PAGES PROLETARIENNES

lundi 19 septembre 2011

LA PLANETE MAXIMALISTE EN ETAT DE CANONISATION ?


Le dernier survol des groupes révolutionnaires qui se réclament encore peu ou faiblement de la révolution prolétarienne doit remonter au moment de la publication du texte de discussion de Klasbatalo (Canada) qui n’a eu aucun écho sauf une réponse d’une toute petite soustraction du CCI enfermée dans sa langue de bois. Complètement indépendant des diverses chapelles ou couples de ce « milieu », je choisis les termes planète étoilée, je n’ai ni autorité ni envie de discuter avec eux. Ils m’ignorent en apparence et ils font bien ce qui ne les empêche pas d’être voyeurs de mon blog pour se tenir au courant, car je suis le seul quasiment à me fader l’actualité et à réagir immédiatement pour prendre position sur les faits graves concernant la lutte des classes. Si je poursuis ce bilan cyclique de la planète maximaliste c’est surtout à la demande de vieux lecteurs et hors de la colère pathologique d’un petit con nommé Hans Crespo, qui m’a menacé et insulté pour avoir « osé » m’en prendre à la légende en cours de Munis ; vous avez pu lire ses délires sur ce blog et je l’ai remis à sa place (je vous donne plus loin un aperçu de la canonisation ridicule de Munis par ses ex-fans du FOR, laquelle est aussi, comme chez les académistes, une façon de fossiliser la pensée d’un révolutionnaire courageux bien que confus). La canonisation n’est pas limitée à l’ex leader du FOR puisqu’il y a quelques années fut créé un « institut Bordiga » et qu’un groupe scissionniste de TCI (ex Battaglia) se nomme carrément « instituto Damen ». Bon certains m’objecteront que j’ai moi aussi à ma manière canonisé Marc Chirik par les trois tomes que je lui ai consacré, je ne le pense pas ; rassembler les écrits des « vieux passeurs » qui nous ont transmis la théorie révolutionnaire est une nécessité, et c’est pourquoi il faut féliciter les camarades espagnols qui se dédient à la publication des œuvres complètes de Munis, dans une fort belle édition (autrement plus soignée et plus riche que mes pauvres contributions à compte d’auteur) ; mais qu’ils arrêtent de se prendre pour Almodovar. Une des deux fractions siamoises boostées hors du CCI – j’sais pas laquelle – s’attache à reproduire l’ensemble des textes de la revue Internationalisme, chose qui est à saluer vivement. Je tiens à dire en passant que je regrette d’avoir confié à la section allemande du CCI et à Smolny la complète du journal L’étincelle (de la GCF), ces camarades la laissent apparemment à la critique rongeuse des blattes.

Nous mesurerons ici le niveau de cette canonisation générale, en espérant que le pape ne s’invitera pas pour bénir les tombes disparues de nos guides.

Leurs sites ou blogs sont de lourdes machines de cercles d’observateurs qui ne se prononcent qu’à la queue des événements, longtemps après le début des révolutions de papier du croissant arabe (l’ex Battaglia au nom modeste de TCI, tendance communiste internationale), excepté le PCI bordiguiste qui réagit rapidement pas des communiqués (qui sont lus avidement par la planète maximaliste, toujours surprise d’y trouver un fond juste malgré un « splendide isolement ». Sur les dites révolutions arabes, la plupart ne se sont pas laissés illusionner par tout le tintouin démocratico-occidental, excepté les amis du cercle raoulien qui imaginent une étincelle révolutionnaire dans tout ce qui bouge et examinent le monde à l’aune de cette farce bourgeoise ladite « communisation » (cf. Greg) ; mais ils ont tant renié du combat de la classe ouvrière qu’ils n’ont plus qu’à se renier eux-mêmes.

La malheureuse Grèce n’a suscité hélas aucune critique, la planète maximaliste et ses dits parasites ou moucherons échappés d’un sectarisme de merde, se contentant de reprendre les slogans et la lutte trade-unioniste des gauchistes mondialistes.

En août 2010, les deux membres de l’auguste « organe de la Fraction communiste internationale » (ouf !) dans leur « bulletin communiste international » n°2 (titre original) se mordaient la queue concernant cette malheureuse planète. Ils décrivaient d’abord la réalité de celle-ci : « Ces gens-là préfèrent bavarder dans des réseaux ou pire dans des « structures » informelles où l’on entre et l’on sort quand on veut et où chacun, comme dans les « auberges espagnoles », propose ou reprend, selon son humeur, sa pauvre « production » (…) En croyant déclarer la faillite du camp, ils prononcent leur propre faillite et impuissance, ils cèdent devant le sectarisme sans le combattre, préférant les réseaux internet, l’unité factice des discussions sans but, d’où il ne ressort rien en terme de lutte politique (…) Enfin, dans cette situation du camp prolétarien ( ? JLR) dans laquelle ces deux premiers courants (« Bordiguisme » et CCI) ne sont plus en capacité de faire face à leurs responsabilités historiques comme pôle de référence et de regroupement, la Tendance Communiste Internationale (ex BIPR), seule organisation qui serait en capacité réelle d’occuper et d’assumer cette responsabilité, tend à n’en pas saisir l’importance et toute la signification historique, préférant en rester à ses certitudes immédiates ».

La mini fraction est culottée de reprocher leur sectarisme au CCI et aux bordiguistes vu sa façon de présenter les choses ; il n’y a plus au total que 4 ou 5 bonshommes à représenter le « camp prolétarien », eux : « Il faut bien le reconnaître, nous sommes très peu (sic comme dans le taxi de Zimmerwald) à défendre ouvertement le camp prolétarien (adonque après en avoir vidé tous les cités précédents) et à revendiquer ce combat ; hormis notre fraction et les camarades des CIM (canadiennes), il n’est pas d’expression politique qui affiche une telle nécessité. Même les camarades qui nous ont quitté dernièrement, ceux-là même qui ont gardé officiellement le nom de « Fraction interne du CCI », semblent avoir abandonné ce terrain et avoir rejoint la mouvance Controverses-Perspective internationaliste. Pourquoi défendre un camp qui ne se reconnait pas lui-même (re sic) ».

Chacun intervient ou pas d’ailleurs dans son coin, les proto-conseillistes veulent « se libérer de leur propre histoire » (comprenez l’esprit de secte du CCI que la fraction prétend restaurer) et les bordiguisants « continuent tant bien que mal à exister (TCI et PCI ». Comme nos deux fractionnistes ont des millions de lecteurs, ils liront que leur conclusion est parfaitement en contradiction avec la stigmatisation du début de leurs vieux frères prodigues, et se complait dans l’œcuménisme en prenant à témoin le public : « Nous avons déjà alerté nos lecteurs et les forces du camp prolétarien (les cimes canadiennes) sur la question. Chaque jour qui passe et qui ne voit pas une inversion de cette dynamique « au chacun pour soi », est un jour de perdu qui entame les chances historiques du prolétariat ».

Décomptons les « forces » de la planète maximaliste ici pour ceux qui sont un peu perdu :

Vieux groupes : CCI (chirikiste décadent), PCI (bordiguiste invariant), Tendance communiste internationaliste (ex Battaglia Comunista ou PCint, de moins en moins dameniste, du nom de son fondateur et contemporain de Bordiga).

Scissions essentiellement du CCI : les deux fractions siamoises dont l’une va sans nul doute redresser le CCI décadent dans un demi-siècle, tout quidam ne peut que les confondre (et saluer leur persévérance pour une séparation organisationnelle qui date déjà du début du siècle actuel) ; que le temps passe vite et que la langue de bois y résiste si bien, comme le Missel, elle permet « d’y croire encore ». Plus ancienne la branche belge Perspective Internationaliste n’est qu’un cercle de bas been qui veulent se donner bonne conscience et être « gentils » et accommodants avec tous ceux qui seront aussi gentils avec eux, en particulier le cercle élitaire Controverses. L’une de nos fractions siamoises les nomment « conseillistes », conseillers intellectuels peut-être mais ce ne sont pas des organisations politiques, quoiqu’ils publient un petit tract à la fin des luttes un peu partout et intitulé « notre intervention ». Le blog de Perspective internationaliste fait pitié surtout lorsqu’il donne la parole aux amis du cercle raoulien. Dernièrement il fallait qu’ils se convainquent mutuellement que les émeutes en Britannie étaient bien le fait des prolétaires et qu’il était malséant de leur cracher dessus comme n’importe quel éditorialiste bourgeois ; ces gens-là courent toujours après une compréhension de ce qu’est la classe ouvrière, y parviendront-ils en cessant de prétendre lui faire la leçon ? Je me souviens qu’il y a trente ans, dans le CCI il avait fallu en convaincre certains que les chômeurs font partie de la classe ouvrières et que les marginaux d’Amsterdam non[1].

Enfin dernièrement, preuve que la scissionnite ne fût pas qu’une maladie congénitale au trotskysme et au CCI, l’ex-Battaglia (TCI) a été confronté après sa longue vie sans divorces avoués à une « exclusion » avec ceux qui se nomme « Instituto Damen ». L’Instituto mène une critique plus pertinente de la crise de la planète maximaliste que la tendance siamoise (décollée de sa sœur) qu’on vient de lire : « … l’on se trompe si l’on réduit cette crise (de la Gauche communiste, nom officiel de le planète maximaliste, voir Wikipédia) essentiellement à l’incapacité des organisations se réclamant de ce courant politique d’accepter en leur sein la constitution de courants ou de fractions minoritaires, et donc le débat et la confrontation avec eux (…) cette crise a des racines très profondes ». Bien, les raisons de l’incident qui ont conduit à expulser le futur « Instituto » ne sont pas très clairement expliquées, en tout cas il est question de comportements pas très avouables du « CE » dont il établi que : « nous nous retrouvions à discuter des comportements de personnes un peu ternes et de faible ampleur théorique, politique et même morale, de toute façon des nains comparés aux fondateurs de ce glorieux courant politique ». Alors les racines de la crise ?

« … au cours des trente dernières années la Gauche communiste actuelle (a été) incapable de saisir l’extraordinaire faculté de renouvellement du système capitaliste net d’affinement de ses formes de domination afin de demeurer égal à lui-même. Prisonnière de son passé, elle n’a pas été capable de saisir les grands changements survenus suite à l’ouverture de la crise structurelle au début des années 70 du siècle dernier et de redéfinir ses tâches, sa tactique, et sa stratégie. Cette incapacité s’est traduite par l’usage répété de formulations politiques qui se sont avérées tout à fait inadéquates pour répondre aux nouveaux phénomènes que le capitalisme, avec son grand dynamisme, a produit. (…) Il en est résulté une sclérose des analyses et une incapacité d’identifier les tâches immédiates et historiques de l’avant-garde ».

L’Instituto a en partie raison de considérer que les tout petits cénacles de maximalistes sont restés « prisonniers de leur passé » (celui des autres…) en tout cas de vieux schémas, mais que reproche donc l’Instituto à ces vieux schémas ? Une première observation est inquiétante, ne nous affirme-t-on pas qu’il y a eu une formidable révolution technologique (microélectronique, télécommunications) une « accélération de l’accumulation du capital (qui) a radicalement modifié les relations de pouvoir en faveur de la bourgeoisie ». L’Instituto imagine en quelque sorte un bain de jouvence pour le capitalisme, qui n’est aucunement vérifié par l’énorme crise de la dette qui fait boule de neige… et pas en faveur d’une tranquillité bourgeoise. Le souci de l’Instituto apparaît alors plus comme une recherche de type sociologique aussi inepte que les réunions centrales de militants de TCI passées à des questions techniques concernant le journal (tous les groupes décadents finissent en effet par ne plus autoriser de véritable discussion politique, chez le CCI c’est le bla-bla sur les finances qui remplace tout réflexion). La sclérose de l’expression politique ne signifie pas que les analyses marxistes si longtemps préservées par les vieux groupes sont caduques, chercheurs d’Instituto ! La révolution ne peut qu’éclater de l’explosion des contradictions entre le développement des forces productives et les rapports de production bourgeois.

A quoi rime de dire que « l’introduction de la microélectronique (a fait subir) au prolétariat l’une de ses défaites les plus dévastatrices et dont il ne voit pas l’issue » ? Les modernisations du capital, après la période triomphante du fordisme et jusqu’au début des années 1970, n’expulsaient pas massivement les prolétaires de la production comme aujourd’hui. La place de la classe ouvrière dans la confrontation n’est pas modifiée par le gonflement du secteur tertiaire. Si Bernstein a eu raison pour le début du XXème siècle en soulignant la montée conservatrice des couches moyennes, ce brave révisionniste bourgeois a complètement tort aujourd’hui. La dite révolution technologique est un champ du cygne de la décadence qui expulse, réduit le nombre des ouvriers (même en blouses blanches et en djin), développe des conditions infernales qui poussent d’abord au suicide (aboutissement de l’individualisme dans un monde sans cœur). L’Instituto semble reprendre les arguments de toute la faune moderniste d’une intelligentsia de petits professeurs sans gloire, fan du guru communisateur Negri, lorsqu’il suppose que tous les membres des petits groupes que j’ai nommé plus haut sont des crétins. Ils font dire en quelque sorte à toute la planète maximaliste (moi y compris) que nous maintiendrions le vieux projet classique du socialisme « vu simplement comme une libération des forces productives dans des limites trop étroites ». Or, à ma connaissance personne dans la planète maximaliste, ne défend l’idée qu’il est question de développer plus les forces productives après la révolution ; dans la plupart des articles que je lis des uns et des autres, est prise en compte la nécessité d’une réorganisation du monde sur la base des « besoins humains », en nourrissant en premier les crève la faim d’Afrique, avec un souci écologique évident pour la survie de l’humanité. Je lis aussi les tribunes de TCI, qui tiennent compte de tous ces « changements » dans la perspective du futur communiste, et je n’y trouve pas la sclérose dénoncée par L’Instituto !

L’Instituto est aussi mal placé pour parler à la place du prolétariat : « le prolétariat mondial exprime tout autre chose que des revendications anti-capitalistes… » !? D’abord le prolétariat mondial n’agit pas encore comme une unité et il ne va pas abandonner ses luttes prosaïques classiques pour faire plaisir à une poignée de révisionnistes, et lorsqu’il agit, ses combats immédiats sont dans le fond de toute façon anti-capitalistes. Le prolétariat et TCI n’ont pas changé, l’Instituto si ! Ces messieurs de l’Instituto savent-ils ce qu’ils écrivent : « en raison de la mondialisation des processus de production… le travailleur a été dépossédé de toutes ses connaissances et est devenu un simple appendice de la machine (…) le prolétariat actuel se présente comme un ensemble d’individus qui se livrent à une concurrence effrénée entre eux ; ils sont donc plus portés à être concurrents des autres vendeurs de la force de travail… en ce sens ils ne constituent pas une classe ». Impayable ! On croirait lire des phrases même du capital où Marx décrit très justement la dépossession de la condition ouvrière, et cette dépossession et concurrence n’est que la situation que vit la classe ouvrière en temps normal, ce qui l’a défini comme classe exploitée « qui subit » et qui, de ce fait est révolutionnaire lorsqu’elle relève la tête par ses luttes. Je vais finir par comprendre pour les Instituto se sont fait virer utilement par TCI !

De même l’affirmation « l’expérience de la Gauche communiste s’est malheureusement historiquement tarie » est du pipi de chat ; cette expérience reste plus que jamais une référence vivante, et la planète maximaliste ne canonise pas tant que çà en republiant ou en traduisant des textes inconnus même de nos élites de l’Instituto (les textes de la Gauche russe fournis par Olivier, la masse de textes que publient « Espace et Ciment », « Smolny », « La Bataille socialiste » ; un énorme matériel reste à découvrir, et dont chaque élément comme on peut le constater ne fait que renforcer la nécessité de la révolution.

La démarche petite bourgeoise de l’Instituto si bien auto-proclamé se met à nu comme démarche académique néo-léninienne : il faudra apporter la conscience révolutionnaire au prolétariat après « un processus d’élaboration et de systémisation scientifique se rapportant à des synthèses pour redonner au prolétariat tous ces éléments formatifs », par la « construction d’un laboratoire ». Pas gênés nos scientifiques en blouses blanches pour film d’épouvante, éprouvette en main, vont nous recréer un prolétariat génétiquement modifié, pourquoi pas un robot électronique avec puces incorporées dans l’oreille pour percevoir directement les ordres du parti-laboratoire ? Merde alors ! Habitués depuis quarante ans à suivre les contorsions du milieu professoral moderniste de toutes nuances, je n’avais jamais ausculté ce genre de martiens étrangers au combat social et traditionnel, c’est bien la preuve que le capitalisme rend certains intellectuels débiles.

COMMENT RALLIER LE CAMP BOURGEOIS ?

PAR UN SOUTIEN INCONGRU A LA PETITE BOURGEOISIE …

Historiquement le révisionnisme se manifesta par la sanctification de la place et du rôle de la petite bourgeoisie. L’exemple classique reste celui de Bernstein reniant le marxisme au début du XXème siècle face à l’afflux des couches moyennes. A la décharge de Bernstein on peut concéder qu’il était lucide sur la durée de vie du capitalisme. Alors que les catastrophistes maximalistes de la IIème Internationale imaginaient le capitalisme à la veille de son agonie, Bernstein lui prévoyait de beaux jours comme l’histoire la confirmé. Mais Bernstein en révisant la théorie révolutionnaire s’était placé du côté de la bourgeoisie alors que Lénine et Rosa travaillaient, malgré leurs échecs, pour un avenir plus lointain. Pour comprendre comment un groupe politique peut passer à la bourgeoisie, il faut examiner attentivement ses positionnements vis-à-vis des petites bourgeoisies. En général, la sectarisation précède par le nivellement pas le bas de la capacité de théorie du groupe, puis naturellement les anciens concepts étant considérés comme « trop rigides » on s’adapte à la « situation », aux inclinaisons du moment. Depuis deux ou trois ans le CCI s’est découvert un amour pour ces enfants fictifs des ouvriers que seraient les étudiants. Il a envoyé ses « vieux » coucous féliciter les étudiants en colère en AG, l’AG étudiante est comme la messe, œcuménique. Puis il s’est mis à plaindre les fraudeurs petits bourgeois en Grèce, puis a fait montre de compréhension pour les braves « indignés » espagnols en particulier. Beaucoup d’anciens du CCI n’ont jamais su ce qu’était la classe ouvrière, mais le CCI actuel à la recherche d’un prolétariat perdu (y a plus d’usines où differ ses tracts) lui a trouvé une substitution : tout ce qui bouge, les « gens indignés » ; un article bien trop généreux a été consacré au brouet de supermarché de Papy Hessel, passant son temps à trouver quelques vérités dans ce faux livre creux dont le succès commercial ne s’explique que par sa place aux premiers rayons des grandes surfaces à un prix bien moindre qu’une brochure du CCI, et sa sponsorisation par la mafia Nouvel Obs- Marianne et Le Monde, les mêmes qui voulurent nous refiler DSK.

La pris de position sur la Grèce va nous permettre ici d’analyser comme le CCI (et ses branches mortes qui ont pétitionné sur la prétendue exemplarité de la lutte grecque (P.I., Controverses, cercle de Paris, Fraction interne jumelle, Tumulto-Smolny) pour en réalité s’aligner sur une tranquille ligne bourgeoise.

Prenons leur court article de juillet de cette année : « Misère et colère explosent en Grèce » :

« En Grèce, la misère et l’injustice sont en passe de devenir tout simplement insupportables aux yeux des exploités. Les plans d’austérité, tous d’une incroyable brutalité, se succèdent les uns aux autres à un rythme infernal. Chaque nouvelle mesure prise par le gouvernement pour écarter temporairement le pays de la faillite se traduit par de nouveaux sacrifices pour toute la population. Et malgré tout, l’économie nationale n’en finit pas de plonger. Résultat, la misère et la colère explosent !

Un pays symbole de la faillite historique du capitalisme

Le pays croule sous les dettes. L’Etat, les banques et les entreprises sont au bord de l’asphyxie. Et toutes les mesures prises par le gouvernement socialiste de Papandréou pour éviter le défaut de paiement ne font qu’empirer la situation et préparer des lendemains encore plus douloureux. Pour obtenir de l’argent frais de l’Union européenne, sans lequel l’Etat ne pourrait tout simplement plus fonctionner, les conditions de travail et de vie de la population sont littéralement sacrifiées. Le nombre de fonctionnaires ne cesse de se réduire, tout comme les salaires. Les pensions de retraite, les allocations chômage et sociales, les aides pour les soins sont en train de disparaître. Mais cette explosion de la misère ne fait que plonger le pays un peu plus profondément dans la récession, ce qui aggrave… l’endettement ! Il s’agit d’un cercle vicieux duquel la Grèce ne pourra pas sortir ».

Ce n’est pas en soi une lutte de classe révolutionnaire puisque toutes les couches sont ou devraient être touchées. Il faut dénoncer comment la bourgeoisie fait de la Grèce un « cas particulier » :

« La bourgeoisie grecque pointe d’un doigt accusateur le FMI, l’Union européenne, les agences de notation, l’Allemagne… Elle veut faire croire que ce sont eux et eux seuls les responsables de cette situation économique désastreuse. Dans le reste du monde, le discours tenu est l’exact opposé : la Grèce serait dans une situation “exceptionnelle” et “particulière” du fait du laxisme de ses dirigeants, de la corruption généralisée de la société hellénique (la triche fiscale est présentée comme un sport national) et de la fainéantise des salariés grecs (selon les propos à la mi-juin de la chancelière allemande Angela Merkel). Cette propagande mensongère et nauséabonde a un certain succès puisque dans les manifestations à Athènes, le nationalisme est souvent exacerbé (les drapeaux grecs flottent sur les cortèges, des slogans comme “FMI go home !” ou “Allemagne go home !” sont scandés…), et dans certains pays comme l’Allemagne l’idée “nous ne voyons pas pourquoi nous paierions pour les Grecs” se répand dans la population. Autrement dit, la classe dominante dresse les exploités les uns contre les autres ! ».

Ce simplisme dans l’analyse linéaire du cas grec, et de sa généralisation abusive, montre en quoi nos révolutionnaires de papier sont hors de la réalité, et se coupe de toute compréhension du prolétariat mondial. Début 2010, le CCI nous avez déjà chanté l’exemplarité de la lutte en Grèce, et je répondais :

« De visu, on peut constater ce fort mécontentement de la population en général. Mais loin d’être cette lutte de classe rêvée par nos habituels maximalistes de la lutte revendicative-forcément-révolutionnaire, la grève générale grecque ne déborda rien, ni syndicats ni autorités gouvernementales, ce fût une grève « à la sicilienne ». Le syndicat GSEE ne croyait pas en ses propres revendications, comme le lui a dit ingénument dit en substance le patronat grec en février 2010, comme il ne croit ni à la nécessité, ni à l’efficacité de la grève, c’est son job para-étatique de la singer. Les syndicats planifient et organisent la grève générale par pure obligation institutionnelle et théâtrale, et celle-ci est destinée non pas à la classe ouvrière, mais au clientélisme électoral des différents groupes politiques, et par-dessus tout destinée à rassurer les gnomes d’Etat. Même les chantiers du travail au noir sont en grève. Les barbouzes des syndicats veillent au grain et font des rondes. Si on entend la moindre grue ou la moindre pioche, des hommes de main surgissent pour assurer « la grève générale ». Grève générale de corrompus pourrait-on dire. Ce ne serait pas tout à fait juste, mais pas tout à fait faux. La société grecque baigne dans la corruption, ce qui ne veut pas dire que cela fonctionne ainsi dans les grandes métropoles industrielles.

LA GRECE MAILLON FAIBLE OU VOIE DE GARAGE DE LA MISERE?

Malgré les manifestations nombreuses, englobant même toute la population, des leaders de la petite bourgeoisie intellectuelle et artisanale, qui refuse non simplement de « tomber dans le prolétariat » mais de refuser la misère avec lui, car il n’existe aucun projet politique capable à l’heure actuelle d’arracher petite bourgeoisie et couches supérieures planquées de la classe ouvrière de la croyance en une meilleure « réorganisation du pays ». En soi, il y a pourtant bien une particularité de la crise grecque, mais pas celle que CCI et gauchistes s’ingénient à pointer. Si la Grèce contient toutes les tares périphériques des bourgeoisies arriérées, elle n’en est pas moins partie intégrante du capitalisme financier. Ce qui handicape la Grèce est la faiblesse non seulement de sa production mais la structure même de ses deux principaux secteurs rentables : l’industrie touristique et la marine marchande. L’Etat grec ne peut pas contrôler les flux financiers dans ces deux secteurs. Je ne vais pas développer ici, mais en gros le capital financier passe entre les mains de l’Etat grec, qui peut par contre, en retour jouer idéologiquement à la victime, comme le prétendant Valls en France qui ressort l’antienne de la fuite des capitaux ; toujours bon pour le nationalisme électoral des prolétaires aliénés cette histoire de capitaux fluides et apatrides. La bourgeoisie grecque avait été longtemps dominée par un capitalisme familial mais, désormais, il est devenu, comme partout, apatride, c'est-à-dire réellement financier, cela ce n’est pas mafieux, c’est tout simplement le capitalisme classique, celui que le prolétariat doit abattre en détruisant les Etats dominants, pas en attendant que les manifs syndicales se transforment en insurrection. La Grèce va toucher des aides du FMI et des compères européens, et le peuple grec attend bouche ouverte… Or, d’une part la corde soutient complètement le pendu : la masse de la population, y inclus la petite bourgeoisie ergoteuse et sans projet politique de société, va se faire vider (si je puis dire), et d’autre part, le poteau sur laquelle est fixée la corde, ce sont les banques. Le directeur européen Trichet (au nom si joliment vrai) va prêter à 1% aux banques grecques, lesquelles prêteront à 6% au gouvernement du même pays ! Au lieu de soulager la misère, les « aides » doctement marchandées l’aggraveront, mais sans que puisse se profiler une « solution de classe » en Grèce comme la rêvent nos gentils maximalistes français, puisque la bourgeoisie grecque a enfermé le problème dans une question d’honneur national, quand la gauche caviar et les gauchistes agités du bocal vont continuer à dénoncer la mondialisation et « les banques » mais ni remettre en cause la vacuité du capitalisme ni se battre pour le véritable mouvement du prolétariat avec un programme communiste (certainement pas avec la plateforme électorale du misérable croupion staliniste KKE) ».

Il y a quelques ressemblances en Grèce aujourd’hui avec ce qui s’est produit en Argentine en 2006 où avaient eu lieu des émeutes de rues, des grèves générales syndicales. La petite bourgeoisie qui tapait sur des casseroles même pendant la nuit fit tant de bruit que les fractions siamoises du CCI qui n’étaient point encore dessoudées en avaient conclu à un grand réveil de la lutte de classe internationale. L’Argentine reste encore endettée, ne peut plus emprunter au niveau international, mais on n’en parle plus sauf pour la donner en exemple aux grecs. Or, ce que se refusent d’avouer les gauchistes, et les maximalistes qui leur collent au derrière « syndical et populaire », c’est que c’est bien les couches petites bourgeoises qui mènent le bal et nullement la classe ouvrière (ultra-minoritaire en Grèce, c’est même plus les immigrés que les grecs qui sont ouvriers en particulier ; les grecs sont en général fonctionnaires ou petits boutiquiers). J’écrivais encore il y a presque deux ans :

« LES INFRACTIONS DE LA BOURGEOISIE GRECQUE IDENTIFIEES
DEPUIS LONGTEMPS » Les dames politiques européennes de petite vertu ont froncé les sourcils en s’effarant de « découvrir les maquillages budgétaires » du pays du sirtaki et de l’ouzo. Il y a une dizaine d’années que l’Etat grec, habitué des scandales financiers, avait reconnu avoir menti à la Commission européenne sur le montant exact de son déficit ; si cette dernière n’en avait point profité alors pour « faire scandale », c’était uniquement dans l’intérêt géostratégique et militaire de la tentative de constitution du bloc européen. Les très coûteux jeux olympiques de 2004 avaient aggravé la dette certes, mais toute la bourgeoisie européenne continuait à fermer sa bouche. Dès 2008, au moment du tsunami des subprimes, on commençait pourtant à lire dans la presse des titres du genre : « La Grèce a-t-elle toujours sa place dans la zone euro ? ». On a donc oublié que le gouvernement grec d’époque avait pompé les recettes de l’Assurance-maladie pour tenter de combler un déficit de plus en plus abyssal, sachant déjà qu’il en coûte très cher de se refinancer sur les marchés internationaux. Résultat déjà pour la population : plus de remboursements, plus de livraison de matériel par les entreprises pharmaceutiques américaines… Le subterfuge grec n’allait pas durer. Le ministre de la santé d’époque, Dimitri Avramopoulos avait reconnu des « problèmes de gestion ». Excusez du peu : la dette publique représentait déjà 90% du PIB (plus de 110% en 1996 alors que le traité de Maastricht imposait un maximum de 60%). Le gouvernement grec avait alors aussi pompé des prélèvements à l’Education nationale et à l’environnement… ».

J’ajoutais : « La bourgeoisie internationale ne craint d’ailleurs nullement une classe ouvrière grecque hétérogène, faible et chauvine mais surtout que le gouvernement de Papandréou avoue ne pas pouvoir rembourser ses échéances à moyen terme (…) ». Et je citais cet article de RUE 89 :

« Le plan d'austérité réduit le pouvoir d'achat de tout le monde. Il prive de revenus nécessaires des petits fonctionnaires et des retraités qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts. Il met en péril le petit commerçant et l'artisan du quartier. Le prix de l'essence a déjà augmenté de 10%. La soupape de l'immobilier, qui avait permis à une génération d'enfants gâtés de vivre confortablement, ne fonctionne plus (60 000 logements neufs invendus dans la Grèce du nord). Trouver un deuxième emploi n'est plus une option. Les banques ne prêtent plus, les sociétés de cartes de crédit relancent les clients tous les deux jours pour être remboursées. (…) Depuis quelques mois, les Grecs évoluent ( ?). Ils considèrent maintenant comme normal de taxer les activités commerciales de l'Eglise, organe tout-puissant, impliqué ces dernières années dans des scandales politico-financiers. Ils n'ont plus peur de dénoncer les médecins ou les fonctionnaires corrompus : cinq agents des impôts viennent de prendre de sept à quinze ans de prison pour corruption passive ; le patron du bureau des permis de construire de Syros vient de tomber, incapable de justifier sa fortune personnelle de 600 000 euros. Le gouvernement actuel est fautif de ne pas savoir expliquer quelle société il propose. Il n'arrive pas à convaincre que payer des impôts est la base du système économique d'un pays, et que le refus de s'acquitter de cette contribution met en péril l'ensemble du service public ».

La dernière phrase est importante. C’est même une vérité mondiale (contagieuse) à toutes les couches petites bourgeoises : historiquement elles ont toujours été rétives à payer les impôts. Ce vieux proudhonisme est pourtant soutenu par tous les gauchistes, anarchistes et le CCI qui, avec le nouveau faisandé tous ensemble ridiculisent le prolétariat mondial. Car il n’est pas possible de mentir comme le CCI en disant que la bourgeoisie « divise les travailleurs » en rappelant la fraude – et en passant sous silence le non paiement des impôts (qui fait rire les prolétaires allemands et français et n’a rien à voir avec un chauvinisme de leur part). Plus grave, le soutien à cette égoïste lutte victimaire d’un régime capitaliste (plus visiblement corrompu qu’ailleurs mais certainement pas moins) de toutes les couches confondues (qui ne renforce donc pas la classe ouvrière mais l’union nationale contre les banques ou ce que vous voudrez) est se moquer des exigences pour la révolution et sa période de transition de la part des groupes qui exaltent « l’exemple grec » ; dans ce monde les sacrifices demandés à la classe prolétarienne et aux autres couches ne sont jamais les mêmes, dans la révolution des sacrifices seront nécessaires et il faudra encore et surtout combattre l’idéologie de charbonnier maître chez soi et sa queue « je paye pas d’impôt si je veux ». Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Les fonctionnaires iront se faire voir aux calendes… grecques pour leurs futures payes tant que plus de 55% des grecs ne payent pas d’impôts (mais le CCI comme les syndicalistes gauchistes excelle à défendre les fonctionnaires des fois qu’ils renverseraient l’Etat national). Toutes les couches en Grèce font la course à la tricherie, toubib comme ouvrier… un exemple qui fait envie à tous les révolutionnaires en peau de lapin de la « bidouille », de la « ristourne » et de la « resquille». Ceci étant dit, il est trop tard pour les grecs pour qu’ils rattrapent leur retard d’impôt – faute qui relèvent tout de même des mafias gouvernementales qui se sont succédées et ont favorisés la resquille avant tout pour leur gueule. Cette « misère généralisée », comme dit le CCI, conduira à tout sauf à la révolution.

En ce sens, à la fin de son article, le CCI a raison de dire que la lutte en Grèce « s’inspire du mouvement des Indignés d’Espagne », en effet d’une lutte bourgeoise et nullement alternative ni pour renforcer la classe révolutionnaire.

LA CANONISATION CINEMATOGRAPHIQUE DE MUNIS

« Radika film » dispose de metteurs en scène de talent, et d’acteurs remarquables, les anciens militants chenus du FOR sont aussi remarquables de densité et de mystère quand la caméra tourne autour d’eux dans un sous-sol de Barcelone et qu’une machine d’imprimerie tourne dans la pièce supposée à côté. Est-ce une réunion du FOR reconstitué, non une mise en scène propagandiste à deux balles. Story board (sous-titré en plusieurs langues), chaque phrase se suit mais est mise dans la bouche d’un acteur différent :

« Et en 1959, ils créèrent le FOR. Etre un homme aujourd’hui disait Munis, c’est fondamentalement se comporter révolutionnairement. En vérité je pensais que Munis était mort parce que c’était l’auteur de « Jalones de derrota ». C’était un dirigeant historique du trotskysme en Espagne. Lui a dit mon communisme c’est çà. Le communisme des staliniens ce n’est pas du communisme, c’est de l’anti-communisme. Franco et vous êtes la même chose. Çà il l’a dit sous la torture, Jaime et d’autres. On était de moins en moins nombreux. Le discours était pauvre. On ne savait pas comment faire les grèves… les gens je ne sais pas s’ils en avaient marre d’autant de grèves, de luttes. Et en 1959, ils créèrent le FOR Fomento Obrero Revolucionario. Je crois que nous sommes ici, plus que pour rompre l’isolement. Nous sommes ici pour transmettre une pensée révolutionnaire que nous considérons fondamentalement valable sous beaucoup d’aspects et que tout le monde veut cacher. Pour moi c’est ce que signifie ce documentaire, transmettre qu’il ne peut pas y avoir d’être humain complet si ce n’est en ayant un profond désir de transformation de la société pour l’ensemble de l’humanité ».

La pub est bien faite, le glissement des images parfait, mais il est impossible de vendre la pensée révolutionnaire en espérant égaler les commerciaux capitalistes. Le type qui a rédigé le story board devait avoir fumé du shit et se prendre pour un propagandiste subliminal pour aligner autant d’âneries à la gloire de Munis, et à son détriment. Présenter Munis comme un dirigeant historique du trotskysme en Espagne est lui rendre le plus mauvais service, il est vrai qu’il a cru que c’était une révolution en Espagne, qu’il a rompu tardivement avec le trotskysme. Munis avait des phrases illogiques et ampoulées à la Salvador Dali. Il fût un combattant convaincu et acharné mais comme penseur révolutionnaire on fait mieux. Colérique et impulsif, superficiel dans ses analyses économiques et concernant la crise du capitalisme, il n’a donc laissé – au vu de ces phrases ronflantes et insensées – qu’une absence de méthode à ses compagnons puis jeunes admirateurs, une pensée anarchiste de révolté. Car, l’intérêt de Munis ne réside pas dans ce qu’il a fait en Espagne mais dans son rôle au niveau international, son combat avec les autres « vieux » qui nous ont transmis le bâton de relais, dans ce magnifique texte avec Péret « Les syndicats contre la révolution » qui fût la référence bienvenue en plein Mai 68 et malgré tout d’avoir construit ce FOR dont la présence en France dans les années 1970 compta tant pour nous (et dont j’ai toujours apprécié les militants à chaque rencontre, me sentant plus proches d’eux que de ceux du CCI, mais pas Munis vieillard excité et hargneux).

La canonisation cinématographique de Munis est plus une « hollywoodation » qu’un embourgeoisement vu les faibles risques qu’ils ont de devancer Almodovar à Cannes, Berlin ou Venise. Très faiblement présent dans le milieu maximaliste avec une revue historienne (Balence) la poignée d’héritiers du FOR, peut avoir un rôle politique important à jouer dans les années troublantes qui arrivent, certainement dans les grèves et les manifestations de rue, mais pas dans le grand Guignol du cinéma.

CONCLUSION

Avec ses défauts, avec ses haines recuites, avec ses contradictions et concurrences, la planète maximaliste ressemble assez au prolétariat. C’est sur ce seul point que je donne raison aux robots de l’Instituto. Produit d’une classe encore atomisée, et en voie de sortir de cette atomisation, les éléments révolutionnaires sont toujours en retard d’une révolution. C’est le coup de pied au cul du prolétariat qui les attend, en espérant qu’il ne soit pas trop fort au point de les expulser par la fenêtre lors du grand matin.

Une suggestion : si rien n’a bougé depuis deux ans entre les forces isolées, étroites et même un tantinet académiques, c’est parce que depuis presque deux ans personne n’a pris au sérieux le texte de Klasbatalo « Contribution à un état des lieux de la Gauche Communiste Internationale », texte excellent qui pose toujours les vraies questions. On s’en apercevra un jour. God bless you !

P.S.: une des deux fractions siamoises relève tardivement la destructivité interne qui règne dans la secte CCI sous la férule d'une infirmière psychiatrique (mais ce n'est pas précisé, il est vrai que ce n'est guère plus important que l'émoi de nos fractions jumelles en couples inoffensifs)

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Résolution honteuse du CCI contre la Gauche communiste
Dans le secret, le CCI actuel se trahit et trahit la classe ouvrière

Voici ce que le CCI a voté lors de son 16ème congrès international en 2005 :

« Tous les groupes du milieu politique prolétarien, sauf le CCI, sont traversés par la plus dangereuse crise depuis l’après-guerre … l’incapacité des groupes du milieu, à part le CCI, à être à la hauteur du défi de la nouvelle période historique » ; « Outre le BIPR, les autres groupes du milieu prolétarien ne sont plus capables de contribuer positivement au futur parti de classe, la priorité de notre intervention n’est plus de les aider à y contribuer… » ; « Il faut être conséquent : si on dit que les groupes du milieu politique prolétarien ont une attitude destructrice, il faut les discréditer politiquement » ; « Il faut que l’organisation soit la plus claire et homogène sur le but de notre politique vis-à-vis du BIPR : ce qui importe est de discréditer le BIPR … qu’il disparaisse sur le plan politique. Si cette politique aboutit à sa disparition physique, c’est tant mieux » ; « il faut utiliser les difficultés du forum du BIPR pour le discréditer » ; « …le CCI est la seule organisation existante capable de répondre aux besoins de l’avant-garde révolutionnaire » ; « seul le CCI aujourd’hui pose les fondations pour le futur parti que la classe devra faire surgir » ; « Puisque le CCI est aujourd’hui le seul groupe historique de la Gauche communiste capable de contribuer au futur parti mondial, le travail actuel de regroupement des forces révolutionnaires est d’abord et avant tout celui du renforcement politique, géographique et numérique du CCI » ; « …une organisation représentant la conscience historique, la méthode marxiste et l’approche organisationnelle qu’aujourd’hui seul le CCI peut offrir » ; « …si on dit que le milieu politique prolétarien a une attitude destructrice vers les nouveaux éléments, notre attitude doit être différente, il faut les mettre hors d’état de nuire… ».

1- C'est totalement par hasard que le petit bout de cette résolution prise par le CCI actuel nous est récemment tombé dessus, ou plutôt nous est tombé sur la tête. En effet et contrairement aux principes et méthodes que cette organisation a toujours défendus depuis sa fondation, c'est une résolution qui a, jusqu'à maintenant, sciemment été tenue secrète. Que ce soit par honte ou par "tactique opportuniste", le fait que cette résolution n'ait pas été rendue publique ne change rien au caractère haïssable de son contenu. Même si cette résolution parle d'elle-même, nous pensons nécessaire d'en souligner les principaux aspects afin "de rendre la honte plus honteuse".

2- Que nous dit cet infâme texte ?
a) que le MPP est en plein effondrement, qu'il n'a plus de raison d'être, parce tous les groupes qui le composent, sauf le CCI d'aujourd'hui (bien sûr !), ne sont pas "à la hauteur" de leurs responsabilités vis-à-vis de la classe ;
b) que ledit CCI, contrairement à ce qu'il a toujours affirmé et fait dans le passé, n'a plus l'intention "de les aider" ;
c) ne trouvant pas cela suffisant, et parce qu'il juge tous ces groupes "destructeurs", il se propose même de "les discréditer politiquement", de "les mettre hors d'état de nuire" ;

[Ainsi le CCI, tournant le dos à ses propres fondements politiques, décide, à la place de l'Histoire (la guerre et la révolution pouvant, seules, trancher sur la question) et selon son bon vouloir, que des organisations politiques d'avant-garde - que la classe a mis tant d'années et d'effort à créer et à développer - méritent de disparaître.] ;
d) et, dans le cadre de cette charge digne de la bourgeoisie, ce CCI en toc accorde une place particulière et privilégiée au BIPR (la TCI actuelle) ; non seulement il souhaite (et s'engage concrètement pour) "qu'il disparaisse sur le plan politique" mais le clame et s'en félicite sans vergogne : "Si cette politique aboutit à sa disparition physique, c'est tant mieux !"
e) Dans sa folle logique, le CCI ne peut être que le seul rescapé de la prétendue "déroute générale" et même la seule organisation "capable de contribuer au futur parti mondial" ; la politique de regroupement qui a toujours été au cœur de l'existence du vrai CCI s'est lamentablement réduite au simple "renforcement politique, géographique et numérique du CCI"

Affaiblir gravement la classe révolutionnaire et la soumettre politiquement et physiquement, est forcément, surtout dans la période que nous vivons, un objectif impératif de la bourgeoisie. Dans le CCI d'aujourd'hui et dans sa politique exprimée par cette résolution, la classe dominante a trouvé "son cheval de Troie" vis-à-vis de l'avant-garde politique de la classe. Ce CCI-là s'est clairement engagé dans une politique de destruction du Camp prolétarien :
- de façon directe, en s'attaquant aux groupes qui le composent, surtout les plus sérieux, ceux de la Gauche communiste ;
- de façon indirecte, en brouillant et en déformant son image (Cf. ses nombreuses tentatives faites, ses dernières années, pour introduire des organisations anarchistes en son sein).

3- La "politique de regroupement" du vrai CCI

Depuis sa fondation et quelle qu'ait été la situation générale et l'état des organisations du Camp prolétarien, le CCI a toujours, sans défaillir, mis au cœur de son activité une politique de regroupement obstinée. Les multiples résolutions de Congrès, les nombreux "appels" faits aux autres groupes, sans oublier les correspondances internationales n'ont cessé de mettre en avant, de manière quasi-obsessionnelle, cette politique".

pssssss: le vrai CCI c'est comme ma vraie grand-mère, ça n'existe plus!



[1] ON peut y ajouter un certain nombre d’individus périphériques qui se manifestent ponctuellement comme le coucou avec la prétention d’être les jalons du « parti de classe », l’écrivain iconoclaste et gramsciste R.Camoin, Xavier de l’ex-minigroupe Groupe communiste mondial, les docteurs Olivier et Guy qui ont leurs entrées et sorties à Controverses (belge), Henri Simon malgré tout, icône encore vivante du vieux conseillisme français, si j’en oublie qu’ils me pardonnent.

LA POSTURE DE LA VICTIME CONSENTANTE


Et consternante.

Si l’on prend un peu de recul sur la prestation télévisée du sieur Strauss-Kahn et qu’on ne se laisse pas passionner par les méandres de ce scandale, on ne peut que se poser la question : pourquoi ce bourgeois, ancien « homme de pouvoir » comme il s’en est vanté a-t-il eu carte blanche pour justifier, maquiller ou faire pleurer sur ses turpitudes ?

Vous ou moi pris dans les « mâchoires » d’une telle affaire aurions-nous eu le droit devenir nous exprimer à TF1 ? Non, franchement nous serions encore dans une vulgaire prison yankee sans femme généreusement milliardaire et avocat mafieux pour nous en sortir. Jadis les grand commis de l’Etat compromis dans des affaires de cul, par exemple le ministre Profumo en GB ou Charles Trenet n’ont pas eu le droit de venir se faire plaindre à la télévision. TF1 est enchaîné à la clique de M. Sarkozy. Il y a donc eu négociations secrètes entre le clan de M. Strauss Kahn et le pouvoir actuel.

Du côté du pouvoir, soupçonné d’avoir tendu un piège au principal rival intellectuel du président qui veut rempiler, refuser cet étalage aurait signifié plaider coupable de destruction d’adversaire sous la ceinture. Trop heureux de la mésaventure du prétendant à la succession le pouvoir actuel ne pouvait risquer de perdre le bénéfice du scandale, donc feu vert. Ne baissant pas casque, le clan DSK – la gauche caviar pouvait poser ses conditions (car une mauvaise gestion des suites du scandale DSK pouvait entraîner un anéantissement d’une figuration honorable de toute la gauche en 2012 et rééditer la désagréable configuration de 2002 avec cette cruche de Marine Le Pen en pole position). Pour une affaire qui ne vaut pas un kopeck - chacun sait que DSK est un obsédé comme beaucoup des fous qui nous gouvernent – l’enjeu politique était important pour que la bourgeoisie maintiennent un mystère de merde où les « français » passent leur temps, dans ce piège, à enculer des mouches et à se bagarrer inutilement sur les mensonges de DSK et de Nafissatou Diallo. La prestation de DSK, blanc comme neige, l’air d’avoir pris un bon neuroleptique et d’avoir super préparé l’interview avec les questions intelligentes de Claire Chazal, me fit penser à l’affaire d’Outreau. La lie de la terre ne sait pas s’exprimer aussi bien que messieurs les bourgeois. La lie de la terre se contredit, bafouille, ne sait pas se défendre. D’ailleurs comme nombre de commentaires l’ont souligné sur le web, Nafissatou Diallo n’a aucune chance de disposer d’une telle tribune.

Indépendamment des avis d’untel ou d’untel, la comédie avait quelque chose de trop organisé pour être honnête, et devait se dérouler de manière ad hoc. Rue 89, site gauchiste convivial comme Médiapart avait quasiment fourni la veille la ligne de conduite (pas très honorable) à la « victime » d’un complot présumé : « Nos conseils à DSK pour réussir son JT de 20h post-scandale. Avant Strauss-Kahn, Adjani, Baudis, Mitterrand ou Woerth… ont dû subir une séance d'explication au JT. Chacun dans son style ». Cinq conseils donc :

- Montrer sa colère, comme Adjani

- Ne pas transpirer comme Dominique Baudis

- Faire profil bas, comme Frédéric Mitterrand

- Nier en bloc, comme Woerth

- Insulter les journalistes, comme… DSK.

Sauf le dernier conseil, le staff à DSK a bien suivi ces recommandations. Comme le remarquait justement un internaute sur ce même site : « Logiquement DSK ne dira rien concernant "l'affaire" : le procès en civil n'est pas terminé aux USA, donc il lui est impossible de faire quelque confidence sincère . Il sera donc évasif .Et donnera son avis sur la crise ».

Les quatre premiers conseils de Rue 89 ont été respectés. La colère était contenue, nulle transpiration, pas la morgue dont il était coutumier en tant qu’intelligence supérieure, négation de toute culpabilité. En bon pervers narcissique DSK est venu « clamer son innocence ». Qui l’eût cru ? Lustucru. Ce fût une « faute morale » et non pas une pipe immorale. Il alterne habilement sa relation sexuelle bizarre avec son statut d’homme de pouvoir. Il nie de fait toute « faute physique » en dérivant vers « son rendez-vous manqué avec les français (cf. les fabricants de sondage du Nouvel Obs, du Monde et de Marianne qui voulaient nous l’imposer comme futur chef de l’Etat). Il se défend ensuite, non par soi-même mais sur la base du rapport du procureur ambigu et empressé du procureur girouette de New York. Sa prétendue victime a menti sur tout (la plupart de se fans se pâment). Nafissatou Diallo a menti sur tout « pas tant sur ce qui s’est passé qui est secondaire ». Banco ! Une partie des téléspectateurs approuve (hé qu’est-ce qu’elle faisait là cette minable femme de chambre, et pourquoi n’a-t-elle pas crié au secours, hein ?). Le milliardaire DSK peut naturellement ensuite réduire à néant les prétentions de son accusatrice puisqu’elle n’était motivée que par l’argent (hein le coup de téléphone à un taulard : çà peut me rapporter…) et il précise bien qu’une deuxième traduction du patois africain a confirmé cette vénalité. Mais moi si j’avais été une femme abusée j’aurais naturellement voulu faire cracher au bassinet le bourgeois en guise de dédommagement, normal !

Admirable complice la Chazal qui aiguille le brave homme sur son sentiment au moment de l’emprisonnement : « j’ai eu peur… une mâchoire » lâche l’autre heureux de l’esquive qui élimine l’autre prétendue victime « corrompue ». Complice en diable, dans le respect de la négociation en coulisses, Chazal tend la perche à la théorie du complot : « des pressions extérieures ? »

DSK est ravi : « pourquoi on a choisi d’aider celle qui m’accusait et pas de collaborer avec moi ? ». Faute sémantique d’un homme de pouvoir pervers ce « collaborer avec moi ». Il se fait plaisir à poser à l’énigmatique : « Un piège c'est possible … Un complot ? Nous verrons. Il y a des zones d'ombres». Formidable pour tous ses amis et complices, persuadés que « Dominique » a été torpillé par des directives en haut lieu concernant sa quéquette. Après cette rapide évocation du complot (qui rassure ses affidés) il faut gagner le cœur des naïfs : « sans l’aide d’Anne (Sinclair) et je sais que je lui ai fait du mal je le s ais, je n’aurais pas tenu le coup » (une partie des téléspectateurs pleure). Rien n’est laissé au hasard par le déroulé des questions de la subtile et compréhensive Chazal. La petite Banon, « une version imaginaire ». D’autres affaires ? Bof…

N’y a-t-il pas eu là un décalage entre le comportement privé et le comportement professionnel, renchérit la subtile journaliste spontanément ?

- « C’est une faiblesse, une faute morale… j’ai eu du pouvoir… j’ai payé lourdement » (pas à Nafissatou Diallo en tout cas). (Les féministes lèvent les bras au ciel devant leur téléviseur et crient « salopard ! », pour une fois je suis OK avec elles).

Il exprime ensuite la douleur qu’il a créée autour de lui quoique il ait beaucoup réfléchi (après ses pulsions) et en ait conclu avec lui-même que « cette légèreté il l’a perdu pour toujours ».

L'air contrit, il a qualifié son rapport – non tarifé, selon lui – avec Nafissatou Diallo de « relation inappropriée », une faute vis-à-vis de sa femme, ses enfants, ses amis, mais aussi une faute vis-à-vis des Français qui avaient placé en lui « leur espérance de changement ».

Merveilleuse Chazal qui veut écluser toutes les questions du comité de rédaction de l’Elysée : « acte manqué ? ». Non répond sobrement « la victime », « je ne crois pas à cette théorie pyschologique » (mais la théorie psychologique en est persuadée). Suit le scoop que personne n’attendait (sauf Le Nouvel Obs, Marianne et Le Monde) : « je voulais être candidat » (à l’élection suprême). Il ne se mêlera pas des « primaires socialistes » mais une victoire de la gauche est « nécessaire » en 2012. Enfin, comme de bien entendu, l’interview doit se terminer en apothéose de l’homme crucifié, stigmatisé par une vulgaire affaire de cul, qui eût pu sauver le monde capitaliste de sa crise. Tour à tour rassurant et sermonneur vis-à-vis des Etats européens DSK en remontre dans son statut élimé de grand économiste et d’ancien directeur du FMI. Les économies sont gangrenées par la dette. On prend des décisions trop tard ou on ne les applique pas. Il y a des mesures anti-sociales. Il reste préoccupé par les questions qui concernent la population.

- Votre avenir ?

- Je vais prendre le temps de réfléchir, on verra…

Conclusion des téléspectateurs apitoyés : « il a reconnu sa faute au moins ». Demain un nouveau sondage confirmera que 53% des français considèrent qu’il doit prendre du repos et 59% qu’il a au moins le mérite d’avoir au moins reconnu sa faute. Les mêmes français qui vont voter Sarkozy et qui auraient voulu voter DSK.