« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
PAGES PROLETARIENNES
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samedi 30 avril 2011
POURQUOI LE TERRORISME REVIENT A LA MODE?
Au HIT PARADE DES CRIMES DES BOURGEOISIES ARABES, LE CLAN HAFEZ EL ASSASSINS, ci-contre emporte la palme, mais il y a d'autres solutions que de tirer dans le tas ou de jouer à la guerre humanitaire interminable et minable comme en Libye.
En tout cas, les bêlants pacifistes du Nouvel Obs et leurs lecteurs bobos gauchistes peuvent rentrer dans leur coquille, l’ordre de jasmin coule à flot abondant. Il n’y a pas eu une seule révolution possible du fait que partout forces armées et policières bourgeoises n’ont pas été dissoutes. Le mouvement des masses arabes confirme, malgré son absence d’internationalisme dans une zone où les nations sont ridicules, que la colère contre la crise a inévitablement une dimension inter-nationale parce qu’aucune solution nationale n’est possible. CE MOUVEMENT CONFIRME QUE DEPUIS L’EXPERIENCE MALHEUREUSE D’OCTOBRE 17 EN RUSSIE LA THEORIE DU MAILLON FAIBLE EST CADUQUE. LA VERITABLE REVOLUTION NE POURRA DEMARRER QUE DES CENTRES DU CAPITALISME DOMINANT. Aucune victoire n’est possible contre des Etats locaux blindés, défendus par des armées de tueurs professionnels, soldatesque et policiers. Tant que nous, le prolétariat des pays riches, n’auront pas renversé nos propres bourgeoisies maîtresses du monde, les peuples du tiers-monde resteront le gibier des tirs des assassins professionnels. Cela le camp maximaliste l’affirme depuis la mort de Lénine, et nous, jeunes maximalistes, depuis au moins 40 ans, depuis les fausses libérations nationales.
La famille Hafez El Assassins est passée en tête du plus grand nombre de crimes quotidiens, doublant Kadhafi. Depuis le début je n’ai jamais cru qu’un régime barbare comme le syrien ne commettrait pas un bain de sang supérieur aux autres, les crimes précédents du principal régime policier de la région, au Liban et en complicité avec l’Etat colon israélien ainsi que sa tutelle de l’Etat libanais, font partie du décor et des exigences des grands impérialismes. La presse bourgeoise loue encore ce rôle dit « stabilisateur » du clan assassin Assad et nulle guerre de sauvetage humanitaire n’est envisagée pour ne pas se ridiculiser plus encore après la pantalonnade qui dure en Libye. Massacre tu à l’époque et oublié en Syrie en 1982, le crime de la tête plate de morue le père Hafez el-Assad contre les insurgés de la ville de Hama en février 1982, aurait fait de 25 et 30 000 morts. L’insurrection était certes menée par les tarés Frères musulmans, qui avaient lancé dans les années précédentes une lutte armée et des attaques terroristes contre le régime baasiste. Le 2 février 1982, la population de Hama, à majorité sunnite, s’était laissée embarquer dans une insurrection suicidaire par la fraction bourgeoise fondamentaliste. L'armée syrienne répliqua en assiégeant et bombardant 27 jours durant la ville, pratiquant la politique de la terre brûlée, un tiers de la ville est alors détruit. Elle se livre aussi à des massacres dans les colonnes de réfugiés quittant la ville, torturant et exécutant les opposants politiques avérés ou supposés. Ces événements n'ont pas été, ou peu, relayés dans la presse occidentale, et n'ont pas soulevé l'indignation à l'étranger, car ils ont été occultés par la fermeture du pays et par la guerre du Liban. Mitterrand était resté muet pour ne pas froisser le boucher Assad, excellent client.
Depuis trois semaines le régime fait tirer dans le tas de la foule des manifestants comme lors des enterrements. Je le répète, même les régimes fascistes n’avaient jamais osé faire cela avant et après leur prise du pouvoir (il est vrai que la venue très rapide de la guerre mondiale les en avait dispensés). La brave communauté internationale perverse proteste bien sûr et s’indigne, comme dirait ce vieux cuistre bourgeois de Hessel, mais Basta ! La tribu Assad fait le boulot de répression complémentaire à Kadhafi pour calmer un peu plus la révolte des masses petites bourgeoises et surtout leur faire croire qu’elles meurent pour la démocratie, cet imaginaire d’un monde meilleur impossible dans les pays réservoirs de main d’œuvre des pays riches du nord.
LE MOUVEMENT EN SYRIE VA-T-IL DEPASSER LES SIMPLES MANIFESTATIONS DE PROTESTATION ?
Dans le cadre de cette illusion démocratique (qui empêche en fait l’éclosion d’un véritable mouvement social sous la direction de la classe ouvrière) on nous refait le coup des comités de quartier comme en Tunisie. On nous apprend que, comme à Deraa, des comités locaux d’habitants et de jeunes se sont peu à peu constitués pour appeler aux manifestations, notamment à la sortie des prières du vendredi, puis pour venir en aide aux blessés et organiser les funérailles des «martyrs». La répression, mais aussi «les campagnes d’intox et de manipulation médiatique et sécuritaire du régime ont révolté et soudé les gens», confirme un habitant de Homs, où «des bandes de salafistes» auraient semé la mort parmi la population, la semaine dernière, selon les médias officiels. Peu à peu, des notables, des personnalités religieuses locales, ainsi que des ingénieurs, des avocats et des médecins rejoignent les comités locaux, donnant plus de consistance au mouvement. Voici de nouvelles «coordinations», comités formés par cooptation parmi les habitants, dans les quartiers, les familles et les voisinages, qui (selon Libé) « apprennent à se protéger contre les indicateurs et les infiltrés du régime. Ils mènent au jour le jour leurs actions sur le terrain, relayés par les cyberactivistes, qui donnent une cohésion nationale au mouvement, par exemple en faisant le lien entre les différentes coordinations. Les informations et les appels, mais aussi les vidéos, sont envoyés par SMS ou messages privés sur Facebook à la communauté en ligne, dont les membres se trouvent à l’intérieur comme en dehors du pays ». Du réchauffé n’est-ce pas ? Un remake des mérites supposés de Facebook qui avait été animé par les sympathisants US en Tunisie et Egypte… mais comédie tragique en Syrie dirigée par une armée terroriste. Ce genre d’analyse et d’interprétation journalistique sert à nous conforter dans notre situation misérable de spectateurs impuissants.
TOUTE RIPOSTE ARMEE SERA MISE SUR LE DOS DU TERRORISME
Face aux massacres quotidiens des tueurs des Assad et Kadhafi, la bourgeoisie veut bien faire de la pub à l’organisativite petite bourgeoise inoffensive et pacifique, mais indique clairement que le recours aux armes dépend :
- Soit d’une soumission au combat « pour la démocratie » aux ordres des généraux bourgeois occidentaux,
- Soit suppose une action terroriste de « salafistes » ou d’Al Qaïda (branche de la CIA, comme la gendarmerie est une branche de la police).
Tout prolétaire conscient se dit, face aux massacres des snipers policiers depuis les toits, que les manifs pacifistes sont non seulement suicidaires mais contre-productives, et qu’il faut que les prolétaires s’arment à leur tour, ce qui est plus facile encore dans ces régions et tuent à leur tour les tueurs. Pour l’heure cela paraît impossible à des populations dominées par le mépris de soi et qui réagissent en se jetant au-devant des balles comme les suicidés de F.Telecom. On assiste au même dysfonctionnement qu’en Occident comme le décrit François Chevalier : « Des gens « maltraités » ou se vivant comme tels, non seulement ne se rebellent plus contre ceux qui les amoindrissent au point de les détruire, mais semblent leur donner raison en faisant d’eux-mêmes, et rapidement, ce que leurs bourreaux cherchaient à faire d’eux par les moyens les plus détournés : des déchets. (…) Disons-le froidement, qu’aucun des « suicidés de France-Télécom », ou d’ailleurs, n’ait tenté de casser la gueule de ses supérieurs, de mettre une bombe sous les pieds du conseil d’administration ou d’entraîner avec lui dans la mort l’un ou l’autre des cadres responsables de son désespoir est une disgrâce pour l’humanité » (et révèle un niveau de soumission supérieur des français comparés aux américains habitués à buter leurs patrons…) (« La société du mépris de soi », Gallimard octobre 2010).
Or manifestement, bien que les médias le taisent ou se gardent d’en généraliser la valeur, la riposte armée des victimes civiles est bien réelle, en particulier au Yémen et au Bahreïn Deux hommes armés ont été tués la semaine dernière dans des accrochages avec les forces de sécurité dans le Sud du Yémen, selon des sources policières. À Aden, un homme armé a été tué et un autre blessé par des soldats alors qu'il tentait de lancer une grenade contre un hôtel de la ville. Dans un autre incident, cinq soldats ont été blessés par une grenade lancée contre les militaires gardant le siège de la Banque centrale dans la ville, selon une autre source de sécurité. Dans la province voisine de Lahej, un soldat a été tué et un autre blessé dans des combats avec des membres d'une tribu qui veut pousser l'armée à quitter une position dans leur zone, a indiqué un flic de la région. À Zanjibar, capitale de la province d'Abyane, au nord-est d'Aden, deux soldats ont été blessés par des tirs d'assaillants, membres présumés d'Al-Qaïda, contre le siège des renseignements, selon une autre source sécuritaire. Les violences sont quasi-quotidiennes dans le Sud du Yémen, marqué depuis longtemps par un mouvement sécessionniste et devenu l'un des foyers. Ces réactions naturelles de défense contre les tueurs de l’Etat, comme on le voit, sont automatiquement attribuées à l’entité Al Qaïda ou à un complot de l’étranger !
Mais la bourgeoisie a tellement peur de la violence de défense et de vengeance des masses qu’elle redouble ses crimes en y ajoutant ses assassinats légaux comme au Bahreïn, via le tribunal et les tueries et viols en prison. A DUBAI quatre manifestants chiites bahreïnis ont été condamnés à mort jeudi par un tribunal militaire qui les a reconnus coupables d'avoir tué deux policiers, a affirmé à l'AFP un responsable de l'opposition. Trois autres contestataires chiites ont été condamnés à la détention à perpétuité dans le cadre du même procès, selon l'ex-député du principal groupe de l'opposition chiite, le mouvement al-Wefaq, Matar Matar. Il s'agit des premières condamnations à mort depuis la répression du mouvement de contestation populaire dans ce petit royaume du Golfe à la mi-mars. Les sept hommes étaient accusés d'homicide volontaire sur les personnes d'agents de l'Etat en exercice de leur fonction et de complot terroriste, selon l'acte d'accusation présenté par le procureur militaire à l'ouverture de leur procès le 17 avril. Selon les autorités, quatre policiers ont péri après avoir été renversés par des voitures durant les protestations qui ont vu les chiites, majoritaires parmi la population locale, contester la famille royale sunnite des Al-Khalifa. Les autorités ont mis fin à la mi-mars au mouvement de contestation après l'envoi dans ce petit royaume d'unités de la force commune du Conseil de coopération du Golfe (CCG, dont fait partie Bahreïn), et mené des rafles massives. Les violences ont fait, selon Manama, 24 morts, dont quatre policiers. Quatre manifestants sont morts depuis en détention. Les manifestants n’ont pas le droit de tirer sur les policiers qui les tuent, comme de juste.
LE RETOUR DU TERRORISME NOIR
Personne ne se souvient de l'attentat terroriste d'Etat de Piazza Fontana (Italie 1969, pour éteindre la vague prolétarienne de 1968, cf. Lire mon livre "Les avatars du terrorisme"). Plus vicelard, l’attentat terroriste de Marrakech est comme le comprend le peuple marocain « un alibi pour freiner les réformes » (ou plutôt un alibi pour ôter toute illusion). La subtilité de cette tuerie indirecte de l’Etat marocain (et même s’il n’en était pas l’auteur… mais les massacres téléguidés le régime des Hassan en est passé spécialiste depuis Oufkir) apparaît comme sonnant le glas de la contestation contre le régime du roi Mohammed VI «Depuis deux mois, à quelques exceptions près, ce mouvement est resté pacifique. (...) L'attentat de Marrakech paraît plus susceptible d'entraver l'action des jeunes de la société civile regroupés au sein du "20 février" (nom du mouvement ndlr) plutôt que de l'aider», craint l'auteur du blog Maroc Espace. Pour Maghreblog, cet événement «ne pouvait pas survenir à un pire moment», et pourrait «faire dérailler ou retarder» le train des réformes engagées par le gouvernement. Sur le site petit bourgeois Goud.ma, Nadia Lamlili va plus loin. Selon elle, le régime pourrait se servir de l'attentat comme d'un «alibi pour baillonner ce formidable mouvement d'éveil des consciences», et réduire les libertés publiques au nom de la lutte contre le terrorisme. Elle se souvient des dérives sécuritaires menées après les attentats de Casablanca, en mai 2003: «Il y a eu près de 5000 arrestations, avec leur lot de tortures et de disparitions forcées, en plus d'une législation anti-terroriste qui a doté les sécuritaires de pouvoirs étendus».
Le Maghreb est plus proche que le Makrech de l’Europe – quoique le prolétariat européen soit muselé et impuissant à faire montre de solidarité (grâce aux collaborateurs nationaux syndicaux) par le prétendu risque d’invasion, et des tueries comme en Syrie et Libye feraient mauvais effet pour ces pays à touristes. Toute proportion gardée, on est dans la même situation qu’en 1917 : pays vaincus en révolution (Russie, Allemagne, Hongrie), pays vainqueurs avec des augmentations de salaires… Les ouvriers d’occident, inquiets mais repus, ne sont pas assez déstabilisés et appauvris par la crise pour lever le petit doigt et sortir de leur méprisable condition de spectateurs. Vivement un nouveau 2008… La conscience de classe n’a jamais été aussi basse et méprisable pour une classe qui se laisse voler sa vocation historique de sauver l’humanité par l’hypocrisie humanitaire impérialiste dont le fleuron s’exprime en Libye par le viagra occidental offert aux tueurs pour qu’ils bandent mieux en violant et en tuant (cf. voir le témoignage d’un commerçant marocain dont une employée enceinte a été tuée à coups de pieds dans le ventre par les soldats « révolutionnaires » du représentant en pétrole Kahdafi & Co). Comme en 1848 et 1871 à Paris, comme sous Franco en 1936, comme sous De Gaulle en Algérie, comme en Argentine en 1974, comme en Bosnie, au Rwanda, l’invocation du viol est une arme du terrorisme d’Etat toujours efficace pour humilier les populations. A condition qu’il soit suivi du crime et que les cadavres aient été enterrés quelque part.
Oui sans révolution en Occident, pas de révolution en Orient, mais de la mitraille, toujours plus de mitraille pour les prolétaires et les couches sociales intermédiaires flouées par la crise et les enjeux des conflits inter-impérialistes opaques.
ARMEMENT DU PROLETARIAT OU MASSACRES SANS FIN
Principale leçon de ces pacifiques soulèvements arabes, la violence révolutionnaire du prolétariat – désarmement de la police et des milices bourgeoises – sera une des premières tâches urgentes des soulèvements à venir en pays riches. Sinon le prolétariat du nord subira lui aussi, à son tour, exactions, viols et meurtres par les snipers et professionnels terroristes d’Etat bourgeois. Et il faut un parti communiste maximaliste pour faire comprendre cela aux prolétaires atomisés et pleutres.
mardi 26 avril 2011
Communiqué du PCI: La révolte des masses prolétarisées arabes a atteint la Syrie: le régime répond par des massacres
Le président Bachar El-Assad s’est lourdement trompé s’il pensait arrêter les manifestations de protestation en usant du bâton et de la carotte; ni la répression policière, ni l’annonce de réformes n’ont suffit à briser le mouvement.
Les accusations selon lesquelles des puissances étrangères incitent et dirigent les mouvements contre le régime baasiste des El-Assad pourraient bien n’être pas dénuées de fondement, à la différence de la propagande d’un Kadafhi prétendant qu’ Al Quaïda organise la révolte en Libye. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’impérialisme américain, en liaison avec les aspirations d’Israël à dominer la région, essaye de trouver des points d’appui dans l’opposition en Syrie. Mais la situation actuelle dans toute l’aire nord-africaine et moyen-orientale n’est évidemment pas le résultat de manoeuvres des impérialistes américains, anglais, français ou israéliens. C’est la crise économique, précipitant les larges masses dans une misère terrible, conjuguée à une insupportable oppression policière et dictatoriale, qui a causé l’aggravation des tensions jusqu’à provoquer les explosions dans toute la région.
Pendant des dizaines d’années, les régimes autoritaires en place ont maintenu l’ordre capitaliste et, au delà de leurs alliances opposées, assuré le contrôle impérialiste de cette zone troublée, par la répression brutale de toute contestation et de toute lutte interne.
Les fractions bourgeoises qui, en Tunisie, en Egypte, en Libye, prennent la relève des fractions liées aux Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, récoltent inévitablement les fruits d’une révolte qui a éveillé les plus larges masses à une activité sociale et politique qui leur était complètement interdite il y a quelques mois encore.
Inévitablement, parce que le mouvement de révolte des prolétaires et des masses prolétarisées de ces pays n’a pas eu à sa tête ni le parti communiste révolutionnaire, ni même des partis et organisations immédiates structurées selon les principes de la démocratie bourgeoise. Le parti communiste révolutionnaire n’existe pas aujourd’hui sinon sous une forme embryonnaire privée de toute influence (et nous sommes convaincus de représenter cet embryon); en outre, sans la reprise de la lutte de classe prolétarienne, il serait impossible au parti de prendre la tête du mouvement social et de modifier les rapports de forces entre le prolétariat et la bourgeoisie. Deux éléments essentiels sont nécessaires pour la formation du parti de classe, communiste donc international: la restauration de la théorie marxiste, falsifiée et détruite par le stalinisme et ses héritiers, qui a été accomplie par la Gauche Communiste dans le second après-guerre; et la reprise à grande échelle de la lutte prolétarienne organisée, qui tarde toujours mais qui réapparaîtra inévitablement étant donné les attaques que le capitalisme mondial, en proie à des difficultés croissantes, inflige aux prolétaires, les obligeant à se défendre y compris pour les revendications élémentaires de vie et de travail. Ce sont précisément ces attaques qui sont à la base des luttes sociales dans les pays arabes et qui font qu’aucun pays n’en est à l’abri.
* * *
Un vieux dicton de la diplomatie internationale disait qu’au Moyen-Orient on ne fait pas la guerre sans l’Egypte et on ne fait pas la paix sans la Syrie. Cela signifie que la Syrie, de par son histoire, sa position géographique et ses caractéristiques multiconfessionnelles, joue un rôle important dans les équilibres régionaux. La Syrie n’a pas beaucoup de pétrole ni de gaz, elle n’a pas de matières premières précieuses pour l’économie capitaliste internationale ; mais elle a une importance stratégique : la stabilité politique et sociale de la Syrie contribue au contrôle des agitations sociales, politiques et militaires au Moyen-Orient, alors que son instabilité accroît les risques d’instabilité dans toute la région. Les Etats-Unis et les autres impérialismes occidentaux, qui critiquent ses liens avec l’Iran, sont bien conscients de sa valeur stratégique ; l’extension du mouvement de protestations parti de Deraa aux plus grandes villes du pays et même à Damas, risquant de se transformer en révolte à la libyenne, répand l’alarme dans les chancelleries impérialistes. Les avertissements lancés à plusieurs reprises par Obama à Bachar el Assad d’arrêter la répression contre des manifestants pacifiques peut difficilement être suivi de décisions semblables à celles prises à l’encontre de Kadhafi. L’intervention militaire en Libye s’enlise actuellement dans un siège qui ne laisse rien présager de bon pour les populations civiles qui vont continuer à tomber sous les coups des troupes de Kadhafi ou des «frappes amies». C’est pourquoi les impérialismes occidentaux ne seraient finalement pas si mécontents de voir le régime Baathiste mener sa sanglante répression contre les masses et la paix des cimetières s’installer en Syrie. En un certain sens l’impérialisme américain qu finance à coups de millions de dollars l’opposition syrienne, aurait même tout avantage à laisser un régime détesté par son peuple se salir les mains : la « démocratie occidentale » y gagnerait en prestige et légitimité…
Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de doute qu’en Syrie l’ordre établi, représenté depuis 45 ans par le régime dictatorial des El Assad, sera défendu avec férocité. Si le massacre des civils a toujours été une arme des pouvoirs dictatoriaux, il est également bon pour l’impérialisme, « ami » ou « ennemi », que les rébellions soient contenues et que le talon de fer de l’Etat maintienne les masses dans la domination.
Aujourd’hui ce n’est pas le prolétariat qui est à l’avant-garde du mouvement social en Syrie ; il semble même qu’il reste relativement en marge des protestations dont les protagonistes sont les couches de la petite et moyenne bourgeoisie recueillant le soutien des masses paysannes. Cela n’empêche pas, qu’outre les revendications de démocratie, de lutte contre la corruption et les privilèges du clan au pouvoir, de suppression de la loi d’urgence, des tribunaux spéciaux et de libération des prisonniers, sont également apparues des revendications d’augmentation des salaires, d’institution d’un revenu minimum pour les chômeurs, de baisse des taxes, de liberté d’organisation et de manifestation : toutes revendications qui intéressent directement les prolétaires.
La répression violente des manifestations du 15 mars a été suivie par la répression encore plus violente des manifestations du 22 avril : au moins 70 morts, des centaines de blessés et d’arrestations. Le grand mot d’ordre des manifestations où protestent ensemble Arabes et Kurdes, musulmans et chrétiens est : changement démocratique ! Comme en Tunisie, en Egypte, en Libye et ailleurs, la spontanéité généreuse des masses ouvre la voie aux grandes illusions de la démocratie bourgeoise. Mais le changement démocratique en Tunisie et en Egypte a déjà démontré que rien ne va réellement changer pour les masses prolétarisées ; quand elles demandent que ce changement aille plus loin que ne veulent les nouveaux dirigeants, elles se heurtent à la violence répressive. La répression sera peut-être un peu moins féroce , la police aura peut-être un peu moins « les mains libres », la corruption sera peut-être un peu moins présente, mais les prolétaires et les paysans pauvres continueront à se tuer au travail quand ils en trouvent, toujours menacés par la faim, le chômage et la misère.
La seule voie pour sortir des griffes du système économique et politique existant n’est pas celle des élections libres, de l’Assemblée constituante, d’un système judiciaire indépendant ; ni celle d’un nationalisme populaire où les différences entre les classes seraient confondues dans un mélange utile seulement à la classe bourgeoise dirigeante ; elle commence par la reconnaissance de l’antagonisme irréconciliable entre classes laborieuses et classes possédantes, entre prolétaires et propriétaires des moyens de production, des ressources minières, de la terre et de façon générale de la richesse sociale produite par le travail salarié.
La seule voie est celle de la lutte de classe contre toutes les oppressions, qu’elles soient salariale, nationale, religieuse, raciale, sexuelle, contre toutes les répressions. Elle passe par l’organisation indépendante de la lutte ouvrière sur le plan de la défense immédiate, par la solidarité prolétarienne de classe, par la constitution du parti prolétarien, le parti communiste révolutionnaire.
Toutes les autres alternatives, démocratiques, populaires ou religieuses, ne peuvent aboutir à autre chose qu’au maintien de la domination de la bourgeoisie et du capitalisme.
Parti Communiste International, 22 /4/11
www.pcint.org
Les accusations selon lesquelles des puissances étrangères incitent et dirigent les mouvements contre le régime baasiste des El-Assad pourraient bien n’être pas dénuées de fondement, à la différence de la propagande d’un Kadafhi prétendant qu’ Al Quaïda organise la révolte en Libye. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’impérialisme américain, en liaison avec les aspirations d’Israël à dominer la région, essaye de trouver des points d’appui dans l’opposition en Syrie. Mais la situation actuelle dans toute l’aire nord-africaine et moyen-orientale n’est évidemment pas le résultat de manoeuvres des impérialistes américains, anglais, français ou israéliens. C’est la crise économique, précipitant les larges masses dans une misère terrible, conjuguée à une insupportable oppression policière et dictatoriale, qui a causé l’aggravation des tensions jusqu’à provoquer les explosions dans toute la région.
Pendant des dizaines d’années, les régimes autoritaires en place ont maintenu l’ordre capitaliste et, au delà de leurs alliances opposées, assuré le contrôle impérialiste de cette zone troublée, par la répression brutale de toute contestation et de toute lutte interne.
Les fractions bourgeoises qui, en Tunisie, en Egypte, en Libye, prennent la relève des fractions liées aux Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, récoltent inévitablement les fruits d’une révolte qui a éveillé les plus larges masses à une activité sociale et politique qui leur était complètement interdite il y a quelques mois encore.
Inévitablement, parce que le mouvement de révolte des prolétaires et des masses prolétarisées de ces pays n’a pas eu à sa tête ni le parti communiste révolutionnaire, ni même des partis et organisations immédiates structurées selon les principes de la démocratie bourgeoise. Le parti communiste révolutionnaire n’existe pas aujourd’hui sinon sous une forme embryonnaire privée de toute influence (et nous sommes convaincus de représenter cet embryon); en outre, sans la reprise de la lutte de classe prolétarienne, il serait impossible au parti de prendre la tête du mouvement social et de modifier les rapports de forces entre le prolétariat et la bourgeoisie. Deux éléments essentiels sont nécessaires pour la formation du parti de classe, communiste donc international: la restauration de la théorie marxiste, falsifiée et détruite par le stalinisme et ses héritiers, qui a été accomplie par la Gauche Communiste dans le second après-guerre; et la reprise à grande échelle de la lutte prolétarienne organisée, qui tarde toujours mais qui réapparaîtra inévitablement étant donné les attaques que le capitalisme mondial, en proie à des difficultés croissantes, inflige aux prolétaires, les obligeant à se défendre y compris pour les revendications élémentaires de vie et de travail. Ce sont précisément ces attaques qui sont à la base des luttes sociales dans les pays arabes et qui font qu’aucun pays n’en est à l’abri.
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Un vieux dicton de la diplomatie internationale disait qu’au Moyen-Orient on ne fait pas la guerre sans l’Egypte et on ne fait pas la paix sans la Syrie. Cela signifie que la Syrie, de par son histoire, sa position géographique et ses caractéristiques multiconfessionnelles, joue un rôle important dans les équilibres régionaux. La Syrie n’a pas beaucoup de pétrole ni de gaz, elle n’a pas de matières premières précieuses pour l’économie capitaliste internationale ; mais elle a une importance stratégique : la stabilité politique et sociale de la Syrie contribue au contrôle des agitations sociales, politiques et militaires au Moyen-Orient, alors que son instabilité accroît les risques d’instabilité dans toute la région. Les Etats-Unis et les autres impérialismes occidentaux, qui critiquent ses liens avec l’Iran, sont bien conscients de sa valeur stratégique ; l’extension du mouvement de protestations parti de Deraa aux plus grandes villes du pays et même à Damas, risquant de se transformer en révolte à la libyenne, répand l’alarme dans les chancelleries impérialistes. Les avertissements lancés à plusieurs reprises par Obama à Bachar el Assad d’arrêter la répression contre des manifestants pacifiques peut difficilement être suivi de décisions semblables à celles prises à l’encontre de Kadhafi. L’intervention militaire en Libye s’enlise actuellement dans un siège qui ne laisse rien présager de bon pour les populations civiles qui vont continuer à tomber sous les coups des troupes de Kadhafi ou des «frappes amies». C’est pourquoi les impérialismes occidentaux ne seraient finalement pas si mécontents de voir le régime Baathiste mener sa sanglante répression contre les masses et la paix des cimetières s’installer en Syrie. En un certain sens l’impérialisme américain qu finance à coups de millions de dollars l’opposition syrienne, aurait même tout avantage à laisser un régime détesté par son peuple se salir les mains : la « démocratie occidentale » y gagnerait en prestige et légitimité…
Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de doute qu’en Syrie l’ordre établi, représenté depuis 45 ans par le régime dictatorial des El Assad, sera défendu avec férocité. Si le massacre des civils a toujours été une arme des pouvoirs dictatoriaux, il est également bon pour l’impérialisme, « ami » ou « ennemi », que les rébellions soient contenues et que le talon de fer de l’Etat maintienne les masses dans la domination.
Aujourd’hui ce n’est pas le prolétariat qui est à l’avant-garde du mouvement social en Syrie ; il semble même qu’il reste relativement en marge des protestations dont les protagonistes sont les couches de la petite et moyenne bourgeoisie recueillant le soutien des masses paysannes. Cela n’empêche pas, qu’outre les revendications de démocratie, de lutte contre la corruption et les privilèges du clan au pouvoir, de suppression de la loi d’urgence, des tribunaux spéciaux et de libération des prisonniers, sont également apparues des revendications d’augmentation des salaires, d’institution d’un revenu minimum pour les chômeurs, de baisse des taxes, de liberté d’organisation et de manifestation : toutes revendications qui intéressent directement les prolétaires.
La répression violente des manifestations du 15 mars a été suivie par la répression encore plus violente des manifestations du 22 avril : au moins 70 morts, des centaines de blessés et d’arrestations. Le grand mot d’ordre des manifestations où protestent ensemble Arabes et Kurdes, musulmans et chrétiens est : changement démocratique ! Comme en Tunisie, en Egypte, en Libye et ailleurs, la spontanéité généreuse des masses ouvre la voie aux grandes illusions de la démocratie bourgeoise. Mais le changement démocratique en Tunisie et en Egypte a déjà démontré que rien ne va réellement changer pour les masses prolétarisées ; quand elles demandent que ce changement aille plus loin que ne veulent les nouveaux dirigeants, elles se heurtent à la violence répressive. La répression sera peut-être un peu moins féroce , la police aura peut-être un peu moins « les mains libres », la corruption sera peut-être un peu moins présente, mais les prolétaires et les paysans pauvres continueront à se tuer au travail quand ils en trouvent, toujours menacés par la faim, le chômage et la misère.
La seule voie pour sortir des griffes du système économique et politique existant n’est pas celle des élections libres, de l’Assemblée constituante, d’un système judiciaire indépendant ; ni celle d’un nationalisme populaire où les différences entre les classes seraient confondues dans un mélange utile seulement à la classe bourgeoise dirigeante ; elle commence par la reconnaissance de l’antagonisme irréconciliable entre classes laborieuses et classes possédantes, entre prolétaires et propriétaires des moyens de production, des ressources minières, de la terre et de façon générale de la richesse sociale produite par le travail salarié.
La seule voie est celle de la lutte de classe contre toutes les oppressions, qu’elles soient salariale, nationale, religieuse, raciale, sexuelle, contre toutes les répressions. Elle passe par l’organisation indépendante de la lutte ouvrière sur le plan de la défense immédiate, par la solidarité prolétarienne de classe, par la constitution du parti prolétarien, le parti communiste révolutionnaire.
Toutes les autres alternatives, démocratiques, populaires ou religieuses, ne peuvent aboutir à autre chose qu’au maintien de la domination de la bourgeoisie et du capitalisme.
Parti Communiste International, 22 /4/11
www.pcint.org