PAGES PROLETARIENNES

mercredi 31 octobre 2012

Monseigneur Delanoë et sa « taille »



Trop de guimbardes, trop d'ânes, trop de chiabrena. Paris va bouter la circulation roulote hors du castel à bobos,  principal chiabrena lacrimable de pollution de l'air dans les courtines. Les véhicules à pédales les plus polluants seraient interdits dans la capitale dès 2014.

Le 12 novembre, au Conseil féodal de Paris, le seigneur bourgmestre Bertrand Delanoë présentera son plan de lutte à ses échevins islamo-socialistes contre la chiabrena : parmi moult mesures, la plus preste consiste dans l'abaissement de la vitesse autorisée aux chars à explosion. De nouvelles "vêpres 30" vont être mises en place, notamment à la gourdasse Goutte-d'Or dans le 18e arrondissement. Dans les sentiers autour des écoles de coqueberts, des équipements vélicépédiques, les chefs à bobos veulent étudier avec la royauté l'instauration progressive d'une vitesse limitée à 30 chevaux vapeur. Certains grands baronnets seront également concernés : l'allée de Clichy, à l'été 2013, et les grandes allées.
Le Conseil féodal agira derechef "au cas par cas" pour délimiter des axes où la réduction de la vitesse sera "crédible" pour les carrioles et les palefreniers. Les résistances sont fortes de la part des couards prolétaires qui stigmatisent la "boboparoisse" de son altesse devergoigneuse Delanoë, un Paris sans voitures à pétrole, pour célibataires ou ménages fortunés.  De guerre lasse, les écuyers du Club des 4X4 veulent mortir "l'idée d'une généralisation des vêpres 30" et que la question soit rechaudie pour avis aux grands électeurs.

PASSER DE 80 KM/H À 70 KM/H SUR LES COURTINES ???

Selon le clan du Conseil féodal, cette mesure permettra de réduire la chiabrena, mais surtout les guignons. Une étude de l'Office national interministériel de salubrité roturière estime qu'une diminution de 5 % de la vitesse réduit le risque de guignon corporel de 10 % et le risque d’Arbalestrie des houliers de 20 %. Sur le plan de la maréchaussée, le bénéfice est davantage discuté : l'abaissement de la vitesse peut entraîner un surcroît de vélocité  mais diminuer l'ardeur des pandores déjà peu vaillants, très nuisibles pour le chiffre du comte de Valls, selon des études de l'Agence de la nature et de la maîtrise des biens du Seigneur (ANEMIE). Sur les coursives, la majorité des échevins  espèrent obtenir du pouvoir royal, pardon hollandais, l'abaissement de la vitesse de 10 km/h, et passer de 80 km/h à 70 km/h.
L'interdiction des véhicules les plus anciens risque aussi de soulever de l’ire de la jouvence et de la menuaille. Le bourgmestre de Paris proposera de mesttre cette mesure  en dépit de cette merdaille dans le cadre de la discussion sur les "zones d'action prioritaire pour l'air du seigneur" (ZAPAS) que la ministre de l'idéologie chiabrenette, Delphine Batho, a décidé de relancer après l'échec du précédent gouvernorat du Comte de Sarkozène (qui avait planifié une telle ordonnance royale pour le mois icelui de l’année encore en cours). L'interdiction s'appliquerait à partir de septembre 2014 aux véhicules particuliers et utilitaires de plus de dix-sept ans, aux calèches lourdes de plus de dix-huit ans et aux bicycles à alcool de plus de dix ans.
Le périmètre de cette zone d'exclusion irait jusqu'à la voie romaine A86. Le bourgmestre de Paris se dit favorable à une taille, non pas une barrière pour taxer l'entrée dans la paroisse à bobos comme à Londres ou Stockholm, mais un système de péage au kilomètre sur les anciennes voies royales. En outre, le Conseil de Lutèce veut obtenir l'interdiction de toute circulation de transit des calèches lourdes dans Paris et sur les coursives. Il n’est pas question de boniments, le Conseil féodal d’isle de France  proposera encore l'instauration d'un contrôle technique des essieux et des fers à chevaux, un moyen de transport qui ne cessait de se développer à Paris ; des mesures sont également envisagées pour doubler tout fer à cheval de feutres spéciaux afin d’atténuer le bruit chiabrena. Ces bruyants quadrupèdes étaient utilisés dans 9 % des déplacements en 2010, contre 4 % en 2001.

EN DIX ANS, LE NOMBRE DE CALECHES FOL DINGO A BAISSÉ DE 25 %

Il n'est pas certain que les palefreniers et la merdaille de Paris aient perçu le changement, tant la voiture à bras devient omniprésente dans les rues de la capitale comme au temps de la colonisation en Indochine. Mais en dix ans, la circulation fol dingo a baissé de 25 %. Le comportement de la merdaille s'est transformé : 40 % ont abandonné chevaux et taxis de la Marne pour se déplacer à pied ou en mongogolfière. Seulement 7 % d'entre eux utilisent encore un vulgaire carrosse quotidiennement. L'usage de la giguedouille trottinette a fait un bond spectaculaire. Il représente 3,1 % des déplacements.
Le système Feodalib' compte désormais 250 000 abonnés. Cette évolution est la conséquence d'une double logique : la réduction des maroufles qui rend de plus en plus difficile le vol à la portière, et l'Ost, car la maréchaussée s’était révélée impuissante à calmer les ardeurs de la merdaille. En dix ans, 75 hectares de champs ont été réaménagés au profit des portefaix, des prévôts, des sorceresses "propres". Des souplettes à menuaille ont été ouvertes.
Son altesse bougrement  Delanoë se montre moins oyant sur le vrai point noir de la qualité de l'air en la paroisse parisienne: la présence massive des bouses de vaches et crottin de cheval. Il demandera au pouvoir royal "la distribution progressive" des mouchoirs ou voiles musulmans utiles à ceux qui piétonnent  et ne supportent  plus tout ce qui peut puire des pavés. La bouse de vache avec ses émissions de particules fines et très fines, classées cancérogènes par l'Organisation musulmane de la santé scientifique (OMSS), le 12 juin, fait de Paris une des villes les plus polluées d'Europe ; 60 %  des calèches RATP qui roulent à la bouse de vache dans Paris sont hors normes.
Loin de moi le projet de joiler le mandru émeutier de la merdaille, et de trouiller car la queste du bourgmestre finit toujours dans les poches du roi et de ses baronnets. Trouillant d’être parjure, je vergogne l’ardeur émotionnelle de la multitude des bobos minuto de la paroisse pour rapiner et mortir la merdaille si elle venait à convoier vers moult édifices féodaux et arder quelques échevins de base. Contre tous les charmognes de la menuaille, le populo minuto  (boboféodalité) pourra toujours se réfugier au pied des coursives et refouler la plèbe dans les buissonades des maroufles du Vexin 95 et 93 et dans les potagers qui puirent du gâtinais croteux à la brune, avec leurs sales trognes.
Jacques Mandrin
http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gif
PS : L'installation de barrières pour taxer l'entrée dans la capitale sera unique au monde. Il s'agirait de conchier des péages sur les voies donnant accès à Paris et de déconfier la merdaille électrice en fonction des kilomètres parcourus. Pour éviter tout charmement, serait envisagé un système de portique  romain permettant la lecture du parchemin au passage du véhicule. Quant au tarif, il serait modulable selon différents critères: journée de chiabrena, heures de l’Angélus, chevaux se soulageant…
Par ailleurs, le bourgmestre  souhaite interdire les véhicules les plus chiabrenants dans Paris mais plus largement sur le territoire situé à l'intérieur de la voie royale A86. «Afin de nourrir le débat», comme cela est écrit dans un missel de travail, le seigneur-maire fait les suggestions suivantes: en septembre 2014, la première interdiction de circulation s'appliquerait aux charrettes et guimbardes de plus de 17 ans et aux calèches lourdes de plus de 18 ans. Pour les bicycles à alcool, l'interdiction de circuler pourrait s'appliquer aux véhicules de plus de 10 ans.
Quant à la question du foin, source chiabrenante aux particules englobant 60 % du parc fourrager, Son altesse Bertrand Delanoë est plus embarrassée. «Interdire la circulation des véhicules à foin à Paris dans un délai rapproché reviendrait donc à bataculer la majorité des livraisons et à abrayer les vassaux artisans d'exercer leurs activités professionnelles», est-il écrit. De même, un grand nombre d'usagers devraient quérir une nouvelle charrette  alors qu'ils n'ont pas les moyens. Du coup, le bourgmestre renvoie la balle dans le camp du pouvoir royal, pardon hollandais, pour qu'il réfléchisse à «la réduction progressive des avantages fiscaux actuellement accordés aux gros véhicules diesel».

Les impôts à l’époque médiévale :
La taille (impôt direct sur les roturiers)
La gabelle (impôt du sel)
Le fouage (redevance par foyer)
taxe sur le four, le moulin et le bouilleur de Cru
Droit de passage (pour passer sur un pont!) = octroi
les jours de corvée
Albergue (droit au seigneur d'être hébergé)

Chevage (taxe sur les serfs)
Cens (redevance générale au propriétaire du sol)
Champort (redevance sur la récolte)
Dime (impôt à l'Eglise)
Forage (impôt sur le vin)
Impôt sur le terrain
Jurée (impôt au capital)
Manse (impôt au seigneur)
Paisson (droit pour paître dans la forêt)
Queste (impôt au roi)
Tonlieuc (douane)
Quelques impôts aujourd'hui:

.Taxe d'habitation
.Impôt sur le revenu
.Impôts locaux
.Droit de succession et de donation
.Redevance audiovisuelle
.Contribution sociale généralisée
.Contribution au remboursement de la dette sociale
.Taxe d'apprentissage
.Taxes sur les transaction sur devises   
.Prélèvement spécial sur les écarts de conversion en monnaie étrangère
.Taxe sur les excédants de provision des assurances de dommages
.Taxe sur les services d'information à caractère pornographiques
.Contribution annuelle des revenus locatifs
.Taxe sur les salaires
 .Taxe environnementale sur les appareils ménagers (l’écologie bourgeoise est devenue la principale justification à la plupart des taxes, sous-entendu l’intérêt général…)

LE PARLER MEDIEVAL
Post-scriptum bis : pour tous ceux qui ne connaissent point le parler médiéval et auxquels les subtilités du texte de Mandrin auraient pu échapper, ci-joint un dico des mots les plus courants employés par mon correspondant de l’âge sombre:

I - VERBES

  • Abrayer = broyer
  • Arder = brûler
  • Bataculer = basculer
  • Bouter = pousser
  • Choir = tomber
  • Conchier = outrager
  • Convoier = faire route
  • Déconfier = trahir
  • Estriller = étriper
  • Epousailler = épouser
  • Esponger = éponger
  • Faer = ensorceler
  • Fatrouiller = bavarder à tort et à travers
  • Joiler = accueillir
  • Lober = tromper
  • Mander = demander
  • Mangailler = Manger
  • Mesttre = mettre
  • Mortir = tuer
  • Odir = entendre
  • Peinturer = peindre
  • Piétonner = marcher
  • Puire = puer
  • Quérir = chercher
  • Rapiner = voler
  • Ripailler = manger
  • Rechaudir = réchauffer
  • Toster = griller
  • Trouiller = avoir peur
  • Vergogner = faire honte

II - VOCABULAIRE

  • Affublement = vêtement
  • Ajour = ouverture
  • Aquiescement = autorisaüon
  • Arroi = équipage
  • Attrapoire = équipage
  • Arbalestrie = arbalète
  • Bachelette = jeune fille
  • Balivernes = mensonges
  • Baronnet = insulte pour noble
  • Bastaille = bataille
  • Batelage = boniments
  • Bâtisse = bâtiment
  • Besson = jumeau
  • Biclarel = Loup-garou
  • Bonne pitance = bon repas
  • Bonne flambée = bon feu
  • Bric = fripon, coquin
  • Brouet = soupe de légumes
  • Brune = tombée du jour
  • Buissonade = petit bois
  • Castel = château
  • Cependant = pendant que
  • Charmogne = sortilège
  • Charmement = enchantement
  • Chefs = tête
  • Chiabrena = chiure de merde
  • Coquebert = nigaud
  • Couard = peur, lâche
  • Couche = lit
  • Courtines = mur d'enceintes
  • Criements = cris
  • Damelot = jeune homme
  • Défroques = vêtement mauvais
  • Derechef = à nouveau
  • Devergoigneuse = dévergondée
  • Devinance = divination
  • Enquerre = cherche à savoir
  • Escuyer = ecuyer
  • Et tôt = bientôt
  • Fillot(e) = fils, fille
  • Fol dingo = fou
  • Francherepue = repas rassasiant
  • Froidure = froid
  • Gargamels = gorges
  • Géniture = descendance
  • Gent(e) = joli(e)
  • Giguedouille = danse, gigotement
  • Gourdasse = gourde
  • Guignon = malchance
  • Houlier = débauché, pillard
  • Jouvence = jeunesse
  • Lacrimable = déplorable
  • Mânes = âmes des morts
  • Maroufle = maraud
  • Membru = mains vigoureuses
  • Menuaille = populace, canaille
  • Merdaille = gens méprisables
  • Mortaille = mort, massacre
  • Mortir = tuer
  • Moult = beaucoup
  • Nuitée = nuit
  • Olifant = cor
  • Ost = armée du roi
  • Oyant = entendant (ouïr)
  • Pentacol = pendentif
  • Poularde = Poule (à manger)
  • Prestement = rapidement
  • Prévôt = collecteur d'impôts
  • Sale trogne == sale tête
  • Satanique = sorcière
  • Sorceresse = sorcière
  • Souplette = soupe
  • Sotie = pièce de théâtre
  • Suivance = suite
  • Tristeusement = tristement
  • Vêpre = soir
  • Violentement = violemment
  • Vinasse = vin de piètre qualité
(Les Contes de L'Irréel n°11)