PAGES PROLETARIENNES

jeudi 14 novembre 2013



Communiqué sur la constitution du
Groupe International de la Gauche Communiste


Les Communistes Internationalistes – Klasbatalo (ex-CIM) et la Fraction de la Gauche Communiste Internationale (ex-FICCI) ont tenu une conférence en vue de la constitution d'un nouveau groupe communiste. Lors de cette conférence, les deux groupes se sont dissouts et la conférence a décidé de constituer le Groupe International de la Gauche Communiste.

Dès que nous le pourrons, nous communiquerons et publierons les documents adoptés lors de cette réunion et sur lesquels se base le nouveau groupe. La conférence a adopté une plate-forme politique reprenant pour l'essentiel les positions de base de la TCI et du CCI qui correspondent globalement aux positions que le Bulletin communiste international de la FGCI affichait sur sa dernière page. Elle a adopté aussi comme mode de fonctionnement la centralisation internationale en tant que principe communiste et pratique à développer en son propre sein. Elle s'est prononcée sur des Thèses sur la situation internationale afin de pouvoir définir et développer des perspectives d'orientations et d'intervention politiques au sein de la classe ouvrière.

De même, elle reprend à son compte le débat qui avait animé les deux précédents groupes quant à l'analyse de la situation du camp prolétarien et l'intervention à y développer. Le GIGC entend centrer son intervention dans le camp prolétarien dans la lutte pour le regroupement communiste en vue de la formation du parti communiste de demain et dans la lutte contre toutes les formes de l'opportunisme et de sectarisme qui affaiblissent ce dernier. Plus concrètement, et constatant une ligne centrale de démarcation et d'opposition au sein de ce camp entre les tendances et groupes "pro-parti" et "anti-parti", notre groupe orientera son intervention afin de favoriser au mieux le processus de regroupement autour de la Tendance Communiste Internationaliste – de ses positions et de son organisation comme seul pôle international en capacité d'incarner la tradition de la Gauche communiste.

Enfin, la conférence a décidé de doter le nouveau groupe en vue de développer son intervention et sa présence politique, d'une revue, dans un premier temps semestrielle, qui sera publiée en français, en anglais et dont des extraits seront traduits en espagnol sur notre site web. Au moins dans un premier temps, et pour des raisons pratiques, l'adresse du site sera la même que celle de la Fraction de la Gauche Communiste Internationale : www.fractioncommuniste.org. Nous avons ouvert une nouvelle adresse email : intleftcom@gmail.com à laquelle le lecteur et les groupes peuvent déjà nous écrire.

Aujourd'hui, dans la situation historique actuelle – crise économique, danger de guerre impérialiste, luttes ouvrières... –, la classe ouvrière a un besoin absolu que les minorités communistes se regroupent pour préparer la constitution de son parti mondial.

Le GIGC, 7 novembre 2013.

mercredi 13 novembre 2013

DE LA PERSECUTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE




Il semble bien qu’en France on soit tombé au degré zéro de la politique voire même dans la débilité profonde quand on subit depuis des mois les torrents d’injures personnelles contre l’édile bourgeois number one et hier la méprisable attaque, non pas raciste mais simplement débile du torchon Minute, contre la ministre Taubira.
Pas un jour ne passe sans que François Hollande ne soit l’objet de moqueries, de quolibets, de dénigrements sur son physique ou de présomptions libidineuses sur sa « mollesse », son manque de virilité ou de charisme sportif (il ne fait pas de jogging comme Sarko musclo). Du plateau de Canal + aux réseaux sociaux et aux milliers de commentateurs anonymes d’articles de presse, le « Hollande-bashing » se caractérise par une suite ininterrompue d’insultes et la répétition, de propos graveleux sur ses « incapacités »[1]. Pendant que tous ces cons éructent personne ne s’attaque aux causes réelles des attaques (plus sociales que fiscales) : la gestion de la crise par l’Etat capitaliste au profit de la bourgeoisie, gestion chaotique, irréfléchie et en toute continuité avec les gouvernements de droite précédents. On verra par après comment la mise en scène de Papy grincheux change la donne.

Pire dans l’acharnement psychiatrique, le Président, tel un vulgaire Ceaucescu, fût conspué devant la tombe « sacrée » du soldat inconnu sous l’austère Arc de triomphe pompier de Bonaparte. Du jamais vu sauf quand des idiots anarchistes pissèrent sur la flamme du soldat inconnu un jour de mai 68[2]. Une poignée de fachos en vadrouille, affublés de bonnets rouges, signifia immédiatement, pour les faiseurs d’opinion, qu’il y a « un fossé entre l’opinion et ses élites, un manque de confiance criant, aggravé par la crise économique et sociale très dure que nous connaissons » (cf. la presse bourgeoise). Nonobstant que l’opinion n’est pas représentée par quelques dizaines de nervis et que les élites grand’bobos, majoritairement, conchient l’actuel président, qui en fait partie tout autant.
La dénonciation incessante de la personne du président, l’insulte qui  tient lieu de critique obéit moins à l’idéologie politique de droite rivale qu'à des considérations psychologiques de nature pathologiques : qui peut se traduire économiquement par la répugnance du petit boutiquier à mettre la main à la poche pour la… « communauté nationale », le paiement de l’instituteur qui apprend sa fille à lire et pour un revenu garanti au flic qui l’aide à traverser la route. C’est la décadence de la politique ; dans la décadence de la société grecque antique : quand tout le monde a voulu commander, la pagaille s’est installée. Mais ce manque de respect pour le président en exercice s’il apparaît récent – du fait de la trivialisation de la fonction par le précédent, Sarkozy – est ancien. De Gaulle était considéré comme un « grand charlot » par les ouvriers bienveillants de la reconstruction, mais cela se chuchotait. Pompidou avait tout du roturier rond de cuir de la banque Rothschild, craint par ses proches collaborateurs, n’était pas pris au sérieux par la classe ouvrière qui avait pourtant affaire avec ses flics violents. Giscard justifiait tant de sa grande taille pour ignorer la merde d’en bas que les pue la sueur faisaient comme s’il n’existait pas (et il n’existait que dans les calembours  des chansonniers puisque la crise économique était dérisoire). Mitterrand, idole perverse des couches moyennes enseignantes, s’intéressait moins à la classe ouvrière qu’à cacher sa fille adultérine, son ancienne collaboration avec le régime de Vichy, et éviter de parler économie, domaine dans lequel il était un quasi illettré – mais preuve qu’on peut être président de la république et totalement incompétent dans des domaines considérés comme nobles… Chirac n’aura été qu’un rigolo, qui n’a « rien branlé pendant dix ans » (dixit Sarkozy). Fonction honorifique plus que fonction directoriale – ils ont tous fonctionné avec une armada de conseillers – fonction superfétatoire la profession de président de la République, elle devrait être supprimée depuis belle lurette même dans le capitalisme réellement existant; ce que j’ai toujours avancé.
Il faut noter tout compte fait que jamais un président de la République n’a fait l’objet d’un dénigrement aussi prégnant, quotidien, comme pour vouloir contredire ce « président normal » qui voulait devenir invisible à la différence de l’exhibitionniste Sarkozy, et il l’était les premiers temps ce qui était un confort mental après l’overdose de Sarko, mais voilà que les faiseurs d’opinion se sentirent en mal d’un bouc-émissaire. On se mit donc à sonder régulièrement le « panel de français » qui répondent – broyés dans la machinerie fasciste sondagière -  aux questions plus débiles les unes que les autres :
-          Hollande est-il un mauvais président ? Oui  Non Sans avis
-          Ségolène Royale ferait-elle un bon 1er ministre ? Oui Non Rien à foutre
-          Copé est-il intelligent ? Oui Non Pas du tout
-          Si Hitler renaissait voteriez-vous pour lui ? Oui Non Possible
Etc. On pourrait inventer tant d’autres questions stupides, mais on ne saura jamais qui fabrique celles qu’on vous assène tous les matins, comme hier on vous assurait que « 80% des français » voulait DSK comme Président. Pauvre édile number one de la nation ! La place ne doit pas être drôle tous les jours… mais quand on pense au grand nombre de politicards qui en rêvent, on a envie de les réfréner : mollo… c’est pas de tout confort ! Même les sous-fifres peuvent vous trahir ouvertement[3]par vengeance de ne pas avoir été récompensé d’un maroquin[4].
L’équipée gouvernementale de la bande à Hollande n’est pourtant pas si affaiblie que le pleurnichent les fabricants d’opinion, d’autant plus qu’il n’existe pas de bande alternative ni dans la droite plus rien ni dans les sous-partis écolos alcooliques et mélanchonistes mélancoliques. 

L’ANTIFASCISME DE SALON PEUT-IL SAUVER LE GOUVERNEMENT ET LE BOUC-EMISSAIRE DES MEDIAS ?

Non, même en gonflant le fait divers Méric en meurtre facho ils n’avaient pas réussi à passionner les foules[5]. Hollande et sa troupe continuent à jouer à guichets fermés de la lyre antifasciste certes, mais ce n’est pas l’essentiel. Plus subtilement qu’il n’y paraît, le gouvernement s’ingénie à ridiculiser le FN tout en agitant la menace exagérée d’un raz de marée de ce parti d’imbéciles aux municipales. On va voir qu’il suffit de laisser les gens du FN et à leur gourde fétiche se tirer une balle eux-mêmes dans le pied.
Examinons d’abord la validité de l’action du gouvernement pour la bourgeoisie, où l’on devine que la grande bourgeoisie se fiche des attaques ad hominem contre Hollande, car, comme le souligne le journal Le Prolétaire dans sa réponse à un courrier de lecteur :
« …ce gouvernement est à la solde du patronat ; avec l’aide  ouverte ou cachée mais irremplaçables des directions syndicales, il réussit à faire passer toute une série de mesures anti-ouvrières beaucoup plus facilement que n’aurait pu le faire un gouvernement de droite, sans susciter jusqu’ici de réaction de lutte »[6].
Le gouvernement ne fait-il pas le boulot du FN comme si celui-ci était au pouvoir ? C’est la version des bordiguistes, lisons-là avant de relativiser :
« Le gouvernement ne se contente pas de menacer (…) il arrête emprisonne et déporte des prolétaires qui n’ont commis d’autre crime que de ne pas avoir de papiers en règle, il amplifie la chasse aux Roms initiée par le gouvernement précédent, provoquant et approuvant de véritables pogroms contre ces derniers, il couvre les forces de répression policière qui régulièrement tuent des jeunes des quartiers populaires et des travailleurs immigrés ; de façon générale il attise le nationalisme et le chauvinisme qui divisent les travailleurs, tout en continuant à l’extérieur la politique impérialiste criminelle traditionnelle du capitalisme français »[7].
Malheureusement, bien qu’en voulant réduire à néant la comédie de la menace du grand méchant loup fasciste, le PCI fait une équivalence outrancière, jusque dans les termes, avec ce que fût le fascisme à la manière des gauchistes excités. Le gouvernement socialo-bourgeois ne « déporte » pas, il renvoie chez eux les en-trop ! Nuance. Et il lui est reproché de ne pas en faire assez. Quant aux Roms c’est faux et le problème est récurrent. On se demande comment un « gouvernement bordiguiste » s’en dépatouillerait… Des pogroms contre les roms, à part la rime, il n’y en a point. L’amalgame des « jeunes » des quartiers aux prolétaires et aux immigrés en général est typique de la « préférence immigrée » du PCI, ce n’est que de la surenchère à gauchiste. La police, certes mercenaire de l’Etat bourgeois, ne planifie pas des meurtres en série des travailleurs immigrés même s’il y a des bavures regrettables. La seule critique qui tient debout dans ce paragraphe concerne la politique impérialiste de la bourgeoisie française quelle que soit sa couleur politique.
Pour clore sa démonstration, marquée à la culotte par l’exagération ampoulée, le PCI croit bon de conclure : « Aujourd’hui le problème n’est donc pas de faire barrage à une menace fasciste, mais en quelque sorte, de faire barrage à l’antifascisme démocratique ». Cela ne veut rien dire, et, en sus terminer l’article par un sonore : « aucun soutien à l’Etat bourgeois et à ses institutions politiques ou autres », peut  vous ranger dans la masse des mécontents petits bourgeois à bonnets rouges et à leurs parasites du parti débile FN.
Le gouvernement actuel est plus malin que ça. Il joue sur le sécuritaire en s’indignant qu’on le traite de laxisme[8], mais il parvient toujours – leçon de Mitterrand, reprise par Chirac[9] - à diaboliser le FN, en le présentant non comme un rival de la gogoche élitaire au pouvoir mais des institutions. Il suffit de laisser faire la bande d’imbéciles et d’exhiber leur pratique violente, terroriste !

COMMENT LE PEN, PERE ET FILLE, SE FONT REGULIEREMENT BAISER ?

(ou comment la gauche au pouvoir parvient toujours à instrumentaliser ces clochards d’une sous-culture politique national ?)
Il n’y a jamais eu de véritable parti fasciste en France, Pétain fût contre toute constitution de parti unique. Et il n’est pas prêt d’en exister un. La fiction d’un risque de montée fasciste est orchestrée par les réseaux de la gauche gouvernementale, syndicalistes, gauchistes et anarchistes inclus. Pour imprégner mieux cette propagande, les faiseurs d’opinion puisent abondamment dans le sous-marché intellectuel qui restreint le néo-fascisme à la trilogie nationalisme/racisme/intolérance. Le FN n’est pas fasciste, c’est une variété ordinaire de parti de droite bourgeoise certes nationaliste, certes raciste, certes sans programme, certes éternellement destiné à jouer le rôle de lampiste faire-valoir.
S’obnubilant la robustesse du cancrelat FN, l’idéologie « antifasciste » nage complètement dans l’irréel, tout en négligeant un point commun : comme le fascisme, la démocratie bourgeoise et le stalinisme, les FN gogolisés sont empiriques. Excepté le stalinisme lorsqu’il caricature le marxisme, aucun des systèmes de la bourgeoisie du XXe siècle (à parti unique ou à partis multiples) ne remet en cause infrastructures et superstructures. C’est toujours en politique bourgeoise institutionnelles des batailles d’individu à individu. Concernant la bronca personnelle le FN est le roi des cons. L’imprégnation « antifasciste », elle aussi, comme l’imprégnation dite « nationaliste » procède par des attaques incessantes contre les individus. Les divers politiciens passent leur temps à se houspiller mutuellement. L’imprégnation de cet empirisme bourgeois, personnaliste-tueur en politique, a été longtemps la marque des militants staliniens qui attaquaient « personnellement » (dans sa personnalité et son être) tout déviant ; les trotskiens ont suivis la même régression jusqu’à entrer dans ce jeu stupide où la politique n’est plus que compétition d’individus et non plus opposition de conceptions.
L’attaque, persécution personnelle au détriment d’une véritable critique politique (ou comme justification d’une impuissance politique) n’est point nouvelle. Les faiseurs d’opinion font leurs choux gras des attaques mutuelles entre politiciens, mais en rajoutent par des sondages organisant quotidiennement des questionnaires pour demander « leur avis aux français » - ce qui est bien se ficher de la masse totale des électeurs citoyens puisque les « français » consultés ne sont plus qu’un panel limité et séquencé en secteurs d’opinion reflétant strictement « l’imprégnation » idéologique étatique. Les questions successives rivalisent de bêtise insigne comme je l’ai noté plus haut, et reflètent les désidératas du pouvoir, qui se sert du panel pour se moquer encore plus des électeurs, en les associant fictivement aux prises de décision inatteignables de ceux d’en haut. 

L’empirisme psychologique du FN

Le courant d’extrême droite en France reste un réseau underground poussière de groupes aux maigres effectifs, tenaillé par des haines et des rivalités éternelles de clans, de petits caïds, de petits édiles secondaires, d’activistes minables. Tout cela l’électeur moyen, « petit blanc » ou « petit noir (antillais) » « racistes », « sans diplômes », « sans allocs »… le sait bien. Marine Le Pen ne donne pas longtemps le change pour sa présentation plus clean – hélas toujours avec la ganache du père (baiseriez-vous avec une tronche pareille) – car elle reste le cache-sexe d’une bande de gougnafiers puant. L’électeur « raciste moyen » ne vote, tout comme l’électeur « propre » et « antiraciste » que pour manifester une opinion mécontente dont se torchent le cul tous les gouvernants. Mais il est aussi versatile et volatile que l’électeur moyen sans conscience ni intelligence.

Il est facile donc facile et réparateur à tel ou tel moment de faire remonter à la surface l’aspect malodorant de la gériatrique extrême droite française. De plus la Marine est facile à piéger à la télé, elle est moins intelligente que son père. Mieux encore, les meilleurs destructeurs de l’aura électorale superficielle du FN restent ses activistes. Comme dans la scène du film de Costas Gavras où le juge (Jean-louis Trintignant) met en demeure le fasciste grec de prouver qu’il est un véritable fasciste, excédé l’autre sort son revolver ou je ne sais plus quel document. Chassez le naturel, non pas du fascisme mais de la bêtise activiste, et elle jaillit bêtise à front de taureau ! Marine avait déjà dérapé concernant les otages rentrés en France, mais l’embardée d’une poignée de connards avec bonnet rouge à l’Arc de triomphe a fait plus pour remettre en selle le président Hollande que tous les cirages de pompe des Joffrin et Noah[10]. De même la casse des « bonnets rouges », qui est aussi ridiculisée par le parasitisme soudain du FN vient rendre service à un Hollande prétendu affaibli, posant l’exigence de restauration de « l’autorité de l’Etat ». La casse d’une cinquantaine de radars – caméras justifiables comme freinage de l’automobiliste aliéné – dont la réparation est vécue comme une nouvelle charge « fiscale » sur le dos de la « collectivités nationale », vient à point rendre service à une politique fiscale dont le gouvernement n’est pas entièrement responsable[11]. La casse du matériel public entraîne toujours une réaction d’union nationale et de solidarité avec la police. Les attaques personnelles du père Le Pen m’ont toujours dégoûté. Elles procèdent non de l’empirisme politique simplet mais de la méthode du parachutiste tortionnaire face à l’otage enchaîné. De « Durafour crématoire » au « nain de jardin », l’humour gras du borgne m’a toujours fait gerber et c’est l’humour du patron de droite, du militant lambda de droite, de l’électeur aigri, de l’accroc au bar de bistrot. Dans l’émission de Canal + la plus regardée par les jeunes, le présentateur mal rasé a fait rire la France entière en présentant un vieux en maison de retraite, en position de radotage. On ne reconnait pas tout de suite Papy Grincheux coiffé d’un bonnet rouge et interviewé par une journaliste qu’on croit être une assistante sociale. Tout le plateau se marre et nous aussi. Le Pen cul  est encore plus ridicule avec son bonnet rouge.
Bien joué Hollande.


[1] L’organe principal de la droite bourgeoise mène quotidiennement l’assaut sans nuance contre Hollande avec un côté armée égyptienne contre Morsi ; ex ce jour : « Hollande cristallise tous les mécontentements. DÉCRYPTAGE - Les Français sont de plus en plus rares à soutenir leur président, quelles que soient leur classe d'âge et leur catégorie socio-professionnelle ».Il faut remonter à la campagne de la CIA contre Allende pour trouver un tel acharnement. Pourtant Hollande ne risque ni de favoriser le communisme, encore moins le stalinisme, mais la haute bourgeoisie (qui tient Figaro) s’affole face à plus grave que le KGB : la crise économique mondiale ! La bourgeoisie nous a habitué à violer ses propres règles ; elle bafoue chaque jour son système électoral par ses sondages « fascistes » qui prétendent dicter au gouvernement la « dictature de l’opinion ». Elle est secondée par cette nouvelle forme de militantisme de ses principaux souteneurs – les militants des deux extrêmes – qui envahissent systématiquement les aires de « commentaires » pour cracher, éructer, insulter.


[2] J’y étais et j’étais sidéré de tant de connerie.
[3] Dans un entretien accordé au Parisien, Malek Boutih, réputé pour ses positions critiques à l'égard du PS auquel il appartient, estime qu"'il faut remplacer le Premier ministre d'urgence" car le gouvernement Ayrault "semble à la fois être devenu sourd et ne plus être entendu". Un changement de Premier ministre serait, pour le député de l'Essonne, "un signal d'urgence aux Français". Le socialiste n'est d'ailleurs pas le seul dissident de son parti à demander un remaniement. Et 67% des Français, selon un sondage, souhaitent de même… Mais qui a fait le sondage et décrétés que 67% des français sont aussi des … dissidents ? Et Boutih n’est-il pas chargé de relayer la critique externe à la mafia de la rue de Solférino, plus sérieusement que la fofolle Royal, mais laisser accroire que le parti gouvernemental a de la ressource ? et sait se remettre en cause contrairement à la droite oligarchique…

[4] Je tiens à prévenir le MRAP que ceci n’est pas une réflexion raciste concernant les marocains mais une allusion au traditionnel portefeuille ministériel avec la paye adéquate moins 30%, si je me souviens bien de l’autoréduction oubliée de l’équipe de Monsieur Normal.
[5] Le Prolétaire (bordiguiste) est le seul à se démarquer très justement sur le fond de cette campagne, hors du romantisme confusionnisme de l’ex-intello frustré du CCI, Gavry (un repris de justesse de LO) et du collector des écrits pleutres des veufs du CCI (Controverses sous averse). Avec le côté exagéré habituel des restes du PCI, mais au moins toujours intransigeant et clean face à la comédie antifasciste à retardement.
[6] Le Prolétaire n°508, août 2013), article : Quelle réaction au meurtre de Méric ?
[7] Cf. Le Prolétaire n°508, in article sur Méric.
[8] En réalité, même s’il existe une réflexion de sociologues qui met en cause la solution absurde de l’incarcération automatique - (contre-productive, lire l’ouvrage sur commande : « Comment la France fabrique  ses délinquants » de Louis Grandadam », pro-Taubira, ed Fayard) – la répression reste toujours aussi dure, la prison une expérience terriblement traumatisante et excluante socialement. Les « racailles » relâchées, ce qui indigne victimes et aboyeurs superficiels, sont fichés, catalogués et foutus pour le restant de leurs jours, sauf ceux qui sont récupérés dans diverses hiérarchies mercenaires… Les anciens voyous faisant toujours les meilleurs flics !
[9] J’ai lu quelque part que lors de rencontres privées discrètes entre le père Le Pen et Chirac, le premier ne s’était jamais fait d’illusion sur sa possibilité de venir au pouvoir sauf pour un strapontin ministériel, mais qu’il affirmait à chaque fois l’exigence de son maintien comme opposant principal avec chaire réservée dans les médias, plus royal et moins péquin qu’un simple maroquin. Le Pen a toujours cru à sa gloire plus qu’au pouvoir.
[10] Le titre honteux de Minute contre la personne de Taubira – une femme très intelligente et digne quoique je ne partage pas ses conceptions réformistes -, ce Canard Enchaîné de l’underground des vieux touche-pipi de l’extrême droite ringarde, fait plus pour liquider tout raz de marée possible pour la clique hétéroclite des vieux fachos tapis sur leur fauteuil roulant.
[11] Il faut reconnaître que la classe ouvrière (pas seulement cette masse d’assistés qui ne payent pas d’impôts) n’est pas concernée,  la petite bourgeoisie oui, et elle gueule de devoir casquer. Certaines de ses couches basses sont laminées mais ne se prolétarisent pas pour autant. Les prolétaires apparentés aux couches moyennes casquent eux avec des loyers prohibitifs, avec des transports de plus en plus éloignés du lieu de travail, s’endettent, et se sentent étrangers au remue-ménage des « intermédiaires » poujadistes comme des assistés non imposables…

dimanche 10 novembre 2013

ECOTAXE : LA FIN DE L’ETAT NOUNOU ET LA DEFENSE PERVERSE DE LA NATION



Le poujadisme breton menacerait l’Etat français de fragmentation. Le risque de sécession de la Savoie, de l’Alsace, de la Corse et des territoires d’Outre mer ne se profilerait-il pas non plus derrière une vulgaire jacquerie de bobos en bonnets rouges à la faveur de la contestation d’une taxe supplémentaire pour les gros culs qui abîment nos autoroutes ? Comme en tant d’autres pays européens ? Ou plutôt le prétexte écologique de tous les gouvernements successifs d’austérité « librement consentie » ne serait-il pas en train de s’effondrer face à la crise des « transferts publics à la solidarité nationale » ?
Dans un ouvrage publié il y a un an – La crise qui vient la nouvelle fracture territoriale -Laurent Davezies soulignait que la crise des finances publiques remettait en cause les « mécanismes redistributifs » qui avaient contribué pendant trente ans à réduire les inégalités de revenus entre les territoires de la nation. La France, comme les autres pays, connait rétroactivement en effet les conséquences du développement inégal de la machinerie capitaliste, si bien connue au niveau mondial par les marxistes chevronnés, mais non plus par l’empirisme et le hasard ses implantations industrielles mais du fait du déclin industriel des zones fragilisées par la compétition mondiale. Ainsi existent désormais des territoires « non marchands » en difficulté dans le nord-est du pays, qui dépendent essentiellement des « transferts sociaux ». Un Ouest qui vit de la combinaison du tourisme, des retraites et de salaires publics. Face à une dizaine de métropoles région parisienne en tête qui concentrent les emplois productifs.
Régentant l’Etat en faillite légué par la droite bourgeoise, mère de la fameuse écotaxe (approuvée par la gauche bourgeoise en opposition à l’époque), l’actuelle gauche au pouvoir n’a pour solution que d’augmenter les taxes de toute sorte. La protestation cacophonique des patrons artisans apparaît naturellement comme une resucée du poujadisme, mais à mettre sur le même plan que l’action concomitante tous ces syndicalistes radicaux qui brament auprès de Monsieur redressement productif dit Monsieur Produisons français, le sieur Arnaud Montebourg, afin qu’il sauve telle ou telle entreprise en faillite. Ce qui est donc plus frappant pour tout esprit réfléchi, c’est bien cet espèce d’assentiment à l’Etat, d’appel à un Etat nounou de la part de la petite bourgeoisie marchande comme de la part des syndicalistes, comme s’en moque si bien Claude Bitot dans son ouvrage « Repenser la révolution ». Le niveau de conscience des masses est assez affligeant et il n’est pas simplement le reflet de l’idéologie dominante : « … les masses en « république démocratique » délèguent volontiers leur pouvoir à des « représentants », votent et continuent de voter sachant très bien qu’ils ne tiendront pas leurs promesses (celles-ci n’engageant que ceux qui les écoutent ») mais aussi qui vont les débarrasser de ce qu’elles estiment être une charge trop lourde et encombrante à porter pour elles »[1]. La grogne anti-fiscalité est typique de la petite bourgeoisie casanière et provinciale. N’est-ce pas l’Etat bourgeois, méchamment anti-prolétarien, qui vous assure éducation, santé, sécurité sociale, allocations chômage, services publics, retraites. Pour violentes et contestataires qu’elles soient les diverses jacqueries et même grèves réclament au « père étatique » protection alors que ledit père est criblé de dettes, ne peut plus jouer à « l’Etat providence », qui pousse le bouchon jusqu’au ridicule de « pénaliser les clients des prostituées », qui prétend assimiler sans compter les immigrés du monde entier et même trouver un logement et un job à tous les pauvres roms… bref un « Etat-nounou » (qui) infantilise ses sujets »[2]. Mais la grogne des bonnets rouges ne menace pas d'éclatement ou de coagulation la nation, elle rend service au contraire aux tenants actuels de l'Etat pour faire passer au second plan les "plans sociaux" (en Bretagne en particulier) et arrimer les victimes prolétaires au char hétéroclite des réacs paysans et petits patrons bornés et violents. Preuve par contre de la vacuité protestataire de cette clientèle ulcérée, le soutien apporté par les deux fofolles de l'hexagone: Royal et Le Pen.

COMMENT ROMPRE LE CORDON OMBILICAL DE LA BOURGEOISIE « NOUNOU »?

En réalité les Etats bourgeois sont tous à peu près dans la même situation que l’Etat national français : aucune vision à long terme clientélismes dans tous les sens, impéritie financière. Ils sont tous plus ou moins en faillite, maquillent leurs comptes et "empruntent" pour repousser le dépôt de bilan; le gouvernement français actuel est un cas d'école: emprunter 4,5 milliards pour combler le trou géant de la banque véreuse Crédit Lyonnais, fallait le faire, il l'a fait! Tous les Etats bourgeois sont rament désormais sur une logique de comptabilité de caisse, un marketing politique insensé, multipliant les expédients : on pompe dans une caisse de retraite pour en renflouer une autre, quand la plupart fonctionnent avec des prêts bancaires dangereux à moyen terme, on engrange des revenus immédiats pour diminuer les déficits de l’année concernée, l’idéologie écologique sert à inventer tous les jours des impôts nouveaux au prétexte de « sauver la planète ». Cela rend malheureux les bobos des PME et de l'artisanat, mais c'est ainsi, et cette engeance ne se rapproche pas pour autant du prolétariat.
La moquerie quoditienne et la persécution par des sondages de popularité incessant à la baisse du président Hollande sert à cacher cette vérité que l’Etat national est devenu un grand corps malade impuissant à résoudre la crise capitaliste qui frappe toutes les nations, surtout la classe ouvrière et des couches dites moyennes qui elles voudraient bien conserver des privilèges étroits et locaux. Plus grave que la crise de l’immigration, qui servait jusque là d’exutoire confusionniste aux querelles des fractions bourgeoises la crise poujadiste contre les taxes du père indigne, révèle l’enfoncement de l’Etat national dans une crise où il mécontente la principale masse de l'électorat petit bourgeois. D’aucuns assurent que c’est la faute à Bruxelles qui accaparerait toutes les décisions gestionnaires au dépens des besoins et ressources de l’Etat national. D’autres, les fervents partisans d’un pouvoir plus grand aux édiles régionaux, militent au fond dans le sens de l’idéologie fédéraliste européenne, tout en criant comme les patrons bretons féodaux que l’Europe brade la France…[3]
L’ampleur de la crise étatique, masquée par la focalisation sur un président qui serait « mou », laissant l’indécision aux obscurs technocrates, méritent d’être comparée avec la situation économique et sociale en 1914. Sans attendre 2014, les plumitifs de la bourgeoisie commémorent et communient au souvenir de la triste « der des der »[4]. Leur commisération s’épanche dans le même mensonge planétaire : cette guerre aurait été due à l’horrible prurit des « nationalismes », pas à l’impérialisme capitaliste ni à la limitation des marchés ni à la crise du taux de profit. Paradoxal mon cher Watson, tous enterrent l’idée nationale au nom de vagues principes mondialistes (qui cachent une formidable volonté de constituer les futurs blocs militaires) quand chaque Etat national prétend encore défendre « son bifteck » et ses « ressortissants » plus souvent pris en otage par les « destructions d’emplois » que par les caravaniers terroristes.
Dans un article précédent j’ai rappelé que le Manifeste communiste de 1848 notait que « la classe ouvrière doit d’abord s’organiser dans le cadre de la nation », pas comme classe d’immigrés mais comme classe incluant les ouvriers nationaux et les immigrés. Lénine s’était déjà penché sur la question et on va voir que sa réflexion peut nous être encore utile. Excusez la longueur de la citation, mais il le faut pour la décortiquer et l’actualiser.
« La question de la patrie, répondrons‑nous aux opportunistes, ne peut pas être posée en ignorant le caractère historique concret de la guerre actuelle. C'est une guerre impérialiste, c'est‑à‑dire une guerre de l'époque du capitalisme le plus développé, de l'époque de la fin du capitalisme. La classe ouvrière doit d'abord « s'organiser dans le cadre de la nation », dit le « Manifeste communiste », qui indique à quelles conditions et dans quelles limites nous reconnaissons la nationalité et la patrie, comme des formes nécessaires de la société bourgeoise et aussi, par conséquent, de la patrie bourgeoise. Les opportunistes dénaturent cette vérité en prenant ce qui est juste à l'époque de la naissance du capitalisme, et en le rapportant à celle de la fin de ce régime. Or, à propos de cette époque, des tâches du prolétariat dans la lutte pour l'abolition, non pas de la féodalité, mais du capitalisme, le Manifeste communiste déclare nettement et sans ambiguïté : « Les ouvriers n'ont pas de patrie. » On comprend pourquoi les opportunistes craignent de reconnaître cette vérité du socialisme, et même le plus souvent de l'affronter au grand jour. Le mouvement socialiste ne peut pas vaincre dans l'ancien cadre de la patrie. Il crée des formes nouvelles, supérieures, de la société humaine, où les besoins légitimes et les aspirations progressistes des masses laborieuses de toutes les nationalités seront, pour la première fois, satisfaits dans l'unité internationale, les frontières nationales actuelles étant abolies. Aux efforts de la bourgeoisie contemporaine qui cherche à diviser et à désunir les ouvriers en alléguant hypocritement la « défense de la patrie », les ouvriers conscients répondront par des efforts renouvelés un vue d'unir les travailleurs des différentes nations dans la lutte pour renverser le pouvoir de la bourgeoisie de toutes les nations.
La bourgeoisie trompe les masses en dissimulant le brigandage impérialiste sous la vieille idéologie de la « guerre nationale ». Le prolétariat dénonce cette duperie en proclamant le mot d'ordre de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile. C'est précisément ce mot d'ordre qui est indiqué par les résolutions de Stuttgart et de Bâle, qui prévoyaient non pas la guerre en général, mais bien la guerre actuelle, et parlaient non pas de « défendre la patrie », mais de « précipiter la chute de la domination capitaliste », d'utiliser à cette fin la crise suscitée par la guerre, de suivre l'exemple de la Commune. La Commune a été la transformation d'une guerre de peuples en guerre civile.
Une transformation de ce genre n'est évidemment pas facile et ne peut pas s'accomplir « au gré » de tels ou tels partis. Mais elle s'inscrit dans les conditions objectives du capitalisme en général, et de l'époque de la fin du capitalisme en particulier. C'est dans cette direction exclusivement que doit s'orienter l'activité des socialistes. Ne pas voter les crédits militaires, né pas encourager le chauvinisme de « son propre » pays (et des pays qui lui sont alliés), combattre au premier chef le chauvinisme de « sa propre » bourgeoisie, sans se borner aux formes légales de lutte lorsque survient une crise et que la bourgeoisie abroge elle-même lit légalité qu'elle a créée, voilà la ligne d'action qui conduit à la guerre civile et qui y amènera, à un moment donné de la conflagration européenne »[5].

DEMASQUER LA BOURGEOISIE NATIONALE

Remplacez le terme guerre par crise économique et la validité de la réflexion de Lénine vous sautera aux yeux. Le Manifeste communiste ajoute à cette organisation des ouvriers « dans le cadre de la nation », « les ouvriers n’ont pas de patrie » comme le souligne en plus Lénine. Et il précise : « Le mouvement socialiste ne peut pas vaincre dans l’ancien cadre de la patrie. Il créée des formes nouvelles supérieures, de la société humaine, où les besoins légitimes et les aspirations progressistes des masses laborieuses de toutes les nationalités seront, pour la première fois satisfaits dans l’unité internationale, les frontières nationales actuelles étant abolies ». De nos jours  les frontières nationales sont encore plus renforcées idéologiquement, plus subtilement que par les vieilles barrières douanières. Quoique Hollande et son clan exaltent le « patriotisme » contre le « nationalisme ». Mais c’est le même mensonge bourgeois « qui cherche à diviser et à désunir les ouvriers en alléguant hypocritement la « défense de la patrie ». Parodions Lénine plus loin : La bourgeoisie trompe les masses en dissimulant son impéritie (le brigandage impérialiste) sous la vieille idéologie du « patriotisme économique ».
La formidable concentration des médias sur la crise de l’immigration (réelle et ingérable) jointe à cette idéologie du « produisons français », s’accompagne, fait plus détestable encore d’une régionalisation des conflits. Les syndicats se sont fait spontanément les porteurs de ce sale boulot en compagnie des gauchistes régionalistes, comme le remarque un journaliste bourgeois :
« Les syndicats ont prouvé avec l'affaire des bonnets rouges qu'en aucun cas ils ne cherchent à défendre les salariés mais qu'ils les utilisent et détournent leur cause. Les entrepreneurs, en revanche, ne devraient pas cesser de se révolter de sitôt. Pour la simple et bonne raison qu'ils sont méprisés par le pouvoir alors qu'ils sont les premiers créateurs de richesse dans le pays. Pigeons, poussins, moutons, tondus et plumés auraient donc tort d'arrêter de manifester leur colère »[6].
Contre ce journaliste à courte vue nous pouvons rappeler que la « régionalisation » des conflits par les bonzes syndicaux est une vieille tactique du syndicalisme d’Etat ; cf. La plupart des luttes de la classe ouvrière sont cloisonnées, parcellisées et régionalisées depuis… la Libération. Mai 68 avait déchiré ce compartimentage. La régionalisation obéit à un principe simple : empêcher l’extension nationale des conflits pour éviter de mettre en danger l’Etat national. On lutte dans sa région. On participe à des « journées européennes pour l’emploi ». D’autant que le cadre national n’est plus qu’un référent ringard, n’est-ce pas ?
Lénine sous-entendait une simultanéité extra-nationale des luttes ouvrières, qui s’est réellement manifestée pendant la guerre. En ce sens la guerre a été unifiante pour poser la question de l’insurrection dans chaque Etat national. Malheureusement la bourgeoisie sait faire pour éviter que la crise économique joue ce rôle de facteur unificateur paradoxal contre elle. Et elle procède de la même manière qu’en 1914, en faisant appel à l’esprit patriotique interclassiste. Elle y parvient fort bien, reconnaissons-le, en se servant de la crise de l’immigration pour favoriser un repli plus patriotique que raciste, mais il n’est pas de meilleur patriotisme que l’antiracisme tel qu’il est officialisé dans conclaves de technocrates et les chapelles gauchistes et anarchistes. L’union patriotique antiraciste permet, comme hier l’antisémitisme, de désigner un ennemi intérieur qui est cette fois le « petit blanc raciste », replié sur des coutumes nationales désuètes, pas du tout « internationaliste » au sens des bobos indignés et des marchands de canons électroniques. La bourgeoisie botte en touche chemin faisant en se délestant des problèmes posés par la crise de l’immigration et son déclin industriel, sur les victimes sans armes théoriques et sans alternative socialiste crédible ni affirmée. Les chantres de l’Etat national-patriotique, tenant des « idéaux universels » peuvent ainsi taxer les prolétaires non immigrés d’arriération, judiciariser leurs emportements et dénier toujours plus toute capacité au prolétariat à prétendre lui opposer une transformation de la crise des peuples vers la création « des formes nouvelles, supérieures de la société humaine ». « Une transformation de ce genre n’est évidemment pas facile »… Poursuivons la parodie : La crise n’est pas un accident, elle n’est pas un « péché » comme le pensent les édiles de toutes les religions (qui prêchent le patriotisme, l’humanitarisme, et la paix non moins bien que les socialos gouvernementaux), mais une étape finale du capitalisme, une forme aussi naturelle de la vie capitaliste que la guerre. De nos jours, la crise est une guerre des peuples. Cette vérité ne signifie pas qu’il faille se laisser emporter par le courant « populaire » du chauvinisme, mais elle signifie que les contradictions de classe qui déchirent les peuples persistent et se manifesteront également en temps de future guerre mondiale, dans le cadre de la crise mondiale.
« Si ce n'est aujourd'hui, cela sera demain, si ce n'est au cours de la présente guerre, cela sera dans la période qui suivra, si ce n'est durant cette guerre, cela sera pendant la prochaine, le drapeau de la guerre civile du prolétariat deviendra le point de ralliement non seulement de centaines de milliers d'ouvriers conscients, mais aussi de millions de semi-prolétaires et de petits bourgeois aujourd'hui bernés par le chauvinisme, et que les horreurs de la guerre, au lieu de les épouvanter et de les abrutir seulement, vont éclairer, instruire, éveiller, organiser, tremper et préparer à la guerre contre la bourgeoisie de « leur propre » pays et des pays « étrangers ».
Etonnante prescience du théoricien marxiste le plus fustigé du XXe siècle. La vague révolutionnaire des années 1916-1923 a confirmé peu après cette extraordinaire vision. Nous sommes, nous par contre, étonnamment aveugle à l’heure actuelle face à la gravité de la situation mondiale, qui reproduit les mêmes conditions de clash planétaire qu’en 1914 comme le notent de plus en plus d’observateurs bourgeois un peu plus sagaces. Lénine précise bien qu’il faut en passer par une confrontation avec l’Etat national. Il semblerait que les élites bourgeoises aient mieux compris Lénine que la plupart des révolutionnaires atomisés en lilliputiens groupes. Et la bourgeoisie a compris en tout cas qu’il fallait masquer la nation derrière l’Etat européen virtuel, ou toute autre zone américaine, arabe, asiatique ou russophone. Et en même temps qu’il fallait masquer l’Etat derrière la nation classique en tenant un discours de type « patriotique » intramuros. En favorisant tout ce qui rend impuissant, les litanies opaques sur la vieille France avec ses coutumes, l’immigré comme agent double, facteur de paupérisation mais brave travailleur taillable et corvéable, la faute au capitalisme teuton ou aux imposantes prérogatives américaines, etc.
C’est une évidence, soulignée dans plusieurs assemblées ouvrières où j’ai pu participer, que la crise économique actuelle, en soi, ne favorise pas la révolution internationaliste. Alors parodions encore une fois Lénine pour conclure : Si ce n’est aujourd’hui, cela sera demain si ce n’est au cours de la présente crise cela sera dans la période qui suivra, si ce n’est pendant la crise, cela sera pendant la prochaine », et :
« … le drapeau de la guerre civile du prolétariat deviendra le point de ralliement non seulement de centaines de milliers d'ouvriers conscients, mais aussi de millions de semi-prolétaires et de petits bourgeois aujourd'hui bernés par le chauvinisme, et que les horreurs de la guerre (ou de la crise avant, ndt), au lieu de les épouvanter et de les abrutir seulement, vont éclairer, instruire, éveiller, organiser, tremper et préparer à la guerre contre la bourgeoisie de « leur propre » pays et des pays « étrangers ». 

C'est loin d'être une situation à l'identique aujourd'hui les "millions de semi-prolétaires et de petits bourgeois" ne sont pas prêts à se mettre DERRIERE le prolétariat dans sa lutte historique contre la domination capitaliste; indignés bobos comme régionalistes bretons réacs sont encore devant, sèment la zizanie sans projet politique cohérent; ils n'ont pas pour but de faire tomber l'Etat nounou, tout au plus de changer de gouvernement. Lénine ne cachait pas miser sur la « simultanéité » - des luttes de la classe ouvrière pas d'un agglomérat de la population indistincte -  condition de toutes les révolutions, mais à condition que l’Etat national soit identifié comme le premier ennemi à faire tomber, dans un processus d’extension forcément mondial sinon voué à un nouvel échec.  Du point de vue du prolétariat, l’Etat national reste l’ennemi dans notre propre pays ! Mais tous les ennemis de l'Etat national ne sont pas nos amis.
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Première guerre mondiale et crise financière: des parallèles troublants
(cf. LA TRIBUNE)

Harold James | 08/11/2013, Bientôt le 11 novembre 2013. L'occasion de penser, déjà, au centenaire de la guerre de 1914-1918, qui fera l'objet de nombreuses célébrations et manifestations en 2014. Notre contributeur, l'historien Harold James, y ajoute un regard particulier, celui du lien entre la crise financière de 1907 et la Première Guerre mondiale. Alors que cinq ans après la crise des subprimes aux États-Unis, le monde est à nouveau tenté par le nationalisme face au pouvoir sans limite de la finance, le parallèle est évidemment tentant.
L' approche du 100e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale en 1914 fait réagir les dirigeants politiques et les commentateurs inquiets de la situation politique et économique de la planète. Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a même déclaré récemment que la polarisation croissante entre le nord et le sud de l'Europe a fait reculer le continent d'un siècle.
Les leçons de 1914 ne portent pas seulement sur le danger des animosités nationales. La Grande Guerre est un précédent fascinant quant à la manière dont la mondialisation financière peut devenir l'équivalent d'une course aux armements qui menace l'ordre international. En 1907, une crise financière majeure née aux États-Unis a affecté le reste du monde et démontré la fragilité du système financier international. La réponse à la crise actuelle reproduit une dynamique similaire.(…)

Entre 1905 et 1908, l'amirauté britannique avait esquissé le plan d'une guérilla financière et économique contre la puissance montante en Europe, l'Allemagne. La guérilla économique, si elle avait été menée à fond, aurait coulé le système financier de l'Allemagne et l'aurait empêché de s'engager dans un conflit militaire, quel qu'il soit. Quand les visionnaires de l'amirauté britannique ont été confrontés à un rival sous la forme de l'Allemagne du Kaiser, ils ont compris comment le pouvoir pouvait prospérer sur la fragilité financière.

1914, une situation de rupture économique

La Grande-Bretagne d'avant 1914 avait anticipé le partenariat public-privé qui lie aujourd'hui les géants de la technologie comme Google, Apple ou Verizon aux services de renseignement américains. Les banques londoniennes garantissaient alors la plus grande partie du commerce mondial. Ces réseaux financiers fournissaient les informations qui ont permis au gouvernement britannique de découvrir les vulnérabilités stratégiques cachées de l'alliance à laquelle il faisait face.
Pour les rivaux de la Grande-Bretagne, la panique financière de 1907 montrait la nécessité de mobiliser les puissances financières elles-mêmes. Les États-Unis, de leur côté, reconnaissaient qu'il leur fallait une banque centrale analogue à la Banque d'Angleterre. Les financiers américains étaient persuadés que New York devait développer son propre système d'échanges commerciaux pour traiter les lettres de change de la même manière que le marché de Londres, et assurer leur monétisation (ou acceptation). (…)

Et maintenant, la crise ou la guerre ?

On voit réapparaître aujourd'hui certaines caractéristiques de la situation financière d'avant 1914. Après la crise financière de 2008, les institutions financières semblaient être à la fois des armes de destruction massive sur le plan économique et les instruments potentiels de la mise en oeuvre de la puissance nationale.
Dans la gestion de la crise de 2008, la dépendance des banques étrangères à l'égard du dollar était une faiblesse majeure qui a nécessité d'importantes « swap lines » de la Réserve fédérale. Y remédier nécessite la renationalisation des banques et la séparation des activités des grandes institutions financières.
Pour les banquiers européens et pour quelques gouvernements, le réexamen par les États-Unis du fonctionnement des filiales des banques étrangères chez eux souligne cet impératif. Ils considèrent qu'il s'agit d'un nouveau type de protectionnisme et menacent d'exercer des représailles.
La géopolitique intervient également ailleurs dans les pratiques bancaires. Les banques russes essayent d'acquérir des actifs en Europe centrale et en Europe de l'Est. Les banques européennes jouent un rôle bien moins important dans le financement du commerce international asiatique. Les banques chinoises sont poussées à étendre leur activité au commerce international. De nombreux pays envisagent de recourir au protectionnisme financier pour accroître leur influence politique.
Dans cette logique, l'étape suivante consiste à envisager la manière de mettre la puissance financière au service de l'intérêt national en cas de conflit diplomatique. On recourt entre autres à des sanctions (pas très efficaces) pour faire pression sur des États voyous, comme l'Iran ou la Corée du Nord. Mais la pression financière peut être beaucoup plus forte si elle s'applique à des pays très impliqués dans l'économie mondiale.
En 1907, après une crise financière marquante qui a failli entraîner un effondrement complet du système, plusieurs pays ont commencé à penser la finance avant tout comme un instrument du pouvoir brut qui peut et doit être mis au service de l'intérêt national. Ce genre d'idée a conduit à la guerre de 1914. Un siècle plus tard, en 2007-2008, le monde a subi un choc financier encore plus important qui a enflammé les passions nationalistes. Les stratégies destructrices ne sont peut-être pas loin derrière.
Copyright : Project Syndicate, 2013.
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Paru dans le n°33 du Social-Démocrate (1.11.1914)


La situation et les tâches de l'Internationale Socialiste
Lénine



Ce qu'il y a de plus pénible dans la crise actuelle, c'est la victoire remportée par le nationalisme bourgeois, le chauvinisme, sur la plupart des représentants officiels du socialisme européen. Ce n'est pas sans raison que les journaux bourgeois de tous les pays distillent tour à tour, à leur égard, les sarcasmes et les flatteries condescendantes. Et rien n'est plus important, pour un socialiste qui désire rester tel, que de rechercher les causes de la crise socialiste et d'analyser les tâches de l'Internationale.
Certaines gens ont peur de reconnaître cette vérité que la crise ou, plus exactement, la faillite de la II° Internationale est celle de l'opportunisme.
Ils allèguent, par exemple, l'unanimité des socialistes français, le regroupement soi‑disant complet des anciennes fractions du socialisme à propos de la question de la guerre. Mais ces allégations sont inexactes.
La défense de la collaboration des classes, la répudiation de l'idée de la révolution socialiste et des méthodes révolutionnaires de lutte, l'adaptation au nationalisme bourgeois, l'oubli du caractère historiquement transitoire des frontières de nationalité et de patrie, la valeur de fétiche attribuée à la légalité bourgeoise, la renonciation au point de vue de classe et à la lutte de classe par  crainte de s'aliéner « la grande masse de la population » (lire : la petite bourgeoisie), tels sont incontestablement les fondements idéologiques de l'opportunisme. C'est sur ce terrain qu'a grandi le chauvinisme, le patriotisme actuel de la plupart des dirigeants de la II° Internationale. Il y a longtemps déjà que des observateurs de toutes opinions ont remarqué cette prédominance de fait des opportunistes parmi eux. La guerre n'a fait que révéler avec une rapidité et une force particulières les proportions réelles de cette prédominance. Que l'acuité extraordinaire de la crise ait provoqué divers regroupements des anciennes fractions, voilà qui n'a rien d'étonnant. Mais, d'une façon générale, ces regroupements n'ont touché que les personnalités. Les tendances au sein du socialisme sont restées les mêmes.
Il n'y a pas d'unanimité complète parmi les socialistes français. Vaillant lui‑même, qui suit la ligne chauvine avec Guesde, Plékhanov, Hervé, etc., doit convenir qu'il reçoit des lettres de protestation de socialistes français disant que la guerre est une guerre impérialiste, et que la bourgeoisie française n'en est pas moins responsable que les autres. N'oublions pas que ces voix sont étouffées, non seulement par l'opportunisme triomphant, mais aussi par la censure militaire. Chez les Anglais, le groupe Hyndman (les social‑démocrates anglais, le British Socialist Party) a entièrement versé dans le chauvinisme, tout comme la plupart des leaders semi‑libéraux des trade‑unions. Mac‑Donald et Keir Hardie, de l'Independent Labour Party opportuniste, repoussent le chauvinisme. C'est vraiment une exception. Mais certains social‑démocrates révolutionnaires, depuis longtemps adversaires de Hyndman, ont maintenant quitté le British Socialist Party [1]. Chez les Allemands, le tableau est net : les opportunistes ont vaincu, ils jubilent, ils sont « dans leur assiette ». Le « centre », Kautsky en tête, est tombé dans l'opportunisme, qu'il défend avec des sophismes particulièrement hypocrites, vulgaires et pleins de suffisance. Parmi les social‑démocrates révolutionnaires, on entend les protestations de Mehring, de Pannekoek, de Karl Liebknecht, ainsi que diverses voix anonymes provenant d'Allemagne et de Suisse allemande. En Italie, la démarcation est tout aussi nette : les ultra-opportunistes, Bissolati et Cie, sont pour la « patrie », pour Guesde‑Vaillant‑Plékhanov‑Hervé. Les social‑démocrates révolutionnaires (le « parti socialiste [2] »), l'Avanti ! en tête, combattent le chauvinisme et démasquent les intérêts égoïstes de la bourgeoisie camouflés derrière les appels à la guerre. Ils ont la sympathie de l'immense majorité des ouvriers avancés. En Russie, les ultra‑opportunistes du camp des liquidateurs [3] donnent déjà de la voix, dans les réunions et dans la presse, en faveur du chauvinisme. P. Maslov et E. Smirnov défendent le tsarisme sous prétexte de défendre la patrie (l'Allemagne, voyez‑vous, menace de « nous » imposer « par la force du glaive » des traités de commerce, tandis que le tsarisme, lui, s'abstiendrait sans doute, comme il l'a toujours fait, d'étouffer par le glaive, le knout et la potence, la vie économique, politique et nationale des neuf dixièmes de la population de la Russie !), et justifient l'entrée des socialistes dans les ministères réactionnaires bourgeois, le vote des crédits de guerre aujourd'hui et de nouveaux armements demain !! Plékhanov, qui teinte de francophilie son chauvinisme russe, et Alexinski ont aussi sombré dans le nationalisme. C'est Martov, à en juger par le Goloss [4] de Paris, qui a dans toute cette bande l'attitude la plus correcte : il combat le chauvinisme allemand et français, s'insurge contre le Vorwaerts, aussi bien que contre M. Hyndman et contre Maslov, mais n'ose pas déclarer résolument la guerre à l'opportunisme international et à son apologiste « le plus influent », le « centre » de la social‑démocratie allemande. Les tentatives de présenter le volontariat comme la réalisation de tâches socialistes (voir la déclaration du groupe des volontaires social‑démocrates et socialistes‑révolutionnaires russes de Paris, et aussi des social‑démocrates polonais, de Leder et Cie), n'ont trouvé de défenseur qu'auprès de Plékhanov. La majorité de la section parisienne de notre Parti les a condamnées. Le lecteur peut juger de la position du Comité central de notre Parti d'après l'éditorial du présent numéro. En ce qui concerne l'historique de la formulation des vues de notre Parti, nous devons, pour éviter tout malentendu, établir les faits suivants : un groupe de membres de notre Parti, surmontant les immenses difficultés qui s'opposent au rétablissement des liens d'organisation rompus par la guerre, a tout d'abord élaboré des « thèses », qu'il fit circuler parmi les camarades du 6 au 8 septembre (nouveau style). Puis, par l'intermédiaire des social‑démocrates suisses, il les fit parvenir à deux membres de la conférence italo‑suisse de Lugano (le 27 septembre). C'est seulement à la mi‑octobre que la liaison put être rétablie et que l'on parvint à formuler le point de vue du Comité central de notre Parti. L'éditorial de ce numéro est la rédaction définitive de ces « thèses ».
Telle est, en bref, la situation dans la social‑démocratie européenne et russe. La faillite de l'Internationale est évidente. La polémique de presse entre socialistes français et allemands en a apporté la preuve définitive. Le fait a été reconnu non seulement par les social‑démocrates de gauche (Mehring et la Bremer Bürger‑Zeitung), mais aussi par des organes suisses modérés (le Volksrecht). Les tentatives de Kautsky pour masquer cette faillite ne sont que des faux-fuyants de poltron. Et cette faillite, c'est très précisément celle de l'opportunisme, qui s'est révélé prisonnier de la bourgeoisie.
La position de la bourgeoisie est claire. Il n'est pas moins clair que les opportunistes se bornent à reprendre aveuglément ses arguments. On pourrait encore compléter l'éditorial de ce numéro en signalant simplement la cruelle dérision des articles de la Neue Zeit, pour qui l'internationalisme consiste précisément dans le fait que les ouvriers des différents pays s'entre‑tuent au nom de la défense de la patrie !
La guerre n'est pas un accident, elle n'est pas un « péché », comme le pensent les prêtres chrétiens (qui prêchent le patriotisme, l'humanitarisme et la paix non moins bien que les opportunistes), mais une étape inévitable du capitalisme, une forme aussi naturelle de la vie capitaliste que la paix. De nos jours, la guerre est une guerre de peuples. Cette vérité n'implique pas qu'il faille se laisser emporter par le courant « populaire » du chauvinisme, mais elle signifie que les contradictions de classe qui déchirent les peuples persistent et se manifesteront également en temps de guerre, à la guerre dans le cadre de la guerre. Le refus du service militaire, la grève contre la guerre, etc., ne sont que pures sottises, qu'un rêve misérable et craintif d'une lutte sans armes contre la bourgeoisie armée, qu'un vœu souhaitant la destruction du capitalisme sans une ou plusieurs guerres civiles acharnées. Dans l'armée aussi, un socialiste a pour devoir d'être le propagandiste de la lutte de classe ; l'action visant à transformer la guerre des peuples en guerre civile est la seule action socialiste à l'époque du conflit impérialiste armé des bourgeoisies de toutes les nations. A bas la niaise sentimentalité des vœux pieux sur « la paix à tout prix » ! Levons le drapeau de la guerre civile ! L'impérialisme met en jeu le destin de la civilisation européenne : d'autres guerres suivront bientôt celle‑ci, à moins qu'il ne se produise une série de révolutions victorieuses. La fable de la « dernière guerre » est un songe creux et nuisible ; c'est un « mythe » petit‑bourgeois, selon la juste expression du Goloss. La II° Internationale est morte, vaincue par l'opportunisme. A bas l'opportunisme, et vive la III° Internationale débarrassée non seulement des « transfuges » (comme le souhaite le Goloss), mais aussi de l'opportunisme !
La II° Inernationale a accompli, pour sa part, un utile travail préparatoire d'organisation des masses prolétariennes, pendant une longue époque « pacifique » qui a été celle de l'esclavage capitaliste le plus cruel et du progrès capitaliste le plus rapide : le dernier tiers du XIX° siècle et le début du XX°. A la III° Internationale revient la tâche d'organiser les forces du prolétariat en vue de l'assaut révolutionnaire contre les gouvernements capitalistes, de la guerre civile contre la bourgeoisie de tous les pays pour le pouvoir politique, pour la victoire du socialisme !





 LIRE LENINE : Sur le site Persée : Correspondance entre Lénine et Camille Huysmans, 1905-1914
DOCUMENT. CORRESPONDANCE. ENTRE LÉNINE ET CAMILLE HUYSMANS (1905-1914). Introduction. La présente correspondance, que M. Camille ...
www.persee.fr/web/revues/home/.../cmr_0008-0160_1962_num_3_4_1529



[1] Bitot, p.150 et suivantes. Je ne suis pas d’accord avec les conclusions et propositions de Bitot. J’ai fait d’ailleurs une critique détaillée de son ouvrage sur ce blog. Ses constats n’en restent pas moins très pertinents et gênant pour la gogoche critique et un certain maximalisme râleur et englué dans l’idéologie de l’Etat d’assistanat.
[2] Ibid p. 153.
[3] C’est au niveau de la magistrature que la nature régressive et délirante de l’Etat affolé apparaît la plus scandaleuse. Les condamnations totalement injustes et disproportionnées de prolétaires rivalisent avec un traitement clairement laxiste vis-à-vis de la voyoucratie, sous prétexte de tolérance et de réputation d’accueil du patronat français. Le voile musulman est défendu sans complexe par une ribambelle d’avocats gauchistes. On retire les enfants au père ou à la mère selon le bon vouloir de tel juge récemment nommé (les nouveaux juges comme les politiciens défont allégrement ce que leurs prédécesseurs ont fait ou commis avec une totale irresponsabilité et impunité). On assiste à un retour d’une juridiction pétainiste, comme La voix du nord le montre dans l’exemple suivant (il faut remonter à Pétain pour trouver d’aussi lourdes condamnations pour « vol d’électricité » en période de pénurie de … guerre mondiale. « Le 7 août 2012, un contrôle effectué par un agent de la société ErDF va permettre de découvrir que la locataire d’un appartement de Calais utilisait de l’électricité sans pour autant payer sa consommation. Les faits reprochés s’étalent sur une période allant de début janvier au 7 août 2012 et les kilowatts utilisés représentent une somme de 757,37 euros Lors de son audition elle déclare : « J’ai demandé à un ami de rétablir le courant. Je ne sais pas comment il a fait et comme depuis je ne l’ai plus revu, je ne peux pas vous en dire plus . » Sylvie B., 54 ans, connue des services de la police, absente à l’audience, a écopé d’une peine d’un mois de prison. Elle devra également dédommager ErDF à hauteur des impayés, soit 757,37 euros ».

[4] « La fable de la « dernière guerre » est un songe creux et nuisible ; c’est un mythe petit bourgeois », Lénine (Novembre 1914).
[5] Lénine, La situation et les tâches de l’Internationale communiste paru dans le n°33 du Social-démocrate, 1er novembre 1914.
[6] Cet olibrius dit une connerie plus grosse que lui cependant en nous affirmant que « les entrepreneurs sont les premiers créateurs de richesse » !? Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/horreur-vide-mais-qui-profite-faiblesse-francois-hollande-pour-imposer-decisions-tete-etat-david-valence-geoffroy-lejeune-894680.html#rH9YbUIur6RArOAj.99