PAGES PROLETARIENNES

vendredi 17 avril 2009




EPILOGUE SANS GLOIRE



D’UNE GREVE BOURGEOISE





Hier, 16 avril, le journal Le Monde laissait filtrer un curieux abattement de marins suite aux AG intersyndicales. Les syndicats avaient fait cesser soit disant provisoirement le barrage des ports pour permettre la présence de tous les marins aux AG. Vieille ficelle qui permet d’interrompre la lutte pour mieux l’éteindre en promettant qu’elle reprendra « sous d’autres formes » sauf si les « négociations » sont ouvertes (elles sont pourtant permanentes…). Le Monde écrivait donc: « Les navires "vont se déplacer parce qu'on a besoin de tout le monde à terre, cette fois-ci", a précisé le représentant, annonçant la levée "pour le moment" du blocage des ports, mais que les pêcheurs allaient poursuivre le blocage de l'usine Capécure de transformation des produits de la mer à Boulogne. Certains pêcheurs, abattus, sont sortis en cours de l'assemblée, laissant deviner la fin du conflit, a constaté un photographe ».

Pas besoin du photographe lambda ni d’un pigiste journaliste superficiel pour deviner l’aspect houleux des AG. Les syndicalistes se sont relayés comme toujours (mais pourquoi le leur reprocher c’est leur fonction de flics en milieu patronal et ouvrier ?) de désorienter des assemblées en partie prolétaires avec les arguments idoines pour mettre fin à la giclée de la cocote-minute qu’il avait ouverte. Aux arguments tardifs des milliers de passagers bloqués, avec enfants hébergés dans des tentes de fortune, presque comme les sans-papiers afghans, les bonzes ont répercutés les menaces juridiques par les compagnies de ferries, sans oublier la colère des collègues patrons transporteurs.

La veille au soir, de retour d’un cinéma à Boulogne (OSS 117)*, je dévie sur la bretelle d’autoroute pour sortir par Le Portel, sans prendre garde que des semi-remorques ralentissent curieusement. Je m’aperçois tout à coup que je suis engagé dans une impasse… syndicale avec pneus en flamme dans la nuit au bout d’u n cortège de camions déjà paralysés. Invraisemblable de se faire coincer une nuit entière avec les gosses à l’arrière. Je fais demi-tour et remonte le bras d’autoroute à contre-sens, la trouille au ventre. Un premier camion m’évite sur la gauche. Je ralentis au passage d’une voiture de luxe et je fais signe à son conducteur :

- c’est bloqué par les marins au bout !

- je sais, répond l’autre au volant de sa Jaguar.

Un des patrons pêcheurs donc un des meneurs de la « grève » ! Et je repense aux villas « américaines » des patrons d’Etaples, aux énormes 4X4 de leurs femmes dont on n’aperçoit que le chignon. Un patron marin retraité se tenait près du barrage de pneus et faisait la leçon de « solidarité ». Il s’est fait remettre en place par un ouvrier-marin à la retraite lui aussi :

- t’es planqué à la retraite maintenant et tu viens donner des leçons… tu nous a toujours fait faire des grèves qui ne nous ont jamais rien rapporté à nous les ouvriers… alors ta gueule !

Un marin ajoute :

- moi quand y avait grève, je rentrais chez moi après avoir dit à mon patron : appelle-moi quand tu auras fini ta grève. Et il m’appelait après.

Un autre précise :

- ce n’est pas un problème de quotas ni d’épuisement des bans de poissons, c’est le résultat de la course au profit de ces messieurs qui vivent dans des palaces et roulent carrosse. Le gouvernement a donné du pognon à tire larigo l’an dernier. Contre un mois de bateaux à quai, il a versé 30.000 euros de dédommagement à chaque patron et 1000 euros aux ouvriers. La cueillette se fait à 75% pour le patron et 25% pour le reste de l’équipage… Le vrai problème c’est qu’en s’enrichissant toujours plus les patrons ont construit des bateaux de plus en plus grands. Le gouvernement aurait dû empêcher la construction des grands bateaux qui aboutissent au pillage de la mer… et à un énorme gaspillage, des tonnes de poissons sont rejetés à l'eau... crevés. Les mecs à Etaples ils partent en mer dès le dimanche, alors que les Bretons attendent le lundi. Les patrons-marins ont déjà reçu des aides pour le gazole, puis le gazole a baissé… ils veulent toujours plus !

La « Voix du Nord », qui tient à garder ses lecteurs régionaux et obéit aux mafias politiques locales soutient par des analyses très « patriotiques » une autre vision de cette grève bourgeoise en dénonçant… la Norvège :

« Mais il ne faut pas s'arrêter à cette querelle. C'est une mince partie du problème. Voilà donc la Norvège, pas membre de l'Union européenne (deux refus par référendum) mais de l'Espace économique européen comme l'Islande et le Liechtenstein. Elle est à ce titre un partenaire privilégié de l'UE et son deuxième fournisseur de pétrole et de gaz derrière la Russie. Il n'y a pas d'eau salée dans le gaz de la mer du Nord mais un accord qui offre 80 % des TAC (totaux admissibles de captures) de cabillaud aux Norvégiens contre 1,22 % aux Français ! De l'énergie fossile (un gazoduc norvégien aboutit à Dunkerque !) contre du poisson frais, les petits pêcheurs nordistes ne pèsent pas lourd. En ces temps de crise mondiale, les consommateurs mangent moins de poisson, ce qui fait baisser les prix, et les États parent au plus pressé. Face à ces multiples handicaps, tout semble concourir à la disparition d'une pêche française. Le cabillaud aime remonter vers les eaux froides norvégiennes et leur zone économique exclusive, soit 200 milles autour des côtes. La morue vient là naturellement au top de sa forme et de son poids. Le coût d'exploitation norvégien est donc minimal alors qu'il n'y a plus grand-chose à pêcher autour des côtes françaises. De quoi perdre patience et courage ».

Conclusion de Le Monde : « Les chiffres parlent d'eux-mêmes : il y a quinze ans, la France avait un quota de morue de 140 000 t, il est en 2009 de 9 000 tonnes. Après seulement trois mois de mer, les bateaux du Nord ont pêché plus de la moitié du volume auquel ils ont droit pour l'année... Ils ne trouvent rien d'autre que du cabillaud, signe de son abondance. Les pêcheurs du Nord-Pas-de-Calais ont levé, jeudi 16 avril, le blocus des ports de Calais, Dunkerque et Boulogne, paralysés depuis près de quarante-huit heures pour réclamer un hausse des quotas de prises, mais ont assuré que le mouvement allait se poursuivre, au moins partiellement. "On continue notre mouvement pour montrer qu'on est mobilisés, mais on va changer notre type d'action", a déclaré vers 12h30, un représentant CFTC des chalutiers, à l'issue d'une assemblée générale (AG) à Boulogne-sur-Mer ». D’où la tactique de l’escargot syndical…

Evidemment nous nous situons toujours aux côtés des prolétaires isolés et trimballés de ces petites entreprises face à leur avenir au chômage, pas pour leur collaboration à des grèves patronales aux relents nationalistes. Il faut plutôt se poser la question : pourquoi, comment et au profit de qui a été déclenchée cette grève comète invraisemblable ?

Avec la théorie simpliste machiavélique, on pouvait supposer que le PS (le chef régional Percheron a soutenu verbalement à la radio) avait voulu tâcler Sarko à la veille des élections européennes ; le leader électoraliste de l’UMP étant Barnier, ministre de la mer. Cet aspect est réel mais secondaire pour l’appareil d’Etat.


BIENVENUE CHEZ LES PATRONS CH’TI

La deuxième hypothèse se fonde plus sur la bagarre de requins entre patrons marins. La faillite de celui-ci ou de celui-là, comme pour le patronat en général, n’entraine aucune solidarité autre que de façade. On se frotte les mains face à l’élimination d’un concurrent. Déclencher une grève bourgeoise dans ces conditions, aux retombées soigneusement limitées, permet de faire croire à une solidarité patronale, régionale, etc. Le concurrent le plus faible sera de toute façon éliminé et les autres continueront à recevoir des subventions de l’Etat bourgeois.

La troisième hypothèse peut être fondée sur le besoin de prévention et de manipulation sociale. Nombre d’ouvriers de petites entreprises dépendent en effet de la pêche. Avec la crise, le poisson se vend moins, et reste cher (sole, merlan..). Avant tout embrasement social possible au cœur d’une région où pleuvent les fermetures d’usine, il fallait allumer un petit incendie secondaire et véreux pour que les pompiers sociaux aient droit de préséance sur tout conflit de classe, en arguant que « les marins sont restés isolés », « qu’il fallait agir avec eux en temps utile », car « maintenant il est trop tard », « laissez-nous négocier et continuer à décider à votre place », etc. Cette dernière hypothèse me semble évidemment la plus plausible, même si le cinéma de la grève bourgeoise bien encadrée, a caché aussi des règlements de compte entre patrons et Etat, d’où celui-ci ressort renforcé grâce aux patrons… syndicalistes, et en Jaguar.

(*) « OSS 117, Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius, pastiche épatant des James Bond ‘s movies, a tout pour déplaire aux « beaufs » et aux gauchistes. Tant mieux, la salle rit bien et la dégaine à Dujardin est superbe. Ce prototype de l’agent secret imbécile, comme tous les agents secrets, les flics en civils et les commerciaux en cravate, part à la chasse du nazi en Amérique du Sud. On a oublié qu’avec le péril jaune et les soucoupes volantes, cette fable avait servi de base (lamentable) à l’imagination des auteurs de polars des sixties. L’antifascisme de ces années-là apparaît comme ce qu’il est aujourd’hui, totalement kitsch ! On se moque de toutes les communautés, on ridiculise le Mossad et c’est bien. J’ai adoré la répartie : « les nazis ont besoin d’un Etat comme les juifs qui ont le leur ». Un peu moins enlevé que le précédent « Le Caire, un nid d’espions », cette parodie mérite le succès parce qu’elle ne se limite pas au comique de situation où Dujardin est roi, elle incline à réfléchir sur le besoin de paraître en société, sur ces bellâtres qui nous gouvernent. Tiens à un moment j’ai pensé à un type un peu bling-bling avec des ray-ban… qui est con, qui se trompe tout le temps et qui prend les autres glands de ce monde pour moins intelligents que lui! Celui-la même qui a daubé Zapatero (la savatte du roi en espagnol) pas plus imbécile que lui du point de vue bourgeois. Mais, qui vous devinez nous fait autant honte au niveau international que Bush Junior fît honte deux législatures durant au prolétariat américain. N'oublions pas que ce ne sont que des potiches du Capital, grimaçantes et lamentables.



mardi 14 avril 2009



LA LIBERATION DE PARIS PAR DES SOLDATS UNIQUEMENT BLANCS?


Paris liberation made 'whites only'
By Mike Thomson
Presenter, Document, BBC Radio 4

Papers unearthed by the BBC reveal that British and American commanders ensured that the liberation of Paris on 25 August 1944 was seen as a "whites only" victory.

Many who fought Nazi Germany during World War II did so to defeat the vicious racism that left millions of Jews dead.

Yet the BBC's Document programme has seen evidence that black colonial soldiers - who made up around two-thirds of Free French forces - were deliberately removed from the unit that led the Allied advance into the French capital.

By the time France fell in June 1940, 17,000 of its black, mainly West African colonial troops, known as the Tirailleurs Senegalais, lay dead.

Many of them were simply shot where they stood soon after surrendering to German troops who often regarded them as sub-human savages.

Their chance for revenge came in August 1944 as Allied troops prepared to retake Paris. But despite their overwhelming numbers, they were not to get it.

'More desirable'

The leader of the Free French forces, Charles de Gaulle, made it clear that he wanted his Frenchmen to lead the liberation of Paris.

I have told Colonel de Chevene that his chances of getting what he wants will be vastly improved if he can produce a white infantry division
General Frederick Morgan

Allied High Command agreed, but only on one condition: De Gaulle's division must not contain any black soldiers.

In January 1944 Eisenhower's Chief of Staff, Major General Walter Bedell Smith, was to write in a memo stamped, "confidential": "It is more desirable that the division mentioned above consist of white personnel.

"This would indicate the Second Armoured Division, which with only one fourth native personnel, is the only French division operationally available that could be made one hundred percent white."

At the time America segregated its own troops along racial lines and did not allow black GIs to fight alongside their white comrades until the late stages of the war.

Morocco division

Given the fact that Britain did not segregate its forces and had a large and valued Indian army, one might have expected London to object to such a racist policy.

Yet this does not appear to have been the case.

A document written by the British General, Frederick Morgan, to Allied Supreme Command stated: "It is unfortunate that the only French formation that is 100% white is an armoured division in Morocco.

"Every other French division is only about 40% white. I have told Colonel de Chevene that his chances of getting what he wants will be vastly improved if he can produce a white infantry division."

Finding an all-white division that was available proved to be impossible due to the enormous contribution made to the French Army by West African conscripts.

So, Allied Command insisted that all black soldiers be taken out and replaced by white ones from other units.

When it became clear that there were not enough white soldiers to fill the gaps, soldiers from parts of North Africa and the Middle East were used instead.

Pensions cut

In the end, nearly everyone was happy. De Gaulle got his wish to have a French division lead the liberation of Paris, even though the shortage of white troops meant that many of his men were actually Spanish.

We were colonised by the French. We were forced to go to war... France has not been grateful. Not at all.
Issa Cisse Former French colonial soldier

The British and Americans got their "Whites Only" Liberation even though many of the troops involved were North African or Syrian.

For France's West African Tirailleurs Senegalais, however, there was little to celebrate.

Despite forming 65% of Free French Forces and dying in large numbers for France, they were to have no heroes' welcome in Paris.

After the liberation of the French capital many were simply stripped of their uniforms and sent home. To make matters even worse, in 1959 their pensions were frozen.

Former French colonial soldier, Issa Cisse from Senegal, who is now 87 years-old, looks back on it all with sadness and evident resentment.

"We, the Senegalese, were commanded by the white French chiefs," he said.

"We were colonised by the French. We were forced to go to war. Forced to follow the orders that said, do this, do that, and we did. France has not been grateful. Not at all."

Mike Thomson presents Radio 4's Document at 2000BST on Monday 6 April

Story from BBC NEWS:
http://news.bbc.co.uk/go/pr/fr/-/2/hi/europe/7984436.stm

Published: 2009/04/06 10:48:15 GMT

© BBC MMIX