PAGES PROLETARIENNES

mercredi 10 octobre 2007





Sous-chef Guevara :
UNE LEGENDE STALINIENNE

(ci-contre défilé des oufs trotskiens pour maquiller, "guévariser" les 4O années depuis mai 1968; il est pas mieux ainsi not'Tintin syndical national?)




Hollywood exhibe bien Marylin Monroe comme poster d’une vague culpabilité américaine, pourquoi nos trotskiens hexagonaux n’auraient-ils pas le droit d’exhiber sur leurs T-shirts leur Indiana Jones, avec la gueule d’amour d’Ernesto, clochard céleste tout frais ressorti des bois pour se moquer à nouveau de mai 68?
Une d’une Huma-dimanche : « Viva Guevara » ! Le cadavre stalinien, lui, bouge encore. A l’unisson de leurs enfants prodigues trotskiens, les vieilles raclures staliniennes encensent « chef Guevara ». Le 16 septembre, dans une émission télévisuelle – Guévara saint ou tortionnaire ? - où staliniens et trotskiens ont rivalisé de louanges, grimant la fin des années 1960, et donc 1968, par une « guévarisation » des bouleversements sociaux troublant à l’époque. Le directeur de l’Huma, un certain Le Hyarrick, se répandit en qualificatifs aussi hyperboliques que ridicules : « humanisme » du docte « Che », « fraîcheur », « éthique », etc. Un complice réalisateur, Jean Ortiz, spécialiste de tous les mensonges véhiculés sur la Libération, la résistance, et le mythe crapuleux des « libérations nationales » proclama « Che plus que jamais » ; chef plus que jamais, et de quoi ? (Che = chef)
Les résidus du stalinisme en faillite, qui trémoussent un éloge funèbre d’un mort dissident du même carcan idéologique, me font penser aux social-démocrates allemands qui exaltent la liberté de penser de Rosa Luxemburg, alors que celle-ci a été assassinée par leurs pères putatifs.


Dans les années 1960 on a tant aimé les symboles de la nouvelle société de consommation, sous forme de posters, de gadgets, de T-shirt. Ces années sont systématiquement présentées par l’idéologie dominante actuelle comme l’équivalent de la « Belle époque ». Dans la misère de l’après 1945 il était de bon ton d’évoquer le bonheur des années 1900 qui le furent certes, mais pour les classes aisées et avec Joséphine Baker comme colonisée apprivoisée. Dans les années 2000, on fait croire aussi à une sorte de nirvana pour les jeunes indifférenciés des sixties comme si les couches pauvres n’avaient pas connu aussi l’incertitude du lendemain ni l’ennui sans fin d’une misère relative. Idéologiquement, les gauchistes, version trotskienne, sont depuis longtemps un courant marginal de la bourgeoisie. La branche krivinesque est issue de l’accouplement chaste et hideux des jeunes membres du parti stalinien en voie de gâtisme prolongé et des vieux briscards d’avant-guerre d’un trotskisme obsolète. Ce groupuscule insurrectionnaliste, longtemps le plus important numériquement, connut un fort recrutement en milieu étudiant et lycéen après 1968 comme récompense de sa présence agitée et fort en gueule sur les barricades et dans les assemblées estudiantines. Ses orateurs, les Weber, Bensaïd, etc., y furent souvent sifflés et mis en minorité pour leur débilité politique, mais cela, Besancenot qui n’était pas né, ne va pas vous le rappeler. La Ligue successive ne fût que le carrefour et l’empilement de tout et de n’importe quoi. Aspirateur de toutes les agitations à la mode, elle n’a pas changé et ne changera pas. En 1968, la Ligue se situait du point de vue de la « guerre révolutionnaire » de tout ce qui se proclamait guérilleros en Amérique du Sud et aux côtés des généraux staliniens du Vietnam du Nord. J’ai même eu l’occasion à l’époque d’entrer dans l’appartement d’un petit chef trotskien. Au mur, sur une carte du Vietnam, étaient planté des petits drapeaux du Vietnam du Nord, déplacés chaque jour face aux avancées ou reculs des petits drapeaux de l’armée US. Le trotskisme radical, krivinesque, c’était cela, un engagement à bataille navale loin des champs de tir. La révolution vue comme une guerre de partisans paysans, venant libérer de l’oppression les ouvriers des villes et les soumettre à un nouveau parti gouvernemental.

Les situationnistes, passés par l’école de Socialisme ou Barbarie, avec Guy Debord, eurent ce mot magnifique : 68 c’était le réveil du prolétariat ; vision qui fût prorogée par d’autres par après, comme RI et de petits groupes qu’on a qualifié à tort d’ultra-gauche. Effaçant à la manière de ses maîtres staliniens, ce constat historique, la Ligue s’est toujours moquée du prolétariat puisque, encore maintenant, tout dépend d’un parti hiérarchisé, des élections en laissant dans la poche un vieux résidu du blanquisme terroriste, la prise d’armes guérilleriste. Concernant la guérilla, Guy Debord eu aussi ce mot merveilleux : théorie pour sous-développés.
Après la dissolution de la LCR pour ses bagarres de rue contre leurs extrêmes rivaux du FN en 1973, et dont les prolétaires n’avaient rien à cirer, les rêveries post-68 sur la « guerre révolutionnaire » et son « épanouissement » dans une guerre civile bien juteuse, se sont effiloché, comme l’a si bien établi un de leurs anciens, Che Filoche. La guérilla urbaine, singerie occidentale de la lutte guérilleriste autrement plus risquée, n’était plus qu’une agitation stérile qui ne pouvait émouvoir ni les masses ni le Chef de l’Etat. Symbole de ces années d’artifice du gauchisme : les portraits de Guevara et du dictateur Ho Chi Minh décoraient les banderoles des manifestants qui hoquetaient « che che Guevara ! Ho Ho Chi Minh !). La Ligue doit, pour les trente années suivantes, ranger dans les cartons ses billevesées insurrectionnalistes et se recycler dans le syndicalisme et l’alter-monstrualisme.

UNE SI VIEILLE RUPTURE AVEC LE MARXISME

Le marxisme stalinien est mort. Il ne sert plus d’y référer pour ses fils et petits-fils trotskiens. Va pour l’idéologie libertaire, « libertaire » pas « anarchiste », et pour une renaissance de l’anarcho-syndicalisme. Libertaire cela fait démocrate, sympa et convivial. Politiquement néanmoins, libertaire = anarchisme. Il était typique pour l’anarcho de la fin du XIXe siècle de rêver la révolution sur la base d’une hypothétique grève générale déclenchée par ses chefs syndicaux et en même temps, pour les jours déprime, de rêver à son succédané, la propagande par le fait où la bombe anarchiste libèrerait les masses de leur torpeur. Ce mélange de syndicalisme usé jusqu’à la corde et de pouvoir impulsif au bout du fusil, est ce qui caractérise la nouvelle ligne Besancenot-Krivine. Effet paralysant garanti : dégoûté successivement des grèves sabotées par les syndicats, accrochez au mur de votre chambre un portrait de Guevara et ainsi rêvez, à votre tour, de prendre le maquis pour mettre à bas le capitalisme hors de ces maudites et inutiles grèves invariablement salariales…
Variante corruptrice, cet anarchisme new look, mâtiné d’une contestation sans principes, est monnayé désormais avec l’ordre dominant ; même comme figurants, la participation aux élections remplit des caisses de LO et de la LCR.
« Nos vies valent plus que leur profit » est le type de slogan électoral qui ne coûte pas cher et permet de paraître radical, sans muscle théorique et sans alternative hors de l’obéissance aux sous-chefs trotskiens et à leurs amis de la gauche caviar.
Nos Trotskiens agités du Besancenot, en voulant nous faire oublier leur « soutien critique » au stalinisme, confirment leur abandon total du véritable marxisme avec cette nouvelle formule électoraliste : « mi-guévariste, mi-libertaire ».
L’anarchisme ne représente plus rien depuis belle lurette. Il n’est qu’un foutoir idéologique pour gros lycéens primaires. Tout le trotskysme a dû jeter la chemise sale stalinienne pour reprendre cette idéologie qui permet plus encore de prétendre fédérer tout ce qui bouge. Mais, pour conserver un appui d’apparence révolutionnaire, à la différence des autres trotskiens du PT et de LO, la LCR nous a ressorti de la naphtaline Guevara.
On ne compte plus les conférences-promo – tenez vous bien aussi sur la place de la Sorbonne avec la permission de Delanoé et Sarko - autour de l’ouvrage commun du vieux cacique krivinesque l’ultra-cultivé Löwy et de son faire-valoir le jeune Olivier. Rédigé donc par « Olivier le fataliste et son maître », « Une braise qui brûle encore » vient conter la légende « exemplaire » du chef guérrillero Guevara, avec pépé Maspero en guest star sur l’estrade. Pauvre Guevara il n’était pas plus chef que militant de base (dixit Olivier) mais un drôle d’intermédiaire pour idéologie arriérée.
Besancenot joue de la lyre guévariste sur deux aspects qui interrogent évidemment tous ceux qui doutent de la validité de la révolution en général, et pas de la cuistrerie de la LCR : la putrescence de la question nationale et la question du pouvoir. Besancenot dit « retenir » du Guevara (car tout n’est pas rose) son « internationalisme ». Et aussi apparemment – phrase sibylline – qu’on peut participer au pouvoir sans se faire prendre par le pouvoir ! Mon œil !

La LCR devrait pouvoir toucher aussi un pourcentage sur la vente des millions de T-shirts, de chaussettes et de slips à l’effigie du courageux guérillero et disposer de chaises pour assister aux commémorations religieuses en Amérique latine et dans la caserne de Cuba.
Besancenot a déclaré à «Metro » que Guevara était un « simple militant révolutionnaire ». Après avoir porté T-shirt à son effigie dès ses 14 ans, on lui fît faire ses classes trotskiennes à la lecture de textes du grand barde des focos. Résumé du potache: « On y retrouve les thèmes de la haine et de la violence comme facteurs de la lutte sociale. Le Che, avant de prendre les armes, avait épuisé toutes les solutions démocratiques ». La haine comme facteur de lutte, bizarre non ? Et, singulière substitution, car Guevara avait épuisé surtout toutes les impasses du… stalinisme impérialiste !
Ou Guevara n’était qu’une simple victime des …solutions démocratiques, et on n’en saura pas plus pour qui et pour quoi il a pris les armes. Pour lutter contre les dictatures à Cuba puis en Bolivie ? Et les remplacer par quoi, par qui, sur quel programme ?

FOCO AGRICOLE ET FAUX-CUL GUEVARA :

Avant d’être un gêneur « non-aligné » ou « désaligné », sous-chef Guevara n’a-t-il pas été un bon agent stalinien ? El commandante Guevara ne fut longtemps que le bras gauche de Fidel Castro, son Vichinsky et son commissaire aux finances cubaines (piètre postérité, sa tronche figure sur les billets de banque). Dans ses hautes fonctions il fut à tu et à toi avec les Khrouchtchev, Kossyguine et Brejnev, qu’il embrassait sur la bouche, mais, avant l’érection triomphale de l’homophilie, le
« baiser communiste » entre hommes était la mode « communiste » en ce temps-là, ne riez pas. Son internationalisme n’était que son credo au service du camp stalinien.
« Un, deux, trois Vietnam » n’était que le slogan nationaliste répété dans chaque enclave nationale, où tout un chacun, comme au temps des brigades internationales, était convié à venir se faire tuer au profit du bloc de l’Est (cf. p22 de mon livre « Les trotskiens »).
La théorie des focos (foyers), la lutte armée partant de la campagne vers la ville, donc d’une révolution imaginaire apportant des champs et des bois la conscience aux ouvriers de la ville, était une théorie d’un autre âge, fort en vogue chez les intellectuels d’extrême gauche des années 1960, issus pour la plupart du tronc stalinien. Pour la plupart « fils à papa », maoïstes et trotskystes se masturbaient sous les portraits géants des dictateurs du tiers-monde. Quant aux anarchistes ploum-ploum, ils se contentaient en queue de défilé d’être porteurs volontaires du béret à étoile.
La théorie de la « propagande armée » fondée sur la haine rétroactive et rétrospective du colonisé tout azimuts contre le « colonisateur occidental » (« tuer un européen » indifférencié était un acte révolutionnaire pour Guevara et Sartre !) fondait « l’humanisme » de Guevara. Elle était dans l’air du temps cette théorie, non comme subversive mais comme expression de la décomposition du stalinisme, avec ses pasteurs hystériques, les Malcom X et le psychiatre antillais Frantz Fanon, passé au service du nationaliste FLN. Elle justifia auprès d’une jeunesse petite bourgeoise flouée par l’université de masse, la mise sur pied de mouvements terroristes et insurrectionnels dans les anciennes colonies européennes que se disputaient les deux blocs rivaux. Cette sous-théorie reprise par el commandante préconisait la création de foyers (focos) de guérilla qui s'étendant auraient eu pour but l’embrigadement de l'ensemble de la population. Appliquée par le sous-chef Guevara en Bolivie, la théorie du foco s'est avérée être un échec total. Le développement exponentiel des centres urbains en Amérique latine durant les années 70 a vidé les campagnes, laissant les « foyers de paysans armés » dépourvus du soutien populaire envisagé. Cette théorie du foco a encouragé le développement d'un grand nombre de gangs terroristes plus ou moins autonomes et peu coordonnés, comme la Colombie en est encore le triste exemple. Cette fragmentation des groupes terroristes a facilité le travail des forces de contre-subversion de la CIA qui, forte de cette expérience, a pu téléguider le sanglant coup d’Etat au Chili. Bien qu'elle ne le revendique pas, la mouvance Islamique opaque et louche utilise un principe analogue partout où elle planifie ses attentats. Et, en plus - Pauvre Guevara ! – toutes les libérations nationales se sont conclues par des massacres civils et la mise en place de nouvelles bourgeoisies féroces contre leur classe ouvrière.
Ils espèrent quoi, ces tartuffes staliniens et trotskiens, en embaumant une nouvelle fois Guevara ? Se relooker ? Se ressourcer avec une ignominie de plus ?

Dans le cadre du mouvement pour la paix, financé par Moscou, la plupart des groupes gauchistes européens d’obédience trotskienne, ne défendaient pas la paix mais la victoire des Etats fantoches appuyés logistiquement par Moscou. Puis ils rabattirent leur caquet avec la guerre des frères ennemis Vietnam/Cambodge. A force de choisir un camp, leur aspiration à la lutte armée pour ladite révolution s’avérait n’être qu’une lutte armée au service d’un Etat bourgeois local post-colonial mais au fond toujours au profit du bloc russe.
Après le couac de son discours critique d’Alger à l’encontre de Moscou la gâteuse, Guevara ne devait pas s’illusionner beaucoup sur ses chances de survie dans la fumeuse théorie des focos pas encore privatisée. On peut en déduire raisonnablement qu’il a été lâché par Castro et ses commanditaires de Russie. Le combat de Guevara n’était pas celui du mouvement communiste de Babeuf à Lénine, ni celui du prolétariat. Cela n’empêche pas de considérer qu’il a été très courageux, lâchement abattu, mais que, pire encore, son meurtre est totalement récupéré par les héritiers du stalinisme et de son bâtard le trotskisme.
Un, deux, trois matchs ! Pauvre Guevara dont il ne reste plus de lisible que ses écrits de jeunesse sur sa passion pour le rugby, dont l’exhumation vient à point pour conforter le chauvinisme bleu qui a le vent en poupe à la veille de la demi-finale mondiale. Guevara aurait-il soutenu l’équipe de Chabal, un barbu un peu sauvage lui aussi ?

IL NE LEUR RESTE PLUS QUE « QUELQUES CONVICTIONS » :

Plus de pouvoir au bout du fusil pour que le Comité central de la LCR s’empare de l’Elysée avec le programme de transition 1938 made in Trotsky : Lamentation du site LCR : « Nous n’avons pas de modèle achevé de société à opposer à la barbarie capitaliste, simplement quelques convictions…(…) qu’il est possible d’en finir avec le capitalisme ». Et comment ? : « nous voulons une société réellement démocratique, où l’ensemble de la population décide collectivement des choix ».
Plus de gouvernement PC+PS+radicaux de pharmacie, mais un « gouvernement des travailleuses et des travailleurs appuyé sur des mobilisations populaires ».
Coucou à Olivier l’asticot à jeunes électeurs : « comme le disait Olivier lors de la campagne présidentielle : la Ligue est à vous. Alors n’hésitez pas à prendre contact ».
A la Ligue ils ont toujours le mot pour rire pour conclure leur prêchi-prêcha, mais en pastichant mot pour mot les paroles du ministre d’Etat prolétarien, Léon Davidovitch : « avec la 4e Internationale, nous apprenons à voir et comprendre le monde avec les yeux du mineur polonais, de l’étudiante chinoise, de l’indigène du Mexique, des femmes algériennes ou sénégalaises… » Mais pas avec les mains ni les pieds…

Les luttes de toute sorte, les grèves syndicales, etc. se traduisent sur la « scène électorale » par les 1.200.000 voix recueillies par Olivier Besancenot, dont la candidature de figuration avait pour fonction de dire au plus grand nombre que la politique est l’affaire de tous, quelque soit son âge, son sexe, sa profession ou sa couleur de peau. Vous avez compris, voter c’est faire de la politique pour la LCR. Nous lisons en effet ce lamentable commentaire platement électoraliste sur leur site. Les futurs lendemains électoraux vont pourrir cet enchantement impulsif comme la mère Arlette et ses arsouilles dépités après la rechute en deçà des 5%.

Argument racoleur pour crétins non vaccinés, la jeunesse est l’aune à laquelle le « sympathisant » est appelé à équarrir son jugement. Il est beau, il est bon, il est Besancenot. Un peu plus de trente ans qu’elle a la LCR… « une organisation à peine plus âgée que le plus jeune de ses trois porte-parole ». What an orgasm ! Mais c’est vieux trente ans pour une « orga » !
Une autre couche de jeunesse dépeint la saga trotskienne : « Produit de la fusion entre la « Jeunesse (sic) communiste révolutionnaire, l’une des organisations les plus dynamiques du mouvement étudiant de Mai 68 (ouaf !) et du Parti communiste internationaliste (des vieux !), la Ligue est née en avril 1969. »
La Ligue n’est pas une des progénitures de Mai 68, mais une de ses infections opportunistes ! Mais 68 fût une insurrection contre toutes les hiérarchies, et surtout celles des partis qui prétendaient parler au nom du prolétariat, y inclus les nouveaux postulants trotskiens et maoïstes qui, avec leurs multiples CC, qui se rêvaient en chapka prendre d’assaut le palais de l’Elysée, avec cette innocence toute juvénile de la jeunesse réactionnaire.
Hé hé, n’y avait-il pas à la tête de la copie replâtrée du PCF un jeunot ? : « …elle présentait un petit jeune de 28 ans, Alain Krivine (qui ne l’est plus pourtant) à l’élection présidentielle ». Le projet de la LCR était déjà ambitieusement comique : « elle voulait ainsi faire entendre la voix des dix millions de grévistes ». Chacun se rappelle en effet du petit Krivine, bien propret avec sa petite cravate et de son discours racoleur pour la ménagère qui avait dénoncé les poêles Tefal comme cancérigènes. Il avait bien plu dans les chaumières ce p’tit jeune, pas un excité comme tous ces enragés et ce débraillé de Cohn-Bendit qui a si mal fini!
Suit le listage de tous les mérites de cette Ligue : « résolument anticapitaliste, internationaliste, féministe et écologiste… » bla-bla et le « soutien aux luttes anti-impérialistes » (de triste mémoire), sans oublier la lutte contre le FN qui leur avait valu dérisoire dissolution en 1973.

Curieuse hagiographie ! Pas un mot pour nous dire si la LCR a combattu nos exploiteurs de la gauche caviar, qui a certes « multiplié les cadeaux au patronat », ni les sinistres garde-chiourmes du PCF. Qui ne dit mot consent : la LCR qui prétend avoir combattu contre toutes les oppressions est atteinte d’Alzheimer pour tout un pan de la domination bourgeoise. Ne serait-ce pas parce qu’elle se voit l’héritière de feu les gouvernements PC-PS-Radicaux de gauche ? Et qu’elle drague à tout va leurs anciens électeurs.
Que nenni, esquive nous revoilou la LCR: «Héritière de la lutte menée par les révolutionnaires russes contre le stalinisme n’a pas versé de larmes lors de l’effondrement du mur de Berlin».
Le raccourci n’excuse rien : les trotskiens restèrent 50 ans partisans de soutenir les chars russes. Et lors de l’effondrement du bloc russe, ils se firent tout petits. Un des vieux chefs de la LCR, Bensaïd, dans son principal galimatias théorique (Marx l’intempestif) esquiva la question de la nature de l’URSS et piqua effrontément l’idée à la Gauche communiste (Bilan et la GCF), ignorée par les médias et leurs maisons d’édition, que l’erreur avait résidé « dans l’identification du parti et de l’Etat ». Il fût question plus tard, selon le vieux cacique Krivine de laisser tomber le terme de « communiste » (cf. p177 de mes Trotskiens). Rien ne fut conclu sur la caractérisation « d’Etat ouvrier » ni hier ni aujourd’hui dans les sirupeux textes attrape-couillons.
Les kriviniens et les besancenotiens pensent, comme leurs pères staliniens, que le prolétariat est sans mémoire, qu’il ne réfléchit pas comme eux, qu’il est prêt à les suivre dans leur mille agitations tous azimuts. Mais ils se fichent du prolétariat qui ne les intéresse qu’avec carte syndicale en main. Ils s’adressent à toutes les catégories… d’électeurs, étudiants, profession peu importe (même les enculés d’agents de maîtrise et les cadres), les faucheurs d’OGM, les homosexuels, les gros, les nains, les moches, les automobilistes et les cyclistes.

La nouvelle ligne, le « nouveau parti anticapitaliste par le bas » prend déjà l’eau. Il filtre que la culture du vedettariat pour Besancenot implique une rigidification hiérarchique et la mise à l’écart des vieux briscards du syndicalisme et des vieilles thèses de « vieux schnocks ». On s’en fiche. Mais il y a de quoi avoir le tournis. En 2003 il était question de créer le seul vrai parti anticapitaliste qui aurait rassemblé tout le camembert de la gauche de LO au PCF. Pas plus tard qu’au mois d’août dernier, Besancenot avait assuré face aux médias rigolards que la LCR allait disparaître prônant un nouveau parti « anticapitaliste, mi-guévariste, mi-libertaire » ! (On se souvient qu’en 1972, le tempo de la chanson était mi-Guevara et mi-Etat vietnamien et les Etats-Unis socialistes d’Europe…).
Et maintenant tout ce charabia sur leur site qui flanque tout par terre en ne pouvant cacher que la Ligue reste et restera la Ligue, avec ou sans la baudruche Besancenot. Le secret de l’engouement tout provisoire pour le brave Olivier réside justement en dehors de ce qu’est la LCR, c'est-à-dire un parti toujours comme les autres, capable de décider à la place des masses, de magouiller, de négocier des places pour ses apparatchiks de l’ombre dans un éventuel gouvernement de coalition de crise. La baudruche Besancenot, contrairement à tous les vieux apparatchiks grimés sous des pseudonymes ridicules, est connu pour ce qu’il est : un brave postier qui rame au boulot comme la plupart des prolétaires, un gars d’en bas capable de moucher les Sarkozy sur les plateaux de télé, de jamais s’énerver et de remplacer la retraitée Laguiller dans la figuration misérable de la voix d’en bas tolérée dans le barnum démocratique pour maquiller la dictature des vieux partis bourgeois.
A part cette pauvre trouvaille d’un candidat jeune (tous les autres partis bourgeois ne proposant en effet que de vieux politicards) nos trotskiens perpétuellement relookés, ne peuvent pas inventer ou ressortir épisodiquement au bout du compte autre chose que les mêmes âneries de leur pape en 1938, nationalisations, pouvoir syndical, autogestionnite, etc. Du reste, tant qu’ils ne se rangent pas directement aux côtés des fusilleurs du prolétariat, ils restent présentables en ergotant sur une toujours plus vague future révolution, étrangère à l’esprit subversif de 1968, dissoute dans un syndicalisme oecuménique et bercée virtuellement au souvenir de l’icône Guevara.
Vanité des cartels de la gauche caviar et de ses croupions, du délabrement hétéroclito-trotskien ne sortira jamais un nouveau parti de masse électoral. Sans nouvelle explosion sociale majeure ou événement mondial dramatique, suivi d’une cuisante défaite du prolétariat, tout nouveau parti bourgeois parlementaire « de gauche » dominant est impossible. Du camembert électoral de la gauche flétrie par ses compromissions gouvernementales, avec sa brochette d’alter-mondialistes hétéroclites et la prétention besancenotiste à fédérer nos exploiteurs d’hier, il ne peut sourdre que le bruit et la fureur de postulants impuissants à rallier la classe ouvrière derrière des drapeaux troués et déchirés sur le cadavre des prolétaires et des masses exploitées du tiers-monde.


Jean-Louis Roche