir un fusil et de manier le couteau;
  • même s'il y a eu développement de groupes terroristes "indépendants" et accessoirement de loups solitaires, chaque grande puissance possède ses propres filières qu'elle peut financer d'une façon ou d'une autre, comme le paiement de rançon; quand une grande puissance veut mettre le paquet, l'effet est immédiat (cf. Le calme plat dans les zones contrôlées par l'armée russe).

Comment manipule-t-on des jihadistes ? Qui le fait?

Mais voyons comment les obsédés du complot comprennent (ou déforment) la chose. Thierry Meyssan veut jouer au « lanceur d'alerte » en langue anglaise « whistleblower »9, il fait aussi sa propre intro promotionnelle:

"Alors que la France et le Royaume-Uni découvrent avec horreur que des personnes normales peuvent être subitement transformées en égorgeurs, Thierry Meyssan revient sur ce phénomène qu’il n’a cessé de dénoncer depuis 13 ans : certains jihadistes ne sont ni des takfiristes, ni des mercenaires, mais ont été conditionnés pour devenir des assassins.
"Les dirigeants européens semblent soudain pris d’effroi à la découverte du nombre de jihadiste qu’ils ont produits dans leur propre pays et à la vue des crimes qu’ils commettent. Cependant, au Royaume-Uni et en France, des voix s’élèvent pour comprendre comment des personnes appréciées par leur entourage ont pu, parfois subitement, partir en Syrie ou en Irak et s’y muer en égorgeurs. Ils parlent de « manipulations mentales », sans aller toutefois au bout de leur raisonnement : car si les jihadistes européens actuels ont pu être manipulés, alors certains autres jihadistes, au cours des 13 dernières années l’ont peut-être été également et nous devons réviser toutes nos certitudes sur ce qui a précédé. Avant de revenir sur cette question qui modifie profondément l’appréhension que les Européens ont pu avoir de la « guerre au terrorisme », je voudrais revenir sur l’hypocrisie des leaders européens qui feignent de découvrir aujourd’hui des crimes qu’ils ont longtemps consciemment soutenus et financés.

Le soutien de François Hollande aux décapitations (intertitre subtil de Meyssan)

"On ne peut comprendre l’inefficacité des dirigeants européens face à l’enrôlement de terroristes parmi leurs concitoyens sans s’interroger sur leurs responsabilités personnelles. Les décapitations ne sont pas un phénomène nouveau. Elles sont au contraire une pratique qui a débuté occasionnellement en Irak, en 2003, durant l’occupation états-unienne, et s’est répandue à l’occasion des guerres contre la Jamahiriya arabe libyenne et contre la République arabe syrienne.
Le « Printemps arabe » libyen a débuté par une manifestation à Benghazi le soir du 16 février 2011 et, en même temps, de manière coordonnée, par l’attaque des casernes Hussein Al-Jwaifi et Shahaat, et de la base aérienne Al-Abrag par des membres du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), c’est-à-dire d’Al-Qaïda en Libye. Au matin du 17 février, les jihadistes ont attaqué des casernes à Zawiya et Misruta, et des hôtels de police à Zwara, Sabratha, Ajdabiya, Derna et Zentan. Dans plusieurs cas, il est attesté que les émeutiers ont pendu des soldats et qu’ils en ont décapités".
Voilà c'était l'apport du Réseau Voltaire à la compréhension de la "guerre au terrorisme". C à d pas grand chose qu'on ne sache déjà.

Les quelques rédacteurs du CCI doivent un peu trop chercher leurs sources sur le réseau Voltaire. Ils en ont tout à fait le droit, et tout n'est pas faut concernant les retournements de casaques des bandes armées étatiques ou pré-étatiques, ce qui était déjà le cas lors des vieilles "libérations nationales" - sauf à recoper des âneries qui cautionnent toujours la théorie de l'irrationnalité de la guerre, voire pire les faux prétextes religieux (la mentalité de pogrom! La qualification à tout va de génocide) et la théorie farfelue de la chute de l'empire américain:

"Ben Laden débuta sa carrière politique comme agent de la CIA dans la guerre contre la Russie en Afghanistan. Al-Qaïda est un exemple parfait de la manière dont ces forces peuvent facilement échapper au contrôle de ceux qui tentent de les manipuler. Pourtant, l’affaiblissement progressif de l’hégémonie américaine dans le monde a conduit à faire la même erreur en Syrie, où l’on arma clandestinement des mouvances islamistes radicales pour s’opposer au régime d’Assad jusqu’à ce qu’elles menacent d’installer en Syrie, et maintenant en Irak, un régime encore plus hostile aux intérêts américains. Même Israël, avec ses services secrets performants, a répété l’erreur en encourageant le développement du Hamas à Gaza pour faire contrepoids à l’OLP.
Au stade le plus avancé de son déclin, le capitalisme est de moins en moins en mesure de contrôler les forces infernales qu’il a suscitées. Une manifestation claire de cette tendance est que l’esprit de pogrom se répand à travers la planète. En Afrique centrale, au Nigeria, au Kenya, les non­-musulmans sont massacrés par des fanatiques islamistes, provoquant en représailles de nouveaux massacres par des bandes chrétiennes. En Irak, en Afghanistan et au Pakistan, les terroristes sunnites s’attaquent aux mosquées et aux processions chiites, tandis que l’État Islamique en Irak menace les chrétiens et contraint les Yézidis à la conversion sous peine d’expulsion ou de mort. En Birman
Au niveau des relations internationales entre États, cela se traduit par la multiplication des conflits militaires irrationnels, des alliances instables, des guerres échappant au contrôle des grandes puissances, par un glissement permanent vers davantage de chaos. Dans les guerres entre Israël et la Palestine, en Irak, en Ukraine, la mentalité de pogrom est un élément central de la guerre et menace de se transformer en son ultime avatar : le génocide, l’extermination organisée par l’État de populations entières".
Le CCI nous rejoue le scénario de WW2 (la seconde mondiale guerre) avec ses nouveaux kamikazes: "L’un des plus efficaces et absurdes moyens de défense de l’État islamique contre les forces irakiennes menées par les Américains pour reprendre Tikrit a été les bombes volantes humaines, qui se jetaient elles-mêmes depuis les fenêtres et les toits sur les colonnes en progression".
Non ce n'est pas un remake de 39-45 ni encore la troisième "der des der".

UN SYSTEME PAS SI CHAOTIQUE QU'IL LE LAISSE PARAITRE

Le cas du Pakistan va nous éloigner des commentateurs ou copieurs à la petite semaine. Il suffit de placer bout à bout chronologiquement les événements dans ce pays pour découvrir de bien troublantes manipulations ou coïncidences si peu forfuites lorsqu'il s'agit d'entrainer des populations (ou en l'occruence une armée peu fiable) dans la guerre.

Vers le 3 septembre on nous décrivait la crise politique au Pakistan. Elle opposait Imran Khan, ancien joueur de cricket converti en star populiste, et son acolyte, Tahir ul-Qadri, imam islamiste établi au Canada, à l’actuel Premier ministre Nawaz Sharif. Ce dernier, vieux routier de la politique, maintes fois accusé de corruption, est soupçonné d’avoir bénéficié de fraudes massives lors des élections de mai 2013 ayant porté sa Ligue musulmane (PML-N, avec un N comme Nawaz) à la tête d’un gouvernement majoritaire.
Les deux opposants exigaient sa démission et mobilisent leurs partisans dans ce but. Samedi, des dizaines de milliers d’entre eux avaient marché sur la résidence officielle du Premier ministre, ce qui a provoqué des affrontements avec la police qui ont fait trois morts et des dizaines de blessés. Lundi, la crise a pris un tournant encore plus dramatique, lorsque les hommes de Tahir ul-Qadri et d'Imran Khan ont attaqué avec des gourdins la télévision d’Etat à Islamabad, interrompant la diffusion de la chaîne, avant d’être refoulés par l’armée
L'armée n'a jamais aimé Nawaz Sharif et le général Pervez Musharraf l’avait déjà renversé en 1999 pour prendre sa place. Aujourd’hui, elle lui reproche d’avoir trop attendu avant de déclencher, en juin, une opération militaire d’envergure contre les fiefs talibans dans le Waziristan du Nord, d'avoir lancé une tentative de rapprochement avec l’Inde rivale et d'avoir intenté un procès pour «haute trahison» à Musharraf, une première dans l’histoire du Pakistan.

Est-on sûr que l’armée manipule Imran Khan et Tahir ul-Qadri?

L’armée est la première institution du pays, la plus puissante et la seule en laquelle une grande majorité de Pakistanais placent encore leur confiance. Aujourd’hui, elle ne semble pas vouloir apparaître au grand jour, d’autant plus que Nawaz Sharif bénéficie d’une confortable majorité au Parlement – il a d’ailleurs totalement exclu de démissionner. Mais, si elle cherche à conserver sa neutralité, elle ne peut pas pour autant rester neutre. Ce que l’on voit, c’est qu’elle protège les édifices-clé du centre-ville mais n’intervient pas directement contre les manifestants. Ces derniers lui conservent d'ailleurs leur sympathie, réclamant une intervention en leur faveur, ne tarissant pas d'éloges sur les troupes et embrassant à l’occasion des soldats.
Mardi, avec un grand courage dont la classe politique pakistanaise ferait bien de s’inspirer, le grand quotidien The Dawn a jeté un pavé dans la mare en publiant un éditorial qui met en cause directement la neutralité de l’armée: «Le vernis de neutralité que la direction de l’armée a savamment construit au cours de la crise politique provoquée par Imran Khan et Tahir ul-Qadri s’est lézardé. L’armée n’est pas neutre, elle fait des choix, et il est très décevant de constater que ces choix ont peu à voir avec le renforcement de l’ordre constitutionnel, démocratique et légitime». «C’est le gouvernement qui doit donner des ordres à l’armée, et non l’inverse», ajoute l’éditorialiste, tandis que celui du Nation reproche aux militaires de «donner des conseils au gouvernement élu, ce qui devrait être simplement inacceptable».

S’agit-il d’une tentative de coup d’Etat?

Les manifestations en cours en ont l’apparence. «Ce n’est pas une protestation, un sit-in ou un rassemblement politique. C’est une rébellion. Une rébellion contre l’Etat du Pakistan», a averti le ministre de l’Intérieur Chaudhr Nisar, devant le Parlement. Aitzaz Ahsan, l’un des ténors de l’opposition au sein du Parti du peuple pakistanais (PPP – le parti de la défunte Benazir Bhutto), a renchéri, en s’adressant à Nawaz Sharif: «Comme vous l’avez dit, vous ne démissionnerez pas et personne ne vous forcera à le faire. Le Parlement tout entier est avec vous.» 
C’est vrai que les deux fauteurs de troubles n’inspirent guère confiance: l’ancien joueur de cricket apparaît comme un populiste mégalomane, prêt à s’allier avec le diable pour arriver au sommet; Tahir ul-Qadri, lui, est un juriste spécialisé dans la religion islamique, un soufi qui plaide pour une certaine modération dans son application mais n’a aucune expérience du pouvoir. Pourrait les rejiondre Siraj-ul-Haq, le chef du parti islamiste Jamaat-e-islami, qui, lui, est très intolérant.
Mais on voit mal l’armée tolérer qu’ils viennent ajouter du chaos au chaos: la situation économique et militaire n’est pas brillante. Probablement, l’armée veut-elle affaiblir le gouvernement pour pouvoir lui imposer plus facilement ses choix et lui rappeler qu’elle seule a la haute main sur certains dossiers: l’Afghanistan, la lutte clontre les talibans et le terrorisme, les relations avec l’Inde... Pas de coup d’Etat mais de très fortes pressions.
PUIS LE 28 SEPTEMBRE... un peu d'histoire passée
«La direction des taliban rencontre chaque après-midi, vers 17 heures, des officiers pakistanais au consulat du Pakistan à Kandahar», nous confiait en mars 1995 un membre d'une organisation internationale basée à Kandahar, alors «capitale» du mouvement fondamentaliste. Il est d'ailleurs significatif que leur première action a été de «nettoyer» la grande route qui réunit le Pakistan à l'Asie centrale ­une priorité pour les intérêts économiques d'Islamabad­, via l'Afghanistan où les convois pakistanais étaient sans cesse bloqués par de petits chefs de guerre, mi-pillards, mi-moudjahedine. Selon nombre de sources diplomatiques au Pakistan ­et en dépit des dénégations pakistanaises­, l'homme qui tire les ficelles des taliban est bel et bien Nasrullah Babar, le ministre de l'Intérieur pakistanais, un homme très proche de Benazzir Bhutto et membre de l'ethnie Paschtoun, comme ses protégés. «Laissés à eux-mêmes, les taliban se désagrègeraient tant ils sont totalement désorganisés. Il y a une main étrangère pour les diriger», explique le professeur Kacem Fazelly, un membre des Services secrets. C'est dans les «madrassa» (écoles coraniques) pakistanaises ­ainsi que celles du sud de l'Afghanistan­ que s'est formé le réseau des taliban. S'ils sont entraînés, armés et dirigés par les services secrets pakistanais, les «étudiants» n'en ont pas moins tiré profit de la situation d'anarchie prévalant dans un Afghanistan livré aux exactions des moudjahidine et aux luttes entre fractions islamistes".
Le 17 décembre on s'en prend à une école d'enfants de militaires...
Si la différence entre «bons» et «mauvais talibans» est une vue de l’esprit entretenue par les services secrets pakistanais, la division au sein de la galaxie des «étudiants en religion» est en revanche bien réelle. A preuve, la condamnation par les talibans afghans, eux-mêmes alliés des talibans pakistanais et auteurs de nombreux attentats sanglants contre les civils, de l’attaque de mardi contre l’école fréquentée par des enfants de militaires de Peshawar. L’opération a été justifiée par les talibans pakistanais par la présence d’enfants de militaires dans cet établissement, mais elle pourrait aussi répondre à une volonté de surenchère dans la violence au sein des différentes factions. «L’Emirat islamique d’Afghanistan [nom officiel des talibans afghans, ndlr] exprime ses condoléances à la suite de cet incident et pleure avec les familles des enfants tués. Le meurtre prémédité d’innocents, de femmes et d’enfants est contraire aux principes de l’islam»,a ainsi déclaré leur porte-parole Zabihullah Mujah.
Le 19 décembre on se demande qui manipule qui?
Que signifie cette obsession de tuer des civils? Certainement d'amplifier la terreur, mais le fait d'avoir assassiné "spécifiquement" des enfants de militaires du gouvernement, était-ce pour renforcer l'armée ou l'affaiblir, posèrent naïvement plusieurs journalistes de la télécratie française? L'ambassadeur du Pakistan leur répondit en hochant la tête (bande de rigolos!), évidemment écraser ces terroristes, et rétablir la peine de mort.
La tendance wahhabite est celle, globalement, du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP - Tehreek-e-Taliban Pakistan), qui a attaqué l’école de Peshawar, mardi. Proche d’Al-Qaeda mais ayant conservé leur allégeance, tout au moins théorique, au mollah Omar, cette coalition regroupe une trentaine d’organisations et de factions plus ou moins rivales. Si certaines semblent avoir abandonné le «jihad» contre le gouvernement pakistanais, décrété en 2007 pour le punir de son alliance avec les «infidèles» américains, d’autres, au contraire, paraissent décidés à intensifier la lutte. Echouant dans leur lutte contre l’armée pakistanaise, ils semblent décidés à attaquer de plus en plus les civils, comme le montrent les opérations menées début novembre près de la frontière indienne (55 morts) et, mardi, à Peshawar (141 morts)".
Si l'armée pakistanaise n'était pas "sûre", voire influençable par un des gangs terroristes, quel que soit le commenditaire, le massacre des enfants de militaires – Pearl Harbor pakistanais – soude l'armée entière et la population derrieère!
L'AFP peut benoitement commenter:
"Le massacre taliban de 133 écoliers à Peshawar est pour le Pakistan un "11 Septembre" qui va "changer la donne" dans son combat contre le terrorisme. C'est ce qu'a déclaré vendredi le chef de la diplomatie pakistanaise, Sartaj Aziz. L'attaque, revendiquée par les rebelles islamistes du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), a profondément choqué dans le pays comme à l'étranger et conduit le gouvernement d'Islamabad à réaffirmer sa détermination à éradiquer tous les groupes terroristes sur son sol, sans distinction. (...)
"Dans le passé, les extrémistes avaient détruit des écoles, mais jamais ils n'avaient visé et s'étaient acharnés sur des enfants de cette manière. (...) C'est inacceptable. (...) Aujourd'hui, une ligne rouge est tracée et nous ne pouvons plus tolérer ceux qui la franchissent", a-t-il assuré. Avant l'attaque, l"opinion était divisée" et les talibans avaient de "nombreux soutiens", admet-il. Mais le carnage a entraîné une réaction de rejet "sans précédent dans notre histoire" au sein tant de la société que de la classe politique, a conclu le ministre."
On a du mal à compatir avec l'Etat pakistanais !
Ce pays a joué avec le feu en aidant des terroristes et des assassins pendant des années ; qu'il en subisse maintenant les conséquences était prévisible ! L'armée pakistanaise intensifiait, vendredi 19 décembre, ses opérations contre les talibans près de la frontière afghane, affirmant avoir tué plus d'une cinquantaine d'islamistes, en réaction au massacre qui a eu lieu mardi dans une école de Peshawar. Cette attaque des rebelles, la plus meurtrière de l'histoire du pays, a été fatale à 149 personnes.
« L'ÉLIMINATION TOTALE » DES TALIBANS
Ce carnage a renouvelé la détermination des soldats en faveur de « l'élimination totale » des talibans, avait assuré l'armée à la suite de la tragédie nationale. Dans la zone tribale de Khyber, les militaires affirment avoir tué vendredi 32 rebelles islamistes dans une embuscade, puis 18 autres dans une seconde opération, un bilan qui était aussi impossible à confirmer de sources indépendantes vendredi. (...)
Vendredi, un porte-parole de la force paramilitaire des Rangers à Karachi a annoncé que ses hommes y avaient tué un commandant local taliban et trois de ses associés, portant ainsi à 54 le nombre officiel de morts dans cette contre-attaque de l'armée. Comme pour les opérations militaires, ces bilans et l'identité des victimes ne pouvaient être confirmés par d'autres sources.
LEVÉE DU MORATOIRE SUR LA PEINE DE MORT
Dans le même temps, le chef de l'armée, le général Raheel Sharif, a signé l'ordre d'exécution de six rebelles islamistes après la levée du moratoire sur la peine de mort décidée dans la foulée de l'attaque contre l'école de Peshawar, qui a suscité une vague d'indignation à l'étranger et dans le pays".
Monter indirectement ou laisser perpétrer un attentat afin de rallier les suffrages de la majorité de la population, on connait dans les vieux pays européens, depuis plus d'un siècle!


À suivre forcément...




CONSEILS DE LECTURE SUR LA LUTTE PROLETARIENNE EN EUROPE CONTRE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE:
  • Militants contre la guerre de Julien Chuzeville (cahiers Spartacus), navrant, une étude poussive sur l'opposition mollasone de la branche libertaire du syndicalisme, une ignorance de l'impact du bolchevisme, une analyse franco-française (mais les cahiers Spartacus ont toujours eu du mal à sortir du cadre national). L'auteur semble à la recherche du pacifisme intégral, même s'il reconnait que ce n'est pas une position radicale, et en tout cas quelle radicalité quand il souligne le "pacifisme radical" de la SFIO (p.36). Tout baigne dans la lutte pour la paix dont se fichent les vrais révolutionnaires qui veulent la révolution "armée". Plus minable, en note, les éternels libertaires néo-spartacus rabaissent Lénine, représentant vague d'une minorité passant par là à Zimmerwald: "Ce courant, dirigé par Lénine s'est autodésigné "gauche de Zimmerwald", classification qui ne peut rendre compte de la diversité des opinions (sic) à la Conférence". Plus loin les patriotards Kropotkine et Grave sont présentés comme durs sermonneurs des pacifistes. Enfin il conclut sur le cercle rouge des pacifistes révolutionnaires. Pacifistes oui, révolutionnaires certainement pas.
  • "L'ennemi principal est dans notre pays", textes de Lénine, Liebknecht, Monatte, Racovsky, Rosmer, Trotsky jeune (génial), bien qu'édité par le trust LO LBC, indispensable et encore tonifiant.
  • Trop jeunes pour mourir de Guillaume Davranche (ouvriers et révolutionnaires face à la guerre 1909-1914), plus de 500 pages, centré sur l'histoire en France avec certainement bien des précisions ou des angles méconnus même du principal auteur d'articles sur la guerre dans le milieu maximaliste, depuis 30 ans. Je l'ai pas encore lu, faut me laisser le temps et je vous en reparlerai.


1 La dite insurrection de Boko Haram et sa répression par les forces de l'ordre ont fait en cinq ans au Nigeria plus de 13 000 morts et quelque 1,5 million de déplacés.
2A Oradour sur Glane, ce ne sont pas les seuls nazis qui ont massacré des centaines d'enfants et de femmes, mais nos braves "malgré nous" alsaciens, que le gouvernement de 1945 refusa d'inculper vu l'émotion susciitée en Alsace, prête à faire sécession si ses impétrants (quoique assassins) étaient sanctionnés!
3La guerre n'est que la continuation de la politique, idée que reprend Lénine à un certain général bien connu, cf. L'excellent compil "L'ennemi principal est dans notre propre pays", éditions de LO, les bons caractères.
4Sur leur site en date du 10 septembre 2014.
5Le staff opaquedu CCI se permet de citer des extraits de la fameuse brochure de Junius rédigée par l'alter ego de Lénine en Allemagne, mais laquelle se retourne contre cette stupidité d'irrationnalité: “La guerre est un meurtre méthodique, organisé, gigantesque. En vue d’un meurtre systématique, chez des hommes normalement constitués, il faut cependant d’abord produire une ivresse appropriée. C’est depuis toujours la méthode habituelle des belligérants. La bestialité des pensées et des sentiments doit correspondre à la bestialité de la pratique. Elle doit la préparer et l’accompagner”.
6Le résilient Boris Cyrulnik explique les égorgements des talibans et autres djihadistes parce qu'ils sont des nazis! Le bouffon du Réseau Voltaire, Thierry Meyssan, croit savoir qu'ils sont "drogués"!
7Vous pouvez lire ou relire mes articles précédents sur les mécanismes qui conduisent aux égorgements publics (facteurs de militarisation, prestige de l'uniforme, prestige de l'exemplarité pour les plus minables ou les plus pervers, menaces de mort pour l'égorgeur qui se refuse à faire le bourreau); sans compter les éléments psychologiques qui avaient sailli au moment des guerres du Liban: on envoie toujours en première ligne les assoifés de vengeance, ceux qui ont vu massacrer une mère, un frère ou une soeur.
8Si l'on prend l'exemple du "dernier otage français" libéré, c'est confondant. Le type n'était qu'un barbouze comme beaucoup de soit disant humanitaires. Mieux, il est fort probable qu'il n'est pas été échangé contre rançon ce coup-ci, mais pour mieux: les 4 malfrats et tueurs terroristes relâchés en échange, qui auraient été "retournés" ou pas en prison, sont renvoyés là-bas avec pour mission de "calmer les énergies" ou réorienter certains groupuscules. C'est ce que je suppose, n'ayant aucun barbouze dans les proches amis.
9Voir définition sur Wikipédia. Une émission documentaire d'Arte était consacrée la semaine dernière aux lanceurs d'alerte contre la torture de la CIA, avec coups de chapeau à Edgar Snowden, Julien Assange, et Chelsea/Bradley Manning...