PAGES PROLETARIENNES

jeudi 7 avril 2011

LA GUERRE IMPERIALISTE EFFACE LES "REVOLUTIONS DE JASMIN"




En temps de guerre nos aïeux pouvaient constater que la presse aux ordres ne traitait plus que des chiens écrasés et évitait comme la peste de parler des mouvements sociaux. Depuis le début de la guerre française en Libye, suivie de celle en Côte d’Ivoire, vous pouvez vérifier sur le web et dans l’ensemble de la presse hexagonale que les journalistes ont toujours le doigt sur la couture du pantalon. Evanouies les nouvelles quotidiennes, heure par heure sur les « révolutions arabes », et autres soulèvements. La vague est venue brusquement se briser sur le Yémen où de gros enjeux géopolitiques font passer au second plan les fariboles sur la démocratie comme espoir pour les peuples-réservoir, à peu près comme le pétrole.
La tentation est grande de ne voir dans tout ce qui s’est passé durant deux mois, complot ou manipulations diverses. Cela est évident pour une partie du processus, contrairement aux grands naïfs de Robin Goodfellow qui sont tombés dans l’exaltation de la « révolution tunisienne » et ses prudes « comités de quartier » (cf. leur texte du 22 janvier) sans oublier l’icône conseilliste R.Victor qui croyait revivre la révolution des œillets portugais. L’exaltation des « nouveaux réseaux » pour jeunes oublia de préciser que Facebook et Twitter appartiennent et sont contrôlés par la CIA. Les deux principaux soulèvements en Tunisie et Egypte ne peuvent être considérés comme produits d’un complot. Ils exprimèrent réellement le ras le bol de couches populaires emmenées par une petite bourgeoisie en colère et sans autre projet politique que la vacuité démocratique qui n’aboutit qu’à un jeu de chaise musicale maintenant les mêmes oligarchies militaires. Ainsi sans pouvoir s’étendre d’abord en Algérie, puis au Maroc, pays où la classe ouvrière aurait pu jouer un rôle plus notable, le soufflé est retombé au Bahreïn et au Yémen, pays trop importants dans la stratégie impérialiste régionale.
Il y a mécontents et mécontents. Dans les zones où règnent la misère noire n’importe quel démagogue peut provoquer une émeute au service d’un clan ou d’une domination étrangère. Dans tous les pays du monde, il y a des mécontents. Le travail des ONG est de les localiser, d’analyser leurs capacités à "bouger", de prendre discrètement contact avec eux et de "faire un travail". Tout cela est très dangereux et se fait avec du temps, de la patience et le plus discrètement possible. On appelle ça "faire la boule de neige". Les américains savent très bien le faire. Et ça vaut la peine quand ils y a des réserves de pétrole considérables (cf. Do et le principe des révolutions colorées). Do fait une remarque très pertinente sur la nature des fausses révolutions nationales qui ont tant abusées nos amis bordiguistes : « Dans les années 1970, quand une puissance coloniale voulait envahir un pays en ayant l’air de le sauver, soi-disant à sa demande, elle commençait par soutenir une petite révolte interne à ce pays, voire à la créer de toute pièce. Cette révolte, elle la soutenait de plus en plus, d’une façon financière, et en lui procurant des armes, et aussi en faisant un maximum de propagande en sa faveur ».

En tout cas, même hors manipulation de la CIA, il n’y a pas eu de révolutions ni en Egypte ni en Tunisie puisque le pouvoir est resté aux mains de la principale ossature bourgeoise, l’armée (il suffit de lire le blog Cris d’Egypte, pour constater que l’horreur quotidienne a repris le dessus). Pire la présence du colonialisme modernisé a été confirmée dans la manière dont les peuples ont été à chaque fois bafoués. En Tunisie et en Egypte on a viré les dictateurs. En Algérie et au Maroc on les a maintenus, et ni twitter ni facebook n’y ont rien changé.
En Tunisie et en Egypte il n’y a point de pétrole ni de cobalt, en Libye et en Côte d’Ivoire si. Là est toute la différence. On a voulu nous faire le coup de twitter et facebook en Libye, mais bernique : il n’y eût pas de ras de marée humaine ; les manifestations dites pacifiques dans l’est du carré libyen ont été en fait armées et animées par les tribus concurrentes, elles-mêmes possibles VRP pour le client désigné, le colonel Sarkozi. La presse aux ordres a convenu toutefois que s’il ne s’était pas produit le même type de manifestation en Libye et Syrie c’est parce que ces régimes sont extrêmement plus policés que les autres ! (La CIA aurait bien aimé par contre qu’un vrai soulèvement ait lieu en Syrie pour virer un gouvernement ami de l’Iran et du Hezbollah, mais la bourgeoisie US ne contrôle pas plus l’armée syrienne que celle de Kadhafi).
La guerre en Libye du colonel Sarkozi s’enfonce dans les sables des négociations secrètes entre brigands impérialistes, et notre piteux colonel n’a pas les forces nécessaires pour faire tomber Kadhafi et tenter de revendiquer une meilleure part du gâteau. L’oligarchie américaine a fait machine arrière après avoir négocié un arrangement entre les trusts pétroliers d’Arabie Saoudite et Kadhafi, tout cela pouvant fort bien déboucher sur une partition qui sauverait la face à tous.

CETTE GUERRE DE MALFRATS EN LIBYE A BIEN STOPPE, HELAS, LA VAGUE DES SOULEVEMENTS POPULAIRES MAIS LA DEUXIEME GUERRE EN COTE D’IVOIRE VIENT COMME UN COUP DE PIED DE L’ANE FAIRE CROIRE QUE LA DEMOCRATIE EST DEFENDABLE, OU EN TOUT CAS GARANTIE PAR LES ARMEES MERCENAIRES DE NOTRE BOURGEOISIE !


LES BONNES VIEILLES METHODES DU COLONIALISME


Le chef de guerre, Alain Juppé (comme aux temps de la guerre d’Algérie) a réfuté l'utilisation du mot "guerre" pour qualifier l'engagement des militaires français en Côte d'Ivoire, qui multiplient depuis lundi l'ouverture du feu contre des forces de Laurent Gbagbo."On ne fait pas la guerre en Côte d'Ivoire. En Afghanistan, on fait d'une certaine manière la guerre. En Côte d'Ivoire, on ne fait pas la guerre", a insisté le ministre, lors d'une audition devant des sénateurs. "On n'est pas en train de s'attaquer à une armée hostile contre laquelle nous mènerions combat. Nous soutenons l'intervention de l'Onuci (force de l'Onu) pour protéger les populations civiles", a fait valoir le ministre français. "En Libye, je pense que la situation est un petit peu intermédiaire", a-t-il ajouté. En Afghanistan, la France dispose de 4.000 militaires qui participent à une coalition internationale sous commandement de l'Otan contre l'insurrection des talibans. En Libye, elle assure n'avoir déployé aucun militaire au sol. Son engagement est aérien avec plusieurs dizaines d'avions de combat qui depuis le 19 mars ont notamment mené des opérations de bombardement de troupes de Mouammar Kadhafi. En Côte d'Ivoire, la force Licorne qui intervient officiellement en soutien des unités de Casques bleus compte aujourd'hui quelque 1.700 militaires déployés à Abidjan. Selon Paris, Laurent Gbagbo dispose d'"un petit millier" d'hommes à Abidjan, dont environ 200 défendent son bunker dans lequel il se trouve avec sa famille, enterré sous la résidence présidentielle ivoirienne.
Une fois de plus, l’armée française intervient directement sur le territoire africain en Côte d’Ivoire. Le prétexte est « humanitaire » pour « protéger les populations » et surtout pour la galerie des badauds du monde entier pour « faire respecter les élections démocratiques », cette grande arnaque qui a été organisée frauduleusement pour virer le gêneur Gbagbo
En 2002, l’oligarchie coloniale française avait au contraire consisté à soutenir le clan de Gbagbo contre les bandes armées du nord entrées en rébellion. Soutenant un clan après l’autre, l’oligarchie française défend toujours les intérêts de la multinationale TOTAL (et derrière des caisses de retraites des enseignants américains duMassachussett) en protégeant ègalement les intérêts des Bolloré et autres grands capitalistes français pour qui la Côte d’Ivoire est une chasse gardée et une importante source de profits.

La Françafrique est venue reprendre ses droits impérialistes. Laurent Gbagbo qui avait refusé de parader le 14 juillet à Paris en compagnie du colonel Sarkozi pour la comédie du 50ème anniversaire des libérations nationales, a eu le culot en 2002 d’ouvrir le marché ivoirien à la Chine. Depuis lors l’oligarchie française n’a eu de cesse de le faire tomber. Les élections ont été grossièrement truquées (comme le démontre le long texte du groupe ACTUS (action tchadienne pour l’unité et le socialisme) publié sur le site de Do. Kalachnikov : bourrage des urnes, faux décomptes dans plusieurs villages, avec motus bouche cousue des représentants de l’ONU, corruption, menaces physiques. Ce trucage éhonté se base toujours sur la fameuse sentence chiraquienne de 1990 : « L’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie ». Ou en tout cas quand les colonialistes modernes l’estime mûre, ils lui resservent la même démocratie mitée (et plus subtilement trafiquée » qu’en pays « développés ».
Un texte de protestation d’intellectuels avec Calixte Belaya a rappelé les curieux zig-zags des probes institutions du démocratisme grimaçant : « Aurait-on oublié que l’ONU avait pour mandat de démilitariser les rebelles avant les élections ? Que depuis l’annonce de sa défaite électorale le candidat Ouattara est entré à nouveau en rébellion ? Que ses "hommes", malgré les silences coupables des médias occidentaux, tuent depuis le mois de décembre… que ces mêmes "hommes", si l’on en croit un récent sujet sur France 2, ne sont que des adolescents armés, des enfants-soldats. Aurait-on oublié, surtout, que le recomptage des voix, un moment proposé, fut qualifié par M.Ban Ki Moon d’"injustice" ? Devrait-on conclure qu’à l’injustice des chiffres on préfère la justesse du nombre de morts ?
Dans ce grand mensonge électoral déconcertant, il faut absolument mentionner que le challenger de Gbagbo, prétendue victime bafouée, Ouattara est un ancien vice président de la mafia du FMI, donc un homme de main de la bourgeoisie américaine aux intérêts convergents avec l’oligarchie française. Comme le souligne le rapport d’Actus : « La mobilisation occidentale sur le thème du respect de la démocratie en couronnant frauduleusement Ouattara, n’a rien à voir avec les intérêts du peuple ivoirien. L’odeur du pétrole a inhibé chez les impérialistes leur sens de la défense de la démocratie ».
La facilité et la rapidité avec laquelle les Forces nouvelles de Ouattara – dénommées maintenant Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) – basées au nord, ont réussi à s’emparer de l’ensemble du pays à l’exception d’Abidjan, s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, la fourniture en grande quantité d’armes et de véhicules neufs par le Burkina Faso et le Nigeria, qui ont mis à leur disposition des instructeurs militaires avec la bénédiction franco-américaine. D’autre part, l’infiltration dans les grandes villes de commandos des FRCI, qui a été une tactique payante. Contrairement à ce qui a pu être dit ou écrit par les va-t-en-guerre dans les métropoles occidentales, l’intervention de l’armée de Ouattara est loin d’être une simple formalité, indolore pour la population, qui permettrait de ramener la démocratie et la stabilité dans le pays. Le colonel Sarkozy, qui entérine avec bienveillance les pires mascarades électorales du fils Bongo au Gabon, du fils Eyadema au Togo ou de Sassou Nguesso au Congo Brazzaville impliqué dans des dizaines de milliers de morts, qui soutient militairement les dictatures au Tchad et en Centrafrique, il s’est subitement érigé en défenseur de la démocratie en Côte d’Ivoire. Il n’a eu de cesse d’envenimer la situation et de pousser le camp Ouattara à la guerre via le dirigeant du Burkina Faso, Blaise Compaoré. La progression des FRCI à travers le pays a donné lieu à des crimes de guerre. À Duékoué, le Comité international de la Croix-Rouge a dénombré près des centaines de morts. À Abidjan les partisans de Gbagbo, s’ils sont minoritaires et isolés, n’en résistent pas moins. Ils viennent essentiellement de la garde républicaine et du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos). Le chaos qui règne dans la capitale économique permet les pillages et les agressions contre les civils, menés autant par les éléments des deux camps que par des jeunes qui profitent de la situation. L’armée française a renforcé son dispositif qui compte désormais plus de 1 600 soldats. Si l’objectif officiel était de permettre l’évacuation des ressortissants occidentaux, elle a joué dès le début un rôle d’appui logistique aux FRCI. À la demande de Ouattara, du fait des difficultés qu’il rencontre à Abidjan, l’armée française et l’Onuci procèdent à des bombardements sur les positions des partisans de Gbagbo, tout cela, bien évidement, au nom de raisons purement humanitaires.
L’UNION NATIONALE TOTALE EN France DERRIERE LE COLONEL SARKOZI
Vous l’avez tous remarqué, pas un mot de protestation de la gauche caviar contre les 3 guerres de notre colonel en Afghanistan, en Libye et en Côte d’Ivoire. Régulièrement toute la députation des frères ennemis vient écouter à l’assemblée les briefings du commandant Juppé qui est en train de gagner ses galons de général de la bourgeoisie française. Il ne faudrait pas oublier comment la gauche caviar s’est solidarisée immédiatement avec Sarkozy et le groupe Total pour réclamer le départ du gêneur Gbagbo. Petit retour en arrière il y a un mois.
L`ancien Premier ministre socialiste (1984-1986) Laurent Fabius a déclaré dimanche s`être entretenu la veille avec Alassane Ouattara, l`un des deux présidents ivoiriens proclamés, lequel s`est dit "très inquiet" de la situation dans le pays."J`ai eu le président Ouattara hier au téléphone, il était retranché dans l`hôtel du Golfe qui est protégé par les casques bleus de l`Onu", a déclaré M. Fabius au "Grand Rendez-Vous" Europe 1/Le Parisien/Aujourd`hui en France. "Il m`a décrit ses conditions, qui sont presque des conditions de détention, c`est à dire que M. Gbagbo (son rival) a cherché à interrompre le ravitaillement en nourriture, le ravitaillement en médicaments. La terreur règne sur la ville, et évidemment il y a tout lieu d`être inquiet". "Il est très inquiet, bien sûr. Et il est certain de son bon droit, c`est le seul président légitime", a encore dit Laurent Fabius. ,"Je voudrais m`adresser à M. Gbagbo, que je connais, que j`ai connu il y a quelques années: le début de sa vie a été consacré à lutter contre la dictature. S`il continue comme ça, il fera partie des dictateurs, et je suis de ceux qui lui demandent de comprendre, au nom de l`intérêt de la Côte d`Ivoire, de reconnaître le suffrage universel", a ajouté Laurent Fabius.

Comme quoi le combat « humanitaire » de l’ensemble des politiciens français se résume à : esbrouffe, mensonge et cynisme… total !
Et le prolétariat universel ? Et bien il est mal, très mal dans sa peau.