PAGES PROLETARIENNES

samedi 25 février 2012

La réunion : le Chaudron s’enflamme


Je le répète, comme en 2009 aux Antilles, ces « départements français » sont considérés comme contrée éloignée et îles à particularité distincte de la métropole. Excepté la radio, la plupart des médias traitent par-dessous la jambe la violence sociale normale et inévitable des jeunes laissés pour compte de la bourgeoisie sarkozienne. Aucun média ne se risque à offenser sa majesté le PN n°1 de France et sa groupie Dati ressortie du placard (pour humilier le toutou Fillon et les autres victimes de cette folle). La misère (80% des jeunes au chômage dans le quartier du Chaudron), une minorité de blancs friqués, telle est le clivage imposé par l’Etat sarkozien, qui laisse la gauche molle dans la posture de la protestation complice. Imaginez, en plein bourrage de crâne électoral, que, par exemple, une telle vague d’émeutes sociales aient secoué la haute Garonne ou Rouen, et essayez d’imaginer aussi (même si c’est impossible en l’espèce) les candides « candidats » se rendant auprès des voitures brûlées comme ils font tous le pied de grue au sein des usines, comme si la classe ouvrière existait à nouveau mais uniquement dans les derniers bagnes industriels menacés de fermeture. Non les élus ou les candidats à l’enrichissement personnel et à la gloire pipole ne se risquent jamais à visiter les aires de la révolte sociale. Ils y prendraient des pierres sur la gueule.

La Réunion : les violences, symptômes d’un désespoir social inquiétant

Par Laurent Medea (sur le nobs)

Jets de cailloux, bombes assourdissantes, gaz lacrymogènes, les violences qui touchent le quartier du Chaudron et bien d’autres quartiers de l’île ont lieu pour l’heure essentiellement la nuit. En pleine journée, la ville est très calme, comme si de rien n’était.

A l’origine de ces révoltes, on retrouve les jeunes des quartiers délaissés. Regroupés spontanément, ils cherchent surtout à viser les enseignes de la grande distribution, symboles de la vie chère dans les départements d'outre-mer (DOM) et des déséquilibres économiques. Ces violences ne sont pas surprenantes. Elles étaient même prévisibles tant il existe sur l’île et plus spécifiquement dans des quartiers comme le Chaudron un fort désespoir chez la population la plus jeune. Et cela, depuis des années. Situé en périphérie de Saint-Denis, le Chaudron concentre un grand nombre de difficultés sociales. On y trouve des logements sociaux construits il y a 50 ans, une population déshéritée, abandonnée, venue vivre ici pour quitter les campagnes ou les bidonvilles.

Un taux de chômage de 80% dans certains quartiers

Dans le cadre de mes études sur la délinquance juvénile, j’ai utilisé des outils statistiques de l’Insee permettant d’affiner les indicateurs par îlot d’habitation et j’ai découvert que le taux de chômage des jeunes de 15 à 25 ans pouvait y atteindre près de 80%, alors qu’il est de 60% en moyenne pour cette tranche d’âge dans l’île (record européen) et 70% de la population qui y vit se situe en dessous du seuil de pauvreté (52% en moyenne dans l’île). Ainsi c’est toute une génération qui se retrouve sans perspective d’emploi et donc sans aucune vision d’avenir.

Cette crise est d’une certaine manière un prolongement du mouvement contre la vie chère initié en 2009 aux Antilles avec le mouvement LKP. Il avait ensuite gagné la Réunion. De nombreux mouvements de protestation et une nuit de casse et de début pillage a eu lieu en 2009. Les solutions qui avaient été apportées à l’époque se sont révélées insuffisantes.

La crise économique actuelle est même venue accentuer ces difficultés. Il y a trois semaines, le syndicat des transporteurs routiers de l’île a entrepris une série d’actions (blocages routiers,…) afin de réclamer une baisse des prix du gazole pour les professionnels. Son leader a par la suite appelé le peuple de l’île à suivre le mouvement. Une réunion avec le préfet a eu lieu. Mais sans résultat. La révolte de ces jeunes s’inscrit dans une certaine continuité avec ces évènements. Elle reflète une nouvelle fois le véritable malaise social qui règne ici. Symptôme d’une société aux structures économiques dépassées, lointain héritage de la période post-coloniale. Une société passée ces dernières décennies d’une économie rurale à une société de surconsommation, créant ainsi beaucoup de frustration, de désespoir. Cette révolte des jeunes, une grande partie de la population la soutient. Et elle se propage déjà à d’autres villes de l’île pour ces mêmes raisons.

jeudi 23 février 2012

LE BLAIREAU DE L’ELYSEE ET LES BOBARDEMENTS ELECTORAUX



Pauvre Sarkozy il est soutenu par les riches de la terre entière, le nain Alain Minc, le transfuge Allègre, la perfide Albion, la gérontocratie chinoise et Obama, Merkel et le roi de Prusse, mais en son royaume il n’est plus crédible pour les manants et les clercs de notaire. Piégé par un comique imitateur, le candidat mineur Dupont-Aignan a bien résumé l’avis d’une partie consciente de la bourgeoisie de droite : « ce type est une catastrophe ambulante et une crapule ». Paranoïa et affolement ont gagné les plus hautes sphères de l’Etat. Comment ne pas rééditer la déculottée de Giscard, soutenu idem par la terre entière et Brejnev et Marchais ?

Le mécanisme de ce pervers au pouvoir l’amène à exceller dans des alternances de gentillesse empressée sur le tarmac des usines visitées et d’apostrophes dévalorisantes via ses chiens de garde qu’il estime fondées et qui, selon sa représentation, n’ont absolument pas à être mal supportées. En réalité, cette sorte de vampire qui recourt à des mécanismes pervers narcissiques ne sait pas considérer son vis-à-vis comme une personne à part entière capable de ressentir des sentiments. L’autre (disons le peuple) est davantage une sorte de masse inerte à malaxer qu’un être reconnu comme humain, veaux électoraux dont on peut conchier l’avis référendaire sans crainte de représailles : le président est pépère pervers et le peuple son complice. Au début de son lancement en piste fin janvier, toute sa pauvre argumentation télévisée n’était qu’une vampirisation du programme hollandais, évitant comme la peste la proposition de réduction du salaire de l’Elysée de 30% ! Le PN reste près des sous qu’il extirpe à la nation pour son enrichissement personnel sans… travailler. Le propre de tout PN est de ne pas être du tout fétichiste du travail, il adore flatter la valeur du travail des autres, lui qui n’est pas fait pour s’abaisser à travailler. Il regarde les autres travailler, d’un air narquois. Il est voleur du travail des autres parce qu’au fond il n’a d’autre valeur que lui-même. Drivé par ses cuisiniers d'arrière-salle, il a cru bon d'annoncer sa prétention d'acheter 7 millions d'électeurs "salariés" par une promesse d'augmentation de 100 euros par mois. Le filou! et ne prenant dans la poche des miséreux du RSA! Même un électeur FN ne va pas gober ce cadeau de république bananière!

Le concept comique de "valeur du travail" chez un laquais des riches est comparable à la "valeur du Fouquet's"(comme à la « valeur du patronat »), cela ne se discute pas. C’est abstrait et c’est con. Peu importe que ce soit un restaurant de luxe ou une quantité variable (et négligeable, par ex le salariat au chômage), peu importe qu'il n'y ait pas d'offre d'emploi et des bobards à n’en plus finir sur un miraculeux « produire en France », le truc du PN est de jeter la confusion en déniant toute opposition, comme avec son pseudo mea culpa (un PN ne s'excuse jamais de ses forfaits): j'ai été me pavaner avec les riches un soir d'élection, et alors c'est pas bien méchant? La provocation qui consiste à désigner une partie de la classe ouvrière (au chômage ou semi-assistée) comme ennemie de sa partie active (avec 1600 euros/mois) confine à la réaction du psychopathe qui accuse sa victime de s’être laissée torturer et tuer ; le psychopathe président s’acharne sur le cadavre en prétendant mettre à la marge clochardisée les gens qui sont au RSA, qui sont donc privés de travail pour la majorité (à qui pôle emploi ne propose ni un ni deux mais rien), dans un travail d'intérêt général qui n’existe qu’à l’état de lubie électorale; c'est effectivement intéressant pour le psychopathe de l’Elysée qu’on ne comptabilise plus ces chômeurs dans le nombre annoncé chaque mois (pour ceux qui se hasarderaient à en déduire que j’exagère, je rappelle que JFK a déclaré un jour que NS est « fou »).

Ce type est dangereux, mais pas plus que Mussolini en faillite – un dictateur abusif la bourgeoisie lui dicte la porte de sortie tôt ou tard. Or tout transpire l'affolement au sommet de l'Etat, non du fait de la bassesse de ses chiens de garde, mais parce qu'il est de notoriété publique qu’il est "grave", que sa nature psychopathe revient sans cesse au galop, et inéligible*! La gauche caviar va sans doute gagner par défaut, mais elle n’est pas en mesure de répondre à des arguments de type PN, nous non plus. Par contre la gauche élitaire, prenant à témoin les bourgeois journalistes, manifeste son identique mépris de la classe ouvrière en la redéfinissant comme « pauvres », en accusant le blaireau de « piquer aux pauvres pour donner à d’autres pauvres ». Dans cette liturgie misérabiliste de la gauche bourgeoise (matez le couple mannequin bcbg Montebourg/Pulvar), l’enjeu est que les « pauvres » (cf. pauvres cons d’électeurs) viennent remplir la bedaine de l’oligarchie de rechange, et que Hollande retrouve son bide avec cette garantie qu’au moins il est incapable de courir dans tous les sens comme le lapin blaireau agile mais corrompu. Malgré une opération marketing tout azimut dans une longue et lassante campagne électorale la droite au pouvoir en France est aux abois et son lapin frappé d’un AVS. Le torche-cul de l’Elysée, Le Figaro, tente de rabaisser quotidiennement Hollande (il a peur de la confrontation, il cherche un second souffle, etc.) mais les lecteurs se moquent de ces journalistes serviles avec des commentaires au vitriol.

Difficile exercice pour un abstentionniste prolétarien résolu de raisonner sur cette stupide campagne électorale sans prendre parti contre le blaireau sortant et du coup laisser croire que l’éliminer du pouvoir serait un pas vers un léger mieux sous la crise capitaliste, une sorte de « gouvernement collégial » comme l’envisage un des fervents supporters à Hollande (à 200%) Rocard, voire moins de chômage, moins d’abus de la hiérarchie des PME et des sévices publics, moins d’enrichissement personnel pour le revenu présidentiel (moins 30% selon Hollande), des salaires dorés des voleurs et receleurs patronaux bridés, et des syndicats mélenchoniens retrouvant leur virginité de jeunesse en faisant cesser toute grève sous un gouvernement de gauche hollandesque, etc. Je dois avouer que je reste fermement déterminé à ne pas laisser percer la moindre confiance dans le vulgaire et vaporeux « peuple », et encore moins à ce con d’électeur girouette qui croit exprimer son avis tous les 5 ans !

Je dois reconnaître que je partage complètement la détestation du pervers narcissique finissant, à la fois parce qu’il personnifie l’arrogance du pouvoir et le mépris du prolétariat, mais surtout parce qu’il use de tous les moyens de pression (provocations, mensonges, dénigrements grossiers) pour maintenir son clan au pouvoir. Ce n’est pas que je veuille défendre d’un iota la gauche caviar, qui trempe même hors pouvoir dans tous les abus sociaux dont sont capables ses caciques au niveau d’un pouvoir régional qu’ils détiennent majoritairement, et parce que nous savons que ces prétendants à la succession piaffent d’impatience à s’en mettre dans les poches à leur tour. Mais je serai tout de même content si le blaireau est renversé, même si cela ne modifie en rien la misère grimpante des prolétaires.

Tant pis si je défends une position hérétique pour de puristes maximalistes rêveurs, et je crois que Marx ne me contredirait pas. Il n’y a plus de lutte de classe tangible (de prolétaires identifiés comme tels) mais de lamentables grèves syndicales des « pauvres » (dixit le PS et Bayrou) ou des boites en faillite où Sarkomenteur vient se moquer directement des ouvriers sans que ces pauvres hères ne lui jettent une palette à la gueule. En Grèce, les émeutes impuissantes meurent étouffées par l’inanité syndicale et la lâcheté parlementaire. Dans les pays arabes la réaction s’est maintenue avec ses militaires et flics assassins, et les peuplades diverses sont maintenues sous le joug de la religion la plus arriérée, et rivées au bain de sang impérialiste en Syrie. Sale époque où le monde entier fait Kafka dans sa culotte. Venons-en au fait : la protestation des immenses couches exploitées se trouve restreinte et canalisée par conséquent dans l’entonnoir électoral truqué et ficelé. Il n’en sort et il n’en sortira jamais un levain révolutionnaire. Mais, reconnaissez-le, le mécontentement trouve à s’y exprimer mieux que dans les grèves syndicales programmées et mortes pour la lutte de classe. Coluche puis le FN, en parallèle avec une abstention croissante en milieu ouvrier et petit bourgeois, ont exprimé peu ou prou le rejet de la politique bourgeoise toutes fractions confondues. Même sous la pire des mystifications de la truquerie représentative, le prolétariat pointe le bout de son nez, au moins une partie du prolétariat (qui s’abstient ou refuse de voter pour les deux principaux clans bourgeois) car ce sont les couches petites bourgeoises qui restent reines sur ce terrain pourri. En 1981, la petite bourgeoisie intellectuelle (enseignants, cadres, etc.) a viré Giscard plus qu’adoubé Mitterrand contre la faction petite bourgeoise réac et raciste (artisans, PME, lumpen). Le blaireau est confronté à la même chausse-trappe que Giscard, mais en pire, car la crise a levé contre lui à la fois la petite bourgeoisie réac et la petite bourgeoisie dite éclairée, antiraciste et pour l’immigration totale.

En 1981, il avait été clair que Giscard avait été jeté par la crise (les électeurs n’en étant que les huissiers) mais le grand con pérorait la veille encore à 40% d’intentions voteuses favorables. Sarkozy ne fait pas les 27 ou 28 points annoncés, ce n’est qu’un vulgaire trucage des tenanciers milliardaires des instituts de sondage. Le trucage a été opéré il y a un mois, en déplaçant virtuellement 10% de supposés votants du FN, empêché par les parrains pourris de base de concourir, et supposant que les « fachos » ou « prolos réacs » se reporteraient sur le blaireau. Le consulté neuneu a angéliquement intégré ce trucage et croit aux chances retournées du blaireau, qui y croit plus ou moins lui-même mais qui déplore un entourage flageolant. La tragédie de 1981 pour la droite ne peut que se reproduire avec les mêmes ingrédients et inconvénients : la crise jette à son tour le petit blaireau, Hollande passe, non pour un charisme inexistant ou une véritable alternative « anti-financière », mais comme Zappatero en Espagne succédant à une droite incapable d’empêcher les attentats cruels. La bourgeoisie française composera avec Hollande (dont elle sait le caméléonisme) comme dans l’intermède espagnol, et, prenant au sérieux sa possible élection, l’ancien Flanby s’est démarqué de toutes les propositions démagogiques de nationalisations à tour de bras mitterrandesques ou mélanchoniennes (qui avaient mené à la cata et au freinage en 1983).

Ce qui est le plus reproché en catimini à Sarkozy est d’avoir conduit à cette situation où il a ridiculisé la fonction suprême de la république bourgeoise, perdu toute autorité sur la population, et enfin de rendre un fieffé service à la gauche bourgeoise qui préfèrerait encore et encore – vu la gravité de la crise systémique – rester en opposition pour éviter d’avoir à tirer sur les prolétaires en lutte et porter le chapeau de nouvelles tricheries sur le chômage.

Il y a un point sur lequel la bourgeoisie a quasi complètement gagné, indépendamment du résultat du loto électoral : elle a réussi, non à passionner la masse de l’électorat français, mais à détourner son attention de toute alternative de société, de tout espoir de changement du sort des prolétaires, sur ce combat entre nains bourgeois sans programme crédible, sans scrupules et sans reproche. Et aussi, plus insidieusement à inquiéter terriblement la population prolétarienne sur son avenir noir de boulots de merde, précaires, méprisés, pour partie jetée à la rue avec doigt pointé d’une poignée de fayots lâches en bleu qui font risette au blaireau à la parade en cravate. Le blaireau intrigue et n’inspire plus du tout confiance. Il donne plutôt l’impression de chercher à protéger non pas un peuple français (qui n’existe pas) mais lui-même de la terrible raclée qui l’attend.

Et ceux que son système a jetés à la rue ou laissés à la rue, ils seront cependant de plus en plus nombreux, et ils se regrouperont tôt ou tard pour constituer une force, probablement hors chloroforme électoral, pour retourner la rue contre les marches (perverses) du pouvoir. Le chemin apparaît encore lointain et ardu, mais l’histoire à de ces soudaines accélérations qui décoiffent si bien les autistes de l’oligarchie capitaliste !

PS : les commentaires les plus lucides de la presse sur le rigolo « candidat du peuple » et boutiquier de l’escroquerie du référendum :

« Nicolas Sarkozy se voulait le meilleur allié de George W. Bush en 2007, et il ne tarit pas de louanges sur l'ancien chancelier allemand. A en juger par son entrée en campagne sur fond d'appel au peuple, d'invocation des valeurs et de violent dénigrement du candidat socialiste, il semble bien avoir puisé quelque inspiration dans leurs campagnes passées. Reste à espérer, pour lui, que les Français y croient. C'est très loin d'être gagné : dans la dernière enquête Présidoscopie réalisée par Ipsos pour Le Monde, 68 % des personnes interrogées jugent que M. Sarkozy n'est pas "sincère" et 66 % qu'il "ne tiendra pas ses engagements". Rude défi à relever en deux mois.

« En s’attaquant à son tour à la personnalité du candidat "normal". En fait, Sarkozy s’attelle depuis son entrée en campagne à une "déconstruction" de son adversaire, suivant une théorie chère à Karl Rove. Cet ex-conseiller de George Bush père avait pulvérisé la candidature de John Mc Cain, rival républicain de Bush, puis celle du démocrate John Kerry en instillant le doute sur les faits d’armes de ce héros de la guerre du Vietnam et en le contraignant à répliquer à Bush plutôt qu’à continuer de mettre en valeur ses qualités propres.

« Les conseillers du président sortant ont constaté dans les sondages le peu d’appétence "L’absence de désir", souligne l’un d’eux, des électeurs de Hollande pour leur candidat. Mais, corollaire de cette absence d’engouement, Hollande ne fait pas peur. La méthode Sarkozy-Rove consiste donc à détruire la personnalité de l’ancien premier secrétaire du PS aux yeux des Français en soulignant inlassablement sa présumée mollesse et sa réputation d’indécision, défauts qui, bien entendu, lui interdiraient de présider "la cinquième puissance du monde". Avec l’espoir que Hollande finira par inquiéter. Quand on sait à quel point Sarkozy rassure peu, le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas gagné.

* Autre exemple de phrase de PN, à Lille, il joue le mec sympa à la tribune, qui ne crache jamais sur personne, même pas sur ses chaussures et précise : " «Je préfère l'excès de critique à l'absence de démocratie». Deux propositions tordues en une seule phrase, que vous pouvez inverser, en mettant démocratie à la place de critique, et le non sens revient au même. Phrase typiquement auto-suffisante et perverse, au sens où la définition première de la perversité est la jouissance au détriment de l'autre.

mercredi 22 février 2012

USINES A CHOMAGE



Par Isabelle Talès

(le Monde ce jour)

C'est fou le nombre d'usines que l'on visite (et aussi quelques abattoirs depuis peu) à la télévision. Mais le plus souvent au pas de charge, derrière les cameramen qui eux-mêmes suivent un candidat pressé dont on a à peine le temps d'entendre les promesses tout en appréciant sa façon de porter la blouse ou le casque de sécurité.

Mardi 21 février, par exemple, Nicolas Sarkozy faisait campagne à Alstom. Entre les tapes dans le dos et le déjeuner à la cantine, on a écouté un salarié maugréer seul dans son coin : "Ici, les ouvriers, ils diminuent d'année en année. En fait, ils embauchent que des intérims..."

Alors, on est allée sur Arte, où le documentaire d'Anne Kunvari et Nadya Charvet, "Le travail malade du chômage", nous permet de rester plus longtemps dans les usines et de mieux comprendre comment elles se sont mises à fabriquer ce que le sociologue Robert Castel appelle le "précariat" et ce qu'un chômeur chronique résume ainsi : "Je galère, je travaille, je galère, je travaille..."

On entre chez Peugeot à Sochaux, on reste un moment sur une chaîne de montage à entendre le bruit qu'y font les robots et à entrevoir le mal que s'y donne une jeune intérimaire. Elle visse à tour de bras depuis deux mois mais ignore si elle pourra continuer très longtemps. L'usine n'embauche plus guère et fait face aux aléas de production en recourant aux contrats précaires. Des représentants de la CGT en polo le disent comme ceci : "L'intérim, c'est le sang neuf permanent", et les émissaires du patronat en costume comme cela : "Le travail précaire, c'est la variable d'ajustement", mais il s'agit bien de la même situation. Ou plutôt d'un engrenage que l'économiste Thomas Coutrot démonte : cette précarisation "sert à garantir le niveau des profits en ajustant la masse salariale dès que l'activité se réduit". Déprimant d'un bout à l'autre de la chaîne, donc.

Heureusement qu'une autre enquête nous emmène en Allemagne, dans une entreprise modèle où des relations sociales modèles assurent une prospérité enviable, où le délégué syndical a presque l'air moins sympa que le DRH. Sauf que... les emplois précaires se sont aussi multipliés outre-Rhin et que le syndicaliste "appelle à des changements politiques radicaux pour remettre ce pays sur la bonne voie".

Ici, on en connaît quelques-uns qui n'ont plus que deux mois de CDD pour espérer décrocher une mission de cinq ans. Ça fait combien de visites d'usine ?

Vite vu. On ne peut pas dire que ça nous manquait, les envoyés spéciaux plantés devant les commissariats ou les tribunaux, les images chahutées de l'arrivée d'une voiture aux vitres teintées... Mais en les revoyant à l'ouverture des "20 heures", mardi 21 février, à l'occasion de la garde à vue de Dominique Strauss-Kahn dans une gendarmerie de Lille, il a fallu s'y résoudre : un seul être revient et tout est repipolisé.