PAGES PROLETARIENNES

jeudi 14 février 2013

LETTRES INEDITES DE BORDIGA ET DES AUTRES




 Quel intérêt, demandera celui-là ; de publier ces quelques lettres éparses de notre saga de la « Gauche communiste » (à ne pas confondre avec l’ivraie stalinienne) pour des lecteurs lambda qui n’ont ni d’ouïe ni de visu entendu parler de l’étonnant mémorialiste et militant Lucien Laugier, Suzanne Voute, Gaston Davoust, sans compter tous ces djeuns pour qui Bordiga, Damen ou les Chaulieu et autres multiples révisonnistes de la théorie marxiste sont d’illustres inconnus.
Etranges lacunes des historiens de la contre révolution et des intellectuels d’opposition corrompus, l’histoire de la « gauche italienne », puisque c’est bien d’elle qu’il s’agit ici, cette gauche révolutionnaire qui a le mieux résistée au temps qui passe, qui a été capable d’anticipation fabuleuse, reste un mythe ou une caricature. Sous les terribles décombres humains et sociaux de la deuxième boucherie mondiale, la grande confrontation entre tendances révolutionnaires dans l’Europe d’après guerre est figurée en France et en Italie, par le choc entre la tradition (bordiguiste) et la nouveauté moderniste (Socialisme ou Barbarie) ; S ou B n’aura été qu’une comète anarchiste comparé au bordiguisme, et c’est une mixture de S ou B et de parti bordiguien qui surnage après 1968. Nous payons encore les conséquences de cette parasynthèse ratée, tentée par le CCI, fossilisé hélas finalement en secte paranaoïaque comme ses dernières fractions lilliputiennes ou moribondes.
Les quelques lettres internes (dont certaines doivent se trouver dans les deux numéros de la revue électronique Tempus Fugit, disparue) font revivre en chair et en os des militants du communisme pas du tout mystiques. J’ai correspondu avec un certain nombre d’imbéciles ultra-gauches qui signaient leur courrier d’un ronflant « salutations communistes », je me marrais, je publierai un jour leurs insanités et insultes. Pour Bordiga et ses camarades, les courriers se terminent par un classique « cordialement ». Il ne leur était pas venu à l’esprit qu’une poigné de main pouvait être « communiste », « capitaliste » ou « stalinienne ».
Bordiga a affaire à deux sortes de militants dont la démarche transparaît dans leur courrier : d’une part les vrais militants dévoués au combat et au sens de l’organisation comme le postier Laugier (dont jamais éditeur bourgeois ne publiera l’important travail de mémorialiste), mais d’autre part des intellectuels comme Dangeville et Camatte qui cherchent des trouvailles théoriques à creuser « auprès du maître ». Les premiers se battent jusqu’au sans renier leur foi dans le combat du prolétariat, les autres renoncent, leur accord de jeunesse était-il basé sur du sable ?[1]
Contrairement à des clichés malveillants, on n’est pas suiviste ni béni-oui-oui dans la « gauche » des catacombes oubliés des menteurs officiels. Bordiga est discuté comme les autres figures de proue. On découvre les capacités politiques d’une Suzanne Voute, au  caractère pénible mais véritable fondatrice du courant bordiguiste en France et combattante politique jusqu’à son dernier souffle ; et personne pour tresser la biographie de cette longue existence au service de la révolution. Et Piccino, cet étonnant petit bonhomme, véritable ouvrier, estimé de tous, jamais rétif aux problèmes théoriques les plus ardus, qui narrera sa vie et ce qu’il a représenté pour toutes les « fractions » de gauche maximaliste de l’époque ?

Lettre de Chazé/Davoust à Chaulieu, Choisy le 1er décembre 1949
Mon cher Chaulieu,
Je ne sais pas encore ce que vous avez décidé dimanche, et n’ayant pas pu assister à la réunion de votre groupe samedi, je ne sais même pas ce que la camarade Frédérique vous a proposé en ce qui concerne l’ordre du jour des réunions communes. Je t’écris néanmoins pour te faire part de la situation de notre groupe, situation de liquidation qui place votre organisation au centre du regroupement à faire.
Il était probable que la tendance bordiguiste de notre organisation n’aurait pas accepté de se fondre dans une nouvelle organisation de l’avant-garde en France. C’est maintenant une certitude et cette tendance ne participera aux réunions communes que parce qu’elle ne peut s’y refuser, mais avec l’intention bien arrêtée de rester séparée. Il aurait été préférable que cela apparaisse comme un résultat des discussions. Mais, puisque cela devait se faire, il importe peu, au fond, qu’on le sache maintenant.
Lastérade et moi avions envoyé une lettre au parti italien demandant une discussion internationale sur les questions essentielles du programme révolutionnaire. Le groupe était d’accord pour que cette discussion ait lieu mais le CE du parti la repousse. Ce refus est accompagné de tels développements qu’il implique la rupture. Celle-ci sera consommée avant donc que nous discutions avec vous et l’U.O.I.
D’autre part, quelques camarades n’attendent que ces discussions aient lieu pour rompre également avec le courant bordiguiste. Ce sont aussi des léninistes 100% mais qui pourront, je crois, évoluer suffisamment pour que leur appartenance à la nouvelle organisation ne soit pas un boulet pour celle-ci.
Voilà donc où nous en sommes et pourquoi votre responsabilité dans la refonte de l’avant-garde en France, va se trouver accrue.
Toutefois, il ne faudrait pas que cela vous fasse commettre des blagues. Si nous voulons réussir il faut envoyer au diable les préoccupations de boutique. Or je crains qu’avec l’U.O.I. vous vous laissiez entraîner les uns et les autres dans ce genre de bêtises. J’espère vivement me tromper.
Tu sais fort bien comme moi que la question essentielle qui nous différenciera sera celle du rôle du parti. Or, si nous voulons que cette différenciation se fasse dans la clarté, il faut que la question vienne en discussion comme conclusion de nos débats et non au début.
C’est après avoir essayé d’établir les grandes lignes du programme révolutionnaire de l’époque actuelle, autrement dit après avoir étudié le contenu de la révolution prolétarienne tel qu’il pourrait être en fonction de l’évolution du monde et des expériences révolutionnaires passées, que nous pourrons clairement discuter du rôle du parti et de ses tâches.
En somme, il y a deux façons de concevoir nos discussions prochaines. La première, vers laquelle la tendance bordiguiste cherchera à nous entrainer, consistera à discuter de ce qui peut immédiatement nous diviser. Nous aboutirions alors à une confrontation sans aucun fruit qu’une perte de temps, regrettable.
La seconde qui_ consiste au contraire à considérer, dès le départ, que nos discussions seront celles d’un Congrès de fondation de la nouvelle organisation. C’est la bonne, car la maturation des problèmes à résoudre est suffisante. L’ordre du jour qui en découlerait serait donc :
-          Analyse de l’évolution du monde et perspectives,
-          Situation du mouvement révolutionnaire,
-          Programme révolutionnaire (contenu de la révolution prolétarienne dans la phase historique actuelle) ;
-          Parti et organisation de masse – rôle du parti – ses rapports avec les organisations de masse – syndicats, comités de lutte, etc.
-          Tâches du parti et perspectives.
Bien entendu, ne vois-là que des propositions que je te soumets parce que je ne peux pas participer activement aux préparatifs des discussions qui vont s’ouvrir.
J’espère que tu me comprends. Je pense que nos discussions pourraient n’aboutir qu’à constater que nous pouvons créer une nouvelle organisation. Car je crois possible qu’elles devraient avoir pour résultat de donner tout de suite à la nouvelle organisation ses documents de base.
A la prochaine occasion, je te documenterai sur nos discussions avec la tendance de Bordiga, qui, dans le parti italien, semble étouffer toute discussion générale.
A bientôt – salut fraternel aux camarades de ton groupe.
Cordialement,
Davoust

BORDIGA A LUCIEN LAUGIER  juillet 1953 (l’orthographe italianisée et les fautes de frappe sont conservées)
Ing.Amadeo Bordiga
Corso Garibaldi 412                                    Napoli 2 luglio 1953
NAPOLI

Mon cher Lucien,
Bruno t’a peut-être renseigné sur ma proposition d’élaborer una traduction à l’usage des français des trois derniers Filo del Tempo qui contiennent une critique des positions de « Socialisme et Barbarie ». Il ne suffit pas de taduire materiellement mais il faut mieux rédiger tout le texte en clarifiant certains passages, et donner des expressions correspondantes aux frases en argot. C’est pourquoi je pense que tu peux commencer le travail et m’envoyer ce que tu aura écrit en me signalant les endroits dont l’acception doit être perfectionnée. Le textes de la revue aux quels je me réfère par les diverses citations sont dans le Nos I (S.ou B., editoriel) ; I0 :Sur le programme socialiste,et : La direction prolétarienne (Chaulieu et Montal-Chacal), II ; L’expérience prolétarienne. Je pense que tu possèdes une collection de cette anvergure !
Piccino pourra t’aider à comprendre les quelques idiotismes souvent employés dans les Fili pour se mettre dûment à la Hauteur des ces grands théoriciens ! Pour répandre un tel travail on se servira je pense de votre Bulletin, ou on se mettra d’accord sur la voie meilleure.
Je t’envoie des salutations bien cordiales
amadeo

BORDIGA A LUCIEN LAUGIER        Naples 1er décembre 1953
Cher Lucien,
Je te dois des précisions sur la presque rupture de notre liaison depuis un long temps, par manque de loisir entre beaucoup de travail. Je vais essayer une récapitulation.
I.                   On avait dit à Gênes che vous auriez envoyé en Italie votre materiel avant de le publier. D’abord vous ne l’avez pas fait, après nous ne l’avons pas examiné en temps utile.
II.                Lorsque votre Bulletin a été publié des critique ont circulé ; légèrement du côté Paris ou feu Demetrio, plus sérieusement dans les impressions d’Otto de Bruno de Faber.
III.             A Trieste on a parlé de çà : malheureusement la blessure d’Ottorino avait dérangé le programme de travail pour le « vacances » e le dossier France n’a pas été entamé.
IV.             D’après vos communications et les explications qui ont reduit toute la question à quelque malentendus di formulation, j’ai pensé y faire front en globat le chapitre que tu sais dans le fatiguant compte rendu de Trieste, et pensè che la chose soit réglée.
V.                Ta lettre du 5 octobre inséré dans le dossier susdit meritait toutefois une réponse ; et également le materiel Paris Marseille Bruxelles reçu via Bruxelles : on y reviendra.
VI.             La révision de la traduction Otto du capitre répeté, et de votre traduction d’une part de la Batracomiomachie, reste à faire de ma part.
VII.          Je regrette d’apprendre de Bruno qu’aucun de vous ne sera à Florence le 6-7 : on aurait pris en considération le tout dans una réunion spéciale. C’est pourquoi j’ai pensé suppléer au silence trop prolongé par l’actuelle squelette de lettre. On y reviendra.
A toi et aux autres salutations cordiales
Amadeo
Grand merci du livre de Trotsky : il sera rendu.

LETTRE DE BORDIGA AU GROUPE DE MARSEILLE     Naples le 20 septembre 1955
Chers camarades,
J’ai reçu : la lettre di Christian ; la lettre de Lucien, le texte Einstein.
Après une corespondance urgente avec Bruno – qui probablement est en ce moment à Paris pour question di travail mais ne vous verra pas – je suis chargé de vous répondre.
I.                   Réunion à Marseille : en principe la chose est arrêtée, mais la date du II novembre est trop proche. Il faut une préparation plus longue de notre côté pour vous donner le nombre de ceux qui viendront d’Italie, après une nequête interne, et de votre coté pour la logistique. Je pense alors qu’il faut renvoyer au printemps, et en décembre avoir une réunion en Italie comme d’ordinaire. Il s’ensurgit la question du théme. On avait prevu la question de tactique de l’I.C. en Europe en 1919-26 et les différents avec la gauche, ce qui avait un certain intérêt international et allait bien en France. Si nous traitons ce théme en Italie, le prochain sera d’après notre programme d’économie pure, sur le capitalisme actuel d’Amérique (rattaché au théme d’économie pure), le bienêtre, l’automation etc.
Ce théme est peut-être un peu moins convenable chez vous, et une bonne idée pourrait être un exposé général de notre plateforme théorique et politique. Nous soumettons tout cela à votre examen. Donnez-nous votre avis.
II.                Traductions. Toute la série sur les questions russes n’est pas trop longue ? Les séries Dialogato e AntiChaulieu suffisent a donner les premières trois ou quatre issues (fair preceder deux textes continuant en plus ces numeros, et suivre une paire d’articles autonomes, déjà choisis).
La méme observation vaut pour Race et Nation. On pourrait envisager la possibilité de donner les résumés existant, et pour la Russie mes deux derniers fils en ajoutant peut-être les Thèses d’Avril (issue précédente). Pour le moment votre plan serait peu modifié.
A vous tous salutations cordiales
Amadeo
Lucien Laugier au P.C.Int. d’Italie         Marseille le 12 mars 1956
(copies aux groupes de Paris et de Belgique)
Chers camarades,
Voici nos réponses à votre dernière lettre qui, cette fois-ci, vous satisferons, nous l’espérons et clorons le « débat ».
1.      Le retard dans le travail que vous avez constaté ne nous est pas imputable mais découle de difficultés que vous connaissez bien. D’ailleurs les stencils des deux premières « journées » ont été, à ce jour, acheminés et les autres suivront sous peu.
2.      Nous avons toujours accepté l’intégralité du matériel du parti et nous trouvons superflu de spécifier notre accord formel sur tel ou tel texte que vous jugez devoir publier, de même que de donner notre engagement formel à le diffuser et le défendre. Nous répétons que, dans la mesure de nos possibilités matérielles et financières nous sommes à votre disposition pour effectuer les traductions et faire frapper les stencils. Ceci doit être clair et cette question considérée comme liquidée.
3.      Nous n’avons jamais songé à exclure qui que ce soit et nous pensons comme vous que tout camarade qui se déplace fait automatiquement partie du groupe local. Mais il doit, non moins automatiquement en respecter les élémentaires règles de travail et d’organisations de principe et de discipline mais sont la conséquence (que nous avions tout fait pour éviter) de tout un système vicié de conceptions du travail et des rapports qui reste à entièrement réformer. En attendant que cela soit fait nous ne saurions voir s’instaurer dans le groupe de Marseille les méthodes et procédés que nous condamnons chez les autres et admettre que les polémiques que vous avez condamnées de groupe à groupe en fassent leur lieu d’élection. La mesure que nous avons prise, objectivement et sans passion, n’a pas d’autre but que de l’éviter. Soyez-en persuadés, de même que de notre volonté pour régler tous les différents. Notre décision constitue un pis-aller mais elle est parfaitement compatible avec la continuation du travail, par un partage rationnel de la tâche de traduction, et nous permet de sauvegarder le bon climat interne du groupe auquel nous sommes très attaché. Vous ne sauriez nous faire grief de cette préoccupation.

Salutations fraternelles, pour le groupe : Lucien.

BORDIGA A LUCIEN LAUGIER     Naples le 29 juillet 1956

Cher Lucien,
D’accord sur ta lettre :en effet l’erreur a été de trop décentraliser. La prochaine fois il convient de faire tout le travail au même endroit. Les autres groupes qui voudront contribuer le feront bourgeoisement par de l’argent.
Je suis content que les rapports avec Suzanne soient « normalisés ». Il en était temps.
Ne revenons plus sur l’origine des fautes dactylographiques. Christian sera prié de passer ses demi-journées auprès d’une dactylo, peut-être, moins intéressante et plus attentive.
Vous allez recevoir de Milan la circulaire sur la réunion à Cosenza, le 8 et 9 septembre, qui regarde la technique, e le travail sur le théme choisi. J’espère qu’un de vous sera là-bas, et surtout que vous enverrez du matériel utile.
A’bien nous voir, et salutations générales
Amadeo

LETTRE DE BORDIGA du 10 décembre 1956

Caro compagno,
La pressima riunione di studio si terrà a Ravenna il 19-20gennaie 1957, in base aé un programma organizzative che sarà illustrate in successiva circolare. Essa avràcome tema la stesse trattate a Consenza e sviluppate in base ai dati statistici che ci saranne nel frattempo pervenuti, e il cui seguito occuperàaltre riunieni : « L’Economia capitalista in Occidente e il corso storico del sue svelgimento ». Frattante, rifacendoci alla circolare che precedette la riunione di Cosneza, invitiamo i compagni e i gruppi che seno in grade di farle di collaborare al lavaro di ricerca, invi           andeci dati statistici sul tipe di quelli magistralmente sviluppati nel nr.21 di « Programma » sulle Produzione Mondiale di acoisie. Interessane dati relativi a periodi e cicli, possibilmente lunghi, e relativi sia alla produzione nella dinamica del sue sviluppe, sia al cosiddette reddite nazionale e alla sua distribuzione, al commercie estere, alle alternanze di perdiodi du Sviluppe et di perdiodi di crisi, agli investimenti e reinvestimenti ecc., possibilmente risalende alle prime fasi steriche dell’economia capitalistica. E’inutile riciamarvi all’’estrema urgenza di quest’opera di collaborazione :il tempo, infatti, stringe.
Alla riunione saranne dedicate allcune ere anche a problemi organizzativi, resi piu acuti dagli ultimi avvemimenti internazionali.
Cpgliamo l’occasione per sollecitare versamenti in conte giornali e Dialogati, et per avvertirvi che il giornale uscità ancera due volte in dicembre, contraiamente al solite, cicé il 14 e il 21 ; é uno sforza gravese quelle che affrontisme, ma esse é richieste dall’accavallardi di avecnimenti du grande portata di fronte si quali non possiame non prendere chiaramonte e ripetutamente posizione. Ma é una ragione di piu perché i gruppi ci siutiné.
Fraterni saluti
Amadeo

LETTRE DE BORDIGA A SUZANNE ET DANIEL Napoli 23 agosto 1957

(trop long en italien et au-dessus de mes forces)

LETTRE DE CAMATTE A BORDIGA    Marseille 28 décembre 1956

Cher camarade,

Comme je te l’avais dit cet été à Naples, nous serions très heureux d’avoir la traduction de l’article sur Einstein que tu devais superviser. C’est pourquoi je viens te demander si tu as eu le temps de le faire, et dans ce cas de nous envoyer l’article. Ou bien, si tu n’as pas pu, si on peut le publier tout de même dans le Travail de Groupe. Je te demande cela car cet article nous est réclamé par des camarades qui ne lisent pas l’italien et aussi par des sympathisants qui sont dans le même cas. Notre Groupe contient nombre d’étudiants qui s’intéressent d’une manière immédiat à ces questions théoriques – car c’est leur métier. Le problème justement est de les porter sur un plan politique – mais de plus je pense, j’en avais discuté avec toi en 55 à Naples, qu’il faille leur exposer la théorie marxiste de la connaissance humaine, et en particulier la façon dont nous examinons les questions scientifiques. C’est pourquoi justement ce serait bien si tu pouvais donner des compléments, ne serait-ce que sous forme de points à développer.
Toujours sur ce plan théorique, je compte traduire à plus ou moins brève échéance « sorda ad alti messagi la civilità dei quiz ». Pourrons-nous le publier aussi, je t’enverrai d’ailleurs une copie avant.
Puisque je te parle de traduction, je t’indique que le Groupe va publier celle des articles contre « Socialisme ou Barbarie ». Car nous pensons qu’il s’y trouve les bases pour l’étude du mouvement ouvrier français, et de plus l’explication de diverses déviations soit contemporaines soit anciennes, les premières n’étant que des redites, souvent stupides, des secondes.
J’ai suivi le conseil que tu me donnais à Naples l’été dernier d’étudier la formation des divers partis ouvriers français et ceci en liaison avec le développement de la société bourgeoise, donc faire en quelque sorte l’historique, la genèse du capitalisme français en en développant les particularités qui ont pu jouer un rôle sur le mouvement ouvrier… Peux-tu à ce propos me dire comment je dois orienter mes recherches et même m’indiquer les livres sur ces questions (pour l’histoire du mouvement français nous avons acheté le premier tome de la Correspondance Engels-Lafargue).
J’espère que tu pourras me répondre, soit dans le journal, soit d’une autre manière, et que je ne te dérange pas trop dans ton travail.
Salutations fraternelles,ainsi qu’à tous les camarades,
Jacques Camatte.

LETTRE DE SUZANNE VOUTE A PICCINO

Aurillac , jeudi 19 novembre (année illisible)

Cher Piccino,

Comme sans doute tu le sais, j’ai été opérée en août, suis restée presqu’un mois au lit et me voilà maintenant en convalescence dans ma famille, d’où je retournerai maintenant dans quinze jours à Paris. Je ne puis rien encore dire des résultats de l’opération, il faut pour cella attendre : la région opérée restants très sensible, voire douloureuse, pendant au moins six mois, m’a-t-on dit. J’avais beaucoup maigri et ne reprend que lentement, mais j’espère bien que pour le 1er novembre tout sera remis en place et que je pourrai rentrer.
J’ai reçu ces jours-ci de Bruno Zecchini, qui avait été en Belgique, un petit texte, résumé des discussions Bordiga/Ottorino sur la question syndicale, que Otto lui avait donné pour moi et que j’ai retapé. Tu sais que Otto est allé à Naples cet été, avec – dit Bruno – la tête pleine d’idées nouvelles sur l’accumulation du capital, et en tous cas décidé à déterminer Bordiga… à écrire les chapitres qu’il considérait nécessaire d’ajouter au Capital de Marx. Je t’envoie ce résumé qui me semble avoir été rédigé par Bordiga – puisque Otto y est pris à partie – car il donne une idée de ses opinions bien que fort bref. Mais Otto attend, parait-il, de Naples des textes plus détaillés sur les questions soulevées aussi ne vous emballez pas à Marseille pour cette discussion avant qu’ils ne soient arrivés. A Paris nous attendons ceux-ci pour la commencer, à supposer sur le besoin s’en fasse sentir.
Mon opinion sur ce papier, c’est qu’Amédée y a raison sur certains points, mais qu’il n’aborde pas le point crucial, c'est-à-dire les perspectives de développement révolutionnaire en régime de capitalisme totalitaire – et pour cette raison, ne démontre rien sur la question syndicale elle-même. Les points justes, à mon avis, sont :
1°) que le prolétariat n’agit pas – pas plus qu’aucune classe de l’histoire – poussé par des idées, mais par des besoins.
2°) qu’en conséquence l’action du parti ne peut se limiter à une critique et à une propagande d’idées.
3°) qu’il n’existe pas de limite historique aux possibilités de la bourgeoisie d’augmenter les salaires, le capital variable pouvant croître en même temps que l’accumulation du capital constant (mais de façon absolue et non relative comme Marx le faisait observer) sous la pression toutefois de la lutte revendicative (cf. point I de « pour discuter Ottorino »).
La petite histoire du syndicat (« catéchisme ») est très bien mais elle aboutit pratiquement à conclure :
1°) que l’action du parti de classe au sein du syndicat étatisé moderne est impossible ouvertement, et douteuse de façon cachée ;
2°) qu’il se pourrait bien, en conséquence, que le rapport parti/classe se présentât sous des formes nouvelles (cf. le dernier point de « pour discuter Ottorino ») – ce qui n’est pas autrement précisé.

On reste donc dans l’ignorance des perspectives concernant « Le développement des revendications en lutte politique révolutionnaire » et « l’élargissement de l’organisation de la lutte ouvrière jusqu’à la révolution politique » dans les conditions du capitalisme totalitaire.
Il est surprenant, au premier abord, que B. (Bordiga) d’une part admette que le parti de classe ne puisse rien faire dans le syndicat étatisé – et que d’autre part il reproche à Ottorino de penser qu’un « parti révolutionnaire ne peut plus avoir de tâches syndicales ». Il suppose que cela s’explique par le fait que B. considère que le processus d’étatisation n’est pas achevé partout :  c’est en effet l’opinion contraire qu’il relève en premier dans la « thèse décidée d’Ottorino », sans doute pas par hasard, mais parce que la discussion aurait au contraire porté sur ce point. Par ailleurs, quand il demande – in « difficultés » historiques à Otto s’il observe un changement de situation consécutif à la 2ème guerre, c’est avec la perspective claire qu’il devrait répondre : non et que la tactique de 21-22 – juste à l’époque en matière syndicale – le reste aujourd’hui.
Mais, même en admettant cette nuance sur le degré de « totalitarisme » de notre société actuelle, la question resterait posée de l’action syndicale du parti lorsque le totalitarisme sera achevé, ou bien dans le pays où il l’est déjà : Russie – « démocraties populaires » par exemple.
Bordiga croit-il que dans ces conditions peut se vérifier la « situation classique de tournant » qu’il définit dans la note de la p.2 ? Et pourtant, c’est sur une telle perspective seulement que peut se justifier le maintien des anciennes thèses concernant les tâches syndicales du parti.
Dans ces conditions, admettre comme B. contre Otto (Damen) que l’étatisation du syndicat par la classe dominante répond à des raisons politiques de classe et non à une impossibilité d’augmenter désormais les salaires, conduit à reconnaître que les grèves gardent le contenu économique qu’elles ont toujours eu – et qui est limité, on le sait : mais cela ne suffit certes pas à prouver qu’avec le syndicat étatisé subsiste la possibilité d’un développement de l’action revendicative à la lutte politique, ou que dans ce syndicat existe « le champ pour une mobilisation révolutionnaire des masses » (pt 5 du « catéchisme ») ce qui, en dernier lieu, est pourtant la seule chose qui nous intéresse.
Cette constatation – qui me semble indubitable si l’on considère tant les réalisations de l’hitlérisme, que du stalinisme et du travaillisme, on ne saurait dire qu’elles ont été = 0, même du point de vue limité des améliorations immédiates – conduit à reconnaître et la possibilité d’un réformisme dans la période actuelle – et le caractère nécessairement étatique de ce réformisme – autrefois plus ou moins dans l’opposition. Certainement c’est là plus conforme à la réalité que les affirmations sans nuance d’Ottorino (qui ici se rencontre avec Chaulieu) mais cela ne nous mène à rien sur la question posée par Ottorino et rappelée dans les premières lignes du texte.
J’attend donc les documents complémentaires promis, pensant d’ailleurs qu’ils ne combleront pas substantiellement la lacune, car c’est la perspective du bouleversement du rapport de forces actuel qui nous manque et, je crois, de façon inévitable, parce que nous ne faisons qu’entrer dans une phase nouvelle de l’évolution sociale et du mouvement ouvrier.
Daniel, en m’écrivant, m’a dit que tu voudrais voir ton fils aller à Paris. Il dit qu’il lui cherchera du travail, mais que tous les camarades devront s’y mettre pour avoir une chance de résultats. Par ailleurs, il disait qu’il ne se sentait guère de force à le guider alors que c’est toute une ambiance sociale qui fait pression sur un jeune garçon comme ton fils pour lui imprimer son comportement. C’est évident qu’il ne faut pas attendre de miracles, mais ce qui pourra être fait, je suis sûre que les camarades feront tout leur possible pour y arriver.
Si tu as un moment, envoie-moi un mot pour me donner de tes nouvelles, personnelles et politiques. Je vais écrire tout de suite à Lucien, qui a envoyé une lettre à Paris à laquelle je suis chargée de répondre. J’aurais aussi bien pu le faire dans celle-ci, mais tu connais sa susceptibilité et je m’exécute. J’ai préféré t’envoyer le résumé de la discussion de nos deux groupes directement, car ainsi tu pourras décider toi-même s’il vous faut le discuter tout de suite ou attendre des textes plus précis et substantiels.
Je te salue amicalement en te souhaitant « le core megliori ». Bonjour à Tasca, qui j’espère va lire

Suzanne

Mon adresse : S.Voute, Lycée E.Duclaux, Aurillac (Cantal)



[1] La renonciation au combat de Camatte a tout de celle du traître, mais ne sommes-nous pas tous devenus des traîtres après avoir quitté ou fui l’orga ?. Qu’espère-t-il désormais ? Nul ne sait. Il y a quelques années, il avait écrit ceci à un mien ami : « J’ai reçu le livre de Jean-Louis Roche, Précis de communisation, Ed du pavé, et je t’en remercie,. Je suis allé visiter le site internet et ainsi, j’ai appris que Pierre Hempel est un pseudonyme. J’avoue que je ne comprends pas ce que vise, ce que signifie : 1.Le prolétaire universel, 2. Comment se manifeste-t-il ? 3. Comment la révolution à venir « s’actualisera » à partir de vécus actuels. Je sens quelqu’un de facétieux, à qui on le fait pas, d’une grande violence verbale, d’un mépris mais qui a une certaine amplitude et affirme des choses intéressantes. Ainsi, en ce qui concerne l’anti-travail, l’anti-consommation, tous slogans terriblement superficiels de gens qui se sont « sauvés » dans l’autonomisation. Je dois dire que j’ai à maintes reprises ri de façon quasi voluptueuse à la suite de certaines de ses formules même si je ne partageais pas la charge qu’elles véhiculaient. Sa thèse explicative de ce qu’il considère les divagations de ceux dont il s’occupe c’est la déception. Ainsi il dit que je suis un déçu de la révolution. Je n’ai eu aucune déception, mais des difficultés à opérer en constatant la fin du procès révolution, et la nécessité de quitter ce monde. Je n’ai pas connu la déception même si j’ai accusé le coup de me retrouver qu’avec un nombre réduit de camarades, parce que je sentais qu’il y avait le possible d’une autre dynamique que je pense avoir trouvé et avoir contribué à mettre en branle. Il me charge énormément quand il dit « il figure l’archétype de l’intellectuel inconstant et sans conviction de fond, dégoûté de la vie urbaine ». En outre il essaye de me faire endosser la communisation ! Mais je m’ouvre à son dire afin de percevoir son propre cheminement ».
Gilles Dauvé me félicite pour sa part  pour mes deux ouvrages « La réaction fasciste » et « L’ombre du nazisme sur le siècle », dans un courrier de novembre 1999 : « Je viens de finir « La Réaction fasciste » et renonce bien sûr à t’expliquer en quoi je ne suis pas anarchiste, moderniste, petit-bourgeois, etc. Un point de fait cependant. Contrairement à Pierre Guillaume et à la Guerre Sociale, je n’ai jamais défendu Faurrisson ni soutenu l’inexistence des chambres à gaz. Moi-même et ceux qui ont fait ensuite La banquise, avons d’ailleurs rompu avec Pierre G. et la G.S. à ce sujet. Pendant que j’y suis, ajoutons que « Le fichisme ne passera pas » vaut autocritique de ma défense en 96 (une participation au recueil alors publié par Reflex). Cela dit je trouve ton livre intéressant et bienvenu. Cordialement, Gilles.

lundi 11 février 2013

MISERE DE L’EUROPE ET EUROPE DE LA MISERE




Dans la queue de la caisse n°13 du Supermarché j’évite, moi le retraité planqué, de croiser le regard du jeune papa qui a étalé devant la caissière une flopée de pièces jaunâtres, comme si cet adulte avait cassé la tirelire de la petite gosse près de lui, pour payer ce misérable petit bibelot en plastique. Mon caddie est heureusement pourtant moitié plein aujourd’hui. La caissière ricane. Je suis gêné pour le jeune papa et je ne fais pas écho à ce gloussement désagréable. Ce n’est pas la première fois que je remarque la pauvreté honteuse dans mon supermarché habituel. Depuis longtemps j’en ai observé les signes, les comportements furtifs ou les excroissances provocatrices – le caddie débordant le jour de la perception des « allocs » - mais je suis simplement effaré par sa caractéristique majeure : elle est exponentielle. C'est-à-dire qu’elle existe bien, se développe mais on ne sait pas trop bien si elle est la conséquence de « trop d’Etat » ou de « moins d’Etat », ces deux mamelles que secouent politiciens de gauche et de droite, où tous sont d’accord pour refuser que l’Etat soit la « vache à lait » d’une société d’assistés. Mais où le sein droit hurle qu’il y en a marre qu’on pompe tant patrons, investisseurs, concepteurs, héritiers et milliardaires et qu'il vaut mieux se répandre, en guise d'option politique, en attaques odieuses ad hominem sur la personne de Hollande. En clair la gauche bourgeoise voudrait bien toujours le beurre et l’argent du beurre du temps du capital bien portant quand la droite bourgeoise voudrait faire croire qu'à la place chaude, dans la tempête mondiale, elle ferait miracle en faisant produire le beurre low cost les prolétaires et en crachant sur les chômeurs; par exemple  à la manière teutonne, 6 euros de l'heure pour le jeune immigré "non assisté"! La solution à la crise selon les internautes de droite connards, artisans et petits patrons, est nette : « Réduisons les acquis sociaux.... et payons nos dettes ». Mais les dettes de qui ? Il existe une vieille tradition en France de célébrer l’Allemagne comme le grand exemple, les collabos pétainistes ne sont pas tous morts. La « fortune » économique du capitalisme allemand est toute récente, elle date de l’époque du chancelier Schröder qui, même quitte à y perdre sa place de chancelier « socialiste », prit une série de mesures de « dégraissage » de l’Etat qui est censée encore de nos jours être la potion miracle exemplaire que devraient suivre tous les traînards de l’Europe du Sud et la France, dispendieuse avec son lourd « mammouth » de fonctionnaires et d’assistés !
Je perçois un peu ce que signifie l’Europe et ses produits en compétition chaque fois que j’arpente les couloirs épiciers de la grande surface commerciale. Le Conseil européen, le budget européen, les conciles bruxellois sont aussi loin de mes préoccupations que les petites querelles entre les fainéants de l’élite parlementaire nationale. Quand on me perle d’Europe j’ai plutôt tendance à sortir mon revolver, comme quand on me parle de la France. Ces sujets sont tellement abstraits pour mon pauvre esprit que lorsqu’on m’informa récemment, comme à des millions d’  «  européens » que les élites européennes et nos chefs d’Etat s’étaient querellés toute une nuit, et n’avaient résisté au sommeil que par la grâce du Coca citron, sur le « budget », je me suis demandé à quoi servait un budget européen. Etait-il un budget supranational ? Un budget dans le budget, un Etat dans l’Etat en quelque sorte ?

A quoi sert le budget européen ?
Jean-Luc Sauron : « Le budget européen vise principalement deux objectifs : le renforcement de la compétitivité (innovation, recherche, développement des réseaux de transports et des interconnections énergétiques) et de la cohésion (les fonds structurels pour venir en aide aux régions les moins développées) pour près de 45% des dépenses ; les aides à l'agriculture et au développement rural (Politique agricole commune -PAC-) pour près de 43% des dépenses. Le reste concerne les dépenses liées aux questions de sécurité intérieure (un peu plus de 1%), de sécurité extérieure (l'UE comme acteur mondial pour plus de 5%) et près de 6% pour les dépenses administratives relatives au fonctionnement des institutions européennes. Le total de ces sommes représente, pour une année, environ 145 milliards d'euros soit 1% du RNB de l'UE. C'est un chiffre vraiment très faible: 244 euros par citoyen et par an pour les 502 millions d'Européens. A titre de comparaison, le coût annuel du chômage des jeunes en Europe (18/35 ans) revient à 150 milliards d'euros (soit 1,2% du RIB)[1]. Surtout, 64% de ces dépenses sont effectués au bénéfice des Etats membres de l'Union européenne, et seuls 6% pour le fonctionnement de l'administration de l'UE. Quel budget d'un des 27 Etats membres pourrait se prévaloir d'un tel pourcentage consacré aux investissements et d'une si faible part utilisée pour son fonctionnement ? La vraie difficulté provient de l'origine des recettes utilisées : elles sont à près de 90% d'origine nationale (contributions nationales, pourcentage de TVA). Les Etats gagnent même de l'argent en recouvrant les droits de douane au bénéfice de l'Union. Ils gardent 25% des droits recouvrés pour leurs frais administratifs ! Mais surtout, l'origine nationale des recettes conduit les Etats à faire prédominer les préoccupations nationales (PAC notamment) sur des objectifs réellement européens, c'est-à-dire conçus au regard des besoins du continent européen tout entier. L'effet levier, favorable à la croissance, est gommé par cette myopie quant aux objectifs. Le budget européen est daté. Il ne vise qu'à prolonger les priorités nationales, ou plutôt du tiers (7 ou 8 Etats) le plus politiquement influent, sans être pensé pour le développement de la totalité. En réalité, la bataille sur son chiffrage n'est qu'un leurre pour empêcher les opinions publiques de s'intéresser à la seule question qui vaille : son efficacité investissements/résultats ».

Les sommes distribuées par le budget européens sont-elles plus importantes pour certains pays que pour d'autres ? 

« Il serait fastidieux de faire le pointage Etat par Etat. Il est possible de souligner que les plus gros contributeurs du budget (Allemagne, France, Italie, Grande-Bretagne) sont des contributeurs nets (ils versent plus qu'ils ne reçoivent). Il s'agit des économies les plus importantes de l'Union européenne. Les Etats bénéficiaires sont principalement la Pologne, la Grèce, l'Espagne et le Portugal. Grande découverte de pointer que l'argent passe des économies développées aux économies en croissance ! Le budget européen répare les blessures de l'histoire. Il a commencé par panser les plaies de la Seconde guerre mondiale (France, Allemagne, Italie, Bénélux). Puis il a permis aux Etats soumis à la régression sociale des économies sous dictature militaire (Grèce, Espagne, et Portugal) ou communiste (pays d'Europe centrale et orientale) de reconstruire une société de progrès social par le partage économique. La source des économies n'est pas là. Elle doit être trouvée au sein des objectifs choisis et des financements nouveaux pour dénationaliser la définition et la conduite des priorités budgétaires ».

La Croix écrit : « Triste fin de semaine pour l’Europe. D’un côté, des marchandages sans ambition autour du budget de l’Union européenne. De l’autre, un spectaculaire pataquès autour de lasagnes à la viande de cheval révélant qu’en dépit de la crise de la vache folle, à la fin des années 1990, l’Europe ne dispose pas de règles suffisamment fiables en matière de « traçabilité » alimentaire ».

1.     LE GRAND VAINQUEUR CAMERON ?

David Cameron, qui avait laissé croire vouloir pousser les anglais à quitter l’Europe, aurait réussi à faire basculer le vote en faveur d’un budget « austéritaire », le conditionnel est de mise car nous ne savons pas comment ces bourgeois européens discutent en coulisses[2]. Toute la médiocratologie de crier que Cameron rentre en vainqueur au 10, Downing Street, à la frustration des Français et des Italiens ! Le premier ministre quitte Bruxelles en gardant quasiment intact le fameux «rabais» de 4 milliards d'euros arraché en 1984 par Margaret Thatcher. La bourgeoisie anglaise se permet de ne pas honorer ses dettes tout en paraissant dicter les conditions de sa participation partielle à l’Etat européen virtuel. Le triomphalisme de Cameron semble tout à coup plus un coup de main de ses collègues européens pour sa politique intérieure. Via la presse people, Cameron conforte l’arrogance nationaliste de ses « europhobes » sa capacité à brider les ambitions d'une Europe jugée envahissante. Aux britanniques «europhiles», il démontre que le Royaume-Uni peut peser puissamment sur la décision, s'il se résout jamais à rester dans l'UE. «Travailler étroitement avec les Néerlandais, les Danois, les Suédois et travailler très étroitement avec Angela Merkel, ce n'est pas être isolé», lâchait David Cameron au sortir du sommet.
Cameron est aussi indispensable à Merkel que l’inverse. Le sommet était bien un bras de fer politique, l'opposition frontale de deux visions contradictoires de l'Europe. Hollande, promoteur d'un budget européen basé sur une croissance « imaginaire », aurait boudé David Cameron, ledit grand vainqueur du sommet des faux-culs. Cameron est le nouveau Chamberlain de la presse people, il a terrassé le petit coq Hollande ! En Angleterre, une caricature du Daily Telegraph, quotidien conservateur, a tempéré le triomphalisme de la presse populaire : Sur un tapis rouge, devant la presse mondiale : David Cameron, Angela Merkel et François Hollande.Tous les trois font le signe de la victoire sur le dessin. Mais pendant que le Premier ministre britannique, au milieu des deux, brandit une pancarte annonçant « budget réduit », le président français lui prend son argent dans sa poche revolver… Derrière la vantardise de chacun, le compromis jette un froid. Les Etats économes - en gros, l'Europe du Nord et surtout l'Allemagne - ont gagné contre les Etats « dépensiers ». Mais, au bout du compte, la contribution britannique va quand même augmenter. Et le baratin enveloppe la galette pourrie : « Ce n'était le budget parfait de personne », écrit pour sa part le Financial Times, mais « c'est une rare victoire de David Cameron en Europe, grâce à la chancelière allemande. Et surtout une victoire de l'Europe. Le message au reste du monde, c'est que malgré les frictions entre les Etats membres, l'Europe se parle et avance. Elle est capable de réforme quand cela ne marche pas, c'est un signe d'espoir. »
Ce dernier canard britannique veut faire croire qu’Angleterre et Allemagne sont plus européens que les autres. Mais tous chantent cette chanson, quand, en réalité c’est le chacun pour soi de chaque Etat national qui rythme l’hypocrite et flasque maillage européen. Chaque État membre a cherché d’abord à défendre ses intérêts sans se soucier d’un objectif commun. Pour la France, ce sont les crédits consacrés à ses agriculteurs. Pour l’Allemagne, les fonds destinés à l’ex-RDA (terre d’élection d’Angela Merkel). Quant à la Grande-Bretagne, sa « ristourne » ne diminue pas : ce que David Cameron veut pour l’Europe ne vaut pas pour son propre pays ! L'Europe, affaiblie par la crise, doit rogner sur son budget pour la première fois de son histoire. De 2014 à 2020, la baisse sera de 3 % sur les sept années précédentes. Mais le « message (européen) au reste du monde est bien pitoyable comme l’explique notre machin souverainiste.

2.     UN BON COMPROMIS ?

Qu’en dit MARIANNE?
« Impossible de dissiper ce sentiment de honte. Poisseux. Ecoeurant. Les ministres ont beau se succéder aux micros pour tenter d’expliquer, après François Hollande, que l’accord sur le budget européen est « un bon compromis » et qu’au fond « c’est moins pire que si c’était pire», ça ne passe pas. Ce lâche soulagement des dirigeants politiques trop heureux de ne pas avoir ajouté une crise de la Communauté à la Crise économique, c’est le triomphe de la myopie et du « court-termisme ». Sans compter la faute morale qui consiste à accepter une diminution de l’aide alimentaire pour les plus pauvres, il y a dans cette réduction –une première !- des moyens accordés à l’Europe une erreur économique et une démission insupportable de ceux qui ont en charge le destinée de la Communauté, à commencer par la France. Même contrainte, celle-ci n’en a pas moins accepté, enfin son Président, que triomphent les égoïsmes nationaux plutôt que l’intérêt et le rêve européen.  Et sans même qu’on s’autorise un éclat, une divergence symbolique, une charge au panache…Le commandant en chef de la Nation tout auréolé du succès de sa geste guerrière,  avait pourtant l’opportunité de faire claquer les mots et le drapeau. « Papa hollande », le libérateur de Bamako pouvait parler fort au nom du peuple africain mais aussi français de l’impérieuse nécessité de faire croître une Europe puissante dont le besoin se fait si cruellement sentir non seulement dans le Monde mais sur notre territoire national. Il en avait d’ailleurs pris l’engagement pendant sa campagne électorale, puis après sa victoire électorale, lorsqu’il assurait que la rigueur en France serait compensée par une relance européenne à laquelle il accrochait son destin et le nôtre. Son silence ensuite face aux tergiversations de Merkel, puis aux provocations libérales de Cameron ne pouvait être qu’une promesse de fermeté future dont il ferait démonstration à Bruxelles. Le mâle du Mali serait celui de l’Europe qui n’attend qu’un projet ferme et une voix forte pour se ressaisir et stopper sa dégringolade aux abîmes de l’impopularité. La défense des seuls intérêts particulier mine toujours plus le collectif dont le principe même est atteint par des dirigeants qui devraient en être les garants et les pédagogues auprès des peuples déboussolés.  Car la Communauté réduite aux aguets et aux acquis du seul marché n’est plus qu’un machin techno monstrueux dont on voudrait qu’il fut protecteur mais qui ne cesse d’inquiéter chaque jour davantage. Or ce recul budgétaire fait passer de l’inquiétude à l’angoisse. En s’avouant sans projet, sans dessein, en se repliant au lieu de se déployer, les européens creusent leur propre tombe. Et que celui qui s’est toujours présenté comme le fils spirituel de Delors et quasi comme un fédéraliste européen consente à cette mise en bière anglo-allemande est plus cruel encore. Car cela montre que face aux antieuropéens nationalistes d’un côté qui ne cessent de se renforcer et de l’autre face aux euro-libéraux stricts il n’y a plus rien. Ou plus grand chose hélas : les références à une Europe sociale solidaire, à une civilisation humaniste commune ne semblent plus que des vieilles lunes célébrées par quelques boy scouts attardés le soir à la veillée. Sans même qu’ils puissent espérer qu’une croissance commune un jour ravive les couleurs de leurs chants et de leurs feux de camp ! ».

3.     Culpabiliser le prolétariat et favoriser le nationalisme :

La passe d'armes, plus ou moins arrangée et orchestrée en coulisses par tous ces chenapans, ne peut masquer toutefois, comme je l’ai déjà souvent souligné, le début de la fin de l'axe franco-allemand. L’Allemagne est tournée vers l’Est pour son approvisionnement en matières premières, et, ajouté à sa politique de bas prix pour des produits de qualité, était plus intéressée à ce que la troublante Angleterre reste à sa manière dans le jeu européen. Et tout diplomate sait que, comme au temps de Bricolo-Sarkozy c’est Merkel qui mène le jeu.
Avec la complicité des élites « socialistes » au gouvernement, à toute cette bagarre au premier plan - en faveur de « réduire» les « dépenses » de l’Etat (cf.de « nos administrations »), du souci de résorber le déficit de la « sécu » en ne refilant pas des allocs aux immigrés (puisque ce n’est pas le cas en Allemagne), en diminuant les charges pesant sur les entreprises – et d’un tas d’internautes anonymes qui reprennent en boucle ces arguties pourtant abstraites et loin des réalités quotidiennes de prolétaires - les Etats bourgeois européens visent à culpabiliser le prolétariat comme s’il était associé à la gestion des « dépenses » et soucieux de réduire « le montant de la dette » quand il a surtout du mal à joindre les deux bouts de son propre misérable budget…
Le « budget » de l’autocratie européenne lointaine et féodale, diminue d’une somme relativement faible un poste jugé inutile (Dans le budget qu’elle vient d’adopter pour la période 2014-2020, l’enveloppe consacrée aux pauvres en Europe passe de 3,5 milliards d’euros à 2,5 milliards pour la période 2007-2013, soit une réduction de 1 milliard d'euros) – l’aide aux organismes de secours contre la faim – mais en comparaison l’aide sur le poste chômage est encore plus ridicule et certains édiles bourgeois reconnaissent même leur impuissance face à la marée de dizaine de millions de chômeurs européens…
Avec le vacarme créé par la gloriole tressée à Cameron il fallait s’attendre aux cris de haine nationaliste, qui filtraient déjà sous Marianne, et qu’on retrouve naturellement dans le résidu du parti stalinien français (qui vient d’enlever du décor les antiques faucille et marteau, symbolique qui renvoyait trop à la dictature du parti sur le prolétariat ) :

« Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a dressé samedi un réquisitoire contre "l'Europe de l'égoïsme", "au service des milieux financiers et patronaux", et a appelé "les forces de progrès" à s'unir pour une Europe plus "solidaire", lors d'un discours au congrès de son parti. "La construction européenne, dans son mode ultralibéral, est aujourd'hui une machine extrêmement sophistiquée au service des milieux financiers et patronaux, et largement dominée par les intérêts des classes dirigeantes des pays les plus puissants, au premier rang desquels l'Allemagne", a lancé, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le patron du PCF. Face à la crise, "au lieu de changer de cap, les forces du +consensus libéral+ organisent la fuite en avant vers un fédéralisme centralisateur et autoritaire, seul capable à leurs yeux d'imposer l'austérité à des peuples qui la rejettent de plus en plus explicitement", a ajouté Pierre Laurent, qui dirige aussi la Gauche européenne, une alliance de partis communistes à travers le continent. Evoquant le budget de l'UE adopté vendredi, "qui, pour la première fois, attaque les maigres dispositifs de solidarité existants", il a affirmé que "leur Europe devient celle de l'égoïsme et non pas de la construction, mais de la déconstruction européenne". Les dirigeants européens se sont mis d'accord vendredi sur un budget d'austérité pour les sept prochaines années, en baisse pour la première fois dans l'histoire de l'Union européenne."Cela fait resurgir les replis nationalistes ou régionalistes, et prospérer de dangereux populismes racistes et xénophobes", a ajouté le numéro un du PCF »[3].

Or que signifie cet appel à « l’humain » et aux « forces de progrès » ? Que tous les petits rigolos gauchistes et débris de la gauche gouvernementale vont pouvoir pétitionner pour faire revenir les cyniques nobles européens sur leur suppression de l’aide minus aux petits frères des restos du cœur ? Phrases d’estrade ! En réalité la gauche bureaucratique avec tous ses plaqués syndicaux des administrations et milliers d’élus municipaux tient trop au capitalisme actuel dit ultra-libérale pour conserver ses « niches sociétales », et n’a aucune solution alternative, ni nationalisations bidons inutiles au niveau actuel des échanges mondiaux ni une vague autogestion plouc ! Les déclarations du PCF sont encore une fois toujours ambiguës quand il évoque les « replis nationalistes »… il connait bien le sujet puisqu’il a appelé à voter en vain contre l’Europe anti…nationale.

4.      Une note d’Click here to find out more!agoravox montre la « paupérisation de la pauvreté » qui débordera de fait (et déborde déjà) l’Europe de la misère :

« Ce vendredi 8 février 2013, l’Union Européenne a décidé de réduire l’aide alimentaire qu’elle donne aux démunis sur son propre territoire. On pouvait comprendre cette décision si le nombre de pauvres en Europe baissait. Or, ce nombre n’a jamais été aussi haut, surtout avec la crise systémique qu’elle connaît depuis 2008. En France où il y a officiellement 8 millions de pauvres, sans compter les citoyens de seconde zone des DOM-TOM et de Mayotte, les Restos du Coeur, qui distribuent chaque année des millions de repas, ont enregistré cette année une explosion des demandes d'aide. Plus largement, dans tout l’espace européen, les chiffres d’Eurostat parlent d’eux-mêmes. En 2010, selon ses statistiques, Eurostat disait qu’il y a 115 millions de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale. Ces chiffres ont évidemment augmenté avec la crise qui ne cesse de provoquer quotidiennement la fermeture de centaines voire de milliers de postes de travail dans l’espace européen où les plus grands patrons licencient et s’en mettent plein les poches. Les années à venir ne sont pas faites pour renverser radicalement cette tendance surtout lorsqu’on voit que c’est plutôt l’austérité qui est choisie comme porte de sortie. Comme on le voit, le nombre de pauvres augmente en Europe au moment même où l’Union Européenne décide de baisser les finances du programme qu’elle a institué depuis 1987 pour venir en aide aux plus démunis sur son sol. Dénommé Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD), plusieurs pays européens notamment l’Allemagne, le Royaume Uni, les Pays-Bas désirent tout simplement le supprimer alors qu'il nourrit directement 18 millions de personnes chaque année, selon les chiffres officiels. La seule concession qui a été faite aujourd’hui est de le maintenir en vie dans le nouveau budget tout en lui réduisant les moyens.
Alors, se pose la question de savoir comment cette Europe qui ne veut pas aider ses propres pauvres sur son sol pourrait-elle aller aider les africains. La charité bien ordonnée commençant par soi-même, comment réduire les aides à ses propres enfants pour aller nourrir ceux des tiers ? A présent qu’on voit ce que l’Europe décide à propos de ses propres pauvres, telle doit être la question que chaque esprit averti doit se poser. Pendant des décennies et des décennies, la propagande a fait croire sur tous les toits que l’Europe, l’Occident plus largement aide les africains. Cette propagande largement diffusée et relayée par des laquais africains appelés abusivement « dirigeants africains » a non seulement augmenté le mépris et la haine que nombre d’occidentaux ont pour les africains, car se disant privés de ressources au profit de fainéants africains, éternels assistés, mais aussi et surtout elle a distillé dans des cerveaux africains l’idée qu’il existerait quelque part de bonbons samaritains qui se préoccupent de leur état. Ainsi, aussi souvent que possible, on entend de la part de beaucoup d’africains des phrases telles que : « nous demandons l’assistance de l’Union Européenne », « nous demandons l’aide de la communauté internationale », « nous appelons la communauté internationale au secours ». Cette communauté internationale étant l’Europe et ses fils que sont les Etats-Unis d’Amérique et le Canada ».

CONCLUSION
Les Etats bourgeois sont d’un machiavélisme à couper le souffle. Tant de souci d’économiser, tant de souci pour « éponger les dettes », dans l’espoir un jour du retour de la croissance, cette bête à concours qui se cache depuis 2008. Mais à côté de la fin des économies budgétaires, l’argument du vieillissement de la population est bien encore le meilleur credo « explicatif » de toutes les fractions bourgeoises. TERRIBLE LA DEMOGRAPHIE GALOPANTE, qui en fait serait le véritable aiguillon de la crise mortelle du capitalisme ![4] Ce malthusianisme européen certifié justifie toutes les attaques. Trop de jeunes inoccupés en France, trop de vieux en Allemagne, tiens mais la bourgeoisie teutonne ne souhaite-t-elle pas faire venir par milliers jeunes espagnols et italiens dans les années à venir, sans doute pour ralentir l’islamisation… La réforme des retraites est tellement écornée qu’on va pouvoir enfin l’appeler « la suppression obligatoire de la retraite dans l’intérêt de l’Europe ». ET puis les retraites sont si diversifiées inégales et parfois arbitraires que le gouvernement Hollande pourra fort bien retailler dans le tas à son tour sans avoir à mégoter comme Brico-Sarko qui au fond n’a pas « solutionné » la question comme il s’en vantait. L’Allemagne connaît un seuil de pauvreté de 15% et les prolétaires y travaillent dans les 36 heures, ou doivent faire deux jobs…bel exemple !
Nous avançons doucement mais sûrement vers une Europe de la misère dirigée par l'Allemagne qui va imposer ses règles aux restes des pays appartenant à l'Euro-dictature, et avec un président français si complaisant avec les puissants, il faut s'attendre à vivre désormais avec un salaire de misère, avec des prix qui s'envoleront, et une vie sans retraite. Bienvenue dans le monde de l'Europe du futur, où les citoyens ne sont plus que des esclaves au service du système économique.
Marx avait pronostiqué l’évolution du capitalisme vers la formation de grands ensembles régionaux. Cette tendance s’est en effet manifestée dans l’aire nord-américaine, puis en Europe ; il faut remarquer qu’elle est freinée dans l’aire asiatique et floue encore pour l’aire slave. Ces grands ensembles ne sont pas encore en état de se cristalliser en blocs impérialistes mais cela reste l’objectif.
L’Europe a été depuis 1945, comme je l’ai souligné il y a longtemps, une illusion libéraliste sans frontières opposée au communisme caricatural russe. Or, aujourd’hui, les masques tombent l’Europe n’est plus qu’une baudruche vide de technocrates qui croient pouvoir affamer les peuples sans que cela ne leur pète à la gueule. Ils peuvent en effet pour l’heure agiter tranquillement deux boucliers :
-          L’attaque contre les « couches démunies » n’est pas explosive, elle peut tranquillement tuer par la faim dans la mesure où ce n’est pas le prolétariat nommément qui est mis en cause mais « les pauvres » ; reste à savoir si le prolétariat aura au moins la dignité de monter au combat autrement qu’au cul de ses parasites syndicaux (à réfléchir sur notion pourrie d’aide et l’usage immodéré de la théorie de l’assistanat);
-          La haine suscitée par cette gouvernance féodale arrogante et méprisable n’encourage pas l’internationalisme prolétarien mais au contraire des réactions de chauvinisme, faible d’ailleurs car le chacun pour soi ne peut plus être que crever dans son coin.




[1] La carte européenne du chômage est marquée par les contrastes. Parmi les États membres, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en  Autriche (4,5%), au Luxembourg (5,1%), en Allemagne (5,4%) ainsi qu'aux Pays-Bas (5,6%), et les plus élevés en Espagne (26,6%) et en Grèce (26,0% en septembre 2012). En France, le taux de chômage a très légèrement augmenté et s'élève à 10,5 %, alors qu'en Allemagne il est stable à 5,4 %, après une baisse en octobre.Derrière la dure réalité statistique de ces chiffres, les gouvernements s'inquiètent de la violence du chômage qui continue de toucher les jeunes. 23,7 % des moins de 25 ans (contre 22,2 en novembre 2011, soit 329 000 jeunes chômeurs en plus) sont ainsi à la recherche d'un emploi dans l'Union européenne, soit 5,799 millions de personnes. Ce qui laisse présager une génération perdue. La Grèce est l’exemple le plus frappant, enregistrant un taux catastrophique de 57% (en septembre 2012), tout comme l'Espagne (56,5% en novembre 2012). Alors que l'Allemagne n'enregistre un taux de chômage chez les moins de 25 ans "que" de 8,1%.

[2] En particulier avec la complicité du trouble Mario Monti, ex-consultant de la banque juive Goldman&Sachs de sinistre réputation.
[3] Le frère jumeau, plus lèche-botte vis ç vis du parti gouvernemental le Front de Gauche déclare : «  Dans un communiqué co-signé samedi avec trois autres députés Front de gauche du Parlement européen, Jean-Luc Mélenchon condamne un "mauvais compromis" des chefs d'Etat et de gouvernement, qui "approuvent maintenant l'austérité sur les rares programmes de solidarité existant en Europe". "Les agriculteurs, les pêcheurs, les régions, les chercheurs, les universitaires, les projets écologiques seront les premiers touchés. Les européens les plus dramatiquement touchés par la crise y perdent aussi: le budget dédié à l'aide alimentaire passe ainsi de 3,5 à 2,1 milliards d'euros! En revanche les aides aux grands de l'agroalimentaire et les intérêts des banques sont protégés", écrivent Jean-Luc Mélenchon, Younous Omarjee, Jacky Hénin et Marie-Christine Vergiat ».

[4] Mme Lagarde a réexpliqué que le vieillissement de la population modifie négativement l’équilibre entre la population active et les aînés. La proportion des Européens âgés de plus de 80 ans devrait presque tripler d'ici 2050 et les personnes âgées de 60 à 79 ans représenteront un quart de la population totale de l'UE. 3 personnes sur 10 auront 65 ans et plus en 2050. La dame n’a pas expliqué ce que la minorité des dominants cyniques va faire de tous ces centaines de milliers d’« ainés » sexagénaires, septuagénaires et octogénaires une fois que l’Etat et les patrons les auront jetés à la rue ? Elle a peur pour sa peau elle aussi ?