PAGES PROLETARIENNES

vendredi 22 février 2013

interview de Goupil sur la grève Renault de 1947 (2004)



André Claisse (1918-2006) "Goupil" ou "Goupi" est surtout connu dans le milieu révolutionnaire pour son implication dans la grève Renault de 1947 qui servit de prétexte aux faux communistes pour se retirer du "gouvernement de collaboration de classes". Journalistes superficiels et petits plumitifs gauchistes se sont surtout focalisés sur Pierre Bois. Or, André Claisse était déjà sur des positions bien plus claires politiquement d’indépendance de classe du prolétariat. Lors de cette grève, dont il n’est pas au début l’initiateur, il n’est pas enthousiaste à l’idée d’engager un combat d’envergure dans la difficile période de reconstruction. Il sera un court moment membre du comité de grève mené par la petite poignée de trotskystes de l’U.C. dont il est encore membre. Mais rapidement, il ne veut plus participer à ce comité à cause de ses divergences sur l’orientation de la grève.(…) Dans le fascicule "Barta, lettres à un jeune camarade" (cf. Les publications du GET, BP 12 92262 Fontenay aux Roses) où l’on peut lire sous la plume de Barta :
"Toute l’organisation (ou l’essentiel) avait concentré son travail chez Renault (après Citroën), et avant Bois, un autre camarade ’Goupi’ était l’élément principal parmi quelques six militants (très dévoués et actifs) entrés dans l’usine" (...) Quelques semaines avant la grève Renault, un tiers environ (plutôt plus) de l’organisation avait fait faillite. Le camarade Goupi qui, avant Bois, était notre principal militant d’usine, a rompu (suivi de quelques militants extérieurs) avec nous en posant carrément la question de l’agitation dans les usines. Il voulait revenir en arrière, à l’époque où notre principale activité c’était des réunions de groupes étudiant la Révolution (en chambre !) et où l’action principale consistait à diffuser quelques numéros de "Lutte de classe" autour de soi ! (au moins Goupi a eu le mérite de poser la question politiquement)."(voir sa biographie sur le site Smolny)

mercredi 20 février 2013

Quelle utilité de la presse papier maximaliste ? Et peut-elle compenser ses tragiques invendus par une meilleure exposition sur la Toile bourgeoise ?





Voici ce que j’écrivais dans l’article « La maison de maçon de l’entreprenant Lénine et son étincelle inutile » (cf. PU du 8 sept 2012) : Chaque fois que je lis « Le Prolétaire » ou « Révolution Internationale » (que je n’achète plus puisque mes correspondants me l’envoient gratuitement, pour s’en débarrasser ?), je me pose la question de l’utilité de cette presse au papier épais, aux articles relativement clean, lisibles et accessibles mais très peu lus, écoulés difficilement à quelques dizaines d’exemplaires. La vente des journaux de chômeurs et de roumains est passée par là pour rendre ringarde la vente à la criée, et les entrées des « grosses boites » avec des milliers d’ouvriers à vélo tendant une main négligente vers le distributeur de tracts, se sont évaporées comme les cheminées d’usines. J’avoue avoir peine moi-même, quoique resté séduit par le papier et Gutenberg, à relire ce que j’ai déjà lu à l’écran. En effet, nous sommes désormais conditionnés pour la lecture de la presse en général par une lecture gratos à l’écran de notre ordi, en position allongée sur notre lit une tasse de café à la main. La presse française quotidienne est hyper chère, et même l’effort du journal Le Prolétaire de rester à un euro apparaît de trop, et une ressource peu solide (les militants y vont de leur poche). Mais la presse bourgeoise, de Libé à L’Express n’a pas besoin de vendre, elle est sponsorisée par des grands groupes financiers américains ou autochtones, et les quelques articles payant sur le web c’est juste pour faire croire à une caution « honnête » des milliers de lecteurs lambda et aux naïfs qui imaginent une indépendance de la presse démocratique.
Le journal d’agitation et de propagande maximaliste a pris un coup de vieux, comme les tracts (mais les tracts peuvent être encore un bon moyen d’agitation) à l’ère du web. Plusieurs journaux se sont appelés « l’étincelle » depuis les années 1930 (= Iskra de Lénine) avec la même conception volontariste idiote que le journal de propagande allait mettre le feu à la plaine par ses révélations ou ses dénonciations. D’une part cela ne s’est jamais produit, ce n’est pas l’Iskra des bolcheviques qui allume le feu de la révolution en 1917 mais la guerre mondiale ! Ce n’est pas l’Iskra qui explique aux ouvriers comment il leur faut s’organiser – ou ils l’expliquent mais pour créer des syndicats – mais les ouvriers qui inventent les Conseils ouvriers ! D’autre part, concernant les grèves, le chômage, l’immigration, la presse bourgeoise donnent tous les éléments auxquels les petites minorités d’activistes n’ont pas accès. Ces dernières en reprenant les informations de la presse bourgeoise ont eu tendance à radoter la même rengaine : toute révolte de classe partirait toujours de la base économique, et le même fond commun idéologique : antiracisme bourgeois, culte de l’immigré, soutien aux syndicats d’Etat, sans développer une pensée originale vraiment subversive contre le système.
L’avenir devrait rappeler que si retour de l’activité sociale politique du prolétariat il y a, elle ne sera pas amplifiée ni renforcée par une presse à diffusion infinitésimale (et qui laisse peu de place à une argumentation développée en huit pages placardées). Le mouvement prolétarien pour renaître, pour être lui « un gigantesque soufflet de forge » a besoin de larges discussions publiques, de rues ; il a besoin de discussions politiques ! Lénine reste plus révolutionnaire entre les lignes de son Que Faire ? (si l’on passe sur les aspects volontaristes et néo-populistes) que tous nos maximalistes modernes. Les discussions politiques dont le prolétariat a besoin ne sont pas « faut-il sauvegarder PSA ? », « comment sauver les entreprises de ma région ? », « comment donner du travail en priorité aux français ? », « comment aider les Roms ? », « Comment lutter contre la pollution ? », mais comment réorganiser une société qui n’intègre plus, qui jette à la poubelle les travailleurs usés, une société du désordre … ».

LE CCI  « REORGANISE » sa presse : « nouveau rythme de publication » ou arythmie politique ?
Les chefs du CCI, qui me suivent comme le lait sur le feu depuis Montreuil, ont certainement été interloqués par mes réflexions d’octobre dernier. Ai-je donc allumé la flamme de la réforme qui pourrait redonner jouvence au vieillard perclus de rhumatismes organisationnels et politiques ? Que nous proposent les nouveaux réformateurs de la diffusion d’une pensée révolutionnaire étriquée : « Quand le CCI a été constitué en 1975, Internet n'existait pas, bien sûr. Les idées étaient diffusées au moyen de la presse imprimée, distribuée dans des centaines ( !?) de petites librairies radicales qui ont émergé de la dynamique enclenchée par Mai 68 en France et les luttes qui ont suivi dans le monde entier. Et c'est au moyen de lettres (souvent écrites à la main !) transmises par la poste que s'effectuaient les correspondances. Aujourd'hui les choses ont bien changé : le papier a été remplacé par les médias électroniques et, alors que les librairies constituaient par le passé un lieu privilégié ( ?) de la diffusion de notre presse imprimée dans le monde, maintenant nos ventes de celle-ci s'effectuent essentiellement dans les manifestations et les luttes sur les lieux de travail (11 exemplaires par mois pour la France…). Par ailleurs, depuis la formation du CCI, notre presse s'est efforcée de contribuer au développement d'une perspective internationaliste dans la classe ouvrière en s'appuyant sur des articles valables pour différents pays (les mêmes radotages franchouillards). Aujourd'hui, nous poursuivons dans cette direction mais la plus grande rapidité permise par les médias électroniques a permis aux sections du CCI de travailler plus étroitement ensemble (en particulier celles qui ont en commun une même langue) et nous voulons mettre à profit cette nouvelle réalité pour renforcer encore l'unité internationale de notre presse (nul besoin de lire dans des langues différentes les mêmes analyses simplistes ou hors de la réalité !).
« Tout cela nous a poussés à entreprendre une réévaluation de notre presse et de la place relative de la presse électronique et de la presse imprimée au sein de notre intervention globale. Nous sommes convaincus que la presse imprimée demeure une partie essentielle de nos moyens d'intervention (pas si sûr !). C'est en effet à travers elle que nous pouvons être présent directement sur le terrain des luttes (l’homme-sandwich reste pourtant sur le trottoir des grèves et défilés syndicaux). Mais la presse imprimée ne joue plus exactement le même rôle que dans le passé et de ce fait doit devenir plus flexible, pouvoir s'adapter à une situation changeante3 ; (alors pourquoi persister ?).
UNE PRESSE MINIMALISTE AVEC UN ARGUMENTAIRE ECONOMISTE
Le capitalisme fait plus pour préparer la révolution planétaire des masses prolétariennes opprimées que la lilliputienne presse maximaliste, même si on y ajoutait toute la presse rébarbative des gauchistes bourgeois du monde entier. Gonfler en une telle grève comme « exemplaire », se féliciter du « réveil des luttes », appeler vivement les prolétaires à une « lutte indépendante de classe » n’a jamais fait avancer le schmilbilik révolutionnaire. On voudrait bien que la lutte « indépendante de classe » se développe mais elle reste cloitrée par la syndicratie de base anar et de sommet étron de gauche.
Sacré propagandiste le Capital itself ! Chaque jour il apparaît un peu plus destructeur. Au chômage de masse s’ajoute le mépris des chômeurs par les politiciens autant corrompus que fortunés. Les prisons de tous les pays regorgent d’innocents poussés à la dérive, violentés, battus, humiliés. Les pires régimes féodaux, au nom d’une religion archi-arriérée, mutilent des voleurs d’orange, bafouent toute existence humaine de la femme ; soutenus en sous-main par les régimes dits démocratiques occidentaux, les émules barbus de ce capitalisme féodal récurrent figurent le (faux) nouvel « ennemi intérieur » pour permettre de justifier les guerres de rapine impérialiste. La nourriture qui atterrit dans notre assiette est elle-même devenue dangereuse, est l’enjeu d’énormes profits où la merde enrobée de sauce devient juteuse pour les banquiers des puissants.
En réalité la propagande réellement pour le communisme n’a pas à déblatérer longuement – même pas à se justifier d’un « pourquoi ? » ni « pour quoi ? »,  ni à recopier ce que les millions savent tous les jours. Elle devrait, elle peut aller à l’essentiel : comment en finir avec ce système de la destruction en route, avec qui, par qui, comment ? Or, toute la presse maximaliste répond en chaque fin d’article recopié de la presse et du web bourgeois, par : « il faut en finir avec le capitalisme ». OK ! mais comment qu’on fait ?
« Nos forces étant limitées, dit le site CCI, nous sommes ainsi arrivés à la conclusion que si nous devons effectivement renforcer et adapter notre site Web, nous devons en même temps réduire l'effort consacré à la production de la presse imprimée : une des premières conséquences de cette réorientation de nos publications va donc être une réduction de la fréquence de nos publications imprimées, notamment de certains de nos journaux Ainsi notre journal en Grande-Bretagne (World Revolution) et en France (Révolution Internationale) ne paraîtront dorénavant plus qu'une fois tous les deux mois (tant mieux, pour ce qu’on les lisait…).
LA GRENOUILLE QUI SE VOULAIT PLUS GROSSE QUE LE BŒUF :
Contrairement au site mégalomaniaque de sa fraction de deux individus qui se prennent pour le comité central du parti mondial virtuel, le site du CCI est certes plus sobre mais ringard et touffu. Un logiciel antédiluvien vous oblige à vous crapahuter en arrière (à faire descendre l’ascenseur) pour trouver les articles les plus récents ! Le « squelette » du « parti de demain » semble privilégier l’époque où des bouts de chair étaient encore accrochés à la structure osseuse ossifiée. L’étirement de la périodicité de publication d’un journal n’est pas une mauvaise idée, celui-ci ne se vend pas (ou en quantité infinitésimale, ce qui est bien regrettable d’une certaine manière, car le papier reste un support indéniable pour la réflexion politique), mais il pourrait être remplacé lors de l’exposition publique du corps du militant par un texte de plateforme ou un affichage de la revue internationale. Traditionnellement la vente de la presse maximaliste est un signe d’identification, qui, comme les badges syndicaux, face aux prolétaires qui défilent ; où les quelques militants révolutionnaires (peut-être) modernes sont si anonymes dans la foule qu’ils ne peuvent se présenter parmi celle-ci les mains dans leur poche avec pour seule identité leur tronche. Ou, s’ils se rendent compte de l’inutilité de leur canard à deux balles de contenu, qu’ils fabriquent des tee-shirts « Marc Chirik » et des brassards « RI » et « CCI ».
La réforme en cours reflète le manque d’imagination de la secte qui, tel Le Figaro ou Le Parisien s’imagine pouvoir réaliser un sondage en direction du populo limité qui fréquente leur site (ils ont moins de connections que mon modeste blog, qui, il est vrai, est le seul organe (sic) maximaliste à se dresser quasi au quotidien ou dans l’immédiat si besoin vient) : « Nous pensons que dans le courant de l'année de nouvelles modifications interviendront, concernant en particulier la structuration de notre site Web. Nous voudrions impliquer nos lecteurs dans cette entreprise et, à cette fin, nous publierons bientôt un questionnaire sur le site leur permettant de donner leur avis. En attendant, nous serions très heureux qu'ils nous transmettent leurs suggestions sur le forum ». Le forum ci-devant est aussi lamentable que les diarrhées de « post » dans la presse bourgeoise, niveau anarchoïde et de plus en plus insultant. Utiliser les mêmes méthodes que l’intox perverse du web – sondage et discussion anonyme – ne sert à rien du point de vue de la conscience de classe : devant son clavier l’individu reste un simple lecteur, un voyeur, un observateur , un contempteur. Pauvre spectateur sans pouvoir de décision ni de dérision, avec juste sa bite et son couteau.
Le web comme la lecture de la presse n’est qu’un instrument d’information, nullement un lieu d’échange crédible, pas spécialement parce qu’il est hyperfliqué, mais parce qu’il ne permet pas la « vie de classe » : réflexion collective « physique » dans les assemblées grévistes (pas terrible la réflexion en ce moment dans ces lieux sous le bruit de casseroles syndicales), mais réflexion surtout dans les réunions de cercles, permanences ou réunions publiques (que, dans le milieu maximaliste le CCI est seul à tenir régulièrement mais dans le désert, après avoir fait fuit tant de militants et sympathisants). A  l’avenir, nombre d’assemblées ouvrières en lutte fonctionneront certainement avec de grands écrans vidéos – on pourra réquisitionner les stades de football à cet effet – ainsi un conseil ouvrier de Marseille pourra se dérouler au même moment et en direct avec le conseil du PSG (sans les footballeurs) et prendre des décisions communes au vu et au su de tous. La vidéo reliée au web permettra autant à un conseil ouvrier d’Argentine de délibérer en même temps, et en visualisation mutuelle directe avec par exemple un conseil de Barcelone…
Pour l’heure, au lieu de hiérarchiser les questions politico-sociales (le mariage homo ne peut être mis sur le même plan que la guerre au Mali ou les affres du chômage…) le site « en reconstruction » du CCI n’est qu’un damier éclectique, qui n’a aucune notion des priorités politiques, où tout est dans tout… comme d’ailleurs le site éclectique du Le Monde, ou ceux de LO et du NPA. On bourre d’avis et d’infos, on espère attirer le  chaland dans la rubrique « recherche » ou « archives » pour lui faire croire que l’orga (ou le parti) avait toujours dit vrai – vous ne trouverez jamais sur un site de groupe : « La fois où on s’est planté ». On fait de la « prise de position » journalistique, en ignorant ce que pourrait être la « façade politique » d’un groupe politique maximaliste digne de ce nom ; à ce titre LO et NPA ont des longueurs d’avance avec leurs rubriques : « communiqués » et « prises de position d’actualité » ; ces catégories restent cependant lourdes à gérer si l’organisation est faiblement centralisée, et même si elle l’est, car cela suppose une capacité des organes « centraux » à se consulter et réunir rapidement. Les bourgeois gauchistes, sachant cette lourdeur, ont trouvé le moyen de déléguer un bureaucrate ou deux pour rédiger les communiqués attendus aussi laconiquement que possible et interprétatifs larges pour ne pas se ridiculiser face au traitement de l’événement, et à l’analyse ultérieure plus réfléchie de l’ensemble des caïds du comité central.
De toute façon, qu’il le reformate, le déformate ou l’informate, le site web du CCI est frappé d’arythmie… C’est grave docteur ?
Symptômes de l’arythmie politique :
Voici les symptômes les plus fréquents :
  • sectarisation.
  • Irrégularité de l’humeur des chefs, base étroite trop lente ou trop timorée.
  • Emballements pour tout indigné qui bouge.
  • Chute de toute objection interne
Attention! Si vous ressentez de fortes divergences, une envie de fonder une fraction ou d’envoyer paître l’orga, de façon inattendue et inexpliquée, ou en cas d’emballement activiste de l’appareil, contactez les services médicaux d’urgence de Controverses/Belgique.
Ce qui augmente le risque
  • Les réunions tardives passées à compulser de fastidieux comptes.
  • Abus de manifestations syndicales, de congrès ou tout autre excitant; consommation des mêmes articles répétitifs.
  • Découragement face aux ouvriers consommateurs.
  • L’augmentation insensée des cotisations.
Prévenir
Les mesures préventives de base sont les mêmes que celles préconisées pour les autres troubles politiques :
  • Faire le sourd,l’aveugle et le muet (pas le mulet).
  • Faire de l’activité physique régulièrement en dehors des rares manifestations de la lutte des classes.
  • S’abstenir de discuter les orientations décidées par l’orgasme central.
  • Consommer avec modération l’internet et les charmes vénéneux de la vie privée.
  • Faire attention à la masturbation intellectuelle.
Traitements :
Se barrer dès que possible de la secte si toutes les mesures préventives de base ont échoué, sans renoncer au combat final exigeant une organisation centralisée mondialement et basée sur les principes politiques communistes hérités de la 3ème Internationale.