PAGES PROLETARIENNES

vendredi 15 mars 2013

DE LA JALOUSIE


« Une femme qui s’irrite change de sexe » (Mme De Puisieux)[1]
Par Georges Anquetil[2]

Car la jalousie est bien le poison du mariage, mais elle est inhérente à la monogamie, elle en est l’aboutissant fatal. Elevée dans l’idée de fidélité maritale, habituée aux gros mots de trahison, de félonie, la femme surtout est sujette à des accès de ce mal dont Diderot disait : « La jalousie est parmi les passions ce qu’est parmi les maladies la rage : la plus inconcevable dans son principe, la plus difficile à guérir, la plus funeste dans ses effets ».
Dans son livre « De l’amour », Etienne Rey l’appelle simplement l’amour-propre de la chair. Au fond ce serait plutôt l’égoïsme stupide de la jument qui ne voudrait point qu’un étalon en couvrit d’autres qu’elle. Marmontel dépeignit assez exactement la jalousie en ces termes :
« Quelle passion ! quelle triste et cruelle passion que celle de la jalousie ! D’abord ressemblant à l’amour dont elle a reçu naissance, elle est douce, tendre et timide ; honteuse d’elle-même, elle se cache et dévore en secret le fiel qui la consume. Mais, tout à coup, elle se dresse et s’élance, comme un serpent gonflé de son propre venin. Et qu’est-ce qui l’irrite ? Bien souvent on l’ignore. D’autant plus redoutable que l’apparence la plus faible et l’indice le plus léger en est le germe le plus imperceptible, et qu’une fois jeté dans l’âme, ce germe empoisonné change tout en poison ».
Bélouino[3] pousse plus loin encore sa pointe sèche, et si sombre qu’il soit, son tableau n’est hélas ! point exagéré :
« Quand une femme est jalouse, rien ne la fléchit, ni la vue des douleurs qu’elle fait endurer, ni les larmes, ni les protestations, ni les prières. A chaque instant, elle épie les actions et les pensées. Le jour, la nuit, à toute heure, elle se forge des chimères, poignards qu’elle aiguise pour les enfoncer ensuite dans le cœur de sa victime qu’elle aime pourtant, qu’elle aime trop. Mais hélas ! la pauvre folle n’a plus sa raison ; peu à peu son esprit et ses facultés se sont fait un besoin d’exaltation factice, qui ne rendent plus possible pour elle la vie commune, calme et tranquille, avec ses joies et ses bonheurs. Il lui faut du drame et de la tempête ; de jour en jour elle s’exaspère, elle devient furieuse, puis quelques fois il arrive un moment où, finissant par ajouter foi aux chimères qu’elle invente, elle croit vraiment criminel celui qui est l’objet de ses fureurs, et alors elle se change en haine, elle maudit et repousse le cœur le plus dévoué, le plus aimant, et cet amour qu’elle craignait tant de perdre, c’est elle qui le tue, sans s’inquiéter des souffrances de celui qui le garde dans son cœur. Parfois la jalousie la pousse au parjure, à la trahison, car elle a ses vengeances aussi absurdes, aussi exagérées que les chimères qu’elle se forge. Une femme exaspérée par cette passion est capable de tout : elle devient infidèle, sans amour, pour se venger des infidélités qu’elle suppose. D’autres fois même, elle ouvre son cœur aux séductions extérieures » .
Du point de vue médical et social, le professeur Auguste Forel (célèbre psychiatre suisse) juge la jalousie avec une sévérité méritée :
« La jalousie est un héritage des animaux et de la barbarie : Voilà ce que je voudrais crier à tous les héros qui, au nom de l’honneur offensé, veulent lui octroyer des droits et même la placer sur un piédestal. Mieux vaut dix fois pour une femme un mari infidèle qu’un mari jaloux. La jalousie transforme le mariage en enfer. Dans les asiles d’aliénés, dans les procès et dans les romans, la jalousie joue un rôle immense, car elle est une des sources les plus fécondes des tragédies et des malheurs de l’existence humaine. Les efforts combinés et persévérants de l’éducation et de la sélection sont nécessaires pour qu’on en arrive à l’éliminer graduellement du cerveau humain. La jalousie de la femme, tout aussi inefficace contre l’infidélité de l’homme, se traduit par des scènes, des piqûres d’aiguilles, des chicanes, de petites tyrannies et toutes sortes de ruses, qui empoisonnent l’existence commune ».
Or je prétends que la jalousie, si déplorable dans ses effets, pourrait parfaitement et rapidement s’évanouir, comme elle avait disparu chez les femmes Mormonnes, quand Jules Rémy[4], qui les visita, il y a quelques années, écrivait ce qu’on lira plus loin, au chapitre consacré à la polygamie chez les Mormons. Non seulement aucune femme ne se plaignait, mais au contraire toutes disaient leur joie et leur bonheur.
C’est pourquoi le Dr Binet-Sanglé[5] (op.cit.) écrit avec sûreté :
« On pourra, sans inconvénient, instituer cette communauté des femmes que Platon recommande dans sa République et suivre, en ce qui concerne les pensionnaires et les  clientes du haras, l’exemple du socialiste John Humphrey Noyes, qui constitua, à Oneida Creeck, dans les Etats-Unis d’Amérique, un mariage groupé de plus de deux cent personnes »[6] (…)
En tout cas, aujourd’hui, non seulement la jalousie empoisonne le bonheur des époux, mais le perfectionnement des armes à feu et la création des revolvers-miniature, véritables joyaux ciselés, qui sont devenus l’accessoire de la garniture du sac de la Parisienne, ont exercé une fâcheuse influence sur la facilité avec laquelle une femme qui a ses nerfs supprime une existence humaine. Et comme l’incompréhensible faiblesse des jurys devant les crimes passionnels fait que les héroïnes de ces drames d’amour ne risquent d’autre sanction que le bénéfice d’une tapageuse publicité avec photographie retouchée en première page des quotidiens à deux millions de tirage, elles n’hésitent pas à assassiner un homme , comme si la guerre ne nous avait point déjà massacré suffisamment de mâles.
L’expérience est là pour attester qu’il n’y a de meurtres semblables ni chez les Mormons, ni chez les peuples qui pratiquent la polygamie.
La femme chez eux, plus intelligente, mieux éduquée, comprend plus sainement l’importance toute relative de l’acte sexuel quand il n’a pas pour but la procréation, mais uniquement l’exercice normal d’une fonction sexuelle. C’est alors qu’il n’est en effet, selon le mot de Chamfort, que le contact de deux épidermes, sans plus.
D’ailleurs, même chez nous, avec de la patience, de la douceur et du raisonnement, l’homme qui le veut arrive, avec une relative facilité, à faire entendre cette vérité à sa femme, preuve de plus de la justesse de la pensée de Mirabeau[7], rappelée au début de cette méditation, que les femmes sont ce que nous les faisons.
Résumons-nous : la monogamie et son inséparable compagne, la jalousie, engendrent des heurts, des dangers et des maux incompatibles avec le calme, l’harmonie et la confiance indispensables à l’amour et au bonheur : nous allons voir qu’elle est génératrice ou responsable de bien d’autres fléaux dont est exempte la polygamie.
A suivre…


[1] Madeleine d'Arsant de Puisieux a écrit de nombreux romans et traités de morale. Amante de Diderot qu’elle avait rencontré en 1745, sa collaboration à quelques-uns de ses textes fit d’abord attribuer ses Conseils à une amie (1749) où elle traite de l’éducation et Les Caractères (1750) à ce dernier. Diderot contesta la paternité du conte L'Oiseau blanc : conte bleu : il ne reconnaissait qu'avoir corrigé l'orthographe du texte de sa maîtresse. On attribue parfois à Madeleine de Puisieux, ou à son mari le texte féministe intitulé La femme n'est pas inférieure à l'homme publié en 1750 et republié l'année suivante sous le titre Le Triomphe des dames. Mais d'autres auteurs envisagent plutôt qu'il ait été rédigé par Mary Wortley Montagu.
[2] Avocat, publiciste bouillant - et brouillon -, directeur du Courrier français à partir de 1914, éditeur de livres à scandale, Georges Anquetil (1888-?) fut un curieux personnage mais malgré tout un révolutionnaire des mœurs bourgeoises. Il dirigea à partir de 1927, une feuille à scandales, La Rumeur, où, comme dans son Satan conduit le bal, indigeste pamphlet, il dénonçait à tour de bras. (On raconte que lorsqu'il dénonçait, il palpait, comme Eugène Merle, célèbre "balance" anarchiste...). Il se présenta aux élections législatives en Guyane sous l'étiquette galmotiste (de Jean Galmot) et se trouva au printemps 1929 à Fleury-Mérogis d'où il écrivait : « On est allé, dans l’odieux, jusqu’à me jeter, en plein hiver glacial, dans une cellule pas chauffée, à tinettes asphyxiantes, alors qu’à la Santé, treize divisions sur dix-sept ont le chauffage et le tout à l’égout. (...) L’instruction est finie. J’offre une grosse caution. Le dossier est vide. Je suis malade. Mais Poincaré, toujours au pouvoir, se venge. O République ! O justice et politique ! ». Il est le probable concepteur d’un projet de loi présenté au parlement pour légaliser la polygamie, à laquelle il consacre un intéressant pamphlet  La Maîtresse légitime (1926) – publié à compte d’auteur et qui devient un véritable best-seller d'époque. Il en vendit plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, lui donna une suite avec Jane sous le titre L'Amant légitime qui comme son Satan qui s'acheta à tour de bras.
[3] Il s’agit de l’abbé Léon Bélouino (1824-1890) auteur d’une célèbre oraison funèbre au curé progressiste de La Mennais.
[4] Jules Achille Rémy était un naturaliste et explorateur (1826-1893). Explorateur, il parcourut les îles d’Hawaï et de Sandwich (il y rencontra la reine Elisabeta Kinau, et pendant son séjour il faillit être empoisonné par un indigène fanatique), visita les Canaries, le Brésil, le Chili, la Bolivie, le Pérou, l’Océanie et resta trois ans à Honolulu, où il sut gagner l’amitié du roi Kamehameha III qui essaya de le convaincre de devenir membre de son gouvernement. Là, il fit la rencontre d’un voyageur anglais sir Brenchley, devenu son ami, avec lequel il visita la Californie, le Grand Lac Salé, le pays des mormons (dont il écrivit l’histoire, la religion et les mœurs), puis San Francisco. Il visita l’Amérique du Sud et revint parcourir les États-Unis et le Canada. Dans un autre voyage, il parcourut le Nord de l’Afrique depuis l’Égypte jusqu’au Maroc. En 1863, il visita l'Asie, le Tibet et l’Hindoustan et fit l’ascension de l’Himalaya. Il fut une référence pour Jules Verne dans Les Enfants du capitaine Grant. Ernest Renan dans son Histoire des origines du christianisme ; Volume 2 "Les apôtres" (1866), fait référence à son ouvrage "Voyage au pays des Mormons".

[5] Encore un révolutionnaire des mœurs oublié comme Anquetil lui-même (ombre portée par le cycliste dopé ?) ! Charles Hippolyte Louis Jules Binet, dit Binet-Sanglé, né le 4 juillet 1868 à Clamecy (Nièvre) et mort le 14 novembre 1941 à Nice (Alpes-Maritimes), était un médecin militaire et psychologue français. Il se fit connaître pour son livre sur La Folie de Jésus, qui fit polémique et heurta particulièrement les milieux conservateurs et chrétiens. Scientiste positiviste convaincu, Charles Binet-Sanglé fit de cette œuvre une application de ses théories rationalistes en vertu desquelles tout abandon de sa puissance individuelle à une « croyance » est le symptôme d'une pathologie d'ordre physiologique.
[6] Morris Hillquit, Histoire du socialisme aux Etats-Unis, Stuttgart, Dietz, 1906. John Humphrey Noyes (3 septembre 181113 avril 1886) est un socialiste utopique américain. Il a fondé la communauté d'Oneida en 1848. En 1847, Noyes, qui est marié avec Harriet Holton depuis 1838, est arrêté pour adultère. Plusieurs de ses disciples sont également sous la menace d'une condamnation. Le groupe décide donc de quitter l'État du Vermont pour Oneida, dans l'État de New-York, où Noyes connaît quelques Perfectionnistes. Ils s'installent là-bas et construisent leur premier logement communal en 1848. La communauté d'Oneida a prospéré jusqu'en 1879. Elle a grossi peu à peu pour atteindre plus de 300 membres, avec également des implantations à Brooklyn, Wallingford dans le Connecticut, Newark dans le New Jersey, Cambridge et Putney dans le Vermont. La communauté possède plusieurs industries florissantes. Elle produit par exemple des pièges pour animaux, tisse de la soie et vend des conserves de fruits et légumes. Il développe sa théorie autour du salut de l'homme et de la perfection humaine. Selon lui, le Christianisme est un mensonge puisque les vrais Chrétiens ne sont que ceux qui sont Parfaits et totalement libérés de leurs pêchés. Noyes proclame dès lors qu'il "n'a jamais pêché" et développe son idée de Perfectionnisme, selon laquelle il est possible de se libérer du pêché au quotidien. Sa théorie est centrée autour de l'idée que si l'homme a sa propre volonté, c'est parce que Dieu l'a voulu. Or, si cette volonté indépendante provient de Dieu, celle-ci est donc divine. Noyes considère par conséquent qu'il est impossible à l'Église d'obliger les hommes à obéir à la loi divine, et de les condamner à la damnation dans le cas contraire. Dès lors, leur nouvelle relation avec Dieu supprime leur obligation d'obéissance aux normes morales de la société. Noyes agit alors selon ses intuitions plutôt qu'en prenant en considération toutes les conséquences de ses actions. Le 20 février 1834, il se proclame lui-même Parfait et libéré de tout pêché. Cette déclaration fait scandale à l'université qui le révoque et lui interdit de prêcher. Après son expulsion de Yale, Noyes retourne à Putney dans le Vermont où, malgré sa révocation, il continue de prêcher. Il forme alors une première communauté en 1836 autour de la Putney Bible School, qui devient réellement une organisation communautaire en 1844, pratiquant le mariage complexe, la rétention de l'éjaculation et la recherche de la Perfection.
[7] L’opinion de Mirabeau (citée en page 85) apparaîtra machiste aux féministes bourgeoises simplistes du XXIe siècle, mais elle est non seulement vraie sur lefond (la société est dominée par  les désidératas des hommes) mais aussi sur la forme : « C’est nous qui faisons les femmes telles qu’elles sont : c’est pourquoi elles ne valent rien ». Et bing pour notre gueule ! (JLR)

mercredi 13 mars 2013

LE PAPE ET MARX



Bas-relief de la cathédrale d'Amiens qui révèle que les pauvres hères ont toujours porté, et supporté les prélats exploiteurs.




Par Roger Dangeville

Malgré les sourires sarcastiques des anarchistes et l’indifférence des gauchistes laïques certifiés, la nomination d’un pape, à l’époque moderne, n’est jamais anodine. On peut bien se gausser des masses en dévotion pontificale –et il faut s’en moquer – avec les éminences bourgeoises (pas très catholiques) de l’ombre, l’érection, pardon l’élection à bulletins secrets et avec enfumage divin-crétin garanti du François premier, permet même si cela est nié, de faire un parallèle avec le roi français du XVème siècle comme monarque réformateur, plus qu’avec le modeste Saint François d’Assise; quoique si l'assemblée papa-gériatrique avait eu peu de suite sous la calotte, elle eût nommé  le nouvel impétrant François 2 ou François au petit nez, mais c'était pour délimiter la prééminence papale face au rondouillard pingouin président français... lequel, blagueur impénitent, n'eût pas manqué de relever que le number one c'était lui.
Un pape n’a aucune division militaire, comme s’en moquait Staline, mais il a un pouvoir bien plus important sur les consciences que les parades de régiments en uniforme. Le pape polonais Jean-Paul II, élu avec le soutien de la CIA au moment de l’ébranlement provoqué d’Est en Ouest par la grande lutte des ouvriers polonais en 1980 (pape dont le principal bedeau fût le chef syndicaliste Walesa) avait grandement contribué à bénir l’avenir « démocratique » du glacis soviétique… si je me fais comprendre. Le successeur, allemand, ne fût qu’un intermédiaire sans relief. On peut donc se poser deux questions : pourquoi le prédécesseur, allemand, a-t-il été aussi vite « mis en retraite » ? D’aucuns ont évoqué les habituelles histoires de pédophilie sacerdotale, voire le gâtisme. Hasardons une hypothèse : et si ce n’était pas de la faute plutôt à Chavez, saint Chavez désormais pour des masses de bigots assistés sud-américains ? Castro avec son île bar à putes ne sera pas mort en héros de la savane comme Guevara ni comme Chavez en héros du cancer, prétendument empoisonné par la CIA, mais mourra probablement dans son lit comme tout vieillard. Il est plus que probable que la vente de teeshirts à l’effigie de Chavez ne connaisse pas un énorme succès hors des rivages du Venezuela. Faute de pape vénézuelien (ou bolivarien) on vous refourgue un argentin… comme Guevara, c’est-i pas chouette ! Ancien ami des dictateurs sanglants (pour la tradition jésuite) il sera donc dame patronnesse de la misère, la nouvelle "VOIX DES PAUVRES" professant l'AUSTERITE LIBREMENT CONSENTIE non pour l'amour de leur dieu disparu mais pour celui, très terrestre et actuel, du SAINT CAPITALISME.
Non je ne rigole pas. Des commentateurs avisés ne nous ont-ils pas sussurés que la disparition de l’emmerdeur Chavez se présentait comme une opportunité pour remettre en robe de bure la croyance bourgeoise catho-démocratoc dans le pré carré de l’Amérique nordique ? L’élection au cordeau, imprévue, aux dires des lénifiants accrédités auprès du Vatican, ne serait-elle pas logique, connaissant le chauvinisme argentin et la bigoterie dominante parmi les peuples latinos ? Auquel cas Obama pourrait considérer le nouveau pape comme « pain béni » dans une zone où le prolétariat plus expérimenté et combatif, poussé par la crise, est capable de devenir le premier gêneur exemplaire pour la période qui vient, et qu’il faudra différencier pour ne pas dire opposer au prolétariat, plus faible mais déjà en ébullition, de la zone musulmaniaque ? Je peux me tromper, mais Marx était-il infaillible, ainsi que Dangeville va nous l’expliquer en se moquant des interprétations anarchistes des erreurs de Marx face à la Commune de Paris. Justement, contrairement à ces vieux machins croûlants de VRP du bon dieu, Marx n’était ni pape ni infaillible.
Voilà, je ne me voyais pas vous en raconter des kilomètres sur l’élection du nouveau pape, car ce n’est qu’une girouette secondaire de la bourgeoisie mondiale, alors je vous ressers un texte qui va au-delà du pape et des croyants benêts en des êtres surhumains mais qui vous rappelle qui est supérieur mille millions de fois au pape et aux « sauveurs suprêmes » : le prolétariat révolutionnaire comme le prouve son histoire ! (JLR) Priez, mes chers frères, pour la rédemption du capitalisme!

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Au Concile du Vatican de 1870, l'Église était déjà embourgeoisée et dut réviser sa doctrine traditionnelle pour proclamer le dogme de l'infaillibilité du Pape.
Que le Dieu des Cieux, créateur de toutes choses, détienne la vérité est, somme toute, logique et affaire de croyance ; mais l'affirmation qu'un homme ne se trompe jamais relève de la doctrine bourgeoise des Lumières des encyclopédistes et libres penseurs, incarnées par la déesse Raison, qui éclaire l'humanité, force les convic­tions, transforme le monde et fait le tour de l'univers, à l'instar des principes sacrés de liberté, d'égalité, et de fraternité de la Révolution bourgeoise de 1789.
Lorsque les idées toutes-puissantes descendent ainsi sur terre, elles sont person­nifiées par le grand Architecte des francs-maçons, le Pape, les chefs d'État capitalis­tes et, pour les marxistes embourgeoisés, par Marx, Lénine  [1] et Staline.
Marx voulait que l'on ne parlât pas de marxisme, mais de socialisme scientifique, pour éviter qu'on attribuât à sa personne ce qui est le patrimoine théorique du prolétariat. Cependant, l'idéologie bourgeoise imprègne le mode de vie et l'éducation modernes au point qu'on ne peut se faire à l'idée d'une théorie qui ne soit pas liée à un auteur, mais produite par l'activité pratique et intellectuelle d'une collectivité, à l'instar de la Bible, par exemple.
Certes, le nom de socialisme scientifique est bien pompeux, mais c'est - avec les méthodes de la science, telles qu'elles se pratiquent dans le domaine de la physique, chimie, biologie, etc. - un effort de théorisation des relations et du devenir de la société qui, déjà sous nos yeux, exige une coordination et une organisation de plus en plus étroites. Confondre cet effort prodigieux qui incombe tout naturellement à la classe des producteurs, avec les élucubrations de l'esprit d'un seul homme (qu'il faut dès lors doter de vertus surhumaines) dérive de l'esprit de propriété, soit la domination aussi bien physique que spirituelle du monde et des masses par quelques privilégiés.
Les efforts théoriques de Marx ne peuvent être que déformés et détournés de leur but par ceux qui les divinisent: les masses devront-elles attendre un nouveau Marx ou Lénine pour qu'une révolution ait une chance de succès ? L'histoire moderne ne se complaît-t-elle pas à détrôner et à ridiculiser les géants de l'histoire, déboulonnant les Staline, etc. ?
Enfin, il est commode de citer tel écrit traitant de telle période et de tel mouve­ment particuliers pour justifier n'importe quelle thèse ou action, ou pour mettre le génie [2] en contradiction avec lui-même !
La question: «Est-il arrivé que Marx se trompe ? » ne mérite pas de réponse.

Le « parti Marx » et la Commune

C'est probablement pour ne pas vexer les ouvriers français de notre génération et pour ne pas déprécier Marx que la publication de la correspondance Marx-Engels s'arrête en 1868, au moment où, dans leurs écrits privés, les « fondateurs » du socialisme scientifique affirmèrent leur conviction que les ouvriers français s'étaient trop ramollis pour renverser un bonapartisme pourtant décrépit et avaient besoin d'une bonne volée [3], alors qu'ils étaient à la veille d'accomplir la plus grande épopée de tous les temps: la Commune de Paris.
Qui plus est, Marx et Engels s'acharnèrent à déconseiller au prolétariat français de prendre l'initiative d'une révolution sociale, mais revendiquèrent la Commune comme la confirmation et la victoire définitives de leur théorie et de leur parti. En outre, dans la première Adresse de l'Internationale, Marx avait défini la guerre comme défensive du côté allemand et, dans la seconde, il la dénonçait comme expansionniste. Bref, du point de vue de la logique rationnelle, Marx et Engels se seraient contredits d'un événement à l'autre, rectifiant à chaque tournant leur jugement antérieur, pour faire aussitôt une nouvelle bévue !
Les marxistes imprégnés de la mentalité bourgeoise, s'ils sont bien intentionnés à l'égard de Marx, préfèrent ne pas trop insister sur cette partie de l'œuvre du maître, d'autres, moins bien intentionnés, en tirent prétexte pour l'escamoter, car Marx et Engels s'y révèlent de farouches partisans de la violence et d'ardents révolutionnaires.
Lénine qui prépara la révolution russe sur le modèle de la Commune, s'acharna au contraire à étudier les quelques textes de Marx et Engels sur la guerre civile en France, dont il pouvait disposer, comme il ressort de sa Préface de 1907 [4] qu'il termine en disant: « Nous arrêterons ici le bref aperçu des leçons de politique, d'une politique digne du prolétariat, que nous donne Marx dans ses lettres à Kugelmann
Lénine savait parfaitement que le marxisme n'était pas une simple création intellectuelle de Marx, mais l'enregistrement de l'expérience historique des luttes du prolétariat dans les grandes batailles décisives qui représentent les sommets et les tournants de l'évolution humaine. [6]. Il savait que le socialisme scientifique avait été conditionné d'abord par l'expérience historique de luttes de masses populaires immenses au cours de la révolution bourgeoise et par l'affirmation -possible seulement après cette vague de faits historiques - que la révolution ne devait pas être théorisée comme elle l'avait fait elle-même, mais d'une manière scientifique, sur la base du matérialisme économique, historique et dialectique. Enfin la révolution de juin 1848 eut déjà un caractère nettement prolétarien et socialiste, et permit à Marx-Engels de prévoir dans leurs grandes lignes les conditions de la future Commune.

Théorie, histoire et action révolutionnaire

La lecture des trois Adresses de l'Internationale, rédigées par Marx en 1870-1871, peut donner l'impression de contradictions et de rectifications progressives. En effet, elles ne permettent pas de com­prendre les raisons des prises de positions successives de Marx, ni de saisir la complexité, la succession et parfois l'imbrication du développement historique et social. Dans ses ouvrages sur cette période, Lénine a toutefois montré la cohérence des jugements de Marx-Engels, d'une part, avec leur propre théorie, d'autre part, avec les situations objectives, qui au cours de la crise de 1870-1871 furent celles des étapes les plus importantes de toute l'époque capitaliste, du début à sa fin: 1º révolution bourgeoise et formation de l'unité nationale (en Allemagne), c'est-à-dire phase progressive du capitalisme; 2º transformation de la guerre nationale révolutionnaire bourgeoise en guerre impérialiste pour ce qui est de l'Allemagne; 3º unification du prolétariat allemand à l'échelle, non plus de petites fractions d'État, mais d'un État national unitaire; 4º constitution du prolétariat en classe, et donc en parti politique, non seulement à l'échelle nationale, mais encore internationale, 5º transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, avec le renversement de la bourgeoisie en France et l'érection du prolétariat en classe dominante (instauration de l'État de la dictature du prolétariat).
Tous ces niveaux historiques très divers du développement social qui s'étalent sur des siècles, puisque la première révolution nationale bourgeoise date de 1659 en Angleterre et le capitalisme dure encore aujourd'hui, se succèdent et s'imbriquent au cours de la grave crise sociale de 1870-1871, à un rythme prodigieux. C'est ce qui donne à la guerre civile en France une importance fondamentale pour le marxisme d'hier et d'aujourd'hui.
Mais il se trouve que la progression historique de la lutte n'a nullement été rectiligne; elle a connu des périodes d'avance et de recul qui semblent chaotiques. Ainsi la formation de l'unité nationale bourgeoise de l'Allemagne provoque le renversement de l'État français et produit une sorte de vacance de pouvoir, qui facilite l'instauration de la dictature du prolétariat en France, c'est-à-dire l'érection du prolétariat français en classe dominante. Or, à un moment où, selon Marx, le prolétariat allemand vient tout juste d'accéder à une existence à l'échelle nationale, il est pratiquement aussi fort que le prolétariat français, qui s'érige déjà en classe dominante en France.
Les directives du « parti Marx » au prolétariat dans cette période dense et complexe dérivent à la fois de principes théoriques et de l'analyse du rapport des forces, qui permet de déterminer le moment et les modalités de l'application de ces principes. C'est l'appréciation de l'ensemble de la situation politique, économique et sociale internationale qui explique les directives du « parti Marx » aux ouvriers allemands, français etc. et à la Commune. C'est sur ce plan que le présent recueil complète les textes classiques sur la Guerre civile en France.
La correspondance de Marx et d'Engels et leurs déclarations sur la Commune permettent, par exemple, de mieux saisir pourquoi ils ont déconseillé au prolétariat français de prendre l'initiative de la Commune (en fait, la bourgeoisie prit l'initiative de l'attaque): 1º l'analyse du rapport de forces vers la fin du règne de Napoléon III révéla à Marx que l'opposition républicaine et même les ouvriers ne pourraient renverser le bonapartisme, et lui fit comprendre que le prolétariat français ne pouvait vaincre dans la révolution sociale [7] . C'est avec angoisse qu'ils suivirent le processus entraînant le prolétariat héroïque de Paris vers une défaite, d'autant qu'ils estimaient que la crise sociale mûrissait rapidement à l'échelle internationale de sorte que la bataille décisive eût pu s'engager dans des conditions plus favorables et avec de plus fortes chances de succès (cf. p. 53 et 130 sqq., et les notes n° 39 et 121). Au reste, la correspondance privée et les déclarations qui reflètent l'activité de Marx et d'Engels, mettent en évidence qu'ils pouvaient certes déchiffrer l'histoire et conseiller les quelques camarades de leur parti, mais que leurs moyens d'intervention directe étaient dérisoires.
2º Une amère expérience historique avait appris à Marx et à Engels que le prolétariat pouvait, certes, faire une révolution sans être bien organisé ni conduit par un parti puissant, mais qu'il ne pouvait vaincre dans ces conditions. [8] Or, ils étaient particulièrement bien placés, à la tête de l'Internationale, pour connaître le degré d'organisation du prolétariat français et pour juger que la révolution échouerait parce qu'elle n'avait pas été suffisamment préparée. (cf. p. 53 et 130 sqq.)
Si la révolution est un drame social et une lutte impitoyable, la théorie révolu­tionnaire est, elle aussi, terrible et inflexible. Marx et Engels le montrèrent aussi bien avant, pendant qu'après la Commune, aux côtés de laquelle ils luttèrent à tous les niveaux du combat. [9]. Sur le plan de la tactique militaire préconisée par Marx-Engels, la Commune a confirmé que le prolétariat part avec un lourd handicap lorsqu'il attend la défaite militaire pour attaquer le pouvoir bourgeois. En effet, la révolution a le plus de chances de vaincre, si elle parvient à arrêter la mobilisation et la guerre dès le début des hostilités.
Si demain les premières fusées devaient partir, l'avenir serait sombre. Mais ce n'est pas une fatalité. En tout cas, ce n'est pas en restant passif et en invoquant la paix que le prolétariat arrête les carnages cycliques des guerres: cela le marxisme l'a affirmé depuis toujours, et l'histoire l'a amplement confirmé.


Notes
[1] Amadeo Bordiga, le premier secrétaire du Parti communiste d'Italie, évoquait souvent le désespoir et la colère de Trotsky, disant: « Mais, c'est du pharaonisme, du pharaonisme ! », quand il passa pour la première fois devant le mausolée de Lénine, construit par les créateurs du culte de la personnalité.
[2] La publication des manuscrits préparatoires de l'œuvre connue de Marx a l'utilité, entre autres, de ramener Marx au nombre des humains, en mettant en évidence ses méthodes de recherche et son zèle infatigable. Dans leur correspondance, Marx et Engels tâtonnent parfois et font des hypothèses qui font partie de la recherche et de l'étude de l'évolution historique, mais ne sont pas des jugements définitifs à partir desquels ils donneront leurs directives aux partis ouvriers. Ainsi à la question de savoir si la Russie interviendrait dans le conflit de 1870-1871, Marx répondra finalement qu'elle ne le peut pas, parce qu'elle n'est pas militairement prête, du fait de difficultés intérieures.
[3] De fait, la Prusse renversa le régime bonapartiste, et Marx affirmera: « Quelle que soit l'issue de la guerre, elle aura exercé le prolétariat français au maniement des armes, et c'est là la meilleure garantie pour l'avenir» (lettre à Kugelmann, 13 décembre 1870). Marx n'eut jamais l'occasion, ni l'envie de s'abaisser à la vile et hypocrite autocritique.
[4] Cf. V. Lénine, la Commune de Paris, Éditions en Langues Étrangères, Moscou, 110 p. La citation que nous avons reproduite se trouve page 10. Le lecteur se reportera en outre aux ouvrages de Lénine sur les enseignements de la Commune, ainsi qu'aux textes classiques de Marx-Engels sur la Guerre Civile en France. 1871, Paris, Éditions Sociales, 1953, 358 p.
[5]Lénine, le Gauchisme, maladie infantile du communisme, in Oeuvres choisies, 1953, 11/2, p. 345, ainsi que le commentaire de la Gauche communiste italienne: Sur le texte de Lénine, la maladie infantile du communisme (« le Gauchisme »), Éd. « Programme communiste », (B. P. 24, Paris 19e) qui rappelle le mot de Lénine, selon lequel on guérit plus facilement d'une maladie infantile que sénile.
[6] Engels note que cette expérience fut particulièrement nette en France. « Le développement économique et politique de la France depuis 1789 a fait que, depuis 50 ans, aucune révolution n'a pu éclater à Paris sans revêtir un caractère prolétarien [cf. Marx-Engels, Écrits militaires, l'Herne, 1970, pp. 113-117, où Engels tire les leçons de la Commune de 1793-1794], de sorte qu'après la victoire le prolétariat, qui l'avait achetée de son sang, entrait en scène avec ses revendications propres. Ces revendications étaient plus ou moins fumeuses, selon le degré de maturité atteint par les ouvriers parisiens, mais, en définitive, elles visaient toutes à la suppression de l'antagonisme de classe entre capitalistes et ouvriers. » Cf. la Guerre civile en France. 1871, p. 292-293. Voir aussi notre note nº 104.
[7] Marx et Engels ne furent pas surpris lorsqu'elle éclata: depuis des mois, ils prévoyaient qu'elle devait survenir.
[8] "Pour qu'au jour de la décision, le prolétariat soit assez fort pour VAINCRE, il est nécessaire qu'il se constitue en un Parti autonome, un parti de classe conscient, séparé de tous les autres. C'est ce que Marx et moi nous n'avons cessé de défendre depuis le Manifeste de 1848". (Engels à G. Trier, le 18 décembre 1889).
[9] Dans leur Karl Marx (Gallimard, 1937 et 1970), O. Maenchen-Helfen et B. Nicolaïevski (qui avaient eu accès aux Archives Marx-Engels à Moscou) rapportent qu'Engels avait eu l'intention d'aller organiser la défense en France afin de préserver, autant que possible, les forces du prolétariat, mais il dut renoncer à son projet, car au premier revers, il eût été considéré comme traître, étant « Prussien ». Or le meilleur général ne peut remporter la victoire, sans essuyer quelque défaite. Des centaines de lettres précieuses attestant de l'activité inlassable de Marx-Engels en faveur de la Commune n'ont pu être retrouvées, cf. notes n° 33 et 113.

LIRE l'article du Point "Le sauvetage des chrétiens d'Orient, priorité du nouveau pape", ce jeudi 14 mars et vous comprendrez que je ne m'étais pas trompé!+ 20 MINUTES:
"L'ex-président vénézuélien Hugo Chavez, décédé la semaine dernière, a peut-être influencé la décision du Christ de choisir pour la première fois un pape latino-américain, a déclaré mercredi le chef de l'Etat par intérim Nicolas Maduro.
«Nous savons que notre commandant est monté aux cieux et qu'il fait face au Christ», a dit celui qui se présente comme l'héritier de Hugo Chavez et briguera sa succession lors de l'élection présidentielle le mois prochain. «Quelque chose a influencé le choix d'un pape sud-américain, quelqu'un qui vient d'arriver auprès du Christ et qui lui a dit: 'Il nous semble que le temps de l'Amérique du Sud est venu’», a poursuivi Nicolas Maduro après l'élection de l'archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio, comme nouveau pape sous le nom de François Ier".
PS (membre du) : Un communiqué d'outre-tombe de saint papy Hessel: "révoltez-vous!"