PAGES PROLETARIENNES

jeudi 19 mars 2009

RAPACES ET

LIMACES SYNDICALES

Le bonze CFDT Chérèque a qualifié la vedette médiatisée Besancenot et ses accompagnateurs aux entrées d’entreprises en faillite de « rapaces ». Ce collabo du gouvernement qui a si bien sur organiser la défaite sur la question des retraites avec ses compères Thibault et Mailly, ne mérite qu’une baffe. Besancenot et ses adjoints du NPA ont tout à fait le droit comme n’importe quel groupe politique de diffuser leurs tracts aux portes des boites en faillite. Le problème n’est pas là, il est dans l’absence de réelle perspective politique sérieuse dans les discours « gauche unie » du NPA.

D’une manière générale, si l’Etat a poussé un de ses larbins syndicaux à charger le baudet à la façon provocatrice du blaireau Sarko (le mot rapace serait de lui) c’est bien parce, pour la période qui vient, qu’il faut éviter toute « politisation » des grèves. Dans le même sens, les exécutants syndicaux du gouvernement Sarko ont interdit aux édiles de la gauche caviar (les vrais rapaces électoraux) de venir parader en tête des manifs. Sans oublier que les manifestants n’aimeraient pas trop non plus être précédés par les anciens ministres du bourgeois Mitterrand…

Pour court-circuiter toute analogie avec la grève ouvrière initiale de la Guadeloupe, Chérèque en avait rajouté une couche en faisant passer la grève, avant que la mafia LKP ne s’en empare, pour une lutte liée aux séquelles de 200 ans de colonialisme… Et Besancenot s’est chargé de refermer la trappe en défendant lui le LKP comme exemplaire alors que le problème de l’extension aux autres départements français a été masqué derrière des revendications locales multiples par Domota et sa bande avec tee-shirts pré-imprimés !

Donc l’exemplarité guadeloupéenne n’a aucune chance de signifier la concrétisation de la « rêve générale », et si exemplarité il y a elle est déjà grimée à son tour par les multiples spécificités que les appareils bureaucratiques inventent tous les jours.

Le chat du Monde avec le bonze CGT Dondeddu illustre combien les larbins de l’ordre social sarkozien font tout pour refouler toute confrontation politique avec l’Etat. Avec le vocabulaire typique et creux des notables syndicaux (« un rapport de force à construire », « avancées notables », « initiatives nationales », « ampleur des mobilisation de nature à apporter des réponses aux questions qui sont posées », « prolongement des succès revendicatifs », etc.),

Père Dondeddu esquive la situation ridicule où se trouveront (comme le 29 janvier) à nouveau les manifestants nombreux ou pas, demain 20 mars : et après ?


L’INTERSYNDICALE SE REUNIRA POUR EXAMINER LES SUITES…


Le sous-chef CGT indique aux blogueurs indignés qui « tchatent » que, au lendemain du 29 janvier « le gouvernement a été obligé de prendre quelques mesures » (Hi lesquelles ?). Le Monde ne reproduit pas alors les insultes qui fusent contre ce menteur.

Comme tous les anciens meneurs staliniens des années 50, père Dondeddu appelle les manifestants, non à l’insurrection (il le précise si bien) mais à un « prolongement dans les entreprises », terrain où le flicage syndical est tout de même plus efficace que celui de la rue. Les manifestants qui auront eu leur quart d’heure de joie révolutionnaire aujourd’hui, se contenteront d’attendre avec tous les petits rigolos gauchistes qui ont appelé à ne pas « faire mentir les syndicats », à attendre des « nouvelles initiatives nationales », à « prolonger dans des actions d’entreprise ». La nouvelle théorie qui est sortie du remue-méninge des vieux caciques CGT est la « démarche d’action revendicative » (vindicative ?) laquelle est définie comme « actions à l’entreprise et actions nationales (qui) s’épaulent les unes les autres » (épaulées ? ou incarcérées par le réseau gouvernemental CGT et les quelques « rapaces » du NPA ?)

Au blogueur Diabaram qui lui jette : « J'en ai un peu assez des journées de grève disparates, éloignées les unes des autres, très policées et qui au final ne servent pas à grand-chose », père Dondeddu répète que l’action doit être menée surtout contre le patronat (sic) « par le prolongement dans les entreprises » En plus, « le but de l’action syndicale n’est pas dériver vers des violences… elle vise à ce que les sentiments de colère puissent s’exprimer (hic !) dans des actions de masse déterminées » (manifs sagement programmées ». Certains se moquent des journées d’action décrites comme défoulement limité, faux, ajoute père Doneddu : « c’est tout l’inverse. Ces actions visent à soutenir une plate-forme commune syndicale ».

Ce type ment comme il respire, où est la plateforme intersyndicale des 29/01 et 19/03 ? Nulle part puisque « le but de l’action syndicale » est de cogérer avec les patrons un chapelet de cahiers de doléances revendicatives aussi diversifiés que possible entreprise par entreprise…

A la question de la crise, le bonze ne se gêne pas pour jouer les bergers méprisants : « la crise c’est eux, la solution c’est nous », et « suivez-nous » en obéissant à nos consignes de manifestation programmée, orientation pour laquelle tous les syndicats sont complices au nom de l’unité de « l’action revendicative ». La CGT se félicite d’organiser avec les autres syndicats européens, pour ceux qui s’imaginent que la lutte des classes n’est pas seulement nationale, des JA aussi dispersées dans le temps que nos vieilles JA nationales par secteur. Au niveau mondial on a aussi des JA, qui, bien qu’elles passent inaperçues (celle du 7 oct dernier de la Confédération syndicale mondiale), devraient être codifiées comme les fêtes religieuses annuelles…

Les syndicats, qui sont « la voix des salariés… permanents des syndicats » sont légitimement renforcés par leur capacité de mobilisation. Là père Dondeddu se plante. Non car les prolétaires ne se syndiquent pas pour autant, et, en manifestant ils désirent manifester leur volonté d’agir et, tôt ou tard, de ficher un coup de pied au cul (très violent) aux encadreurs syndicaux qui n’arrivent même plus à encarter !

Les syndicalistes réclament plus de pouvoir contre les restructurations frauduleuses d’entreprise, ce qui revient à prendre les prolétaires pour des demeurés !

Bien que les dernières élections syndicales aient été un fiasco, père Doneddu prépare les suivantes en assurant que ses syndicats ne sont pas en crise car : « La majorité des salariés considèrent qu'ils jouent un rôle utile à l'entreprise et dans la société », ce qui rappelle son patron Sarko qui assure tout autant qu’il en a rien à foutre car « tous les français sont derrière lui ».

Enfin père Doneddu est bien un petit salopard comme Chérèque, laissons-lui la conclusion avec ses serviteurs du Monde où il récuse toute comparaison avec la lutte déviée en Guadeloupe sur une soit disante « spécificité » face au gouvernement métropolitain, et réduit l’affrontement social à la confrontation avec… les patrons:

« Cela étant, la situation sociale en Guadeloupe est spécifique aux DOM et les réponses apportées ne peuvent pas se décalquer. En particulier les revalorisations salariales à obtenir en métropole doivent être financées par les entreprises, et non par les contribuables ».

IL N’Y A TOUJOURS RIEN A ATTENDRE DU BARNUM SYNDICAL VINDICATIF

Les appareils syndicats programment toujours admirablement les séquences de ces « journées de décervelage syndical ». Réticents après le 29 janvier, la promenade d’aujourd’hui faisait partie des « suites à donner »… éventuellement, c’est-à-dire le temps que le gouvernement règle la colère « antillaise ». Pour l’heure, il y a bien les salariés de Continental jetés dehors comme des chiens, des suppressions d’emplois importantes à Amiens, mais aucune dynamique de « lutte pour soi » des prolétaires. La crise systémique n’est pas encore assez profonde, mais surtout, surtout dirais-je, IL N’Y A AUCUNE ALTERNATIVE POLITIQUE ! Les syndicats ne parviennent à mobiliser sans casse que parce que justement il n’y a aucune alternative politique. Doneddu sait qu’il tape dans le mille en disant qu’une insurrection actuellement ne mènerait nulle part (on n’est pas à Madagascar) comme il sait que le gouvernement ne peut ni ne veut lâcher des augmentations (provisoires) comme en Guadeloupe. Besancenot et les rigolos du particule du petit sénateur Mélenchon et du résidu PCF (assocs de retraités) ne dérogent pas aux limites syndicalistes de la lutte vindicative ; les Verts et Cohn-Bendit, qui n’étaient que des rapaces pour taxer les prolétaires, sont eux complètement hors course (et on se marre).

Cette journée du 19 mars n’est et ne sera qu’une répétition de celle du 29 janvier (dans la classe ouvrière on aime bien se faire baiser deux fois)… Quoique… excepté les fanas gauchistes et nanarchistes du syndicalisme ploum ploum, on découvre aujourd’hui de nombreuses réactions narquoises, indignées ou impertinentes, de nombreux prolétaires blogueurs qui ne sont pas de nature rassurante pour les menteurs professionnels gouvernementaux. C’est en pensant à ces impertinents prolétaires qui persistent à croire possible de déborder l’ordonnancement et la planification au carré des enterrements syndicaux, tôt ou tard (et sans savoir comment), que la presse se charge de relayer le discours des bonzes par un gentil état des lieux sociaux:

- il n’y a qu’en France qu’on manifeste (paraît-il)

- c’est localisé comme l’explique un sociologue à « 20 minutes » : « Pour l’instant, ce sont des situations localisées, avec des problèmes d’emplois particulièrement graves et des salariés désespérés. Ce sont des mouvements très durs, très déterminés, mais qui restent très localisés »

- toute grève reste désormais isolée, le conflit « local » est « très dur » avec un « désespoir bien réel » (sic)

- la manifestation du 19 mars sera « un succès incontestable », mais Libération et ses amis le proclamaient déjà hier.

Qui dit mieux ?

Un succès en soi, oui, mais pas pour soi !

LA LUTTE NE DEPEND PAS DES CONSIGNES SYNDICALES NI DES CHANSONS ECULEES DE LA « GAUCHE UNIE », elle viendra à son heure. Rien ne presse. La crise systémique va mettre au chômage intellectuel et politique nos menteurs syndicaux et leurs béquilles gauchistes.