PAGES PROLETARIENNES

samedi 15 septembre 2012

EMEUTES DE LA « RUE ARABE » : LA POPULACE NATIONALISTE INSTRUMENTALISEE





« Succédant à l’hystérique intolérance de l’hydre Al Qaida, l’hypocrite tolérance d’Obama prenait la suite de l’anti-stalinisme, l’ex fatwa de la démocratie occidentale: « Je suis venu chercher un nouveau commencement entre les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, qui se fonde sur un intérêt et un respect mutuels ; qui se fonde sur le fait que l’Amérique et l’islam ne sont pas exclusifs l’un de l’autre et ne sont pas voués à se faire concurrence. Au lieu de cela, ils se chevauchent et partagent des principes communs : justice et progrès ; tolérance et dignité de tous les êtres humains ». Obama dans son discours outrageusement flatteur du Caire en 2009, s’est mué lui aussi en trafiquant d’histoire. Il allait lancer en quelque sorte l’orchestration des révolutions de jasmin, qui comporte le bon gros mensonge sur l’âge d’or des fausses inventions arabes (j’y reviendrai en corrigeant les affabulations de l’Institut arabe de Paris) : « Instruit en histoire, je connais aussi la dette de la civilisation envers l’islam. Ce fut l’islam - dans des endroits comme l’Université al-Azhar - qui a porté la flamme de l’étude pendant plusieurs siècles, montrant la voie en Europe à la Renaissance et aux Lumières. Ce fut l’esprit d’innovation qui soufflait sur les communautés musulmanes qui a produit l’algèbre, nos compas et outils de navigation, notre maîtrise de l’imprimerie, notre compréhension de la transmission des maladies et des moyens de la soigner ». A la poubelle Hippocrate et les mathématiciens indous ! L’invention ultérieure de l’imprimerie par Gutenberg a été condamnée comme impie par les bigots théologiens musulmans (qualifiés de savants). Tolero en latin signifie endurer. La tolérance est la vertu du faible pour le marquis de Sade. La tolérance des exactions religieuses policières par la bourgeoisie moderne est pourtant plus qu’un simple laxisme, c’est une méthode de gouvernement. Cette tolérance est machiavélique ».
C’est ce que j’écris dans mon dernier livre (Immigration et religion, L’immigré fataliste et sa religion policière) et je mettais en garde sur le fait que la bourgeoisie américaine et l’allemande jouent avec le feu en croyant pouvoir composer avec le nationalisme islamiste. Ces deux bourgeoisies rééditent les mêmes erreurs d’avant-guerre lorsqu’elles ont pensé pouvoir composer avec le nationalisme hitlérien. Le national-islamisme est avant tout une idéologie de guerre qui dissout les classes, qui prône le meurtre pour un oui, pour un non.

Le Nouvel Obs fait écrire à la journaliste de service (du quota concerné) : « La flambée de violence rappelle au président américain qu'après les espoirs qu'il avait suscité, la déception domine désormais dans le monde arabo-musulman ». Curieuse interprétation, la diplomatique amérique a tout fait pour sponsoriser l’élection des nationalistes musulmans et ces derniers lui donneraient le coup de pied de l’âne au nom des peuples grugés ! En fait les barbares barbus montrent le satan américain aux incroyables croyants pour éviter qu’ils voient la poutre de leurs nouveaux exploiteurs étatiques. La ficelle n’est pas nouvelle, tous les autres dictateurs éliminés, Khadafi et Saddam, avaient l’habitude de faire défiler leur lumpenprolétariat et leurs flics en civile contre ceci ou cela. La déception domine désormais la classe ouvrière internationale qui espérait comme vous et moi une lutte de classe contre la crise avec ces pauvres révoltes de jasmin fâné ! « Les derniers événements dans la « rue arabe » sont une douche froide pour les prolétaires conscients du monde entier. On va encore faire une fixation morose sur le nombre de voilées dans nos rues et pester contre les possibles minarets galopant. Si les pays arriérés concernés étaient des puissances militaires, on pourrait faire équivaloir le voile au casque à pointe ! Mais la crise économique n’appelle pas la guerre mondiale…

Qu’un vague téléfilm nullissime et aussi subversif que Rabbi Jacob avec De Funès, exhibé pourtant au mois de juin sur internet sans faire vague, ait été le prétexte pour enflammer une populace désoeuvrée, paupérisée, qui s’identifie au dieu national arabe, rappelle évidemment la futilité et le désordre entraîné lors de la dramatisation (orchestrée par les partis salafistes néo-fascistes) des caricatures de Mahomet. Que des « offenses » à une religion féodale servent de prétexte à des assassinats de symboles de « refuge démocratique » en tout pays, un personnel diplomatique qui n’y est pour rien, n’est qu’un prétexte à déclaration de guerre, en tout cas un souhait des sectes nationalistes des plus abrutis d’ouvrir une « guerre sainte » à la principale nation capitaliste, comme hier nazis, staliniens et gauchistes désignaient l’impérialisme US comme l’empire à abattre. Cette excitation nationaliste impulsive n’est aucunement anticapitaliste mais à mettre sur le même plan que l’hystérie nationaliste de 1914.

Plus révélateur est le fait que la Chine en profite pour faire la leçon aux Etats Unis. Elle est bien placée la dictature capitaliste chinoise pour tirer les oreilles à l’oncle Sam, avec ses millions de prisonniers et autant de morts dans ses mines de charbon ! Et derrière l’excitation de la populace exhibée, comment oublier le nœud gordien des massacres en Syrie où la bagarre entre grandes puissances se joue à guichets fermés.
La bourgeoisie américaine joue avec le feu depuis le discours d’Obama au Caire. Elle paradait au début des « révolutions de jasmin » et semblait rassérénée par la victoire confortable des divers nationalistes musulmans, plus conciliateurs que salafistes bouchés. Peine perdue, avec cette fausse spontanéité de la populace de Tunisie au Pakistan, manipulée par la petite bourgeoisie en robe du commerce de commission. Les grandes masses de ces pays sous-développés sont évidemment spectatrices comme nous de l’agitation nationaliste gonflée au premier plan par les médias.
Revenons à l’interprétation oblique du Nouvel Obs. La journaliste ajoute :
"Salam Alikoum", avait-il lancé (Obama), encouragé par les applaudissements de plusieurs milliers de personnes venues l'écouter. "Je suis venu ici au Caire en quête d'un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel", avait-il promis après avoir reconnu que "les mutations de grande envergure [...] ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l'Occident un élément hostile aux traditions de l'islam". Un constat amer qui trois ans plus tard résonne encore. Si le président américain a soutenu les révoltes arabes en soutenant notamment l'intervention en Libye, la realpolitik a pris le pas, les actes n'ont pas suivis, l'état de grâce s'est achevé, la méfiance s'est creusée ».
Quels actes n’ont pas suivi ? Le non-respect de l’islam ? Foutaises ! Du menteur Obama à la télé Arte ils n’ont pas cessé de passer la brosse à reluire sur le passé plus mythique que glorieux du scientisme musulman. Si cette journaliste veut sous-entendre le plein emploi, bernique, la caresse idéologique pro-islam de la prude amérique visait à continuer à commercer le pétrole au meilleur prix avec les nouveaux profiteurs religieux, ou simplement profiteur car les caïds ne croient même pas aux âneries du Coran en réalité. La journaliste a raison par contre d’évoquer la volte-face d’Obama sur la question palestinienne, et les dérapages des troupes US en Afghanistan. Mais ces constats ne lèvent aucune prise de conscience de classe mais ne font que favoriser le nationalisme arabe qui se cache sous les courbettes de l’islam, relayé par de multiples sites comme Oumma.com (qui sert à fédérer les amis staliniens de l'islam) où on lit tel "oumanologue":
"La diffamation de la troisième religion du Livre, désormais enracinée en Occident et en Europe, ne connaît pas de répit, et pourtant nombreux sont les cœurs, de toutes origines et sensibilités, femmes comme hommes, qui rayonnent de l’universalité de ses préceptes. Un vrai petit miracle de la quête de sens dans ce monde anxiogène, sous influence, et en plein tumulte.  Face à l’islam à abattre, d’ici et d’ailleurs, la perfidie ambiante a choisi des armes redoutables, dont les bottes secrètes ont été démystifiées : une médiatisation sensationnaliste, un traitement passionnel, une projection fantasmagorique, la classification manichéenne entre les «musulmans éclairés» loués de tous, et ceux qui sont marqués au fer rouge de l'intégrisme, sans omettre la transgression suprême, l’incarnation ordurière du Prophète ».
Le pape a-t-il lu Bordiga? Il nuance sur la tolérance, en tâclant en plein Liban la religion voisine dont le suc reste la vengeance et la violence: " «La soi-disant tolérance n'élimine pas les discriminations, parfois elle les conforte même». Il faut donc parvenir à «la liberté religieuse» qui a «une dimension sociale et politique indispensable à la paix» parce qu'elle promeut une «recherche de la vérité qui ne s'impose pas par la violence».Malin le pape dans son tâcle, un petit croc en jambes aux rivaux musulmans ne fait pas de mal:
« il s'agit de dire non à la vengeance, de reconnaître ses torts, d'accepter les excuses sans les rechercher, et enfin de pardonner. Car seul le pardon donné et reçu pose les fondements durables de la réconciliation et de la paix pour tous. Alors seulement peut croître la bonne entente entre les cultures et les religions, la considération sans condescendance des unes pour les autres et le respect des droits de chacune ».

Il n’y a rien à attendre des « masses arabes » ni à les plaindre. Un commentaire tombe dans le simplisme: « Les masses arabes sont religieuses, et ignorent la signification du mot " Démocratie". Ce qu'ils désirent, c'est du travail, manger, se soigner et éduquer leurs enfants, etc. On nous a rebattu les oreilles avec le prétendu " Printemps arabe" pendant des mois pour finalement passer d'une dictature militaire à une dictature religieuse. Les intellectuels et certains journalistes ont fait croire que les pays arabes ont fait mieux que les pays de l'Est…". La "démocratie" à l'occidentale est tout autant un leurre appliquée en Occident comme en Orient: ce sont les couches de l'oligarchie (laïcarde ou musulmaniaque) qui choisissent les caïds parlementaires.


L'islam est une croyance du féodalisme et Mahomet un petit vieux pervers, chef de bandes de pillards, mais on s'en fout. C'est le nationalisme arabe qui se sert de l'islam comme drapeau, et leurs tueurs n'y croient même pas, c'est un nationalisme nihiliste du même ordre que le nationalisme nazi des années 30 avec lesquels les démocraties crurent possible de composer, et elles font la même chose depuis le discours du Caire de ce pauvre Obama, mais c'est plus compliqué que le nazisme car la fixette sur l'islam cache le combat de l'ombre entre grandes puissances, les terroristes islaminguants ne sont que les estafettes d'une future guerre mondiale, qui semble inévitable... et la "haine" qui se répand ces jours-ci contre l’islam n’est pas du racisme mais une passion nationaliste classique qui oublie les classes et enferme un segment de population  dans une catégorie (religieuse ? arriérée ?) du capitalisme, l’impérialisme de petits Etats bourgeois arabes floués par la modernité. OK avec le commentateur suivant qui se moquent des indignés contre l'islam: "

« Vous ne voyez donc pas que cette vidéo (le film que les émeutiers n'ont même pas vu) est une manipulation des ultra conservateurs américains à 2 mois des élections américaines, vous êtes naïfs Et je pense que les musulmans ne tomberont pas dans ce panneau qu'on leur tend : 250 agités à Paris contre 3 millions de pacifistes ,et arrêtez avec votre délire sur l'islam: 95% des musulmans regardent les TV occidentales et ont les mêmes valeurs de tolérance et de paix que nous , les agités ne connaissent souvent rien de la religion, ce sont des gens manipulés.(*) »


Et le fond de l'agitation excessive autour d'un film minable est qu'il s'agit d'une exacerbation du nationalisme arabe (anti-américain primaire et déplacé), au sens patriotique bourgeois (n'en déplaise aux faussaires à la T.Ramadan qui impute la création de la nation au seul Occident), et que l'autre fond du problème est qu'il n'y a pas de classe ouvrière au Maghreb, laquelle ne se laisserait pas mener par le bout du nez par des foldingues de dieu, mais des masses pauvres hétérogènes et ignorantes de la guerre des classes sociales antagonistes.

Aucune approximation dans toute la presse bourgeoise des véritables enjeux impérialistes, finalement l'info sous domination bourgeoise c'est pire qu'au Moyen Age où on pouvait se contenter d'être ignorant. De nos jours on nous dit qu'on est au courant de tout or on en sait encore moins que le berger du 10ème siècle qui attendait le pigeon voyageur qui venait lui annoncer le nom du nouveau roi des cons croyants.

(*) Lors de l'élection d'Obama j'ai écrit que celle-ci était un intermède "pacifiste" relatif après les deux mandats va-t-en guerre de Bush, et que je craignais qu'à la fin du mandat d'Obama l'option "guerre ouverte" revienne... Après les frappes "chirurgicales", voici le nouveau vocabulaire diplomatique US : "évacuation des personnels non essentiels";  en préparation d'une guerre tout Etat doit apparaître comme l'agressé, n'est-ce pas?