PAGES PROLETARIENNES

jeudi 9 mai 2013

BILAN D’UNE ANNEE DE « SOCIALISME »





La bêtise des fractions de la droite bourgeoise atteint des sommets lorsqu’elle prétend que nous venons de vivre les affres d’une année de « socialisme » et que le « président normal » est le roi de la chute interminable des sondages et que donc « elles auraient fait mieux » dans la crise mondiale. Disons le tout net, « l’impuissance » à « trouver la croissance » du cador actuel de l’Elysée participe de l’infantilisation du peuple et de la négation du prolétariat, tout comme les coups de menton de Sarkozy contribuaient à laisser croire que c’était la faute aux autres indéterminés et qu’il ne nous restait qu’à assister comme spectateurs impuissants à la faillite renouvelée du système capitaliste. Les fables d’estrade du petit Hollande énarchique sur le « rêve » électoral n’ont abusé personne, et l’avis de n’importe quel quidam importait peu pour les principales fractions dirigeantes qui avaient décidé de virer le « bonapartiste » en carton.
Deux émissions successives étaient consacrées sur FR3, hier,  à la trajectoire de Sarkozy, l’une par le plaisantin FOG du Point et l’autre par une certaine Cabana, avec les mêmes répétitions et les mêmes fadaises personnalistes qui éloignent des questions politiques de fond..
La première, tout en se voulant distanciée, ne perdait jamais au passage l’occasion de cirer les pompes au célèbre éliminé, mais en laissant percevoir ses trop nombreuses contradictions ou supercheries, sans en expliquer le réalisme politique, après avoir remué la faible mémoire populiste sur son divorce (épatante la libertaire Cécilia !) et ses vacances bling-bling honteuses de « président des riches », défaut de casting que chacun concédait.Il aurait désacralisé la fonction présidentielle, non, mieux, il l'a simplement ridiculisée, révélant son caractère parasitaire et superfétatoire (c'est pourquoi j'avais proposé, largement couvert par TF1... la suppression de ce poste dépensier inutile, et on m'a alors  simplement menacé de mort).
Ainsi  des 35 heures qu’il avait prétendu éliminer, alors qu’en réalité, il a dû tenir compte du pouvoir clientéliste de la couche moyenne syndicaliste. Ainsi du travail pour tous et de son discours de bateleur d’estrade pour  «  l’excellence  pour tous les français » qui se traduisirent sous son court règne par de moins en moins de travail pour les pue-la-sueur et l’excellence du profit pour quelques uns du CAC 40. Le gouvernement Sarkozy n’a-t-il pas augmenté en plus la dette nationale de plus de 400 milliards d’euros[1]?etc. Selon la version Franz Olive Giesbert, pigiste chef du Point, Sarko aurait néanmoins porté beau à l’international, sauvant les infirmières bulgares (dans un deal où il s’est fait rouler par Khadafi), évitant un 1929 à la France, cornaquant comme il fallait l’Europe moins molle sous sa direction (où il aurait tenu tête à Poutine) et remplaçant les américains pour intervenir en Libye (la décision aurait été prise par lui et Fillon, dans le dos de la dite communauté internationale). Ce genre de dossier historique pipole faisant se succéder les menteurs professionnels (ex-ministres successifs, le nain Minc pote de Sarko et l’inévitable embaumeur du caïd du moment  Guaino), n’est pas très éclairant sauf à rappeler que Sarko était un PN de premier ordre, et à faire oublier qu’il a été soutenu et financé par les couches de la plus haute bourgeoisie, qui rêvent toujours de mettre fin définitivement au social pour glorifier la croissance qui a autant de chance d’advenir qu’un vieux cochon de bourgeois qui rêve de bander à nouveau.
Sous l’arrogance des médias simplificateurs, les spectateurs  électeurs bestiaux n'ont plus le choix qu'entre les éternels mange-merdes autorisés et adoubés, par ce système de castes cooptatifs, de politiciens tous véreux et de sportifs décérébrés  et d’artistes intermittents dont tout le monde se fout des déclarations après match. Mais les spectateurs ne sont pas forcément les pauv’cons qu’imagine le cire-pompe Guaino (« les gens ils savent même pas ce qu’est le Fouquet’s »), ils peuvent lire, sous l’analyse post-festum des divers ministres  transfuges ou sans culottes la nature des batailles feutrées à couteaux tirés au sein de chaque fraction bourgeoise.
La seconde émission se voulait plus politique, moins grandiloquente et vantarde que les délires  onanistes du clown FOG. Elle était plus perspicace. La droite est en miettes, reconnaissait tel ancien ministre. Une fraction large de la bourgeoisie n’a pas soutenu la réélection de Sarkozy, et pas simplement l’aile gaulliste, où le mot d’ordre a été « plutôt Hollande que l’agité du bonnet ». Il valait mieux qu’il parte avec toutes les promesses qu’il n’avait pas pu tenir et qu’il avait agitées impulsivement pour les gogos passifs.
La succession des témoignages (de Raffarin et de Juppé en particulier) illustra assez bien qu’il ne s’agit pas de simples bagarres de personnes mais d’idéologies et d’orientation différente pour… abuser du pouvoir; encore que… les libéraux confrontés à la crise de 2007-2008 se remettent à faire du tout Etat, du social pour tout dire ; leur guide Sarko fluctue au rythme des événements, fait profil bas face aux mafias syndicales… on se demande même s’il existe encore une idéologie différenciant gauche et droite une fois qu’ils sont au pouvoir. Ce sont les sujets de société qui font la différence auprès du bétail électoral : insécurité, racisme, immigrés. Fillon-droppy le résume très bien, dans le premier ou deuxième documentaire, on cherche des boucs-émissaires à une crise de société, une crise de l’économie. A ce compte le gouvernement Hollande-Ayrault s’en sort très bien, chaque ministre ravit un segment d’opinion, Valls pour le sécuritaire, Montebourg pour les syndicalistes, Le Drian pour la gloriole patriotique-impérialiste, et l’écologiste de service pour les moulins à vent du lobby du même sigle.
Hélas, avec sa tête de droppy, la relève Fillon ne fait pas plus « rêver » que ce pauvre Hollande, et la droite en est réduite – vu ses casseroles financières – à jouer à l’armée du Salut (l’aide aux gens…) pour tenter de reconquérir une crédibilité perdue quoiqu’en hurle au quotidien la sondalogie dictatoriale qui prétend qu’une majorité de français veut le « retour » de Sarkozy, comme hier ils voulaient l’intronisation du pervers DSK. Les médias finissent par être purulents de bêtise et d’inconsistance. Or, FOG comme nombre de commentateurs se plaisent à définir Sarkozy comme sans surmoi. Cela en dit long sur leur sujétion à ce genre d’individus lorsqu’ils sont au pouvoir, pour lesquels ils bavent depuis leur tribune dominante et cirent les pompes. En psychanalyse l’absence de surmoi implique l’absence de scrupules, c’est à dire l’absence du juge intérieur, héritage d’un sadisme infantile qui caractérise la cruauté des hommes de pouvoir, et pour tout dire les pervers narcissiques dont Sarkozy est le prototype. Et ce qui caractérise le PN, dans son délire égotiste est sa perte de la réalité, son inhumanité qui le conduit tôt ou tard à sa perte. Ce qui a été évident dans le cas de Sarkozy comme dans les cas de Hitler, Mussolini, Staline et tutti quanti; et aussi dans le cas du PDG de France Télécom qui déplorait les suicides tout en dictant à l'interne qu'il fallait dégraisser à tout prix par la porte ou par la fenêtre!
L’ego boursouflé des « volontaristes » sarkoziens ne peut pas avoir raison du pragmatisme des « victimes de la crise » du ministère amer de la gauche caviar, alors le centre joue de la lyre de l’Union nationale, fable inconsistante de l’époque de la reconstruction de l’après-guerre qui supposa l’effort de tous pour le seul Capital. Premier avatar du sarkozysme inconsistant "l'ouverture" à quelques transfuges du PS avait déjà révélé la perversité de la lutte des places pour le personnel bourgeois et l'avidité des "collabos" interchangeables à la mangeoire de l'Etat bourgeois. Imaginez combien le capitalisme serait vertueux si tous les politiciens pourris et complices s’unissaient de nos jours comme partis complices à la tête du gouvernement de l'exploitation. Le verbe fumeux de la « démocratie représentative » des « opinions » et des « divergences » sombrerait corps et biens.
Pour l’heure, la bourgeoisie française a bien la tête réjouie de Droppy.






[1] Dans une longue interview au Point (en vente cette semaine), l'ancien ministre de l'Économie et des Finances Thierry Breton effectue un calcul accablant : "De 1981 à 1995, par exemple, la France a accumulé, sous les deux septennats de François Mitterrand, 555 milliards de dette, dont 150 imputables à la deuxième cohabitation avec Édouard Balladur. Sous le précédent quinquennat, ce sont 600 milliards d'euros de dette qui auront été ajoutés, dont 200 imputables à la crise, selon la Cour des comptes. En matière de legs d'endettement public, les présidences Mitterrand et Sarkozy ont donc des bilans comparables. Sur dix ans pour la première, sur cinq ans pour la seconde." Deux "victimes" de ce raisonnement : Édouard Balladur, dont les deux ans à Matignon se sont révélés un gouffre, et surtout Nicolas Sarkozy, qui, comme président de la République (mai 2007-mai 2012), ministre des Finances (mars 2004-décembre 2004) et ministre du Budget (mars 1993-mars 1995), aura connu une hausse cumulée de la dette publique de 830 milliards d'euros.